mardi 27 septembre 2011

Que sont-ils devenus?




Photo 1 : J'avais 4 ans... Ça fait donc 50 ans de ça. Oui, je suis de l'âge des photos d'enfance en noir et blanc! Je me souviens de ce jour-là comme si c'était hier. Maman avait fait venir à la maison un photographe, c'est pas des farces. Je comprenais tellement pas pourquoi il fallait que je fasse un sourire sur commande. Alors je fais la baboune sur la plupart des photos sauf celle-ci où j'ai le sourire figé avec l'expression tellement flagrante qui crie « Mais vous m'empêcherez pas de penser ». Et cette photo, finalement, je la trouve drôle parce qu'elle est très représentative de ce que je suis devenue!



Photo 2 : Voilà ce que je suis devenue... à 54 ans. Je souris naturellement maintenant! Surtout en présence de mes zamours. C'est tellement rare qu'on me voit sur les photos, parce que je fuis ça comme la peste (je n'aime toujours pas les photographes) et pour m'assurer de ne pas figurer sur aucune, c'est toujours moi qui prends les photos. Sauf que le 10 septembre dernier, on avait une grosse fête de famille pour les 90 ans de Belle-Maman et plusieurs avaient apporté leur instrument de torture!



Que sont-ils devenus?



Comment pouvais-je illustrer ce billet sans me mettre en scène moi-même? Publier des photos de quelqu'un d'autre me semblait irrespectueux alors je me suis sacrifiée...



Connaissez-vous ces chroniques « Que sont-ils devenus? » qu'on voit parfois à la une de certains magazines populaires? À la caisse des supermarchés, quand j'en vois un, je ne peux pas résister, je l'achète. Rien que pour cette chronique. Même qu'une fois, il y a quelques années, je suis tombée sur un magazine complet qui s'intitulait ainsi. Une centaine de pages de « Que sont-ils devenus? », j'étais le public cible par excellence, ils ont fait ce numéro spécial pour moi et je l'avais dévoré d'un couvert à l'autre.



Je ne peux pas vous expliquer pourquoi je suis si curieuse de ça. J'aime savoir ce que les gens deviennent et pas seulement dans le milieu artistique, dans la vraie vie aussi. Rien ne me fait plus plaisir que de revoir ou d'avoir des nouvelles de gens que je n'ai pas vus depuis longtemps. En général, rien ne me surprend et chaque fois, ça me rassure de constater qu'ils sont devenus ce qu'ils étaient déjà.



Je ne dois pas être la seule à être victime de cette véritable compulsion puisqu'on fait des chroniques sur le sujet pour vendre plus de magazines et qu'on sort même un numéro hors série de temps en temps.



Récemment, en fouillant pour trouver de vieilles photos, je suis tombée sur mon album de finissants du secondaire. J'ai relu la page qui me concernait. Quelques exemples :



Hobby : bricoler



Qualité : sociable



Défaut : trop confiante



Ambition : trouver l'amour avec un grand « A » (c'était niaiseux mais je l'ai trouvé quand même!...)



Manie : se ronger les ongles (ce n'est plus vrai, ça!...)



Surnom : Zoreilles, parce qu'elle écoute bien.



Phrase célèbre : C'est pas grave, c'est un p'tit détail!



Pensée : « Un froncement de sourcils fait travailler 13 muscles alors qu'un sourire n'en fait bouger que 2. Pourquoi vous forcer? »



Et mon album de finissants est rempli des photos des personnes et des mêmes descriptions de chacune de ces personnalités en devenir. J'en croise encore plusieurs dans ma vie de tous les jours. Et vous savez quoi? Ils sont tous devenus ce qu'ils étaient déjà... en 1975!

lundi 19 septembre 2011

Une photo = 100 histoires






Photo 1 : Août 1942, 102 Madelinots (de Havre-aux-Maisons) quittent leurs chères Iles de la Madeleine pour venir s'établir en Abitibi, à Ste-Anne de Roquemaure et à l'Île Nepawa. Certains ont fait le voyage sur le SS Lovatt mais la plupart étaient embarqués à bord de « la goélette à Clopha » qu'on voit ici s'éloigner des Iles. J'ai tiré cette photo d'un livre acheté là-bas, lors de mon dernier voyage : « Les Îles de la Madeleine, Une histoire d'appartenance », par Caroline Roy, aux éditions GID.



