jeudi 7 novembre 2019

UNE LANGUE INSULAIRE (SUITE)

À la suite du billet précédent et encouragée par mes amis à poursuivre sur cette lancée, je vous propose d'autres mots ou expressions qui ont cours aux Îles de la Madeleine et chez les Madelinots de partout.


UNE LANGUE INSULAIRE (SUITE) 

Du côté des expressions, il y avait Jean Lapierre, le politicologue dont l'avion s'est écrasé à quelques kilomètres seulement de l'aéroport du Havre-aux-Maisons, qui en avait plusieurs à son actif et qu'il avait popularisées dont son célèbre « Heureux comme un chien dans une boîte de truck ». J'ai même déjà vu cette expression imprimée avec une caricature sur un T-shirt dans une boutique d'artisans aux Îles. 

J'ai une tante native des Îles qui a plusieurs expressions drôles dans son langage. Lors de mon premier emploi, j'avais 17 ans, je faisais un budget en prévision de mes premières payes lorsqu'elle est arrivée chez mes parents. D'autres qu'elle m'auraient dit que je vendais la peau de l'ours avant de l'avoir tué mais elle m'a plutôt mise en garde parce que « je comptais l'œuf dans le tchu d'la poule »!


Quand on lui racontait une histoire triste à pleurer ou triste à mourir, ma grand-mère disait que c'était « triste à tirer des larmes des rochers ». Elle disait aussi d'une voisine criarde qu'elle était « folle amarrable » ce qui signifiait folle à lier. « Laisse-là badgeuler » voulait dire laisse-là gueuler, chiâler, rechigner. 

Aux îles, quand on épâre son butin su'a ligne, on va étendre son linge sur la corde pour le faire sécher. D'abord que le vent aux Îles, c'est un personnage qui fait partie du décor en permanence. 

Parler à la grandeur : Utiliser un langage impeccable et châtié, parfois même maniéré. Ex : « Après 6 mois à la ville, quand il est revenu, il parlait à la grandeur. »


Défaisure : Laine obtenue de vieux tricots qu'on a défaits pour la réutiliser dans d'autres ouvrages. Ex : « Une paire de bas faits avec de la défaisure ». 

S'enchouner : S'emmitoufler. Couvrir parfaitement comme le font les feuilles d'un chou. Ex : « Par les froides soirées d'hiver, elle aimait s'enchouner sous les couvertures ». 

Jlauder ou Gelauder : Geler à peine, légèrement. Ex : « La baie est gelaudée ou jlaudée ».


Par les petits : Ma grand-mère disait souvent cette expression qui signifie petit à petit. Ex : « Quand c'est que tu commences à vieilzir (vieillir) t'es obligée par les petits à larguer du terrain ». 

Haler : Transporter, tirer, remorquer. Ex : « Halez, halez mais halez tous ensemble ». 

Hucher : Crier, appeler d'une voix forte. Ex : « Si j'ai besoin de toi, je te hucherai ». 

Trâlée : Bande, troupe, groupe. Ex : « Une trâlée d'enfants ».


Traille : Laps de temps indéterminé mais généralement de longue durée. Ex : « Ça fait une traille qu'on l'a vu ». 

S'escarrer : S'installer confortablement, prendre ses aises. Ex : « Le politicien s'escarrait devant une assemblée gagnée d'avance ». 

À la valdrague : N'importe comment, en désordre, en pagaille. Ex : « Sur sa terre, tout s'en va à la valdrague ».


vendredi 25 octobre 2019

UNE LANGUE INSULAIRE

D'aussi loin que je peux remonter dans l'arbre généalogique de mes familles paternelles et maternelles, notre histoire part du Poitou, en France, pour venir s'établir en Acadie dès 1604. Vivant de pêche et d'agriculture, mes ancêtres ont subi la Déportation des Acadiens en 1755 pour se réfugier quelques années plus tard aux Îles Saint-Pierre et Miquelon, petit coin de France en Amérique, d'où ils sont repartis en un gros contingent, en 1793, pour coloniser les Îles de la Madeleine. Ils y sont depuis, établis plus particulièrement dans le village de Havre-aux-Maisons.


