jeudi 11 décembre 2008

Un peu de chaleur en cette froidure


Je vous invite chez moi, dans ma cuisine, près du poêle à bois. J'ai du pain chaud, vous en voulez? Allez-vous prendre un petit « pet » ou vous aimeriez que je vous serve la première tranche d'un pain entier? À moins que vous préfériez la mie plus que la croûte, je vous donnerais la deuxième tranche? Avec du beurre ou de la margarine Becel à l'huile d'olive? J'ai aussi un excellent fromage (le Crû du Clocher, fait au Témiscamingue) des confitures maison aux framboises, aux bleuets, du beurre d'arachide, de la marmelade d'orange, du sirop d'érable. Dites-moi ce qui vous ferait plaisir!

Un peu de chaleur en cette froidure

En cette saison, à l'approche de Noël, les gens décorent, s'énervent, font la file aux caisses des magasins, consomment à outrance, se désolent déjà que leurs cartes de crédit seront pleines en janvier, mais ils achètent encore, plus gros et plus cher, il n'y a rien de trop beau, c'est Nowell...

Dans mon quotidien, je ne peux échapper à cette folie pure qui envahit tout mon univers. Après tout, je ne suis pas une ermite, et même que, au contraire, je serais plutôt du genre sociable. Alors, je fais ces temps-ci une overdose des publisacs remplis de trop de circulaires et publicités, la surconsommation sous toutes ses formes, les maudits énervés qui remplissent en sacrant des paniers pleins de cochonneries en ayant peur de ne pas arriver à Noël en même temps que les autres, les gugusses branchés et lumières tape-à-l'oeil de mauvais goût dont sont affublées certaines propriétés (méchant gaspillage d'énergie) les partys de bureau imposés dont personne ne veut mais où tout le monde se sent obligé d'aller, en tout cas, vous voyez ce que je veux dire!

Vous me direz que je suis nostalgique d'une époque révolue et que ces temps-ci, j'arrive mal à m'adapter à certains aspects de la modernité. Rien qu'à voir ma cuisine, je ne peux pas prétendre le contraire! Mais pour me défendre, votre Honneur (!) je vous ferai remarquer que le poêle à bois (un Lislet 1934) est bien utile certains soirs d'hiver, les pieds bien posés sur la bavette, que les meubles que nous avons fabriqués ensemble sont un peu vieillots mais toujours si confortables (en tout cas, nous y passons des heures et des heures à jaser) et que le pain de ménage qu'on pétrit soi-même rend du monde heureux et pas seulement au moment où il sort du four.

Si vous n'avez pas faim, mais que vous avez le gosier sec, j'ai du café, du thé, des tisanes, du chocolat chaud, de la bière, du vin (rouge) du porto, du rhum et du scotch. Pour les sportifs(ves) apportez vos patins, la patinoire est faite depuis la fin de semaine dernière. Si vous avez le goût de jouer dehors, j'irai avec vous, on pourrait se faire un bonhomme de neige collectif géant? J'ai des foulards, des mitaines et des tuques pour tout le monde, même pour notre bonhomme de neige! Y a-t-il quelqu'un d'entre vous qui pourrait me rentrer une petite brassée de bois? Et surtout, n'apportez rien d'autre que votre belle personne, votre sourire que j'imagine souvent...

C'est dans cet esprit-là que l'idée m'est venue de vous inviter virtuellement chez moi. Tiens, je le sais, on va se faire notre party de bureau à nous autres mais vous serez libre d'y venir ou pas! Après, on pourra retourner à nos vies réelles et passer ce temps des fêtes chacun à notre manière. Alors, c'est oui?

dimanche 30 novembre 2008

Mémoires de l'écrivain public


Photo 1 : En cette fin d'hiver, il y a deux ans, j'avais voulu photographier ces pistes d'orignal dans le sable et la neige. Je n'avais pas tenu compte de la lumière et finalement, on voit plus mon ombre que les pistes de l'animal dont je suis amoureuse. Le travail de l'écrivain public pourrait s'illustrer ainsi, rester dans l'ombre pour que les autres soient dans la lumière...

Photo 2 : Ce même jour, me revoilà, mais dans la lumière aveuglante qui brille sur la neige. Crocodile Dundee avait pris cette photo en disant qu'il y avait juste moi qui pouvait ainsi lire dans toutes sortes de conditions et de température. C'est vrai, je suis boulimique de lecture... et d'écriture!

Mémoires de l'écrivain public

Le sujet a été effleuré dernièrement dans les commentaires qui suivent mes billets et j'avais promis à Jacks que je partagerais avec vous quelques souvenirs de ma clientèle du temps où j'étais écrivain public, un métier formidable, méconnu, oublié, plus du tout à la mode dans nos sociétés. Il reste encore des écrivains publics ailleurs dans le monde, Isabelle m'a rapporté une photo du Maroc où elle séjournait en mai dernier, on pouvait y voir une affiche d'un collègue avec qui j'aurais tellement aimé échanger. Cette photo m'a émue!

Comment étais-je arrivée à ce métier? Quelle était ma motivation profonde? Comment je procédais pour me faire connaître, pour qu'on fasse appel à mes services? Comment je pouvais quantifier le travail, l'inspiration, la créativité? Jusqu'où je m'impliquais dans les projets, les histoires, les réalisations, qui s'incarnaient avec mes mots mais qui ne portaient jamais ma signature? Est-ce qu'on peut vendre des mots? Une fois qu'ils sont écrits, donnés, livrés, nous appartiennent-ils toujours? Chacune de ces questions et bien d'autres pourraient faire l'objet de dizaines de billets mais je vous dirai seulement que c'était la plus extraordinaire expérience professionnelle et humaine de toute ma vie, que j'ai aimé passionnément ce métier et chacun de mes clients avec qui j'ai eu une relation privilégiée.

Une clientèle diversifiée

La plupart du temps, on m'abordait avec une idée très floue de ce qu'on voulait. Mon rôle consistait à bien écouter la demande pour saisir les attentes souhaitées et les résultats escomptés. J'écoutais beaucoup ce qu'on ne formulait pas, ça en disait beaucoup plus que ce qu'on me racontait. Parfois, le client était une seule personne mais d'autres fois, le client était un groupe de personnes, une famille par exemple.

J'ai fait beaucoup de travail auprès des familles qui célébraient des cinquantièmes anniversaires de mariage de leurs parents. Je me retrouvais bien souvent à faire aussi de l'organisation d'événement, ce qui devenait inévitable. Autour d'un thème choisi sur mesure pour ce couple, cette famille, je préparais les textes des invitations, cartes-réponses, hommages aux parents, cartes de remerciement après la fête, etc. Il pouvait y avoir une chanson créée spécialement pour ce couple, interprétée par les membres de la famille ou les petits-enfants, par exemple. Chaque famille avait son histoire particulière et chacune méritait d'être racontée, célébrée, lors de ces événements qui rassemblaient des gens qui s'aimaient mais qui avaient besoin de mots pour se le dire ou pour le vivre.

Des entreprises ou des organismes voulaient rendre hommage à une personne dans toutes sortes de circonstances. Il pouvait s'agir d'un bénévole qui s'était impliqué depuis de nombreuses années, d'une personne qui allait prendre sa retraite après une vie de labeur ou d'autres réalisations qui méritaient d'être soulignées. On faisait appel à moi pour écrire ces hommages. Je réalisais une ou plusieurs entrevues avec la personne ciblée et j'écrivais le texte qui devait être approuvé par ceux et celles qui me l'avaient demandé. Je n'avais aucune difficulté à tomber en admiration avec le sujet, la nature humaine me fascine, vous le savez, et j'ai connu ainsi des gens qui font toujours partie de ma vie, même si ces textes n'ont jamais porté ma signature!

Les biographies en édition limitée... Si l'on est une personnalité connue, qu'on veut rédiger et publier ses mémoires, aucun problème, un biographe et une maison d'édition vont s'en charger avec plaisir. Mais lorsqu'on est une personne ordinaire, il faut le faire soi-même ou alors faire appel à un ou une écrivain public. Le plus souvent, la demande originait de la famille qui voulait que leur père, leur mère, laisse un souvenir tangible, un héritage écrit de ce qu'avait été leur vie, leurs rêves, leurs aspirations, leurs réalisations, leurs réflexions. Je plongeais dans chacune de ces biographies sur la pointe des pieds, avec délicatesse et discrétion mais toujours dans un pur ravissement, comme un prospecteur qui sait qu'il va trouver de l'or. Des heures, des jours, des semaines d'entrevues, de recherche, de retranscription pour en arriver au manuscrit final, original, riche du récit de cette vie toujours extraordinaire parce que unique, illuminée de son essence à nulle autre pareille... que je remettais à la personne qui m'avait tout donné, de qui j'avais tellement... reçu... et un nombre d'exemplaires qui pouvait varier autour d'une quarantaine, cinquantaine, pour les membres de cette famille. Je regrettais toujours une seule chose, c'était moi qui recevait toutes ces confidences, qui vivait ces moments d'une rare intensité avec une personne si chère à d'autres encore plus qu'à moi.

Les petites entreprises

Des projets d'entreprises avaient de la difficulté à voir le jour parce que les promoteurs qui voulaient les mettre de l'avant excellaient dans leur domaine mais pas tellement dans la manière de le présenter aux instances décisionnelles concernées. J'ai repris plusieurs plans d'affaires refusés en rencontrant le promoteur déçu, avec lequel je passais quelques heures pour qu'il m'explique son projet dans ses mots à lui. Je refaisais complètement le document en insistant sur certains aspects, en illuminant des points que je jugeais importants, en allant chercher de l'information supplémentaire, etc. J'ai eu le bonheur de voir la joie revenir sur les visages de tous ces clients lorsque « mon » plan d'affaires de « leur » entreprise était accepté pour une subvention qui leur avait d'abord été refusée.

