jeudi 16 mars 2017

CE CADEAU QUE JE ME FAIS

Vous voyez cette photo de moi prise l'été dernier? C'est ma mère qui l'a prise avec mon appareil photo parce que je venais tout juste d'en prendre une d'elle au même endroit qui nous rappelle les années où ma famille avait un chalet dans ce coin-là, en Abitibi-Ouest, plus particulièrement au lac Hébécourt. Ce petit sentier dans le village de Rapide-Danseur mène justement au... rapide danseur dont les eaux vives et la musique m'enchantent depuis longtemps. 


Qu'est-ce qui cloche dans cette photo? Ben des affaires! Mais je vous donne un indice : qu'est-ce que j'ai dans ma main droite? Eh bien, je vous le dis, il n'y en aura plus des photos qui clochent comme celle-ci et c'est grâce à 

CE CADEAU QUE JE ME FAIS

Il y avait longtemps que je me préparais psychologiquement. J'avais toujours dit qu'à 60 ans, je serais non fumeuse et que j'allais cesser avant pour ne pas être en désintox la veille de mon anniversaire ou pire, le jour même. J'aurai 60 ans le 7 juillet prochain. Ça s'écrit ainsi 07/07/17, n'est-ce pas une belle combinaison de chiffres? Cette abondance de 7 me portera chance, je le sens, je le sais!

Je n'avais dit à personne ma date choisie pour entreprendre cette vie nouvelle qui mène à ma libération : le 15 mars 2017. Sans raison précise ou plutôt, oui, pour une foule de bonnes raisons. Dimanche soir, en faisant la vaisselle avec ma fille Isabelle, je lui ai confié mon secret. Une fois rentrée à la maison, je ne me sentais pas bien de l'avoir dit à elle et pas à son père, Crocodile Dundee, avec qui pourtant je partage tout. Donc, depuis dimanche soir, il y avait deux personnes au courant et qui m'encourageaient tout en sachant que c'était là pour moi un défi très important. Ils me font confiance... 

Mercredi matin, au jour J, en me levant, je me sens d'attaque et j'appose sur mon bras le premier timbre Nicoderm d'une série de 28 que je me suis fait prescrire pour les quatre premières semaines, sans aucune difficulté, chez mon pharmacien. Cette béquille temporaire m'aide à mieux supporter les symptômes très désagréables de sevrage que je connais trop bien pour les avoir subis à quelques reprises, chaque fois que j'ai cessé de fumer.  C'est d'ailleurs parce que j'avais peur de revivre ce sevrage que je retardais depuis trop longtemps le début de ma libération. 

Quelques minutes plus tard, toujours hier matin, le téléphone sonne : « Allo Maman, ici la présidente de ton fan club, comment ça se passe pour toi ce matin? ». À travers nos rires, on échange quelques phrases, elle me donne des trucs et astuces auxquels elle a pensé, entre autre elle me suggère d'écrire mon journal de cessation tabagique puisque je règle toujours tout par écrit, me dit-elle. Elle a raison, ça m'éclaircit les idées quand j'écris et dans les moments difficiles, je pourrai relire mes motivations profondes en plus que dans pas longtemps, quand je regarderai en arrière, je verrai le chemin parcouru, le progrès réalisé, le manque qui s'estompe dans l'intensité, dans le nombre ou dans le temps, etc. 

C'est fou, je n'y avais pas pensé, c'est elle qui me l'a suggéré et ce fut une vraie révélation! Elle me connaît bien, ma poulette, mieux que je me connais moi-même...

* * * * *

Alors, puisque nous sommes ici entre nous, sur mon petit blogue chéri si peu mais si bien fréquenté, je vous partage quelques extraits de mon journal de cessation tabagique. Pour vous dire combien je manque de concentration, j'ai écrit la date sur la première page hier matin : Le 15 mars 2015!!! 

