vendredi 26 août 2011

Du pain et des jeux











Photo 1 : Le samedi 20 août dernier, au P'tit château, à Rapide Deux. Sitôt débarquée de la chaloupe, elle a couru vite vite vite jusqu'à la tite maison à Papi dans la forêt.





Photo 2 : « Veux y aller, Mamie, dans ta maison dans les zarbes ».





Photo 3 : Félixe a eu une patience d'ange pour attendre la pie (geai gris) avec du pain dans sa petite main ouverte. Sa patience a été récompensée puisqu'une pie est venue picorer SON pain dans SA main, à deux reprises par la suite.



Photo 4 : Pour que le lièvre vienne manger dans sa main, ce fut encore plus long. D'ailleurs, il se fait tard sur ma photo, on le voit par le peu de lumière. Il faut dire que ces petits animaux, très nerveux, ne se laissent pas facilement apprivoiser.





Du pain et des jeux





Les images parlent d'elles-mêmes, je ne vais pas vous raconter cette histoire toute simple, d'abondance et de bonheur. J'estime toutefois qu'on a le devoir de partager.



Crocodile Dundee, alias Papi Gilles, n'aime pas que je publie de photos de lui « sur Internet » comme il dit. En insistant un peu, j'ai obtenu une autorisation spéciale, pour tout l'amour qu'on porte à Félixou, la reine des ti minous, à nos enfants, à la nature et à la Vie...


mardi 23 août 2011

Le lac vert au 57








Photo 1 : Dommage que ma photo ne rende pas justice à l'extraordinaire couleur émeraude du lac Paradis, au 57, sur la route de Matagami. Au moment où je passais par là, le 13 août dernier, le ciel s'était assombri mais on constate tout de même une couleur étrange que tous les gens remarquent quand ils passent par là.


Photo 2 : Tous ceux qui ont grandi à Joutel ou à Matagami, qui ont souvent fait cette route, à l'aller comme au retour, ont émis des hypothèses pour expliquer ce phénomène unique. Voici l'explication scientifique la plus probable. Je vous rappelle que vous pouvez cliquer sur la photo pour la voir plein écran.


Photo 3 : Sur ce même panneau d'interprétation, j'ai appris qu'il y avait une légende autochtone (algonquine) qui avait cours au sujet de ce lac.


Photo 4 : Ça, c'est ma grande déception, en ce qui concerne ce lieu connu sous le nom de « Au 57 ». La photo 1 et la photo 4, dans la réalité, sont collées. J'ai simplement déplacé l'angle de ma caméra, sans bouger le moindrement. Il y a eu un incendie qui a tout détruit et personne n'a jugé bon de remettre les lieux dans l'état qu'ils étaient AVANT.


Le lac vert au 57


Je l'avais promis à Richard, le Joutellois, j'allais élucider le mystère du lac vert du 57 (!) et j'allais le faire en me basant sur la crédibilité des scientifiques qui s'étaient penchés sur cette question qui intrigue depuis toujours tous ceux qui passent par là!


Voilà, c'est fait.


dimanche 14 août 2011

Mes plus belles années, prise III











Photo 1 : Quand on a quitté la roulotte du 4, rue Rupert, on a habité un loyer de la mine, au 6, rue Allard. C'est là que j'habitais, du côté gauche dans le temps que c'était un duplex. Le garage, il me semble que c'est le même que Papa avait construit. Avec les restes de 2" x 4", il nous avait fait des échasses, à moi et mes amis. Des heures de plaisir! Je ne me souviens pas que personne s'était pété la yeule... On jouait aussi à Police Délivrance, aux Drapeaux, aux Bâtons, à bâtir des campes sur le boulevard Matagami, à la corde à danser, à cachette, à chanter dans la balançoire, au baseball, aux ballounes d'eau, au ballon-chasseur, etc.




Photo 2 : Cette gloriette fleurie se trouve en plein centre-ville, tout près de l'école. Ailleurs, on aurait vendu ce terrain au plus offrant pour qu'il y installe un commerce. Pas à Matagami. Ceux qui administrent cette ville semblent l'aimer vraiment. Il y a des espaces verts et des parcs partout partout partout.




