mardi 29 mars 2011

Le stage de Kassandra!



Photo 1 : Je l'avais prise le samedi 19 mars dernier lors du tournage...



Photo 2 : Je l'ai chipée sur la page Facebook de Kassandra Lebelle et même si je sais qu'il n'y a rien de plus accessible gratuitement qu'une websérie et la photo de son personnage principal, je ne me sens vraiment pas bien de chiper quelque chose à des artistes, c'est contre mes principes.



Le stage de Kassandra!



Ça y est, les deux premiers webépisodes (deux en un) sont en ligne depuis ce matin. Je vous en parlais la semaine dernière avec la seule photo que j'avais prise pendant le tournage du samedi précédent.



Depuis une semaine, la première websérie tournée en Abitibi-Témiscamingue, Le stage de Kassandra, a pris une ampleur que personne n'imaginait et l'effervescence autour de cette série humoristique et sans prétention s'explique sûrement par le talent de ses deux principaux artisans, Isabelle Rivest, à la scénarisation et dans le rôle de Kassandra, et Dominic Leclerc, à la réalisation, caméra, montage et plus encore...



Pour mieux comprendre quelle a été leur démarche, comment ils ont conçu et réalisé cette websérie dans des conditions minimalistes, on peut écouter l'entrevue qu'ils ont donnée hier matin à Bruce Gervais, animateur de l'émission Des matins en or, sur la Première chaîne de Radio-Canada en Abitibi-Témiscamingue.




http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia%3Dhttp://www.radio-canada.ca/Medianet/2011/CBF_Rouyn/Desmatinsenor201103280822.asx




Comme le disaient Isabelle et Dominic pendant cette entrevue, « on va aimer la détester en gang! ». En fait, moi je trouve plutôt qu'elle nous tape sur les nerfs et qu'elle est absolument odieuse mais je n'arrive pas à la détester, allez savoir pourquoi!



Pour les quatre prochains mardis, ils nous présenteront encore 8 autres épisodes, à raison de deux par mardi. Attendez que je calcule... 5 mardis x 2 webépisodes = 10 webépisodes, c'est bien ça. Et toujours à la même adresse :


http://www.lestagedekassandra.com/




Un popcorn avec ça?

mardi 22 mars 2011

Un popcorn avec ça?


Photo : Samedi dernier, 13 heures. On tournait l'un des 12 épisodes d'une série de capsules web portant le titre de travail « Stagiaire indigne ».

Un popcorn avec ça?

L'histoire commence vendredi soir lorsqu'Isabelle m'appelle :

- M'man, ça t'adonnerait tu de jouer un rôle dans une série web, on tourne ça demain, c'est pour mon travail de session, dans un épisode j'aurais besoin d'une prof d'expérience, avec du linge de madame, t'aurais trois lignes de texte à dire, c'est moi qui ai écrit le scénario mais j'aime mieux te le dire, t'as ben des émotions qui te passent dans la face?

- Euh... T'as besoin d'une vieille mappe habillée propre? C'est ça mon casting, tu trouves? Je devrais pouvoir entrer dans la peau du personnage sans trop me forcer!

(Entre deux rires étouffés, ma fille me rassure comme elle peut, c'est pas pour ça qu'elle a pensé à moi, c'est parce que je suis expressive, disponible et que je comprends vite)

- À quelle heure?

- À 13 heures, au Cégep, local 3338. T'es ben fine, on va t'attendre...

En route vers la gloire, un éventuel Jutra pour l'actrice de soutien et un possible Oscar à Hollywood, je m'y suis présentée habillée en madame, ouverte à apprendre mon texte (!) et le rendre aussitôt avec toutes les nuances qui s'imposent, en souhaitant que la caméra « m'aime ». Je faisais entièrement confiance à l'auteure (Isabelle) elle-même dans le rôle principal de la stagiaire indigne, au réalisateur et caméraman, Dominic, à mes deux autres camarades de plateau (!) Catherine qu'on voit sur la photo, et France, qui n'apparaît pas sur mon cliché mais qui était toute là elle aussi.

Il ne s'agissait pas de ma première expérience au cinéma mais la fois d'avant, c'était en 1994, dans un documentaire intitulé Le Grand Retour, un film de l'ONF tourné par Herménégilde Chiasson dans le cadre du premier Congrès mondial acadien. Les camions des Productions du Phare-Est avaient été stationnés trois jours dans notre cour et l'équipe de tournage faisait partie de la maisonnée pendant tout ce temps-là. L'expérience avait été inoubliable.

