Nous sommes arrivés ici le 25 octobre 1991. Peu de temps après, Isabelle y célébrait son 5e anniversaire avec tous ses nouveaux amis de la presqu'île. L'été suivant, on avait fait ensemble un petit jardin.
Au même endroit, l'été dernier, c'est la petite Félixe qui passe de bons moments. L'ancien petit patio est devenu la base de la maisonnette où l'on range les vestes de sauvetage et les trucs nautiques. Plus question de faire un jardin là, on a planté des arbres qui ont beaucoup grandi... Ce serait contre nos valeurs d'acheter un mini VTT pour la petite mais Crocodile Dundee l'a eu gratuitement parce qu'il n'avait pas de moteur alors c'est lui qui fait le moteur!
On a vécu ici une vie toute en couleurs. Il n'y a jamais un lever de soleil pareil à celui de la veille mais tous sont merveilleux.
Toutes les saisons avaient leur charme. Comment ne pas aimer l'hiver?
Il y en a eu des parties de hockey sur le lac devant chez nous...
... et des partys de garage après... et des partys de bunker (le sous-sol du garage) et des partys de la ligue du vieux poêle... autour du poêle à bois de la cuisine!
Pour des anniversaires...
Des soupers de Gaulois sur le patio d'en bas...
Ou sur le patio d'en haut...
Même dans le stationnement pour la Fête des Voisins.
Chez nous, c'était beaucoup dehors
Hiver, printemps, été, automne, on a beaucoup vécu dehors
J'ai aimé voir grandir les arbres qu'on a plantés, les fleurs qui se sont établies.
On a souvent veillé au feu, chanté plein de chansons, fait de la bannique, rôti du pain de ménage, du poisson frais pêché, griller des guimauves et même des brochettes de guimauves!
Dans notre maison-aquarium, la lumière entre de partout, on a toujours dit que le lac « y est dans'maison ». Même dans notre chambre à coucher, ça prend parfois des lunettes de soleil! On se penserait dans un bateau, ce qui n'a rien pour me déplaire...
Et je vous écris ça de mon bureau... Oui oui, mon bureau que je ferme le 31 décembre prochain!
On a été heureux ici
Quand on l'écrit, ça devient plus vrai on dirait...
Vous savez déjà que je ferme mon bureau le 31 décembre prochain et que je tourne une page très importante du grand livre de ma vie. Crocodile Dundee changera de rythme lui aussi. Ah je ne sais pas par où commencer...
Vient un moment où... C'est sûr qu'on a toujours le choix... C'est une question de priorité et d'où on est rendu dans nos besoins et nos envies... Pour Crocodile Dundee et moi, depuis quelques années, on a l'impression de ramer à contre-courant avec un vent de face.
Cette maison, en fait plutôt cet environnement dans lequel nous avons vécu le plus beau de notre vie de famille, on aurait pu continuer de l'habiter longtemps encore et travailler comme des forcenés pour la faire vivre.
Mais ramer à contre-courant avec un vent de face, ça épuise. On s'est mis à rêver de liberté. De plus en plus. D'abord, lui. Ensuite, moi. Ensuite, lui et moi. Ensemble. On s'était dit que le jour où l'on trouverait la petite maison idéale pour nous deux, on saurait décider de ce qui nous convenait pour la suite.
Notre maison n'était pas au-dessus de moyens au départ. Mais on l'a agrandie, on y a construit un garage à deux étages, selon la géographie du terrain, on a fait du terrassement, de l'asphalte sur le stationnement, rajeuni des fenêtres, des portes patio, des armoires, refait le toit, posé du bois franc, de la céramique, un poêle à bois dans la cuisine, finalement on l'a toute refaite avec les années, sans parler de l'entretien des patios, du quai, de l'aménagement paysager, etc. Bref, elle est devenue ce qu'elle est maintenant et la presqu'île a changé énormément, il n'y a plus d'enfants ici, ils ont grandi et sont partis faire leur vie mais il y a maintenant au moins trois millionnaires et on ne fait pas partie des trois!
