Il se prénomme Dominic. Je vous parle souvent de lui parce qu'il fait partie de notre famille depuis l'été 2007. Il a épousé notre fille, Isabelle, quelques mois après leur rencontre, en novembre 2007.
Je le connaissais un peu avant qu'il fasse partie de nous. Dominic, dès l'adolescence, s'est révélé en tant que jeune homme très impliqué dans sa communauté, dans la vie culturelle de notre région.
Si personnellement j'aime l'homme, l'amoureux de notre fille, le père de notre petite-fille, le fils, le frère, le beau-fils, l'ami précieux qu'il représente pour tant de gens, j'ai toujours admiré l'artiste intègre et passionné de la vie et des gens qui, grâce à son art, peut toucher, sensibiliser, faire rire et réfléchir, montrer la beauté dans la réalité, sous toutes ses formes.
Comme artiste et comme homme, c'est par l'image qu'il s'exprime le mieux. Il a depuis toujours sa propre signature que je reconnais partout. Même dans sa façon de vivre, de parler et de raconter, on voit ses films!
Il a une attitude formidable dans la vie.
Il s'investit de tout coeur dans tout ce qu'il fait. Il n'attend pas de reconnaissance, il ne carbure pas à ça mais si ça lui arrive, il en est heureux et modeste, il ne s'accapare jamais le crédit et sent le besoin de faire rejaillir les honneurs sur tous ceux qui croisent sa route, dans son travail ou dans sa vie.
Dominic a beaucoup voyagé dans le monde. Pas encore assez à son goût mais il est jeune, il pourra continuer à découvrir des univers et des cultures qui l'enchantent. Curieusement, il ne parle pas souvent de ses voyages, de ses expériences, de ses découvertes et de ses rencontres. Il écoute plutôt ce que les autres ont à lui apprendre, à lui montrer, à lui raconter. Il a une qualité d'écoute hors du commun. Tout bagage de vie lui sert dans son art comme dans sa vie en général.
Sous des dehors toujours très enjoués, l'artiste observe et réfléchit beaucoup, lit, s'informe, s'implique, passe à l'action, vend ses idées comme ses idéaux, partage parfois ses réflexions, il sait convaincre sans parler fort, en tout respect des gens et des arguments qu'on lui sert, il ne réagit jamais avec des réponses toutes faites.
Disons que ce n'est pas son habit de travail mais il peut le porter avec élégance lorsqu'il le faut. Il a de la classe, l'artiste, même en jeans déchirés avec un vieux T-shirt délavé et des souliers jaunes!
L'artiste s'intéresse aux sports comme à la vie culturelle, à la philosophie, la sociologie, la politique, l'environnement, l'histoire, l'archéologie, la justice, la santé, les services sociaux, l'éducation, à sa région comme à toutes les régions du monde. Il est ouvert et généreux, il questionne plus qu'il n'affirme. Je n'ai jamais eu connaissance qu'il ait jugé ou condamné qui que ce soit, il tente plutôt de comprendre, de se mettre dans la peau de l'Autre, avec un A majuscule. Il a des convictions, des passions, des intérêts, et beaucoup de projets. Personnels et professionnels.
Pour moi, Dominic est un être d'exception. Un artiste.
Vivre de son art
La semaine dernière, Dominic séjournait à Montréal pour son travail. En son absence, le Conseil régional de la culture remettait ses prix annuels dans plusieurs catégories, cette année dans le domaine du cinéma, de la réalisation, des nouveaux médias. D'ailleurs, Dominic et Isabelle ont reçu conjointement le Prix Réalisation pour Le stage de Kassandra, une websérie qui les avait menés jusqu'au Gala des Prix Gémeaux où ils avaient été mis en nomination.
Cette année, le Conseil de la culture de l'Abitibi-Témiscamingue remettait son Prix Artiste à quelqu'un qui fait l'unanimité : Dominic Leclerc.
En son absence pour cause de travail, Isabelle s'est rendue à Val-d'Or (avec ma voiture) et elle a accepté le Prix Artiste au nom de son mari, en lisant un court texte que Dominic lui-même avait écrit et lui avait envoyé par courriel.
Le lendemain de cette soirée, j'ai trouvé ce texte qui avait été laissé dans ma voiture et depuis, je l'ai lu et relu, tellement je le trouve riche et profond, empreint de tout ce qui fait la grandeur d'âme, la détermination, l'attitude, les espoirs et les doutes d'un artiste, quel que soit son domaine, qui créée comme il respire, qui aspire et réussit à vivre de son art, en dépit des choix parfois difficiles mais pourtant nécessaires à son épanouissement et à son bonheur.
Je vous partage ce texte comme j'ai souvent partagé avec vous des paysages que je trouvais trop beaux pour les garder pour moi toute seule :
« Au bout d'un moment, une pratique artistique, ça devient une sorte de chien de poche. C'est une patente qui est intégrée à notre vie, en symbiose. C'est là quand on va au restaurant, c'est là quand on est en vacances, c'est dans nos faits et gestes et c'est même présent au sein de notre famille.
Comme dans n'importe quelle pratique artistique, on fait nos trucs parce qu'on a la conviction que c'est comme ça qu'il faut les faire pour toucher, faire rire ou faire réfléchir. À travers ça, on fait un paquet d'erreurs, tant au niveau artistique qu'humain ou même financier. Et ces erreurs, ces faux bonds, affectent toutes les facettes de nos vies.
L'art n'est pas compartimenté. L'art c'est la vie.
Un prix comme celui-là ne fait pas seulement valoriser ma pratique artistique, ça vient confirmer que la marche, parfois difficile, en aura valu la peine et que mes choix, autant au niveau artistique qu'humain, sont cohérents et peuvent atteindre la cible.
Le pèlerinage de la vie artistique est un chemin qu'on ne marche pas seul. Il est rempli de rencontres nécessaires à l'évolution. J'ai eu la chance de côtoyer des gens extraordinaires, créatifs et fonceurs.
Ce sont eux les responsables.
Merci à tous ces gens qui m'ont entraîné dans leurs projets ou ont accepté de participer aux miens. »
Dominic Leclerc, avril 2013.