Photo 3 : La rivière Bell, au bout de la rue des Rapides. C'est là, vers le milieu de la rivière, sur les caps de roches, que j'ai piqué une bonne jasette avec Guy, après qu'on ait suivi l'un des sentiers aménagés qui mènent à ces lieux où le brochet et le doré abondent encore, comme me le disait ce bel ado qui « pognait son quota » à tous les jours.


Photo 4 : Du pont de la rivière Bell, sur la route de la Baie James, on a une autre vue sur la ville de Matagami. Ça me fait penser que j'ai même pas été voir la plage du 22... On dirait la Dune-du-Sud... mais au Nord!




Mes plus belles années III




Ne vous impatientez pas, j'achève! Mais j'ai encore trop de photos. Les plus belles ne se trouvent pas ici, mais vous pouvez les voir comme je les ai vues la veille de mon départ, quand je suis allée jeter un coup d'oeil sur le site de la Ville de Matagami, au http://www.matagami.com/




Vous y découvrirez plusieurs galeries de photos, et même des vidéos, ainsi que des renseignements très utiles sur Matagami, d'hier à aujourd'hui, et tout ce qu'on peut y vivre. Leur slogan est tout à fait approprié : « Matagami, une affaire de coeur! », on dirait que je l'ai trouvé moi-même, tellement il résume ce que j'aurais voulu dire pour communiquer mon enthousiasme et mes impressions.




Toutes les activités de plein air y sont à l'honneur, on peut même vous louer l'équipement qu'il vous faut, en toutes saisons. Il y a aussi une école de voile, Matavoile, qui offre des stages variés, de juin à octobre, sur le magnifique lac Matagami. Ah si j'étais riche...




Il me reste plusieurs photos et je reviendrai prochainement sur certains aspects fascinants de ce secteur, ou plutôt de la route qui mène à Matagami.




Comme à propos du lac Paradis, « au 57 », ce fameux lac de couleur émeraude, je vous raconterai la belle histoire vraie de ce phénomène étrange, ainsi que la légende autochtone qui y est rattachée. Peut-être que je vous parlerai de ma petite déception aussi, « au 57 ». Mais c'est pas sûr. Mais si je veux être franche, il le faudra.




À propos de Joutel, « au 72 », j'ai pris plusieurs photos à partir de la halte routière avec les panneaux d'interprétation qui racontent cette histoire en résumé. En trop résumé. Je ne pardonne pas encore aux minières d'avoir tout balayé de cette ville rayée de la carte, surtout après avoir eu la chance d'aller faire un tour au pays de mes plus belles années. Tous les enfants qui ont grandi et été heureux à Joutel n'auront jamais la chance que j'ai eue, moi, à Matagami. On leur a volé quelque chose de si précieux. Ils le savent, eux. Moi aussi, je le sais.




Sûrement qu'un jour je vous parlerai de l'esker de Matagami. C'est ce qui donne au paysage, à la végétation, au sol et au sous-sol, ses caractéristiques. La fonte des glaciers, il y a des millénaires, a laissé un bel héritage géologique à ce territoire qui a encore beaucoup plus à offrir que ce qu'on y exploite présentement, les forêts et les mines.




Et si l'on y puisait de l'eau, celle des eskers, la plus pure du monde entier? L'or bleue! Et si l'on vendait aux touristes le rêve facile à réaliser de profiter de tout ce que la nature généreuse propose, aux alentours de Matagami? Et la qualité de vie, à nulle autre pareille, là où le ciel est plus haut qu'ailleurs?



Mes plus belles années, prise II











Photo 1 : Au centre-ville de Matagami, j'ai cassé la croûte avec Claire, ma belle amie d'enfance. C'est là que j'ai pris cette photo, de cette aire de repos toute fleurie, au centre des commerces, avec en arrière-plan, MON école, ma belle école Galinée, qu'on avait espérée... jusqu'en septembre 1965! Qu'est-ce qu'on s'en est rappelées, toutes les deux, des souvenirs de notre école... On a ri comme des folles, c'est toujours comme ça avec Claire.





Photo 2 : On est montées dans le belvédère. De là, on voit la rivière Bell, avec ses quelques affluents. On regarde au Sud.





