mercredi 26 février 2014

Mon photographe


Le voilà, ce cher Crocodile Dundee, à l'âge de 3 ou 4 ans. Seul garçon de sa famille, vivant sur une grande ferme au Témiscamingue, il devait s'inventer un ami pour jouer aux cowboys et aux indiens. Il se souvient d'avoir été souvent observer les castors pendant des heures et des heures, même des journées entières, au bout de la terre chez lui. S'il disparaissait souvent, sa mère et ses grandes soeurs ne s'en inquiétaient pas outre mesure, elles savaient bien qu'il réapparaissait tout le temps avec ses 13 ou 14 chats qui le suivaient partout! 


Depuis le 12 février 2013, Crocodile Dundee est devenu photographe au lieu de chasseur et trappeur. Toujours aussi protecteur de la faune, de la flore et de l'environnement, quand il se promène en forêt boréale maintenant, il est toujours armé de son appareil photo. Ici, un coucher de soleil à contre jour qu'il trouvait beau. 


Il est bien fier de celle-ci : un lynx. Crocodile Dundee s'est servi de son zoom pour la première fois en prenant cette photo, à l'automne 2013. Il en a pris toute une série mais celle-ci est la plus claire. 


Un castor à l'ouvrage. Automne 2013.


Mais qu'est-ce qu'il fait là, ce pauvre volatile emplumé? Il n'a pas suivi les copains qui s'envolaient vers le Sud?


Chouette lapone, janvier 2014.


La même chouette lapone, d'un peu plus près. 

Mon photographe

Au sujet de Crocodile Dundee, l'histoire que sa mère aime tant raconter, c'est la fois où... 

Sur la ferme, les chats sont nombreux et vivent en toute liberté. La ferme familiale Dundee se spécialisait en production laitière, avec un bon troupeau de vaches Holstein très productives. C'était une ferme modèle, avec tout l'équipement moderne.  

Crocodile Dundee était le petit dernier de la famille. Plus tard, il a eu une petite soeur qui s'est ajoutée mais lorsqu'il avait 3 ans, ses amis étaient les 14 chats de la ferme qui le suivaient partout, sauf dans la maison. Il les transportait à l'aide de sa « waguine » rouge. C'était son véhicule personnel! 

Comme de raison, si jeune, Crocodile Dundee ne savait pas lire, ni écrire, ni compter mais il avait donné un nom à tous ses chats. Un jour, il arriva un accident à l'un d'eux, une vache l'a écrasé et on ne l'a pas laissé souffrir ainsi... On a mis fin à ses souffrances. Madame Dundee a dit à son mari qu'il faudrait trouver une explication à donner au « p'tit » avec ce qui venait de se passer mais Monsieur Dundee lui a répondu que le « p'tit » ne s'en rendrait pas compte qu'il lui en manquait un, parce qu'à ce compte-là, un de plus, un de moins... 

Rendu au soir, Crocodile Dundee reprenait le décompte de ses chats en les nommant tous chacun leur tour et en leur disant qu'il fallait rester dans la waguine jusqu'à temps qu'il ait fini. Sa mère le voyait faire par la fenêtre et en avait les larmes aux yeux. Il disait : « Il m'en manque un, M'man! »

Il ne voulait pas rentrer à la maison tant qu'il lui en manquait un. Il le cherchait. Il l'appelait. 

Ses parents ont été obligés de lui avouer que le chat manquant avait eu un accident et qu'il en était décédé. Crocodile Dundee a bien accepté la vérité. Il a arrêté de chercher. Il est allé porter les 13 chats avec sa waguine dans l'étable jusqu'au lendemain matin. 

Sa mère a 92 ans et elle conte encore cette anecdote en la revivant à chaque fois. Pauvre minou, qu'elle dit, et je ne crois pas qu'elle parle du chat manquant. 

dimanche 9 février 2014

Faire du neuf avec du vieux


Voici « l'oeuvre » une fois restaurée avec le temps et la patience! J'aurais dû prendre une photo du textile tout sale et délabré au moment où je l'ai eu entre les mains, début décembre dernier... On dirait que j'aime les causes désespérées!!! Non mais c'est vrai, quand on réussit, on est fier de soi. Si l'on ne réussit pas, on appelle cela une expérience non concluante et on se dit qu'on n'avait rien à perdre alors on n'a rien perdu! 


L'étiquette qui ne tenait qu'à un fil avait attiré l'attention de Crocodile Dundee... et la mienne. Je ne saurais apposer une date sur la confection originale de cette pièce de vêtement fait pour le Grand Nord mais il y a longtemps que les Eskimos s'appellent des Inuits. 


En refaisant le capuchon, j'ai eu l'idée de broder une petite fantaisie de x pour en souligner le contour, y ajouter un pompon et un fil crocheté de ma fabrication. Comme j'avais déjà dans mon armoire à bricolage une petite balle de fil de coton de couleur rouge, je n'ai eu qu'à acheter un petit emballage de fil à broder à 45 sous. 


