Photo 1 : Vendredi dernier, le soleil se levait tout timide et de mon bureau, je n'ai eu qu'à faire deux pas pour photographier la maisonnette sous cette lumière nostalgique d'automne. Si la porte avait été ouverte, on aurait vu tous les dessins faits à la craie cet été par Félixe et nous, chaque fois qu'on allait y chercher nos vestes de flottaison pour une sortie en bateau : des canards, des huards, des fleurs, des soleils, des bateaux, des voiliers, des pommes, des bananes, etc.
Photo 2 : Toujours vendredi dernier, j'étais en Abitibi-Ouest, à une heure de route de chez moi. Sur le chemin du retour, en fin de journée, juste avant le beau village de Palmarolle, j'ai été saisie par la splendeur de la lumière, du ciel, des couleurs et du paysage de mon enfance. J'ai stationné ma voiture sur l'accotement et croqué sur le vif un peu de ce moment.
Photo 3 : Sans débarquer de ma voiture, j'ai rapproché la scène où l'on voyait un tracteur et une remorque en plein travail à la tombée du jour. Je ne sais pas grand chose du travail de la terre mais j'admire ces gens dont le labeur est proportionnel au coeur et au courage que ça prend pour choisir et assumer ce mode de vie. Ce matin, beaucoup de choses à mon esprit, mais rien qui vaille la peine d'en faire un billet. Et je considère que ce n'est pas une raison valable pour ne pas en écrire un! On le sait, publier régulièrement un nouveau texte est une gymnastique qu'il ne faut pas négliger trop longtemps, sinon les courbatures et les mauvais plis s'installent insidieusement, le désintérêt se pointe de manière floue d'abord, ensuite on cherche sa motivation et on ne la trouve plus et ainsi ce goût d'écrire qui avait toujours été là s'estompe, s'étiole et meurt sans faire de vagues, comme une chandelle qui s'éteint. Je lutte contre ça en ce moment.
Ma façon à moi de bloguer n'est pas celle de la plupart du monde. Depuis 4 ans, je fais partie d'un genre de réseau non organisé, libre, des lieux d'échange, de réflexion et de discussion, d'amitié réelle et/ou virtuelle, avec ceux que j'appelle mes blogues-amis, que je visite fidèlement et qui me le rendent bien. Cette liste se trouve là, juste à côté, la voyez-vous? C'est ce qu'on pourrait appeler « MA blogosphère ». D'autres personnes me lisent aussi, commentent parfois ou pas du tout, et tous sont importants à mes yeux. Je veux leur dire merci sincèrement pour ce temps précieux qu'ils m'accordent, cette écoute si généreuse qui me va droit au coeur et que je ne prendrai jamais pour acquise, tellement elle m'étonne et m'émerveille à chaque fois.
Pourtant, quand les bases de mon réseau s'effritent comme en ce moment, ce réseau social tissé serré qu'était la blogosphère, telle que je l'ai connue, ce réseau social disais-je, est devenu démodé lorsque Facebook et Twitter ont mieux répondu à ce que les gens recherchaient. Le blogue comme moyen de communication et de discussion a perdu des plumes au fil des derniers mois à un point tel qu'il est passé tranquillement de démodé à moribond, à mon avis. Bloguer n'a tout à coup plus le même sens pour moi non plus. Je vous le dis comme je le pense, sans chercher à m'expliquer davantage et sans savoir ce qui adviendra du mien. J'ai toujours dit que je serais la dernière à fermer mon blogue tellement j'y trouvais du plaisir mais quand tous mes blogues-amis auront quitté, il faudra bien que je songe à fermer boutique moi aussi...
J'ai observé depuis 4 ans des phénomènes humains fascinants dans cet univers virtuel où j'ai participé avec joie, avec ardeur, dans un bonheur sans cesse renouvelé. Je me suis attachée à des gens que j'apprenais à connaître et à aimer profondément... sans jamais les avoir rencontrés. Ce n'est pas si étrange après tout, on communique ici à l'aide de nos mots, de nos images, et lorsqu'on écrit, on plonge obligatoirement au plus profond de soi, dans le vrai, dans le vif des sujets, dans des zones où l'on ne va pas souvent fureter au quotidien, dans nos relations sociales souvent superficielles. Inévitablement, des amitiés naissent et se développent, des liens se tissent, des fidélités, des affinités, des habitudes se créent et au final, ces relations virtuelles deviennent bien réelles. Enfin, pour moi, c'est ça.
Voilà où j'en suis. Et je passe sans plus tarder à d'autres sujets.
Des alliances prometteuses
Vous savez à quel point j'aime ma région et le Québec tout entier. À cause de cela, je ne peux plus supporter le clivage (surtout médiatique) entre Montréal et Québec, entre Montréal et les régions, et tout ce qui contribue à nous diviser, nous opposer, nous ignorer ou nous mépriser entre nous plutôt que de s'allier dans nos différences, chercher à devenir complémentaires ou partenaires dans les objectifs que nous avons en commun.
Ce que je prône, j'ai une belle occasion de vous en présenter aujourd'hui un exemple éloquent. Si je vous en parle, ce n'est pas seulement parce que Dominic y prend part cette année comme cinéaste, je vous prie de me croire.
