mercredi 21 novembre 2012

On a été heureux ici


Nous sommes arrivés ici le 25 octobre 1991. Peu de temps après, Isabelle y célébrait son 5e anniversaire avec tous ses nouveaux amis de la presqu'île. L'été suivant, on avait fait ensemble un petit jardin. 


Au même endroit, l'été dernier, c'est la petite Félixe qui passe de bons moments. L'ancien petit patio est devenu la base de la maisonnette où l'on range les vestes de sauvetage et les trucs nautiques. Plus question de faire un jardin là, on a planté des arbres qui ont beaucoup grandi... Ce serait contre nos valeurs d'acheter un mini VTT pour la petite mais Crocodile Dundee l'a eu gratuitement parce qu'il n'avait pas de moteur alors c'est lui qui fait le moteur! 


On a vécu ici une vie toute en couleurs. Il n'y a jamais un lever de soleil pareil à celui de la veille mais tous sont merveilleux. 


Toutes les saisons avaient leur charme. Comment ne pas aimer l'hiver?


Il y en a eu des parties de hockey sur le lac devant chez nous...


... et des partys de garage après... et des partys de bunker (le sous-sol du garage) et des partys de la ligue du vieux poêle... autour du poêle à bois de la cuisine! 


On attendait souvent de la visite... et la visite venait...


Pour Noël, le Jour de l'An, Pâques, la Fête des Mères, des Pères...


Pour des anniversaires...


Des soupers de Gaulois sur le patio d'en bas...


Ou sur le patio d'en haut...


Même dans le stationnement pour la Fête des Voisins.


Chez nous, c'était beaucoup dehors


Hiver, printemps, été, automne, on a beaucoup vécu dehors


J'ai aimé voir grandir les arbres qu'on a plantés, les fleurs qui se sont établies.


On a souvent veillé au feu, chanté plein de chansons, fait de la bannique, rôti du pain de ménage, du poisson frais pêché, griller des guimauves et même des brochettes de guimauves!


Dans notre maison-aquarium, la lumière entre de partout, on a toujours dit que le lac « y est dans'maison ». Même dans notre chambre à coucher, ça prend parfois des lunettes de soleil! On se penserait dans un bateau, ce qui n'a rien pour me déplaire...


Et je vous écris ça de mon bureau... Oui oui, mon bureau que je ferme le 31 décembre prochain!

On a été heureux ici 

Quand on l'écrit, ça devient plus vrai on dirait...

Vous savez déjà que je ferme mon bureau le 31 décembre prochain et que je tourne une page très importante du grand livre de ma vie. Crocodile Dundee changera de rythme lui aussi. Ah je ne sais pas par où commencer...

Vient un moment où... C'est sûr qu'on a toujours le choix... C'est une question de priorité et d'où on est rendu dans nos besoins et nos envies... Pour Crocodile Dundee et moi, depuis quelques années, on a  l'impression de ramer à contre-courant avec un vent de face.

Cette maison, en fait plutôt cet environnement dans lequel nous avons vécu le plus beau de notre vie de famille, on aurait pu continuer de l'habiter longtemps encore et travailler comme des forcenés pour la faire vivre.

Mais ramer à contre-courant avec un vent de face, ça épuise. On s'est mis à rêver de liberté. De plus en plus. D'abord, lui. Ensuite, moi. Ensuite, lui et moi. Ensemble. On s'était dit que le jour où l'on trouverait la petite maison idéale pour nous deux, on saurait décider de ce qui nous convenait pour la suite.

Notre maison n'était pas au-dessus de moyens au départ. Mais on l'a agrandie, on y a construit un garage à deux étages, selon la géographie du terrain, on a fait du terrassement, de l'asphalte sur le stationnement, rajeuni des fenêtres, des portes patio, des armoires, refait le toit, posé du bois franc, de la céramique, un poêle à bois dans la cuisine, finalement on l'a toute refaite avec les années, sans parler de l'entretien des patios, du quai, de l'aménagement paysager, etc. Bref, elle est devenue ce qu'elle est maintenant et la presqu'île a changé énormément, il n'y a plus d'enfants ici, ils ont grandi et sont partis faire leur vie mais il y a maintenant au moins trois millionnaires et on ne fait pas partie des trois!

En 2012, à mesure qu'on aspirait à une retraite ou un changement de rythme, on visitait des maisons de temps en temps dans le quartier qui nous intéresse. En ville. À Rouyn-Noranda je veux dire. Pas besoin de vous mentionner que s'il y avait eu des terrains disponibles sur le bord du lac Dufault, on se serait construit. Si le prix des maisons a tellement augmenté ici, c'est justement parce qu'il n'y en a pas à vendre et qu'il n'y en aura plus jamais.

