jeudi 26 août 2010

Voir petit




Photo 1 : Photographié à l'heure du souper, ce colibri s'exécutait dans une lumière plus belle que ce matin, donc, je l'ajoute après avoir mis en ligne mon billet d'aujourd'hui!

Photo 2 : J'ai toujours sous les yeux ces deux restos pour les oiseaux de passage. Ces jours-ci, j'ignore pourquoi, c'est le chic Colibri Express qui attire une clientèle nombreuse, empressée et fidèle.

Photo 3 : Même à contrejour dans ce matin gris, celui-là a encore réussi à m'éblouir tout à l'heure.

Voir petit

Chaque fois que je m'émerveille de voir les colibris s'empresser autour de la mangeoire, je repense à la promesse que j'ai faite à France à l'automne 1991 et à la dernière fois que ma grand-mère est venue ici, à l'été 1993. Ce matin, j'ai même fait le lien avec une troisième pensée qui m'habitait et qui pourrait se résumer en deux mots : Voir petit. Attendez que je vous raconte...

Promesse à France

En septembre 1991, je suis venue ici pour la première fois et j'ai fait la rencontre de France, qui habitait tellement ces lieux. J'avais l'impression de la connaître depuis toujours, tant il y avait des affinités nombreuses et étonnantes entre nous. Sylvain m'avait laissé entendre que leur maison pourrait être à vendre si l'on voulait y mettre le prix. La suite de l'histoire est si irraisonnable et rocambolesque que je vous la résumerai en disant qu'on avait réfléchi plutôt avec notre coeur qu'avec notre tête, qu'on ne l'a jamais regretté et qu'un mois plus tard, on emménageait dans cet aquarium tout vitré, avec une énergie folle qui n'avait d'égale que notre volonté farouche de s'y faire une vie heureuse avec notre Isabelle qui allait célébrer ses 5 ans.

Au moment de quitter sa maison, France aurait pu me demander n'importe quoi, j'aurais dit oui, tant j'avais l'impression qu'elle me faisait un cadeau d'une valeur inestimable en nous cédant la propriété même si Sylvain, lui, donnait une valeur précise et fort estimable à ce qu'il considérait pour nous vendre ce chalet rafistolé en petite maison qui représentait plus une façon de vivre qu'un investissement immobilier digne de ce nom. Non mais, c'est vrai, il y a des choses qui ne se monnayent pas. Elles se négocient encore moins... C'est alors que France m'a fait promettre de ne jamais négliger de tenir bien remplie d'eau sucrée la mangeoire des colibris, parce qu'ils comptaient sur elle pour survivre comme ils allaient dorénavant compter sur moi.

Promesse tenue depuis 19 ans. Moi, quand je m'engage, c'est pour la vie!

Grand-Maman

Par une belle journée du mois d'août, en 1993, j'avais demandé à ma grand-mère si elle voulait venir dîner avec nous et passer l'après-midi ici, sur la terrasse, à regarder passer les bateaux et prendre son p'tit thé faible assise dehors, à l'abri sous les arbres. Elle avait dit oui avec une légère hésitation mais quand je l'avais rassurée qu'on irait à son rythme, elle s'était montrée enthousiaste et enjouée comme une petite fille.

Cet après-midi-là, je ne l'oublierai jamais. Un moment doux, tendre et fort avec elle, de ceux qui restent imprégnés dans les souvenirs, hors du temps, délicieux, parfaits. On n'entendait pas un bruit, le soleil était jaune pâle, pas aveuglant du tout, on suivait des yeux les voiliers entre les îles, le vent se faisait berçant, les petites vagues ridaient juste assez le lac bleu pour y faire danser les diamants, les colibris allaient et venaient à la mangoire dans un ballet rapide et gracieux, pendant que notre conversation était à l'image de tout cela. Tout à coup, les colibris se sont mis à se rentrer dedans comme des boxeurs enragés et elle m'a dit : « Sont beaux, c'est pas croyable, mais sont tellement chicaniers! » et nous avons ri comme des gamines devant cette petite scène banale qui illustrait tellement la vie telle qu'elle est.

Elle avait senti le besoin de me reparler de cette biographie qu'on venait de faire ensemble et qui racontait sa vie, ses amours, ses souvenirs, son héritage, ses rêves, ses réflexions, ce qu'elle savait de la vie et qu'elle voulait partager avec sa très nombreuse famille, ses proches amis. Elle en était contente, ravie, sereine et reconnaissante, à cause des témoignages qui affluaient à la lecture de tous ces exemplaires offerts dans sa famille, quand on la remerciait de s'être autant livrée, de nous avoir tant donné d'elle-même.

