mardi 26 août 2008

Drôles d'affiches



Photo 1 : Le 07/07/07, à l'intérieur du pont du village de Wakefield, en Outaouais, où je célébrais mes 50 ans. Je n'avais pas du tout le goût de me jeter en bas du pont!!! En cliquant dessus pour l'agrandir, vous pourrez lire l'avertissement « Interdit de sauter en bas du pont », même avec un dessin qui illustre le propos. Je ne sais pas, ça m'a fait tout drôle, j'ai pensé qu'on aurait dû y mettre aussi le numéro de téléphone d'un Centre de prévention du suicide... Pas pour moi mais pour d'autres peut-être...

Photo 2 : Prise le 16 août dernier, dans le village de La Motte, près d'Amos, en Abitibi. C'était la première fois que je voyais une telle affiche, je la trouve quasiment touchante!

Photo 3 : En août 2007, lors de l'événement La Route du Terroir. Si les gens du village deviennent tous des marchands cette journée-là, certains n'investissement pas beaucoup dans le marketing et la mise en marché, ça me donne le goût d'aller vers eux. J'avais choisi de dîner avec un blé d'Inde, à 1 $. Vive la simplicité volontaire!

Sur la route et au fil de mes promenades, c'est plus fort que moi, je lis toujours les affiches. Des fois, j'en trouve des originales, d'autres fois, elles me laissent... perplexe. Et je sais que j'arrive en Abitibi-Témiscamingue quand je vois celles qui ont un dessin d'orignal avec la seule mention « sur 20 km », ou « sur 17 km ». Je me propose de vous en ramener une bientôt, pour ceux et celles qui n'ont pas eu la chance de visiter notre région.

jeudi 21 août 2008

Passer du virtuel au réel




Photo 1 : Samedi dernier, à La Motte, avait lieu cette journée annuelle où le village s'endimanche pour recevoir le monde. La Route du Terroir rassemble dans la chaleur, la bonne humeur, la créativité et la simplicité, ces gens qu'on ne rencontre pas assez souvent : les producteurs agricoles, les artistes et artisans, les créatifs, les inventifs, les pas compliqués, les vrais. Sur une distance d'environ 5 ou 6 km, on marche d'une propriété à l'autre pour découvrir ce qu'ils nous offrent et nous proposent avec tout leur coeur. Et on y fait de magnifiques rencontres, je ne les nommerai pas mais ils sauront se reconnaître...

Photo 2 : Même jour, même endroit. Cet épouvantail m'a paru tellement sympathique, il incarnait à la perfection l'image que je retiens de cette fête champêtre et puis, je l'avoue, j'ai voulu faire un clin d'oeil à Crocomickey qui en a présenté un bien joli lui aussi dans son blogue dernièrement.

Passer du virtuel au réel

Mais quel sujet vaste et intriguant sur lequel on pourrait discuter longtemps!

Les univers que l'on côtoie, dans la vie réelle comme dans notre monde virtuel, peuvent nous paraître si loin l'un de l'autre... Je crois, pour ma part, qu'ils sont plus près qu'on le pense. J'ai eu l'occasion de vérifier cette impression à plusieurs reprises.

Tout d'abord, dans mon expérience, il y a aussi son contraire, c'est-à-dire que j'ai un ami que j'ai d'abord connu dans la vie réelle et qu'ensuite, j'ai fréquenté dans le monde virtuel. L'un n'empêche pas l'autre, ces deux univers s'entrecroisent et se complètent à merveille et viennent encore enrichir cette amitié. Évidemment qu'en personne, on en raconte plus, on ne se censure pas pour des questions de respect de l'anonymat et des choses du genre mais la qualité des échanges et de la discussion reste la même, dans un univers ou dans l'autre.

La première fois que j'ai rencontré en personne quelqu'un que j'avais d'abord connu dans le monde virtuel, c'était en 1998. Vraiment magique, je ne trouve pas d'autres mots. Les affinités, les complicités, le respect, la chaleur, la tendresse, l'humour, s'incarnaient sous mes yeux, dans ces deux personnes que j'avais appris à connaître de l'intérieur avant de les rencontrer. Je me faisais la réflexion que ça devrait toujours être ainsi dans la vie! Cette rencontre m'avait donné le goût d'accepter ces invitations chaque fois qu'elles se présenteraient.

La deuxième fois, en 1998 aussi, et là, ça se corsait un peu. Nous étions un groupe d'une vingtaine d'animateurs/trices des forums de discussion de la Place Publique de Sympatico. Ces forums étaient très populaires à l'époque. Nous étions un groupe tissé serré et nous venions des quatre coins du Québec. Une rencontre était organisée à Laurel, dans les Laurentides, puisqu'on avait convenu que c'était l'endroit le plus au centre pour la majorité. De l'Abitibi-Témiscamingue, nous étions deux. Une jeune fille de Senneterre, Nanou, qui animait un forum sur l'informatique. Et moi, Zoreilles, l'animatrice du forum « Près de chez vous » qui rassemblait toutes les régions du Québec plus quelques-unes hors Québec, dont l'Ontario et l'Europe.

