Il était une fois une fille qui aimait la vie et les gens. Elle n'aimait pas tant que ça Noël alors qu'elle adorait tous les préparatifs joyeux et lumineux qui menaient chaque jour davantage à cette période dite « de réjouissances ». Cette fille, c'est moi.
Pour contrer la saison des obligations, les souvenirs plus tristes, la peine et le manque des gens qu'on a tant aimés et qui ne sont plus là, je m'efforce chaque année dès les premiers jours de décembre de meubler cette période des Avents avec des gestes qui multiplient ces petits suppléments d'âme, ces instants magiques qui font rayonner ce qu'il y a de plus beau autour de nous. Je trouve qu'il y a beaucoup d'occasions qui nous sont offertes de faire preuve d'entraide, de solidarité et d'humanité, particulièrement en cette période de l'année : favoriser les rencontres et y inclure tout le monde sans exception, faire comme si on avait le cœur à la fête pour que finalement, on ait vraiment le cœur à la fête à force de semer amour, paix et joie dans notre environnement immédiat.
C'est ainsi que le 2 décembre, encore cette année, on s'était donné rendez-vous pour aller en famille et entre amis décorer et illuminer le sentier du petit boisé entre le cul-de-sac du bout de la rue où demeure notre petite famille. Ce sentier du petit boisé relie le bout de la rue avec l'ancienne église devenue garderie coopérative, juste en face de l'école primaire où convergent tous les enfants du quartier matins et soirs.
Le 2 décembre, c'était aussi l'anniversaire de mon cher papa qui aurait eu 91 ans. Ce jour-là, dans mon coeur, je l'emmène avec moi toute la journée et son sourire m'accompagne. C'est drôle, sur cette photo, je trouve que je lui ressemble un peu…
Pour cette corvée si rassembleuse, on sort nos jeux de lumières de l'année passée et on en rajoute des nouvelles. Il y a toujours quelqu'un qui veut se débarrasser des siennes et qui trouve très pratique de pouvoir les ajouter à celles qu'on a déjà. On apporte aussi des escabeaux, des échelles, des attaches, des décos dont on ne se sert plus et qu'on recycle ou retape avec d'autres, de la musique qui nous fait chanter, et même, pour la première fois, quelqu'un a pensé d'apporter du chocolat chaud et des verrres de carton pour réchauffer les tout petits.
Le chocolat chaud, ça réchauffe et ça rend heureux… visiblement!
Le plus difficile de l'opération consiste à brancher toutes ensemble ces séries lumineuses disparates et voir à remplacer les ampoules brûlées. Souvent, avec deux séries, on vient à bout d'en faire une qui ait de l'allure un peu. Alors, on l'ajoute au bout de la file. Pendant ce temps, d'autres grimpent dans les échelles et escabeaux pour commencer à installer tout ça. Pas trop haut, les branches seraient trop délicates pour soutenir un pareil poids et pas trop bas parce qu'on pourrait donner des méchantes idées à des vandales qui n'endurent pas de voir de la beauté autour d'eux.
À la fin, quand le jour s'achève et que le soir arrive (trop vite) on n'en revient pas de voir la magie qui opère dans nos cœurs d'enfant. On a de la misère à s'en aller chacun chez nous et bien souvent, on se débrouille pour souper ensemble afin que cette journée se termine en beauté. C'est alors qu'on déclare le temps des Fêtes officiellement commencé!
MON NOËL ORDINAIRE
Pour les décorations de Noël dans notre maison, on attend de faire ça avec nos deux petites-filles. L'occasion s'est présentée la fin de semaine des 7-8-9 décembre alors que leurs parents allaient passer une fin de semaine d'amoureux à Montréal. On a d'abord sorti la crèche avec les personnages tout en se racontant ensemble cette si belle histoire d'un petit bébé Jésus qui vient au monde dans ce lieu insolite qui ressemble à un vieux campe, entouré de sa Maman Marie et de son Papa Joseph, menuisier de métier, comme Papi, sous la protection de l'ange et les yeux ébahis des bergers et de leurs moutons. Quant aux rois mages, comme ils suivent l'étoile, ils sont encore loin mais bien en vue quand même.
Blanche nous a bien fait rire cette année quand elle a demandé : « C'est où qu'on le met le nâne? » parce qu'elle nous avait entendu dire que le petit bébé Jésus, il avait seulement la chaleur dégagée par un bœuf et un âne, elle avait pensé qu'on parlait… d'un nâne! Depuis ce temps-là qu'on appelle cet animal gris, « le nâne ».