« ... je me fais un cadeau, je me donne la santé, la liberté : je me défais de mes chaines, celles qui me lient depuis trop longtemps à ma dépendance à la cigarette. » 

« J'ai mille raisons de cesser de fumer, elles sont toutes excellentes, motivantes et pertinentes. J'aurai plaisir prochainement à les évoquer dans ce cahier, cela me soutiendra dans les moments difficiles. Pour m'aider aussi dans mon gros projet libérateur, j'ai tous ceux qui m'aiment et m'encouragent : Je carbure à ça, moi, l'amour!!! » 

« Ce matin, je me sens solide et fragile en même temps... M'en vais à la piscine là... » 

« Le 16 mars 2017. Deuxième journée sans fumée. Déjà, je savoure la réussite d'une première journée, celle qui me faisait si peur. Ouf, elle est derrière moi, celle-là! Ma nuit a été très agitée et je n'ai pas beaucoup dormi. Je pense que ce soir, je vais enlever mon timbre de nicotine avant d'aller au dodo. Je vais essayer ça... »

« Ma motivation est très grande ce matin. Je me sens forte de mes succès précédents : d'avoir réussi dans le passé à cesser de fumer pendant un an. Je suis fière de moi d'aller nager trois fois par semaine depuis que j'ai 55 ans. J'ai réussi également, à partir de septembre 2015, à complètement repenser mon alimentation pour atteindre mon poids santé, cinq mois plus tard et trente-trois livres en moins. Le plus difficile a été de maintenir ce poids santé et depuis les fêtes, j'ai 9 livres en plus, je travaille là-dessus, je sais quoi faire et j'y arriverai. Il est hors de question de compenser dans la nourriture. » 

« Mes principales motivations (ce que je gagne) : 

1- Une sensation de liberté générale. Respirer à fond et sentir à nouveau la grande capacité pulmonaire que j'avais quand j'étais enfant, que je nageais sous l'eau 2 fois toute la longueur de la piscine olympique à Matagami. Liberté aussi de ne plus ressentir le manque lorsque je suis quelques heures sans pouvoir aller dehors pour fumer.

2- J'ai honte rien qu'à penser que mes petites-filles commencent à réaliser que Mamie est une fumeuse. Dans le cas de Félixe, je crois qu'elle s'en doute et pour Blanche qui comprend tout très vite, je commence à craindre qu'elle me voit faire quand je sors dehors et que je me cache de son beau regard bleu... Mamie, elle aime lire et raconter des histoires, colorier, découper, dessiner, jouer dehors, bricoler, faire des bons soupers avec des desserts santé toujours originaux et amusants, tricoter, réparer des petites choses, faire des bisous et des câlins.  MAMIE NE FUME PAS!

3- Je n'aurai plus peur d'avoir une haleine de cigarette quand on m'approche pour un bisou ou un câlin. Malgré les bonbons à la menthe, la gomme, les pastilles, combien de fois me suis-je empêchée d'aller vers les autres à cause de cette crainte-là? 

4- Je n'aurai plus à traîner de cigarettes, de briquet, de prévoir d'aller au dépanneur avant que ça ferme parce que je veux être certaine de ne pas manquer de cigarettes demain matin. 

5- Je vais épargner au moins 125 $ par mois. C'est fou comme on le trouve toujours, cet argent-là quand on est fumeur... Si l'argent n'est jamais une source de motivation suffisante pour moi, je suis pourtant loin d'être indépendante de fortune, bien au contraire, mais avec 125 $ mensuellement, moi qui n'ai aucun fonds de pension (j'ai presque toujours été soit travailleuse autonome soit contractuelle) je me sentirai peut-être à l'aise de me payer une petite folie de temps en temps. Parce que je le mérite bien, comme dit la publicité! » 

Mise à jour à l'heure du souper :

En allant reconduire Félixe chez elle après notre sortie à la bibliothèque municipale, ma marraine d'arrêtage de fumage, Isabelle, m'avait préparé toute une surprise.


