lundi 29 janvier 2007

Faut jamais se fier aux apparences!

D'entrée de jeu, je vous le dis, je ne suis pas l'auteure de cette photo et je ne peux en attribuer le crédit à qui que ce soit, puisque j'ignore d'où elle origine, sauf que je tenais à la montrer pour raconter cette histoire.

Au début de la semaine dernière, je reçois cette image spectaculaire de mon frère Yves avec qui je partage quelques passions. Ensemble, on s'interroge sur le fait que « faut quand même pas tout le temps se fier aux apparences » : atteler un orignal comme on le ferait avec un cheval, ça s'est fait dans les débuts de la colonisation en Abitibi et au Témiscamingue, des images d'archives le prouvent, mais aussi que cet orignal, avec son panache démesuré, ressemble plus à ceux qu'on retrouve en Alaska qu'à ceux d'ici. Et puis, au sommet de sa forme et de sa gloire, au début de l'automne, cette bête lumineuse aurait probablement des comportements plus ou moins stables, cherchant plutôt à côtoyer d'autres créatures avec qui il aurait autrement plus d'affinités...

Quand même, nous la faisons parvenir à notre frère Jocelyn, celui qui a conçu et réalisé avec son fiston, Jean-Michel, le site des Merveilles de l'Abitibi-Témiscamingue, un projet père-fils qui les passionne et les occupe franchement beaucoup depuis quelques mois. (Si vous aimez les belles photos, allez y faire un tour, le lien pour y aller se trouve en haut à droite de cette page).

En la recevant, Joce et Jean-Mi ont les mêmes doutes que nous mais la trouvent tellement spectaculaire, cette photo, qu'ils la mettent sur leur site tout de suite, le temps qu'ils fassent leur petite enquête.

En faisant un zoom avant, on peut arriver à lire en partie l'inscription qui figure sur l'écusson du manteau que porte le Monsieur, « ...... de chevaux d'Abitibi ». Bon, déjà, chose certaine, cette photo semble avoir été prise ici, dans notre région. Joce et sa famille possèdent un cheval, l'attachant Nitro, ils côtoient donc des gens qui partagent cette passion pour la gent chevaline alors, ils ont vite fait de savoir qui était ce Monsieur qui « avait attelé un orignal » et d'une chose à l'autre, ils ont percé le mystère : cette photo a été retouchée et à l'origine, c'était bel et bien un cheval qui y était photographié mais on l'a remplacé par un orignal dans la même position. On doit admettre que c'est du beau travail bien fait et là, Joce et Jean-Mi se sont sentis mal à l'aise de laisser cette photo sur le site, même si déjà, elle suscitait beaucoup d'intérêt et de commentaires.

Ils m'ont raconté samedi dernier tous les questionnements qui les ont menés à la conclusion qu'ils se devaient d'enlever cette fabuleuse photo de leur site. Beaucoup de discussions très constructives les ont animés tous les deux. À la fin, c'est Jean-Mi, (12 ans) qui a tranché et je tiens à le féliciter pour son grand sens de l'éthique et le sérieux de leur décision conjointe. Jean-Mi a conclu que s'ils laissaient là une photo truquée, ils allaient semer le doute dans l'esprit des gens qui trouvent dans ce site matière à s'extasier sur la nature sauvage et si belle de notre région et en plus, qu'ils allaient se sentir malhonnêtes et perdre toute crédibilité, à leurs yeux d'abord et aux yeux de tous, ensuite.

Voilà de quoi nous rassurer sur la jeune relève en matière de communication (!!!) et en tirer la conclusion que maintenant, avec tous les moyens que nous offre la technologie, il est d'autant plus important de faire preuve d'un discernement qui nous amènera toujours à nous méfier des apparences et d'avoir un sens critique sur tout ce qu'on voit, ce qu'on entend et ce qu'on lit. J'ajoute que personne dans cette histoire (pas plus le Monsieur qui figure sur la photo que celui qui a réalisé le truquage) n'est coupable d'autre chose que d'avoir voulu s'amuser un peu et qu'aucune intention malveillante ne se cachait derrière ce subterfuge. N'empêche que...

samedi 27 janvier 2007

Signe là pis pèse fort!


Ça y est, me v'là sortie du garde-robe : j'écris « à mon compte » sur la carnetosphère et on m'a repérée! J'étais plus habituée aux fonds de tiroirs mais bon, puisqu'il faut maintenant s'adapter au progrès, nos opinions, états d'âme, coups de coeur, coups de gueule, pétages de coche et autres pourraient être lus...

Alors, je signe le contrat avec vous tous, amis virtuels mais non moins réels.