J'ai accepté l'invitation à la grande surprise du groupe qui ne croyait pas que j'allais faire tant de kilomètres pour aller à leur rencontre. Nanou avait décidé d'y aller si je pouvais l'y amener, ça m'avait donné l'élan supplémentaire pour dire oui, j'avais le sens du devoir et je ne pouvais pas me soustraire à tant de solidarité! Et puis, cette jeune fille m'émerveillait, elle avait tant de talent et d'intérêt que je me faisais une joie de faire toute la route avec elle. J'allais aussi pouvoir rencontrer Ghislaine, notre doyenne, une femme formidable qui animait un forum sur l'amitié, revoir Jacks, devenu mon ami, l'animateur de Tout un cinéma, Piau, la spécialiste de l'éducation, son forum s'appelait Retour à l'école, je crois, on nous appelait les jumelles virtuelles, elle publiait déjà chez un éditeur connu. Yvon, notre gros nounours un peu bourru mais au coeur tendre, l'animateur d'un forum sur l'informatique aussi, mais plus spécialisé dans la programmation. Bref, j'avais hâte mais j'avais peur à la fois de rencontrer en personne ces gens-là avec qui j'avais tissé tant de liens au fil des années...

Le rendez-vous avec Nanou avait été fixé à Val-d'Or, dans un café. Après, on continuerait la route ensemble. Même sans avoir jamais vu de photo l'une de l'autre, dans ce café bondé, on s'est tout de suite reconnues. Quand je vous dis qu'on est tellement ce qu'on écrit, me croyez-vous? La discussion était enjouée et animée jusqu'à Laurel. Nanou avait en personne la voix, le visage, les expressions, le charme et l'attitude qui me fascinaient tant chez cette jeune étudiante de 19 ans que je pressentais dans ses écrits. Nous avions tant de route à faire que nous sommes arrivées bonnes dernières là-bas, ceux de Montréal, de Québec, de l'Estrie et de partout y étaient déjà depuis le début de l'après-midi. Disons que nous avions fait une entrée remarquée avec mon camion bleu et la musique dans le tapis, les fenêtres ouvertes, à faire jouer « La bitt à Tibi » de Raoûl Duguay!

Grandes joies et petites déceptions

Après les effusions de ces retrouvailles, j'aurais eu le goût de m'isoler un moment mais ce n'était pas possible dans le contexte qui nous rassemblait. Il était prévu qu'on aille souper ensemble dans un restaurant pas trop loin, c'était à St-Adolphe d'Howard, je crois, ou à St-Sauveur. Le groupe allait déjà devoir se séparer pour le co-voiturage et nous avions à peine eu le temps, Nanou et moi, de plonger dans ce monde réel, alors que nous étions un peu sous le choc. Oui, on avait reconnu tout notre monde, rien ne nous étonnait mais en même temps, c'était si étrange...

Désolée de vous quitter au milieu de mon billet, je dois partir pour le reste de la journée mais je reviendrai vous raconter le reste, promis, juré...

Excusez-moi de vous avoir laissés en plan. Je reprends. Où en étions-nous? Ah oui, au moment des retrouvailles, le choc, trop de monde à la fois, pas le temps d'assimiler...

Ils étaient tous venus à notre rencontre dans le stationnement où j'avais trouvé une place pour mon camion bleu. André s'était littéralement garroché à mon cou, « ah, Zoreilles, je suis donc content, tu sais pas comment » et ça m'étonnait parce que je ne connaissais à peu près pas ce André. Animateur d'un forum que je ne fréquentais pas, je n'avais pas eu beaucoup d'échanges avec lui, ni dans son forum, ni dans le mien, ni dans le Salon des animateurs qui était un lieu virtuel privé. Ce André m'a vraiment gâché ces retrouvailles. Et plus la soirée avançait, plus ses facultés diminuaient et comme je ne voulais pas faire d'esclandres... D'ailleurs, pour réunir un groupe d'animateurs/trices, ce serait une bonne idée de nommer... un(e) animateur/trice, sinon, c'est le chaos. C'est mon impression en tout cas.

Deuxième déception, c'est ma rencontre avec Piau, ma jumelle virtuelle. Sur les forums et dans le Salon des animateurs, on faisait les 400 coups, on avait un plaisir fou, une complicité évidente. Quand tout le groupe était venu nous accueillir dans le stationnement à notre arrivée, elle était restée seule à se bercer sur la galerie. Pourtant, je savais que c'était elle et elle savait que c'était moi. Cette fausse indifférence, cette froideur de sa part, m'étonnait autant que la trop grande joie d'André. Piau et moi, étions des amies très proches virtuellement mais dans la vie réelle, ça ne cliquait tellement pas...

