lundi 30 décembre 2013

Et pour terminer 2013


Le 31 décembre 2012, nous savions que nous tournions plusieurs pages du livre de notre vie. 


Le 1er janvier 2013 était le premier jour de ma « libération du marché du travail ». Tout au long de cette année qui s'achève, à chaque jour, j'ai apprécié mon nouveau statut en me demandant sérieusement : « Comment je faisais avant, quand j'avais toutes ces responsabilités? »


Le 12 février 2013 est un jour sombre. J'ai perdu toutes mes illusions sur la justice, entre autres, et beaucoup sur la nature humaine en général. Ce jour-là, j'ai assisté, impuissante et incrédule, aux procès de mon mari et de mon frère pendant une journée que nous nous rappellerons toute notre vie comme étant cauchemardesque. J'avais toujours cru que la vérité et la justice finissaient par triompher, comme dans les bons vieux films américains. Mais non, dans la vraie vie, ça se passe bien autrement, on peut fabriquer des coupables avec des innocents lorsqu'il le faut et qu'on a des objectifs à atteindre. Il suffit de deux agents de la faune qui se font un scénario et qui y croient dur comme fer. Ensuite, ils interprètent des faits isolés pour les faire concorder dans leur histoire même si c'est de façon bancale. Plus on collabore avec eux, plus ça se tourne contre nous. On ajoute à l'affaire un procureur de la Couronne qui veut se faire les dents et une juge qui n'a jamais mis les pieds en forêt et qui est en admiration devant le jeune procureur si talentueux. Notre avocat a fait beaucoup de sparages mais en dehors de sa carrière politique, rien ne l'intéressait et on pouvait se demander de quel côté il était, tellement il ne savait rien de notre histoire. Pathétique! Cet épisode nous aura coûté très cher en amendes, frais, intérêts, honoraires, etc. mais ce n'est rien à comparer de tout ce qu'il nous aura fait perdre de non chiffrable. 


Le 12 avril 2013, on passait chez le notaire pour la vente de notre propriété au lac Dufault. Après quatre mois à rénover la plus petite et plus modeste maison dans laquelle on s'en allait, on quittait celle qu'on avait aimée, rénovée et habitée au cours des 22 dernières années. Ça me faisait drôle de la voir « toute nue » mais ça me rassurait du même coup : elle n'avait plus l'âme d'avant... 


Le 8 juillet 2013. Après des mois de tergiversations, de procédures administratives qui se multiplient et un dossier qui s'épaissit, notre demande de dérogation mineure est entendue à la Ville de Rouyn-Noranda. Un toit terrasse sur un bâtiment secondaire... Ce n'est pas interdit mais ce n'est pas prévu dans la loi. On n'innove pas comme on veut au pays des grands espaces! Grâce à un ami architecte, à la collaboration de nos nouveaux voisins et à l'expertise de plusieurs personnes, le vote a dû être repris trois fois au conseil de ville pour se terminer ainsi : 8 oui, 2 non, 1 absence, 1 abstention. Fiou! 


Fin septembre 2013. Isabelle, notre fille, était la porte-parole cette année des Journées de la culture à Rouyn-Noranda. Elle était présente partout! Une porte-parole passionnée et impliquée qui ne comptait pas ses heures ni son dévouement. Eh qu'on était fiers d'elle. Dans une tournée des lieux de la culture chez nous, ma mère et moi nous sommes jointes à elle, à son invitation. C'était un heureux moment de partage, du genre qui se vit comme dans un rêve et qui laisse des traces à tout jamais dans nos mémoires... 


Le 14 octobre 2013, jour de l'Action de Grâces. Malgré les injustices vécues et suspensions de permis pour deux ans, il y a eu de la relève pour la chasse à l'orignal cette année. Dominic, notre gendre, et notre beau-frère Robert, ont rendu cette saison de chasse fructueuse, ce qui est venu appliquer un baume sur une plaie qui était et qui est encore très vive. 


Fin octobre, le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. La plus belle semaine de l'année pour moi. En prime, cette édition nous apportait son lot de bonnes nouvelles : d'abord, Dominic y présentait son premier long métrage à vie, ensuite Isabelle nous apprenait un grand secret juste avant, soit l'espérance d'un deuxième enfant pour eux et aussi, je m'y suis fait une nouvelle amie, une sorte de coup de foudre amical passionnant!