Là, en fin de semaine, c'était plutôt une fiction, un seul épisode d'une minute où je jouais un rôle de composition et j'ai adoré ça! J'ai travaillé sérieusement mais je ne me suis pas prise au sérieux du tout. On a refait la scène au moins une douzaine de fois, d'un angle, d'un autre, une vue d'ensemble, un close up sur un personnage, un visage, une émotion, une réplique, le son devait être parfait, l'éclairage, le cadrage de l'image et mille détails qui sont orchestrés par le réalisateur auquel nous nous soumettions de bon gré.

L'épisode d'une minute a nécessité une heure de tournage. Plus il y a d'interaction entre les personnages, plus c'est long à tourner. Ils en ont tourné 12 dans la journée. Ils ont fini tard. Dimanche soir, ils m'ont dit que « le mien » était déjà monté, que c'était très drôle, qu'il y avait quelques gros plans sur ma face, totalement outrée de ce qu'elle (je) entend de la bouche de la stagiaire indigne. Il paraît que je peux faire un air totalement sidéré, scandalisé, en moins de deux secondes et qu'on ne me connaissait pas cet air de beu aussi criant de vérité! Je devrais commencer à me magasiner une robe de gala...

Après que cette série web humoristique aura été présentée comme travail de session, c'était l'objectif principal, si jamais c'est disponible sur le web, je vous le ferai savoir, c'est promis.

------------------------------------

MISE À JOUR, le 20110324 À 16 HEURES : J'apprends à l'instant que le prologue de la websérie (genre de présentation) « Le stage de Kassandra » est maintenant en ligne, au :

Il s'agit d'une FICTION. Auteure, écriture du scénario : Isabelle Rivest. Elle joue ici le rôle de Kassandra Lebel, stagiaire. IL S'AGIT D'UN RÔLE! Si ma fille était ce genre-là, je m'en vanterais pas! Mais comprenez-vous pourquoi je n'avais pas de misère à entrer dans la peau du personnage de la prof d'expérience complètement outrée? Kassandra Lebel a le don de la superficialité, c'est un pur nombril qui ne sait pas écouter. Elle taperait sur les nerfs de n'importe qui. Le titre de travail était « Stagiaire indigne » ne l'oublions pas! Réalisation, caméra, montage et plus encore : Dominic Leclerc. Le premier épisode de la websérie sera en ligne le 29 mars prochain. Bon visionnement!

-----------------------------------------

Parlant de cinéma

Justement, plusieurs d'entre vous m'aviez déjà demandé de les informer quand il serait possible de voir le film documentaire Léo, dont j'ai parlé abondamment dans quelques billets au début du mois de novembre 2009. Un film de 27 minutes, une réalisation de Carol Courchesne, des productions Les films de coppe, Dominic Leclerc comme directeur photo, Isabelle Rivest, comme script assistante, et Léo Boulet, 70 ans, un personnage aussi délicieux qu'authentique. Le film a obtenu une belle critique, des prix, une carrière intéressante en salle et en DVD et depuis le 15 mars dernier, on peut le voir sur http://www.tou.tv/

Tant qu'à se faire une grosse batch de popcorn, continuons dans le thème du cinéma et de la famille... Pour ceux qui me demandent où ils peuvent voir et entendre Isabelle chanter, voici le lien qui mène à une petite vidéo maison qu'ils ont faite, son cinéaste de mari et elle, dans le sous-sol de leur maison, pendant que la petite dormait, avec 3 $ de chandelles de Dollarama comme seule dépense à inscrire dans le poste budgétaire « décor ». La chanson « En passant » est signée, paroles et musique, de Isabelle Rivest :

Noémie, c'est ma filleule. Adorable. Dix-neuf ans. Moi, je l'ai toujours appelée Noémie jolie. Passionnée de tout dans la vie, les chevaux, la musique, le plein air, une vraie belle d'Ivory! Diplômée de La Pocatière dans le domaine des chevaux, elle se dirige maintenant à l'université, en agronomie. Elle chante et s'accompagne à la guitare.

