dimanche 31 janvier 2016

MIEUX QUE DES FEUX D'ARTIFICE


Voici la seule photo que j'ai prise dans ma vie d'une aurore boréale. Oh elle n'est pas spectaculaire sur ma photo mais au moins j'en ai une! Je me souviens de ce soir-là, Isabelle jouait dehors avec ses deux cousins, Alexandre et Philippe. Nous assistions à un spectacle grandiose de lumières dansantes et volatiles allant du vert au jaune au blanc... 

Si comme moi le phénomène vous intrigue, vous fascine et vous émerveille, il y a un photographe très talentueux originaire de Rouyn-Noranda, Mathieu Dupuis, qui voyage partout dans le monde pour en immortaliser toutes les beautés et les particularités. Il s'est rendu dernièrement à Salluit, dans le Nord du Québec, pour saisir des images spectaculaires et flamboyantes des aurores boréales. C'est ici : 

http://www.journaldemontreal.com/2016/01/30/la-chasse-aux-aurores-boreales-a-salluit

MIEUX QUE DES FEUX D'ARTIFICE

On est en Abitibi-Témiscamingue, à 600 km au nord de Montréal. Ça fait drôle à dire mais on n'est pas au nord tant que ça. Salluit, ça par exemple, c'est le Nord! Et nous autres, on est très loin de Salluit. 

Mais même si on n'est pas au nord tant que ça, on a plus de chance d'assister au spectacle des aurores boréales ici qu'au sud. J'ai eu le bonheur d'assister à ces flambées de lumières à quelques reprises dans ma vie, plus souvent l'hiver mais une fois entre autres durant l'été. 

C'était une soirée délicieuse de juillet que je n'oublierai jamais. Nous étions à veiller au feu, au lac Duparquet, et j'étais assise à côté de mon filleul, Richard. On célébrait la fin de ses traitements de chimiothérapie et on s'accrochait à tout l'espoir d'une rémission pour cet adolescent devenu fragile et vulnérable. Je le trouvais si sage et courageux. J'aimais l'entendre me raconter ses projets et ses passions. Il n'aimait pas parler de son cancer ni de ses traitements, il préférait jaser du présent et de ses lendemains, comme un jeune qui a tout l'avenir devant lui. Tout au long de ses traitements, je lui écrivais régulièrement et ces échanges de correspondance nous avaient beaucoup rapprochés. 

Richard était assis tout évaché sur une chaise pliante de camping devant le feu, le visage enflé à cause de la cortisone, le crâne chauve, le sourire attendri par la douceur du moment. On lui avait apporté une couverture chaude qui l'enveloppait jusqu'au cou pour ne pas qu'il prenne froid et il m'avait lancé, les yeux au ciel : « C'est la plus belle soirée de ma vie! ».

C'est à ce moment précis qu'on a vu danser les premières aurores boréales... Richard était comme sous le choc, il m'a dit : « C'est quoi, ça? » avec une sorte d'inquiétude dans les yeux et dans la voix. Il n'avait jamais entendu parler de ça, des aurores boréales. Alors je lui ai expliqué ce que j'en savais, ce qui l'avait rassuré, mais on ne parlait pas beaucoup, ni lui ni moi, on avait comme le souffle coupé et on observait en silence le spectacle qui s'offrait à nos yeux éblouis. 

Ce soir-là, on a vu des aurores boréales tant qu'on a voulu. Les lumières dansantes et colorées se reflétaient dans le lac et en décuplaient toute la splendeur et l'étrange beauté. Richard était affaibli et fatigué mais si heureux qu'il en devenait lui-même lumineux.  

Et vous savez comme j'aime les histoires qui finissent bien? Richard a été en rémission pendant 5 ans puis on l'a considéré comme guéri. Aujourd'hui, il approche 40 ans, il est très amoureux de sa Lisa et ils ont deux beaux enfants. Je l'ai revu l'été dernier, il habite loin de chez moi mais j'ai toujours des nouvelles de lui parce qu'on est parents. Quand on se revoit, il me reparle de deux choses : la fois où je l'avais emmené avec moi aux bleuets quand il était petit garçon et la fameuse soirée des aurores boréales...  Quand il le raconte à sa femme et à ses enfants, il le revit et ses yeux redeviennent lumineux comme ce soir-là. 

mardi 19 janvier 2016

TÉLÉ-NOSTALGIE


Des raquettes dans la neige... en attente... Je me souviens d'avoir pris cette photo en pensant qu'elle n'avait pas d'âge. Je rêvais même qu'elle pourrait être le point de départ d'un roman. 

  
Mon mirador devient inhabité mais pourtant si lumineux pendant les mois d'hiver. 


Quand on regarde en arrière le chemin parcouru, on est tenté de croire que c'était mieux avant. 

TÉLÉ-NOSTALGIE 

La nouvelle mouture de la série télé « Les Pays d'en haut » diffusait le deuxième épisode hier soir.

