
Photo 1 : Il voit le monde toujours avec son oeil de cinéaste! Cette photo a été prise par Dominic, parti avec mon numérique, samedi dernier, quand Isa et lui s'en allaient escalader l'un des rivages de la rivière Darlens qui croise la rivière des Outaouais près de notre campe à Rapide Deux. Pendant ce temps, Crocodile Dundee et moi, nous nous laissions dériver tranquillement en veillant sur le dodo de Félixe dans le bateau.
Photo 2 : Elle se réveille toujours de bonne humeur comme ça. Ce sourire-là, moi, il me fait craquer...
Photo 3 : À 7 mois, il n'est pas trop tôt pour lui faire vivre l'un des bonheurs du campe à Rapide Deux : nourrir les pies. Baignades, escalades, dodos... et biberons Non, ce n'est pas avec un billet comme celui que je m'apprête à écrire qu'on va changer le monde! Mais l'été, il fait chaud et je me fatigue vite à trop vouloir tout, pour tout le monde, tout le temps... Je suis revenue de cette fin de semaine en forêt avec ma petite famille et j'avais presqu'une centaine de photos qui racontent tout simplement la vie qui bat, l'amour, la famille, la douceur de l'instant, la nature, l'eau, la forêt, les petits bonheurs pas compliqués.
Partis vendredi en fin de journée, on avait rendez-vous avec nos minous (Isa, Dom et Félixe) sur le quai de la marina à 11 heures samedi. Pour Félixe, c'était la première fois. Après avoir regardé partout, émerveillée, s'être extasiée de la grandeur du paysage, avoir senti le vent sur ses joues, s'être assurée que tout le monde semblait content de l'étrangeté de la chose, elle s'est endormie! Le ronron du moteur, pour un bébé, ça équivaut à des somnifères.
Huit minutes plus tard, nous arrivions au campe. Le dîner était prêt et pendant que je mettais la table, les parents ont installé le parc pour la p'tite, lui ont donné sa purée avec laquelle elle prenait un malin plaisir à nous faire rigoler, ce qui confirmait encore ce qu'on avait pressenti par les culbutes et coups de pieds qu'elle donnait déjà avant de venir au monde : elle est du genre à faire des « pestaks » comme sa mère au même âge... Faut dire aussi qu'on est bon public!
On mange à la hâte en faisant des plans pour l'après-midi. Félixe va prendre son biberon juste avant le départ, elle dormira sûrement encore dans le bateau. Papi Dundee veut montrer à Dom et Isa la Darlens, ses falaises, ses rivages et ses plages. Il leur suggère un point de vue magnifique en haut, là-bas là-bas. Ils ne peuvent résister, la baignade va attendre, l'heure est à l'escalade. Félixe dort dans sa « petite maison », posée entre Papi et Mamie, des serviettes la protègent du soleil mais laissent passer une petite brise.
Quand Isa et Dom reviennent de la falaise qui se fait mieux en montant qu'en redescendant, on décide qu'on n'a pas besoin de plage pour se baigner. Ils veulent plonger du bateau en plein centre de la rivière. Faire partie de ÇA... Sensation de liberté et de joie pour tout le monde, même pour moi qui reste abord, pour prendre des photos de ce moment en veillant sur Félixe qui sourit dans son sommeil, comme si elle prenait part à ÇA elle aussi.
Il y a des moments qui ne se racontent pas. Ils se vivent. Des regards, des sourires, des silences complices. Au retour, on a tous un coup de barre, on voudrait être à la place de Félixe et faire dodo dans un bateau, à l'ombre d'une petite maison improvisée où la brise nous caresserait la peau...
On arrête un peu chez mon frère Yves qui nous attend à son campe, à un kilomètre du nôtre, sur le même bras de rivière. Félixe se réveille en arrivant à son quai. Merci mon frère pour ton bateau plus confortable que notre vieux rafiot, ta générosité légendaire, les p'tites frettes offertes et les tasses de thé partagées.
On rentre souper chez nous. Le vin est bon, son biberon aussi à ce qu'il semble, on fait table rase et vaisselle rapide, on pense déjà à l'heure du bain. L'évier de cuisine, comme dans l'ancien temps, avec l'eau de pluie dégourdie, lui arrache des cris de joie. Il y a de l'eau partout sur le comptoir, dans les fenêtres, sur le plancher. Félixe ne fait jamais rien à moitié.
Soirée douce et tranquille, soleil couchant, écureuils, pies et lièvres, découvertes, croustade aux fruits, dodo de bonne heure (de bonheur?...) pour tout le monde...
Dimanche matin, 7 heures, je sommeille encore dans le vieux petit camp des invités, on a laissé le « p'tit château » à nos minous. J'entends de l'autre côté de la porte un Papi qui chuchote, une petite voix qui gazouille... C'est Félixe dans les bras de Crocodile Dundee qui vient me réveiller! Après quelques bisous et cajoleries, on repart tous les trois en pyjama vers le p'tit château où Dominic a fait le café. On revoit arriver nos pies qui virevoltent, attirées par l'odeur du pain grillé.
Comme si elle avait tout compris, Félixe ne bouge pas et reste silencieuse jusqu'à ce que les pies se posent dans la main de Papi. Il les appelle comme d'habitude, elles reviennent tant qu'il y a du pain. Félixe observe tout ce manège avec une telle acuité... Puis, elle veut du pain, pour faire comme lui. Mais les pies repartent pour aller nourrir leurs petits. Quand elle comprend que c'est fini, elle bouge les jambes et les bras à une vitesse folle, comme si elle voulait s'envoler!
Nous avons tous passé de beaux moments. Nous savons que Félixe reviendra avec ses parents au camp très souvent. Nous rêvons qu'elle puisse bientôt courir dans les sentiers, nourrir les pies, cueillir des framboises, des bleuets, collectionner les feuilles colorées, les cocottes des pins gris, les cailloux brillants, se faire des cabanes sous les grands arbres, apprendre à observer les animaux en liberté, s'orienter en forêt et s'y sentir chez elle, faire de la raquette, plonger du bateau au milieu des rivières, escalader les rochers pour trouver les plus beaux paysages. On espère qu'on lui transmettra, en le vivant nous-mêmes à ses côtés, le goût de la nature, de la famille, de la paix, du bonheur et de la liberté.