Jean-Michel, c'est son p'tit frère. Dix-sept ans. Nous, on l'a toujours appelé Jean-Mi. Depuis qu'il est tout petit, on a toujours reconnu chez lui des qualités de communicateur. Curieux et inventif, c'est lui qui se pratique à filmer sa grande soeur et qui la fait chanter. Dans le bon sens du terme comme de raison, ils sont très complices. Il fait ensuite des montages, des décors de studio, des expériences avec des écrans verts, et Noémie participe à ses projets en chantant. C'est sa muse qui s'amuse! Jean-Mi vient d'être accepté au cégep de Jonquière en communication. C'est tellement là qu'il voulait aller! Et nous, on sait qu'il va être à sa place dans cet univers de communication. Pour visionner le projet scolaire qu'il a conçu et réalisé alors qu'il n'avait encore que 16 ans, Les coulisses de la télé, parties 1 à 5, c'est dans la même page Youtube que sa grande soeur Noémie. En fait, c'est lui qui s'occupe de mettre tout ça en ligne!

Pour ma robe de gala, vous me suggérez quoi, vous autres?

mardi 15 mars 2011

Les vieux amis



Photos 1 et 2 : La lune était pleine en cette soirée du 29 mai 2010. De son reflet d'or dans l'eau bleue, elle enveloppait d'une douce quiétude le paysage qui s'offrait à nos yeux.

Les vieux amis

Samedi dernier, soirée délicieuse en compagnie de très vieux amis. Le coup de fil de Luc et Lise en fin d'avant-midi, avec leur charmante invitation, m'avait fait plaisir mais j'hésitais à m'engager. Et puis Lise a insisté. C'était l'anniversaire de Luc, on allait souligner aussi celui de Daniel et de Linda. Un osso-buco, des bons vins, des fromages, rien de compliqué, et elle était en train de nous faire le gâteau préféré de Luc. Ils m'ont dit qui allait être là. Avec moi, on serait dix, je ne pouvais pas les laisser avec un chiffre impair disaient-ils. J'ai dit oui. Ils ont bien fait bien d'insister, cette soirée s'est avérée une suite de beaux moments qui laissent des reflets d'or, comme la lune, dans nos paysages intérieurs.

Nous étions dix en effet. Deux couples et six personnes célibataires ou avec un conjoint absent. Heureux d'être là, ensemble, de se retrouver si simplement. On a tous grandi « dans le Bronx », petit nom affectueux qu'on donne encore à ce quartier ouvrier qui s'appelle maintenant « Le p'tit plateau » ou plus officiellement le vieux Noranda. Nous avons tous entre 50 et 55 ans. On a parfois travaillé ensemble ou dans le même milieu, joué dans les mêmes équipes sportives, on a connu la même époque dans le même quartier, les mêmes événements, apprécié la même musique, carburé aux mêmes joies, aux mêmes peines, aux mêmes idéaux, on a des souvenirs communs, on a voté du même bord, on connaît les mêmes personnes. Et on se rencontre de plus en plus souvent dans les salons funéraires. On en rit d'ailleurs.

Avec les vieux amis, on est toujours comme en terrain connu, presqu'en famille. On peut discuter de tout, partager des découvertes, n'être pas nécessairement du même avis, se comprendre et s'aimer quand même. Comme on est.

On a beaucoup ri en se rappelant le temps d'avant la Loi 101, quand c'était impossible de se faire servir en français chez nous : Woolworth, Lou's Tobacco Shop, Noranda Bakery, Margaret & Rose, Superior Food Market, Twin Kiss, et j'en passe et des meilleures, quand il fallait être bilingue pour travailler à la mine où nos pères se tuaient à l'ouvrage, où les boss parlaient rien qu'anglais même avec un nom français, où l'on respirait dans nos rues la même cochonnerie de SO2 ou de H2SO4. On aurait dû être meilleurs que ça en chimie, on en respirait à coeur de jour! On a échangé des nouvelles de nos personnages célèbres et colorés, nos vieux prospecteurs, nos fous du village, aujourd'hui disparus. Comme quelques-uns d'entre nous.

Il y a eu avant le dessert une surprise pour ceux qui célébraient leur anniversaire, une version très originale des télégrammes chantés, une prestation toute en joie de nos Ménestrels, 7 personnes qui débarquent comme par enchantement, 7 voix magnifiques qui se sont mêlées aux nôtres pour 4 chansons, toutes significatives pour nous tous. C'était un peu la fête de notre amitié qu'on chantait.

Au cours du souper et de la soirée, quand un disque faisait place à un autre, on savait toujours pour qui il avait été choisi et programmé. Quand on a entendu John Denver, on a regardé Luc, pour Agnès Jaoui, on a souri à Linda, quand ils ont reconnu Peter, Paul and Mary, ils m'ont fait un clin d'oeil complice. L'album jazz, c'était pour Adrien, Janis Joplin et Richard Desjardins, c'était pour nous tous. C'est encore ça, les vieux amis.