D'autres petites entreprises en démarrage ou des travailleurs autonomes n'avaient pas les moyens d'embaucher un ou une consultante en communication (c'est le métier que je pratique maintenant). Toutefois, on sait que pour qu'une entreprise puisse vivre et prospérer, il faut d'abord qu'on la connaisse, qu'on sache ce qu'elle offre comme service. Je rédigeais beaucoup de dépliants de promotion, de documents publicitaires ou administratifs, des profils d'entreprises, etc. Je me souviens avec sourire et tendresse de cette travailleuse sociale, massothérapeute, à son compte, qui ne pouvait pas se payer mes services qui n'étaient pourtant pas chers du tout. Rencontrée à une réunion de l'Association des femmes d'affaires, ça avait cliqué entre nous et elle m'avait proposé de faire du troc : la rédaction de son dépliant promotionnel contre deux massages. J'ai dit oui, je ne savais pas dire non! Je lui ai produit un dépliant qu'elle utilise encore, j'ai pris un massage pour moi, ça m'a énergisée, j'en ai eu pour mon argent, je vous assure, et l'autre, je l'avais offert à ma mère pour son anniversaire, ça tombait bien, je n'avais pas de sous pour lui acheter un cadeau!

Non, je ne regrette rien

Des clients, tant chez les particuliers que dans les petites entreprises, j'en ai vu défiler dans mon bureau pendant ces années où j'ai été écrivain public. J'arrivais à peine à gagner un salaire honnête et décent, pourtant je travaillais énormément et je nageais en plein bonheur. À la fin, je faisais tout juste mes frais, parce que je disais oui à tout ce qui m'était proposé, même bénévolement. Chaque projet m'emballait. J'y mettais la même ardeur, la même passion, seul le résultat me motivait, c'était comme si j'avais eu une mission. Grave erreur. Je sais maintenant tout à fait dans quelles circonstances et comment j'avais oublié que je devais aussi gagner ma vie. Non, rien de rien, non, je ne regrette rien, comme chantait Piaf, ce furent les plus belles années de ma vie et rien ne me fait plus plaisir que lorsqu'on m'appelle encore maintenant l'écrivain public...

vendredi 21 novembre 2008

Un chemin peu fréquenté

Cette photo donne de l'éclat et du relief à l'un des sentiers entourant notre camp à Rapide Deux et quand je tombe dessus, je ne peux m'empêcher d'y voir une allégorie au chemin de la vie que nous choisissons d'emprunter avec ses montées, ses descentes, ses tournants, ses obstacles, ses changements de direction et son apparente infinitude... Mon réflexe premier, en forêt comme dans la vie, c'est bien souvent de marcher hors du sentier, dans la belle mousse épaisse restée intacte. Comme pour me rappeler qu'en dépit de tous les chemins qu'on m'a tracés, je défendrai toujours farouchement ma liberté de suivre ceux où je reconnaîtrai ma voie...

Un chemin peu fréquenté

On ne dirait pas ça à me voir ou à me côtoyer mais c'est vrai, j'ai toujours aimé sortir des sentiers battus. Comme enfant, adolescente, jeune femme, amoureuse, mère, travailleuse, j'ai toujours réussi à fonctionner très bien à l'intérieur des balises plus ou moins précises de la société dans laquelle je vis. Fonctionner, oui. Mais pour m'épanouir, il me fallait davantage, j'avais besoin de me sentir libre.

Même que j'ai compris ça très jeune. Sur mes cahiers d'école, alors que les autres filles dessinaient et écrivaient des prénoms de gars, des visages d'acteurs, des groupes de musique, etc. j'écrivais tout le temps cette maxime : « Celui que tu aimes, laisse-le libre. S'il te revient, il est à toi, s'il ne te revient pas, c'est qu'il ne t'a jamais appartenu ». J'avais l'impression que quelqu'un qui saurait ça de moi n'aurait pas besoin d'en savoir plus!

Avec Crocodile Dundee, c'est probablement ce qui a fait durer et s'épanouir nos amours. La liberté. Celle qu'on chérit, qui n'est pas négociable, qu'on autorise à l'autre sans qu'il ou elle ait besoin de la défendre ou de l'imposer. Pour son bonheur et son épanouissement. Nous sommes très épris de liberté. Je ne parle pas ici de la possibilité de papillonner ailleurs, notre définition de la fidélité n'a jamais eu à souffrir d'une quelconque remise en question, ce que je considère comme une chance incroyable en 32 ans de vie commune.

On se dit souvent combien nous avons eu de la chance l'un et l'autre de nous trouver. D'ailleurs, je n'avais pas été perspicace, il s'en est aperçu avant moi, il a toujours été intuitif! Si dans une relation amoureuse, je m'étais sentie étouffée le moindrement, j'aurais rué dans les brancards de toutes mes forces. Pour lui, c'est exactement la même chose, il suffoque rien que d'y penser. Alors, la petite phrase que j'écrivais avec tellement de conviction sur mes cahiers d'école au secondaire, elle représentait bien ce que j'étais, ce que je voulais, ce que j'attendais des relations affectives qui allaient jalonner le chemin de ma vie.

Toutes les autres, celles où l'on a atteint à ma liberté, allaient être vouées à l'échec ou à une indifférence polie de ma part. Chaque fois que j'ai quitté un travail, ou refusé un client, chaque situation où j'ai espacé les visites et les appels, où je me suis investie à la limite prudente de mes obligations et responsabilités, où j'ai senti ma très chère liberté menacée, j'ai eu un besoin viscéral de briser mes chaînes.

vendredi 14 novembre 2008

Pour l'amour de la vie



J'ai pris ces photos à l'été 2006. Encore une fois, Isa et moi, étions accourues dehors en entendant ce bruit qui fait mal et qu'on n'aime pas trop. Notre maison, que je qualifie toujours d'aquarium parce qu'elle est assez bien pourvue, question fenestration, est entourée d'arbres. Il est malheureusement fréquent que des oiseaux s'y frappent dans les grandes fenêtres et les portes patio des deux étages. Ils s'assomment d'aplomb, chaque fois on accourt, on les croit presque morts mais après quelques minutes, ils reprennent leurs esprits et s'envolent à nouveau. En 17 ans, aucun n'est mort encore mais je suis certaine que plusieurs d'entre eux sont repartis avec un gros mal de tête...

Nous ne les prenons pas dans nos mains, ces oiseaux blessés, ça leur fait trop peur mais cette fois-là, Isabelle n'avait pas pu résister parce qu'elle croyait que la tache rouge dans son cou, c'était du sang, qu'il était blessé mortellement. L'histoire finit bien, ne vous en faites pas, cet oiseau-là est reparti comme tous les autres. Pouvez-vous l'identifier? Et si vous voyez un lien entre ces photos et ce que je vous raconte, dites-le moi, d'accord?

Pour l'amour de la vie

J'ai connu Steve quand je travaillais au Conseil de la culture de l'Abitibi-Témiscamingue. Il était un peu l'homme à tout faire du bureau, idéateur de nombreux projets, membre du conseil d'administration, musicien, compositeur, metteur en scène et... webmestre! Il a souvent un ton bourru mais quand on ne se laisse pas impressionner, on s'aperçoit vite qu'il est un grand sensible, un artiste, un homme de coeur avec un humour irrésistible. On collaborait tellement bien ensemble que nous sommes restés amis, même après que le travail nous ait amenés tous les deux sur des chemins différents. Encore parfois, il m'appelle, pas souvent mais régulièrement et je reconnais toujours instantanément son ton bref, sa grosse voix, son rire de p'tit gars et ses silences qui disent beaucoup. Fin octobre, le téléphone sonne...

  • Steve : J't'appelle, ma belle, j'ai une bonne nouvelle...
  • Zoreilles : Steve? T'as eu ton appel pour ta greffe de rein?
  • Steve : Qui te l'a dit? Comment ça que tu me dis ça?
  • Zoreilles : Ça peut pas être autre chose!
  • Steve : Ben... Une nouvelle blonde?
  • Zoreilles : Tu me l'aurais pas dit de même!
  • Steve : Ça serait une bonne nouvelle, ça aussi...
  • Zoreilles : Pas vrai, tu pars pour Montréal?
  • Steve : J'en arrive de Montréal. Tout est fait, ça s'est passé vite, j'ai pas pu t'appeler avant, il fallait que je prenne le premier vol quand ils m'ont appelé, ça presse tout le temps ces affaires-là. Tout s'est bien passé, j'étais même pas nerveux. rien... Ils m'ont gardé deux semaines, m'ont donné ma formation puis ils m'ont mis dehors de l'hôpital, je récupérais vite et puis je commençais à reluquer les infirmières. J'ai rien qu'un petit suivi à faire avec le Centre de santé d'ici, c'est tout.
  • Zoreilles : T'es revenu comme avant? Plus besoin de l'hémodialyse?
  • Steve : Fini, ça, c'est du passé, j'en reviens pas, j'ai l'impression de revenir au monde!

La conversation a continué comme ça quelques minutes, il m'a tout raconté, puis nous avons reparlé d'un sujet dont nous avions discuté souvent, lui et moi, l'importance de signer sa carte de don d'organes et surtout d'en informer ses proches, au cas où quelque chose nous arriverait. Il m'a dit que la personne qui était décédée accidentellement, qui lui avait permis de se faire enfin greffer un rein et revivre, avait aussi eu cinq de ses organes greffés à des personnes en attente, comme lui.

Il m'a demandé si c'était toujours aussi important pour moi, si j'avais signé ma carte de don d'organes et parlé de ça récemment avec mes proches. Bien sûr, lui ai-je dit, s'il m'arrivait quelque chose, mon plus cher désir, ce serait que ma mort ne soit pas inutile, et tous mes proches le savent. Je connais le prix de la vie et surtout, de la qualité de la vie.

