dimanche 27 décembre 2015

LA QUESTION SE POSE


Il y a des questions qu'on se pose depuis toujours en soi-même et parfois on va jusqu'à les écrire dans nos carnets intimes comme si on allait ainsi trouver des éléments de réponse. Puis un jour on se rend compte que d'autres ont toujours cherché aussi. Ça fait tout chaud en dedans de voir qu'on n'est pas seul à chercher. C'est ce qui m'est arrivé à Noël quand un ami écrivait sa réflexion du jour et qu'il a cité le grand sociologue Fernand Dumont qu'il endossait lui aussi : 

« La tradition est la question qui me hante depuis longtemps, qui m'a hanté dès mon enfance et ma jeunesse. Et c'est d'ailleurs, selon moi, le grand problème contemporain, c'est-à-dire comment les hommes d'aujourd'hui vont-ils conserver une mémoire de l'humanité? Comment vont-ils réussir à se donner une conscience historique? C'est là le grand problème de la culture contemporaine, non seulement dans ses plus hautes manifestations, mais au niveau de la vie quotidienne. L'humanité est-elle capable aujourd'hui de réactualiser - parce que c'est ça, la tradition - son héritage, c'est-à-dire ce qu'elle est? Voilà la grande question. Il ne s'agit aucunement de répéter le passé mais de savoir si le passé de l'humanité est mort ou s'il est vivant? » - Fernand Dumont, sociologue.  

 
Cette photo a été prise aux fêtes, en 2007, à l'auberge Harricana. Notre tradition familiale se poursuivait ailleurs et autrement, sans le compagnon de vie, papa et grand-papa qu'était notre cher Léo. C'était le cadeau de Noël que nous avait fait Maman pour qu'on se rassemble au même moment en un même lieu, qu'on réinvente la tradition en redéfinissant ce que devenait ou ce qu'aillait devenir notre famille à laquelle il manquait dorénavant l'une de ses deux moitiés fondatrices. 


Petite île avec son arbre bien enraciné solidement dans le roc, à Rapide Six, sur la rivière des Outaouais. Pour moi, la tradition, c'est ça. Un repère qui nous incite à s'enraciner dans nos vies malgré le vent, la pluie, le gel, les saisons. L'adaptation, c'est la résilience, et parfois même la survie. 

LA QUESTION SE POSE 

Dans notre culture, la période des fêtes est probablement celle où nous avons le plus de traditions sociales et familiales qui nous invitent à vivre et à revivre des moments de célébrations et de rassemblements qui laissent encore plus de traces dans nos mémoires que nous le croyons. L'être humain est ainsi fait qu'il veut reproduire ce qui l'a rendu heureux. 

Je m'inquiétais de voir disparaître plusieurs de nos traditions avec la popularité grandissante des technologies de communication sans lesquelles il n'est plus possible de fonctionner dans notre société, même si ces technologies nous isolent plus qu'elles nous rapprochent les uns des autres, généralement. 

Consciente que ces traditions étaient un héritage que j'avais reçu, qui m'avait rendue heureuse et que je voulais transmettre à mon tour, j'avais besoin et envie que certaines traditions se poursuivent, sans les imposer à personne, quitte à les transformer un peu pour les réinventer au goût du jour.  

C'est alors que j'ai eu cette illumination! J'ai trouvé un élément de réponse à la question que je me posais depuis toujours sur la transmission, ce bagage de vie que l'on transporte en soi, notre histoire qui continue de s'écrire en se réinventant à chaque fois qu'on tourne une page. Parce que rien ne serait plus triste et voué à l'échec que de vouloir faire revivre à tout prix quelque chose qui n'est déjà plus... enfin... plus ailleurs que dans nos souvenirs, même les plus heureux. 

Nos traditions doivent obligatoirement se transformer et s'adapter pour rester vivantes.  

mardi 8 décembre 2015

LE PLAISIR D'OFFRIR

Il était une fois une petite fille qui ne voulait pas grandir. Pour dire vrai, en fait, grandir ne la dérangeait pas tant que ça, elle voulait surtout ne jamais perdre tout à fait son cœur d'enfant alors elle en prenait bien soin. La vie suivait son cours et même si elle devenait une jeune fille, une femme, une amoureuse, une travailleuse, la petite fille en elle n'était jamais loin. Parce qu'elle en prenait soin. Lorsqu'elle est devenue maman, son cœur d'enfant s'est ravivé à un tel point qu'elle avait l'impression de revivre ses belles années d'enfance à mesure que sa fille grandissait, et comme par magie, elle avait toujours quelque part le même âge qu'elle! Grand bonheur pour elle, sa fille n'a jamais voulu perdre son cœur d'enfant elle non plus.
 
Le temps passait, les années filaient, et toujours la petite fille en elle continuait de se réinventer à chaque étape de sa vie. C'est ainsi qu'elle est devenue grand-maman de deux petites-filles qui l'amènent si magnifiquement au royaume de l'enfance et qui gardent une partie de son âme toujours nouvelle qui ne demande qu'à s'émerveiller.
 
LE PLAISIR D'OFFRIR
 
Avec Félixe, ma petite-fille aînée, l'année dernière, on regardait ensemble un cahier d'activités de Noël lorsque l'idée nous est venue de préparer ensemble des papillotes de Noël pour tous les gens qu'elle aime et qu'elle allait rencontrer pour ces fêtes de fin d'année. Félixe avait un plaisir évident à bricoler avec Mamie, surtout que j'avais des caisses de papiers d'emballage, tissus, rubans, guirlandes, choux, fruits de nombreuses années de récupération de toutes ces soirées de Noël qui avaient eu lieu chez nous.
 
Mais moi, j'avais un autre objectif en tête : mine de rien, tout en s'amusant, lui apprendre à offrir elle aussi, un peu d'elle-même, choisir avec soin, pour chaque personne de son entourage, le contenu de la papillote qui serait remplie de ses friandises préférées, la couleur du papier, les motifs, les rubans, et surtout l'étiquette personnalisée qu'elle écrirait elle-même, en y mettant tous les cœurs et les bisous qu'elle était capable. Elle était tellement enthousiaste, la petite, de poursuivre « notre projet papillotes » qu'elle avait hâte à chaque séance secrète de bricolage. Et moi aussi. On avait réalisé ensemble une vingtaine de papillotes de Noël l'année dernière et je n'avais pas pensé prendre de photos mais j'avais gardé précieusement dans mon cœur le souvenir de sa joie tout au long du projet et particulièrement le soir de Noël lorsqu'elle les a offertes à tout son monde, même à moi.  
 
