Le projet Radeau avait débuté au cours de l'hiver dernier dans le coeur de Félixe, Papi (Dundee) et Mamie (Zoreilles). Jeudi dernier, il était prévu qu'on aille la chercher à la garderie après dîner et qu'on se rende tous les trois à Rapide Deux pour compléter les dernières étapes de l'achèvement de notre projet. Partis sous une pluie douce mais constante, rien ne pouvait nous arrêter, nous n'avions que 24 heures pour tout faire mais l'enthousiasme nous transportait!
Après souper, la pluie a cessé et nous avons pu nous mettre à l'ouvrage. Comme le drapeau avait été conçu et réalisé par Félixe au cours de l'hiver pendant qu'on faisait nos plans, c'est au printemps qu'on a construit tous les trois ensemble la structure du radeau dans notre garage à la maison. Il nous restait quand même à mettre nos plans à exécution et assembler toutes les pièces du radeau : le pont, le mat, la voile, la cabine du capitaine, avec ses deux portes et sa fenêtre en rond, etc. Papi avait apporté les outils nécessaires ainsi qu'une génératrice qui allait nous fournir l'énergie pour les faire fonctionner.
À mesure qu'on voyait le radeau prendre forme, nos énergies en étaient décuplées. Nous avons installé le « chantier maritime » sur le quai, il nous serait plus facile à la fin de pousser le radeau pour le mettre à l'eau une fois qu'il serait terminé.
Félixe était bien fière de son drapeau qu'elle avait hâte d'installer au bout du mat. D'un côté, il y avait le symbole des pirates et de l'autre, plein de couleurs et d'inscriptions significatives pour elle.
Vendredi matin, sous un soleil radieux, on poursuit le projet avec... le vent dans les voiles!
Le pont, le mat, le drapeau ayant été installés la veille, on attaque après déjeuner la construction de la cabine du capitaine... ou plutôt de « LA » capitaine.
Voilà où l'on en est à 10 heures : La voile est bien fixée au mat et il ne reste plus qu'à bien visser la cabine de la capitaine au pont.
On décide de pousser le radeau à l'eau avant de fixer la cabine, ce sera moins lourd un peu. Bon, normalement, on devrait casser une bouteille de champagne sur la coque mais on n'a que du jus de pomme dans des boîtes à boire en carton... On ne va quand même pas rater une occasion pareille de célébrer malgré tout. Notre radeau flotte comme un insubmersible!
Il flotte tellement bien qu'une fois terminé, juste le temps d'aller mettre nos costumes de bain et notre crème solaire, il s'en allait tout seul vers l'aventure. On aurait dû l'amarrer au quai...
On l'a traîné un petit bout en bateau pour l'amener vers son port d'attache plus loin sur la rivière, à un endoit qu'on appelle « la pointe à Noémie ». (Cet endroit, on l'a surnommé ainsi depuis que la belle Noémie, notre nièce et filleule, avait pris là son premier doré!...)
C'est la petite fenêtre en rond que Félixe voulait dans la cabine de la capitaine!
Et maintenant, hissons la voile moussaillons et vogue la galère!
Qu'il a fière allure, notre radeau...
Et combien ravie était « LA » capitaine qui continuera à naviguer à bon port.
Le projet Radeau
La beauté de la chose, dans l'univers des enfants, c'est qu'on peut y accéder où l'on veut, quand on veut et avec qui l'on veut. C'est seulement qu'on n'a pas toujours le temps qu'on veut parce que la vie nous amène ailleurs et qu'on doit faire des choix qui ne sont pas tout le temps régis par les envies qu'on a. Mais puisque ce temps qui passe ne revient jamais, avec un peu de planification et beaucoup d'organisation, on peut quand même arriver à n'abandonner personne sans avoir à renoncer à nos rêves.
Le projet Radeau nous aura mobilisés depuis l'hiver dernier à travailler ensemble à la poursuite d'un objectif commun, d'un même rêve à construire et à réaliser... Félixe ne le sait pas encore, à 5 ans, mais nous, on sait qu'on a créé avec elle des souvenirs tangibles et une expérience constructive qui laisseront des traces dans nos mémoires affectives à tout jamais. Pour l'achèvement de notre projet Radeau, ces 24 heures de pur bonheur au milieu de la tourmente de la Vie auront été fertiles à tout point de vue et nourriront pour longtemps nos coeurs d'enfants.