Bien entendu, comme par les années passées, avec Félixe, on bricole ses papillotes de Noël qu'elle offre au temps des fêtes à ses professeurs, ses amis(es), les membres de sa famille. On a commencé cette tradition quand elle avait 4 ans, aujourd'hui elle en a presque 10 et elle commence à m'en parler au mois d'octobre! Quant à Blanche, qui a 4 ans, qui passe son temps à dire « mouéssi mouéssi » et qui veut tout faire comme sa grande soeur, on a débuté cette année une tradition qui va se poursuivre pour longtemps, je le sens. On fait ensemble des biscuits de Noël qu'elle décore elle-même, qu'elle emballe et peaufine sa présentation avec tous ses talents pour tous les gens qu'elle aime. Je vous dis qu'elle y met tout son cœur… et beaucoup de glaçage de couleur. Elle est très généreuse, la Blanchounette!
Ensuite, on fait le sapin en se contant les histoires de tous nos ornements de Noël qu'on met dedans. Papi a les siennes et moi, j'ai les miennes. Et ensemble, on a les nôtres! Si jamais on en oublie une, les petites nous les rappellent à mesure qu'on les sort des boîtes pour les accrocher dans le sapin, elles veulent absolument nous entendre les raconter. Je vous en partage quelques-unes.
Celle-là n'est pas la plus vieille boule de notre sapin mais elle n'est pas jeune non plus, elle a exactement 51 ans. Je me souviens de l'avoir achetée au Nell's Sundries à Matagami quand j'avais 10 ans. Aujourd'hui, si on voyait un Père Noël qui fume la pipe, on crierait au scandale mais quand j'avais 10 ans, on ne s'offusquait pas de ça. Cette boule qui se dévisse est en métal et à l'intérieur, il y avait, je m'en souviens encore, des petits bonbons de couleurs. Elle me rappelle mon enfance dans une petite ville minière et le premier concours de rédaction que j'avais gagné à mon école primaire, dont le premier prix était 10 $. J'avais fait un cadeau à Papa, un à Maman, et chacun une petite voiture Matchbox à mes deux petits frères. Pour moi, j'avais acheté cette boule de Noël de métal avec des bonbons dedans. J'étais fière. Pour moi, cette boule représente aussi la joie de donner.
Cette boule est la plus vieille de tout notre sapin. Elle est bleue, brillante et à peu près toute dépeinturée. Elle vient du sapin qu'il y avait dans le salon de la grande maison du Rang VII chez mes grands-parents Poirier. Elle est fragile mais toute là. Quand je la sors de la boîte, j'entends les guitares, les violons et les chansons de toute notre famille, je revois les marches d'escalier qu'on avait chacun la nôtre pour laisser les tablées aux grands, le poêle à bois bien rempli, du fourneau jusqu'au réchaud des pâtés à la viande et des tartes de toutes sortes et la porte qui s'ouvrait dans une brume de fretttttttt pour en accueillir d'autres qui venaient nous rejoindre. Mon oncle Claude rentrait toujours en dansant avec 26 onces de gros gin. Et mon père riait aux éclats!
Des boules en céramique comme celle-là, on en a deux. C'est Belle-Maman qui les a faites du temps où elle faisait de la céramique et de la poterie. Comme elles sont fragiles et cassantes, on les met bien appuyées sur des branches, comme ça, si elles tombent, ce ne sera pas de haut. Elles sont signées aussi, E. R., ce qui leur confère encore plus un statut d'œuvre d'art. Belle-Maman, cette chère Élise, nous a quittés en 2015 et quand Crocodile Dundee accroche « les boules à sa mère » dans le sapin, il fait toujours une farce pour nous faire rire mais après, il devient songeur et ajoute : « C'était une artiste, ma mère… »
Cette ribambelle de bonhommes de neige, c'est Isabelle, notre fille, qui l'a faite alors qu'elle devait avoir 9-10 ans. On fait toujours attention quand on la sort et quand on la range de ne pas l'abîmer. Pour ses filles, c'est toujours l'occasion de se rendre compte que leur maman, elle a déjà eu leur âge!
Faire le sapin de Noël et les décos chez nous, c'est long. Mais pas trop long. Juste assez pour se raconter des belles histoires de vie qui nous enchantent parce qu'on se les rappelle seulement en décembre.
Cette boule de Noël dit une grande vérité… mais elle arbore une grosse faute de français qui me fait sourire à chaque année depuis… 1989!
Cette période de l'année, c'est un temps où nos cœurs s'attendrissent et la nostalgie pourrait prendre le dessus si l'on ne faisait pas attention. Je n'ai jamais eu autant de personnes qui m'ont pleuré dans les bras que cette année. C'est dans l'air, je pense. Je me dis que d'être là au bon endroit, au bon moment, parfois pour des étrangers qui croisent ma route, c'est ma façon de donner, en 2018.
Paix sur la Terre aux gens de bonne volonté, c'est pour moi le souhait de Noël le plus sensible et le plus sincère qui soit. Et pour l'année 2019, je vous souhaite la santé et l'amour, parce que je vous considère tous et toutes justement comme des gens de bonne volonté. Gros gros becs mes amis(es).