Photo 1 : En fin de semaine dernière, j'ai pris ce cliché que je partage avec vous et que j'offre particulièrement à Zed, qui pourra avoir l'impression de les cueillir alors qu'ils sont à leur plus frais. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait moi-même après avoir fait clic! Photo 2 : Je vous l'avais un peu promise, celle-là, parce qu'ici, elles font partie du paysage, ces affiches routières nous avertissant de rester vigilant. L'orignal est incontestablement le roi de notre forêt boréale. Maintenant, on rencontre quelques affiches de chevreuil également. La seule chose qui change, c'est le nombre de kilomètres et je me suis toujours demandé comment on faisait pour déterminer que les orignaux pouvaient apparaître sur 4, 6, 12, 17, 22 km... Ont-ils des balises à respecter? Savent-ils instinctivement où leur territoire s'arrête? Je les préfère dans la nature Quel lien y a-t-il entre ces deux photos qui ne passeront jamais à l'histoire et ce que j'aimerais vous raconter ces temps-ci? Pas grand chose, vraiment, et je sens que je vais encore faire rigoler la belle Noémie, ma super filleule, partie étudier à La Pocatière (tu nous manques, ma belle sweet sixteen!... mais tu m'inspires tellement, tu vas au bout de ta passion, et là, tu te diras encore qu'il n'y a que Zoreilles pour faire de pareilles entourloupettes pour faire « fitter » ses photos avec ce qu'elle raconte!)
Les bleuets, moi, et c'est très personnel comme goût, je les préfère nature. Durant l'hiver, il m'arrive de fouiller dans mes réserves et d'en prendre un petit bol de congelés, que je déguste un à un comme des bonbons glacés. La crème 35 % et la cuillèrée de sucre blanc, je laisse ça à Crocodile Dundee, ça lui rappelle son enfance, les collations qu'il prenait chez sa mémère à Ville-Marie, au Témiscamingue.
Et pour les orignaux, c'est pareil, je les préfère dans la nature. Je suis littéralement tombée amoureuse d'eux. Plus je les suis dans leurs saisons, leurs pistes, leur habitat, mieux je les connais, avec leurs habitudes, leurs instincts, plus ma fascination grandit pour le roi de la forêt boréale. Particulièrement parce qu'il n'est le prédateur d'aucune autre espèce. Ça fait des années que c'est comme ça. Dans mes anciens billets, j'exprimais un certain malaise que je ressens encore à l'approche de la saison de la chasse à l'orignal. Je ne suis pas contre les chasseurs, au contraire, quand c'est fait avec respect de la nature et de la faune, je considère qu'on ne fait que récolter ce que la nature nous donne. De ça, je pourrais vous en parler longtemps, ce n'est pas paradoxal du tout, contrairement à ce qui pourrait sembler.
Il faut être deux chasseurs sur un même territoire en même temps pour avoir le droit d'abattre un animal. Crocodile Dundee et moi, nous faisons équipe. Donc, je chasse. Et j'adore ça. Je n'ai pas le permis qu'il faut pour chasser pendant la période de l'arc mais pour la carabine, oui. À chaque fin d'été, je prends mes responsabillités et je vais me pratiquer au champ de tir. Ma 308 avec téléscope, anti-recul, étui et tout, c'est un petit bijou d'arme à feu, très puissante, très précise. Les dernières fois où je suis allée, à chaque coup de feu en direction de la cible, je me sentais mal. Ah, sans être une tireuse d'élite, j'atteignais toujours ma cible dans « le vital » mais je sais pas... je me sentais drôle à la pensée que... au lieu d'une cible... si ça avait été un buck, une femelle, un p'tit veau... Et puis, ça fait du bruit, du gros bruit d'enfer que j'aime pas, qui fait peur et qui déchire l'air ambiant avec violence.
Mais je faisais ce qu'il faut pour être une chasseresse responsable et sécuritaire. Autour de moi, on accepte très bien que je parte chasser avec ma caméra d'un bord, mon arme de l'autre et on sait tout à fait de quel côté je vais pencher si je fais venir jusqu'à moi l'animal. Je l'ai prouvé quand ça m'est arrivé... J'ai eu le seul réflexe de la photo mais l'animal a déguerpi à la vitesse de l'éclair. J'étais fière, j'avais fait venir un petit buck à quelques mètres de ma « watch ». Il devait y avoir quelque chose de féminin et d'aguichant dans ma voix. Ça me chatouille le coeur rien d'y repenser!
Fin de l'été 2008, ça me tente pas d'aller au champ de tir. Ça m'écoeure même. À la seule pensée d'épauler mon arme, d'appuyer sur la gachette, de la puissance et du bruit des coups de feu, c'est la démotivation qui m'envahit, ça ne me ressemble plus du tout, c'est si loin de moi, de ce que je suis devenue. Mon petit bijou, je l'ai vendu. À bon prix. Même pas eu besoin de l'annoncer. Décision prise et exécutée subito presto. Je suis contente d'avoir l'âge que j'ai, on sait tellement ce qu'on veut et ce qu'on ne veut plus!
