Connaissez-vous le pékan? Cet animal carnivore habite la forêt boréale. Il se nourrit principalement de petits mammifères comme des écureuils, lièvres, martres et il est le seul prédateur à s'attaquer aux porcs-épics. Il se nourrit aussi d'oiseaux et de poissons. Agile et rapide, il est reconnu surtout pour son côté féroce. J'ai pris cette photo à l'hiver 2006, c'est en plein celle qu'il me fallait aujourd'hui pour illustrer mon « pétage de coche » sur un sujet que je veux clore avant de me taire à jamais. Après tout, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait et je considère que c'est excellent pour la santé!
Réactions au film Le peuple invisible
J'ai déjà écrit quelques billets sur le sujet des Algonquins ou des autochtones en général. Entre autres, le 25 janvier 2007, Lylas, mon frère autochtone et le 28 septembre 2007, Plaidoyer pour mes amis autochtones. J'ignore pourquoi j'ai pris tant à coeur cette cause mais il se pourrait que ce soit à cause de quelques-uns d'entre eux qui m'ont beaucoup appris ou encore que l'injustice me révolte tout simplement. Quoiqu'il en soit, puisque le film tant attendu de Richard Desjardins et Robert Monderie (deux gars de chez nous) était présenté en ouverture du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, je l'ai vu en grande primeur et depuis, je n'en ai pas beaucoup reparlé...
Ce film documentaire extrêmement bien fait était tellement nécessaire pour dénoncer une situation que beaucoup de gens ignorent et j'espérais naïvement que cette vérité en images exposée sur grand écran arriverait à raconter l'histoire des Algonquins, toucher même les plus blasés d'entre nous, contrer quelques préjugés toujours tenaces et sensibiliser les gens d'ici et d'ailleurs. Naïve mais pas complètement débranchée de la société dans laquelle je vis, j'avais beaucoup de craintes sur les réactions qu'allait susciter ce film qui allait dire et surtout montrer la vérité, rien que la vérité mais toute la vérité, qu'elle fasse notre affaire ou pas.
J'ai trop de respect pour les Algonquins pour les traiter en victimes. Desjardins/Monderie aussi et ce n'était pas du tout leur intention. Mais dès la fin de la présentation du film en ouverture du FCIAT, j'ai entendu des chroniqueurs, animateurs, journalistes et politiciens porter sur le film ou le sujet qu'il traite des jugements tellement erronnés et remplis de ridicule sensiblerie que j'en ai été écoeurée au point de ne pas être capable d'en parler ici. Il y en a qui se sont mis à se sentir coupables du sort subi par les Algonquins, (est-ce que la culpabilité, ça donne quelque chose?...) et ce faisant, ils ramenaient encore tout à eux-mêmes, à leur petit nombril. Le peu de compréhension et l'ignorance crasse dont ont fait preuve certains représentants de la presse écrite, radiophonique et télédiffusée avait atteint des sommets jusque là inégalés cette fin de semaine-là et je croyais que j'avais tout entendu, que ça ne pourrait pas être pire. Encore là, j'ai été naïve...
Depuis le 23 novembre, le film est projeté sur 40 écrans au Québec. Malheureusement pour Desjardins/Monderie et surtout, pour les Algonquins, c'est reparti de plus belle dans nos médias nationaux et là, j'ai entendu les pires des pires stupidités en fin de semaine dernière. Parce qu'ils venaient d'assister à la projection du film, certains se sont improvisés tout à coup de grands connaisseurs en Premières nations, ils se sont pris pour des anthropologues chevronnés, en nous livrant leurs critiques bêtes et méchantes, parsemées de faussetés, de témoignages tout croches, de chiffres exagérés et supposément tirés du film, de solutions à la con, de préjugés tenaces et d'une parfaite ignorance d'une réalité bien québécoise qui se situe à 500 km au nord de l'endroit où ils sévissent, là où ils n'ont probablement jamais mis les pieds. Pire encore, ils ne sauraient même pas situer où ça se trouve si on leur présentait une carte géographique du Québec.
Bref, le film n'a pas été compris par beaucoup de monde et même la crédibilité de Desjardins ne semble pas faire le poids pour contrebalancer leur suffisance, leur arrogance, leur ignorance. Pour L'erreur boréale, les gens avaient réagi plutôt favorablement parce qu'on tapait sur les grandes forestières, le ministère des Ressources naturelles, le gouvernement, etc. et puis, c'est si beau des ti zazarbes, tout le monde est d'accord, mais Desjardins le disait lui-même en entrevue, « la forêt, c'est une grosse industrie qui vaut des millions alors qu'un Indien, ça vaut rien ». Il avait bien pressenti l'impact qu'aurait cette fois-ci le film auquel il a consacré plusieurs années de recherche et de travail acharné.
Voilà, c'est dit, c'est même écrit et ça m'a fait du bien de l'écrire! Jusqu'à ce soir, je me sentais féroce comme un pékan quand je pensais à ça mais là, c'est correct, je suis redevenue beaucoup plus zen. En plus, il y a mon voisin Alain qui vient de cogner à notre porte avec son grand sourire d'ami et une jolie boîte remplie de... ses fameux biscotti. Il sait que Crocodile Dundee et moi, on en raffole.
Tiens, je vais aller mettre une bûche dans le poêle et prendre un bon bain full plein de mousse. Après, je prendrai un thé aux pêches et gingembre avec un biscotti... peut-être deux. Et vous, il y a quelque chose qui vous pompe l'air ces temps-ci? Vous ne vous sentez pas un peu pékan? Ne vous gênez pas, contez-nous ça, vous allez voir, ça fait tellement de bien quand on sort le méchant!