J'écris par défaut. J'ai toujours dit que si je savais peindre, je n'écrirais pas. En fait, ce que je voudrais vraiment, si j'en avais les moyens, ce serait de faire des films qui racontent, qui expliquent, qui sensibilisent, qui démontrent et qui rallient. Je crois aussi qu'en partant du très particulier, on rejoint souvent l'universel. Quand je raconte un souvenir ou une anecdote, j'ai le pouvoir de la revivre de manière peut-être un peu plus sensible parce que revisitée avec mes paramètres d'aujourd'hui et en présence de personnes qui me sont chères. C'est ce que vous représentez pour moi, ceux qui me lisent et qui interviennent, des personnes très chères. Je ne vous le dis pas assez souvent!
C'est l'image que j'ai de moi quand je vous écris un billet qui me replonge dans un événement du passé. Sur ce voilier où nous avons navigué pendant 5 jours et 4 nuits dans la baie Georgienne, c'était ma place préférée, à la proue, en silence, avec mes jumelles, pour voir au loin. Mes compagnons d'équipage, Crocodile Dundee, sa soeur Claudette et notre beau-frère Georges, avaient pris cette photo puisqu'elle était très représentative de ce séjour inoubliable qui était aussi une sorte de voyage intérieur où l'on se fait bercer de douceur, de vent du large et d'infini.
L'histoire que je m'apprête à vous raconter se passe à peu près à cette époque, quelques années auparavant, pour être plus précise. Vous me reconnaissez? À la droite de mon père, jamais loin de notre fille et de Crocodile Dundee!
LA POULE
En faisant mes courses hier, je tombe sur une fille que j'aime beaucoup et que je n'ai pas vue depuis longtemps. On s'échange les dernières nouvelles et elle me demande si j'ai écouté l'émission La Poule aux oeufs d'or alors qu'elle y était participante. Quand je lui réponds que non, elle s'empresse de m'apprendre qu'elle y a gagné 27 500 $, soit 7 500 $ à la première étape et 20 000 $ de plus dans la deuxième.
- Bravo Annette, je suis contente pour toi!
Et c'est ainsi qu'elle a réveillé un beau vieux souvenir qui me remplit de bonheur chaque fois que j'y repense...
- Bravo Annette, je suis contente pour toi!
Et c'est ainsi qu'elle a réveillé un beau vieux souvenir qui me remplit de bonheur chaque fois que j'y repense...
Décembre 1997. Papa a son congé de l'hôpital et revient chez lui le 1er, juste à temps pour qu'on célèbre son 70e anniversaire de naissance le 2 décembre. Le mois de novembre a été une véritable épreuve pour lui et pour nous, sa famille, mais on tourne cette page douloureuse avec soulagement et enthousiasme pour ce nouveau départ. C'est qu'on lui avait diagnostiqué un cancer colorectal à l'automne et il devait subir une opération début novembre, la colostomie. Avec une attitude toujours positive, Papa nous donnait une leçon de vie et de courage que nous n'oublierons jamais. Mais voilà que des complications post-opératoires surviennent, s'aggravent et qu'on passe proche de le perdre, lui si fort, si vivant, lui qui aime tant la vie. Tout le reste du mois de novembre y passe, on l'accompagne de notre présence et on sent qu'on a gagné le gros lot quand on retrouve notre Léo comme avant, « notre petit Léo de course » comme mon frère l'appelle, juste à temps pour fêter son anniversaire.
Ses amis le fêtent aussi. Il n'y a rien de trop beau pour notre Léo! Dans une carte de fête remplie d'amitié et de bons voeux, un couple d'amis lui offre des billets de loterie. Il y avait 5 billets de La Poule aux oeufs d'or. Papa relit ses cartes plusieurs fois avec son grand sourire attendri et met les billets dans son portefeuille puisque le tirage aura lieu seulement le mercredi suivant. Et puis, il oublie ça, si peu habitué aux billets de loterie qu'il n'achète jamais.
