lundi 28 avril 2014

Une époque révolue


J'ai pris cette photo au début du mois de décembre dernier parce que je me faisais rire moi-même d'être d'une autre époque à ce point. La table est mise : un café noir bien chaud, des stylos à pointe fine, ma plume, un encrier, des cartes, du papier à lettres, mon carnet d'adresses, mes autocollants, des timbres, etc. Petite touche de modernité quand même, mon mini Ipad trône en haut à droite mais remarquez qu'il est fermé!

Une époque révolue 

Peut-être qu'à force de passer autant de temps avec ma mère (82 ans) et ma belle-mère (92 ans) j'en viens à penser et à vivre comme une personne qui aurait 87 ans, la moyenne d'âge des gens que je fréquente!  Même à la piscine des aînés (55 ans et plus) où je vais régulièrement depuis un an (c'est formidable pour mes vieux os!...) je rencontre des gens beaucoup plus âgés que moi et je me sens souvent plus vieille qu'eux. Ils sont tellement modernes! 

Dans une de mes nombreuses nuits d'insomnies, je me suis mise à penser à toutes ces choses qui disparaissaient ou qui étaient en voie de disparaître et que mes petits-enfants ne connaîtront pas. 

Le repos dominical. J'ai grandi dans une famille catholique pratiquante avec un père qui avait tout le temps deux ou trois jobs, une mère qui travaillait fort aussi. Mais le dimanche, c'était sacré, on s'habillait propre, et il n'était pas question de faire un pouce d'ouvrage. La religion avait établi cette règle mais surtout, mes parents trouvaient que ça avait plein d'allure.  

Le goût des aliments. Vous rappelez-vous quand vous étiez petits et que la viande hachée goûtait bon? Une tomate bien mûre, gorgée de soleil, c'était du bonbon, un épi de maïs toujours un délice, une vraie tarte aux pommes ne se vendait pas au magasin, c'était comme le bonheur et le sucre à la crème, on devait s'en faire soi-même! D'ailleurs, on maîtrisait l'art de la pâte à tarte, à crêpe, à pain, etc. 

Une montre. Qui a besoin d'une montre maintenant? On regarde l'heure sur son Iphone! Pour les gens qui en ont, comme de raison. Mon téléphone, il est loin d'être intelligent, je le trouve plutôt impoli, mal élevé et extrêmement envahissant. Imaginez si je l'apportais avec moi partout où je vais... 

Les clés. C'est quoi, ce bout de ferraille? Un serrurier est un métier en voie de disparition. On vous remet une carte et bientôt la rétine de votre oeil ou vos empreintes digitales ouvriront toutes les portes auxquelles vous avez accès. Si vous êtes démodé, vous verrouillez et déverrouillez votre maison avec une serrure à code numérique. 

Le clavier d'ordinateur. Tout est tactile! Êtes-vous auditif, visuel ou... tactile? 

La vie de famille. Il paraît que c'est une idée rétrograde. Quel dommage... 

La démocratie. Les progrès de la technologie seront tels qu'ils diviseront la société en deux : ceux qui la comprennent... et les autres. Le marketing politique, les « faiseux d'images », le manque d'analyse et de profondeur, la vision à court terme et le je-m'en-foutisme ont déjà pas mal affaibli la chose. 

En lien avec ce dernier concept en voie d'extinction, je vais faire exception pour une fois et vous parler de politique. Non pas des partis politiques mais de la politique québécoise en général. Aux dernières élections du 7 avril où la population du Québec a élu un gouvernement libéral majoritaire, dans La Pinière, on a voté massivement pour Gaétan Barrette qui se présentait sous cette bannière. Cet homme représentait jusqu'à tout dernièrement la Fédération des médecins spécialistes du Québec. S'il y a quelqu'un qui a mis une pression énorme sur notre réseau public de la santé et des services sociaux, c'est bien lui. Il n'avait d'ailleurs aucun respect pour les travailleurs et travailleuses de ce milieu, même pas pour les médecins omnipraticiens et encore moins pour les patients. Il s'est déjà présenté il y a 18 mois pour la Coalition avenir Québec, sans succès, ce qui ne m'avait pas étonné à l'époque. Rappelons-nous que ce parti politique prône l'abolition des agences régionales de la santé et des commissions scolaires, les paliers régionaux les plus nécessaires et les plus proches du citoyen. Avant de se présenter sous la bannière libérale, il a accepté de sa Fédération une prime de départ de 1,2 M $ sans la moindre petite gêne. 