  • Steve : Je veux pas que tu meures mais si jamais, je veux tes yeux!
  • Zoreilles : Es-tu fou? Je te ferais jamais ce coup-là, heille, je suis myope, presbyte, astigmate, hypermétrope et j'ai été opérée pour les cataractes!
  • Steve : Ouais, mais sont beaux!
  • Zoreilles : Pas question, t'auras pas mes yeux...
  • Steve : Ben... Ton coeur d'abord?
  • Zoreilles : OK mais juste si je meurs!

Et j'ai promis à Steve que je ferais tout ce que je pourrais pour continuer comme lui à faire de la sensibilisation pour cette cause qui nous tient à coeur et qui lui redonne aujourd'hui l'impression de renaître à une vie nouvelle.

Pour l'amour de la vie...

mercredi 5 novembre 2008

Tout l'espoir du monde


J'ai cherché dans mes photos celle qui pourrait illustrer mon propos d'aujourd'hui et je suis tombée sur celle-là : entre les arbres chez nous, au lac Dufault, avec les îles qu'on devine au loin, sous un ciel sombre, on voit poindre l'arc-en-ciel...

Tout l'espoir du monde

Un événement historique s'est passé hier aux États-Unis. Les Américains viennent d'élire pour la première fois un noir à la présidence, Barack Obama. Cette phrase qu'on nous répète à satiété ce matin m'écorche un peu les zoreilles. Pourtant, je me réjouis de son élection, vous n'imaginez pas jusqu'à quel point. Mais j'aurais préféré qu'on parle de la victoire d'un homme d'exception qui a su rallier l'opinion publique mondiale, rassembler les forces vives de toutes provenances et susciter tant d'espoir pour une grande partie de l'humanité... qui peut-être s'humanise?

Journal intime?

Il m'est difficile en ce moment, parce que j'écris librement, de prendre une distance avec ma vie personnelle, mes espoirs, réflexions et projets. J'ai toujours peur de tomber dans le journal intime! Mais je ne peux m'empêcher de partager certains événements qui, sans être d'intérêt public, me touchent quand même beaucoup, à tel point que je ne puisse parler d'autre chose qui remplit aussi mon coeur de tellement d'espoir.

L'engagement

Isabelle, notre arc-en-ciel, et Dominic, ce soleil qui fait partie de notre famille depuis 16 mois, ont choisi de s'engager pour la vie dans ce voyage au long cours qu'on appelle le mariage. Qu'ils aient décidé ainsi dans les semaines qui ont suivi le premier baiser de faire équipe pour la vie comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit, ça me fait vivre aussi tout l'espoir du monde.

Ce grand jour de l'engagement, c'est samedi le 8 novembre prochain. La fête se déroulera de la manière la moins traditionnelle mais la plus tendre qui soit, parce que ça leur ressemble. Et qu'ils savent comment fabriquer du bonheur. Tout simplement. Je les admire pour ça, entre autres. Je ne peux vous en dire plus pour le moment, mais nous serons nombreux à prendre part à cette fête comme ils l'ont rêvée, à nous réjouir que l'amour existe encore, le désir d'engagement aussi, et que tout prend racine dans l'espoir pour continuer de s'épanouir sous le soleil.

samedi 25 octobre 2008

Novembre, le mois des amis






Photo 1 : Voici le paysage qui s'offrait à moi il y a deux semaines alors que j'étais grimpée dans ma « watch » (mirador serait le mot plus exact en français) pour chasser les images.

Photo 2 : Mes amours, même jour, même heure que la photo précédente. Puisqu'ils sont loin et de dos, je prends la liberté de publier cette photo d'eux ici. Pourquoi je ne les accompagnais pas dans cette longue marche qui les amenait loin en forêt, jusqu'à « la grande swamp »? Isa et Dom étaient venus passer 24 heures avec nous au camp, nous étions quatre avec juste trois paires de « bottes à l'eau »! C'est moi qui suis restée au camp en petites bottines de ville et j'ai fait des photos pendant que le souper mijotait!

Vivement novembre

Oui, je sais, nous sommes encore en octobre... Mais j'en parlais avec des amis hier, dans un 5 à 7 qui s'est prolongé pas mal (avez-vous vraiment connu du monde qui cinqàsepttaient de 5 à 7?...) et que l'Abstracto (mon bistrot-bar préféré) était rempli à pleine capacité, au moment où Rouyn-Noranda vit au rythme du cinéma international et que la visite nous arrive des quatre coins de la planète. Cette 27e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue s'ouvre ce soir pour nous faire vivre des moments exceptionnels et des rencontres magiques jusqu'au 30 octobre prochain.

Comme à chaque année, je me saoulerai de cinéma et d'amitié. J'ai mes billets pour les blocs d'après-midis mais j'ai eu de la chance parce que je m'y suis prise un peu tard... Il y en a qui ont leur passeport pour ne rien manquer de cette véritable fête, ils sont plus mordus que moi encore. J'ai beau aimer le cinéma, je serais incapable de me taper tous les après-midis et les soirées pendant 6 jours. J'ai aussi ma gang d'amis cinéphiles, que je retrouve annuellement toujours aussi fébriles, à cause de nos dîners et petits gueuletons d'avant les projections, les pauses cigarettes dehors à l'entracte, le verre de rouge partagé après le long métrage et qui fait durer le plaisir. Comment voulez-vous que je n'aime pas l'automne et même le mois de novembre?

Ah, j'adore novembre, l'incompris, le mal-aimé, qu'on appelle le mois des morts. Je ne me sens jamais aussi vivante qu'en novembre! J'ai même mis au monde un enfant en novembre, Isabelle célèbrera ses 22 ans le 6 du mois prochain. Le 8 deviendra pour elle et Dominic un autre grand jour à célébrer annuellement puisqu'ils s'engagent officiellement pour la vie dans ce grand amour qui les rend heureux et les fait grandir. Imaginez tout ce que je leur souhaite...

Et puis novembre, c'est aussi le moment de l'année où l'on va moins en forêt, ce n'est plus le temps des bateaux et pas encore le temps des motoneiges, entre les sports et activités d'été et celles de l'hiver qui n'est pas tout à fait arrivé. Alors, nos amis trouvent cette période idéale pour organiser des fêtes, des soupers, des rencontres, des activités qui sortent de l'ordinaire. On a de la misère à gérer nos agendas mais on ne s'en plaint pas du tout!

On retrouve nos intérieurs confortables, le poêle à bois, les soupes réconfortantes, les mijotés longtemps, nos projets pour temps maussades, nos grosses doudounes de duvet, nos soirées tranquilles collés-collés devant un bon film, nos sorties culturelles, nos bricolages pas finis du printemps, et aussi et surtout, nos vieux amis dont on s'ennuyait. J'aime tellement novembre que j'ai le goût de lancer l'idée qu'il ne soit plus appelé le mois des morts mais plutôt le mois des amis!

vendredi 17 octobre 2008

Souvenirs d'Halloween



Photo 1 : L'Halloween se préparait chez nous longtemps à l'avance et il s'agissait toujours d'une fête joyeuse, colorée, fantaisiste et... sucrée!

Photo 2 : Cette année-là, Isabelle tenait à se déguiser en clown. Dans son imaginaire et sa créativité qui bouillonnaient depuis des semaines avant le jour J, elle s'amusait beaucoup tout en ne prenait rien à la légère. Plusieurs déguisements et personnages s'ébauchaient, devenaient possibles en mélangeant divers éléments de sa grande malle aux costumes, il suffisait d'y ajouter de la couleur, des gros boutons, un accessoire, une perruque, un chapeau et le maquillage qu'elle tenait à faire elle-même!

Photo 3 : L'année où elle a voulu incarner la schtroumphette à tout prix. En fin de semaine dernière, elle me disait qu'elle ne se souvenait plus des détails de son année schtroumphette, alors, je lui ai dit que j'avais une preuve de ça. La voilà!

Souvenirs d'Halloween

D'aussi loin que je me souvienne, la fête de l'Halloween a toujours représenté pour moi l'occasion la plus festive de toute l'année. Sans obligation, elle laissait toute la place à ce qu'on avait de créativité, de sociabilité, de fantaisie, d'amitié et il me semblait que tout le monde devenait plus permissif, tant à l'école qu'à la maison. Et ce qui ne gâchait rien non plus, c'était qu'on avait droit à toutes les sortes de friandises qu'on récoltait, on gérait notre capital comme on voulait, on pouvait partager, faire des échanges, classer notre butin par ordre de préférence, on vivait dans l'abondance jusqu'à l'arrivée du catalogue de Noël qui nous donnait d'autres occasions de rêver!

À Matagami, on en avait aussi pour des semaines à l'avance à planifier notre déguisement. Certains gardaient le secret, d'autres le divulguaient au plus vite pour ne pas se faire voler leur idée. C'était mon cas. Mais malgré tout, je me faisais souvent voler mon idée!!! Aussi, il fallait faire nos invitations pour l'Halloween parce que c'était une chose trop importante pour être bâclée à la dernière minute. Il s'agissait d'être un bon petit groupe mais pas trop gros, question stratégie, vous le comprendrez. La phrase la plus douce à notre oreille à ce moment-là était celle-ci : « Veux-tu courir l'Halloween avec moi? »

Avec mes cousines et quelques amis, on croyait bien faire en débutant notre soirée à l'autre bout de la ville, là où il y avait les grosses maisons de riches des boss des mines où nos pères travaillaient. Là, ils nous donneraient sûrement des « palettes » de chocolat ou des paquets de gomme au complet, ils en avaient les moyens et puis, comme on avait entendu dire que l'Halloween était une fête anglaise, on se disait qu'ils devaient fêter ça en grand... On se gardait les rues Rupert, Eastmain, Nottaway, Allard, de la Savane, etc. pour la fin, étant donné qu'on se rapprochait de chez nous et qu'on savait qu'on y récolterait seulement des « kiss », des suçons verts ou jaunes, des bonbons qu'on n'aimait pas trop. On se trompait royalement. Après avoir gaspillé le meilleur de notre Halloween dans les rues des boss où il n'y avait ni lumières ni ambiance et où l'on ne répondait même pas à la porte, on se rendait vite compte que c'était là où il y avait le plus d'enfants qu'on était aussi le plus généreux!