Le jeudi soir suivant, mes parents viennent veiller chez nous. Je demande à Papa s'il a écouté l'émission de la veille, s'il a gagné quelque chose au tirage. Tout à coup, il y pense et sort ses billets de son portefeuille.
Petite parenthèse : Papa, quand il me présentait à quelqu'un, s'amusait à dire : « Je te présente Francine, c'est mon homme de confiance! ». Il savait que ça me faisait rire et qu'il y avait beaucoup de complicités en dessous de ça.
Donc, ce soir-là, Papa me dit : « Tiens, mon homme de confiance, peux-tu me vérifier ça avant que je les jette? » Alors, je prends les billets et je téléphone à Michel, un ami, aussi propriétaire du dépanneur pas loin de chez nous où je suis cliente au quotidien. Michel est surpris de ma question, il sait que je n'achète jamais de billets de loterie, il a tellement essayé de m'en vendre. Comme c'est tranquille dans le dépanneur, je lui donne les numéros que j'ai sur les billets. Il y a un silence au bout de la ligne et soudain, il me lance : « Francine, tu gagnes 25 000 $ ». Je lui réponds que c'est pas moi, c'est mon père mais Michel est tellement énervé qu'il ne m'entend pas et des clients arrivent à sa caisse en même temps, j'en profite pour lui dire au revoir et merci, que je lui en reparlerai le lendemain.
Mon père ne le croit pas et moi non plus. Je lui dis que Michel est du genre à me jouer un tour, juste parce que je n'achète jamais de billets de loterie. Alors, on décide d'aller ensemble au dépanneur de Madame Dubois, juste un peu plus loin. Cette dame connaît bien toute notre famille et elle n'est pas du genre à jouer des tours.
Isabelle est en pyjama, prête à aller se coucher, il y de l'école le lendemain. On saute tous dans la vannette à Papa et on va au dépanneur de Madame Dubois. Papa conduit la voiture, il ne veut pas les billets, il me les laisse, on dirait qu'il ne veut pas toucher à ça du tout. Madame Dubois prend le billet en question, les 4 autres n'ont plus d'importance, elle le place dans la machine valideuse et on entend la petite musique qui signifie que ce billet est gagnant. Madame Dubois s'écrie : « Bon ben mon cher Léo, tu gagnes 25 000 $ ». Alors, c'était donc vrai!
Party instantané dans le dépanneur, les rires fusent, les commentaires aussi, on parle tous en même temps. Là,. on est énervés pour vrai. On réalise que la petite est en pyjama avec ses grosses bottes, le manteau tout ouvert, pas de tuques, pas de mitaines, que nous étions aussi partis en catastrophe mais qu'on n'a pas le goût du tout de s'en retourner chez nous ni chez eux. C'est là que Papa nous invite tous au St-Hubert pour aller fêter ça.
Le restaurant est très tranquille à cette heure-là, et même si l'on n'a pas faim, Papa insiste pour qu'on commande tout ce qu'on veut. On finit par commander quelque chose à grignoter, des verres de vin et un jus pour la petite, qui est toujours en pyjama! On décompresse à mesure qu'on digère la belle nouvelle. Mes parents font le projet de partir le lendemain pour Montréal pour aller chercher leur prix. On discute des détails logistiques et mes parents font des projets de voyage et des rêves de toutes sortes.
Au moment de payer la facture pour quitter le restaurant et aller coucher la petite parce qu'il est déjà tard, Papa s'aperçoit que s'il se pensait riche quand il nous a invités, il n'avait pas assez d'argent sur lui et pas non plus sa carte de crédit. Pas grave, j'ai la mienne! Et je suis habituée d'être son homme de confiance...
Mes parents sont partis effectivement le lendemain matin pour Montréal où ils ont été reçus comme il se doit par les gens de Loto-Québec. Ils sont revenus à la maison quelques jours plus tard après avoir encaissé le chèque et vu quelques amis montréalais en passant. Papa prenait du mieux et retrouvait ses forces chaque jour davantage.