Du 27 au 29 décembre 2013. Avec Crocodile Dundee, nous avons été faire un petit séjour au camp Fra-Gilles, à Rapide Deux. Situé à 2 kilomètres du « p'tit château », ce camp est isolé du monde et permet de vraiment décrocher de tout. 


Du 27 au 29 décembre 2013. Le camp Fra-Gilles, d'un autre point de vue, a l'air d'une perle dans un écrin de forêt boréale. Là-bas s'illustre l'une des phrases célèbres de Crocodile Dundee : « À force de manquer de touttt, on manque de rien! ». 


Du 27 au 29 décembre 2013. Marcher en forêt et admirer ce que la nature nous offre en cadeau... J'en ai pris plusieurs des photos comme celles-ci, pour me souvenir à tout jamais de cette forêt mature magnifique. La forêt dans ce secteur sera rasée cette année et nous ne pouvons plus faire de représentations auprès du Ministère ni des forestières, Crocodile Dundee et mon frère ayant perdu leur statut de trappeurs lors du procès du 12 février 2013. Y a-t-il un lien de cause à effet? Je ne sais pas, j'ai perdu toute confiance en nos institutions gouvernementales et politiques. Tout s'est passé au sein du même Ministère... 


Du 27 au 29 décembre 2013. Avez-vous vu cette grosse boule de neige qui écrase une petite épinette? C'est une belle leçon de la vie, cette image. Au printemps ou bien avant, la grosse boule de neige tombera, partira au vent en poudrerie ou fondra tout simplement. Mais l'épinette restera debout, se secouera les épines et continuera de grandir. Elle est même trop petite pour être récoltée par les forestières, elle échappera à tous les dangers, sèmera partout autour d'elle des petites cocottes et un jour, elle deviendra grande, droite et fière, la reine de la forêt! 


Du 27 au 29 décembre 2013. Là, c'est moi qui vous dis « au revoir » et à bientôt. 

Et pour terminer 2013

Voilà un petit survol rapide de ce qu'aura été cette année 2013 chez nous, une année de changements. Elle aura été beaucoup plus consistante et variée mais je m'en tiendrai à ça, après tout, on est sur un blogue ici!

J'ai tant remis de choses en question cette année. Est-ce dans l'air du temps? Est-ce à cause de mes 56 ans? De mon nouveau statut de retraitée? Du changement d'environnement? 

Peut-être que pas mal de monde font un bilan de l'année ces jours-ci? 

Quoiqu'il en soit, aussitôt qu'on aura achevé 2013, l'année 2014 s'ouvrira à nous avec de belles pages blanches dans nos agendas. Qu'est-ce qu'on y écrira en haut de la première page? Santé! 

J'ajouterais aussi « Solidarité » pour tout le bien que ça fait, d'en recevoir comme d'en donner. « Espérance » parce que c'est le sel de la vie. « Amour » et aussi « Amitié ». 

C'est tout ce qu'on se souhaite, mes amis!

mercredi 11 décembre 2013

Le temps des cadeaux


C'était le 15 janvier 2009. Félixe était née la veille. Ses parents étaient tellement heureux..


Et moi aussi, je l'étais. Je n'oublierai jamais ce moment-là où je l'ai eue dans mes bras la première fois. Si petite. Si belle. 


Samedi dernier, la petite avait son « spestak » de danse auquel elle nous avait tous conviés, comme de raison. Pour fêter ça après, on est tous allés bruncher au St-Honoré, son endroit préféré qu'elle appelle « le restaurant bleu ». Et qui c'est qui est venu nous voir à notre table? Le Père Noël lui-même!

Le temps des cadeaux 

Comme le temps passe vite... Félixe aura bientôt 5 ans. Depuis le temps qu'elle veut devenir une grande soeur, voilà que son désir va se réaliser. J'ai maintenant, depuis hier soir, la permission de le dire à qui je veux : Oui, la vie est bonne pour nous autres!

Félixe le dit à qui veut l'entendre depuis quelques semaines, elle sera une grande soeur l'été prochain et chaque fois qu'elle le dit, elle donne un bisou au bedon de Maman ou elle le flatte. Un autre p'tit minou qui devrait se pointer le nez juste avant mon prochain anniversaire. Quel cadeau!