On repart tous vers le resto. Dans mon camion, il restait un place de libre... C'est André qui est sauté dessus, je sentais Nanou très mal à l'aise et nous nous sommes comprises d'un regard. Une fois sur place, il y avait des tables de 8 personnes, je faisais très attention où j'allais m'asseoir. Le souper a passé rapidement, j'ai oublié plusieurs détails mais j'étais encore sous une étrange impression, j'aurais voulu me recentrer, me retrouver en petit groupe, jaser tranquillement...

De retour vers le lieu de rassemblement, l'atmosphère s'est détendue. Quelqu'un a allumé un feu, c'est toujours rassembleur. Piau et moi, on avait dit d'avance qu'on apportait nos guitares. Alors, elle n'avait pas le choix et moi non plus, il y avait des attentes. Il y a eu là un beau moment vécu par le groupe, comme un début de complicité peut-être entre elle et moi mais pas grand-chose vraiment. Plutôt comme un malaise... Et puis, elle est allée se coucher de bonne heure, elle était fatiguée du voyage qu'elle disait.

On a continué à chanter autour du feu. La bonne humeur régnait mais malgré tout, il subsistait quelque chose que je ressentais très fort, que je ne comprends toujours pas. Il était prévu qu'on dorme tous à l'intérieur, j'avais mon sac de couchage mais au moment d'aller dormir, j'ai été ranger ma guitare dans mon camion et j'ai trouvé que le siège avait l'air bien confortable et qu'avec les portes verrouillées, j'y serais en sécurité... surtout qu'André était maintenant dans un état lamentable... Je suis allée dire bonne nuit aux copains, je n'ai pas trouvé de place pour dormir à l'intérieur, j'en suis ressortie aussitôt, André me suppliait d'aller dormir dans sa tente... Alors, comme le chante Richard Desjardins dans cette chanson qu'on avait interprétée dans la soirée, en gang autour du feu... « j'ai couché dans mon char ».

J'en tire la conclusion que pour passer du virtuel au réel, c'est préférable de le faire une personne ou deux à la fois ou en très petit groupe. Aussi, il ne faudrait pas prendre pour acquis que si on communique bien par écrit, ce sera nécessairement pareil en personne. Ça non plus, je ne saurais expliquer pourquoi.

Par la suite, j'ai vécu d'autres belles rencontres dans le réel. En fait, je n'ai vécu que ce genre de magie chaque fois quand j'y pense. Je me souviens d'avoir revu Jacks et Laure chez eux, près de Sherbrooke, lors de nos vacances d'été. Des gens charmants qu'il faisait si bon de revoir. Ghislaine (de Montréal) et Yvon (de Québec) sont partis de chez eux un été pour venir me voir en Abitibi. On avait vécu plein de belles choses cette fin de semaine-là. Et puis, Câlin, de St-Eustache, qui venait parfois travailler dans notre région, a rassemblé un petit groupe d'ici et ça avait été très agréable aussi.

Dans l'univers des blogues, ces « get together » sont moins fréquents mais j'ai eu le bonheur de rencontrer en personne quelques amis également. Chaque fois, je suis étonnée de constater jusqu'à quel point on est ce qu'on écrit. La communication sous toutes ses formes, c'est quelque chose qui m'intrigue, me fascine et m'émerveille. Je ne maîtrise tellement pas le sujet et pourtant on m'a déjà demandé de donner une conférence à des étudiants en bureautique et informatique sur « Les relations humaines dans le monde virtuel » parce que j'en connaissais un petit bout mais dans mes conclusions, je posais beaucoup plus de questions que j'avais de réponses!

mercredi 13 août 2008

Encore une maudite histoire de bonheur!



Photo 1 : Cette photo m'avais fascinée quand je l'avais vue dans un des bouquins que j'ai rapportés des Îles et dont je viens de terminer la lecture. « Les Îles de la Madeleine, Une histoire d'appartenance », par Caroline Roy, aux éditions GID. J'avais hâte montrer ça à ma mère parce que je trouvais que le vieux, assis, ressemblait drôlement à son pépère Emmanuel, mon grand-grand-père et que le grand monsieur qui tenait le petit frisé dans ses bras, si c'était pas mon Grand-Papa, ça devait être un de ses frères, certain. Surtout que sous la photo, il y avait la légende suivante : « Trois générations sous le même toit, à Hâvre-aux-Maisons, en 1942 » .