Photo 3 : Toujours du belvédère, une vue partielle de la ville, avec en arrière-plan le pont de la rivière Bell. On regarde vers le Nord.





Photo 4 : L'un des sentiers qui mène aux rapides... au bout de la rue des Rapides. J'allais parfois à la pêche là, après l'école. J'y cueillais aussi des bleuets jusqu'à ce que... des petits plaisantins y mettent des pancartes « Attention aux serpents », j'avais déguerpi à la course! Zut j'ai oublié une photo, celle des caps de roches au milieu de la rivière où j'ai passé un bon moment à jaser avec Guy. Et même un ado qui pêchait là, qui avait pris son quota de dorés aujourd'hui qu'il nous disait. Il est resté longtemps avec nous, c'était comme s'il écoutait la radio j'ai l'impression, notre conversation avait l'air de lui plaire!



Mes plus belles années II





Comment vous dire, vous raconter, vous partager ma journée d'hier, ce retour vers la ville de mes plus belles années? D'abord, je vous invite à lire le billet précédent, pour la route qui y mène, et le contexte de ce rendez-vous si doux.





Ma chance, ma bonne étoile à Matagami, elle s'appelle Claire, mon amie d'enfance, celle avec qui j'ai vécu ces années-là, et notre amitié toujours aussi actuelle. Et inconditionnelle. Bon, c'est vrai, on ne s'actualise pas aussi souvent qu'on le voudrait mais quand on se retrouve, on a encore 7, 8, 9 ans toutes les deux et on reprend instantanément là où on avait laissé la dernière fois. De toute manière, avec elle, le temps est toujours trop court. Mais intense! En bonheur, en mises à jour de nos vies, en fous rires, en souvenirs, en échanges de toutes sortes, merveilleux et réalistes. Claire, c'est tellement mon repère... et mon repaire...





Elle était mon premier rendez-vous en arrivant à Matagami. J'ai visité sa maison, son atelier, elle peint tout ce qu'on aime. Si je savais peindre, je voudrais le faire comme elle. Ses couleurs seraient les miennes. Mais moi, j'écris. Par défaut. On a parlé de nos zamours, de nos histoires, nos musiques, nos lectures, et ce qu'elle lisait à mon arrivée, j'ai noté les titres pour les commander, on se passionne toutes les deux pour les Iles de la Madeleine. Nos parents sont originaires de là, d'ailleurs nous sommes un peu parentes. Mais encore plus amies!





Elle m'a amenée à plein d'endroits qu'elle savait que je voulais revoir. J'ai même eu droit à des privilèges que d'autres « touristes » n'ont pas!!! Elle est si fière de notre ville. Elle a raison. Il y a de quoi être fières.





Matagami existe comme ville depuis 1963. Moi, j'y suis arrivée en janvier 1965. Papa y travaillait comme mineur (à la Orchan Mines) en 1964 mais ça a pris quelques temps avant qu'il obtienne « une roulotte de la mine » sur la rue Rupert. J'ai connu l'époque de « l'école sur les shifts ». Premier shift, pour les francophones, de 8 h à 10 h le matin, et de midi à 15 h pour l'après-midi. Deuxième shift, pour les anglophones et autochtones, de 10 h à midi et de 15 h à 18 h. Le mois d'après, on inverse! C'est comme ça que j'ai fini ma deuxième année. Les débuts d'une ville minière en pleine effervescence qui pousse comme un champignon, j'ai vécu ça. On avait tu hâte de l'avoir, notre école Galinée. Elle s'est construite à l'été 1965.





Je me souviens que dans notre école neuve, il y avait des classes grandes et éclairées, avec des immenses tableaux verts, un gymnase si haut, si plein de possibilités, une cour de récré au centre-ville où l'on avait de la place pour courir en masse, un auditorium pour la musique et toutes les commodités modernes. Wow, quelle belle école! Elle a été agrandie depuis, bien sûr. J'ai une tendresse immense pour l'école Galinée. C'est parce que... parce que... J'y ai tant de magnifiques souvenirs, vous vous en doutez. Entre autre, j'avais gagné le concours de rédaction, quand j'étais en quatrième année, c'était organisé par la Matagami Lake Mines! En 6e année, j'étais la responsable du journal Galinée, avec la vieille machine à écrire Underwood posée sur la margelle de la grande fenêtre de ma classe. Je voudrais tellement remettre la main dessus, il me semble que j'avais écrit tous les articles, parce que je n'avais pas réussi à déléguer!!!





