Photo 1 : Hier, lors de ma petite virée au Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue, à Ville-Marie. Vue d'ensemble d'une partie des kiosques. Il y avait un monde fou mais j'y ai fait de belles rencontres.
Photo 2 : Sur le chemin du retour, j'aurais aimé qu'il fasse soleil pour faire une plus jolie photo, parce que je voulais faire un clin d'oeil à Accent Grave et lui donner un aperçu du village de Rollet, fondé par son grand-père et quelques autres pionniers.
Photo 3 : Toujours à Rollet, sous ce ciel gris, voici la bibliothèque/salle municipale où flotte fièrement le drapeau du Québec. Pour un si petit village, avoir sa bibliothèque, ça veut dire beaucoup, ça devient un symbole de résistance. On vient de leur fermer leur succursale de la Caisse Desjardins, ils se sont battus becs et ongles mais ils n'ont pas gagné. Mais leur bibliothèque, on n'y touchera pas, faudra leur passer sur le corps avant! Deuxième clin d'oeil à Accent Grave.
Rencontres littéraires
Le Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue a ceci de particulier qu'il est baladeur. Au début, on disait itinérant mais quelqu'un a voulu changer ça, parce que ça faisait miséreux... Pas de commentaire! Dans le calendrier de l'AQSL (Association québécoise des salons du livre) le SLAT arrive bon dernier, puisqu'il se tient toujours à la fin mai. À tour de rôle, les villes de Rouyn-Noranda, La Sarre, Amos, Val-d'Or, Ville-Marie, deviennent les villes hôtesses de ces rencontres littéraires annuelles.
J'y ai déjà travaillé, au SLAT, je le connais comme le fond de ma poche! Dans mon travail de coordination, j'étais la seule payée et je vous assure que je la gagnais, ma paye! Pour 4 jours de salon, il y a 10 mois de préparation et d'organisation. Les comités s'affairent, les bénévoles, les rivalités et les ego à gérer délicatement, les exigences des maisons d'édition, les auteurs qui peuvent être tellement divas parfois, bref, je pense maintenant qu'après être passée par là, on peut s'attaquer à peu près à n'importe quoi!
N'empêche que je demeure attachée à notre Salon du livre et que je n'en ai raté aucun au fil des années. À la dernière minute, je finis toujours par y aller, une force irrésistible m'y pousse, j'y suis attirée comme un aimant. En même temps, ça me bouleverse toujours un peu. Bien sûr que j'y fais de magnifiques rencontres, il y a de mes amis(es) écrivains(es) que je ne vois qu'à ce moment-là et ce sont toujours des retrouvailles chaleureuses et émouvantes.
J'ai longtemps fait partie du Regroupement des écrivains et auteurs de l'Abitibi-Témiscamingue. J'y étais très impliquée. J'ai animé les Cafés littéraires de ma région aussi. On m'a connue du temps où j'étais écrivain public, on m'appelle toujours ainsi, ça me fait plaisir mais en même temps... Je ne publie pas. Je suis des leurs sans être des leurs tout à fait. Parce que je ne publie pas, enfin, pas au sens où on l'entend dans un Salon du livre. On me demande souvent : « Comment ça que t'écris plus, on s'ennuie de toi? » et à ça, je réponds toujours par un sourire, en haussant les épaules. J'aime mieux mourir incomprise que de passer ma vie à m'expliquer. Et je ne saurais pas l'expliquer non plus.
Quand je vais être grande, je vais peut-être comprendre... et m'expliquer?
J'ai croisé Daniel, son prochain recueil de contes sortira bientôt, probablement chez Vent d'Ouest, je lui ai demandé comment ça se faisait que personne n'avait encore fait un film avec son histoire (vraie) de Stanley Siscoe, publiée il y a déjà un moment. Il m'a dit qu'il n'y avait jamais pensé, qu'il allait donner suite à ma suggestion... Revu Anne-Michèle, ciel qu'elle est prolifique, celle-là, une passionnée du roman, du polar, du conte. Isabel... Elle fait dans le roman jeunesse maintenant, tiens, un nouveau filon? Fernand est en train de fonder une maison d'édition coopérative, il n'a plus le temps d'écrire depuis qu'il fait écrire les autres. Jocelyne m'a accueillie avec le plus gros des câlins, elle avait lu mon billet quand j'avais parlé de son dernier, Il pleuvait des oiseaux. J'en ai profité pour lui demander s'il y aurait une suite, ses personnages étant si attachants et bien campés. Elle m'a dit que non, elle était déjà rendue ailleurs, ce sont d'autres personnages qui meublent maintenant ses journées d'écriture. Ti-Cric, (de son vrai nom Roger Larivière) l'auteur d'un ouvrage référence sur Les plantes de la forêt boréale que j'adore (l'ouvrage et Ti-Cric lui-même) et qui attend fébrilement la sortie de son prochain, sur les plantes médicinales de la forêt boréale, un bouquin qu'il a peaufiné en compagnie des Algonquins de Pikogan. Toujours en processus d'édition. Josée, de Télé-Québec, qui m'a parlé elle aussi de Kassandra. On a bien rigolé.