J'aime les discussions, les échanges constructifs où l'on peut faire avancer nos idées et je suis ravie qu'on m'apporte un point de vue différent du mien, ça m'éclaire toujours de savoir ce que d'autres en pensent. Quand on manquera d'ouverture à mon égard ou si l'on me fait du « rentre dedans », j'essaierai de me souvenir d'une de mes marottes : « J'aime mieux mourir incomprise que de passer ma vie à m'expliquer! »

Donc, je m'engage. À ma manière. De façon libre et sereine mais passionnée. Avec tout ce que je suis. Parce que ce qui se passe ici et ailleurs m'interpelle très souvent et que parfois, un sujet me touche tellement que les mots m'arrivent tout seuls, les idées se bousculent dans ma tête et je ressens un besoin viscéral de les écrire, allez savoir pourquoi!

Je tâcherai d'illustrer mes propos d'une photo (un vieux principe de base en communication : une image, un messsage) et si je ne le mentionne pas expressément, ce sera parce que j'en suis l'auteure. J'ai l'intention de temps à autres de pondre quelque chose comme une chronique qui s'appellerait « L'être le plus extraordinaire que j'ai connu » pour nous changer de la bêtise humaine et nous rappeler que des êtres extraordinaires, on en côtoie beaucoup mais surtout que les gens heureux n'ont pas d'histoire.

Bienvenue chez moi, dans mon nouveau fond de tiroir « virtuel »!

jeudi 25 janvier 2007

Lylas, mon frère autochtone


Depuis que je sais lire, la première chronique sur laquelle je me garrochais quand nous recevions le Sélection du Reader's Digest à la maison, s'intitulait : « L'être le plus extraordinaire que j'ai connu » et chaque fois, je trouvais des similitudes entre les gens qu'on décrivait dans ces pages et ceux qui faisaient partie de ma vie. D'ailleurs, j'ai toujours la certitude d'être entourée de gens extraordinaires dans ma vie...

L'un de ceux-là, c'est « mon frère » Lylas. Je peux me permettre cette familiarité avec lui puisqu'il a commencé, dès notre première rencontre, à m'appeler « ma soeur ». Il vit avec sa compagne, Evelyn, en forêt, loin de tout ce qui nous nous prive de l'essentiel. Comme l'enfant de la nature qu'il reste encore, il se contente de ce que l'environnement lui offre et il remercie l'animal de s'être sacrifié pour le nourrir, le loger, le vêtir, lui apporter quelques petits dollars. Algonquin de père et mère, il a vu le jour sur un plateau rocheux au bord de la rivière des Outaouais à Rapide Deux. Illustre représentant de ce peuple qu'on dit invisible, il ne reçoit aucun argent d'aucun gouvernement, il ne voit pas d'ailleurs pourquoi on le paierait pour vivre. Pour des raisons qui lui échappent, dès sa plus tendre enfance, il a été envoyé dans des pensionnats où on a voulu le dépersonnaliser complètement. C'était mal le connaître. Sa sagesse, sa bonté, sa profondeur et sa poésie, il les porte dans ses artères où qu'il aille.

Je me souviens qu'à l'école secondaire, je le côtoyais de loin, ayant quelques années de moins que lui, je le percevais quand même comme un être unique de qui il émanait quelque chose de fascinant. Voilà pourquoi nous nous sommes reconnus comme frère et soeur. J'ignore comment il fait mais il lit toujours dans mon âme comme dans un livre ouvert... Ce jour-là où la photo a été prise, quand nous sommes partis de sa cabane, pendant que Gilles s'affairait à partir notre motoneige, Lylas a marché vers moi en souriant, sans dire un mot, il m'a regardée avec une grande tendresse, a rabattu mon capuchon et attaché autour mon foulard, pour finalement mettre ses bras d'ours autour de mes épaules en me disant, droit dans les yeux « Prends soin de toi, ma tite soeur! »

Je crois qu'il vit en ermite parce que la bêtise de notre monde l'atteint trop. Il y a deux ans, à bord de l'avion d'un ami d'Evelyn, il a eu la chance de survoler le territoire que nous aimons tant et même en sachant tout ce que Domtar y avait récolté et ce qu'ils s'apprêtaient à y prélever encore, le paysage aperçu dans son ensemble du haut des airs l'a laissé complètement abasourdi et en larmes. Oui, en larmes. Les horribles machines qui avalent la forêt et la piétinent ensuite sans aucun respect pour la vie avaient fait des ravages beaucoup plus grands et irréparables que tout ce que ces gens des compagnies forestières nous avaient montré sur les cartes. Il a compris dans cet avion que de son vivant, il ne reverrait plus jamais la forêt qui l'avait vu naître.

Passer quelques heures avec Evelyn et lui, c'est un ressourcement, un bonheur infini. Parfois aussi, ils viennent nous visiter à la maison, ils nous font une joie immense à chaque fois. Lylas n'est jamais moralisateur ou revendicateur mais toujours plein de tendresse pour la nature humaine, il me fait quand même réaliser toutes les incongruités des choix de vie que nous avons faits jusqu'ici mais lui, n'en discute jamais. Les hommes libres sont rares mais j'en aurai connu au moins un.