Photo 2 : Dans le même bouquin, une véritable trouvaille, cette photo émouvante pour nous tous, les Madelinots venus s'établir en Abitibi, en 1941 et 1942. Sur la goélette à Clophas, en 1942, 102 personnes quittaient Hâvre-aux-Maisons pour nous inventer ici un paradis à la mesure de leur rêve et ce n'était pas de gaité de coeur qu'ils quittaient leurs chères îles. Cette histoire, je la connais bien, Grand-Maman me l'a racontée en détails dans sa biographie que j'ai faite avec elle mais elle n'est racontée nulle part ailleurs. La seule mention qu'on trouve de cette odyssée, c'est cette photo avec l'inscription suivante : « Une goélette quitte les îles, à son bord, se trouvent quelques familles cherchant refuge en Abitibi, en 1942 ».

Le bonheur est dans les bleuets

Maman me disait dernièrement qu'elle aurait tellement voulu aller voir Julienne à la résidence des personnes âgées où je vais souvent. Surtout que Julienne revenait à peine des Iles, qu'elle lui rapportait des nouvelles et surprises de taille, des photos anciennes où elle aurait pu se voir petite, avec ses parents et la goélette à Clophas avec plein de monde dessus, une photo du SS Lovatt, en tout cas, elles avaient hâte de se voir.

Hier, en faisant la vaisselle du souper, je regarde mes deux paniers de bleuets frais cueillis de la veille et je songe qu'il me faudrait bien les ensacher en paquets de deux tasses avant de les envoyer au congélo mais ça me coûte, c'est tellement meilleur frais. Ouais, c'est sûr, on en a mangé directement du panier, Crocodile Dundee les a accompagnés avec sa crème 35 % et du sucre blanc comme quand il était petit (je sais pas comment il fait). Isa et Dom sont venus faire une saucette dans le lac en fin d'après-midi, après la baignade, ils s'en sont donné à coeur joie à grandes poignées dans le panier, même que ça donnait le goût, à les voir, d'aller en cueillir d'autres!

Là, j'ai eu comme une idée, un courant fou qui m'a prise avec une telle force. Des fois, je me fais peur. J'ai préparé 4 gros pots Mason avec mes bleuets frais, j'ai décidé de mettre le couvercle à la dernière minute seulement pour le transport et j'ai appelé Maman!

- Es-tu toujours partante pour aller voir Julienne à la résidence?

- Tu y vas demain?

- Non, j'y vais tout de suite. J'ai préparé 4 pots de bleuets frais, j'en amène à Belle-Maman, à Julienne, à Adéline, à ma tante Marie-Jeanne/mon oncle Dominic. Si t'es prête, je passe te chercher... En veux-tu, toi, M'man, des bleuets?

- Laisse faire les bleuets pour moi, j'en ai, mais je veux aller avec toi à la résidence, c'est sûr.

Petite parenthèse

Si vous me lisez parfois, vous savez sûrement que j'aime les vieux. En fait, j'aime la nature humaine en général mais les vieux et les enfants, je sais pas, ils me réconcilient avec le genre humain quand le genre humain m'écoeure. Parce que la nature humaine, en tas, des fois, ça arrive qu'ils m'écoeurent royalement. Dans ce temps-là, je vais voir mes vieux! Eux, ne demandent pas mieux et moi, c'est pareil.

Autre parenthèse qui vous expliquera mon titre d'aujourd'hui, c'est que je raconte souvent ici des histoires de tous les jours, des petits riens jamais endimanchés qui pourraient vous faire penser que j'ai une vie rêvée. Pas du tout. Comme tout le monde, j'ai mes petites misères et mes drames personnels que j'essaie de comprendre et de régler dans la vie réelle. Mais dans tout ça, il y a ces tranches de vie que j'aime partager parce qu'elles m'apportent quelque chose comme des moments de bonheur et que le bonheur, comme les bleuets frais, c'est bien meilleur quand on partage...

Je continue...

On arrive à la résidence pas tard, la soirée est jeune en masse, on commence par le 3e étage. Belle-Maman (86 ans) n'est pas chez elle ni chez son amoureux (92 ans) non plus. Pas grave, je repasserai plus tard en soirée, ils ne doivent pas être allés bien loin, il a une marchette et elle se tient après les rampes du côté où elle ne tient pas sa main...

Il y a ma tante (88 ans) et mon oncle (86 ans) au même étage. Toc toc toc. Sont là. Youpi. Bisous, bisous, assoyez-vous qu'on jase, ils s'empressent de fermer la télé. Ma tante Marie-Jeanne... toujours belle... et si douce... ah, je l'aime donc, elle, la grande soeur de Papa. Et mon oncle, un peu bourru mais le coeur grand comme le monde, j'ai toujours aimé son jugement, son intelligence sensible, son côté entier, son coeur vaillant. Lui, je te dis qu'on y en passe pas une tite vite! Lui, je l'aime, lui, vous savez pas comment. Je sors un pot de bleuets. Ils sont contents comme si je leur apportais la lune. On échange des nouvelles de notre monde, la famille est grande... et dispersée. Ma tante est diabétique, c'est vrai, j'avais oublié et les bleuets frais, c'est une gâterie nature dont elle peut profiter pleinement, elle me l'apprend. Elle en goûte quelques-uns tout de suite. Juste de voir son expression sur son visage, ça valait le voyage!