La tradition orale faisant partie intégrante de notre culture de peuple insoumis depuis toujours, il devenait évident que notre langue allait en garder des accents de vieux français, d'expressions maritimes et de particularités empreintes de toutes nos insularités, influencées par la pêche et la construction navale.


Si vous voulez, je vous amène à la découverte ou au rappel de quelques mots ou expressions typiques des Îles de la Madeleine, une langue que j'ai entendue tout au long de ma vie et que j'entends encore partout dans mes familles, ici et aux Îles. Des mots qui chantent ou qui font sourire, qui expriment mieux que tout des réalités qui réfèrent à la mer, aux bateaux et au vent du large. 


UNE LANGUE INSULAIRE 

Piège à fesses : Celle-là, elle me fait rire! Un jour, aux Îles, j'ai vu ces mots « piège à fesses » peints sur un banc public juste à côté d'une boutique d'art sur La Grave, à Havre-Aubert. Pas besoin d'explication pour savoir ce que ça signifie, on y voyait bien une invitation à s'asseoir!


S'amariner : S'habituer à une situation. Exemple : « Elle s'est amarinée rapidement à son nouvel emploi ». 

Tchaude : On dit un tchaude, comme par exemple un tchaude aux clams, un tchaude à la morue, etc. De l'anglais chowder. On peut dire aussi chaudrée. 

Déblâme : Excuse, prétexte, faux fuyant. Exemple : « Il s'est trouvé une déblâme pour ne pas venir ». 

Bord : Le bord d'un vaisseau. Par extension, le grand bord (salle familiale) le petit bord (la dépense, le garde-manger) à bord (à l'intérieur de) à contre-bord (à l'envers) de l'autre bord (l'autre côté de la mer, la grand'terre) prendre le bord (s'en aller) virer de bord (changer de direction). 

Le large : Haute mer. Exemple : « Prendre le large, regarder au large ».


Ancre : Instrument de métal lourd qu'on laisse descendre au fond de l'eau pour immobiliser l'embarcation. Par extension, à l'ancre signifie immobile, il y a aussi jeter l'ancre, lever l'ancre, s'ancrer, etc. 

Larguer : Libérer, détacher, partir. 

Bisque-en-coin : En diagonale, de biais.

Marée : Unité de temps vague, imprécise ou encore grande quantité. Exemple : « Il y avait une marée de monde ». 

Sawesse : Chapeau de pêcheur à large bord, imperméable. De l'anglais south et west. Parce que lorsque le vent est du sud-ouest, généralement il pleut.  

Pirate : Enfant ou adulte taquin, turbulent, joueur de tour, mauvais garnement. Exemple : « Dans sa classe, il y avait bien des petits pirates ». 

Beausir : Embellir, devenir beau. Exemple : « Le temps est gris mais à mon avis, il va beausir ».


C'est d'ailleurs sur ce joli mot que je vous laisse jusqu'à… une prochaine marée! 

jeudi 10 octobre 2019

JACKY VA SE DÉGOLFER

Savez-vous ce que signifie l'expression « se dégolfer »? Les Îles de la Madeleine, c'est un archipel situé en plein golfe St-Laurent.  Se dégolfer, ça veut dire quitter les Îles, se sortir du golfe, s'arracher de gré ou de force de ce lieu mythique, cet archipel en forme d'hameçon, qu'on ne quitte qu'en bateau ou en avion, pour aller… ailleurs.



JACKY VA SE DÉGOLFER

Mais Jacky, lui, va se dégolfer tout à l'heure, à 14 heures précisément, heure des Îles, une heure plus tard dans les Maritimes donc, et il ne le fera ni en bateau ni en avion. Je vous fais un peu comme qui dirait la chronique d'une mort annoncée : Jacky a demandé et obtenu l'autorisation pour l'aide médicale à mourir. 

Nous avons des liens de parenté, Jacky et moi. Mais je l'ai connu surtout virtuellement parce qu'il avait inventé, alimenté et animé depuis de nombreuses années une plateforme citoyenne madelinienne qui s'appelle Info Madelinot. Aujourd'hui plus de 6000 membres fréquentent assidûment son site pour s'informer, discuter, échanger, prendre des actions, supporter, se concerter, se mobiliser et s'encourager. 