Lors de l'échographie passée hier, Isabelle et Dominic disent qu'ils ont trouvé que déjà ce bébé ressemble beaucoup à sa grande soeur. Et c'est vrai, j'ai vu la photo. 

L'année 2014 nous réservera des cadeaux, des surprises et des bonheurs infinis. En février, il y aura la naissance du petit bébé de Noémie et Hubert, ma filleule que j'adore et son conjoint que j'ai adopté comme filleul dès notre première rencontre tellement il est aussi adorable qu'elle. Aurélie sera le premier petit-enfant chez mon frère Jocelyn et la belle Guylaine. Premier petit-enfant aussi dans la famille de Hubert. J'imagine avec joie comme ils vont catiner dans le bout de Lévis et de Rimouski!

Le petit frère ou la petite soeur de Félixe devrait naître autour du 1er juillet. 

Le Père Noël aura beau être généreux cette année, il n'arrivera jamais à nous faire d'aussi beaux cadeaux. La barre est haute!

jeudi 5 décembre 2013

Le pouvoir évocateur d'une chanson


Mars 1965, devant notre roulotte enterrée de neige, sur la rue Rupert, à Matagami. Ce que je raconte ne se passe pas vraiment à ce moment-là mais quelques années plus tard. Celui qui a un sourire coquin, c'est Yves, dans les bras de Maman, on voit Jocelyn qui a l'air d'étouffer dans son nid d'ange. Je suis assise comme Yves sur le capot de la voiture. J'imagine que Papa doit avoir pris la photo. D'après les mines réjouies de toute la famille, on devait s'apprêter à « descendre » à La Sarre... 

Le pouvoir évocateur d'une chanson

Ça y est, ils l'ont fait jouer cette semaine à la radio et ils la feront jouer encore, chaque fois qu'on nous annoncera une tempête de neige d'ici Noël. De quelle chanson je parle?

http://www.youtube.com/watch?v=zRtGXwYBBkQ

« Le sentier de neige ». Version originale par le groupe Les Classels. 

Pourtant, je n'aime pas particulièrement les classiques et sempiternelles chansons de Noël, surtout qu'on commence à les entendre trop de bonne heure à mon goût mais celle-là évoque un moment particulier dans lequel je me replonge avec bonheur, comme si je la revivais, à chaque fois que je l'entends. Je ne m'en lasse jamais. 

On habitait à Matagami depuis quelques années, petite ville minière qui en était au début de son existence. Papa travaillait à la Orchan Mines. Maman n'avait plus le temps de travailler avec les trois enfants que nous étions. J'allais à l'école Galinée et mes petits frères étaient trop jeunes pour aller à l'école. On était heureux à Matagami. On ne le savait pas dans le temps mais oui, on était heureux. 

On « descendait » souvent les fins de semaine à La Sarre pour visiter nos grands-parents et nos familles. La Sarre est à 3 heures de route de Matagami et il nous fallait passer par Amos, la seule route possible. 

Ce 24 décembre, on part tôt pour arriver pas trop tard chez nos grands-parents Poirier à la maison du rang VII où toute la famille allait se réunir. Chacun arriverait avec les siens et il y aurait les cousins cousines, chacun aurait sa marche d'escalier pour le souper. Par ordre d'âge, j'héritais de la deuxième marche du haut, parce que mon cousin Michel avait deux ans de plus que moi mais la 3e et la 4e marche étaient celles de mes cousines Lise et Solange, presque de mon âge, suivies de près par Raymonde, sur la 5e marche, Luc sur la 6e, Ti-Gilles sur la 7e, etc. Pour nos parents, oncles et tantes, il y aurait au moins deux tablées si c'est pas trois et pendant que les uns mangeraient, les autres commenceraient à réchauffer les guitares, les harmonicas, les violons et les voix. Plus tard en soirée, il y aurait les cadeaux pour les enfants. Chacun un cadeau. Pas plus. De la part de nos parents. Et ce n'est pas le Père Noël qui viendrait faire la distribution, on n'a jamais cru au Père Noël chez nous. Encore moins à la Fée des Étoiles!