Les commerces ont beaucoup changé, au centre-ville. Je ne m'attendais pas d'y retrouver le Nell's Sundries, le Hudson's Bay, Chez Léo et l'épicerie Montemurro! Mais il y règne encore quelque chose d'unique qu'on ne trouve pas dans les autres centres-villes. D'abord, parce que c'est plein de verdure, de gloriettes fleuries, de bancs où s'asseoir, d'espaces pour respirer, de coins repos, de parcs, de nature. On dirait que les commerces n'ont pas la priorité, ce sont les gens, le confort et la liberté qui priment. Matagami a été conçu par des urbanistes, tout y est à échelle humaine, comme si la vie valait la peine qu'on s'y arrête pour mieux la savourer. Difficile à expliquer. Ça se vit.





La rivière Bell est partout présente, elle fait partie de la ville. On y a accès à tellement d'endroits. Et je n'ai jamais vu tant de parcs et d'espaces verts! Bien tenus et entretenus. Fleuris. Boisés. Peut-être que les gens y sont plus respectueux, je ne sais pas... Du haut du belvédère, on peut suivre des yeux plein de sentiers qui mènent à des endroits fabuleux et embrasser du regard tout Matagami et l'immensité du paysage.





La petite ville que j'ai vue naître est encore plus belle que tous mes souvenirs d'enfant. Ce n'est pas peu dire. Elle s'est développée, elle a grandi, elle s'est adaptée aux mouvements socioéconomiques de son temps, de son environnement et on ressent partout combien elle est aimée passionnément par ceux et celles qui l'habitent si tant tellement avec coeur. De tout leur être. Matagami, c'est une perle, une pierre précieuse enchâssée dans des cours d'eau majestueux, les rivières Bell, Nottaway, les lacs Matagami, Goéland et tant d'autres.





Elle tient son nom d'un mot cri, une question de justice puisque les Cris y sont chez eux depuis 8000 ans et plus. Matagami signifie « la rencontre des eaux » ce qui a donné avec le temps « la rencontre des eaux... tres ». Les gens y sont heureux, vaillants, chaleureux, accueillants, bon enfant, moi je trouve. Et ils prennent le temps de vivre. La ville est moderne et dynamique, elle n'a pas encore célébré son 50e anniversaire d'existence, mais elle le fera en 2013, le comité d'organisation est déjà formé, j'ai lu ça dans le journal local.





Avec Claire, on a fait le tour de nos points d'intérêt. Ma roulotte n'existe plus, au 4 rue Rupert, mais j'en ai vu des semblables tout près, dont une qui n'a pas subi trop de rénovations!!! Ma maison, au 6, rue Allard, quand Papa avait eu assez « d'ancienneté » pour avoir droit à une maison de la mine, c'est changé aussi, ma maison n'est plus un duplex, mais une maison unifamiliale. Elle doit être assez grande pour s'y perdre, je la trouvais déjà immense quand on en habitait juste la moitié de gauche!





À mon grand regret, à 14 heures, j'ai dû quitter Claire, j'avais un autre rendez-vous doux. En se serrant dans nos bras assez fort pour s'étouffer, Claire m'a dit que si je changeais d'idée pour repartir en fin d'après-midi, elle avait une chambre libre et plein de jaquettes de ma grandeur!!! Une chance qu'elle m'a fait rire, parce que sinon, j'aurais braillé. Trop de joies en même temps, ça me fait ça, moi. Une chance, on doit se revoir bientôt, elle et moi. Dans un autre ailleurs...





Alors, je suis allée « à côté du rond-point » où j'avais rendez-vous avec Guy, qui terminait son travail à cette heure précise. M'attendait là une autre belle surprise qu'il me réservait : Jasmine. Pas vrai? Jasmine... Jamais revue depuis que j'avais déménagé de Matag. Jasmine... Nous avions 12 ans, étions dans les mêmes classes, jouions les mêmes jeux, allions au centre civique, étions dans les majorettes, les « Rubis de Matagami » et allions voir tout ce qu'il y avait au cinéma... avec mon petit frère et sa petite soeur. Elle n'a pas changé une miette, en 42 ans... toujours aussi... attachante, enjouée, souriante, rieuse et chaleureuse! On a fait les mises à jour principales de nos vies. Nous avions des souvenirs à nous rappeler mais pas les mêmes!!!