Ce joli coffret qu'elle a bricolé elle-même cet après-midi, « La boîte aux petites douceurs ». À l'intérieur, il y a :


Du côté gauche, des petites bandes de papier où je pourrai inscrire mes « petits plaisir à formuler » et du côté droit, bien pliés, des petites bandes de papier où elle a inscrit, me connaissant, des petits plaisirs variés. J'ai le droit d'en piger une quand j'ai besoin d'un réconfort ou d'une récompense. Ce soir, j'ai pigé : « Aller voir tes cousines à La Sarre et aller à ton magasin boutique que tu aimes. Te rendre aussi au Rouge Café, c'est une petite place cool! »


samedi 4 mars 2017

Quand Mamie radote...

Cette fois encore, je n'ai que ces photos-là pour raconter ma petite histoire toute simple, une histoire d'hiver en Abitibi, un court séjour en forêt, en famille, loin de tout, un minuscule espace de paix emprunté à nos grands espaces de liberté, ce court instant d'éternité volé aux étoiles et à ce croissant de lune en cette semaine de relâche scolaire. 

Jeudi matin, très tôt, ma glacière est prête depuis la veille et on part de Rouyn-Noranda pour aller à notre camp d'hiver à Rapide Deux. Il fait froid, très froid même, après la pluie verglaçante de la veille, la 117 Nord est tout de même dégagée et le soleil resplendit de sa lumière si particulière aux ciels de l'Abitibi. Après notre arrêt traditionnel à l'épicerie/restaurant de Cadillac, où chacun se choisit une petite gourmandise à son goût, on prend le chemin de gravier qui s'enfonce dans la forêt jusqu'à la centrale hydroélectrique de Rapide Deux. C'est là qu'on laissera nos véhicules qu'on troquera pour nos motoneiges. De trente à quarante minutes seront nécessaires, dans des sentiers non balisés, pour nous rendre, comme dirait Blanche, au campe à Papi et Mamie.  


Vaut mieux être bien emmitouflés, le froid est mordant. 


Et c'est un départ!


On est arrivés à destination. On va se dépêcher à faire un feu dans le poêle, il est loin de faire chaud là-dedans mais on avait prévu le coup. 


On en a pour un petit moment avant de pouvoir enlever tuques, cache-cou, manteaux, salopettes, bottes et mitaines. 


Félixe est impatiente de retrouver ses pies pour qui elle a préparé plein de croûtes de pain et de restes des déjeuners du matin. 


Pendant que le dîner se réchauffe tout seul au four, je décide d'aller marcher un peu dans le sentier de motoneige alors que Isabelle part de l'autre côté avec ses skis de fond. 


Les gars font un feu dehors, ce qui est une excellente idée pour bouger et se réchauffer tout en brûlant du bois mort. 


Félixe est contente, elle vient de faire la découverte d'un arbre mort avec plein de petites mousses vertes qui donnent du « oumph » à notre feu extérieur. 


Tiens, on dirait que la température s'est réchauffée tout à coup au bord du feu. 


Dessiner des anges dans la neige, voilà une activité intemporelle, toutes générations confondues. 


Maintenant, il fait chaud dans le campe et le dîner, sans vouloir me vanter, nous semble tout à fait délicieux. 


Et en fin de journée, après avoir joué dehors tout l'après-midi, Blanche a particulièrement aimé le souper concocté par Mamie surtout qu'il y avait au dessert des carrés au Rice Krispies qu'elle appelle « des carrés de guimauve »! 

C'est tout de suite après le souper qu'on est allés marcher dans la nuit comme on s'était promis de le faire, histoire d'aller admirer les étoiles et la lune de ce ciel particulièrement clair, loin de toute pollution lumineuse. Ah c'était féérique! Le ciel était... si beau... que je manque de mots. C'est drôle comme les discussions qu'on aborde et les conclusions qui s'en dégagent, sous un ciel pareil, peuvent nous remplir le coeur et nous élever l'âme, quel que soit l'âge ou le bagage qu'on a... 