Vivre au rythme de la nature, au gré des saisons, sans commodités, en respectant l'environnement et la vie, ça reste un luxe qu'on se paie les fins de semaine ou lors de congés. Pour lui et Evelyn, c'est une façon d'être au quotidien. Vivre ne lui coûte rien... ou presque. Ses seules dépenses vont pour renouveler des obligations administratives de notre monde même s'il en fait si peu partie, comme son permis de conduire, l'immatriculation de son vieux véhicule, etc. Pas d'hypothèque ni de compte d'électricité, son téléphone qui capte loin en forêt est jumelé à une vieille radio, on sait qu'il les ouvre chaque soir, entre 19 h et 20 h. Question de sécurité. Il chasse pour sa subsistance, partage les fruits récoltés, il trappe un peu aussi mais si peu, il pêche beaucoup sur son lac, ce lac qui ne lui appartient pas non plus et qui ne portera jamais son nom. À la belle saison, il cueille tous les petits fruits : fraises, framboises, bleuets, atocas, en plus des racines et plantes qui lui serviront à se soigner lui-même et à prendre soin des autres. Quand il sort de leur belle cabane, environ aux 2 semaines, il fréquente à peu de choses près deux entreprises : l'épicerie et la station service de Cadillac. La simplicité volontaire, il ne sait pas ce que ça signifie mais il l'a inventée!

Quand ils viennent chez nous, Evelyn et lui, il arrive qu'il me demande après environ une heure s'il peut prendre ma guitare et alors, il m'offre une chanson. Je ne saurais comprendre autrement qu'avec mon coeur de petite soeur les mots qu'il me chante dans sa langue d'origine mais il me semble que son chant m'enveloppe de douceur, de tendresse et de bienfaits, comme un séjour au pays perdu et retrouvé des ruisseaux, des lacs, des rivières, des arbres forts, des sous-bois protecteurs, de la nature si généreuse...

mercredi 24 janvier 2007

Ma voisine et son petit, l'été dernier


1er juillet 2006, 13 h 48. Tout près de notre camp, depuis quelques semaines, on devinait qu'elle était là, accompagnée de son petit mais elle nous semblait tellement jeune, cette femelle, qu'elle avait dû le concevoir vers la toute fin de la saison des amours, l'automne précédent, ce qui explique qu'elle ait mis bas un peu plus tard et que le petit était si peu développé pour la saison. D'ailleurs, son petit, elle devait le protéger constamment des prédateurs qui rôdaient toujours, les pistes qu'on voyait nous le confirmaient.

Pour fuir les ours affamés et les loups en chasse qui guettaient tous leurs déplacements, ma voisine et son petit, qu'on appelait maintenant « Ti-Caramel », passaient de longues heures dans le bras de rivière qui menait jusqu'à notre camp. On les apercevait souvent et ils ne semblaient pas avoir peur de nous outre mesure. De cette manière, ma voisine qui avait beaucoup d'instinct maternel, réussissait à brouiller les pistes, parce qu'elle passait souvent d'une rive à l'autre, le temps que son petit prenne des forces et un peu de poids.

Ce jour-là, comme une marque de confiance que je n'oublierai jamais, j'ai pu la prendre en photo avec Ti-Caramel au moins une dizaine de fois. Puis, au fil de l'été, nous les avons aperçus à quelques reprises. À l'automne, elle n'a pas pris la chance de s'exposer autant mais nous avons vu leurs pistes tout près du camp bien souvent. Aux dernières nouvelles, mi-janvier, avec le peu de neige que nous avons jusqu'à maintenant, Ti-Caramel doit avoir changé de couleur puisqu'il a beaucoup profité et sa maman ne le quitte toujours pas d'une semelle... oups, je veux dire... d'un sabot! Ils passent l'hiver sans trop de difficultés apparemment et font encore un peu la même tournée des boisés tout autour, leur parcours les amènant toujours près de chez nous... Cette année, j'ai chassé avec mon appareil numérique!

31 décembre 2006, 8 h 30




En ce dernier jour de l'année 2006, à mon lever, j'ai cru qu'il y avait trois soleils et je me suis empressée de sortir sur le patio en pyjama avec mon appareil numérique pour capter cet instant magnifique.

En fait, le soleil du milieu, c'est le vrai, tel que je le vois apparaître chaque matin, entre l'île aux Sables et l'île du Tir à l'arc, sur mon lac. Les deux autres soleils qui l'entourent sont en réalité les points d'ancrage d'un arc-en-ciel dont l'arc irisé semble avoir disparu.

Petit moment d'éternité que j'ai interprété comme le signe annonciateur d'une année 2007 qui allait débuter bientôt pour m'amener vers la réalisation de plusieurs projets.