Cette année, l'idée est venue d'elle. Elle voulait absolument refaire des papillotes de Noël, en plus qu'elle sait maintenant bien plus que signer son nom et écrire des bisous, elle peut maintenant écrire elle-même tous les prénoms des personnes qu'elle aime et elle sait dessiner des cœurs aussi! Elle m'a dit dès le début de novembre qu'elle avait déjà commencé à ramasser les rouleaux vides de papier de toilette chez elle! Je suis donc allée acheter toutes sortes de friandises emballées individuellement : chocolats noirs, chocolats au lait, aux cerises, caramels au beurre, toffees, etc. On pouvait commencer... Bien sûr, tout cela doit rester top secret, elle y tient, c'est une complicité intense entre elle et sa mamie, elle est certaine que personne ne se doute de rien alors si vous la croisez prochainement, chut... pas un mot, ne faites aucune mention du projet papillotes jusqu'au 25 décembre!
 

À chaque séance de bricolage, on sort tout ce qu'on a, on se fait, comme on dit « une usine dans la cuisine!»  Cette photo a été prise à la fin novembre. Elle a voulu faire ma papillote en cachette de moi, alors elle m'a dit : « T'aurais pas une brassée de lavage à faire au sous-sol? » mais comme elle ment très mal, je savais qu'elle ferait la mienne parce qu'elle m'avait demandé avant ce que je préférais comme friandises, quel était mon papier préféré, etc. Et dans le lot, il y a toujours une papillote qu'elle dérobe à ma vue, c'est la plus imparfaite de toutes mais pour moi, c'est la plus belle!  


 
Ce jour-là, après 5 ou 6 papillotes, on avait le vent dans les voiles. Elle m'a demandé si je pouvais la garder à souper. Elle a téléphoné chez elle en disant : « Mamie veut absolument me garder à souper, on n'a pas fini notre bricolage mais je peux pas te dire ce qu'on bricole... »
 

Samedi dernier, c'était notre dernière séance de bricolage. Cette papillote est celle de sa tante Ariane mais il y a un problème, tante Ariane travaille en Corée du Sud. J'ai suggéré à Félixe qu'on lui envoie une photo de sa papillote mais Félixe, bien de son époque, m'a dit : « Ben non, Mamie, j'ai une bonne idée, on va faire ça sur Skype! »
 
 
On a tout fini, on a oublié personne, enfin personne qu'on s'attend qu'elle croise au temps des fêtes. Ce sourire, cette fierté, cette joie de donner, je ne pense pas qu'elle aurait pu les ressentir en achetant quelque chose dans les magasins.
 

La satisfaction du travail accompli!


Je ne suis pas une fan des égoportraits mais j'ai voulu garder une image de notre complicité dans cette aventure qui est peut-être en train de devenir une tradition.

À l'approche de Noël, grâce à ma fille et mes deux petites-filles, j'ai beaucoup de facilité à retrouver mon cœur d'enfant. Je trouve dommage que beaucoup d'enfants fassent tant de demandes et soient influencés par notre société de consommation au point où ils deviennent blasés en ne sachant que recevoir trop de cadeaux, sans expérimenter l'échange, le plaisir d'offrir eux aussi, un peu d'eux-mêmes, dans l'unique but de faire plaisir à ceux qu'ils aiment.  
 
Et je vis un grand bonheur, dans mon cœur d'enfant comme dans mon cœur de grand-maman, quand je constate que Félixe a tellement hâte à Noël, non pas pour avoir des tonnes de cadeaux mais pour pouvoir enfin donner à ceux qu'elle aime une papillote qu'elle croit remplie de friandises mais que je sais, moi, remplie d'amour et d'affection débordante.

jeudi 23 avril 2015

MERCI POUR TOUT


Vous avez été témoin sur mon blogue depuis le 24 janvier 2007 des moments les plus merveilleux de ma vie de femme, d'amoureuse, de maman, de mamie, de travailleuse autonome, de citoyenne engagée et passionnée de ma région, l'Abitibi-Témiscamingue, comme de toutes les régions du Québec. À travers ces photos récentes de mes deux petites-filles, je veux sincèrement vous remercier d'avoir été là et de m'avoir fait l'honneur de vos commentaires qui nous permettaient d'échanger, de partager, d'approfondir nos parentés et nos amitiés qui me font toujours si chaud au coeur. 


Félixe a maintenant 6 ans et Blanche 9 mois. Vous vous souvenez que Blanche est le cadeau de fête de mes 57 ans? 


À travers tous ces billets que j'ai écrits qui portaient sur ma région, mon enfance à Matagami « en sol mineur », mes préoccupations environnementales et sociales, ma vie au bord du lac Dufault, mes escapades au camp de Rapide Deux, et bien d'autres choses encore, j'ai souvent pris des libertés personnelles et presque intimes, entre autre en vous racontant le mariage de Isabelle et Dominic, ça se passait en novembre 2007... et novembre 2008! 


Au cours de l'année 2008, grand bonheur partagé avec vous, nous allions avoir un petit-enfant qui s'ajoutait à notre famille. J'avais attendu quelques mois avant de vous l'annoncer mais j'avais tellement hâte de pouvoir partager cela avec vous. Félixe nous est arrivée toute mignonne par une soirée de janvier 2009 où il faisait un froid sibérien mais nous ressentions tant de chaleur pour compenser. 


Vous l'avez vue grandir, la belle Félixe. Je n'ai pas ménagé les photos ni les anecdotes ni les bons moments que cette enfant me faisait vivre ainsi que les réflexions qui me venaient spontanément à l'esprit à cause de mon nouveau rôle de mamie. 


Isabelle et Dominic nous ont annoncé à la fin de 2013 qu'on allait avoir un autre cadeau de la vie mais je ne croyais jamais qu'il allait nous arriver exactement le matin de ma fête, surtout que la date prévue de l'accouchement était le 28 juin et que Blanche a attendu jusqu'au 7 juillet pour se montrer le bout du nez. Blanche et moi, on partage le même jour d'anniversaire mais aussi les yeux bleus, les cheveux blonds et quelque chose de très semblable dans la personnalité. Enfin, c'est ce qu'on me dit... Je considère que c'est tout un compliment! 


Ce sont tous mes billets imprimés, classés par années, de 2007 à 2015. J'avais l'habitude en décembre de chaque année de faire une sorte de bilan, de transférer le contenu de mon blogue, billet par billet, dans un fichier Word pour y refaire la mise en page et imprimer le tout. Pour que les écrits restent... Les premières années, la pince du cartable a de la misère à fermer tant j'étais prolifique! C'était l'effervescence de la plateforme des blogues comme je les ai connus, avec la complicité de ce réseau de blogues-amis qui me nourrissait à tout point de vue. 

MERCI POUR TOUT

Je vous l'avais promis : Le jour où j'allais mettre fin à mon blogue, j'allais prendre la peine de vous le dire bien franchement. Vous méritez cette considération et tous les mercis du monde pour y avoir participé, certains depuis le début, d'autres fidèlement depuis qu'on se connaît. Parce que, oui, c'est vrai, on se connaît beaucoup et « par en dedans » quand on s'écrit. Je serai toujours très attachée à vous tous. 