À l'apéro, Lise nous a joué au piano la pièce sur laquelle elle travaillait depuis des mois. On l'a encouragée de ses progrès. C'est un vieux rêve qu'elle réalise. Après le dessert, Daniel nous a ébloui avec un vrai mini concert, on l'a écouté avec émotion, en silence, je suis certaine qu'on a tous pensé à la même chose, on a presque perdu Daniel en janvier dernier. Et là, il nous charmait avec sa musique, assis au piano de Lise, sur un banc beaucoup trop petit pour sa stature de gentil géant. C'est après ça que je les ai quittés pour sortir dehors marcher dans la rue un petit moment. On savait que j'allais en griller une, on m'a fait un sourire entendu, « on va t'attendre avant de commencer la partie ». Quand je suis rentrée, on a joué à Pyramide. André était tombé dans son semi-coma habituel après 2 verres de vin, on lui a mis une oreiller sous la tête, on savait qu'il nous rejoindrait dans une heure.

Il y avait entre nous samedi dernier une sorte de tendresse amicale inconditionnelle, rassurante, sereine, aimante, qui m'a bercée avec douceur. On aurait dit que personne ne voulait quitter cette bulle protectrice de paix et de sérénité. Je suis partie la première, il était presque deux heures du matin. André m'a demandé si je voulais le déposer chez lui en passant, c'était sur mon chemin.

Rentrée chez moi, toute seule dans cette nuit calme avec la petite neige qui tombait, j'ai mis bien du temps à m'endormir. J'avais passé une soirée merveilleuse. Cette phrase me revenait à l'esprit constamment : « Un ami, c'est quelqu'un qui vous connaît mieux que personne et qui vous aime quand même ».

lundi 7 mars 2011

Écouter, considérer et réagir


Photo 1 : Écouter...

Photo 2 : Considérer...

Photo 3 : Et réagir!

Écouter, considérer et réagir

Il y avait longtemps que je voulais aborder le sujet de mon processus de résolution de problèmes absolument infaillible mais beaucoup trop simple, pour ne pas dire simpliste. Il me manquait les photos pour illustrer mon billet alors hier, j'ai littéralement mitraillé la petite avec ma caméra pendant une bonne minute, et elle est si tant tellement expressive que j'aurai des photos pour aborder tous les sujets que je veux (même les plus abstraits) pour au moins quelques mois!

À 2 ans, malgré l'affirmation de soi parfois exagérée et propre au « terrible two » ils sont déjà l'essence des adultes qu'ils deviendront, ils comprennent les choses à leur façon (c'est fascinant) et leur petit processus de décision tout à fait autonome agit de la même manière que s'ils étaient plus grands, tout est là. Nous n'avons qu'à apprendre d'eux. Encore trop simple, n'est-ce pas?

Je ne connais pas beaucoup de situations qui ne puissent pas trouver leurs solutions dans l'application de ce processus de résolution de problèmes. Encore faut-il définir mieux chacune des trois étapes pour les adapter à l'ensemble des situations vécues, individuelles ou collectives.

Écouter : Ça veut dire plus qu'entendre... Il faut savoir faire preuve d'ouverture et de réalisme par rapport à ce qui est, la situation dans son contexte, sans jugement, sans préjudice, avec bonne volonté, respect de soi et des autres. Se décoller de son p'tit nombril. Élargir ses horizons. Écouter, c'est se mettre en état de recevoir.

Considérer : Une fois qu'on a tous les éléments d'information pour exercer son jugement, on se met déjà en action. On pèse les pour et les contre, on prend des renseignements supplémentaires si c'est nécessaire, on filtre à travers sa propre perception, son expérience de vie, et surtout, l'objectif visé, le changement souhaité, le résultat à atteindre. On analyse en connaissance de cause, on se fait une tête sur le présent grâce à ce qu'on a appris du passé pour mieux dessiner notre avenir. On « considère ».

Réagir : Agir et réagir... C'est toujours le plus difficile mais pour que le coup porte, il faut que l'élan soit donné sans hésitation, de tout son coeur, comme si l'on voulait planter un clou dans une planche d'un seul coup de marteau. Précis. Assuré. Ce n'est plus le temps d'hésiter ou de reculer, on ne regarde plus en arrière mais en avant, à moins qu'il survienne un fait nouveau. Il faudrait alors reconsidérer, donc, revenir à la deuxième étape. Agir ou réagir n'est jamais facile parce qu'il faut poser des gestes sans garantie de réussite, se faire confiance, foncer, savoir ce qu'on veut et faire tous les pas dans la direction choisie. Et assumer.

