Au Canada, cette semaine, nos médias et nos conversations ont beaucoup tourné autour de cette nouvelle réalité : la légalisation du cannabis. Depuis le temps qu'on en entendait parler, notre gouvernement fédéral a jugé bon qu'il fallait respecter la promesse qu'il avait faite lors de sa campagne électorale qui l'a porté au pouvoir, et surtout, parce qu'il est déjà en campagne électorale pour espérer se faire réélire l'an prochain.
Mais moi, je m'intéresse plus à l'impact social, humain, sociologique qu'à l'analyse politique de cette nouvelle réalité et je ne peux m'empêcher de me demander si cet amendement légal méritait tellement d'être…
UNE PRIORITÉ?
Pour être honnête, ce n'est pas aux gens de mon âge que je pense le plus quant à l'application de cette nouvelle loi mais plutôt aux générations des plus jeunes qui vivront avec ces substances à l'avenir.
Le pot médical était déjà accessible dans notre société et j'imagine que ceux et celles qui étaient aux prises avec des ennuis de santé auxquels le pot pouvait remédier en tout ou en partie devaient bien savoir où se procurer le remède qui leur apportait un peu de confort ou de réconfort.
En prenant un peu de recul pour considérer la chose en essayant de ne pas avoir de parti pris, mon premier réflexe a été de me demander si nos jeunes allaient encourir plus ou moins de risques maintenant qu'ils vont pouvoir se procurer légalement cette substance dans un magasin autorisé. Oui, je le sais, pas avant d'avoir 18 ans, c'est ce que la loi dit mais comme pour l'alcool ou la cigarette, ce sera très facile de faire faire ses commissions par les autres… qui ont des cartes d'identité démontrant un âge légal. (t'sais, j'ai déjà été ado!...)
D'un côté, il y a le soulagement de savoir que la substance achetée dans une boutique spécialisée aura des normes de qualité strictes et prévisibles mais d'un autre côté, on serait bien naïf de croire que le marché noir disparaîtra et qu'il n'y aura plus de cochonnerie qui circulera dans nos rues. (ben voyons donc, ont-ils vraiment légalisé le pot dans le but de nous protéger?... )
Je l'avoue, j'ai le vertige quand je pense que de fumer du pot trop jeune déclenche chez beaucoup d'individus des épisodes de psychose et les premiers symptômes d'une maladie mentale avec laquelle ils devront vivre et s'auto-médiquer dans la rue avec ce qu'ils y trouveront. (Et ça, je l'ai vu en masse autour de moi, il y a des gens à qui le pot ne convient pas du tout comme il y a des gens à qui l'alcool ne convient pas, c'est comme une forme d'allergie, je dirais)
On pourra me dire que l'alcool et le tabac sont des substances qui sont offertes aux plus de 18 ans dans notre société et que, pourtant, mal gérées ou mal utilisées, elles se sont révélées très nocives pour la santé, qu'elles ont fait augmenter les taux de criminalité, de violence, d'hospitalisation, de décès et qu'en ce sens, le pot ne sera pas pire… N'empêche que je me demande encore pourquoi c'était si pressant de légaliser le cannabis alors qu'on n'est visiblement pas encore prêts sociologiquement à en assumer toutes les conséquences qui en découleront. Et ce, à tous les niveaux.
J'en parlais avec un ami cette semaine et je lui demandais son avis, lui qui a travaillé toute sa vie auprès de la jeunesse. Il a fini sa carrière comme juge au Tribunal de la jeunesse d'ailleurs. Sa réponse, je me la suis appropriée tellement elle faisait mon affaire. Il m'a dit que légalement, on aurait pu commencer par décriminaliser le pot au lieu de le légaliser. Et ça, m'a-t-il dit, ça aurait fait toute la différence du monde au quotidien.
Décriminaliser le pot pendant quelques années d'abord, voir ce qui se passe dans notre société autour de cette nouvelle réalité, prendre le temps et ne rien bâcler pour organiser la prévention, les soins, les services, la commercialisation et empêcher surtout la banalisation (ça doit être correct, mes parents et mes grands-parents en fument et en mettent dans leurs muffins...) et dans un deuxième temps, disons un prochain mandat de 4 ans (!) procéder à la légalisation et la mise en marché.
Voilà où j'en suis dans mes réflexions. Et vous?
(Mes photos ont été prises lors d'une randonnée pédestre dans le parc d'Aiguebelle en septembre dernier).