En 2012, à mesure qu'on aspirait à une retraite ou un changement de rythme, on visitait des maisons de temps en temps dans le quartier qui nous intéresse. En ville. À Rouyn-Noranda je veux dire. Pas besoin de vous mentionner que s'il y avait eu des terrains disponibles sur le bord du lac Dufault, on se serait construit. Si le prix des maisons a tellement augmenté ici, c'est justement parce qu'il n'y en a pas à vendre et qu'il n'y en aura plus jamais.
Cette maison était donc notre fond de pension... Vous savez, celui qu'on n'a pas là?
Cet automne, nous avons trouvé la petite maison toute coquette qui nous convient dans le quartier qu'on voulait et à un prix qui fait notre affaire. Pas trop petite, pas trop grande, avec un garage, une maison qui a fait ses preuves, avec des arbres matures et quelques charmes qui ne manquent pas de nous séduire, à une rue de notre première maison qu'on avait achetée quand on avait 22 et 23 ans, à quelques rues de la maison de nos enfants. Nous avons signé l'offre d'achat le 4 novembre dernier et nous en deviendrons propriétaires le 14 décembre prochain. On s'est rendus à la date des vendeurs mais ils se sont rendus à notre prix d'acheteurs.
Au cours de l'année 2013, nous allons partir d'ici. C'est à ce prix-là qu'on accède à une retraite. C'était devenu notre priorité et notre besoin le plus essentiel. La liberté a un prix et nous étions prêts à le payer. Coûte que coûte.
Nous allons procéder dans l'ordre. Rien ne presse, nous avons prévu 6 mois de transition. Et ça le prendra, quand bien même ce ne serait que pour faire notre deuil. Dans un premier temps, nous allons passer les fêtes ici, recevoir notre monde, jouer au hockey sur le lac une dernière fois, fermer mon entreprise, enclencher les petits travaux à la nouvelle maison avant de s'y installer et surtout terminer les petits travaux à faire ici pour que notre maison soit à son meilleur quand viendra le moment.
Deuxièmement, nous allons donner le mandat à un évaluateur agréé de déterminer la valeur marchande de notre propriété. On se doute un peu de sa valeur mais quand c'est un professionnel qui signe le rapport, ça devient du sérieux.
Troisièmement, nous allons confier la vente de notre maison à un agent immobilier. Nous nous sentons incapables de la faire visiter à qui que ce soit et encore moins d'en marchander sa valeur au prix du marché. On ne veut pas leur voir la face ni leur parler au téléphone. C'est de même. Parce que la première personne qui dirait du mal de cette maison pour faire baisser son prix (il y a encore du monde qui négocient en imbéciles, vous seriez surpris!...) on aurait le goût de le sortir dehors à pleine face dans le banc de neige. Les agents immobiliers, ce sont des services professionnels qui se paient et là encore, on est prêts à en payer le prix.
Quand toutes ces étapes seront complétées avec succès, on partira sans regarder en arrière et sans regrets, on est rendus à regarder en avant. Pour tout vous dire, je suis (et Crocodile Dundee aussi) dans un processus de deuil intensif depuis quelques mois. Et ça se passe bien. C'est pas le Nirvana mais ça évolue dans le bon sens. Faut juste pas trop y penser... Ça adonne bien, j'ai pas trop le temps de penser.
Je suis du genre à ne jamais rien regretter de ce qui est passé quand je sens que l'époque est révolue. Je prends la décision que je crois la meilleure au moment où ça se passe avec les éléments d'analyse que j'ai en mains. Après, je fonce et je m'applique à trouver les bons côtés à ce qui m'arrive, à trouver ce que je gagne et non ce que je perds. Ma chance, c'est que Crocodile Dundee et moi, même si nous sommes très différents l'un de l'autre, on a les mêmes valeurs, les mêmes espoirs et les mêmes rêves de liberté, on fait une équipe et on s'entraide énormément. Et puis, on s'aime. Très fort. Qu'est-ce qu'on en a traversé ensemble, des épreuves et des coups du destin. N'est-ce pas le plus important?