Cette maison était donc notre fond de pension... Vous savez, celui qu'on n'a pas là?

Cet automne, nous avons trouvé la petite maison toute coquette qui nous convient dans le quartier qu'on voulait et à un prix qui fait notre affaire. Pas trop petite, pas trop grande, avec un garage, une maison qui a fait ses preuves, avec des arbres matures et quelques charmes qui ne manquent pas de nous séduire, à une rue de notre première maison qu'on avait achetée quand on avait 22 et 23 ans, à quelques rues de la maison de nos enfants. Nous avons signé l'offre d'achat le 4 novembre dernier et nous en deviendrons propriétaires le 14 décembre prochain. On s'est rendus à la date des vendeurs mais ils se sont rendus à notre prix d'acheteurs.

Au cours de l'année 2013, nous allons partir d'ici. C'est à ce prix-là qu'on accède à une retraite. C'était devenu notre priorité et notre besoin le plus essentiel. La liberté a un prix et nous étions prêts à le payer. Coûte que coûte.

Nous allons procéder dans l'ordre. Rien ne presse, nous avons prévu 6 mois de transition. Et ça le prendra, quand bien même ce ne serait que pour faire notre deuil. Dans un premier temps, nous allons passer les fêtes ici, recevoir notre monde, jouer au hockey sur le lac une dernière fois, fermer mon entreprise, enclencher les petits travaux à la nouvelle maison avant de s'y installer et surtout terminer les petits travaux à faire ici pour que notre maison soit à son meilleur quand viendra le moment.

Deuxièmement, nous allons donner le mandat à un évaluateur agréé de déterminer la valeur marchande de notre propriété. On se doute un peu de sa valeur mais quand c'est un professionnel qui signe le rapport, ça devient du sérieux.

Troisièmement, nous allons confier la vente de notre maison à un agent immobilier. Nous nous sentons incapables de la faire visiter à qui que ce soit et encore moins d'en marchander sa valeur au prix du marché. On ne veut pas leur voir la face ni leur parler au téléphone. C'est de même. Parce que la première personne qui dirait du mal de cette maison pour faire baisser son prix (il y a encore du monde qui négocient en imbéciles, vous seriez surpris!...) on aurait le goût de le sortir dehors à pleine face dans le banc de neige. Les agents immobiliers, ce sont des services professionnels qui se paient et là encore, on est prêts à en payer le prix.

Quand toutes ces étapes seront complétées avec succès, on partira sans regarder en arrière et sans regrets, on est rendus à regarder en avant. Pour tout vous dire, je suis (et Crocodile Dundee aussi) dans un processus de deuil intensif depuis quelques mois. Et ça se passe bien. C'est pas le Nirvana mais ça évolue dans le bon sens. Faut juste pas trop y penser... Ça adonne bien, j'ai pas trop le temps de penser.

Je suis du genre à ne jamais rien regretter de ce qui est passé quand je sens que l'époque est révolue. Je prends la décision que je crois la meilleure au moment où ça se passe avec les éléments d'analyse que j'ai en mains. Après, je fonce et je m'applique à trouver les bons côtés à ce qui m'arrive, à trouver ce que je gagne et non ce que je perds. Ma chance, c'est que Crocodile Dundee et moi, même si nous sommes très différents l'un de l'autre, on a les mêmes valeurs, les mêmes espoirs et les mêmes rêves de liberté, on fait une équipe et on s'entraide énormément. Et puis, on s'aime. Très fort. Qu'est-ce qu'on en a traversé ensemble, des épreuves et des coups du destin. N'est-ce pas le plus important?

Oui, on a été heureux ici, je ne pourrai jamais en douter une seconde et lui non plus. Mais notre bonheur prendra un autre visage, se vivra dans un autre environnement. On a la santé... encore pas pire... On a nos enfants, nos familles, nos mamans, nos amis(es), nos camps à Rapide Deux où l'on pourra toujours se réfugier et encore pas mal de moments heureux à vivre ensemble en avant de nous autres.


jeudi 8 novembre 2012

40 ans... et 6 mois









Photo 1 : J'allais bientôt avoir 15 ans et je commençais tout juste « ma carrière » sur le marché du travail. Je n'ai pas de photo de mes premiers emplois, parce que je n'avais pas d'appareil photo! En secondaire 3, je débarquais de l'autobus scolaire à 15 h 45, je courais chez Noranda Bakery pour y travailler de 16 heures à  18 heures et ensuite, je courais chez Lou's Tobacco Shop à deux rues de là, pour y prendre mon quart de travail, de 18 heures jusqu'à 21 heures. La fin de semaine, je travaillais de midi à 18 heures. J'ai beaucoup aimé mon travail chez Lou's Tobacco Shop. Mais disons que je ne consacrais pas beaucoup d'heures à mes études... 