À l'époque d'Isabelle

Sûrement que j'ai tellement aimé cette fête que j'ai transmis à Isabelle le goût de la célébrer avec enthousiasme. Son anniversaire arrive juste après l'Halloween, alors, quand elle avait 11 3/4 mois, nous l'avions déguisée en petite autochtone et comme elle marchait déjà solide, elle se promenait dans nos décors en criant de joie et se garrochait à la porte dès qu'elle entendait frapper. Elle voulait donner des bises à tout le monde, sauf les monstres, et nous nous occupions de donner les bonbons. Après ça, elle a toujours su exactement comment elle voulait se déguiser, célébrer cette fête, nous n'étions, son père et moi, que les accompagnateurs qui rendaient la chose possible...

La fin de semaine dernière, on jasait tout bonnement de ça, en s'en allant au campe, Isa, Dom et moi, en allant rejoindre Crocodile Dundee. J'étais scandalisée d'avoir vu dans un dépliant publicitaire une centaine de déguisements pour enfants, dont les prix variaient entre 50 $ et 100 $ et d'ailleurs, je voyais dans ces déguisements achetés quelques dangers : cette fête était devenue trop commerciale, on tuait la créativité et l'imaginaire des enfants, on leur faisait croire que tout s'achète, sinon, on s'en passe, et pire encore, les modèles proposés aux gars comme aux filles étaient tellement clichés qu'ils me désolaient.

C'est alors que Dominic nous a raconté des souvenirs très précieux de ses Halloween d'enfant. Il était trop petit pour dire comme il faut le mot Superman qu'il déformait toujours en Supernam mais il tenait mordicus à incarner le personnage. (Lui aussi, c'est un petit bonhomme qui a probablement toujours su ce qu'il voulait!...) et comme ses parents lui avaient aidé à préparer son costume de Supernam, il avait très hâte de le porter. Le soir de l'Halloween, il faisait froid, alors ils ont voulu lui faire porter un habit de neige en dessous. Pas question. Non négociable qu'il était le petit Dominic. C'est là que son père au eu une idée géniale, il lui a dit que bien bourré en dessous de son costume, Supernam aurait l'air bien plus musclé, un Supernam gonflé à bloc. Ça a marché, Dominic en rit encore et il m'a promis de me montrer la photo!

Isabelle se souvenait, quant à elle, de son année préférée, celle où elle s'était déguisée en femme d'affaires, probablement influencée par ma vie professionnelle de l'époque. Se trouver des vêtements sobres et de bon ton ne lui avait pas été difficile, se coiffer non plus, se maquiller en madame, trouver une petite valise avec des documents et imiter l'accent du personnage non plus mais elle trouvait qu'il lui manquait quelque chose... Un accessoire qui ferait la différence... Que si elle avait des cartes d'affaires, elle pourrait entrer en communication très facilement avec les gens... Juste avant qu'elle parte pour l'école, je lui ai fabriqué en catastrophe une cinquantaine de cartes d'affaires, à son nom, utilisant l'ordinateur, l'imprimante, la photocopieuse, c'était facile, j'avais aussi mon bureau à la maison dans ce temps-là. Ce fut l'accessoire magique qui donna vie et crédibilité à son personnage!

Halloween 2008

Au fond, notre discussion sur l'Halloween avait commencé quand je suis allée les chercher chez eux pour qu'on descende ensemble à Rapide Deux. Sur le buffet dans l'entrée, j'ai vu qu'ils ont déjà préparé des sacs avec des friandises dans un grand panier en osier et ils commencent à installer les décors d'automne partout dans la maison. À plus de six mois de grossesse pour Isa, ils n'iront pas dans des fêtes costumées organisées en ville mais ils ont prévu une fête à la maison, avec plein d'amis(es) dont quelques-uns qui ont déjà des petits bébés. Isabelle a inventé un potage absolument délicieux à la citrouille et Dominic ira de quelque chose de très festif lui aussi, je n'ai pas le moindre doute.

Si le sens de la fête et le goût de s'amuser sont des vertus qui se transmettent, je crois que la petite Félixe héritera sûrement de quelque chose! Je sais que ses parents ne seraient tellement pas du genre à lui acheter un déguisement du magasin alors, je me réjouis que cette fête, encore aujourd'hui, prenne pour certains des allures de préparatifs enjoués, de rencontres amicales et d'explosions de joie, d'invention et de créativité.

Et en dernière heure, au moment de terminer ce billet, je viens de répondre au téléphone. C'était Isa. Elle me fait deux invitations : d'abord, la première, me demandant d'aller la rejoindre dans une heure pour qu'on lunche ensemble, c'est qu'elle voudrait qu'on colore aujourd'hui les espaces blancs de nos agendas (elle me lit parfois) et deuxièmement, son père et moi faisons partie de ceux qui sont invités à aller passer chez eux la journée et la soirée de l'Halloween 2008. Non mais, vous en conviendrez, je peux bien aimer l'Halloween!

mercredi 8 octobre 2008

Ici maintenant




Ces trois photos, je viens tout juste de les prendre. Je ne pourrais pas être plus dans le « ici maintenant » qu'ici et maintenant! Même que je suis sortie sur le patio en pyjama, c'était plus fort que moi. Il était 6 h 48. Les levers de soleil, chez moi, je ne m'en lasserai jamais. Ça fera bientôt 17 ans qu'on habite ici et c'est chaque matin différent, je n'en ai vu aucun pareil. La nature sait se renouveler... Dans la même minute, j'ai pris 9 photos, dont les 3 que vous voyez présentement.

Ici maintenant

Je fais une expérience aujourd'hui. C'est à cause de la journée d'hier. Vous savez ce genre de journée où l'on a l'impression de vivre dans un film où l'on est le personnage principal mais c'est le scénariste qui décide de notre sort? Parce que dans le tourbillon qui nous pousse et nous tire de tous les côtés, on se fait quand même des réflexions pour finalement s'apercevoir que ce qu'on avait voulu, ce qu'on avait décidé et mis de l'avant, il fallait constamment se battre contre soi-même pour le réaliser, sinon on allait retomber dans nos vieilles ornières.

À mon agenda, hier, il y avait beaucoup d'espaces blancs que je pensais pouvoir colorer à mon goût, c'est ma nouvelle marotte! Mais la vie s'est chargée de me rappeler que je n'avais pas tant de pouvoir que ça sur mes journées. Oh, rien de grave, juste du quotidien, des obligations morales, des contraintes, des imprévus, répondre aux urgences, un peu de travail, des messages sur le répondeur, (pendant que j'en retourne un, il en arrive trois) des courriels qui nécessitent des réponses immédiates, des gens qui se rappellent qu'on existe quand ils ont besoin, c'est juste que ça leur arrive tous en même temps et qu'on ne s'autorise pas à se défiler. On en vit tous, je crois, de ces journées-là!

Hier soir, je réalisais que dans ma journée, je n'avais pas décidé de grand-chose, c'était la vie et les autres qui avaient décidé pour moi. Mais je pense aussi que ça m'arrive plus à moi qu'à d'autres et là, j'assume que c'est mon entière responsabilité. Je dois sûrement y être pour quelque chose... Alors, aujourd'hui, je fais une expérience. Avec ce beau lever de soleil auquel j'ai assisté, je me disais que la journée m'appartenait encore, sauf quelques rendez-vous et obligations.

Parfois je me demande si je suis la seule au monde à qui ça arrive, ce genre de prise de conscience... Rassurez-moi ou alors, dites-moi carrément que je me pose trop de questions!

jeudi 2 octobre 2008

La saison des amours



Photos 1 et 2 : Les deux ont été prises récemment par la caméra espion. On voit qu'à l'aube, c'est le moment où les orignaux préfèrent, dans notre secteur, venir à la saline. Nous avons aussi beaucoup de photos prises de nuit. Et comme c'est le mouvement et la chaleur qui déclenchent le clic de l'appareil, nous avons É-N-O-R-M-É-M-E-N-T de photos de lièvres également. Dans toutes les positions!

La petite femelle, je l'ai placée en haut de mon billet. Pourquoi? Simple petit geste de so-so-so-solidarité féminine. Elle est protégée cette année, la femelle, aucun chasseur n'a le droit de l'abattre, c'est comme ça une année sur deux. Le petit mâle fait son beau bonhomme avec son petit panache tout neuf. Lui, par exemple, sa vie est très sérieusement en danger à compter de samedi matin et ce, jusqu'au 19 octobre prochain, dans notre zone.

Trouvez-vous qu'ils feraient un beau petit couple? Moi, je leur souhaite de se rencontrer en tout cas, une nuit, près de la saline. Ouep, une belle nuit fraîche sous un ciel étoilé avec une pleine lune... Ils sont tendres, les orignaux, vous savez. Je les ai souvent entendus se chanter la pomme à la nuit tombée, entre autre, un soir, il y a deux ans, j'étais sur la galerie à regarder les étoiles. Elle lui beuglait des affaires vraiment suggestives et lui, il attisait le feu... Je chasse avec mes zoreilles... et mon appareil photo!