À regret, on les quitte. On rencontre Adéline au 3e, un livre dans ses mains, elle revient de chez Marc, un ami à nous, qui lui a prêté ce gros bouquin. Bisous, bisous, venez-vous chez nous, je m'en retournais au 2e? Je laisse Maman avec Adéline, ces deux-là se ressemblent comme deux soeurs et elles ont toujours plein de choses à se raconter. J'irai les rejoindre plus tard. Je retourne cogner chez Belle-Maman. Pas là. Chez son amoureux. Pas là non plus. Ouais, les amoureux ont pris le large, on dirait...

Je rebondis chez Adéline. Elle et Maman sont en grande conversation. Ça parle des Iles, bien sûr. Elles sont nées là toutes les deux, connaissent le même monde, ont la même parenté et pas mal de passions communes. Adéline (85 ans), elle, je l'aime et je l'admire pas à peu près. Elle a toujours fait partie de ma vie, Adéline. Avec Wilfrid, ils représentaient un phare. Maintenant veuve, elle reste un phare pour moi, cette femme forte et si tendre à la fois. Quand je vais être grande, je voudrais être comme elle. Une femme impliquée, au courant de tout, qui donne et qui donne sans compter, parce qu'elle est heureuse ainsi. Son appartement lui ressemble, c'est du vrai, du solide, du goût, du fonctionnel, avec des photos de son monde, ses livres, ses disques. Adéline, c'est la jeunesse, l'authenticité. Elle nous offre quelque chose à boire et des gâteries, c'est plus fort qu'elle, elle doit donner. Je lui sors son pot de bleuets, elle est ravie, je sais pas pourquoi, je sens chez elle de l'émotion quand elle ouvre le pot. Je la laisse continuer sa jase avec Maman quand elle me dit qu'elle pense avoir vu les amoureux au grand salon du 3e étage...

Retour au 3e. Sont pas au salon. Retourne chez Belle-Maman. Pas là. Chez l'amoureux. Ah là, oui, sont revenus. Bisous, bisous, t'as vu comme il fait beau? Ah t'es allée aux bleuets? C'est donc le fun, tu nous les donnes? Ça va être bon dans les céréales, ça. Et dans le yogourt aussi, demain matin... Belle-Maman, elle, ça fait 32 ans que je l'aime. Depuis que je la connais. C'est la Maman de Crocodile Dundee, juste pour ça, elle serait déjà bien facile à aimer! Elle m'a accueillie dans sa famille dès le premier jour comme si j'avais été une de ses filles, ça, je ne l'oublierai jamais. Son amoureux, lui aussi, je l'aime. Un beau grand monsieur, calme, bien droit, il a de la misère avec ses jambes mais pas avec sa jarnigoine en tout cas. Et il sourit bien tendrement, je trouve. Même à moi. Il me trouve tout le temps drôle, lui, j'ai même pas besoin de faire des farces. Il ne voudrait jamais que je m'en aille. Il devient très volubile quand j'ai la main sur la poignée de porte...

Retour au 2e étage. Adéline et Maman m'attendaient pour aller chez Julienne... La soirée passe vite, il est 21 heures, je veux voir tout mon monde et il me reste encore un pot de bleuets à donner... Adéline me chicane comme elle seule sait le faire : « Mais t'es pas du monde, toi, t'es tout le temps rien que sur une patte, tu vas pas encore faire le tour de tous les vieux ici? » ce à quoi je lui réponds toujours : « Adéline, y a juste toi qui peux me dire ça... » et c'est vrai pour vrai. Il y a quelque chose entre elle et moi, une affection inconditionnelle, je crois.

Chez Julienne

Elle, Julienne, (83 ans) je l'ai longtemps appelée ma tante. Une cousine à Papa et à Maman en même temps, comme ça arrive souvent dans nos familles des Îles. Elle nous accueille à bras ouverts dans son tout petit appartement du 2e, pas loin de chez Adéline. Une force de la nature, ma Julienne, une telle énergie positive... À chaque phrase, elle me donne des leçons de vie, elle ne fait pas exprès, elle dit des vérités tout le temps. Je l'aime depuis que je suis née, elle a toujours fait partie de mon univers, elle a des souvenirs de la petite fille que j'ai été... et qu'avec elle, je serai toujours. On est là toutes les quatre. Elle nous offre à boire, elle a son mini frigo, c'était pareil quand on restait à Matagami, elle avait toujours des surprises dans sa glacière, Julienne! Elle me regarde avec son brillant dans l'oeil et me dit :

- Heille, sais-tu quoi, j'ai fait de la tire! J'ai été chez Laurette exprès pour ça!