Vous avez droit à une explication et j'ai le goût de vous faire savoir pourquoi je mets aujourd'hui un terme à cette belle aventure qui dure depuis plus de 8 ans. Ce n'est pas sans peine que je le fais, une mûre réflexion a précédé ma décision, vous pouvez me croire.  J'y reviendrai...

Ce blogue s'appelle Chez Zoreilles parce que Zoreilles, c'est le surnom qu'on me donnait au secondaire, c'est d'ailleurs écrit noir sur blanc dans mon album de finissants. « Surnom : Zoreilles, parce qu'elle écoute bien! » J'ai beaucoup écrit sous ce nom de plume et pas seulement ici. 

Pouvais-je nommer mon blogue autrement lorsque je me suis ouvert cet espace de prise de parole en janvier 2007, influencée alors par mes piliers de l'époque que je lisais fidèlement : Le vieux Henri, Guy Vandal, Esperanza, Accent Grave, Zed, En direct des Îles, Crocomickey. Puis se sont ajoutés au fil du temps Barbe Blanche, Grand-Mère Solange, Fank U, Mijo, le Zigzag de photos, Jacks (Détour improvisé) Flocons de bonheur (Pierre), Fitzsou, Elle barbouille, Dididit, Nanou la Terre, Une femme libre et tant d'autres qui sont passés sans rester, comme des étoiles filantes.  

Quand mon frère Jocelyn et son fils Jean-Michel ont eu l'initiative des Merveilles de l'Abitibi-Témiscamingue, en 2006, ils m'ont demandé de joindre mon blogue à leur site qui avait pour but de faire mieux connaître notre région et j'en ai été honorée. Ce site des « Merveilles » comme on l'appelait était très populaire mais il est tombé dans l'oubli lorsque leur serveur a déclaré forfait sans préavis et qu'on n'était plus capable de l'alimenter, personne d'entre nous. C'était bien dommage parce que ce site était participatif, ludique, instructif et extrêmement vivant. 

Au début de mon blogue, il y avait également un telle effervescence! L'univers des blogues était en ce temps-là très actif, et même hyperactif. On y retrouvait des gens de partout, prêts à échanger, à créer des liens, à mieux se connaître et mieux se comprendre. Nous avions même parfois des actions concertées, la blogosphère était si rassembleuse. Si on laissait un commentaire à la suite d'un billet quelque part, on avait automatiquement une réponse à ce commentaire, à tout le moins, un petit accusé de réception qui nous signifiait qu'on n'avait pas écrit dans le vide et qu'on ne parlait pas tout seul. 

Et puis le temps a passé, l'univers des blogues a changé, s'est essoufflé, il est tombé dans une certaine indifférence. Certains ne répondaient plus quand on leur parlait, d'autres abandonnaient leur espace et on s'en rendait compte à la longue, à force de se cogner le nez sur une porte close et des lumières éteintes pendant quelques mois d'affilée. 

Depuis une bonne année au moins, à mesure que s'amenuisaient le nombre de blogues actifs et les commentaires de mes lecteurs et lectrices ici même, je remettais en question ma place et mon espace qui ne semblaient plus susciter d'intérêt. Je vous l'avoue le plus sincèrement du monde, j'en étais chagrinée. J'avais l'impression de perdre des amis qui s'en allaient sans dire au revoir et ça me faisait de la peine. Peu à peu, j'avais plus de peine que de joie à fréquenter les blogues-amis que je considérais comme mon réseau. Tellement souvent, j'avais des idées de billets avec des photos pour les illustrer et à la dernière minute, je me disais : À quoi bon? Qui ça intéresse?

D'autre part, mon blogue étant un espace de liberté, je n'ai jamais voulu mettre de barrière pour entrer ici, mes portes étaient toutes grandes ouvertes et je n'ai jamais eu à le regretter. Le revers de la médaille implique que Chez Zoreilles devient ainsi « lieu public » fortement référencé parce que j'ai touché à beaucoup de sujets sensibles au cours des années (dans les recherches Google, mon blogue apparaît souvent pour un billet précis) alors avec le temps et cette conscience des choses, j'ai fini par m'autocensurer énormément. Presque autant que sur Facebook où je suis présente tout en l'étant si peu au fond. 

Mais la raison principale de ma décision, c'est que j'ai eu envie de quitter avant d'être quittée, pendant qu'il me reste encore quelques lecteurs et lectrices qui viennent jaser tout bonnement, me dire bonjour ou ajouter leur grain de sel qui me ravit toujours autant. Ne m'en veuillez pas trop... 

Je ne jure pas que ce billet est mon dernier mais si jamais c'était le cas, j'aurai au moins pris le temps de vous remercier pour tout et vous assurer que je ne détruirai pas cet espace qui continuera d'exister tant qu'il y aura un commentaire sous ce billet auquel j'aurai grand plaisir à répondre. Pour ceux et celles que je visite régulièrement et dont les blogues sont toujours actifs, je continuerai à le faire, ça m'intéresse toujours autant de vous lire chez vous, dans votre univers.

Je n'ai jamais consulté les statistiques de mon blogue, je n'avais pas cette curiosité ou bien j'avais peur que ça m'influence et que ça oriente inconsciemment le contenu. Je viens de le faire pour la première fois, pour avoir une idée de ce que Chez Zoreilles a généré en un peu plus de 8 ans :  394 billets, 14 184 commentaires, historique des pages vues : 322 516. C'est quand même pas rien et je mesure mieux maintenant tout ce que j'avais investi ici, avec vous, grâce à vous. 

Maintenant que vous me connaissez mieux que personne, vous vous doutez que je n'aime pas les au revoir et encore moins les adieux. Je suis gauche là-dedans. Mais la vie m'a appris que la fin de quelque chose, c'est souvent le début de quelque chose d'autre. C'est ce que je nous souhaite, les yeux dans l'eau mais le sourire confiant qu'on va continuer de s'intéresser les uns aux autres, ailleurs et autrement.

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Août 2015, Îles de la Madeleine :
 

Le sable des Îles goûte bon... selon le sourire de Blanche.


Félixe voulait « essayer » toutes les grottes de la Dune du Sud!



Elle traînait partout avec elle son petit filet à coquillages trouvé sur la plage à son arrivée.
 

Cette photo est un cadeau de mon amie Chantale (Canneberge) avec laquelle nous avions un rendez-vous si doux, au Café de la Grave à Havre Aubert, pour partager tous ensemble une chaudrée aux fruits de mer dans un bol en pain avec un verre de vin! Elle m'a envoyé cette photo avec ce mot charmant, si évocateur et si touchant pour moi : « Blanche porte un toast à tous ses ancêtres madelinots ».


Le fameux bateau pirate dans lequel on a inventé tant de scénarios et bourlingué sur les 7 mers! J'avais cherché ça lors de mes précédents séjours aux Îles mais c'est grâce à mes cousins madelinots que je l'ai trouvé, c'était un secret bien gardé, en face de la Butte à Mounette, sur la baie d'en dedans, juste avant le pont du Havre-aux-Maisons, à la marina.


