mardi 23 avril 2013

Vivre de son art


Il se prénomme Dominic. Je vous parle souvent de lui parce qu'il fait partie de notre famille depuis l'été 2007. Il a épousé notre fille, Isabelle, quelques mois après leur rencontre, en novembre 2007. 


Je le connaissais un peu avant qu'il fasse partie de nous. Dominic, dès l'adolescence, s'est révélé en tant que jeune homme très impliqué dans sa communauté, dans la vie culturelle de notre région. 


Si personnellement j'aime l'homme, l'amoureux de notre fille, le père de notre petite-fille, le fils, le frère, le beau-fils, l'ami précieux qu'il représente pour tant de gens, j'ai toujours admiré l'artiste intègre et passionné de la vie et des gens qui, grâce à son art, peut toucher, sensibiliser, faire rire et réfléchir, montrer la beauté dans la réalité, sous toutes ses formes. 


Comme artiste et comme homme, c'est par l'image qu'il s'exprime le mieux. Il a depuis toujours sa propre signature que je reconnais partout. Même dans sa façon de vivre, de parler et de raconter, on voit ses films! 


Il a une attitude formidable dans la vie. 


Il s'investit de tout coeur dans tout ce qu'il fait. Il n'attend pas de reconnaissance, il ne carbure pas à ça mais si ça lui arrive, il en est heureux et modeste, il ne s'accapare jamais le crédit et sent le besoin de faire rejaillir les honneurs sur tous ceux qui croisent sa route, dans son travail ou dans sa vie. 


Dominic a beaucoup voyagé dans le monde. Pas encore assez à son goût mais il est jeune, il pourra continuer à découvrir des univers et des cultures qui l'enchantent. Curieusement, il ne parle pas souvent de ses voyages, de ses expériences, de ses découvertes et de ses rencontres. Il écoute plutôt ce que les autres ont à lui apprendre, à lui montrer, à lui raconter. Il a une qualité d'écoute hors du commun. Tout bagage de vie lui sert dans son art comme dans sa vie en général. 


Sous des dehors toujours très enjoués, l'artiste observe et réfléchit beaucoup, lit, s'informe, s'implique, passe à l'action, vend ses idées comme ses idéaux, partage parfois ses réflexions, il sait convaincre sans parler fort, en tout respect des gens et des arguments qu'on lui sert, il ne réagit jamais avec des réponses toutes faites. 


Disons que ce n'est pas son habit de travail mais il peut le porter avec élégance lorsqu'il le faut. Il a de la classe, l'artiste, même en jeans déchirés avec un vieux T-shirt délavé et des souliers jaunes! 


L'artiste s'intéresse aux sports comme à la vie culturelle, à la philosophie, la sociologie, la politique, l'environnement, l'histoire, l'archéologie, la justice, la santé, les services sociaux, l'éducation, à sa région comme à toutes les régions du monde. Il est ouvert et généreux, il questionne plus qu'il n'affirme. Je n'ai jamais eu connaissance qu'il ait jugé ou condamné qui que ce soit, il tente plutôt de comprendre, de se mettre dans la peau de l'Autre, avec un A majuscule. Il a des convictions, des passions, des intérêts, et beaucoup de projets. Personnels et professionnels. 

Pour moi, Dominic est un être d'exception. Un artiste.

Vivre de son art

La semaine dernière, Dominic séjournait à Montréal pour son travail. En son absence, le Conseil régional de la culture remettait ses prix annuels dans plusieurs catégories, cette année dans le domaine du cinéma, de la réalisation, des nouveaux médias. D'ailleurs, Dominic et Isabelle ont reçu conjointement le Prix Réalisation pour Le stage de Kassandra, une websérie qui les avait menés jusqu'au Gala des Prix Gémeaux où ils avaient été mis en nomination. 

Cette année, le Conseil de la culture de l'Abitibi-Témiscamingue remettait son Prix Artiste à quelqu'un qui fait l'unanimité : Dominic Leclerc. 

En son absence pour cause de travail, Isabelle s'est rendue à Val-d'Or (avec ma voiture) et elle a accepté le Prix Artiste au nom de son mari, en lisant un court texte que Dominic lui-même avait écrit et lui avait envoyé par courriel. 

Le lendemain de cette soirée, j'ai trouvé ce texte qui avait été laissé dans ma voiture et depuis, je l'ai lu et relu, tellement je le trouve riche et profond, empreint de tout ce qui fait la grandeur d'âme, la détermination, l'attitude, les espoirs et les doutes d'un artiste, quel que soit son domaine, qui créée comme il respire, qui aspire et réussit à vivre de son art, en dépit des choix parfois difficiles mais pourtant nécessaires à son épanouissement et à son bonheur. 

Je vous partage ce texte comme j'ai souvent partagé avec vous des paysages que je trouvais trop beaux pour les garder pour moi toute seule : 

« Au bout d'un moment, une pratique artistique, ça devient une sorte de chien de poche. C'est une patente qui est intégrée à notre vie, en symbiose. C'est là quand on va au restaurant, c'est là quand on est en vacances, c'est dans nos faits et gestes et c'est même présent au sein de notre famille. 