- Pas vrai, Julienne! De la tire à m'lasse, comme tu faisais à Matagami?

- Toi, t'aimais ça, hein? Quand tu venais garder chez nous, je t'en laissais tout le temps, t'étais une vraie bébitte à sucre, aimes-tu encore ça?

- Si j'aime ça? Ça fait au moins 40 ans que j'y pas goûté...

Et là, je vous jure, c'était aussi bon qu'avant. Ça goûtait l'enfance.... Ah, je peux pas vous expliquer... J'en ai mangé trois morceaux, les yeux fermés... Julienne a conclu que j'étais encore pas mal bébitte à sucre! Je lui ai sorti mon dernier pot de bleuets. Elle était trop contente. Je lui ai dit que jamais mon pot de bleuets ne saurait rendre justice à sa tire à m'lasse.

Puis, elle nous a raconté son voyage aux Îles. J'aurais pu l'écouter pendant des heures. Elle a sorti ses photos. D'entendre Maman, Julienne et Adéline, avec leurs beaux accents madelinots, raconter leurs bouts d'histoires, s'échanger leurs recettes de poisson, de chaudrées, des nouvelles de l'un et et de l'autre là-bas comme ici, c'était du bonheur en concentré.

Boucler la boucle avec des photos

C'est là que Julienne réservait sa surprise à Maman. Avec son oeil coquin, elle avait gardé pour la fin les deux photos agrandies en format 5 par 7 qu'elle offrait à Maman, les deux mêmes que vous voyez au début de ce billet. C'est moi qui ai eu la surprise, j'avais vu ces photos dans le bouquin... Julienne a dit qu'elle les avait reçues en cadeau aux Iles pendant son voyage, qu'on lui avait dit que ça venait d'un livre... Elle les donnait à Maman parce qu'elle s'en était fait faire des copies... Je savais tellement le cadeau que ça représentait!

On parlait toutes en même temps. Bien sûr, c'était mon grand-grand-père, Emmanuel qui était assis avec des petits autour de lui. Oui, c'était bien Grand-Papa qui avait le petit frisé dans les bras. Maman a confirmé que la dame que je n'avais pas reconnue du tout, c'était sa mère, MA Grand-Maman que j'ai tant aimée... Je ne l'avais même pas reconnue, elle était si jeune et si fatiguée dans ce temps-là. Mais la petite fille sur la photo, ce n'était pas Maman, mais ma tante Bernadette. Le petit frisé, c'est mon oncle Marcel qu'on pense. Le plus grand, mon oncle Raymond, peut-être, on ne saurait dire exactement, celui qui se tient collé sur son grand-père, mon oncle Hilaire? Maman n'était pas sur la photo finalement. Après l'avoir longuement observée, elle a pensé qu'elle, l'aînée, et son frère qui la suit, donc, les deux plus vieux de la famille, devaient être partis courir dans les buttes une dernière fois avant de quitter les îles... Maman (76 ans), je l'aime tellement que je peux même pas trouver les mots pour vous parler d'elle...

Elles se sont mises à raconter comment c'était sur la goélette à Clophas quand ils ont quitté les Îles. Ah c'était beau... Ça, c'est de l'histoire. Il y a tellement de boucles qui se sont bouclées dans ma tête et dans mon coeur.

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul...

On a veillé tard pas mal. Je n'osais même plus regarder ma montre. Elles ont tout leur temps, elles, à leur âge. Et chez Julienne, le temps est bon, l'heure ne compte plus. Comme j'étais loin de mes préoccupations de la journée... Elles m'ont encore réconciliée avec un tas de choses. Avec la vie surtout.

Mais il fallait bien partir. Elles ont dit : « Ah oui, c'est vrai, tu travailles demain, toi ». Julienne a rangé ses bleuets dans son mini frigo, elle avait hâte à demain, qu'elle disait. Elle m'a serrée fort, fait des gros becs, avec la promesse de se revoir bientôt. Maman a fait de même avec Julienne pendant que je me tournais vers Adéline, qui m'a serrée si fort, comme pour m'étouffer, elle a pris ma face dans ses mains, m'a regardée dans les yeux puis m'a dit : « Merci pour tes bleuets ».

Après avoir déposé Maman chez elle, j'étais seule dans ma voiture. En roulant vers chez moi, je savais qu'à cette heure tardive, Crocodile Dundee allait être endormi. J'avais l'impression de rouler sur un nuage. J'ai débarqué de la voiture comme une zombie, suis restée dehors un moment, la nuit était belle et je ressentais encore dans tout mon corps la grosse caresse d'Adéline, son merci, ses yeux embués, le bonheur de mes vieux, tous mes vieux, juste à cause de quelques bleuets frais, les rires de Maman, sa sensibilité et sa joie de petite fille.