Je suis de ceux et celles qui adorent les séries historiques qui nous font mieux connaître des personnages qui ont réellement existé, qui ont développé une région, un pays, un peuple, qui nous en apprennent sur qui l'on est et d'où l'on vient. 

Les personnages célèbres de l'histoire de la colonisation des Laurentides, particulièrement à Sainte-Adèle, avaient donné lieu à des émissions à la radio que je n'ai pas écoutées du tout, parce que j'étais trop jeune, mais la série télé « Les Belles histoires des pays d'en haut » je l'ai toute regardée et même quelques-unes des émissions en reprise puisqu'elles ont été et sont encore, je crois, diffusées régulièrement. 

J'avais lu qu'il fallait s'attendre à autre chose et surtout, ne pas comparer les deux productions. La nouvelle version serait beaucoup plus proche de la réalité des faits comme ils se sont déroulés à l'époque et ça me plaisait énormément de savoir que Donalda serait moins soumise, plus rebelle avec son âme fière, que le curé Labelle serait représenté comme un visionnaire pas toujours en harmonie avec le clergé de son temps, plus près des pouvoirs politiques, qu'on allait assister dans ces récits à la naissance d'une région du Québec qui parlerait aussi beaucoup du développement du Nord, avec un grand N. 

J'étais donc le public-cible idéal et je n'allais pas manquer cette série pour aucune considération, surtout que d'excellents comédiens y incarnent leurs rôles avec tout le talent qu'on leur connaît. 

On a dit en faisant la promotion des Pays d'en haut que les vieux n'allaient pas y trouver leur compte et qu'ils allaient peut-être même s'y sentir un peu perdus... Eh bien je vous annonce que je suis rendue vieille et ça m'a frappée à l'écoute des deux premiers épisodes. 

Je m'explique : Bien sûr, la colonisation des Laurentides, comme de toutes les régions du Québec, met en scène des pionniers, des aventuriers, des débrouillards, des pas peureux mais avec des coeurs gros de même et des valeurs nobles qui n'ont pas d'âge... comme mes raquettes posées dans la neige! Ils vivent des drames, des difficultés, des misères mais à travers tout cela, il y a de l'amour, de l'amitié, de l'entraide, des liens tissés serré qui enrobent leur quotidien difficile. En tout cas, c'est ce qu'on voyait dans la vieille série.

Il y avait Séraphin qui faisait des misères à tout le monde, qui abusait de ses pouvoirs, Bidou le chouchou du père Laloge, qui prenait un coup solide et n'était fiable pour 5 cennes si ce n'avait été de sa femme, Nanette, belle-soeur et grande amie de Donalda. Mais on pouvait aussi être amusés, éblouis et divertis par les amours de Florent, le fils du forgeron, avec la belle Éphigénie, fille du notaire. Des classes sociales différentes que l'amour unissait. Donalda avait beaucoup d'amies et d'alliées, je pense seulement à Arthémise, l'épouse d'Alexis. Todore Bouchonneau dit des Bouchons, le marchand général, était drôle, impulsif et émotif. La belle grosse Georgiana qu'il avait épousée, en menait large au magasin comme dans son couple mais elle lui avait donné une belle-fille à aimer, Aurélie qui travaillait à Montréal, pour son boss Réné, amoureux d'elle. Une femme de carrière, c'était rafraîchissant à voir aussi. 

Le notaire Le Potiron fréquentait la maîtresse de poste discrètement, la belle Angélique qui était capable de mettre Séraphin à sa place. Basile Fourchu et sa femme, La Scole, s'aimaient beaucoup et avaient une nombreuse famille. La Scole travaillait au Château, ce qui nous amenait à mieux connaître la riche héritière Baby, son fils Léon, qui aimait les colons qui le lui rendaient bien. Et puis, le beau Alexis, une sorte de héros épris de justice, Jambe-de-Bois, le sage qui avait l'injustice en horreur lui aussi, le père Ovide pour lequel on n'avait pas d'admiration, le rapporteur officiel à Séraphin, endetté et redevable à vie à son créancier sans coeur, La Lionne, son épouse, et Rosa-Rose, si sympathique, formaient une belle équipe derrière le comptoir de l'auberge. Bref, des bons moments et des personnages typiques et attachants, on n'en manquait pas. 

Dans la nouvelle série que je vais continuer à regarder même si je suis vieille (!) je n'ai vu jusqu'ici que des drames humains, du sang, des bagarres, de la misère sans espoir, de la mesquinerie, des abus de pouvoir, de l'orgueil démesuré, des amours déçues, du racisme à l'endroit de Bill Wabo et des entreprises vouées à l'échec à brève échéance. On le sait d'avance que ça va aller mal et il n'y a rien pour enrober tous ces drames et ces malheurs.  Ça manque d'humanité et de bonté, moi je trouve. 

Les concepteurs et réalisateurs de la nouvelle série ont raison, je suis vieille et nostalgique! 

vendredi 15 janvier 2016

LES SOEURS


Le 20 décembre dernier, nous étions réunis chez moi pour un souper en l'honneur de ma mère qui célébrait ses 84 ans. Comme elle tient toujours à faire des petits cadeaux de Noël à chacun de ses arrière petits-enfants, et elle en a 5, mes deux petites-filles ont reçu elles aussi...