Surgi d'en arrière de la Butte à Mounette, ce renard est venu me saluer personnellement alors que le soleil se préparait à se coucher. En tout cas, c'est ce que j'aime croire...


À la Dune du Sud, Havre-aux-Maisons, Îles de la Madeleine, août 2015. À l'arrière plan, la mythique et merveilleuse  Ile d'Entrée qu'on voit de partout, sous tous les angles mais qui n'est pas accessible autrement que par bateau.

mercredi 1 avril 2015

Les Zamis du jeudi


Ça, c'est moi avec des amis(es) il y a quelques années alors qu'on habitait toujours au lac Dufault. Ce ne sont pas les Zamis du jeudi proprement dits mais ce sont des amis(es) que j'aime beaucoup eux aussi. 

Les Zamis du jeudi

C'est mon idée, les Zamis du jeudi. Et je suis pas mal fière de l'avoir mise de l'avant à l'automne 2014 quand s'est terminé le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue et qu'on savait qu'on se perdrait de vue jusqu'à la prochaine édition. 

D'abord, on n'a pas vraiment de nom, c'est moi qui appelle ça de même : les Zamis du jeudi. J'en ai parlé tout d'abord à Jolyne, à Jean et à Suzanne pour savoir ce qu'ils en pensaient. Ils étaient bien d'accord avec mon initiative mais se demandaient comment on ferait avec nos vies si occupées, parce qu'on est tous des passionnés de la vie, pour se rejoindre régulièrement, sans s'engager trop non plus. On voulait se rencontrer et pouvoir discuter de tout et de rien, s'organiser des affaires ensemble, profiter des bonheurs de l'amitié qui nous lie depuis tant d'années, nous qui nous sommes connus dans le travail et qui avons continué d'être amis depuis tout ce temps. Nous sommes si près et si loin en même temps les uns des autres, et pourtant on s'aime beaucoup, on est bien ensemble et on s'ennuie de nous autres tout au long de l'année. La passion du cinéma nous rassemble au Festival mais c'est si vite passé, 6 jours... 

Avec les Zamis du jeudi, on se rencontre donc toujours au même endroit, le premier jeudi du mois, pour un 5 à 7. On peut étirer la rencontre en commençant plus tôt ou en terminant plus tard, selon la disponibilité de chacun, mais la plage fixe, c'est de 5 heures à 7 heures, en fin de journée. Au bistrot bar où l'on se sent comme chez nous, on prend soit un café, une bière, un verre de rouge, on peut commander une que passa qui nous servira de souper ou bien carrément traverser dans la salle à manger pour prolonger la soirée, on est vraiment libres. Et fous! C'est juste le plaisir d'être ensemble qui nous amène là. On n'a signé aucun contrat, aucun engagement, on ne fait de promesse à personne mais on est là, le premier jeudi du mois depuis le début de l'année 2015.

On était fébriles et contents de s'y retrouver après les fêtes, le 8 janvier, je vous assure. Pour la première fois, on faisait exception, c'était le deuxième jeudi du mois et non pas le premier qui tombait... le premier de l'an justement. Il n'y avait pas de temps mort à notre table, c'était très animé! On a échangé les dernières nouvelles, ça a pris 2 heures juste pour ça. Et puis ensuite, on a parlé de la vie, de la politique, de l'actualité, de nos zamours, de nos projets, c'était vraiment chouette. 

En février, on vivait tous quelque chose de très particulier dans nos vies personnelles (à ce moment-là, ma fille était aux soins intensifs à l'hôpital d'Amos et j'allais relayer mon beau-fils à son chevet le lendemain matin) mais on était tous au rendez-vous quand même. C'est fort l'amitié... La conjointe de Jean, Nicole, est médecin, elle avait réussi à me rassurer un peu ce soir-là. Et puis, Jean nous a proposé de nous revoir deux semaines plus tard, il donnait un spectacle bénéfice pour un organisme qui nous tient beaucoup à coeur, un show de guitares et de chansons, avec deux autres amis que nous connaissons, ce qui nous a fait deux rencontres dans le même mois. 

En mars, je me souviens, on veillait Belle-Maman jour et nuit mais je me suis rendue au rendez-vous quand même, juste le temps d'un verre de rouge avec eux, pour ensuite retourner au chevet de ma belle-maman non sans avoir reçu des câlins de tout le monde pour me donner du courage et de la chaleur dans cette froidure hivernale qui ne nous lâchait pas. Il paraît qu'ils ont traversé du côté de la salle à manger après mon départ, qu'ils ont veillé tard ce soir-là et qu'ils ont eu beaucoup de plaisir.  

Savez-vous quel jour on est demain? Le 2 avril, anniversaire de Crocodile Dundee mais aussi... le premier jeudi du mois! 

mardi 24 mars 2015

HEUREUX D'UN PRINTEMPS


Samedi dernier, le 21 mars 2015, premier jour du printemps, au camp Fra-Gilles. On avait fait le projet avec Isabelle, Félixe et Mara, de construire un fort de neige, de glace et de sapinage entre le camp et l'atelier. Ici, on voit l'atelier. 


Mais avant toute chose, puisqu'il faisait très froid durant le trajet en motoneige d'une trentaine de minutes, on avait besoin de se réchauffer un peu en arrivant. Le dîner que je venais de mettre au four (de la cuisinière au propane) pouvait bien se faire attendre, on n'était pas en peine avec notre verre de rouge, Isabelle et moi, le temps qu'on faisait nos plans avec les petites avant d'entreprendre notre projet. Crocodile Dundee qui était là depuis la veille, avait entretenu le feu dans le poêle à bois pour qu'on soit bien confortable. 


Félixe et Mara s'en donnaient à coeur joie à sauter sur les lits qu'on avait collés ensemble. Au campe, en autant que c'est sécuritaire, on a le droit de tout faire! 


Le dîner est presque prêt au four, on a juste le temps de faire un dessin. 


Après le dîner, Crocodile Dundee aide les petites en coupant les branches trop basses du sapinage pendant que Isabelle commence à creuser les « fondations » de notre fort. Le temps d'aller donner un coup de main à mon frère dont le camp est situé à environ 3 kilomètres, Crocodile Dundee nous laisse construire le fort entre filles.


Elles en mettent du coeur à l'ouvrage, les filles!
 

Le soleil nous donne une belle énergie. 


Félixe et Mara se font tout un monde imaginaire. Le fort prend forme, avec un salon, une cuisine, un endroit où elles veulent faire un feu pour faire griller des guimauves... Elles espèrent que Papi, au retour, va être très impressionné.


La journée avance, la construction du fort aussi, on décide de préparer le feu qu'on allumera seulement après souper. On aura donc des guimauves grillées pour dessert. Je suis mandatée pour trouver des branches à guimauves, c'est ma spécialité, j'ai l'oeil pour ça! 