Crocodile Dundee s'empresse toujours de me péter ma baloune romantique en me disant que les orignaux ne sont pas fidèles, et que les mâles qui sont les plus gros géniteurs sont très indépendants, qu'ils ont tout un harem autour d'eux. « Ouais, ouais, je le sais, pis les femelles, sont pas fidèles non plus, tu sauras » que je lui dis!

Ça fait que... Demain midi, je quitte pour quelques jours, je m'en vais à la chasse à l'orignal dans les conditions que vous savez, c'est-à-dire que je suis le membre inutile de mon équipe et je m'assume très très très bien. Je devrais être de retour lundi en fin de journée.

Souhaitez-moi d'en voir, je ne leur ferai aucun mal, juste une petite photo, c'est tout.

jeudi 25 septembre 2008

Une fois n'est pas coutume


Photo 1 : Samedi dernier, sous un ciel gris, j'ai entendu venir de loin ce voilier d'outardes. Si j'avais pu partager cette musique avec vous... Il vous faudra sûrement cliquer sur l'image pour l'agrandir si vous voulez les apercevoir vous autres aussi. Mais la photo n'a aucun rapport avec ce que j'écris aujourd'hui, sauf peut-être qu'un voilier d'outardes, je ne pensais jamais que ça pouvait être aussi anarchique!

Photo 2 : C'est moi qui ai fait ça! Oui, oui, j'ai pris une photo de ma meilleure ronde de tir à l'arc, samedi dernier, parce que j'étais fière de moi, j'avais presque battu Crocodile Dundee, il commence à vraiment me trouver compétitive. J'ai deux flèches en plein centre mais ma dernière est même en dehors du « jaune orange ». Ça non plus, ça n'aura aucun rapport avec mon billet, à moins que vous auriez une idée?

Une fois n'est pas coutume

J'avais depuis le début dans mon petit code d'éthique personnel la volonté de ne jamais aborder ici les sujets de la politique, pas plus que ceux des religions non plus, ni aucun autre sujet à controverse qui pourrait susciter trop de passions. J'ai moi-même des convictions et je ne veux les imposer à personne mais je voulais que mon blogue soit un lieu de rencontres, d'échanges, d'amitiés et de discussions enrichissantes qui nous aideraient à réfléchir ensemble. Jusqu'à maintenant, ça va, je n'ai jamais eu à « gérer » de débordements enflammés ni à jouer à l'arbitre, ce qui m'aurait beaucoup déstabilisée...

Mais là, une fois n'est pas coutume, je fais exception à ma propre règle et ce sera peut-être la seule fois où j'aborderai le sujet de la politique ici.

Cette campagne électorale, je ne la comprends pas du tout. Depuis le début, je fais l'effort (parce que c'en est un) de voir et d'entendre tout ce qui nous parvient, tant du national que du régional, autrement dit, en Abitibi-Témiscamingue, au Québec, au Canada. J'avoue que je me sens complètement dépassée et que tout ça me laisse un sentiment de vide absolu. Et ça m'inquiète...

Il y a dans cette campagne électorale tellement d'enjeux importants qui ne sont même pas abordés, tant de démissions et d'abandons de la part des citoyens en général, tant de désinformation et de désintérêt que je n'y vois plus guère que de la morosité. C'est comme si on se dirigeait vers un précipice et qu'on y allait en courant pour se débarrasser de ça au plus vite.

Que sommes-nous devenus?

Se peut-il qu'à force d'être pris pour des deux de pique, nous en soyions réellement devenus à grande échelle? Que d'être surinformés fasse de nous des électeurs qui n'ont plus du tout d'opinions qu'ils sont prêts à défendre? Je ne sais pas, je me pose la question.

J'ai entendu dans nos médias régionaux comme dans les grands réseaux des déclarations vraiment insipides, parfois choquantes, de véritables provocations, des horreurs qui pètent des scores en bêtise humaine et personne n'a réagi, même dans les milieux politiques, pas non plus dans les médias ni dans la rue.

Un vent de fraîcheur

Mais dans cette période de morosité électorale et politique, il y a eu hier soir un vent de fraîcheur qui est arrivé dans ma boîte de courriels, je m'empresse de le partager avec vous, sans vous dire qui en est l'auteur, question de protéger son anonymat, il se dévoilera lui-même s'il le souhaite. Je me disais qu'encore une fois, lui et moi, on pensait pareil mais il sait le vivre avec humour, lui!

«... les banques, c'est pas des voleurs, c'est des criminels endurcis... À part ça, j'essaie de suivre la campagne électorale... mais y a tellement rien qui me tente... J'ai vraiment pu rien de commun avec le Canada... Dion est médiocre, son parti est... parti... en commandites... Harper est du Montana ou du Wyoming... et il veut nous assimiler (tuer notre culture) ou nous ensevelir sous la pollution... Jack, Jack, Jack, disaient les perdrix et les sarcelles... Layton, disait le vent... et je ne sais pas si j'en ai un de cette sorte-là dans mon comté... Y a les verts qui seront recouverts par les bruns, ça fera un peu de compost, c'est toujours ça!... Y reste Duceppe... qui ne semble plus s'amuser du tout... Ça va être le Bloc par dépit... J'ai l'impression de jouer aux échecs et de tasser toujours le même ti pion... »

... et un peu d'espoir...

Mais pour finir sur une note d'espoir (c'est plus fort que moi) je vous dirai que j'ai passé tous mes temps libres cette semaine à réfléchir et à écrire. Une lettre très importante pour moi, au cas où je mourrais subitement, et qui ne sera peut-être jamais lue par personne, enfin, je ne sais pas ce que j'en ferai encore mais j'avais un urgent besoin de le faire. « Lettre à Félixe ». Je pense que j'ai ressenti l'urgence de m'accrocher à tout l'espoir du monde!

jeudi 18 septembre 2008

Là où tout est plus simple


Je vous en parle souvent mais je ne crois pas vous l'avoir jamais montré, vous vous doutez un peu de quoi il s'agit? Que vous êtes perspicaces, c'est bien notre « campe » à Rapide Deux! L'appellation Rapide Deux désigne la centrale hydroélectrique située sur la rivière Outaouais, là où elle croise la rivière Darlens. C'est là que s'arrête la route et qu'on arrive à la marina où nous avons notre chaloupe avec son petit moteur quatre temps super écolo. Après 6 ou 7 minutes sur la rivière, nous voilà arrivés au campe, où j'ai pris cette photo vendredi dernier.

Là où tout est plus simple

Ce qui est formidable là-bas, je l'ai déjà dit, c'est qu'il n'y a pas de téléphone ni d'électricité. Pas de visite impromptue non plus, vous comprenez pourquoi. Pas de comptes à payer, pas d'obligations, pas de contraintes, pas de campagne électorale (!) pas de bruit, enfin, pas pour moi et pas de dossiers urgents à régler.

Par contre, on retrouve tout ce qu'on a fui lorsqu'on revient en ville le dimanche au souper. Mais de pouvoir s'en sauver pour quelques jours, très très très souvent, me donne l'impression parfois de mener une double vie!

Au cours des dernières années, il m'arrivait parfois d'apporter au campe du travail à faire, des documents à démêler, à lire, à comprendre, des plans de communication à ébaucher, des brouillons de textes à peaufiner, etc. Travailler là-bas, c'était génial, parce que je n'étais jamais dérangée ou distraite d'aucune manière mais d'un autre côté, je prenais conscience de la futilité d'un travail comme le mien et ça me frappait de plein fouet lorsque je me trouvais si près de la nature, là où tout n'est que vérité et simplicité.

Je n'apporterai plus jamais de travail au campe, promis, juré, craché, ça restera pour toujours mon oasis, celle de Crocodile Dundee aussi. Voilà une autre des belles conséquences de mon virage en douceur! Nous partons demain midi, on se sentira encore délinquants de se sauver de l'école avant que la cloche sonne, ça nous rappellera notre secondaire I...

jeudi 11 septembre 2008

Virage en douceur



Photos 1 et 2 : Les hérons. Je les pourchasse de ma caméra depuis des années sans succès. Chez moi, sur mon lac, il y a 103 îles, dont une qu'on appelle la Héronnière où j'ai pu voir plein de spectacles touchants et drôles au fil des années mais je n'ai jamais pu les croquer sur le vif avec mon petit appareil qui n'est pas très performant. À notre camp, il y a toujours des hérons sur la rivière aussi, souvent même ils pêchent leur pitance, immobiles, juste devant moi et si je bouge le moindrement, ils s'envolent. C'est quand même là que j'ai pu les prendre en photo dernièrement.

Virage en douceur

Aujourd'hui, c'est sûr, il n'y aura aucun rapport entre mes photos et ce que je veux vous raconter. À moins que... peut-être... ouais... si on veut... Le fait de passer des heures, immobile, comme le héron, tranquille, en confiance, amène parfois des réflexions qui nous incitent à plus de liberté et de simplicité.

Le travail est une partie tellement importante de notre vie. Je ne fais pas exception. Je n'ai pourtant jamais été carriériste, ayant toujours eu d'autres priorités beaucoup plus stimulantes. Quand je regarde en arrière, je me revois à 15 ans, étudiante au cours commercial, débarquant de l'autobus scolaire à 15 h 45, pour travailler de 16 h à 18 h à la boulangerie à une rue de chez moi. Souvent, je devais courir à la sortie de la boulangerie jusqu'à la tabagie deux rues plus loin où l'on m'attendait pour y travailler de 18 h à 21 h. J'adorais ça, la clientèle était attachante, surtout à la tabagie : les gars de la mine, les enfants pour des bonbons mélangés, les discrets qui venaient chercher leurs journaux et magazines, les familles des alentours, les employés(es) des commerces voisins, etc. Je connaissais tout le monde, j'avais de l'argent de poche à profusion, même au salaire minimum de 1,55 $ l'heure, argent toujours mal dépensé mais j'apprenais plein de choses qui m'émerveillaient sur la nature humaine.