Photo 2 : J'ai 19 ans et déjà quelques années d'expérience sur le marché du travail. Au bureau de courtiers en assurances générales où je travaillais, j'étais responsable des réclamations, et j'avais développé une expertise en assurance habitation. Si un client m'a prise en photo ce jour-là, c'est que je lui avais fait un bon prix pour couvrir les risques et les dommages à son équipement professionnel... de photographe! C'est pas croyable, on fumait dans les bureaux dans ce temps-là... 

Photo 3 : J'avais la mi-vingtaine et à la Sûreté du Québec, au bureau des enquêtes criminelles, j'étais une employée civile très polyvalente. Si vous saviez... Dans mon dossier personnel aux ressources humaines, ils avaient besoin d'une photo de moi pour compléter leur rapport d'enquête avant de m'embaucher. Ce sont les gars du SIJ (Service d'identité judiciaire) qui se sont chargés de me prendre en photo. Ils étaient beaucoup plus habitués aux scènes de crime et aux photos de face et de profil avec un numéro dans les mains! 

Photo 4 : Un retour aux études à l'UQAT en 1985-86-87 m'a permis de sortir de 10 ans de secrétariat intensif... Ensuite j'ai fait de l'animation. Ici, je co-animais avec Marc le Gala Excellence. On faisait une super équipe! J'ai toujours aimé co-animer, c'est plus délicat, ça demande une grande complicité, une confiance réciproque, une bonne préparation et plus d'écoute mais c'est tellement plus facile aussi parce qu'on a une interaction constante et qu'on partage la responsabilité. 

Photo 5 : J'ai souvent animé des groupes de travail, prélude à plusieurs boulots en coordination que j'ai eus par la suite. Bien humblement, après plus de 40 ans sur le marché du travail, je peux affirmer sans aucun doute que j'ai toujours été une fille d'équipe. 

Photo 6 : De 1993 à 1996, j'étais écrivain public... Le plus beau métier du monde... mais pas payant! 

Photo 7 : Coordonnatrice au Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue. J'étais au début de la quarantaine. 

Photo 8 : Consultante en communication depuis janvier 2005, je ferme mon bureau le 31 décembre prochain. 

40 ans... et 6 mois 

Ça fait spécial de se voir vieillir à l'écran! 

Si à l'approche de la mort, on voit dérouler le fil de sa vie, moi, à l'approche de la fin de mes années sur le marché du travail, je vis un peu la même chose. J'ai tellement occupé différents emplois dans toutes sortes de conditions que « ma carrière » se résumerait avec l'expression de mon père, « 56 métiers, 56 misères ». 

Tour à tour, j'ai eu le statut d'étudiante, stagiaire, contractuelle, surnuméraire, pigiste, employée temporaire, permanente, syndiquée, non syndiquable, fonctionnaire, travailleuse autonome, responsable de tout et maître de rien du tout!

Ah oui, c'est vrai, j'ai déjà été chômeuse mais pas longtemps, pas souvent, entre deux contrats, quand je n'étais pas travailleuse autonome. 

Et puis j'ai travaillé dans l'entreprise familiale aussi. D'ailleurs, toute la famille chez nous y a travaillé, à différentes époques, c'était la fierté de nos parents de compter dans leur personnel leurs enfants... et de les pousser vers autre chose! Cela nous motivait à se trouver du boulot plus à notre goût, mais ça nous dépannait pendant nos études ou entre deux jobs! Ce sont de beaux souvenirs pour toute la famille, on en rit encore des années plus tard et l'entreprise familiale a été très formatrice pour nous autres. Disons qu'on est devenus systématiquement très « service à la clientèle ». 

Je ne suis pas fâchée ni triste de quitter ce monde du travail dans moins de deux mois. Je ne regrette rien. Ma décision s'est imposée d'elle-même, elle est irrévocable et mûrement réfléchie. J'ajouterais même que c'est très pénible pour moi de me rendre jusqu'au 31 décembre prochain. Est-ce vraiment un choix? Non pas tant que ça mais je l'assumerai quand même et je suis prête à en payer le prix, quel qu'il soit. Je fais tous les pas dans cette direction actuellement. 

Quel a été mon boulot préféré entre tous? Écrivain public. Mais j'ai aimé aussi plusieurs ambiances de travail, de beaux groupes de collègues et je chéris encore aujourd'hui des liens d'amitié avec plusieurs personnes connues dans le cadre du travail. 

Quel a été le job que j'ai occupé le plus longtemps? Mon job actuel : consultante en communication = 8 ans. 