Le 7 avril dernier, dans La Pinière, il a récolté 58 % des suffrages exprimés, c'est-à-dire plus de 15 000 voix de majorité sur celle qui représentait cette circonscription depuis 20 ans, la très respectée Fatima Houda-Pepin. 

Comment les gens de cette circonscription électorale, La Pinière, en sont-ils venus à croire que Barrette méritait leur vote? Ils n'ont pas craint un seul instant que cet homme pourrait être envers et contre tous nommé ministre de la Santé et des Services sociaux? Je voudrais bien rencontrer quelqu'un qui a mis son X à côté du nom de cet homme en toute conscience et en connaissance de cause, je lui demanderais simplement... Pourquoi? 

Comment Philippe Couillard, notre nouveau Premier ministre, a-t-il jugé bon de nommer ce loup pour garder la bergerie? Parce qu'il juge qu'on n'a pas de mémoire, qu'on ne se souvient de rien? Le pire c'est qu'il a probablement raison, en dépit de la devise du Québec, cette inscription qu'on trouve sur nos plaques d'immatriculation : « Je me souviens ».


jeudi 10 avril 2014

Les joyeux naufragés




Ces photos ne sont pas de moi mais elles me font sourire et je les ai depuis si longtemps que je ne peux même pas accorder le crédit à qui les a prises. Je crois que c'est l'un de mes amis biologistes qui aime particulièrement les ours. Bientôt, comme nous, les ours cesseront d'hiberner et voudront trouver de quoi se nourrir, même s'il faut pour cela faire des pirouettes. 

Les joyeux naufragés

Montreal, here we come! Qui sommes-nous? Quatre joyeux naufragés qui débarquent de leur plein gré sur une île en ville, loin de leurs forêts boréales, en fin de semaine! Isabelle, Dominic, Crocodile Dundee et moi avons planifié ce court séjour dans la métropole depuis plus d'un mois.  

D'abord, l'invitation est venue des jeunes et ils ont tout mis en oeuvre pour qu'on accepte leur proposition. Dominic a réussi à dénicher longtemps à l'avance deux billets bien placés pour la partie de hockey au Centre Bell samedi soir. Un gros luxe! Un vieux rêve qu'ils vont réaliser. La dernière fois qu'on a vu un match des Canadiens de Montréal, c'était dans le temps du Forum, on ne peut pas dire qu'on exagère. Pendant ce temps, nous, les deux filles, au prix où sont ces billets, on a convenu à l'unanimité qu'on allait se payer plutôt une sortie culturelle qui nous enchante. On ne sait même pas encore laquelle! 

Nous partons demain matin très tôt pour faire ces 600 kilomètres. Nous serons à Montréal au milieu de l'après-midi et il est prévu que notre fille repose sa bedaine (elle a six mois de grossesse) pendant que j'irai à la piscine de l'hôtel faire quelques brasses. Les gars reluquent du côté de la piscine ou du gym, on verra bien. S'il fait soleil, il est question aussi d'un petit verre de « drigne » sur une terrasse. Quelques heures de libres puis on se rassemble pour aller prendre le repas du soir où ils ont réservé pour nous quatre à un endroit où il faut aller absolument, apparemment, une fois dans sa vie... 

Samedi, on a envie de trop de choses, il nous faudra faire des choix. Il y a tant à faire à Montréal et nous y sommes si peu longtemps.  Déjà, dimanche avant-midi, nous reprenons la 15 et la 117 Nord. Oui, je sais, c'est court. Mais ce sera intense. Autant qu'on l'est, autant qu'on s'aime, autant qu'on a besoin de se retrouver libres et heureux d'être ensemble, sans contrainte, même si ce sera trop court. Il sera possible tout de même de prendre le temps de vivre et de finir nos phrases, ne serait-ce que le long de la route aller-retour. Juste de rêver à ce petit voyage depuis plus d'un mois nous aura soutenus dans une période difficile. 

Les enfants vont souvent à Montréal, pour le travail ou pour le plaisir. Ils y ont beaucoup d'amis et plein d'endroits où ils ont leurs préférences et leurs habitudes. Ils auraient pu planifier une petite fin de semaine d'amoureux comme ils le font souvent. Mais cette fois, c'est avec nous deux qu'ils veulent célébrer le printemps, l'effervescence, la joie de vivre. 

