Photo 1 : Fin novembre, à La Sarre, se déroulait la 33e édition du Salon Création. J'y ai toujours un rendez-vous doux avec mon amie Francine, on en profite pour casser la croûte ensemble et ensuite on se fait plaisir en allant à la rencontre des artistes et artisans qui nous offrent le meilleur d'eux-mêmes et de leur créativité.
Photo 2 : La Route du Terroir à La Motte, près d'Amos, je vous en ai déjà parlé. Cette année, ils ont mis de l'avant La Route du Terroir de Noël, qui rassemblait des artistes de ce secteur. Tous adorables. Je n'ai pas pu résister. En prime, j'y ai fait une belle rencontre...
Photo 3 : Dimanche dernier, avec Isabelle et Félixe, on a redécouvert la vieille crèche et les personnages qui étaient bien enfouis dans les boules à mites, dans le grenier du garage, un endroit que j'appelle « les gouffres sans fond » parce que je suis pas capable d'y aller toute seule sans me casser la gueule! Crocodile Dundee dit toujours que s'il avait à me cacher quelque chose, il le mettrait là. Pis ça me choque. Lui, ça le fait rire. J'aime pas ça quand je suis pas capable toute seule...
TRADITIONS
C'est plus fort que moi chaque année, à ce temps-ci, me reviennent les mots de ma mère que j'ai appris par coeur quand j'étais enfant. Elle avait écrit : « Avant que ne s'évanouissent les brumes du passé, le joyeux cortège des fêtes de Noël et du Nouvel An nous invitent à laisser libre cours à une joie profonde et toute intime... D'où vient que l'on éprouve toujours bonheur nouveau à exprimer des souhaits déjà anciens? Oh, c'est que l'amour et la reconnaissance sont des sentiments qui ne vieillissent pas mais qui au contraire prennent plus d'intensité et de chaleur à mesure que le temps fuit... » Le reste de l'hommage que je devais lire pour le 40e anniversaire de mariage de mes grands-parents, je le sais aussi par coeur, mais je dirais plus encore par le coeur, tant il a construit à cette époque les repères que j'adoptais pour quand je serais grande. Je ne peux jamais tout à fait oublier d'où je viens et ça m'aide à savoir où je vais.
J'ai été littéralement happée dernièrement dans des tourbillons de la vie qui n'étaient pas les miens mais où je devais tenir un rôle de premier plan. Nous avons accompagné ma belle-maman, 90 ans, dans les tourments et les grands chagrins des jours comptés de son compagnon des dernières années, qui avait 95 ans, qui était hospitalisé depuis 8 mois, avec tout ce que ça implique de visites à son chevet, tant pour elle que pour lui. Je vous passe les détails. Monsieur est décédé, Belle-Maman se retrouve encore une fois veuve, sans son amour si tendre, avec énormément de deuils à faire, dans l'ensemble de sa vie.
Au même moment, il y a ma mère, beaucoup plus jeune et autonome, dont les besoins sont tout autres, elle aura 80 ans mardi prochain et je lui prépare une fête comme elle aime, avec la présence de beaucoup de ceux qu'elle aime, les autres se joindront à nous 5 jours plus tard.
Donc, mes chères traditions, celles qui me rendent heureuse et que j'aime propager pour multiplier la joie, ont été sérieusement bousculées par les aléas du quotidien qui s'imposent à nous. J'ai dû faire des choix.
Magasiner des cadeaux de Noël... Ça fait longtemps que je pratique l'achat de proximité et la simplicité volontaire. La surconsommation me pue au nez et je me force même pas, ça adonne bien, je n'en ai pas les moyens et j'assume ça fièrement. Donc, pour le peu de magasinage que je fais, je m'en tiens aux événements qui ont encore beaucoup de sens pour moi : les expositions des artistes et artisans. Si j'étais à Montréal, j'irais au Salon des Métiers d'art, mais comme j'habite en Abitibi-Témiscamingue, cette année, je me suis fait plaisir en allant au Salon Création de La Sarre, à la Route du Terroir de Noël à La Motte et au Marché de Noël du P'tit Théâtre du Vieux Noranda, à Rouyn-Noranda. Je complète avec des certificats cadeaux chez mon libraire préféré, un amoureux des livres, des mots et de tous ceux qui les écrivent!
Je ne vous dévoilerai pas tout ce que j'y ai trouvé de créations originales mais disons qu'au lieu de faire des bas de Noël classiques, moi, j'emballe les surprises que j'offre dans des linges à vaisselle tissés par des madames attachantes, vaillantes, souriantes et créatives, voilà de l'emballage qui ne se retrouve pas dans le bac bleu le lendemain de Noël et dont on se sert pendant de longues années! En plus, ça m'évite tous les Wal-Marde!