Mon boulot le plus payant? J'ai beau chercher, je pense qu'il n'y en a pas eus! Ah oui, c'est vrai, j'ai travaillé à Hydro-Québec, en 1984. Secrétaire de direction pour un bonhomme imbu de lui-même qui me harcelait sexuellement. J'étais permanente, syndiquée, j'aurais pu me retrousser les manches, me battre, me défendre, mais je n'ai pas voulu faire de vague (j'y aurais laissé ma peau) j'ai quitté cet emploi pour effectuer un retour aux études... et j'ai connu des problèmes de santé quelques mois. Qui se sont résorbés, est-il besoin de le mentionner! J'ai décidé d'oublier l'incident qui m'a servi, en fin de compte, à réorienter la suite de ma vie professionnelle. 

Là où je me suis sentie le plus « à ma place »? Quand j'ai donné des formations de porte-parole à des gestionnaires d'un réseau. J'aurais fait ça toute ma vie si j'avais pu. 

Je n'ai pas fini de faire des bilans, je continuerai d'en faire probablement au cours de l'année prochaine mais je retrouverai une certaine insouciance et une plus grande liberté. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai beaucoup donné et le meilleur de moi-même à mon travail, même si je n'ai jamais été carriériste. Me croirez-vous si je vous dis que je n'ai plus rien à donner? Pas dans le travail en tout cas. La source est tarie. Je ne pourrai pas m'asseoir sur mes lauriers et me bercer, n'ayez aucune crainte, je n'ai aucune difficulté à me sentir utile, il y a des gens comptent sur moi. Et puis j'ai d'autres projets qui nécessiteront que je m'y consacre avec toutes mes énergies. 


mardi 6 novembre 2012

26 ans
















Photo 1 : Été 1987, elle a 8 mois.

Photo 2 : Le matin de Noël 1990, à 4 ans, ce qu'elle voulait le plus, c'était « une cuisine ». Elle a tellement joué avec ça!

Photo 3 : Vacances d'été 1994, 8 ans. 

Photo 4 : Mars 1997, mes parents reviennent d'un long séjour dans le sud, c'est le « party des oranges », Isabelle a 10 ans. 

Photo 5 : Chaque été, il y avait une expédition de canot père-fille/père-fils. L'été de ses 13 ans, ils avaient fait une rivière du parc de La Vérendrye, l'une de celles qui croisent la rivière des Outaouais. 

Photo 6 : Juillet 2001. Mes parents célébraient 50 ans de mariage. L'un des beaux moments de notre vie de famille. Isabelle a 14 ans. 

Photo 7 : Ses années d'adolescence... Bien sûr, elle se cherche un peu mais nous avons toujours été proches l'une de l'autre. 

Photo 8 : Barcelone, avec Sophie, son amie de toujours. À la fin du Cégep, avant l'université, elles avaient fait un voyage « sac à dos » en Europe, pendant 5 semaines. 

Photo 9 : Été 2006, lors d'un voyage en Gaspésie, elle participe à l'événement Petite Vallée, qui n'est pas un concours mais une rencontre de la relève des auteurs-compositeurs-interprètes et musiciens. Elle a 20 ans. 

Photo 10 : Elle a rencontré le grand amour à l'été 2007. Quelques mois plus tard, en fait le jour de ses 21 ans, lors d'un voyage éclair à Las Vegas, Isabelle et Dominic officialisent leur union. 

Photo 11 : Noël 2007. Les jeunes mariés sont attablés avec la famille, c'était à l'Auberge Harricana, près de Val-d'Or. 

Photo 12 : Le 14 janvier 2009, à 22 ans, elle devient maman... et Dominic, papa. 

Photo 13 : C'était ma fête, le 7 juillet dernier, et elles m'ont chanté bonne fête. C'est tout ce monde-là qui sont mes cadeaux, mes vrais cadeaux. Si Dominic n'est pas sur la photo, c'est qu'il était... comme toujours... derrière la caméra!

Photo 14 : Août 2012, au campe, je ressens un bonheur immense à voir ma fille être mère d'une manière qui m'enchante et m'émeveille. Elle a 25 ans. 

Photo 15 : Août 2012, au campe, au milieu de la rivière, cette fois, c'est moi qui prend la photo et je me souviens d'avoir pensé à ce moment-là que j'avais tout dans la vie. 

26 ans

Le 6 novembre 1986, à 22 h 19, ma vie a changé à tout jamais, elle a pris les couleurs de l'arc-en-ciel et la lumière du soleil. 

Il y a des histoires qui se racontent difficilement tellement elles sont sources de bonheur et d'amour infini. Alors, il y a les photos, celles dont je me régale depuis le matin. 

C'est sa fête à elle mais c'est un grand jour pour moi... depuis 26 ans.