Comme dans n'importe quelle pratique artistique, on fait nos trucs parce qu'on a la conviction que c'est comme ça qu'il faut les faire pour toucher, faire rire ou faire réfléchir. À travers ça, on fait un paquet d'erreurs, tant au niveau artistique qu'humain ou même financier. Et ces erreurs, ces faux bonds, affectent toutes les facettes de nos vies. 

L'art n'est pas compartimenté. L'art c'est la vie. 

Un prix comme celui-là ne fait pas seulement valoriser ma pratique artistique, ça vient confirmer que la marche, parfois difficile, en aura valu la peine et que mes choix, autant au niveau artistique qu'humain, sont cohérents et peuvent atteindre la cible. 

Le pèlerinage de la vie artistique est un chemin qu'on ne marche pas seul. Il est rempli de rencontres nécessaires à l'évolution. J'ai eu la chance de côtoyer des gens extraordinaires, créatifs et fonceurs. 

Ce sont eux les responsables. 

Merci à tous ces gens qui m'ont entraîné dans leurs projets ou ont accepté de participer aux miens. »

Dominic Leclerc, avril 2013. 

mardi 2 avril 2013

La maison dans les arbres


Le samedi 23 mars dernier, nous étions au camp Fra-Gilles, à Rapide Deux, et par ce beau matin de soleil, nous avons décidé d'aller faire un tour à la « swamp aux atocas » pour montrer à Félixe ma petite maison dans les arbres, depuis le temps que je lui en parle. 


Comme nous n'y sommes pas allés de l'hiver, la neige s'est accumulée au point où il a fallu déblayer la galerie pour ouvrir la porte. 


Allez, entrez mesdames, c'est pas grand mais c'est accueillant!


« J'ai dormi 4 nuits d'affilée ici dans le temps de la chasse » disait Crocodile Dundee. 


C'est pas très chic mais la vue est magnifique sur la forêt environnante. 


La fenêtre préférée de Félixe... parce qu'elle est facile à ouvrir et qu'elle donne sur les oiseaux et les écureuils. 


« Est-ce qu'on pourrait habiter ici? » 


Petite jasette père-fille dans le cadre de porte... 


Papi a dit : « Je pense que Mamie pourrait te la donner, sa maison dans les arbres » et devant sa réaction enthousiaste, on a signé le contrat, c'est maintenant « la cabane à Félixe », Papi l'a écrit sur le mur!


Pour que ce soit plus officiel encore, elle a écrit elle-même son nom sur le mur à côté de sa fenêtre préférée... avec un dessin de soleil et plein d'arbres!


On s'en retourne au camp Fra-Gilles pour célébrer la transaction avec un bon chocolat chaud.


Voilà la petite histoire toute simple d'une maison dans les arbres, avec l'ancienne propriétaire, la nouvelle et le concepteur/réalisateur qui récupère ses matériaux sur les différents chantiers de construction où il travaille. 

La maison dans les arbres

Il y a des transactions qui se font plus facilement que d'autres... Pas de courtier immobilier, pas d'évaluateur agréé, pas d'inspecteur en bâtiment, pas d'institution financière, pas de notaire, pas d'argent, pas d'ajustement de comptes de taxes, d'électricité, d'eau, pas de taxe de mutation, pas de déménagement compliqué à faire. On écrit notre nom sur le mur et c'est chose faite!

Moi, c'est de même que j'aime ça et j'avais besoin de me raconter cette histoire-là ce matin... 

Parce que nous sommes dans la dernière semaine précédant notre déménagement à notre nouvelle maison. Les déménageurs seront ici le 8 avril prochain à 8 heures et d'ici là, c'est le sprint final pour tout mettre en boîtes et apporter où l'on s'en va. Ça fait un an que je suis dans ce processus il me semble. On aurait pu laisser le tout aux bons soins des déménageurs mais ça aurait coûté plus cher. Ils ne transporteront que les gros meubles (vides) et on se tape le reste du boulot qui nous permet d'élaguer encore et toujours, de donner, de recycler, de jeter ou de trouver d'autres fonctions à des meubles que nous tenons à garder. 

Ouf... On avait tellement une grande maison avec un grand garage à deux étages et une maisonnette remise qui logeait beaucoup de choses mais le plus embêtant, c'est qu'on y vivait depuis plus de 21 ans et qu'on est deux « ramasseux »... La maison qu'on a achetée est tellement plus petite. C'est d'accord, on visait cet objectif. Réduire, simplifier, minimiser les coûts, l'implication et l'entretien. C'était le mot d'ordre. Plus facile à dire qu'à faire. Et ça oblige à beaucoup de détachement. À une autre vision des choses. Nouvelle. Plus simple. Plus libre. 

Je n'aurais jamais pensé que nous aurions pu en venir un jour, Crocodile Dundee et moi, à avoir hâte de partir d'ici pour se retrouver dans notre petite maison de la rue Frontenac. Puisque nous nous déracinons d'ici depuis plusieurs mois, nous avons maintenant très hâte de nous enraciner à nouveau ailleurs.

Sinon, on est comme les cocapitaines d'un bateau pas de gouvernail!