Jacky a toujours su toucher le cœur de sa communauté, des Îles et d'ailleurs, parce que c'était tout un rassembleur. Un pacifique. Un écolo. Un gars de party qui aime le monde, l'humour et la musique. 

Il y a 3 ans, on lui a diagnostiqué un cancer et depuis ce temps qu'il fait tout ce qu'il faut de traitements, de changements, de thérapies, et tout cela avec courage, sérénité et résilience. Sur son site, il répétait souvent que tout devait se faire dans l'ordre et le respect, il rappelait souvent à l'ordre des personnes qui savaient plus affirmer et condamner que discuter et chercher à comprendre ou faire avancer les choses. Tout le monde aimait et respectait Jacky. 

Depuis quelques jours, il est hospitalisé à Cap-aux-Meules et on sait qu'il n'en sortira plus de cette chambre-là. C'est là qu'il recevra l'injection à 14 heures cet après-midi, entouré de ses proches, familles et amis. C'est aussi là que les gens vont le visiter depuis une semaine. Hier soir encore, ils ont apporté les guitares et ils ont chanté ensemble jusqu'à 20 heures 45. Jacky a fait rire tout le monde en fin de semaine, on a dit qu'on n'avait jamais vu plus serein que Jacky devant la fin imminente qu'il avait si ardemment souhaitée. 

Il l'a fait un peu pour lui-même mais aussi pour sa femme, ses deux filles, sa parenté et ses amis. Il a voulu prêcher par l'exemple dans sa communauté pour dire au monde que c'était possible de partir ainsi. Dans la dignité. 

Une autre expression typiquement madelinienne que je trouve originale et tout à fait de circonstances, c'est lorsqu'on dit d'une personne qu'elle est « sur ses puyinques », lorsqu'il n'y a plus rien à faire, médicalement, et que cette personne a « puyinques » (plus rien que) quelques jours ou quelques heures à vivre. Jacky est sur ses puyinques parce qu'il a choisi qu'il en soit ainsi. Je le respecte et je l'admire de vivre cette étape avec tant de force, de calme, de sérénité, d'humour, d'amour, d'amitié, de musique et d'heureusité. 

Auprès de lui aux Îles, ça circule sans relâche depuis la fin de semaine. Je le sais, je suis en communication avec beaucoup d'entre eux qui me donnent des nouvelles. Sur le site Info Madelinot, c'est pareil, les témoignages, vidéos, photos, souvenirs, messages s'additionnent et se multiplient. Jacky a publié hier soir son dernier message, tout simple, très beau et touchant. Il a légué sa plateforme à quelques-uns de ses meilleurs amis qui continueront son œuvre, celle qui lui tient à cœur. 

Des quatre coins du Québec, des Maritimes et des Îles, on a ce lien unique qui nous rattache à l'archipel madelinot et à Jacky aujourd'hui malgré la distance. On a lancé l'appel à toute la communauté là-bas de se rendre, nombreux, habillés en vert, dans le stationnement de l'hôpital à 13 h 30 pour que Jacky puisse voir de la fenêtre de sa chambre cette grande vague d'amour et tout le respect qu'on lui voue en l'accompagnant jusqu'à la fin. Ensuite, il pourra s'étendre sur son lit, recevoir l'injection et partir en paix. 

Pour ma part, je suis déjà en communion de pensée avec eux depuis quelques jours et ce matin, en me réveillant, j'ai pensé que c'était la dernière fois que Jacky voyait le soleil se lever. Oui, mon cœur est aux Îles avec toute la cousinerie et en ce moment, j'allume une chandelle, j'ai le goût de fermer les yeux et de chanter tout bas « J'aime ce petit coin de terre/Perdu là-bas aux grandes eaux/Où j'ai vécu avec ma mère/Mes premiers jours tendres et beaux/Les souvenirs de l'enfance/Viennent charmer mon âge mûr/Comme la vapeur que le vent balance/Embellit parfois ce ciel d'azur... »


vendredi 27 septembre 2019

ENSEMBLE ON VA PLUS LOIN

Marcher pour le climat, se mobiliser pour la planète, se rassembler pour les causes environnementales dans lesquelles on s'investit, qu'il s'agisse de sensibiliser nos décideurs, de s'informer sur l'exploitation de nos ressources naturelles ou d'empêcher le passage d'un gazoduc, de réduire le volume d'enfouissement des déchets, toutes les raisons étaient bonnes aujourd'hui, en ce 27 septembre 2019, de prendre une marche « de santé ». 