Après souper, au moment où le soleil a envie de se coucher, à la demande générale, Papi raconte des histoires autour du feu. Isabelle se souvient de ses deux préférées du temps qu'elle était elle-même une petite fille : Le petit autochtone qui avait été sauvé de la noyade par un aigle à tête blanche (un conte inventé par Crocodile Dundee) et en rappel, l'histoire de Perdrianne et Perdriau, inspirée d'un récit de Félix Leclerc. 


La flamme se concentre peu à peu, on commence à avoir des braises. C'est l'heure des guimauves grillées!


J'ai été touchée par ce moment de grande proximité d'un bonheur tout simple. Je n'avais pas de branche à guimauves pour moi-même. Entre vous et moi, je ne raffole pas trop des guimauves mais j'aime tout ce qui est alentour. Alors, dans un geste généreux et un sourire complice, sa plus belle guimauve dorée juste à point, Félixe me l'a offerte. Et tout de suite après, Mara a fait la même chose. Ces deux petites savent donner et ça m'a fait chaud au coeur... On s'est mis spontanément à s'offrir nos plus belles guimauves. 

HEUREUX D'UN PRINTEMPS 

Après une journée si bien remplie, la fatigue nous gagne à mesure que notre petit feu diminue. On regarde longuement les étoiles de ce ciel si beau, si calme et si serein. Il fait maintenant une noirceur totale, sans pollution lumineuse. Nous rentrons à l'intérieur du camp où une chaleur douce nous enveloppe. On dort comme des marmottes jusqu'à dimanche matin. 

Je l'ai toujours dit, le bonheur, c'est jamais compliqué et le printemps, ben, c'est dans notre coeur qu'il s'installe en premier. 

vendredi 13 mars 2015

HOMMAGE À ELISE


Ce texte hommage, je le portais en moi depuis des années. Lorsque, le mardi 3 mars dernier, nous avons été convoqués par le médecin de garde et le personnel soignant, nous étions plusieurs membres de la famille présents, à apprendre et consentir en même temps aux soins de confort qui s'imposaient et qui allaient la protéger dorénavant de toutes ces souffrances qu'elle n'avait plus besoin de vivre, même si elle était déjà dans un semi coma. Je n'ai pas dormi cette nuit-là... et quelques autres qui ont suivi... 

L'écrire ensuite pour vrai, au lendemain de son décès, a été facile, en une heure ou deux, c'était réglé, même s'il y avait plein de monde autour, j'étais dans ma bulle. Ma plume plongeait dans l'encrier de mon coeur et courait sur mes feuilles lignées. La famille l'a approuvé sans en changer une virgule. On la reconnaissait comme on l'avait connue et aimée. C'était ça. On m'a demandé si je me sentais capable de le lire devant les gens. J'ai dit oui sans aucune hésitation. J'avais été capable de le faire pour mon père, sans que la voix me casse, sans verser une larme, et même avec un sourire tendre, une sérénité profonde. J'ai même été jusqu'à chanter le petit bout de chanson de Gilles Vigneault pour que tout le monde la reconnaisse. L'amour, ça peut aller jusque là, des fois. 

Il me venait des milliers d'images, le film de sa vie se déroulait dans mon esprit et mon coeur à mesure que je livrais ce texte que je savais presque par coeur tellement je me l'étais approprié, ce qui me donnait la force et l'élan nécessaires pour raconter aux gens présents qui était notre chère Elise. 

Dans le déroulement de la cérémonie des derniers adieux, je savais que tout de suite après l'hommage, Isabelle enchaînait avec sa guitare et sa belle voix, alors que Félixe tenait absolument à accompagner sa maman dans une chorégraphie dansée, improvisée, très douce et très belle... 

Plusieurs m'ont demandé s'ils pouvaient garder ce texte en souvenir. Voilà pourquoi je le publie ici. 

HOMMAGE À ELISE

Gilles Vigneault débutait sa chanson Gens du pays par ce couplet plein de sagesse et de vérité : « Le temps qu’on a pris pour dire je t’aime est le seul qui reste au bout de nos jours… »

Notre chère Elise en a pris du temps tout au long de ses 93 années pour dire et vivre ses « je t’aime » à sa façon si personnelle et généreuse, tellement touchante et attachante.

D’abord, dans sa famille au Témiscamingue, à Ville-Marie, auprès de ses parents, de ses 12 frères et sœurs, oncles tantes, cousins cousines, ainsi que ces familles du voisinage dont plusieurs étaient originaires de la Bretagne comme les Rannou. Étant l’aînée d’une si grande famille, dès son plus jeune âge, elle a bercé avec bonheur tout plein de vrais petits bébés qui lui servaient de poupées et qu’elle aimait tant cajoler. Elle gardait de cette époque si heureuse de son enfance des souvenirs attendris qui avaient pour décor ce qu’elle appelait « la petite montagne sur la terre à Papa » qui la rattachait pour toujours et à jamais à son Témiscamingue natal.

Devenue une belle jeune femme souriante comme elle l’a été toute sa vie, elle a vite été remarquée par le voisin de son âge qui habitait la terre d’en face, chez les Rivest. Emilien lui a tout de suite plu. Ensemble ils ont été une super équipe, une alliance remplie d’amour, à la base d’une famille qui a toujours été leur fierté. Cinq enfants : Gisèle, Claudette, Nicole, Gilles et Céline.

L’affection n’a jamais manqué dans cette maison où Elise était le cœur et l’âme, comme le sont toutes les mamans si aimantes. Plus il y avait de monde, plus l’amour se multipliait, comme par enchantement. Et c’est ainsi que nous aussi, les conjoints, avons été accueillis à bras ouverts et tels qu’on était, à mesure qu’on arrivait dans la famille, qu’on se joignait à la tribu d’Emile et Elise.

Et puis, la nature étant ce qu’elle est, les petits-enfants sont arrivés, un par un, chacun leur tour, dix en tout, multipliant le capital d’amour à rendement très élevé qui donnait à Grand-Maman Elise le bonheur et l’occasion de créer des moments magiques et inoubliables avec tous ceux et celles qu’elle appelait tendrement « ses petits chatons », même lorsqu’ils devenaient grands. Elle avait cette capacité d’amour infini qui a toujours été la source à laquelle chacun s’abreuvait allègrement.

C’est parce que notre chère Elise était une usine à bonheur.

Elle savait créer la chaleur, le confort, les événements, les bons moments, les plaisirs simples de la vie.

Bonne travailleuse, toujours avec une attitude d’ouverture, ses collègues de travail de l’époque n’en sont pas encore revenues, elle savait se faire aimer instantanément et c’était si tant tellement réciproque.

Elle voyait la vie avec des lunettes roses, imaginant tout le temps l’aspect positif et agréable des choses, et surtout le meilleur de chaque personne. Elle vous faisait sentir unique et aimé inconditionnellement. Un petit rien lui faisait plaisir et nous valait ses sourires avec ses yeux rieurs, son rire cristallin, ses bisous, ses câlins et ses remerciements chaleureux.