Et Guy m'a proposé un endroit merveilleux pour aller jaser... On est allés par les sentiers boisés du parc au bout de la rue des Rapides, jusqu'aux caps de roches de la rivière Bell où l'on s'est assis. J'aurais dû prendre une photo. Mais je n'y ai pas pensé à ce moment-là. Trop à vivre. Trop de jasettes à ratrapper. Il est heureux à Matagami, m'a-t-il dit, c'est pourquoi il n'écrit presque plus. « Je suis pourtant pas malheureuse, moi, et j'écris encore! ». Mais je comprends ce qu'il veut dire. Je comprends plus qu'il le pense. Bonne nouvelle, on n'a presque pas parlé de politique. Juste un ti peu. Quand on nous connaît, c'est un tour de force. Mais la rivière Bell et ses rapides ont un effet apaisant sur tout. Il y avait près de nous un bel amélanchier chargés de fruits murs. Et plus loin, des bleuets, des grappes généreuses. On partageait. Une très belle rencontre. Trop courte. Je le sais.





On s'est dit au revoir quelque part sur le boulevard Matagami, à peu près là où j'aimais aller me bâtir des campes avec mes amis dans le temps, où j'allais aux bleuets, aux framboises. Mon petit boisé est tout construit de commerces maintenant. À l'endroit précis où subsistait un vieux camp en bois rond de prospecteur, c'est là que j'avais trouvé un gros chaudron de fonte que Maman m'a redonné il y a quelques années. Ils ont donné un nom à cet endroit maintenant, la rue Dieppe, où il y a un autre joli parc, où les arbres sont toujours grands et forts, adoucis avec des balançoires pour enfants.





Il passait 16 heures... Je suis allée mettre de l'essence et m'acheter une bouteille d'eau. De l'eau des eskers, bien sûr. Matagami, géologiquement, c'est construit sur un esker. Je ne pouvais pas repartir sans aller revoir d'autres lieux magiques, et photographier ma rivière Bell à partir du pont sur la route de la Baie James d'où l'on a un autre point de vue sur la ville.





Il a bien fallu que je reparte, l'heure avançait, j'allais revivre à rebours tous mes repères, à l'endroit comme à l'envers, dans la même journée, en ayant actualisé toute mon enfance, mes plus belles années, en replaçant dans ma tête mille choses mieux comprises, mises à jour, renouvelées, dont l'importance de l'amitié, de la réciprocité, de la liberté, de la magnificence de la nordicité, de l'immensité, de la richesse encore insoupçonnée de ce pays que j'aime infiniment que c'en-n'est-pas-normal-de-l'aimer-de-même.





J'ai rapporté près de 100 photos de ce voyage aller-retour. Mais ce n'est qu'une toute petite proportion des images que je rapporte dans mon coeur et ma mémoire... d'enfant. À 54 ans, je les ai actualisées. Je n'ai pas été capable d'écouter de la musique ni de brancher Madame GPS sur le chemin du retour. J'avais besoin d'être seule dans mon silence, dans mes paysages intérieurs, pour approfondir et pour comprendre. Je suis fière de ce que cette ville est devenue. Comme si j'y étais pour quelque chose! Non, je veux dire que si j'avais dessiné une ville de rêve, ce serait ça : Matagami.





Au fond, j'ai compris que je serai toujours la même petite fille qui court dans la forêt d'une ville minière en pleine effervescence, qui va pêcher à la rivière après l'école, qui joue à construire des campes avec ses amies, qui aime le cinéma et la lecture et qui veut voir le monde à partir du Nord et d'en être imprégnée. D'avoir grandi à Matagami, « à la rencontre des eaux... tres » ça veut dire croire fondamentalement que tout est possible, qu'on n'a qu'à faire les pas dans la même direction pour que les choses arrivent, que nos rêves se réalisent.