Ici, à Rouyn-Noranda, cette grande mobilisation citoyenne partait à midi du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, campus de Rouyn-Noranda, où nous laissions nos voitures, pour se rendre en marchant environ une heure plus tard à la Place de la Citoyenneté, au centre-ville, où après quelques déclarations et discours de circonstances, des autobus (électriques) nous ramenaient à nos voitures laissées près du Cégep et/ou de l'UQAT. 


Les chiffres officiels disent que nous étions 1400. Bien sûr, j'ai fait la marche avec du monde que je connais, particulièrement ma petite-fille Félixe et son autre mamie, Nicole, qui est ma grande amie. Dans ce genre d'activités, on se retrouve souvent avec des personnes qui partagent nos idées et nos préoccupations. Autrement dit, des gens avec lesquels on a des affinités. La pancarte qu'on voit au premier plan sur cette photo, c'est celle de Félixe, qui l'avait fabriquée cet avant-midi mais y avait réfléchi toute la semaine, sachant qu'elle allait se joindre à cette marche. Sa pancarte écrite en blanc sur fond noir est réversible. D'un côté, elle a écrit « Gazoduc, c'est laid comme une couleuvre!! Ark » et de l'autre, « Ensemble avec la science comme Greta ». 


Il y avait des représentants de tous les partis politiques fédéraux présentement en campagne électorale, des élus de nos gouvernements municipaux, provinciaux, des médias innombrables, des gens des milieux communautaires comme le Mouvement Zéro déchet Abitibi-Témiscamingue, le Groupe éco-citoyen de Rouyn-Noranda, le groupe d'opposition au gazoduc, la Coalition contre l'arsenic dans l'air, les représentants syndicaux, les étudiants des écoles primaires, secondaires, du collégial et de l'Université, et même ceux qui nous ont charmés plus que tout, les tout petits des CPE avec leurs éducatrices. Des citoyens de tout âge et de tous les horizons. 

ENSEMBLE ON VA PLUS LOIN 

Ainsi, ensemble, on a marché pour une seule et même raison : la planète. 


La belle Félixe, très heureuse d'avoir pris part à cette marche pour le climat et notre planète avec ses deux mamies, elle m'a emprunté mon téléphone portable pour faire une photo de nous trois quand nous sommes allées boire quelque chose après ce beau moment qu'on venait de vivre ensemble. 

samedi 21 septembre 2019

LA QUESTION SE POSE


C'était il y a quelques années, pour amuser nos petites-filles au camp, on avait eu l'idée de se fabriquer un tipi avec les moyens du bord, c'est-à-dire sans investir d'argent, seulement avec beaucoup de travail et de créativité. Aussitôt, les petites se sont mises à se prendre pour deux petites autochtones qui vivaient en forêt boréale. 


Tout était devenu prétexte à faire les mêmes activités que faisaient les Premières Nations à l'époque où ils vivaient en nomades ici, sur le territoire de tous les possibles.


LA QUESTION SE POSE 

Exaspérée de subir ce qui occupe et préoccupe bien trop les médias et l'actualité politique canadienne ces jours-ci, je me demande si mes deux petites-filles, déguisées en gens des Premières Nations, ne sont pas en train de se tirer dans le pied pour le jour où, devenues adultes, elles auraient l'idée de se lancer en politique et qu'on leur sorte ces squelettes du placard. Ben quoi, la question se pose!

Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train de défendre le Premier ministre sortant mais j'aimerais mieux qu'on s'attaque à ses idées et ses politiques plutôt qu'à ses déguisements passés, du temps où il était loin de se douter qu'il allait un jour faire les manchettes pendant plusieurs jours avec ses excès passés de théâtralité et qu'il devrait s'en excuser à plusieurs reprises, sur toutes les tribunes.

Psssst… Ne me prenez pas trop au sérieux, vous aurez compris que je fais du sarcasme!

mercredi 11 septembre 2019

Les Zamis du Jeudi


J'ai pris cette photo au tout nouveau parc Opémican, au Témiscamingue, cet été, en me faisant la réflexion que ces deux chaises au bord de l'eau dans un décor si paisible étaient une invitation à passer un beau moment en amoureux ou entre amis. 

Les Zamis du Jeudi

Nous sommes six dans notre bande des Zamis du Jeudi. Nous nous sommes tous croisés dans le travail, à différentes époques de nos vies. On  travaillait dans le domaine des communications, de la culture, de la santé publique, de la politique ou du développement régional. Mais on était impliqués dans tout ça à la fois. Cinq femmes et un homme : Jolyne, Suzanne, Lorraine, Nicole et moi. Jean est le seul homme du groupe, il nous appelle ses Darlings, il est galant avec nous toutes mais Nicole est sa préférée, elle est sa conjointe depuis 40 ans! 

Chacun de nous était en lien avec les autres. Mais pas tous en même temps à la même place. Bien au-delà du travail qu'on a réalisé ensemble, il y avait cette amitié indéfectible et tellement enrichissante. Survenaient parfois ces rendez-vous ponctuels qui nous rassemblaient, au gré du temps. Comme par exemple lors de divers événements culturels, sociaux ou d'actualité chez nous. 

Jusqu'à cette froide matinée de janvier 2015 où Suzanne, Jolyne et moi avions ce rendez-vous doux du début janvier pour casser la croûte ensemble, se souhaiter la bonne année et échanger sur nos projets en cours, nos bonnes intentions pour ne pas dire nos résolutions de l'année!

J'avais lancé l'idée que parmi mes souhaits pour cette nouvelle année, j'aurais aimé qu'on puisse compter sur des rendez-vous plus fréquents, quelque chose de pas compliqué, de régulier, qui nous laisserait toute liberté, selon nos horaires surchargés, de pouvoir se rencontrer sans rendre de compte, tout en incluant nos amis communs. Je suggérais comme exemple le premier jeudi du mois, à l'Abstracto, là où l'on peut à sa guise prendre un café, une bière, un verre de vin, se restaurer, c'est comme on veut. 

Jolyne, enthousiaste comme elle sait l'être, a proposé qu'on invite Lorraine, Jean et Nicole, dès le premier jeudi du mois prochain, février 2015. Elle se chargeait de communiquer avec eux. Suzanne nous avait dit que cette année, sa résolution était justement : On arrête de le dire, on le fait »!

Et c'est là que tout a commencé pour nous, les Zamis du Jeudi. Nous en sommes à notre quatrième année et notre bande est tricotée serré, littéralement soudée plus que jamais. Notre rendez-vous mensuel n'est plus nécessairement le premier jeudi du mois, il s'avère plus souvent qu'autrement le deuxième ou le troisième, selon nos disponibilités. Et nous avons deux exceptions annuelles pour les mois de juillet et de décembre. En juillet, nous faisons un souper partage chez Jolyne au bord de l'eau et nous apportons, Jean et moi, nos guitares. En décembre, à l'approche de Noël, c'est au condo de Suzanne qu'on se rencontre autour d'un souper partage et de bons vins, qu'on apporte nos guitares et qu'on chante nos chansons démodées mais si tant tellement rassembleuses. 

Tous les autres mois, c'est à l'Abstracto bistrot bar, qu'on vient faire nos 5 à 7, qu'on discute de tout et de rien, qu'on se mêle de politique et d'environnement, de développement régional et de culture, de santé publique et de spectacles en tout genre, qu'on prend des nouvelles les uns des autres, de nos enfants et de nos petits-enfants qui se connaissent et se côtoient. 