... des pyjamas colorés en cadeau, ce qui a fait leur joie. 


Les voici d'un peu plus près, mes deux petites-filles : Blanche a 18 mois, elle est née le jour de mes 57 ans, vous vous souvenez? Félixe a eu 7 ans hier, le 14 janvier. On pourrait croire que ces deux soeurs qui ont 5 1/2 ans de différence ne jouent pas aux mêmes jeux? Eh bien non, c'est surprenant de les voir interagir ensemble et elles me font faire toutes sortes de découvertes et de réflexions au sujet de la complicité familiale. 

Personne au monde ne peut faire autant rire Blanche que sa grande soeur Félixe!

LES SOEURS 

Je n'ai pas de soeur. J'ai grandi avec deux petits frères extraordinaires avec lesquels j'ai toujours été complices. J'ai eu une seule enfant qui n'a donc ni soeurs ni frères. Alors, c'est la première fois de ma vie, en tant que mamie, que je découvre avec un pur ravissement comment ça se passe entre soeurs.  

Avec la différence d'âge qu'il y a entre mes deux petites-filles, je n'aurais jamais cru qu'elles soient si proches si rapidement. Oh je me doutais bien qu'une fois fillettes toutes les deux, adolescentes ou adultes, elles auraient pu tisser à la longue ce lien d'attachement si fort entre elles mais c'est déjà fait et depuis l'instant même où Blanche est née, la vie de Félixe s'est enrichie à tout jamais. Et c'est réciproque pour Blanche, elle a beaucoup plus qu'un papa et une maman dans la vie, elle a Félixe, qu'elle appelle « Lélisss » sur tous les tons, à peu près 100 fois par jour. 

Moi ça m'émerveille!

Blanche fait tout ce que fait sa grande soeur, c'est son amie, son idole et son modèle. Enfin, elle pense qu'elle imite sa soeur et on la laisse croire ça mais elle a les limites de ses 18 mois. C'était trop drôle de voir Félixe dans le temps des fêtes faire une grande roue dans le salon et terminer sa course par une pirouette sur un matelas posé par terre pour y atterrir en douceur. Blanche était si fière de sa soeur qu'elle applaudissait à tout rompre! Elle se dépêchait ensuite à partir de l'autre bout de la cuisine en courant et s'élançait à pleine face dans le matelas, étant certaine d'avoir tout fait comme sa sœur. Elle s'attendait elle aussi à nos applaudissements nourris, elle avait fait tout un spectacle là, elle se trouvait bonne!

Quand Félixe prend un livre, Blanche va chercher l'un des siens. Quand Félixe suit les mots avec son doigt, la plus petite fait pareil. Si Félixe lit ses mots tout fort en les détachant, Blanche baragouine elle aussi quelque chose qu'on ne comprend pas mais sur le même ton!

 
L'autre jour, Félixe était malade et couchée sur le divan, affaiblie. Blanche était tellement malheureuse de voir sa soeur pas comme d'habitude. Elle passait son temps à aller auprès d'elle, lui proposant des livres, des poupées, des blocs, une balle, un ballon, une épée de styromousse, tout ce qu'elle pouvait trouver, elle lui apportait et s'en revenait bredouille, sa grande soeur ne réagissait pas. Elle était décontenancée... En désespoir de cause, elle lui a donné un bisou sur la main et elle a replacé sa couverture comme si elle avait tout compris. 

Si Félixe va jouer dehors ou qu'elle a été partie de la maison quelques heures, Blanche vient l'accueillir à la porte et lui saute dessus comme si ça faisait des mois qu'elles ne s'étaient pas vues. Des retrouvailles émouvantes, bruyantes et chaleureuses à chaque fois. 

Et pour Félixe, sa petite soeur, c'est de l'or. C'est à elle qu'elle a fait sa première papillote de Noël. Elle lui apprend plein de choses, elle la protège, elle la bécote, elle pense toujours à Blanche, elle la fait rire et elle l'amuse, c'est son meilleur public. Et l'inverse est aussi vrai. 

J'ai commencé ce billet en disant que je n'ai pas de soeur. En fait, j'en ai un peu eu une que je n'ai pas connue mais j'en ai entendu parler toute ma vie. Elle aurait 2 ans de plus que moi. Elle est décédée à la naissance. Je me suis souvent demandé ce qu'aurait été mon parcours de vie si elle avait vécu, ma soeur, si je n'avais pas été l'aînée, si mes parents n'avaient pas perdu leur première enfant, si j'avais bénéficié de sa présence plutôt que de vivre avec le poids de son absence...  

Aujourd'hui quand je vois des petites soeurs qui s'aiment tellement et tout le monde autour d'elles qui encouragent ce lien d'attachement si fort, si pur et si beau, je me dis que c'est la vie qui me répond de la plus belle façon qui soit.