Ah c’était une artiste aussi… Elle a créé des robes si belles pour ses petites filles, des poupées de chiffons avec des bouilles sympathiques, des gâteaux d’anniversaire et de Pâques avec les petits lapins en guimauve qu’elle fabriquait, des œufs de Pâques en chocolat qu’elle personnalisait pour ses petits-enfants, et tant de choses belles et utiles, en céramique et en poterie. Elle y peignait souvent des fleurs, des tiges de blé, des volutes harmonieuses, des paysages de toutes les saisons.

Elle créait même des jardins et des environnements fleuris, à la maison comme au chalet, aidée en cela par Émile et ses brouettées de terre, qui allaient s’échoir du gazebo jusqu’au sentier des amoureux qu’elle fleurissait de tous ses talents. Elle leur donnait des noms évocateurs qui la faisaient rêver. Elise était une grande romantique même si elle s’en défendait avec un clin d’œil, sans en être convaincue elle-même.

Elle aimait l’amour, c’était son pain quotidien!

Elle aimait lire aussi : surtout des romans et des récits historiques. Et la musique… Comme elle aimait écouter de la musique! Elle aurait bien voulu savoir danser, elle nous l’a dit si souvent. Encore dernièrement, un heureux moment pour elle, lorsque nous sommes allées au 2e étage de la Maison Pie XII entendre les musiciens et leurs airs d’autrefois qu’elle semblait reconnaître et apprécier. Elle, assise dans son fauteuil, et moi debout à ses côtés, on dansait avec nos mains et son sourire m’habite encore comme l’ultime cadeau que j’ai partagé avec toute sa famille, une grande famille maintenant enrichie de ses dix arrière petits-enfants qui sont nos petits chatons à nous. Oui, la vie continue…

Elle nous aura donné tellement d’amour tout au long de sa vie que nous saurons maintenant en être imprégné et inspiré pour poursuivre la nôtre. Elle connaissait un grand secret sur l’art d’aimer et d’être aimé, un secret qu’elle nous aura révélé au fil du temps, sans faire de discours, simplement en la regardant vivre. Le voici :

1) L’essentiel, pour être heureux, c’est de sourire à la vie en toutes circonstances.

2)  C’est en semant de l’amour qu’on récolte du bonheur.

Et depuis quelques jours, nous en avons découvert un troisième :

Même si son cœur a cessé de battre,
l’amour qu’il y avait dedans continuera de vivre
à travers nous tous qui l’avons tant aimée

dimanche 8 mars 2015

JE LA VOUVOYAIS


Elise Rannou-Rivest
1921-09-08 - 2015-03-07

JE LA VOUVOYAIS

S'il faut encore se convaincre que le vouvoiement n'empêche pas du tout la proximité des rapports humains chaleureux, bien au contraire, la relation exceptionnelle que j'entretiens depuis bientôt 39 ans avec Belle-Maman va dans le sens de ce phénomène. 

Je l'appelais Madame Rivest ou Belle-Maman ou chère Elise et je la vouvoyais tendrement. Elle me tutoyait tout aussi tendrement en m'appelant Francine, ou « la femme de mon Ti-Gars » ou sa 5e fille. Quand on sait tout l'amour qu'elle avait pour son Émile qui nous a quittés il y a 18 ans, pour ses enfants, 4 filles et un garçon, les conjoints que nous sommes, qu'elle accueillait dans sa vie comme si on avait toujours été là, ses petits-enfants au nombre de dix qu'elle a toujours appelés « mes petits chatons », leurs zamours de conjoints et ses arrière petits-enfants, déjà dix d'entre eux sont venus enrichir son clan et la vie continue. Bref, faire partie de sa famille est une chance inouie qu'on a toujours su mesurer. 

Je pourrais vous parler d'elle pendant des heures, des jours, des saisons. Et je le ferai probablement... 

Toute sa vie, elle a su générer, propager, inspirer, susciter, créer, rassembler et multiplier l'amour autour d'elle. Si elle pouvait communiquer avec nous en ce moment, elle nous dirait probablement ceci : 

* * * * *
Ne pleurez pas mon départ
Je suis partie dans l'infini
Je suis mille vents qui soufflent...
Je suis le diamant qui brille sur la neige
Je suis la lumière du soleil sur les semences
Je suis la douce pluie d'automne
Et le réveil dans le silence du matin
Je suis parmi la volée d'oiseaux qui voltigent
Je suis la lumière étoilée dans la nuit

Ne pleurez pas mon départ
Je suis partie dans l'infini
Je suis toujours parmi vous
Je vis dans la nature

dimanche 1 mars 2015

TOURNER LA PAGE


C'était dimanche dernier chez nous. Bébé Blanche est toujours souriante et curieuse de tout comme ça. Elle aura 8 mois bientôt. 


Elle a toujours ses yeux bleus, on ne se pose plus la question si ça va rester de même! On a ça en commun, elle et moi, ainsi que notre journée d'anniversaire, vous vous souvenez qu'elle née le jour de mes 57 ans?


Toujours dimanche dernier, sa grande soeur Félixe arrivait de la Fête d'hiver où elle s'était fait faire un maquillage... 


... dont elle était très fière!


La veille, donc samedi dernier, près du camp Fra-Gilles à Rapide Deux. Enfin, on avait un répit des grands froids de ce mois de février qui a battu des records et un peu de soleil sur la neige pour créer une si douce lumière qui nous a fait du bien à l'âme.  

TOURNER LA PAGE

Cette page que j'avais si hâte de tourner, c'est celle du calendrier : Février 2015 nous aura semblé le mois le plus long et le plus sombre de l'année en raison de tous les événements qui se sont enchaînés à un rythme affolant et qui nous ont causé de grandes inquiétudes, comme je vous le racontais dans mon billet précédent que je m'empresse de recouvrir de celui-ci. 

J'avais hâte au 1er mars pour vraiment passer à autre chose, même ici, sur ce blogue où des membres de ma famille et mes amis(es) viennent prendre de mes nouvelles. 

Je voulais juste vous dire que je vais bien. J'ai l'impression d'être un petit canard qui se retrouve un peu perdu sur le bord d'un rivage à pédaler en dessous de l'eau parce qu'il ne sait pas faire autre chose, surtout pour ne pas être submergé par les dernières vagues qui signifient la fin de la tempête. Je secoue mes plumes, je regarde partout pour retrouver mes repères mais je m'aperçois que je vais bien et ça m'encourage. 

Mais moi qui aime tant l'hiver d'habitude, je vous avoue que je n'ai jamais eu si hâte au printemps. Je suis très heureuse qu'on aille dans cette direction! 

mercredi 18 février 2015

D'AMOUR ET DE MUSIQUE


Noël 2013, Isabelle, Félixe et Elise, ma fille, ma première petite-fille et ma belle-maman. 