À 17 ans, mon diplôme de secrétaire de service bilingue en poche, en sortant de l'école, j'avais le choix de trois emplois où l'on voulait m'embaucher. Un beau problème que ne connaissent malheureusement pas les jeunes de la génération suivante... J'ai opté pour le plus payant. C'était le début d'une « carrière » qui dure depuis 34 ans, où j'ai fait plusieurs virages, dont le plus important, à 27 ans, avec un retour aux études, à la suite d'un revers professionnel qui m'a permis, avec le recul, je le comprends et n'en veux à personne, de suivre une voie qui me ressemblait davantage.

Se sont succédés les contrats. De trois mois, six mois, dix mois, un an, deux ans. De toutes les sortes. Dans tous les milieux. Dans le privé. Dans le secteur public et parapublic. J'ai l'impression d'être une personne âgée parfois, avec toute cette expérience diversifiée. Je suis fière de quelque chose en particulier au cours de ces 34 ans : J'ai toujours terminé mes contrats et livré la marchandise, même si parfois, j'y ai laissé un peu de ma santé et perdu beaucoup d'illusions.

Bref, j'ai été 30 ans au service des autres, à m'adapter à des équipes, des directions, des milieux et des façons de faire différentes. Depuis 4 ans, je suis à mon compte, consultante en communication, et c'est le bonheur. Si c'était à refaire, j'arriverais à ça au début de la trentaine mais je ne regrette rien, c'est le chemin parcouru qui m'a amenée à tellement apprécier maintenant la liberté qui est la mienne, même si jumelée à l'insécurité qui ne me dérange plus du tout.

Les idées reçues

J'avais plein d'idées reçues par rapport au monde du travail, évidemment. J'en ai toujours et je me bats avec ça dans la douceur maintenant. L'une de celles-là, je l'ai remise en question l'hiver dernier. Comme travailleuse autonome, je n'ai jamais été capable de faire de la prospection de clients. Je me vendrais sûrement très mal. Je ne saurais pas comment faire. C'est le seul aspect de mon travail où je me sens complètement démunie. Alors, je n'en ai jamais fait. Par contre, quand on m'approche, qu'on me propose un mandat, une responsabilité, un défi, je n'arrive pas à dire non, sauf si ça va à l'encontre de mes valeurs et que ça implique que je participe à nourrir le département des menteries publiques!

Donc, vous voyez se dessiner ce qui était mon problème : une travailleuse autonome ne dit pas non à un contrat qui lui est proposé sur un plateau d'argent. On s'ajuste, on négocie les échéanciers, on met les bouchées doubles mais on ne refuse pas un contrat quand on ne sait pas quand viendra le prochain. Et si c'était le dernier?

En parallèle, j'ai ce client majeur qui est le mien depuis le début. Avec eux, je profite du meilleur en tout, nos relations de travail sont tellement harmonieuses et enrichissantes, nous collaborons toujours dans le respect et la confiance, j'aime leur transparence, leur authenticité, leur souci de la vérité et de l'information juste à livrer à la population qu'ils desservent. Depuis 4 ans, ils se fient sur moi et moi sur eux. Notre contrat est ouvert et ne connaît pas de date d'échéance.

Décision irrévocable

À l'automne et l'hiver dernier, j'ai accepté tous les mandats qu'on me proposait. Je me sentais fatiguée mais j'étais capable quand même de mener de front tous ces projets. L'un de ceux-là m'avait mis en lien avec le directeur général d'un organisme à vocation régionale, avec des points de service dans les principales villes de notre région. Entre Pierre et moi, la collaboration allait bon train, le courant passait professionnellement, on avait beaucoup d'autres projets de collaboration pour cette année, entre autre pour faire davantage connaître les services qu'on dispensait dans son organisme, faire plus de sensibilisation, etc. Pierre était un bourreau de travail, il prenait tout à coeur et je comprenais tellement la mission qu'il avait fait sienne. En plus, on avait le même âge, les mêmes idées reçues par rapport au travail, à la « mission », à notre implication trop grande qui n'était pas vraiment raisonnable, on s'en désolait peut-être un peu mais on dédramatisait en en riant surtout.

Au printemps, quand on l'a trouvé effondré devant son ordinateur, en train de travailler comme toujours, j'ai su que son coeur avait lâché, lui qui était pourtant si en forme, qui avait de saines habitudes de vie et tout. Ça m'a foutu un tel choc... J'ai eu de la peine pour lui, bien sûr, qui avait donné le meilleur de sa vie dans le travail mais j'ai repassé dans ma tête toutes nos conversations récentes sur le sujet. Il était fatigué, Pierre, comme moi, on mettait ça sur le compte de nos désillusions et sur notre âge...

Alors, pendant mes vacances aux Iles, j'avais une décision à prendre : suivre le courant de mes idées reçues ou prendre soin de moi, de ma qualité de vie, aller au bout de mes envies et réaliser des choses dont j'ai toujours rêvé pendant que je suis encore en vie.

Ma décision a été plus facile à prendre que je ne le croyais. Puisqu'il faut bien gagner sa vie et que je n'ai aucun fond de pension, aucune retraite n'est envisageable, je continuerai donc de travailler avec mon client majeur mais il est maintenant mon seul client. Je n'accepte plus rien d'autre. Bien sûr, il y aura des mois où j'aurai une petite facture à soumettre, d'autres où mes heures travaillées seront assez nombreuses pour m'assurer un bon revenu mais je fais confiance à la vie. Comme le héron qui sait que tôt ou tard, il aura sa pitance. Surtout, j'ai retrouvé mon élan, plus de liberté encore et j'ai le temps de vivre autre chose que le travail.

C'est pourquoi je dis souvent que ma nouvelle richesse, c'est le temps! Derrière cette petite phrase, il y a tellement de soleil pour moi. Je pourrai me consacrer à mes obligations autres mais j'aurai du temps libre aussi pour ce que j'aime, non quantifiable, non monnayable, j'aurai une vie à moi où le temps n'est pas compté, où mon agenda aura des espaces blancs à colorer à mon goût. Je n'ai jamais été aussi riche de toute ma vie, après 34 ans sur le marché du travail.

Je vous raconte tout ça en ayant l'impression de vous livrer une page de mon journal et ça me gêne un peu mais je voulais surtout vous dire que c'est possible de faire à n'importe quel moment des virages en douceur qui nous amènent vers un mieux-être, dans notre travail comme dans notre vie. Bien sûr, c'est plein d'inconnu et d'insécurité mais en y réfléchissant bien, est-ce qu'on risque vraiment quelque chose?

vendredi 5 septembre 2008

Je les préfère dans la nature



Photo 1 : En fin de semaine dernière, j'ai pris ce cliché que je partage avec vous et que j'offre particulièrement à Zed, qui pourra avoir l'impression de les cueillir alors qu'ils sont à leur plus frais. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait moi-même après avoir fait clic!

Photo 2 : Je vous l'avais un peu promise, celle-là, parce qu'ici, elles font partie du paysage, ces affiches routières nous avertissant de rester vigilant. L'orignal est incontestablement le roi de notre forêt boréale. Maintenant, on rencontre quelques affiches de chevreuil également. La seule chose qui change, c'est le nombre de kilomètres et je me suis toujours demandé comment on faisait pour déterminer que les orignaux pouvaient apparaître sur 4, 6, 12, 17, 22 km... Ont-ils des balises à respecter? Savent-ils instinctivement où leur territoire s'arrête?

Je les préfère dans la nature

Quel lien y a-t-il entre ces deux photos qui ne passeront jamais à l'histoire et ce que j'aimerais vous raconter ces temps-ci? Pas grand chose, vraiment, et je sens que je vais encore faire rigoler la belle Noémie, ma super filleule, partie étudier à La Pocatière (tu nous manques, ma belle sweet sixteen!... mais tu m'inspires tellement, tu vas au bout de ta passion, et là, tu te diras encore qu'il n'y a que Zoreilles pour faire de pareilles entourloupettes pour faire « fitter » ses photos avec ce qu'elle raconte!)

Les bleuets, moi, et c'est très personnel comme goût, je les préfère nature. Durant l'hiver, il m'arrive de fouiller dans mes réserves et d'en prendre un petit bol de congelés, que je déguste un à un comme des bonbons glacés. La crème 35 % et la cuillèrée de sucre blanc, je laisse ça à Crocodile Dundee, ça lui rappelle son enfance, les collations qu'il prenait chez sa mémère à Ville-Marie, au Témiscamingue.

Et pour les orignaux, c'est pareil, je les préfère dans la nature. Je suis littéralement tombée amoureuse d'eux. Plus je les suis dans leurs saisons, leurs pistes, leur habitat, mieux je les connais, avec leurs habitudes, leurs instincts, plus ma fascination grandit pour le roi de la forêt boréale. Particulièrement parce qu'il n'est le prédateur d'aucune autre espèce. Ça fait des années que c'est comme ça. Dans mes anciens billets, j'exprimais un certain malaise que je ressens encore à l'approche de la saison de la chasse à l'orignal. Je ne suis pas contre les chasseurs, au contraire, quand c'est fait avec respect de la nature et de la faune, je considère qu'on ne fait que récolter ce que la nature nous donne. De ça, je pourrais vous en parler longtemps, ce n'est pas paradoxal du tout, contrairement à ce qui pourrait sembler.