Le 25 décembre, on irait chez nos grands-parents Turbide, au p'tit village Bienvenue, toujours à La Sarre. Les familles étaient encore plus nombreuses à tel point que certains venaient souper et veiller sans leurs enfants mais ce n'était pas trop grave, la plupart ne restaient pas loin et on pouvait les voir quand même. Du côté de la famille de Papa, il y avait plus de monde, plus d'humour et moins de musique. Une autre dynamique familiale! 

Donc, ce 24 décembre, tous fringués en dimanche avec l'avertissement de Maman pour ne pas se salir durant le voyage, on décolle de Matagami. Les petits frères se chicanent pour s'asseoir où il y a «  la bosse du char », au milieu du siège arrière et Maman tranche la question, c'est moi qui ai le privilège de m'asseoir au milieu, mais ça vient avec une obligation, celle de jeter un oeil sur les petits pendant le trajet. De temps en temps, Papa fait sa grosse voix (pour essayer de nous impressionner mais ça ne marche pas, on le trouve drôle!...) : « Heille, vous autres, faites-moi pas arrêter le char pour démêler vos chicanes parce que vous allez le regretter ». Grosse menace!!!

La route est belle, malgré ce temps gris suspendu qui nous annonce de la neige à venir très bientôt. On voit défiler le chemin de la New Hosko, de la Mattagami Lake Mines, du Ready Mix, de la Orchan Mines. Et plus loin, la rivière Allard et ses cabanes en bois rond, au millage 95, la fourche du millage 72 qui mène à Joutel, et là, au milieu de nulle part sur cette route déserte, au millage 57... « Le 57 » un restaurant-bar-motel où nous sommes peut-être arrêtés, je ne me souviens pas de cette fois-là précisément mais Papa aimait bien prendre un petit remontant, « one for the road » en jasant avec le monde, pendant qu'on allait à tour de rôle à la salle de bain, avant de rembarquer dans le char et continuer la route. 

Vous ai-je dit qu'on n'avait ni ceinture de sécurité ni siège d'auto à cette époque? Bien vrai! 

Après la grande côte du 42, on sent qu'on approche d'Amos, on commence à voir des villages et des paysages de « par en bas », St-Dominique du Rosaire, la rivière Harricana, St-Félix de Dalquier, Pikogan...

Définitivement, on approche d'Amos, la grosse ville du bouttttt... Papa dit à Maman qu'il veut arrêter chez P. A. Périgny pour se choisir une belle pipe neuve, la sienne est rendue pas fumable. Maman est bien d'accord, elle a un petit achat à faire elle aussi dans ce beau grand magasin qui nous change du Hudson's Bay de Matagami. Ils décident que nous autres, on va rester dans l'auto, c'est moi qui serai en charge des petits, Maman trouve que c'est trop de trouble de débarquer toute la gang. Après, on ira dîner au fameux restaurant en sortant d'Amos, sur la route de La Sarre, là où la madame nous reconnaît, qu'elle est si gentille et fait de la si bonne tarte au sucre. 

Puisqu'on approche d'Amos, Papa ouvre la radio et syntonise CHAD. On n'entend que du grésillement pour commencer mais ça s'éclaircit, on dirait. Papa est tellement de bonne humeur, Maman chantonne, ils se sourient tous les deux, les petits jouent ensemble avec leurs petites voitures Matchbox et moi, au milieu d'eux, je rêve les yeux ouverts à tout ce qui s'en vient, la maison du rang VII si joyeuse et remplie de musique, et ces retrouvailles familiales avec les cousins cousines.

C'est à ce moment précis que je me dis que je suis une petite fille tellement heureuse, tellement chanceuse dans la vie! 

Tout à coup, le décor et la lumière changent comme par magie, il se met à neiger à plein ciel, des flocons si gros, si blancs, si doux, alors qu'on entre dans la ville, qu'on passe devant l'hôpital l'Hôtel Dieu où je suis née, que j'aperçois la cathédrale Christ-Roi avec son toit arrondi, on arrive sur le coin de l'hôtel Queen et la radio renaît avec un son tellement clair lorsque l'animateur présente cette chanson que j'entends pour la première fois : Le sentier de neige... si pur et si doux...