Une enfant émue, ça m'émeut.  

Septembre 2013, Journées de la culture. Isabelle était porte-parole de ces Journées pour notre région. Nous sortions du Centre d'exposition de Rouyn-Noranda où nous avions passé un beau moment ensemble, ma mère, ma fille et moi. 

D'AMOUR ET DE MUSIQUE

D'entrée de jeu, j'aime mieux vous le dire, je vais très bien maintenant mais je demeure encore un peu ébranlée émotivement. Même si je suis entourée de personnes âgées dont la santé n'est plus ce qu'elle était, c'est pour notre fille Isabelle que nous avons craint dernièrement. Comme quoi tout peut basculer en un rien de temps, la santé, la vie et le bonheur sont si fragiles, vous savez... 

Une petite intervention chirurgicale de routine (enlever 4 dents de sagesse) avec un spécialiste du maxilo facial à l'hôpital où je suis née, à Amos, et c'est l'horreur qui commence : complications post-opératoires, douleurs, enflure qui ne se résorbe pas puis s'étend, nuit sur civière à l'urgence à Rouyn, antibiotiques en intraveineuse, stabilisation en vue du transfert d'urgence à l'hôpital d'Amos où elle a été opérée trois jours plus tôt, examens, deuxième opération d'urgence cette fois, voies respiratoires enflées, intubée à froid, incapacité à respirer, intervention in extremis, travail de l'anesthésiste, du chirurgien spécialiste et toute une équipe au travail, ensuite plus de 24 heures aux soins intensifs, douleurs impossibles à soulager, deux antibiobiques canon en intraveineuse, bref, vous voyez le topo? Isabelle a eu peur et nous aussi. Pendant ce temps, j'étais soit à son chevet soit auprès de mes deux petites-filles pour relayer mon beau-fils. On ne la laissait jamais seule et ce n'était pas un caprice ni de sa part ni de la nôtre, croyez-moi. Elle avait besoin d'assistance et le personnel soignant, très compétent et très humain, comptait sur notre présence auprès d'elle jour et nuit pendant son hospitalisation. 

Une jeune femme de 28 ans, en forme et en santé, maman de deux petites filles, était à ce moment-là plus en danger que ses deux grands-mères. 

Isabelle est sortie de tout danger, elle est en convalescence chez elle, auprès de son homme et de sa petite famille. Nous ne sommes jamais loin... 

En fin de semaine, c'est ma mère qui nous a fait peur. Montée de pression, malaise, consultation avec son médecin ce matin, je l'accompagne... Elle va s'en tirer avec un bon suivi et une médication ajustée. 

En quittant ma mère en fin d'avant-midi, j'allais normalement faire manger Belle-Maman à son CHSLD mais comme j'arrivais trop tard pour ce faire, parce qu'ils mangent très tôt là-bas, j'ai eu l'idée de l'amener plutôt au 2e étage où tous les mercredis après-midi, il y a des musiciens bénévoles qui viennent divertir les résidents, enfin pour ceux qui le peuvent. Belle-Maman a 93 ans, est atteinte d'une sorte de démence mélangée avec de l'alzheimer, on ne sait pas exactement, ces troubles sont très difficiles à diagnostiquer. Elle ne peut plus vraiment s'exprimer, n'a plus de mobilité ni d'autonomie. Mais elle demeure la même personne qu'elle a toujours été, avec ses goûts et ses intérêts, du moment qu'on lui administre les médicaments qu'il faut pour apaiser ses anxiétés. Et ces médicaments-là, ils la font dormir beaucoup beaucoup. 

Donc, à mon arrivée à 12:30, elle cognait des clous dans son fauteuil gériatrique et on s'apprêtait à la coucher dans son lit pour sa sieste à l'aide du lève-personne. Je lui ai demandé si elle avait le goût qu'on aille écouter de la musique en bas. Si vous aviez vu son sourire... Eh qu'elle avait compris ma question!

Ravie de la trouver en assez bonne condition physique et mentale aujourd'hui pour supporter « le voyage » de quelques étages plus bas, du 6e au 2e plus précisément, il me fallait quand même la tenir éveillée jusqu'à l'heure où les musiciens commençaient à jouer. Ce ne fut pas une mince tâche mais j'ai mes trucs : au lieu de pousser son fauteuil gériatrique par l'arrière et disparaître de sa vue, je me place devant elle et je tire le fauteuil vers moi en reculant, je lui parle tout le temps, je fais le clown, je ris et elle rit de me voir rire, je lui conte toutes sortes d'affaires, je sors mes photos d'enfants, les miens et ceux de la famille (elle a toujours tellement aimé les enfants elle aussi) et c'est ainsi qu'on s'est dirigées lentement mais sûrement vers le 2e étage sans qu'elle s'endorme.

En sortant de l'ascenseur, la musique nous a enveloppées comme une couverture chaude qui sort de la sécheuse! Quel sourire elle m'a fait... Un sourire « comme avant », comme à toutes les fois où nous allions, elle et moi, écouter les musiciens à la résidence où elle habitait avant. La musique ne fait pas juste d'adoucir les moeurs, elle adoucit la maladie, n'importe quelle maladie. Elle ramène des souvenirs même à ceux qui ont perdu la mémoire, elle réveille une mémoire affective qui s'était endormie depuis longtemps.

Il y avait des musiques instrumentales, des reels, des chansons, des pièces qui m'étaient toutes familières, certaines que je pouvais chanter au complet en dansant avec elle... Oui, c'est ça, danser avec elle. Comment? En faisant valser doucement son fauteuil gériatrique avec mon genou, je battais la mesure sur son bras ou sur ses mains, toujours jointes, sous la couverture qui l'enveloppe en permanence. Là, je lui disais : « Eh qu'on danse bien, nous autres, hein? » 

Il y avait tant de beau monde dans cette salle. Et tant d'amour. Et tant de belle musique. D'abord, les musiciens, un violon, une guitare, un synthétiseur et une chanteuse, une madame qui devait avoir autour de 70 ans. Ensuite, tous ces gens que je connais et que je côtoie régulièrement dans ce microcosme qui me semble de plus en plus familier et accueillant : des résidents, des membres de leur famille, toujours les mêmes, des bénévoles et accompagnateurs/trices au coeur grand comme le monde, des membres du personnel, etc.  