Mes plus belles années, prise 1














Photo 1 : Hier matin, en route vers Matagami, où j'ai vécu mes plus belles années, celles de l'enfance. Peu après Amos, j'ai croisé cette affiche qui me fait toujours sourire tant elle évoque une attitude que je reconnais. J'avais déjà photographié la même juste avant Beaucanton, et il y en a une autre aussi, après Senneterre, en direction de Lebel-sur-Quévillon. Ça veut dire qu'on quitte l'Abitibi-Témiscamingue pour entrer dans la région Nord-du-Québec.



Photo 2 : Tout de suite après, on voit cette autre affiche qui dit beaucoup sur l'immensité du territoire : « Information touristique - Nord-du-Québec/Baie James - 122 km ». Eh oui, le prochain kiosque d'information touristique se trouve à... Matagami. Même Madame GPS, ma fidèle compagne de voyage, à un moment donné, s'est exclamée : « Continuez pendant 182 kilomètres ». J'ai pouffé de rire. Elle est drôle, Madame GPS! Elle est pas mal plus jasante dans la ville de Montréal que par chez nous!!!






Photo 3 : Au 57, le lac Paradis, un phénomène rare. Tout au long de la route qui mène à Matagami, j'avais le coeur qui battait la chamade, qui se gonflait de souvenirs et d'émotions, à mesure que je revoyais tous mes anciens repères : le pont de l'Harricana, le croche de la mort, la grand'côte du 42, le lac si vert au 57, le 72 (Joutel), le 76 (ils ont donné un nom au lac où l'on était tout seuls à aller camper, le lac Josée) le 95 (la rivière Allard) et l'approche finale, les mines, les industries, surtout forestières.






Photo 4 : Au 72. C'était là qu'on virait à gauche pour aller à Joutel. Mais Joutel est une petite ville minère qui n'existe plus (1965-2000). On l'a rayée de la carte, comme on a bulldozé les maisons, l'école, l'aréna, les commerces, et pire encore, les plus belles années d'enfance de ceux et celles qui y sont nés, qui y ont vécu et grandi. J'ai déjà fait une série de billets là-dessus. On y trouve maintenant une halte routière avec des installations d'accueil, des panneaux d'interprétation. De là, on a une idée de l'immensité de ce pays mais on n'y a plus accès. Route fermée. On sent la présence de la rivière Harricana qui poursuit son chemin jusqu'à la baie James, on se ferme les yeux et on entend encore les rires d'enfants qui ont été si heureux là qu'ils se sont formés un groupe Facebook et qu'ils se rencontrent périodiquement.






Mes plus belles années I






J'avais hier un rendez-vous doux. Avec mes plus belles années, de 7 à 12 ans, quand j'habitais dans cette petite ville minière que j'ai vue naître et grandir. Je devrai y revenir dans mon prochain billet. De la ville elle-même et de mes autres rendez-vous doux, avec Claire, mon amie d'enfance, que j'aime, que j'aime, que j'aime... Avec Guy, un ami plus récent, que j'aime aussi, et une surprise qu'il m'a faite, avec Jasmine... pas vue depuis... l'âge de 12 ans, quand j'étais déménagée de Matag!






Je l'admets, mon projet était fou, de vouloir tout faire dans la même journée. Mais ça se peut. Quand on a une urgence de vivre comme moi... Je ne dis pas ça pour me justifier mais si j'avais attendu que ce soit raisonnable et que je dispose d'un grand espace libre dans mon agenda, j'aurais encore remis à plus tard mon voyage à Matagami et ça, non, je ne voulais pas, j'étais trop rendue là. Ça m'appelait et ça criait fort.



Matagami est à trois heures de route de chez moi. Ici, les distances, ça se calcule en heures, pas en kilomètres, une catactéristique régionale! Quand j'étais petite, Matagami, c'était situé en Abitibi. Maintenant, ça fait partie de la région Nord-du-Québec, surnommée affectueusement le territoire de la Baie James.






Et pour ajouter une contrainte supplémentaire, vous allez voir comme c'était fou, mon affaire, ces trois heures de route, je devais les refaire en sens inverse... et avant la noirceur, parce que je ne peux conduire qu'en ville la nuit venue! Sur la route, les phares m'éblouissent...