Au retour de cette promenade sous le ciel étoilé, Papi l'avait promis à Félixe : je vais te faire des tailles! Pendant que Dominic essaie d'endormir Blanche en lui jouant dans les cheveux, (le papa tombe endormi lui-même avant elle, c'est classique!...) mais il se relève lorsqu'elle s'abandonne au sommeil parce qu'il veut absolument goûter lui aussi aux « tailles » de son beau-père. Les tailles, ce sont des petites tranches de patates très minces qui se dégustent avec un peu de beurre et de sel (mais moi, je les préfère nature!...) après qu'elles ont cuit directement sur la fonte du poêle à bois. Félixe a dit et je la cite : « Ça me rappelle quand j'étais petite! » Comme si elle était très grande! 

Après la dégustation des tailles, nous irons tous très tôt au dodo et lorsque les lumières s'éteindront dans le campe, par les grandes fenêtres, nous nous endormirons en regardant encore la lune et les étoiles. Y a des silences qui sont remplis de merveilles... 

* * * * *


Le lendemain matin, Félixe avait hâte d'avoir fini de déjeuner pour aller donner d'autres croûtes de pain à ses pies. Pour ma part, j'ai étiré le café à l'intérieur avec les autres et j'ai pris cette photo de l'autre côté de la porte... fermée!


Blanchou était très impressionnée de voir faire sa grande soeur et elle a voulu aller la rejoindre dehors mais elle tenait quand même à garder ses distances avec les oiseaux. Disons qu'elle n'est pas encore rendue là mais ça viendra. 


Notre feu d'hier s'est consumé une bonne partie de la soirée et même de la nuit mais ce matin, il est tout à fait éteint. Il s'est creusé jusqu'au sol pour un bon 2 pieds de neige. On voit que le printemps est loin d'être à nos portes. Cette prédiction est probablement plus juste que l'ombre de la marmotte.


Il fait - 30 ce matin, ça ne presse pas d'aller jouer dehors, on va attendre que ça se réchauffe un peu. C'est le temps de sortir les petits jouets en attendant qu'on décide ce qu'on va faire plus tard en avant-midi. 


Isabelle est partie faire quelques kilomètres en ski de fond. Les petites soeurs jouent à l'intérieur sous la supervision des gars. Moi, je suis sortie marcher, faire quelques photos, rêvasser dans la forêt enneigée, avec le soleil levant. Au retour, on décide d'aller tous ensemble voir la petite cabane dans les arbres dans la swamp aux atocas, ça fait longtemps qu'on n'y est pas allés. Isabelle ira en ski de fond, moi en marchant et les gars avec les petites, sur les motoneiges. 


C'est la première fois que Blanche met les pieds là mais pour Félixe, c'est un bonheur de retrouver « sa » cabane dans les arbres. 


La température s'est réchauffée, ça doit être à cause de ce beau soleil. 


Blanche n'en revient pas de se retrouver dans cette cabane et de tout voir de si haut, si loin... 


Déjà, Papi et Félixe sont prêts à repartir vers le campe. 


Quant à Isabelle, Dominic, Blanche et moi, nous resterons à la petite cabane dans les arbres quelques minutes encore avant de s'en retourner. Blanche voudrait absolument voir des « orignals » mais on lui a raconté qu'ils faisaient dodo parce que sinon, on n'aurait jamais pu la redescendre en bas pour la ramener au campe. Il nous a fallu la convaincre!


C'est en voyant les joues rouges des petites que j'ai trouvé qu'on avait resté quand même longtemps dehors, il était temps qu'on rentre à l'intérieur. Au menu du dîner, un classique à Rapide Deux, un bon spaghetti à Mamie avec des petits pains à l'ail. On en a fait assez pour qu'il en reste... à donner aux pies!