Au fil des jeudis mensuels qui nous ont rassemblés depuis février 2015, plusieurs auraient bien voulu se joindre à nous. Sans se consulter (nous nous sommes concertés par la suite) on avait tous le même point de vue… pas très intéressé à diluer cette intimité si précieuse qu'on a su développer encore plus à mesure que le temps passe. On reste toujours évasif quand on nous demande de pouvoir se joindre aux Zamis du Jeudi. Alors nous sommes encore le même six-pack qu'au début, non pas un clan fermé mais pas ouvert au public non plus. 

Quand la rencontre achève, il faut nous voir sortir chacun nos téléphones de nos poches pour fixer le prochain jeudi du mois suivant. Cela nous rappelle le temps où l'on travaillait ensemble! Deux d'entre nous sont encore sur le marché du travail pour une dernière année : Jolyne et Nicole. On leur laisse le premier choix. Et on s'ajuste à elles. On se quitte toujours à regrets en se prenant dans nos bras en ayant très hâte de se revoir. Et presque miraculeusement, malgré toutes nos occupations, nous ne manquons jamais nos rencontres des Zamis du Jeudi. Ces dates sont gravées en lettres d'or dans nos agendas respectifs. 

Ce qu'il y a entre nous, c'est beaucoup plus que de l'amitié. Nous partageons tant de choses, de notre passé, de notre présent (des affinités, des implications, des intérêts, des passions, des opinions, des projets) et ensemble, quand on s'en parle, nous entrevoyons l'avenir avec plus d'optimisme. Nous nous aimons sincèrement et c'est là que notre solidarité et notre amitié se conjuguent pour donner une richesse renouvelable qu'on se plaît à... renouveler. D'ailleurs, nous avons notre rencontre mensuelle de septembre, demain, jeudi le 12, à l'Abstracto!  

mercredi 20 mars 2019

SEMAINE DE RELÂCHE 2019

La semaine de relâche scolaire 2019 a été fort occupée pour nous tous. Heureusement, on s'était gardé quelques jours pour aller au camp d'hiver vers la fin de la semaine alors qu'on nous prévoyait une température pas trop froide et du soleil à profusion. 

Après 90 minutes en voiture jusqu'au barrage et une trentaine de minutes en motoneige dans les sentiers, nous voilà enfin arrivés au campe. 

Après un bon dîner, il faut aller à la source chercher de la bonne eau fraîche pour la durée de notre séjour. Située à environ à 2.5 km du campe, on ira en motoneige, à pied dans les sentiers ou en ski de fond, selon ce qu'on préfère. 

Isabelle et Dominic viennent d'arriver en ski de fond et on s'empresse de leur faire goûter la bonne eau de source bien froide

Papi fait remarquer aux petites combien nous sommes chanceux d'avoir cette ressource naturelle à proximité. 

Alors on décide de faire comme l'année dernière à pareille date et de prendre une photo de Papi avec Blanche et Félixe juste sous l'affiche qu'il avait faite pour bien marquer qu'il s'agissait de « la source des sœurs » comme elles l'avaient suggéré lorsqu'on les avait consultées. 

On retourne au campe avec notre cargaison d'eau fraîche qui durera au moins jusqu'au lendemain. Il y a toujours tant à faire au campe, soit pour les petites choses du quotidien ou simplement pour s'amuser. 
Le soir venu, en guise de récompense pour cette première journée, Papi décide de faire des « tailles » sur le poêle à bois. Ce sont de toutes petites tranches de pomme de terre qu'on prend le temps de griller de chaque côté, tout en rêvassant à ce qu'on fera demain… ou l'été prochain, quand on retrouvera le camp d'été, le radeau, le tipi, etc. Pour éviter de surchauffer le campe à l'approche du dodo, Papi suggère de chauffer plutôt le petit poêle de son atelier de trappeur. 

C'est ainsi que pendant 3 jours et deux nuits, on s'est affairé, notre petite famille, à déneiger les toits des camps qui croulaient sous la neige abondante, tout en s'amusant, en se reposant, en vivant toutes sortes d'aventures en plein air qui nous ont donné beaucoup d'idées pour l'été à venir.