Il faut être deux chasseurs sur un même territoire en même temps pour avoir le droit d'abattre un animal. Crocodile Dundee et moi, nous faisons équipe. Donc, je chasse. Et j'adore ça. Je n'ai pas le permis qu'il faut pour chasser pendant la période de l'arc mais pour la carabine, oui. À chaque fin d'été, je prends mes responsabillités et je vais me pratiquer au champ de tir. Ma 308 avec téléscope, anti-recul, étui et tout, c'est un petit bijou d'arme à feu, très puissante, très précise. Les dernières fois où je suis allée, à chaque coup de feu en direction de la cible, je me sentais mal. Ah, sans être une tireuse d'élite, j'atteignais toujours ma cible dans « le vital » mais je sais pas... je me sentais drôle à la pensée que... au lieu d'une cible... si ça avait été un buck, une femelle, un p'tit veau... Et puis, ça fait du bruit, du gros bruit d'enfer que j'aime pas, qui fait peur et qui déchire l'air ambiant avec violence.

Mais je faisais ce qu'il faut pour être une chasseresse responsable et sécuritaire. Autour de moi, on accepte très bien que je parte chasser avec ma caméra d'un bord, mon arme de l'autre et on sait tout à fait de quel côté je vais pencher si je fais venir jusqu'à moi l'animal. Je l'ai prouvé quand ça m'est arrivé... J'ai eu le seul réflexe de la photo mais l'animal a déguerpi à la vitesse de l'éclair. J'étais fière, j'avais fait venir un petit buck à quelques mètres de ma « watch ». Il devait y avoir quelque chose de féminin et d'aguichant dans ma voix. Ça me chatouille le coeur rien d'y repenser!

Fin de l'été 2008, ça me tente pas d'aller au champ de tir. Ça m'écoeure même. À la seule pensée d'épauler mon arme, d'appuyer sur la gachette, de la puissance et du bruit des coups de feu, c'est la démotivation qui m'envahit, ça ne me ressemble plus du tout, c'est si loin de moi, de ce que je suis devenue. Mon petit bijou, je l'ai vendu. À bon prix. Même pas eu besoin de l'annoncer. Décision prise et exécutée subito presto. Je suis contente d'avoir l'âge que j'ai, on sait tellement ce qu'on veut et ce qu'on ne veut plus!

J'ai illico été me choisir un arc. Pas eu un sou à débourser. Il est parfait, mon arc, c'est mon nouveau bijou. Sur mesure pour moi, léger, l'allonge parfaite pour mon bras, un déclencheur, un carquois et des flèches. Pas mal de flèches, parce qu'au début, on en perd beaucoup. Trente-cinq livres de pression, pas plus, il faut que je m'apprivoise. Surtout avec mes maux d'épaule, tendinites et épicondilites chroniques, je déteste parler de mes bobos mais les miens sont le fruit de trop longues années d'exagération du nombre d'heures passées à l'ordinateur, à gérer le stress, à produire sous pression, avec de très mauvaises postures, etc.

Mercredi au souper, le maître archer m'appelle. Mon arc est prêt, il m'attend. Je suis allée à son atelier, on a fait les derniers ajustements, il m'a appris ce que je dois savoir et apprendre à maîtriser. J'étais très à l'écoute. Aussitôt de retour chez moi, Crocodile Dundee me propose qu'on aille ensemble sur l'île du Tir à l'arc, pour que je pratique pendant que c'est tout frais dans mon esprit. Lui, c'est un excellent archer. D'accord. Là-bas, on a une belle cible installée avec des repères aux 10, 20, 25 et 30 mètres. Je m'exécute. Il me suggère 10 mètres. C'est fou tout ce qu'il y a à penser avant de décocher ma première flèche. Toutes ces techniques, la position du corps perpendiculaire à la cible, la main gauche appuyée sans forcer, les doigts libres, l'épaule déployée, la main droite en position, le coude à angle droit, l'index derrière le déclencheur jusqu'au dernier moment, le « kisser » vis-à-vis la lèvre supérieure droite, bref, j'ai pensé à tout mais j'ai raté la cible... à 10 mètres!!! On a dû chercher ma flèche dans les broussailles!

J'en ai tiré 3 autres ce premier soir. J'avais l'avant-bras et l'épaule gauche morts raides. En compote. Mais j'ai atteint la cible. Une fois. Ah pas dans le centre mais dans le jaune orange... presque. En tout cas, j'ai aimé ça, je sautais partout. Mes objectifs n'étaient pas très grands, heureusement, pour ce premier soir. Et le coucher de soleil était magnifique en revenant...

Hier soir, nos amis y allaient. Oh la la, j'allais m'exécuter devant les copains, le rendez-vous sur l'île du Tir à l'arc, je ne pouvais pas l'éviter et puis, ils voulaient tous voir mon nouveau bijou. Pas facile. Mais je n'ai aucun orgueil, aucun ego, et on a beaucoup ri. Eux, sont des champions, ils se lancent des défis, font des compétitions amicales où le perdant paie la bière. Je m'en fous, j'aime pas la bière. Moi, je suis toujours à 10 mètres. Quand je vais être grande, je vais tirer à 30 mètres mais c'est pas demain la veille. Ils m'encouragent beaucoup mais ne me ménagent pas. Ils m'appellent Robine des Bois. Personne ne veut jouer à Guillaume Tell avec moi. Pour un archer, après avoir maîtrisé la technique, il suffit d'être sécuritaire, concentré, en confiance, précis et constant. Ils ont dit que j'avais de très grandes qualités d'archer déjà : je suis sécuritaire et constante... toujours en dehors de la cible, directement dans les broussailles!

Mais j'ai tiré au moins 15 flèches hier soir. Pas eu si mal que ça, en fin de compte, je vais y arriver, vous allez voir. Et j'ai fait rire les copains, rien qu'en masse, surtout quand j'étais fière de moi, là, j'étais déchaînée. La fois (sur 15) où j'ai atteint le vital, en plein centre et que j'attendais des félicitations des copains, savez-vous ce qu'ils m'ont dit? Ils ont décrété à l'unanimité que c'était une erreur et que j'étais en train de perdre ma constance!

La chasse s'en vient. J'ai hâte. Plus qu'à l'habitude. Je serai toujours la moitié de l'équipe que je forme avec Crocodile Dundee. Sur papier et dans la vie. On s'en fout que je ne tirerai jamais sur un orignal. J'apporte ma caméra, je passerai de longues heures dans ma « watch » et je chasserai très sérieusement... les images. Pas de carabine à traîner, mon arc restera au camp, mais seulement pour me pratiquer, on a installé une cible près du camp, ça ne fait pas de bruit, ça me passionne et j'ai pas mal de pratique à faire avant qu'on me respecte... comme archer.... je veux dire!

mardi 26 août 2008

Drôles d'affiches



Photo 1 : Le 07/07/07, à l'intérieur du pont du village de Wakefield, en Outaouais, où je célébrais mes 50 ans. Je n'avais pas du tout le goût de me jeter en bas du pont!!! En cliquant dessus pour l'agrandir, vous pourrez lire l'avertissement « Interdit de sauter en bas du pont », même avec un dessin qui illustre le propos. Je ne sais pas, ça m'a fait tout drôle, j'ai pensé qu'on aurait dû y mettre aussi le numéro de téléphone d'un Centre de prévention du suicide... Pas pour moi mais pour d'autres peut-être...

Photo 2 : Prise le 16 août dernier, dans le village de La Motte, près d'Amos, en Abitibi. C'était la première fois que je voyais une telle affiche, je la trouve quasiment touchante!

Photo 3 : En août 2007, lors de l'événement La Route du Terroir. Si les gens du village deviennent tous des marchands cette journée-là, certains n'investissement pas beaucoup dans le marketing et la mise en marché, ça me donne le goût d'aller vers eux. J'avais choisi de dîner avec un blé d'Inde, à 1 $. Vive la simplicité volontaire!

Sur la route et au fil de mes promenades, c'est plus fort que moi, je lis toujours les affiches. Des fois, j'en trouve des originales, d'autres fois, elles me laissent... perplexe. Et je sais que j'arrive en Abitibi-Témiscamingue quand je vois celles qui ont un dessin d'orignal avec la seule mention « sur 20 km », ou « sur 17 km ». Je me propose de vous en ramener une bientôt, pour ceux et celles qui n'ont pas eu la chance de visiter notre région.

jeudi 21 août 2008

Passer du virtuel au réel




Photo 1 : Samedi dernier, à La Motte, avait lieu cette journée annuelle où le village s'endimanche pour recevoir le monde. La Route du Terroir rassemble dans la chaleur, la bonne humeur, la créativité et la simplicité, ces gens qu'on ne rencontre pas assez souvent : les producteurs agricoles, les artistes et artisans, les créatifs, les inventifs, les pas compliqués, les vrais. Sur une distance d'environ 5 ou 6 km, on marche d'une propriété à l'autre pour découvrir ce qu'ils nous offrent et nous proposent avec tout leur coeur. Et on y fait de magnifiques rencontres, je ne les nommerai pas mais ils sauront se reconnaître...

Photo 2 : Même jour, même endroit. Cet épouvantail m'a paru tellement sympathique, il incarnait à la perfection l'image que je retiens de cette fête champêtre et puis, je l'avoue, j'ai voulu faire un clin d'oeil à Crocomickey qui en a présenté un bien joli lui aussi dans son blogue dernièrement.

Passer du virtuel au réel

Mais quel sujet vaste et intriguant sur lequel on pourrait discuter longtemps!

Les univers que l'on côtoie, dans la vie réelle comme dans notre monde virtuel, peuvent nous paraître si loin l'un de l'autre... Je crois, pour ma part, qu'ils sont plus près qu'on le pense. J'ai eu l'occasion de vérifier cette impression à plusieurs reprises.

Tout d'abord, dans mon expérience, il y a aussi son contraire, c'est-à-dire que j'ai un ami que j'ai d'abord connu dans la vie réelle et qu'ensuite, j'ai fréquenté dans le monde virtuel. L'un n'empêche pas l'autre, ces deux univers s'entrecroisent et se complètent à merveille et viennent encore enrichir cette amitié. Évidemment qu'en personne, on en raconte plus, on ne se censure pas pour des questions de respect de l'anonymat et des choses du genre mais la qualité des échanges et de la discussion reste la même, dans un univers ou dans l'autre.