Ma cousine Lucie accompagne souvent des résidents du CHSLD depuis que sa mère est décédée, elle est restée attachée à l'endroit. J'adore cette fille, je me suis toujours sentie proche d'elle. On se croise souvent là-bas et on a appris depuis toujours à se comprendre vraiment beaucoup sans avoir à se parler trop longtemps. Des fois, on rit, des fois on a les yeux dans l'eau. Je vois très souvent Marlène, c'était mon ange au bureau d'assurance l'automne où j'ai fait deux accidents de voiture de suite dans une période où j'étais particulièrement épuisée à tout point de vue. Je vous ai déjà raconté ça ici même. Ah cette Marlène, toujours un ange et toujours ce sourire si apaisant. Depuis sa retraite, elle est tellement présente au CHSLD, à la fois pour sa mère et pour bien d'autres. Il y a Johanne aussi avec laquelle j'ai tissé des liens qui vont bien au-delà de son métier. Et puis Michèle qui vient nourrir sa maman à la petite cuillère tous les midis et qui s'en va souvent en pleurant, on se conte nos misères de CHSLD en fumant une cigarette dehors dans le stationnement et on finit par rigoler en se disant qu'on souhaite mourir jeune... mais qu'il est trop tard, on est déjà vieilles!!!

Cet après-midi, parmi les danseurs, j'ai vu un vieux monsieur tout beau tout chic qui avait du rythme et une belle allure, avec une belle madame d'environ 70-75 ans, des beaux cheveux blancs, toute gracieuse. Elle me semblait plus jeune que lui mais il était vraiment un beau monsieur alors elle devait lui avoir trouvé jadis beaucoup de charme, ce charme qui ne vieillit pas... J'ai appris qu'ils étaient père et fille, lui a 96 ans, elle a 74 ans. 

Une vieille dame au clin d'oeil facile et à l'air espiègle dansait toutes les valses et les polkas avec une énergie incroyable. Elle ne s'est pas assise souvent. Elle dansait avec l'une, avec l'autre, elle a brûlé quelques-unes de ses compagnes tout au cours de l'après-midi. Lucie m'a dit qu'elle avait  98 ans. Malgré des petites lacunes évidentes mais pas trop gênantes au point de vue cognitif, manifestement, elle n'avait pas oublié ses pas de danse.

À quelques reprises, Lucie et moi, on a eu des complicités comiques en écoutant ces chansons. Parce que cette musique-là, on la connaît, on a grandi là-dedans, c'est de la musique de mononk, un peu country, un peu vieillotte, un peu du style de la bonne chanson, un peu folklorique, un peu de Richard Desjardins aussi, après tout, on est à Rouyn-Noranda. Dès les premiers accords, on s'exclamait en même temps : 

- C'est le reel à Cyrice à mon oncle Louis!

- C'est la chanson à ma tante Colette!

- C'est la toune à Lauréat!

Dans cette salle, cet après-midi, il y avait beaucoup de fauteuils roulants, de fauteuils gériatiques, de déambulateurs (marchettes) de gens avec des problèmes cognitifs, de personnes affectées par la vieillesse, la maladie, le chagrin aussi, je pense à Madame Duplain qui a perdu son mari la semaine dernière et qui saluait gentiment tout le monde comme à son habitude. Certains dansaient, certains chantaient, certains écoutaient, riaient, parlaient mais tout le monde tout le monde tout le monde, sans exception, souriait. Je n'ai jamais vu autant de gens heureux au pied carré que cet après-midi, au CHSLD Maison Pie XII. 

Et Belle-Maman s'est endormie dix minutes avant la fin en rêvant qu'elle dansait...  

 

mardi 20 janvier 2015

Crocodile Dundee fait du cinéma!



Cette photo date d'il y a une quinzaine d'années. Elle a longtemps été mon fond d'écran sur mon ordinateur, ainsi j'avais toujours sous les yeux Crocodile Dundee et notre fille Isabelle, heureux et complices, lors d'une des expéditions de canot père-enfant qu'ils faisaient tous les ans à cette époque avec d'autres de nos amis. 

Crocodile Dundee fait du cinéma!

Je vous avais déjà raconté que lors du tournage de Chasse au Godard d'Abbittibbi, un film de Éric Morin, nous avions eu la chance de faire l'expérience de quelques jours de tournage sur un plateau de cinéma. J'avais, pour ma part, déjà participé au tournage du documentaire Le Grand Retour un film de Herménégilde Chiasson, des Productions du Phare-Est, tourné en 1994 dans le cadre du tout premier Congrès mondial acadien. J'avais adoré cette expérience. 

Dans Chasse au Godard d'Abbittibbi, une fiction, on a fait appel à beaucoup de figurants pour quelques scènes mais notre fille Isabelle avait un troisième rôle, Crocodile Dundee et moi aussi. Aucun de nous trois n'avait tourné la même journée puisque nous faisions partie de trois scènes différentes. J'ai été coupée au montage (ça arrive souvent en cinéma malgré que j'ai passé deux jours coiffée, maquillée et costumée comme dans les années 60) on ne me voit pas vraiment dans le film. Mais Isabelle, oui, bien sûr, elle avait même du texte à apprendre. Quant à Crocodile Dundee, non seulement on le voit et on l'entend dans la scène de la taverne mais à un moment donné, il crève l'écran pendant deux secondes alors qu'on le voit en gros plan, en tant que travailleur de la mine. C'est probablement là que Éric Morin, le réalisateur, a eu un coup de coeur pour « sa gueule de cinéma »!

Donc, au moment de tourner une publicité pour Momentum, un centre de conditionnement physique de notre région, Éric a demandé à son Rambo préféré (cette pub est d'ailleurs surnommée la pub de Rambo!...) s'il voulait faire une journée de tournage avec son équipe pour promouvoir l'entreprise en question. C'était l'été dernier. Crocodile Dundee a dit oui sans trop savoir dans quoi il s'embarquait mais il avait tellement eu de plaisir lors du tournage de Chasse au Godard d'Abbittibbi qu'il ne voulait rien refuser à Éric. 

Disons qu'il n'a pas eu de difficulté à entrer dans la peau du personnage, vous allez tout comprendre quand vous verrez cette publicité de 30 secondes. Au fil des années, mon homme a porté tellement de surnoms. Selon l'époque et le contexte où ils l'ont connu, on l'appelle tour à tour Ti-Pop Rivest (les gars de la construction surtout)  Bill Wabo (un personnage des Belles Histoires des Pays d'en Haut)  Joe L'Indien (un personnage de l'émission Les Cadets de la forêt)  Rambo (personnage bien connu au cinéma, interprété par Sylvester Stallone) et finalement, Crocodile Dundee, pour ceux qui ont vu le film ou bien qui me lisent depuis 8 ans ici. 

http://vimeo.com/108271932

Cette publicité est diffusée depuis 3 mois dans les salles de cinéma de chez nous et aussi à la télévision pendant nos nouvelles régionales. Si vous habitez en Abitibi-Témiscamingue, vous avez des chances de l'avoir déjà visionnée, on nous en parle tellement souvent, si vous saviez. Crocodile Dundee vient tout juste de me donner la permission de la mettre en ligne, pour nos parents et nos amis qui sont de l'extérieur de la région, qui en entendent parler et qui veulent la voir. 

Regardez bien le sourire qu'il a vers la fin, quand il court sur le tapis roulant... Un petit sourire bref, authentique, chaleureux... C'est avec ce sourire-là que je suis tombée en amour un jour!

Bon cinéma!