Oui, on a été heureux ici, je ne pourrai jamais en douter une seconde et lui non plus. Mais notre bonheur prendra un autre visage, se vivra dans un autre environnement. On a la santé... encore pas pire... On a nos enfants, nos familles, nos mamans, nos amis(es), nos camps à Rapide Deux où l'on pourra toujours se réfugier et encore pas mal de moments heureux à vivre ensemble en avant de nous autres.
Des soupers de Gaulois sur le patio d'en bas...
Ou sur le patio d'en haut...
Même dans le stationnement pour la Fête des Voisins.
Chez nous, c'était beaucoup dehors
Hiver, printemps, été, automne, on a beaucoup vécu dehors
J'ai aimé voir grandir les arbres qu'on a plantés, les fleurs qui se sont établies.
On a souvent veillé au feu, chanté plein de chansons, fait de la bannique, rôti du pain de ménage, du poisson frais pêché, griller des guimauves et même des brochettes de guimauves!
Dans notre maison-aquarium, la lumière entre de partout, on a toujours dit que le lac « y est dans'maison ». Même dans notre chambre à coucher, ça prend parfois des lunettes de soleil! On se penserait dans un bateau, ce qui n'a rien pour me déplaire...
Et je vous écris ça de mon bureau... Oui oui, mon bureau que je ferme le 31 décembre prochain!
On a été heureux ici
Quand on l'écrit, ça devient plus vrai on dirait...
Vous savez déjà que je ferme mon bureau le 31 décembre prochain et que je tourne une page très importante du grand livre de ma vie. Crocodile Dundee changera de rythme lui aussi. Ah je ne sais pas par où commencer...
Vient un moment où... C'est sûr qu'on a toujours le choix... C'est une question de priorité et d'où on est rendu dans nos besoins et nos envies... Pour Crocodile Dundee et moi, depuis quelques années, on a l'impression de ramer à contre-courant avec un vent de face.
Cette maison, en fait plutôt cet environnement dans lequel nous avons vécu le plus beau de notre vie de famille, on aurait pu continuer de l'habiter longtemps encore et travailler comme des forcenés pour la faire vivre.
Mais ramer à contre-courant avec un vent de face, ça épuise. On s'est mis à rêver de liberté. De plus en plus. D'abord, lui. Ensuite, moi. Ensuite, lui et moi. Ensemble. On s'était dit que le jour où l'on trouverait la petite maison idéale pour nous deux, on saurait décider de ce qui nous convenait pour la suite.
Notre maison n'était pas au-dessus de moyens au départ. Mais on l'a agrandie, on y a construit un garage à deux étages, selon la géographie du terrain, on a fait du terrassement, de l'asphalte sur le stationnement, rajeuni des fenêtres, des portes patio, des armoires, refait le toit, posé du bois franc, de la céramique, un poêle à bois dans la cuisine, finalement on l'a toute refaite avec les années, sans parler de l'entretien des patios, du quai, de l'aménagement paysager, etc. Bref, elle est devenue ce qu'elle est maintenant et la presqu'île a changé énormément, il n'y a plus d'enfants ici, ils ont grandi et sont partis faire leur vie mais il y a maintenant au moins trois millionnaires et on ne fait pas partie des trois!
En 2012, à mesure qu'on aspirait à une retraite ou un changement de rythme, on visitait des maisons de temps en temps dans le quartier qui nous intéresse. En ville. À Rouyn-Noranda je veux dire. Pas besoin de vous mentionner que s'il y avait eu des terrains disponibles sur le bord du lac Dufault, on se serait construit. Si le prix des maisons a tellement augmenté ici, c'est justement parce qu'il n'y en a pas à vendre et qu'il n'y en aura plus jamais.