Ces impressions et émotions d'hier soir sont encore très présentes aujourd'hui, tellement que j'ai de la misère à travailler. Voilà pourquoi je ne pouvais écrire sur autre chose. Mais je voulais vous expliquer un peu pourquoi j'aime tant les vieux. Avec eux, la vie n'est jamais compliquée ou malheureuse. Et pourtant, ils en vivent des deuils, des difficultés, des abandons, des peines et des drames. Mais ils ont tellement d'aptitude pour le bonheur...

mercredi 6 août 2008

Comme le temps passe...




Photo 1 : Été 1992, Isa avait 6 ans, on allait vivre notre premier été ici. Les anciens propriétaires de notre maison avaient laissé en place au bord de l'eau un genre de radeau qu'on avait récupéré, peinturé et sur lequel on avait disposé deux vieilles chaises retapées, une table et notre vieux parasol. On avait fait ensemble un petit jardin pour s'amuser. Le soleil illuminait tout ça, la végétation ne faisait pas encore beaucoup d'ombrage.

Photo 2 : Été 2008, il y a quelques jours, au même endroit. On reconnaît encore le vieux radeau retapé qui a servi d'appui à la petite maisonnette qui porte encore l'affiche à l'inscription décolorée « Chez Isabelle ». Sa petite maison sert maintenant de remise pour les rames, les vestes de sauvetage, les cannes à pêche, la tondeuse mais je n'ai jamais pu y enlever le tableau, les craies, la brosse, le petit pupitre rose avec les crayons de cire dedans, la corde à danser, etc. Il n'y a plus de jardin, les conifères que nous avons plantés ont tellement bien poussé...

Comme le temps passe...

Arrivés ici à l'automne 1991, nous avions rêvé tout l'hiver à ce que nous allions faire de ce nouvel environnement qui nous permettait tout. Et nous y avons absolument tout vécu. Ce que nous avions rêvé et encore mieux, au fil des saisons et des découvertes que nous y avons faites. On avait payé trop cher cette propriété, on le savait, on l'assumait, on achetait un style de vie, un endroit pour être heureux et ça n'avait pas de prix. Bien sûr, on a profité de la maison et des fenêtres immenses qui donnaient sur le lac dans toutes les pièces, sauf la salle de bain qui, comme le reste, était à refaire. On aimait à dire que le lac était DANS la maison!

Nous étions toutes de jeunes familles avec des enfants sensiblement du même âge. À côté, nos voisins et amis étaient arrivés trois semaines avant nous, d'autres avaient acheté un chalet qu'ils ont transformé en résidence principale, les chanceux, ils ont pu reconstruire à leur goût mais on avait tous une histoire rocambolesque à raconter pour expliquer comment on en était arrivés au chemin des Castors, dans ce beau village de Lac Dufault, collé sur Rouyn-Noranda.

On vivait au rythme du lac, des 103 îles, de nos enfants qui grandissaient et des travaux qui avaient cours dans la petite presqu'île qui nous sert de chemin avec des résidences de chaque côté. Même qu'au hockey, sur la patinoire devant chez nous, il arrivait qu'on sépare les équipes en s'appelant Rive nord et Rive sud. Nous, on est de la Rive sud!

Le chemin des Castors était bruyant et animé. Des jeux et des cris d'enfants. Tout le temps. Sauf dans l'eau. Ils ont appris jeune à ne jamais crier lors des baignades. Le jeu de faire semblant de se noyer ou de rester trop longtemps sous l'eau, ce sont les petits de la ville, la visite de passage, les « pas rap » qui faisaient ça et qu'il fallait éduquer. Nos enfants se chargeaient de ça, ils avaient tellement intégré la consigne. Tous les adultes étaient devenus des sauveteurs de premier ordre. Une carte de compétence de parent, ça valait toutes les certifications de la Croix Rouge. D'ailleurs, plusieurs de nos enfants, comme Isabelle, sont devenus rapidement des moniteurs et monitrices de natation, avec leur certification de sauveteur national, ce qui leur a procuré leurs emplois étudiants...

Nous, les parents, les gens du voisinage, avions beaucoup d'affinités. Normal, nous avions choisi d'habiter ici. Il y a eu tous les pique-niques chez l'un, chez l'autre, dans les îles, les cabanes avec les innombrables serviettes de plage et les amoncellements de chaises longues, les radeaux, les pédalos, la crème solaire qu'on achetait en format familial, on crémait tous ceux qui étaient chez nous!!! Et les chasses au trésor à l'Île aux Sables où l'on ramassait les vestiges des partys de la veille des énervés de la ville tout en cherchant des indices qui menaient au trésor. Un jour, je vous raconterai...