Au fil de mon bouquinage, j'ai pu jaser un petit moment avec Jean-François Lépine qui était là pour offrir la biographie de Janine Sutto qu'il signe comme biographe de sa belle-mère qui a fait l'histoire du théâtre au Québec. Comme je l'avais achetée et lue à sa sortie, que c'est ma mère qui le lit présentement, j'ai pu lui dire en passant qu'on y trouvait chacune notre compte mais que je m'étais identifiée à Mireille tellement, moi. Discussion enrichissante avec un Monsieur très sympathique. Le Salon, ça permet ça, des échanges, des rencontres, des questions qu'on peut poser aux auteurs, des commentaires qu'on partage, des suggestions qu'on se fait, des catalogues qu'on ramasse pour commander plus tard chez nos libraires préférés, des entrevues, des conférences, des ateliers. Un monde fascinant.
Une découverte pour moi cette année, Johanne Daigle. Elle donnait une conférence d'une heure sur la scène du Chevalier de Troyes : la graphologie. J'étais allée m'asseoir là pour 5 minutes, le temps de mettre de l'ordre dans mes achats et regarder la programmation de la journée, j'y suis restée vissée sur ma chaise pendant toute la durée de sa conférence. Fascinante madame. Passionnant sujet.
Ça vous intéresse de savoir ce que je rapporte dans mes bagages du Salon du livre de cette année? Sachez que j'ai encore pété mon budget mais ça, c'est classique! Voici un aperçu :
Des éditions de La Montagne secrète, un livre disque, Léo et les presqu'îles, conte et chansons de Gilles Vigneault, avec Fred Pellerin, Diane Dufresne, Claude Gauthier, Clémence DesRochers, Robert Charlebois, Édith Butler, Pierre Flynn et Pascale Bussières. J'ai écouté le CD dans ma voiture en revenant. Je suis complètement sous le charme. Je l'avais acheté pour Félixe mais ça s'adresse beaucoup plus à moi. On partagera. J'habite une presqu'île. Et mon père s'appelait Léo. Il venait de la mer...
Des éditions Écosociété, Y a-t-il un avenir pour les régions? Un projet d'occupation du territoire, de Roméo Bouchard. J'espère que la réponse à sa question, c'est oui. L'auteur pense et je le cite « que la désintégration des régions périphériques et le fossé qui se creuse chaque jour davantage entre elles et la région multiculturelle de Montréal constituent une menace sans précédent pour l'identité, l'intégrité et l'avenir du Québec ». C'est ce que je crie depuis des années dans le désert. Et ça n'est rien contre Montréal. C'est POUR le Québec dans son entièreté. Enfin, j'espère trouver chez lui des arguments plus convainquants que les miens!
Au kiosque de la SODEP, un collectif, Relations, Pour qui veut une société juste, La force de l'indignation. Et puis un magazine que je ne connaissais pas, Continuité, le magazine du patrimoine au Québec, La vie qui bat. Bien hâte de me plonger là-dedans.
Une surprise m'attendait hier soir quand j'ai feuilleté un autre magazine « chic » acheté l'après-midi, Séquences, la revue du cinéma. À la une, on titrait « Des hommes et des dieux », un film que j'ai vu au dernier Festival du cinéma et qui m'a habitée longtemps après. J'ai été heureuse d'y découvrir tout à fait par hasard, en page 13, un paragraphe très élogieux au sujet du travail de Dominic Leclerc. Mon oeil avait été attiré par un titre, Entre l'épinette et la licorne, c'est un documentaire (que je trouve absolument génial) que Dominic a tourné et réalisé l'année dernière. D'ailleurs, on parlait de « réaliser l'impossible » dans cet article portant sur le cinéma québécois et ses artisans. Dominic ne m'avait même pas dit ça, je me demande s'il le sait?
J'ai pris beaucoup de photos hier au Témiscamingue. À l'aller comme au retour. On aurait dit que je voulais arrêter le temps, fixer des images pour me rappeler du moment toujours bouleversant que je cherche à démêler. Ville-Marie, c'est aussi la petite ville natale de Crocodile Dundee, le « chef-lieu » du Témiscamingue, que les vieux disaient! Je suis passée devant leur ancienne maison que l'étalement urbain a presque rejoint, une ferme qui s'appelle maintenant « La petite Suisse », sur le chemin de Guigues, pour ceux qui sont familiers avec le secteur. J'ai essayé d'imaginer le petit gars qu'il était avec toutes les histoires qu'il m'a racontées, les yeux au loin, le sourire attendri, perdu dans ses souvenirs, quand il allait observer les castors au bout de la terre et qu'il oubliait de revenir à la maison aux heures de repas, sa mère savait toujours où le trouver...