Mais pour le moment, je m'en tiens à la route qui mène à mes plus belles années, cette route qu'on a faite si souvent, en famille, du temps qu'on y habitait. On « descendait » à peu près aux deux semaines « au bord » comme disait Papa, ça voulait dire Amos, La Sarre, Rouyn-Noranda ou Val-d'Or, les « grosses villes » de l'Abitibi.






Dans le temps, tout était en milles. D'Amos à Matagami, 114 milles, avec des pancartes tout le long... nos repères! À mi-chemin, un arrêt presqu'obligatoire, au 57, un restaurant-bar-motel, qui s'appelait d'ailleurs « Au 57 » et comme il y avait toujours quelqu'un qui avait envie de pipi, on s'y arrêtait, on y prenait une collation s'il n'était pas trop tard, pendant que les autres admiraient le fameux lac vert, avec sa petite île si mignonne. On se demandait donc les raisons de cette couleur émeraude du lac Paradis et on y allait de nos hypothèses, plus ou moins farfelues. J'ai maintenant la réponse scientifique à cette question. Mais j'y reviendrai... Trop à dire et à voir sur le 57.






Avant d'arriver à Matagami hier, en revivant la route, j'ai compris d'où me venait cet amour démesuré du territoire, de la forêt, des rivières, des lacs, de l'immensité et la richesse de la toute puissante nordicité. J'ai connu ce pays quand il était encore à faire, j'étais enfant, avec toute la vie devant moi, mes rêves étaient sans limites, j'avais toutes libertés. Ça marque une vie à tout jamais... Encore aujourd'hui, à 54 ans, pour continuer à croire que tout est possible, si je veux aller au bout de tous mes rêves, je n'ai qu'à aller me ressourcer... à Matagami.





lundi 8 août 2011

M'ennuie des Iles...






Photo 1 : Juin 2008, sur le bateau des cousins, à Havre-aux-Maisons, Iles de la Madeleine. On s'apprêtait à naviguer sur la lagune, je ne savais pas encore que j'allais y vivre des moments inoubliables. Je le pressentais mais je ne savais pas encore jusqu'à quel point! Aujourd'hui, j'ai tellement envie de me prouver que j'étais là pour vrai!!!


Photo 2 : Les homardiers à l'oeuvre, à l'aube. Vue de mon petit chalet des Sillons, à la Dune-du-Sud, Havre-aux-Maisons. Je pouvais pas dormir, c'était trop beau...


Photo 3 : N'en déplaise à Crocomickey qui ne jure que par La Grande Échouerie, la Dune-du-Sud, avec ses 22 km de plage, c'est ma-plusse-meilleure-au-monde-entier.


M'ennuie des Iles...


Et c'est de la faute des cartes postales. Ça fait deux que je reçois en une semaine. Si vous saviez l'effet que ça me fait, les images que ça évoque, les moments de bonheur intense qui se ramènent instantanément jusqu'au fond de mon âme québécoise et acadienne.

La première que j'ai reçue avait été achetée chez Les Artisans du Sable à Havre Aubert, elle a même du vrai sable dedans, elle montre un paysage typique des Iles, avec des falaises sculptées en un beau visage, avec la mer et la plage en toile de fond. Je la partage avec vous, après tout, une carte postale, c'est pas comme une lettre intime où il y aurait des secrets et des confidences!


« Allo Francine! Ce sont les plus belles îles du monde... où nous logeons dans un chalet et un site exceptionnels... Merci! Merci! de nous avoir parlé des Sillons... On s'en reparle au retour, je te remettrai ton sac plein de merveilles... On déjeune, on dîne, on cinqàsette... À ton choix! Bisous bisous. Lise et Luc xxxx »


Et la deuxième, elle était dans mon courrier d'aujourd'hui. Un paysage de Gros-Cap, lieu magique aussi, où il y a tant à voir et à vivre. Voici ce qu'elle dit :


« L'Étang-du-Nord, 3 août 2011. Salut Zoreilles! Curieusement je pense beaucoup à toi ici. Peut-être parce que tu parles toujours des Iles avec tant de passion et d'amour.... Alors je regarde la mer et j'espère que par osmose, tu en ressentiras l'immensité! Bonne journée... Fitzsou xoxoxo »