Des veillées au feu, à chanter, à jaser, à écouter les huards, à observer les perséides, les soirs d'août, à fêter la Fête Nationale le 24 juin, à faire cuire les perchaudes prises sur le quai, les accompagner de la fameuse bannik de Crocodile Dundee. On ne savait jamais ce qu'il était pour mettre dedans, des fois, des raisins, des fois, des bleuets, même des chocolats chips, une fois. Mais il était champion pour faire cuire les perchaudes, ça, il n'y avait aucun doute. Des fois, j'avais ma guitare de camping, d'autres fois, c'était Alain. Nos enfants se sont souvent endormis enveloppés dans des sacs de couchage dans des chaises longues au son des chansons de Vigneault, Leclerc, Gauthier, Moustaki, Cat Stevens et bien sûr, Richard Desjardins.

Il y a eu la période des boîtes à savon, des ventes de jouets, des kiosques de limonade, des cirques locaux où les plus créatifs proposaient des entourloupettes un peu casse-cou pour gagner un vieux toutou défraîchi qui n'avait pas trouvé preneur dans la vente de jouets!!! Des olympiades aussi, ça, c'était la manière de rassembler toute la gang. On avait des vieux trophées et des médailles recyclées. Moi, je fabriquais les certificats aux gagnants. On devenait tous et toutes des enfants.

On savait les îles qui avaient des plages secrètes, celles où se cachaient les plus généreuses talles de bleuets, les rivages où l'on trouvait des framboises, les points de vue où le soleil couchant était le plus flamboyant. On y allait ensemble, deux ou trois chaloupes, on faisait des courses en revenant, avec nos petits moteurs 15 forces, chacun penchés vers l'avant avec les bras devant soi comme pour plonger, parce que ça faisait plus aérodynamique!

Nos soupers de Gaulois... Ah ça, c'était quelque chose! Prenez n'importe quel album de bande dessinée d'Astérix, à la fin, quand on voit l'image des Gaulois réunis autour de la grande table dehors, avec du sanglier au milieu, un feu, et le barde Assurancetourix qui s'égosille à chanter, ben, c'était ça, le sanglier en moins...

Il y a eu ici une vie de nature et d'aventures qui est une époque bien révolue. C'est pas grave, on s'ajuste. Mais les cris des enfants me manquent beaucoup. La présence d'enfants et de projets fous, merveilleux, emballants, donnaient une âme à notre chemin des Castors. Les enfants ont grandi, il y avait toujours une petite file d'attente pour l'autobus scolaire, le péril jaune, ils l'affrontaient en groupe! Un jour, ils ont pris l'autobus plus tard, quand ils allaient au secondaire. Puis, au Cégep, Isa avait son « char », d'autres avaient celui de leurs parents, l'autobus de ville ne se rendait pas jusqu'ici. Ils ont eu des horaires chargés, des emplois étudiants, ils sont partis pour les études, revenaient l'été au début, puis, seulement aux fêtes de fin d'année. Nos enfants ont maintenant entre 21 et 25 ans, ils font leur vie et nous visitent à tour de rôle. Ils gardent entre eux des liens très solides, par courriel et par téléphone, se voient lors d'occasions spéciales, de fêtes, mais jamais tous en même temps...

Les huards sont encore là, les couchers de soleil aussi, une famille de canards a élu domicile sous la maisonnette alors qu'avant, ils auraient trouvé l'endroit beaucoup trop animé. On ne pêche plus sur le quai, on ne fait plus de feu non plus. Les motomarines des gens de la ville ont envahi notre lac, on s'en désole souvent entre nous. Le péril jaune ne vient plus jamais au chemin des Castors, ce n'est plus nécessaire. Les voisins sont restés des amis, sont devenus de la famille même. Il y en a qui travaillent trop, d'autres qui voyagent, quelques-uns sont déménagés, un est décédé et il y a eu le divorce de quelques piliers du voisinage. Et puis, il y a le golf, le sport organisé, les sorties culturelles en ville, les soupers au resto, les 5 à 7, les gens prennent soin de leur santé, font du jogging et de l'entraînement en gymnase, c'est très bien. On échange des nouvelles de nos enfants, devenus grands, ça parle retraite qui s'en vient, REER et fonds de pension, un sujet qui nous ennuie profondément, Crocodile Dundee et moi, parce que nous ne sommes absolument pas concernés!

Ça me rappelle qu'une fois, quand j'allais visiter mes parents en Floride où ils passaient l'hiver, au bout de quelques jours, je ressentais un curieux malaise, un vide étrange et puis j'ai compris que c'était parce que c'était un monde sans enfant. Ici, c'est devenu un peu comme en Floride...

Je ne ressens ni déprime, ni tristesse. Mais je ne vous cacherai pas qu'une petite nostalgie s'est emparée de moi depuis quelques jours... Pour me consoler, tout à l'heure, j'accompagnerai les gars sur l'île du Tir à l'arc et peut-être que si Danièle vient aussi, comme elle sait conduire le bateau, elle, on les laissera tout seuls pendant une heure, le temps qu'on aille cueillir des bleuets sur... l'île aux bleuets...