La première fois que j'ai rencontré en personne quelqu'un que j'avais d'abord connu dans le monde virtuel, c'était en 1998. Vraiment magique, je ne trouve pas d'autres mots. Les affinités, les complicités, le respect, la chaleur, la tendresse, l'humour, s'incarnaient sous mes yeux, dans ces deux personnes que j'avais appris à connaître de l'intérieur avant de les rencontrer. Je me faisais la réflexion que ça devrait toujours être ainsi dans la vie! Cette rencontre m'avait donné le goût d'accepter ces invitations chaque fois qu'elles se présenteraient.

La deuxième fois, en 1998 aussi, et là, ça se corsait un peu. Nous étions un groupe d'une vingtaine d'animateurs/trices des forums de discussion de la Place Publique de Sympatico. Ces forums étaient très populaires à l'époque. Nous étions un groupe tissé serré et nous venions des quatre coins du Québec. Une rencontre était organisée à Laurel, dans les Laurentides, puisqu'on avait convenu que c'était l'endroit le plus au centre pour la majorité. De l'Abitibi-Témiscamingue, nous étions deux. Une jeune fille de Senneterre, Nanou, qui animait un forum sur l'informatique. Et moi, Zoreilles, l'animatrice du forum « Près de chez vous » qui rassemblait toutes les régions du Québec plus quelques-unes hors Québec, dont l'Ontario et l'Europe.

J'ai accepté l'invitation à la grande surprise du groupe qui ne croyait pas que j'allais faire tant de kilomètres pour aller à leur rencontre. Nanou avait décidé d'y aller si je pouvais l'y amener, ça m'avait donné l'élan supplémentaire pour dire oui, j'avais le sens du devoir et je ne pouvais pas me soustraire à tant de solidarité! Et puis, cette jeune fille m'émerveillait, elle avait tant de talent et d'intérêt que je me faisais une joie de faire toute la route avec elle. J'allais aussi pouvoir rencontrer Ghislaine, notre doyenne, une femme formidable qui animait un forum sur l'amitié, revoir Jacks, devenu mon ami, l'animateur de Tout un cinéma, Piau, la spécialiste de l'éducation, son forum s'appelait Retour à l'école, je crois, on nous appelait les jumelles virtuelles, elle publiait déjà chez un éditeur connu. Yvon, notre gros nounours un peu bourru mais au coeur tendre, l'animateur d'un forum sur l'informatique aussi, mais plus spécialisé dans la programmation. Bref, j'avais hâte mais j'avais peur à la fois de rencontrer en personne ces gens-là avec qui j'avais tissé tant de liens au fil des années...

Le rendez-vous avec Nanou avait été fixé à Val-d'Or, dans un café. Après, on continuerait la route ensemble. Même sans avoir jamais vu de photo l'une de l'autre, dans ce café bondé, on s'est tout de suite reconnues. Quand je vous dis qu'on est tellement ce qu'on écrit, me croyez-vous? La discussion était enjouée et animée jusqu'à Laurel. Nanou avait en personne la voix, le visage, les expressions, le charme et l'attitude qui me fascinaient tant chez cette jeune étudiante de 19 ans que je pressentais dans ses écrits. Nous avions tant de route à faire que nous sommes arrivées bonnes dernières là-bas, ceux de Montréal, de Québec, de l'Estrie et de partout y étaient déjà depuis le début de l'après-midi. Disons que nous avions fait une entrée remarquée avec mon camion bleu et la musique dans le tapis, les fenêtres ouvertes, à faire jouer « La bitt à Tibi » de Raoûl Duguay!

Grandes joies et petites déceptions

Après les effusions de ces retrouvailles, j'aurais eu le goût de m'isoler un moment mais ce n'était pas possible dans le contexte qui nous rassemblait. Il était prévu qu'on aille souper ensemble dans un restaurant pas trop loin, c'était à St-Adolphe d'Howard, je crois, ou à St-Sauveur. Le groupe allait déjà devoir se séparer pour le co-voiturage et nous avions à peine eu le temps, Nanou et moi, de plonger dans ce monde réel, alors que nous étions un peu sous le choc. Oui, on avait reconnu tout notre monde, rien ne nous étonnait mais en même temps, c'était si étrange...

Désolée de vous quitter au milieu de mon billet, je dois partir pour le reste de la journée mais je reviendrai vous raconter le reste, promis, juré...

Excusez-moi de vous avoir laissés en plan. Je reprends. Où en étions-nous? Ah oui, au moment des retrouvailles, le choc, trop de monde à la fois, pas le temps d'assimiler...

Ils étaient tous venus à notre rencontre dans le stationnement où j'avais trouvé une place pour mon camion bleu. André s'était littéralement garroché à mon cou, « ah, Zoreilles, je suis donc content, tu sais pas comment » et ça m'étonnait parce que je ne connaissais à peu près pas ce André. Animateur d'un forum que je ne fréquentais pas, je n'avais pas eu beaucoup d'échanges avec lui, ni dans son forum, ni dans le mien, ni dans le Salon des animateurs qui était un lieu virtuel privé. Ce André m'a vraiment gâché ces retrouvailles. Et plus la soirée avançait, plus ses facultés diminuaient et comme je ne voulais pas faire d'esclandres... D'ailleurs, pour réunir un groupe d'animateurs/trices, ce serait une bonne idée de nommer... un(e) animateur/trice, sinon, c'est le chaos. C'est mon impression en tout cas.

Deuxième déception, c'est ma rencontre avec Piau, ma jumelle virtuelle. Sur les forums et dans le Salon des animateurs, on faisait les 400 coups, on avait un plaisir fou, une complicité évidente. Quand tout le groupe était venu nous accueillir dans le stationnement à notre arrivée, elle était restée seule à se bercer sur la galerie. Pourtant, je savais que c'était elle et elle savait que c'était moi. Cette fausse indifférence, cette froideur de sa part, m'étonnait autant que la trop grande joie d'André. Piau et moi, étions des amies très proches virtuellement mais dans la vie réelle, ça ne cliquait tellement pas...

On repart tous vers le resto. Dans mon camion, il restait un place de libre... C'est André qui est sauté dessus, je sentais Nanou très mal à l'aise et nous nous sommes comprises d'un regard. Une fois sur place, il y avait des tables de 8 personnes, je faisais très attention où j'allais m'asseoir. Le souper a passé rapidement, j'ai oublié plusieurs détails mais j'étais encore sous une étrange impression, j'aurais voulu me recentrer, me retrouver en petit groupe, jaser tranquillement...

De retour vers le lieu de rassemblement, l'atmosphère s'est détendue. Quelqu'un a allumé un feu, c'est toujours rassembleur. Piau et moi, on avait dit d'avance qu'on apportait nos guitares. Alors, elle n'avait pas le choix et moi non plus, il y avait des attentes. Il y a eu là un beau moment vécu par le groupe, comme un début de complicité peut-être entre elle et moi mais pas grand-chose vraiment. Plutôt comme un malaise... Et puis, elle est allée se coucher de bonne heure, elle était fatiguée du voyage qu'elle disait.

On a continué à chanter autour du feu. La bonne humeur régnait mais malgré tout, il subsistait quelque chose que je ressentais très fort, que je ne comprends toujours pas. Il était prévu qu'on dorme tous à l'intérieur, j'avais mon sac de couchage mais au moment d'aller dormir, j'ai été ranger ma guitare dans mon camion et j'ai trouvé que le siège avait l'air bien confortable et qu'avec les portes verrouillées, j'y serais en sécurité... surtout qu'André était maintenant dans un état lamentable... Je suis allée dire bonne nuit aux copains, je n'ai pas trouvé de place pour dormir à l'intérieur, j'en suis ressortie aussitôt, André me suppliait d'aller dormir dans sa tente... Alors, comme le chante Richard Desjardins dans cette chanson qu'on avait interprétée dans la soirée, en gang autour du feu... « j'ai couché dans mon char ».

J'en tire la conclusion que pour passer du virtuel au réel, c'est préférable de le faire une personne ou deux à la fois ou en très petit groupe. Aussi, il ne faudrait pas prendre pour acquis que si on communique bien par écrit, ce sera nécessairement pareil en personne. Ça non plus, je ne saurais expliquer pourquoi.

Par la suite, j'ai vécu d'autres belles rencontres dans le réel. En fait, je n'ai vécu que ce genre de magie chaque fois quand j'y pense. Je me souviens d'avoir revu Jacks et Laure chez eux, près de Sherbrooke, lors de nos vacances d'été. Des gens charmants qu'il faisait si bon de revoir. Ghislaine (de Montréal) et Yvon (de Québec) sont partis de chez eux un été pour venir me voir en Abitibi. On avait vécu plein de belles choses cette fin de semaine-là. Et puis, Câlin, de St-Eustache, qui venait parfois travailler dans notre région, a rassemblé un petit groupe d'ici et ça avait été très agréable aussi.

Dans l'univers des blogues, ces « get together » sont moins fréquents mais j'ai eu le bonheur de rencontrer en personne quelques amis également. Chaque fois, je suis étonnée de constater jusqu'à quel point on est ce qu'on écrit. La communication sous toutes ses formes, c'est quelque chose qui m'intrigue, me fascine et m'émerveille. Je ne maîtrise tellement pas le sujet et pourtant on m'a déjà demandé de donner une conférence à des étudiants en bureautique et informatique sur « Les relations humaines dans le monde virtuel » parce que j'en connaissais un petit bout mais dans mes conclusions, je posais beaucoup plus de questions que j'avais de réponses!