Voici la seule photo que j'ai prise dans ma vie d'une aurore boréale. Oh elle n'est pas spectaculaire sur ma photo mais au moins j'en ai une! Je me souviens de ce soir-là, Isabelle jouait dehors avec ses deux cousins, Alexandre et Philippe. Nous assistions à un spectacle grandiose de lumières dansantes et volatiles allant du vert au jaune au blanc...
Si comme moi le phénomène vous intrigue, vous fascine et vous émerveille, il y a un photographe très talentueux originaire de Rouyn-Noranda, Mathieu Dupuis, qui voyage partout dans le monde pour en immortaliser toutes les beautés et les particularités. Il s'est rendu dernièrement à Salluit, dans le Nord du Québec, pour saisir des images spectaculaires et flamboyantes des aurores boréales. C'est ici :
http://www.journaldemontreal.com/2016/01/30/la-chasse-aux-aurores-boreales-a-salluit
MIEUX QUE DES FEUX D'ARTIFICE
On est en Abitibi-Témiscamingue, à 600 km au nord de Montréal. Ça fait drôle à dire mais on n'est pas au nord tant que ça. Salluit, ça par exemple, c'est le Nord! Et nous autres, on est très loin de Salluit.
Mais même si on n'est pas au nord tant que ça, on a plus de chance d'assister au spectacle des aurores boréales ici qu'au sud. J'ai eu le bonheur d'assister à ces flambées de lumières à quelques reprises dans ma vie, plus souvent l'hiver mais une fois entre autres durant l'été.
C'était une soirée délicieuse de juillet que je n'oublierai jamais. Nous étions à veiller au feu, au lac Duparquet, et j'étais assise à côté de mon filleul, Richard. On célébrait la fin de ses traitements de chimiothérapie et on s'accrochait à tout l'espoir d'une rémission pour cet adolescent devenu fragile et vulnérable. Je le trouvais si sage et courageux. J'aimais l'entendre me raconter ses projets et ses passions. Il n'aimait pas parler de son cancer ni de ses traitements, il préférait jaser du présent et de ses lendemains, comme un jeune qui a tout l'avenir devant lui. Tout au long de ses traitements, je lui écrivais régulièrement et ces échanges de correspondance nous avaient beaucoup rapprochés.
Richard était assis tout évaché sur une chaise pliante de camping devant le feu, le visage enflé à cause de la cortisone, le crâne chauve, le sourire attendri par la douceur du moment. On lui avait apporté une couverture chaude qui l'enveloppait jusqu'au cou pour ne pas qu'il prenne froid et il m'avait lancé, les yeux au ciel : « C'est la plus belle soirée de ma vie! ».
C'est à ce moment précis qu'on a vu danser les premières aurores boréales... Richard était comme sous le choc, il m'a dit : « C'est quoi, ça? » avec une sorte d'inquiétude dans les yeux et dans la voix. Il n'avait jamais entendu parler de ça, des aurores boréales. Alors je lui ai expliqué ce que j'en savais, ce qui l'avait rassuré, mais on ne parlait pas beaucoup, ni lui ni moi, on avait comme le souffle coupé et on observait en silence le spectacle qui s'offrait à nos yeux éblouis.
Ce soir-là, on a vu des aurores boréales tant qu'on a voulu. Les lumières dansantes et colorées se reflétaient dans le lac et en décuplaient toute la splendeur et l'étrange beauté. Richard était affaibli et fatigué mais si heureux qu'il en devenait lui-même lumineux.
Et vous savez comme j'aime les histoires qui finissent bien? Richard a été en rémission pendant 5 ans puis on l'a considéré comme guéri. Aujourd'hui, il approche 40 ans, il est très amoureux de sa Lisa et ils ont deux beaux enfants. Je l'ai revu l'été dernier, il habite loin de chez moi mais j'ai toujours des nouvelles de lui parce qu'on est parents. Quand on se revoit, il me reparle de deux choses : la fois où je l'avais emmené avec moi aux bleuets quand il était petit garçon et la fameuse soirée des aurores boréales... Quand il le raconte à sa femme et à ses enfants, il le revit et ses yeux redeviennent lumineux comme ce soir-là.