J'ai illico été me choisir un arc. Pas eu un sou à débourser. Il est parfait, mon arc, c'est mon nouveau bijou. Sur mesure pour moi, léger, l'allonge parfaite pour mon bras, un déclencheur, un carquois et des flèches. Pas mal de flèches, parce qu'au début, on en perd beaucoup. Trente-cinq livres de pression, pas plus, il faut que je m'apprivoise. Surtout avec mes maux d'épaule, tendinites et épicondilites chroniques, je déteste parler de mes bobos mais les miens sont le fruit de trop longues années d'exagération du nombre d'heures passées à l'ordinateur, à gérer le stress, à produire sous pression, avec de très mauvaises postures, etc.
Mercredi au souper, le maître archer m'appelle. Mon arc est prêt, il m'attend. Je suis allée à son atelier, on a fait les derniers ajustements, il m'a appris ce que je dois savoir et apprendre à maîtriser. J'étais très à l'écoute. Aussitôt de retour chez moi, Crocodile Dundee me propose qu'on aille ensemble sur l'île du Tir à l'arc, pour que je pratique pendant que c'est tout frais dans mon esprit. Lui, c'est un excellent archer. D'accord. Là-bas, on a une belle cible installée avec des repères aux 10, 20, 25 et 30 mètres. Je m'exécute. Il me suggère 10 mètres. C'est fou tout ce qu'il y a à penser avant de décocher ma première flèche. Toutes ces techniques, la position du corps perpendiculaire à la cible, la main gauche appuyée sans forcer, les doigts libres, l'épaule déployée, la main droite en position, le coude à angle droit, l'index derrière le déclencheur jusqu'au dernier moment, le « kisser » vis-à-vis la lèvre supérieure droite, bref, j'ai pensé à tout mais j'ai raté la cible... à 10 mètres!!! On a dû chercher ma flèche dans les broussailles!
J'en ai tiré 3 autres ce premier soir. J'avais l'avant-bras et l'épaule gauche morts raides. En compote. Mais j'ai atteint la cible. Une fois. Ah pas dans le centre mais dans le jaune orange... presque. En tout cas, j'ai aimé ça, je sautais partout. Mes objectifs n'étaient pas très grands, heureusement, pour ce premier soir. Et le coucher de soleil était magnifique en revenant...
Hier soir, nos amis y allaient. Oh la la, j'allais m'exécuter devant les copains, le rendez-vous sur l'île du Tir à l'arc, je ne pouvais pas l'éviter et puis, ils voulaient tous voir mon nouveau bijou. Pas facile. Mais je n'ai aucun orgueil, aucun ego, et on a beaucoup ri. Eux, sont des champions, ils se lancent des défis, font des compétitions amicales où le perdant paie la bière. Je m'en fous, j'aime pas la bière. Moi, je suis toujours à 10 mètres. Quand je vais être grande, je vais tirer à 30 mètres mais c'est pas demain la veille. Ils m'encouragent beaucoup mais ne me ménagent pas. Ils m'appellent Robine des Bois. Personne ne veut jouer à Guillaume Tell avec moi. Pour un archer, après avoir maîtrisé la technique, il suffit d'être sécuritaire, concentré, en confiance, précis et constant. Ils ont dit que j'avais de très grandes qualités d'archer déjà : je suis sécuritaire et constante... toujours en dehors de la cible, directement dans les broussailles!
Mais j'ai tiré au moins 15 flèches hier soir. Pas eu si mal que ça, en fin de compte, je vais y arriver, vous allez voir. Et j'ai fait rire les copains, rien qu'en masse, surtout quand j'étais fière de moi, là, j'étais déchaînée. La fois (sur 15) où j'ai atteint le vital, en plein centre et que j'attendais des félicitations des copains, savez-vous ce qu'ils m'ont dit? Ils ont décrété à l'unanimité que c'était une erreur et que j'étais en train de perdre ma constance!
La chasse s'en vient. J'ai hâte. Plus qu'à l'habitude. Je serai toujours la moitié de l'équipe que je forme avec Crocodile Dundee. Sur papier et dans la vie. On s'en fout que je ne tirerai jamais sur un orignal. J'apporte ma caméra, je passerai de longues heures dans ma « watch » et je chasserai très sérieusement... les images. Pas de carabine à traîner, mon arc restera au camp, mais seulement pour me pratiquer, on a installé une cible près du camp, ça ne fait pas de bruit, ça me passionne et j'ai pas mal de pratique à faire avant qu'on me respecte... comme archer.... je veux dire!