Photo 2 : Elle montre de plus près une partie des gens sur la goélette à Clopha, ce jour-là. Ma grand-mère m'a raconté qu'ils étaient partis du port de Cap-aux-Meules, qu'ils avaient navigué jusqu'à Pictou, Nouvelle-Écosse. De là, ils prenaient le train jusqu'à Québec, où il y avait un arrêt d'un jour ou deux. Ensuite, de Québec jusqu'en Abitibi, ils voyageaient encore en train. « On aurait dit la Déportation des Acadiens! ». Et plus loin, elle me confiait : « On quittait nos parents, mais à partir de là, notre famille, c'était nos enfants, on s'en allait vers l'avenir... »



Photo 3 : Par un hasard incroyable que je n'arrive toujours pas à m'expliquer, Jeannot le Madelinot m'a fait cadeau de cette photo la semaine dernière. Elle a dû être prise quelques secondes avant ou après celle que j'avais déjà et depuis, je n'arrête pas de me demander où il a bien pu la dénicher. J'attends sa réponse...



Une photo = 100 histoires



L'histoire, la petite comme la grande avec un grand H, la généalogie, l'attachement à nos racines et le sentiment d'appartenance sont des passions pour moi, des repères dans ma vie, une source continuelle d'émerveillement... et de questionnement!



Quand j'avais fait la biographie de ma grand-mère, en 1993, j'avais cherché à consigner pour nous tous des pans de notre histoire familiale, quelles étaient les motivations, les buts, les espoirs et tout ce qui avait amené nos familles, des Iles jusqu'en Abitibi, comprendre ce qui avait bien pu nourrir cette pas pire épopée!



Plus tard, avec ma mère, à l'été 2008, j'ai pu comprendre davantage, grâce à la photo 2, qui est qui, sur cette photo de la goélette à Clopha, en même temps qu'elle me racontait des détails qui lui revenaient et qui complétaient à merveille les récits de ma grand-mère. Tout se tenait.



À mon retour des Iles avec cette photo et plusieurs autres, en juin 2008, j'avais le vent dans les voiles! J'ai eu l'idée de faire imprimer plusieurs agrandissements 8 x 10 de trois photos très représentatives de ce moment charnière de notre histoire, pour les offrir à mes oncles et tantes, ceux-là même qui sont présents sur la photo. Et ils sont très nombreux, de la famille de mon père et de ma mère!



Si vous saviez tout ce qu'on m'a raconté par la suite... Cette photo ravivait des souvenirs de leur enfance, en même temps qu'ils m'en racontaient des petits bouts, de leur vie aux Iles, comme du voyage, jusqu'aux premiers jours en Abitibi, ce pays qui était tellement encore à faire... C'était riche riche riche pour chacun et chacune d'entre eux et quelques-uns en étaient même très émus.



Ma mère est là, sur la goélette à Clopha, on la voit très peu, elle se tenait tranquille, cachée derrière une autre fille, plus grande qu'elle. C'est son genre, plus elle vit des sentiments intenses, des choses profondes, plus elle s'efface et se réfugie à l'intérieur d'elle-même. Je me reconnais pas mal là-dedans moi aussi. Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir si vous voulez, je vais vous la présenter, ma mère, quand elle était une petite fille. Attendez, ce sera pas long...



Vers la gauche, première rangée complète, vous voyez des enfants debout sur des barils? Le premier, c'est le petit garçon qui a un bérêt et un chandail de laine, les mains dans ses poches : c'est Roland à Léon à Emmanuel, pas mon oncle mais un parent que je connais bien et que je croise souvent. J'ai appris dernièrement que lors de ce voyage, comme la goélette à Clopha carburait au charbon, il était arrivé à Pictou, Nouvelle-Écosse, avec son beau linge tout noirci. Il avait de la peine, le petit Roland. Il a 80 ans aujourd'hui et s'en souvient encore.