Le mois de décembre a passé beaucoup plus vite que le mois précédent qu'on avait trouvé si difficile et interminable. Tout ce qu'on a vu, on était rendus à Noël. Sous le sapin, cette année-là, il y avait une boîte pour chacun des enfants chez nous et nous sommes trois. Les trois boîtes étaient du même format et pesaient le même poids. Mes parents tenaient à ce qu'on les développe tous en même temps.
Deuxième petite parenthèse : Ma mère a toujours dit qu'avec une grosse can de tomates, on ne manquerait jamais de rien puisque ça pourrait toujours nous servir pour faire plusieurs recettes. Ma mère met des tomates dans tout, avec le poisson, avec la viande, avec le fromage, même un petit reste de macaroni devient un repas à condition d'y ajouter des tomates. Ma mère n'a jamais manqué de tomates en boîte et je pense qu'elle nous a inculqué ça.
Dans nos cadeaux de Noël cette année-là, on avait chacun une grosse boîte de tomates entières... avec un chèque de 1 000 $. Mes parents ont échangé leur gros motorisé pour un plus compact et plus moderne avec lequel ils sont partis faire un grand voyage en Alaska pour redescendre ensuite toute la côte ouest du Canada et des États-Unis, bifurquant vers le Nouveau-Mexique et la Louisiane où ils avaient des amis (entre autres les parents de Zachary Richard) et ils ont fini l'hiver en Floride!
Le restaurant est très tranquille à cette heure-là, et même si l'on n'a pas faim, Papa insiste pour qu'on commande tout ce qu'on veut. On finit par commander quelque chose à grignoter, des verres de vin et un jus pour la petite, qui est toujours en pyjama! On décompresse à mesure qu'on digère la belle nouvelle. Mes parents font le projet de partir le lendemain pour Montréal pour aller chercher leur prix. On discute des détails logistiques et mes parents font des projets de voyage et des rêves de toutes sortes.
Au moment de payer la facture pour quitter le restaurant et aller coucher la petite parce qu'il est déjà tard, Papa s'aperçoit que s'il se pensait riche quand il nous a invités, il n'avait pas assez d'argent sur lui et pas non plus sa carte de crédit. Pas grave, j'ai la mienne! Et je suis habituée d'être son homme de confiance...
Mes parents sont partis effectivement le lendemain matin pour Montréal où ils ont été reçus comme il se doit par les gens de Loto-Québec. Ils sont revenus à la maison quelques jours plus tard après avoir encaissé le chèque et vu quelques amis montréalais en passant. Papa prenait du mieux et retrouvait ses forces chaque jour davantage.
Le mois de décembre a passé beaucoup plus vite que le mois précédent qu'on avait trouvé si difficile et interminable. Tout ce qu'on a vu, on était rendus à Noël. Sous le sapin, cette année-là, il y avait une boîte pour chacun des enfants chez nous et nous sommes trois. Les trois boîtes étaient du même format et pesaient le même poids. Mes parents tenaient à ce qu'on les développe tous en même temps.
Deuxième petite parenthèse : Ma mère a toujours dit qu'avec une grosse can de tomates, on ne manquerait jamais de rien puisque ça pourrait toujours nous servir pour faire plusieurs recettes. Ma mère met des tomates dans tout, avec le poisson, avec la viande, avec le fromage, même un petit reste de macaroni devient un repas à condition d'y ajouter des tomates. Ma mère n'a jamais manqué de tomates en boîte et je pense qu'elle nous a inculqué ça.
Dans nos cadeaux de Noël cette année-là, on avait chacun une grosse boîte de tomates entières... avec un chèque de 1 000 $. Mes parents ont échangé leur gros motorisé pour un plus compact et plus moderne avec lequel ils sont partis faire un grand voyage en Alaska pour redescendre ensuite toute la côte ouest du Canada et des États-Unis, bifurquant vers le Nouveau-Mexique et la Louisiane où ils avaient des amis (entre autres les parents de Zachary Richard) et ils ont fini l'hiver en Floride!