Une fois les coutures faites à la main à la presque grandeur du vêtement, les broderies et décorations (sobres) terminées, on voyait les dessous de mon ouvrage sur le capuchon alors j'ai pris un morceau de biais que j'ai cousu à la main sur l'envers. 


Crocodile Dundee « étrenne » son cadeau de Noël, le 27 décembre dernier, au camp Fra-Gilles. 

Faire du neuf avec du vieux 

C'est une petite histoire toute simple de bricolage mais les petites choses toutes simples qu'on réalise avec le temps et la patience nous amènent parfois à comprendre une foule de choses plus grandes et plus complexes. De toute manière, chaque fois qu'on prend le temps et qu'on travaille de nos mains, notre cerveau détendu (et le mien a tellement besoin de se détendre!...) réalise du même coup des réflexions et des conclusions qui nous font du bien et nous rendent un peu plus zen. 

En décembre dernier, Crocodile Dundee avait été travailler pour donner un coup de main à notre beau-frère, au nouveau camp qu'il venait de s'acheter, à Rapide Deux. Comme toute la transaction avait été négociée par lui, à Ste-Anne des Lacs, avec les vendeurs de Drummondville, on savait que ce territoire giboyeux n'offrait pas grand chose.... à part un territoire giboyeux! Situé pas très loin de notre camp Fra-Gilles, (le terme pas très loin est ici plutôt relatif) ce camp nouvellement acquis par notre beau-frère s'avère difficilement accessible parce que très loin en forêt pour la plupart du monde mais pas pour Crocodile Dundee, qui ne demande pas mieux que d'aller explorer. C'était aussi l'occasion d'aller prendre des photos pour le beau-frère et tant qu'à être là, il en avait profité pour déblayer le plus gros, brûler de la cochonnerie en faisant un grand ménage du camp et du hangar dont l'entretien avait été négligé depuis plusieurs années. 

En tombant sur cette pièce de vêtement qui avait plutôt l'air d'une vieille couverture déchirée et décousue, il l'avait presque jetée dans le feu mais à la dernière minute, voyant ces ours polaires de couleur brodés, il avait eu le réflexe de regarder de plus près et il avait vu cette étiquette en tissu qui ne tenait qu'à un fil et qui venait donner de la valeur à «  la chose ». Il avait décidé de se la mettre sur le dos pour l'essayer, par-dessus ses vêtements d'hiver. Il ne l'avait plus enlevée de la journée, tellement c'était chaud et confortable. Ce vêtement était fait pour les conditions nordiques, à n'en pas douter. 

Crocodile Dundee avait ramené à la maison sa trouvaille. J'étais sous le charme. Tant d'authenticité et peut-être tant d'histoire aussi. Sûrement que l'un des vendeurs du camp avait déjà séjourné ou habité dans le Grand Nord, sinon comment aurait-il mis la main sur un tel vêtement? 

C'est alors que j'ai eu l'idée de « m'attaquer » à cette canadienne en laine véritable pour la lui offrir, toute rajeunie et revampée, en guise de cadeau de Noël. J'en ai passé des heures, en cachette, à nettoyer, faire tremper, essorer, faire sécher à plat sur un vieux couvre-lit en chenille plié en quatre, avant de me lancer à recoudre à la main le haut et le bas, à gauche et à droite de la fermeture-éclair, encore solide. Je découvrais avec joie que les ours polaires rouges et noirs étaient restés intacts, je n'avais rien à y faire. Je me suis attaquée ensuite aux manches à recoudre et solidifier le tissu à certains endroits,  refaire l'ourlet du rebord avec du fil blanc-beige qui pouvait se marier avec le reste. Parce qu'il faut dire que le blanc de cette laine bouillie (c'est comme ça que ma mère appelle ça), même après avoir été lavé plusieurs fois, restait pas mal jauni, ce qui témoignait de l'âge et de l'usure de la canadienne venue du Nord. 

J'ai gardé le capuchon pour la fin, c'était là où il y avait le plus de travail à faire. Mais rendue là, j'étais encouragée de voir le cadeau de Noël prendre forme à mesure que j'avançais dans mes travaux. J'ai adoré chercher sur Internet et auprès de mon entourage des trucs en tout genre pour nettoyer, essorer, trouver du fil à broder de la bonne couleur, (il y a tellement de sortes de rouge!...) agencer une vieille balle de fil de coton, réapprendre à faire un pompon bien fourni, ressortir mes crochets, aiguilles et fils de toutes les couleurs, pour en quelque sorte, comme on dit, faire du neuf avec du vieux! 

Le cadeau de Noël de Crocodile Dundee cette année m'aura coûté 45 sous et ce sont les 45 sous les mieux investis de mon année 2013, ma première année de retraite... sans fonds de pension!