L'année dernière, pour la première fois, le réseau Accès culture Montréal s'associait à une autre région du Québec pour leur offrir une vitrine à Montréal et mieux faire connaître ses artistes, son milieu, la richesse de sa créativité et de son territoire. L'événement « De l'Île à la mer » ouvrait grand ses portes aux artistes de la Gaspésie et des Iles de la Madeleine, le Québec maritime rayonnait pendant deux mois à Montréal, à l'automne 2009. Je trouve ces alliances constructives et riches de retombées, tant pour les régions concernées que pour la métropole qui s'ouvre sur le Québec tout entier, une région à la fois.
Cette année, l'événement invite l'Abitibi-Témiscamingue. Le projet s'intitule «
AT@MTL » qui signifie, vous l'aurez deviné, l'Abitibi-Témiscamingue à Montréal. Du 26 septembre au 28 novembre, le réseau Accès culture, un regroupement de 24 diffuseurs montréalais, présente des artistes de notre région en spectacle, en musique, théâtre, films et expositions regroupant beaucoup de nos talents, créations et productions. Accès culture Montréal met en lumière la vitalité culturelle d'une région chaque automne et cette fois, c'est la nôtre qui est à l'honneur.
Ils sont nombreux à y travailler avec fierté et acharnement depuis des mois. Pour en avoir une petite idée, on peut consulter des sites, des blogues, divers réseaux sociaux qui y sont dédiés, comme accesculture.com/evenement/ATMTL, vimeo.com/12398660, atamtl.tumbir.com et plusieurs autres que je fais exprès de ne pas inclure en liens cliquables pour ne pas ralentir Blogger. Si j'en entends parler depuis un bon moment, c'est que Dominic avait le mandat de réaliser un documentaire qui ferait le portrait de notre vie culturelle pour le présenter à Montréal lors du lancement de cet événement qui s'échelonnera sur deux mois. Un sacré défi qu'il a relevé avec brio, dans un documentaire de 20 minutes, en y mettant sa vision, son coeur et son talent au service de notre région et de ses artistes. Parce que ce n'était pas simple... Il a été à la rencontre d'une cinquantaine d'artistes, aux quatre coins de notre vaste région et il n'a pas compté ses heures ni ses pas. Il a décidé de montrer notre réalité, et là, je le cite, tel qu'il le disait lui-même dans un extrait d'entrevue publiée dans L'Indice bohémien, « même des centres-villes avec de la tôle parce que c'est aussi ça qui fait notre côté brut et honnête ».
Dominic n'a pas fait de compromis sur l'authenticité et l'honnêteté, je le reconnais bien dans ce choix artistique. Mais on verra aussi des choses belles, des êtres formidables, des artistes engagés et engageants, un ciel de jour et de nuit, avec des étoiles ou des aurores boréales comme fil conducteur de ce pays qui nous habite autant qu'on l'habite. J'ai eu le privilège (de belle-maman) de visionner son film et j'ai été fière des choix qu'il a faits et de ce qu'il veut montrer de ce que nous sommes, dans cette particularité culturelle, cette appartenance à ce territoire, cette façon qu'on a de créer et vivre ici.
Le documentaire de
AT@MTL s'intitule
« Entre l'épinette et la licorne ». Après avoir été lancé à Val-d'Or le 6 octobre dernier, il fera son entrée montréalaise cette semaine, jeudi le 14 octobre à 17 heures, à la Maison de la culture Maisonneuve. Mes enfants, Isabelle et Dominic (celui-là, je l'ai adopté) y seront présents. Pas moi même si j'aurais aimé ça... J'ai plus important à faire, comme passer du bon temps avec Félixe!
Mots d'enfant
Le jour où ses parents seront en pleine conférence de presse à Montréal pour le 5 à 7 de lancement de l'événement
AT@MTL, Félixe aura tout juste 21 mois, l'âge adorable où le langage et la communication se développent à un rythme effarant. Et drôle. Et touchant. J'en ai eu encore une belle preuve hier, alors que nous passions l'avant-midi ensemble, elle et moi.
Tout n'est pas tout à fait au point encore dans sa manière d'exprimer les choses qu'elle veut dire mais elle m'a fait tellement rire hier quand elle a m'a servi une parfaite imitation de moi. Quand j'y repense, j'en ris encore. Elle voulait que j'aille dessiner avec elle, comme on l'a fait si souvent cet été. Elle s'est organisée pour que je comprenne son message. Elle avait sorti les gros crayons (lavables), les feuilles de couleur, les autocollants de minous, de fleurs, de papillons. Et puis, avec son expression enjouée, énergique, les yeux brillants, le sourire invitant, elle m'a dit :
« Mamie-mamie-cri-là-foye-collants-élisse-weuriodena-wow c'est boooooo-élisse » ce qui signifie « Mamie, mamie, viens écrire là sur les feuilles, on va mettre des autocollants et quand moi, Félixe, je vais te montrer ce que j'ai fait, tu vas t'exclamer encore « Wow c'est boooooo Félixe! »...
On a beaucoup dessiné, nous deux, hier. Elle m'a raconté plein de choses, je n'ai pas tout compris mais la conversation allait bon train, c'était fluide, il était question de minous, de fleurs, de bateaux, de huards, de papa huard, maman huard et des p'tits p'tits huards sur son dos, tombés dans l'eau, de jus de pommes, de wow c'est beau et de tout ce qui est très important dans la vie.