Toujours dans cette même rangée d'enfants debout sur les barils, on compte : un, deux, trois (j'y reviendrai à lui) quatre, cinq. La cinquième, c'est une fille à la robe foncée, bérêt foncé. Voyez-vous la petite fille cachée derrière elle? Le bout du nez qui dépasse à peine, une robe foncée, un bérêt pâle? C'est elle, ma mère! Chaque fois qu'elle voyait passer des bateaux, elle voulait embarquer à bord, aller voir plus loin que les Iles. Ce jour-là était enfin arrivé et pourtant, elle avait de la peine, parce que c'était un voyage sans retour et qu'elle le réalisait... Et puis, elle venait de se faire chicaner par son oncle parce qu'elle était tout le temps trop proche du danger, elle voulait tout voir et il avait peur qu'elle tombe par-dessus bord.



Revenons au troisième de cette rangée. Avec son petit habit chic, sa cravate, son allure fière, je l'ai reconnu à l'instant où je l'ai vu, parce que la ressemblance avec son petit-fils Jérémie est frappante... C'est mon oncle Eddy, le frère de mon père, quasiment son jumeau. Lui, quand je lui ai apporté cette photo, il était tellement ému. On a parlé des Iles pendant longtemps. Il y retourne souvent et voulait tout savoir de mon voyage.



Et moi, je voulais tellement savoir ce qu'il y avait dans son sac, dans sa main gauche, j'espérais tant qu'il s'en souvienne. Qu'est-ce qu'un petit garçon apporte quand il quitte ses Îles pour s'en aller en pays neuf? Je pensais que ça pouvait être son jouet préféré...



Sa réponse a été vive comme l'éclair et là, c'est moi qui en ai été émue : « Ben non, on n'avait pas de bébelles, dans mon sac, c'était des galettes blanches que Maman m'avait fait pour le voyage... »



Je sais, il n'y a peut-être rien d'émouvant là-dedans mais moi, ce que je comprends, c'est plus que ça. Beaucoup plus que ça. Quand t'es un petit garçon, que tu quittes ton pays pour en adopter un autre que tu ne connais pas encore, que tes parents sont embarqués sur le SS Lovatt quand t'es avec les autres enfants sur la goélette à Clopha, tu tiens aux galettes blanches de ta mère comme à la prunelle de tes yeux parce que c'est le seul lien que t'as avec ton histoire et tes racines. Tu te tiens droit et fier, parce qu'en dedans de toi, tu le sais qu'à partir de là, tu seras un bâtisseur de pays.



Et que de retourner aux Iles, ça te fera toujours retrouver ton enfance, ton paradis, ton histoire et tes racines. Et ce sera d'une telle force que tu le transmettras à tes enfants.



Cette photo raconte encore tellement d'autres histoires.

jeudi 8 septembre 2011

Histoires de pêche




Photo 1 : Elle n'est pas de moi, vous vous en doutez... Je l'ai reçue d'un ami, en 2009. Voici ce qu'il me disait : « Cet esturgeon est encore vivant mais épuisé. Il fut relâché après la prise de photo, il est probablement plus vieux que nous. Il a été pris dans la rivière des Outaouais, un peu au sud de Gatineau, en aval du secteur Hull. Il pesait plus de 450 kilos, mesurait 3,38 mètres de longueur et 1,42 de circonférence. Il a fallu plus de 6 heures 30 minutes aux 4 pêcheurs en alternance pour manier la ligne à pêche ».

Photo 2 : Cette photo, c'est moi qui l'ai prise le mois dernier, sur la rivière des Outaouais aussi, mais plus au nord, secteur Rapide Deux! Ben quoi... Cinq dorés, à 4 personnes, c'est pas une belle pêche, ça?


Histoires de pêche


Vous allez me dire que « Big is bioutifoule » mais nos petits dorés de l'autre jour, il nous en restait deux au congélo et on les mangera pour souper. Les gars de la photo 1, eux autres, ils n'ont rien eu à bouffer. Gnan gnan gnan gnan gnan...