Ça peut paraître abstrait mais ça s'applique à presque tout. Oh je sais, vous pourriez me démontrer le contraire et vous y arriveriez facilement. Mais c'est quand même une piste à suivre pour prendre des décisions et apporter des solutions à toutes sortes de problèmes, petits ou grands.

Vous voulez savoir quel était le problème rencontré, la décision soumise à la réflexion de Félixe hier après-midi? Elle ne voulait pas venir jouer dehors (c'est une poupée qui fait non non non non non, comme dans la chanson) et nous avions tous le goût d'y aller. Sa mère a choisi le moment de la collation pour lui vendre l'idée, on préférait que la décision et l'élan viennent d'elle-même, histoire de lui inculquer tout de suite l'habitude de faire des choix. Ça commence au berceau. S'il y avait eu du son sur ma caméra, voici ce que vous auriez entendu :

Photo 1 : « Félixe, on a eu une bonne idée, sais-tu quoi? » (son attention est captée là, voyez-vous la réceptivité?)

Photo 2 : « Après la collation, on va s'habiller pour aller dehors et Papi va nous faire un beau feu sur la neige, tu vas pouvoir faire des boules de papier et les lancer dedans, ça va être drôle, hein? » (hiiiiii que ça lui tente, ça, elle se souvient l'avoir déjà fait, elle considère sérieusement de dire oui)

Photo 3 : Dit-elle... « Féisse va mettre sa'opette manteau sapo (salopette manteau chapeau). Feu de neige. Ouais!!!! »

mardi 1 mars 2011

L'univers de Jocelyne


Photo 1 : Samedi dernier, au camp, j'ai réussi à m'arracher de peine et de misère à mon bouquin pour aller marcher longuement dans les derniers rayons du soleil de cette fin d'après-midi. Dans ce jeu d'ombres et de lumières, je voyais aussi ce que j'appelle un centre-ville de lièvres!

Photo 2 : Revenant vers le camp où m'attendait la suite de ce roman qui m'habitait passionnément, j'ai croqué cette image de notre camp tel qu'il m'apparaissait dans cette étrange lumière, de l'autre côté de la « swamp », et qui aurait pu illustrer l'univers de Jocelyne qui est aussi le mien.

Photo 3 : Mais avant de retourner dévorer d'autres pages, il me fallait encore donner à manger à mes amies. Celle-là, bien élevée, prend le temps de me saluer avant d'attaquer son repas.

L'univers de Jocelyne

Les critiques sont dithyrambiques, et même Jean Fugère, dans sa chronique littéraire sur la Première chaîne de Radio-Canada en perdait ses mots, avant de déclarer « Fabuleux » l'univers, l'histoire, le décor et les personnages de son dernier roman. Ce genre de critique ne m'influence pas d'habitude. Moi, c'est plutôt Jocelyne elle-même qui m'intéresse, celle que je connais et que j'aime depuis longtemps. Mais je suis tout de même ravie pour elle que son talent soit enfin reconnu.

Nos univers professionnels se sont souvent croisés. Parce que Jocelyne a toujours gagné sa vie autrement que dans l'écriture, n'en doutez pas, on est au Québec ici. Grâce à des affinités naturelles qu'on ressentait toutes les deux à force de se croiser, il nous est arrivé souvent de faire des parallèles avec nos univers personnels qui se ressemblaient aussi. Et nos envies inexplicables d'écrire, nos petits travers, nos manies, on ne se prenait pas au sérieux ni l'une ni l'autre mais on savait qu'on partageait cette passion dévorante et ce besoin qui nous marginalise parfois. Rencontrer Jocelyne, soit dans le travail, au Salon du livre, dans un quelconque événement culturel, par hasard au resto ou à l'épicerie, a toujours été un moment magique pour moi. Cette fille-là, c'est une vraie!

Elle habite un petit village près d'ici, Cléricy, mais pour faire plus vite, on dit Rouyn-Noranda. Née en Acadie, elle est arrivée en Abitibi toute jeune et je reconnais chez elle les mêmes racines (ou plutôt des algues) la même quête que chez tous ceux et celles qui se cherchent d'instinct un pays perdu, un paradis volé, à retrouver. Une autre affaire qu'on a en commun, toujours en filigrane et qui ne s'explique pas. Son conjoint est un homme des bois, une sorte de Crocodile Dundee de la forêt boréale. Elle ne peut pas tout inventer de l'authenticité de ce qu'elle écrit, malgré son imaginaire fertile et son univers si riche de tous les personnages qu'elle porte en elle. Jocelyne, lorsqu'elle écrit, ne créée pas tout à partir de rien et ça, je le sais de bonne source!