Ça fait tellement plaisir de recevoir dans ma boîte aux lettres ces petits bouts de voyage qu'on me partage... Oh il y a bien ce soupçon de nostalgie qui m'assaille en ce moment mais surtout j'ai ressenti un grand bonheur d'apprendre que quelque part, j'en ai contaminé quelques-uns et qu'on m'associe à ces chères Iles de la Madeleine. Il faut que j'y retourne.

mercredi 3 août 2011

Des nouvelles de Ti-Buck









Photo 1 : Nous étions à la pêche lorsque nous l'avons aperçu, la semaine dernière. C'était bien Ti-Buck, je l'ai reconnu. Son panache s'est développé en trois semaines. La journée était chaude, il dégustait des plantes aquatiques en se rafraîchissant, à un kilomètre environ de l'endroit où on l'avait vu la première fois. On n'est pas encore intimes mais il nous a laissé entrer dans son univers. À tel point que j'ai pu prendre 55 photos de lui. On aurait dit qu'il collaborait.



Photo 2 : Quand ça pousse, ça pique!



Photo 3 : La chaleur accable beaucoup Ti-Buck. On m'a dit qu'au-dessus de 15 degrés, ça devenait une épreuve physique pour lui. C'est pourquoi il passe beaucoup de temps dans l'eau, ça lui permet de baisser la température de son corps et en même temps de bouffer sa nourriture préférée. Là, il se cherche un petit coin de mousse à l'ombre pour aller faire une sieste.


Photo 4 : Épuisé de lutter contre la chaleur, il a fait quelques pas et s'est endormi là. On aurait pu le regarder dormir tout le reste de l'après-midi si on avait voulu. Mais Crocodile Dundee m'a fait un signe, il ne voulait pas risquer de le déranger, il a ramé silencieusement pour qu'on s'éloigne. J'ai rangé mon appareil et je suis restée figée à l'admirer tant que ça a été possible. Je n'ai pas ramé du tout, je voulais étirer ce moment!



Des nouvelles de Ti-Buck



Je n'arrive pas à m'expliquer la fascination qu'exerce sur moi l'orignal. Je ne cherche pas à comprendre, c'est comme ça et c'est tout, je suis pas mal amoureuse d'eux. J'aime leur comportement, leur grande liberté, leur aisance en forêt et dans l'eau, le fait qu'ils ne sont les prédateurs d'aucune autre espèce. Avec le temps, ils m'ont donné tellement de belles leçons de vie. Surtout les mamans. Elles sont géniales, généreuses et pédagogues. Elles sont protectrices juste ce qu'il faut, tout en favorisant l'autonomie de leur petit. Je garde précieusement dans mes souvenirs cette image d'une maman orignal qui allait chercher une branche haute, la recourbait pour l'amener jusqu'à son petit, pour lui faire goûter ce délice.



Là, c'est Ti-Buck qui vient de m'apprendre quelque chose d'indéfinissable et de merveilleux.



Et mes semi-vacances achèvent... Ça passe vite... Je retourne dans le bois demain matin très tôt et jusqu'à dimanche. Qui sait si je ne reverrai pas Ti-Buck... On s'attache, vous savez!



Et d'autres nouvelles...



S'il vous reste quelques minutes de libres pour la lecture, voici des nouvelles d'Isabelle, qui donnait deux spectacles la semaine dernière dans le cadre du FRIMAT (Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue) : http://www.abitibiexpress.ca/Culture/2011-08-03/article-2688716/Isabelle-Rivest-veut-se-consacrer-a-lecriture/1#.TjlKtFQEYBo.facebook



Et des nouvelles de ma ville, Rouyn-Noranda, par la plume jeune, drôle et familière de Félix B. Desfossés, dans Urbania. Ce gars-là, je l'adore. Il est le fils de Michel et de Josée, deux personnes absolument formidables aussi. Mais c'est pas juste pour ça que je l'aime. Il est jeune, cultivé, authentique, effervescent, créatif et lumineux : http://urbania.ca/canaux/ville/2341/la-ville-de-la-semaine-rouyn-noranda