Cette maison était donc notre fond de pension... Vous savez, celui qu'on n'a pas là?
Cet automne, nous avons trouvé la petite maison toute coquette qui nous convient dans le quartier qu'on voulait et à un prix qui fait notre affaire. Pas trop petite, pas trop grande, avec un garage, une maison qui a fait ses preuves, avec des arbres matures et quelques charmes qui ne manquent pas de nous séduire, à une rue de notre première maison qu'on avait achetée quand on avait 22 et 23 ans, à quelques rues de la maison de nos enfants. Nous avons signé l'offre d'achat le 4 novembre dernier et nous en deviendrons propriétaires le 14 décembre prochain. On s'est rendus à la date des vendeurs mais ils se sont rendus à notre prix d'acheteurs.
Au cours de l'année 2013, nous allons partir d'ici. C'est à ce prix-là qu'on accède à une retraite. C'était devenu notre priorité et notre besoin le plus essentiel. La liberté a un prix et nous étions prêts à le payer. Coûte que coûte.
Nous allons procéder dans l'ordre. Rien ne presse, nous avons prévu 6 mois de transition. Et ça le prendra, quand bien même ce ne serait que pour faire notre deuil. Dans un premier temps, nous allons passer les fêtes ici, recevoir notre monde, jouer au hockey sur le lac une dernière fois, fermer mon entreprise, enclencher les petits travaux à la nouvelle maison avant de s'y installer et surtout terminer les petits travaux à faire ici pour que notre maison soit à son meilleur quand viendra le moment.
Deuxièmement, nous allons donner le mandat à un évaluateur agréé de déterminer la valeur marchande de notre propriété. On se doute un peu de sa valeur mais quand c'est un professionnel qui signe le rapport, ça devient du sérieux.
Troisièmement, nous allons confier la vente de notre maison à un agent immobilier. Nous nous sentons incapables de la faire visiter à qui que ce soit et encore moins d'en marchander sa valeur au prix du marché. On ne veut pas leur voir la face ni leur parler au téléphone. C'est de même. Parce que la première personne qui dirait du mal de cette maison pour faire baisser son prix (il y a encore du monde qui négocient en imbéciles, vous seriez surpris!...) on aurait le goût de le sortir dehors à pleine face dans le banc de neige. Les agents immobiliers, ce sont des services professionnels qui se paient et là encore, on est prêts à en payer le prix.
Quand toutes ces étapes seront complétées avec succès, on partira sans regarder en arrière et sans regrets, on est rendus à regarder en avant. Pour tout vous dire, je suis (et Crocodile Dundee aussi) dans un processus de deuil intensif depuis quelques mois. Et ça se passe bien. C'est pas le Nirvana mais ça évolue dans le bon sens. Faut juste pas trop y penser... Ça adonne bien, j'ai pas trop le temps de penser.
Je suis du genre à ne jamais rien regretter de ce qui est passé quand je sens que l'époque est révolue. Je prends la décision que je crois la meilleure au moment où ça se passe avec les éléments d'analyse que j'ai en mains. Après, je fonce et je m'applique à trouver les bons côtés à ce qui m'arrive, à trouver ce que je gagne et non ce que je perds. Ma chance, c'est que Crocodile Dundee et moi, même si nous sommes très différents l'un de l'autre, on a les mêmes valeurs, les mêmes espoirs et les mêmes rêves de liberté, on fait une équipe et on s'entraide énormément. Et puis, on s'aime. Très fort. Qu'est-ce qu'on en a traversé ensemble, des épreuves et des coups du destin. N'est-ce pas le plus important?
Oui, on a été heureux ici, je ne pourrai jamais en douter une seconde et lui non plus. Mais notre bonheur prendra un autre visage, se vivra dans un autre environnement. On a la santé... encore pas pire... On a nos enfants, nos familles, nos mamans, nos amis(es), nos camps à Rapide Deux où l'on pourra toujours se réfugier et encore pas mal de moments heureux à vivre ensemble en avant de nous autres.