La décoration de Noël... Je suis tellement loin de tout ça en ce moment. À l'extérieur comme à l'intérieur, rien n'indique encore chez nous qu'on est aujourd'hui le 15 décembre. Vais-je pouvoir mettre de l'ambiance de Noël? Pas sûre que j'aurai le temps d'ici là... Il le faudrait pourtant. La maison sera remplie mardi prochain pour la fête de Maman. Je suis bien organisée pour la bouffe, le confort des petits et grands mais j'aimerais que ma maison soit ce jour-là encore plus joyeuse et animée.
Les cartes de Noël... Ah ça, j'ai de la peine de ça, par exemple. J'aimais tant ça, sortir ma collection de plumes et stylos, mes assortiments de cartes colorées, mes beaux papiers, mes autocollants, mes timbres, m'installer sur la table avec le poêle à bois qui ronronne, une branche de sapin dans la bouilloire qui embaume, au milieu de tout ce que j'aime, plonger dans mon carnet d'adresses postales tout usé et faire mes voeux à ceux qui sont loin et pourtant si près de moi quand je pense à eux...
Pas le temps cette année. Choix difficile. Encore plus quand je reçois des cartes de Noël ces jours-ci, quand ma boîte aux lettres est particulièrement généreuse. Recevoir sans pouvoir donner en retour, ça me vire tout à l'envers.
Les traditions ont toujours représenté des points d'ancrage et des repères pour moi, comme une sorte de culture générale affective et intrinsèque, une définition de mon identité en quelque sorte. Je conçois très bien qu'on doive évoluer, s'adapter, grandir, s'actualiser, se mettre à jour et ne conserver que le meilleur de toutes ces traditions, pour soi et pour ceux qui nous entourent. Ça a l'air de rien comme ça, mais c'est plus difficile qu'on pense.
Dans cet état d'esprit, dimanche dernier, avec la redécouverte de la vieille crèche dans les gouffres sans fond, Isabelle et Félixe s'amusaient à placer les personnages et leur faire vivre des événements d'époque. Félixe est déjà une metteure en scène de talent et ses personnages sont très bien articulés, ils ont beaucoup de vocabulaire, en tout cas.
On a décidé toutes les trois de se raconter ensemble l'histoire de la crèche. On n'est pas à ce moment-là dans l'univers des princesses ni de Winnie l'ourson ni du Père Noël avec ses rennes et ses lutins qui fabriquent des jouets dans l'atelier du Pôle Nord, pour les enfants du monde entier. Comment actualiser cette histoire, pourtant toute simple, d'un papa menuisier qui s'appelait Joseph, d'une maman Marie, douce et aimante, et d'un petit bébé tout mignon qui s'appelait Jésus, qui venait au monde dans une étable le jour de Noël? Avec tout autour de cette petite famille, un âne, un boeuf, des bergers, des moutons, des rois mages qui apportaient des cadeaux...
Tout ça a encore beaucoup de sens pour moi. Ça en a beaucoup pour Isabelle aussi, j'ai transmis ça sans le faire exprès. Maintenant, ça en aura pour Félixe, à cause de ce qu'on s'est raconté cet après-midi là. Chacune de nous trois vivait un beau moment, et chacune de nous trois en fera ce qu'elle voudra de cette histoire. Ce que les hommes et les institutions ont fait de cette histoire par la suite m'importe peu. Félixe n'a pas besoin de savoir ça pour le moment, comme elle n'a pas besoin non plus de découvrir maintenant que le Père Noël, il n'apporte pas de cadeaux à tous les enfants du monde entier, non, loin de là...
Je leur ai donné la crèche et les personnages qui venaient d'assez loin que je ne me rappelle plus exactement d'où. Je me souviens seulement que Joseph, Marie et le petit Jésus m'ont été légués en héritage par Soeur Hortense, qui était la soeur de ma grand-mère, qui était folle des enfants, et qui savait que j'avais une petite Isabelle qui aimait beaucoup faire du théâtre avec toutes sortes de personnages.
Félixe et Isabelle, rendues chez elles, ont placé la crèche sous leur sapin, tout illuminé dans leur salon, et décoré de pièces rigolotes qu'elles ont fabriquées elles-mêmes, avec tout plein de mots d'amour camouflés dedans (comme des biscuits chinois genre!...) et les cartes de Noël qu'ils ont commencé à recevoir.
J'ai trouvé ça doux, beau et chaud, pour mon ti coeur de mamie, de passage lundi soir chez eux, de voir que Félixe joue avec la crèche et les personnages, en se racontant l'histoire qu'elle met en scène à sa manière, en prenant grand soin du petit bébé, et de me rendre compte que pour elle, le papa Joseph, il est menuisier, « comme Papi!» » qu'elle précise à chaque fois.