Et moi, je suis remplie de gratitude parce que je me dis qu'on donne d'un bord, on donne de l'autre, sans y penser et sans compter, et puis un jour, si on a de la chance, ce sont nos enfants ou nos proches qui nous redonnent de ce dont on a le plus besoin, sans y penser et sans compter. 

mardi 1 avril 2014

Juste pour rire


Crédit photo : Le site internet de Juste pour rire

Juste pour rire

Tout le monde qui me connait doit s'inquiéter! On fait la promotion depuis quelques jours à l'antenne du réseau TVA d'une émission d'une heure qui sera diffusée jeudi prochain, le 3 avril, à 21 heures : Juste pour rire... de l'Abitibi.

Le concept de l'émission n'est pas nouveau apparemment puisqu'on a déjà « rendu hommage » aux régions de Québec, Laval et Saguenay.  Je n'ai rien vu de tout cela et j'ignore comment les gens de ces régions qui ont un fort sentiment d'appartenance ont réagi. Ont-ils ri? 

En novembre dernier, lorsque l'équipe de Juste pour rire est venue tourner ici, il y a eu des articles de journaux, des entrevues radio, télé et des chroniques culturelles d'ici qui y avaient fait allusion et qui nous invitaient à assister aux enregistrements. Dans un premier temps, puisque ma région s'appelle l'Abitibi-Témiscamingue, je trouvais qu'on commençait bizarrement en titrant Juste pour rire... de l'Abitibi, en amputant ma région de la moitié de son nom. Les gens du Témiscamingue s'en plaignent souvent et ils ont raison. 

Donc, lundi le 11 novembre dernier, on enregistrait l'émission à l'Agora des Arts, à Rouyn-Noranda. Je le mentionne pour ceux de ma famille et de mes amis qui reconnaîtront l'endroit, c'est l'église où on allait étant petits, celle où l'on a fait des funérailles à ma grand-mère, à mon père, etc. Le lieu a été converti depuis quelques années (et j'en suis fort heureuse puisqu'il retourne à la communauté) en salle de spectacles, ateliers et bureaux pour différents organismes culturels de notre ville et notre région. Mais je ne connais personne qui a assisté aux enregistrements alors ça m'intrigue. 

D'entrée de jeu, c'est rassurant de savoir que l'animateur est Stéphan Bureau. Ce monsieur a de la classe et du métier, j'ai eu l'occasion de le constater lorsqu'il a animé pendant toute une semaine l'émission Le Point de Radio-Canada, en direct du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, c'était en l'an 2000, alors que je travaillais moi-même aux communications de l'événement et que toute son équipe collaborait avec nous d'une manière assidue, respectueuse et très professionnelle. 

Les humoristes invités pour ce bien-cuit sont Cathy Gauthier, Derrick Frenette, tous deux originaires de la région, ainsi que d'autres artistes/humoristes de partout : Patrice Lemieux, les Denis Drolet, Guillaume Wagner, Korine Côté, PA Méthot, Stéphane Fallu, Jérémie Demay et Rémi-Pierre Paquin. 

Je suis très bon public, j'aime rire. Et ce qui me fait le plus rire, en général, c'est de reconnaître mes ou nos travers, nos petites manies, nos expressions, nos peurs, nos habitudes, nos mimiques, nos paradoxes, nos niaiseries. Le genre d'humour qui dédramatise, qui ne fait de mal à personne, qui ne ridiculise personne, qui peut avoir une portée sociale et qui, quand c'est bien fait, peut même aller jusqu'à nous sensibiliser, nous faire prendre conscience de certains de nos comportements qu'on pourrait améliorer, certains préjugés qu'on voit et qu'on entend trop souvent, qu'on gagnerait à mettre de côté. 

Avec Juste pour rire... de l'Abitibi, je crains qu'on retrouve encore les sempiternels mythes et préjugés contre lesquels je me bats depuis toujours. Vous savez l'Abitibi comme elle est perçue ailleurs qu'en Abitibi-Témiscamingue par des gens qui n'y ont jamais mis les pieds et qui propagent encore ce genre de sornettes? 

Il va me falloir pratiquer mon sens de l'humour!