Dès la publication de son premier roman, en 1996, j'ai été conquise par ce ton unique, intime et personnel qui est le sien. La vie comme une image, aux éditions XYZ, a marqué pour moi une découverte, un tournant, une prise de conscience. C'est un livre qui m'a habitée longtemps.

En 2000, toujours chez XYZ, elle publiait Les héritiers de la mine, un univers particulier de ville minière qu'elle connaît bien, avec la vie qui s'y déroule, l'emprise de la toute puissante, ce qui se trame en dessous et à la surface, dans la vie et les intrigues vécues par ses personnages. Quelques années plus tard, en 2006, toujours fidèle à la même maison d'édition, elle publie Jeanne sur les routes.

On voit que Jocelyne prend son temps pour écrire. On ne tire pas sur une fleur pour qu'elle sorte de terre plus vite. Elle publie environ tous les cinq ans, c'est qu'en plus de sa passion de l'écriture, elle a toute une vie aussi! J'attendais donc son p'tit dernier avec impatience comme on attend à la poste une lettre d'une amie. Trop pressée, je n'ai pas attendu son lancement rouynorandien, j'ai foncé tout droit à ma librairie préférée et j'ai dû le commander parce tous les exemplaires s'étaient envolés comme des petits pains chauds. Un beau problème pour Jocelyne et sa maison d'édition qui a dû aller en réimpression, victimes de leur succès!

Il pleuvait des oiseaux, voilà le titre de son quatrième roman publié en ce premier trimestre 2011, aux éditions XYZ, par Jocelyne Saucier, une écrivaine de talent.

Je ne trouve plus les mots pour vous en parler avec justesse et d'une façon détachée. Alors, je lance des phrases comme ça, à la volée, et je vous fais confiance, vous me comprenez toujours d'habitude... Il s'agit d'un roman que je n'ai pas pu lâcher avant la fin et même après, il m'habite encore, vous comprenez? Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. J'étais happée, séduite, dépendante, suspendue, suppliante, un peu plus et ça serait devenu malsain!

Et puis, les personnages... Si vrais, si attachants, on en connaît des comme ça, partout ici on les rencontre en forêt, ou dans les petits magasins des villages. On les entend vivre, respirer et penser, surtout dans leurs silences et leurs regards qui parlent pour eux. Les miens portent d'autres noms mais Jocelyne les nomme à son goût, elle, c'est son privilège de romancière.

Si la grande liberté est aussi chère à votre coeur qu'au mien, si la vie d'ermite vous tente souvent et vous fascine littéralement, si un peu de délinquance et de folie douce sait vous charmer, si vous aimez vous faire raconter des histoires vraies qui n'ont pas besoin d'être enjolivées ni maquillées pour vous toucher, si la nature signifie un baume bienfaisant sur vos blessures au point de vouloir vous fondre en elle, si la résilience vous parle d'abondance et d'humanité, si la vieillesse et la mort vous achalent et que vous aspirez à devenir plus serein face à ces étapes normales de fin de vie, si vous croyez toujours à la force incommensurable de l'amour humain, alors, allez-y, à la bibliothèque ou à la librairie, courez plonger avec délice dans l'univers de Jocelyne, là où Il pleuvait des oiseaux.

Ah oui, j'oubliais de vous dire... J'ai presque pleuré au moins deux fois en le lisant. Ça non plus, ça ne m'était pas arrivé depuis la lecture d'une petite plaquette empruntée à la bibliothèque de l'école Galinée, à Matagami, quand j'étais en quatrième année! Je ne me souviens plus du nom de l'auteur, dans ce temps-là, ça m'importait peu, mais ce petit livre de la collection Bibliothèque rose, se titrait ainsi, On demande une Maman. J'ai tant cherché ce souvenir d'enfance depuis, si vous saviez, dans toutes les ventes de garages, les bric à brac, les boutiques de livres usagés, etc. J'aurais tellement eu le goût de le relire, avec mes yeux d'adulte, pour retrouver la petite fille que j'ai été. Il y a des livres qu'on n'oublie jamais. Comme des amis d'enfance.