Elle remerciait la vie et le petit Jésus pour tout ce bonheur qui était le mien... « Tu dois être heureuse ici, à voir passer les bateaux, toujours au bord de l'eau, avec ton mari qui t'aime tant, ta petite fille si belle, si fine, il me semble que ça doit être ça le paradis... » et la suite, je vous le dis franchement, j'ai de la misère à l'écrire...

Avec une infinie douceur, elle m'avait confié qu'elle ne viendrait plus chez moi, qu'elle acceptait avec sérénité que c'était la dernière fois qu'elle voyait ce site enchanteur, parce qu'elle était trop fatiguée maintenant, et qu'elle allait se contenter de mes visites chez elle mais qu'elle m'imaginerait toujours dans ce décor d'après-midi de fin d'été qu'elle emportait avec elle comme une prière.

Elle est décédée cet automne-là.

samedi 21 août 2010

Terroir et gourmandise





Photo 1 : Tout à l'heure, nous étions en famille et sous la pluie pour faire la Route du Terroir, à La Motte, un événement annuel que je ne saurais manquer. Isabelle et Félixe s'y sont amusées autant que moi.

Photo 2 : Sous le grand chapiteau, au centre du village, il y a toujours de la musique et plein de monde. À cette heure-là, elles étaient les seules à danser par exemple! Enfin, presque, parce que je suis allée les rejoindre tout de suite après.

Photo 3 : Attendez que je vous en reparle, c'est la moitié de mon titre, une attraction touristique connue à l'internationale, qu'on ne trouve pas à La Motte mais à Rouyn-Noranda.

Photo 4 : J'ai acheté ça à La Motte aujourd'hui, une peinture naïve sur une pierre de fées. De ça aussi, je vous en reparle...

Terroir et gourmandise

Croyez-vous à la synchronicité? Moi, un peu. Je n'ai pas le choix. Il m'en arrive trop souvent de ces clins d'oeil du destin qui me font sourire ou m'attendrir. Je dis tout le temps qu'il n'y a pas de hasard, juste des rendez-vous. Je me demande bien par exemple qui c'est qui nous organise les rendez-vous!

L'histoire débute jeudi soir dernier alors que je reçois à ma table une dizaine de personnes de ma petite famille, incluant la famille de Dominic, ma famille élargie maintenant. Parmi eux, il y a ceux de l'extérieur en visite ici, dont sa grand-mère Irène que j'adore, qui habite au pays de la crème glacée : Coaticook... Après souper, on va veiller au feu, on jase de tout et de rien, la soirée est douce, les étoiles brillent autant que les yeux de Félixe, les huards nous chantent des sénénades, on se dit qu'on vit dans un pays de rêve, ce qui nous amène à parler de la Route du Terroir à La Motte qui aura lieu samedi. On fait des plans pour y aller.

Hier, vendredi, sur le blogue de Fitzsou, l'ange aérien, on parle justement de

http://www.municipalitedelamotte.ca/route_du_terroir/index.php

et aussi des pouvoirs magiques des pierres de fées qu'on y trouve, sur le bord de l'Harricana où nous sommes nées, comme sur les rives du lac La Motte. Et tant qu'à jaser de ce qu'on a en commun, Fitzsou me demande si je connais la fameuse tarte aux pommes du Broadway Pub. Tu parles si je la connais, c'est une expérience gourmande et mémorable que j'ai eu la chance de vivre deux fois dans ma vie...

Hier encore, je reviens chez moi en soirée, et j'ai sur mon répondeur un message de Claire, ma très chère Claire, mon amie d'enfance de Matagami, qui me donne un rendez-vous doux justement à La Motte aujourd'hui. Ça fait des semaines que je pense à elle. Je la rappelle aussitôt mais il semble qu'elle est déjà partie, je m'adresse à mon tour à son répondeur. « On se verra là-bas que je lui dis ».

Ce matin, malgré la pluie, on endosse nos impers et on s'en va à La Motte, une heure de route, c'est tout ce qu'il nous faut pour jaser, Isa, Félixe et moi, et on a rendez-vous sous le chapiteau avec la gang du souper de jeudi soir.

Terroir

Comme toujours, le village s'est endimanché fièrement. Sur 8 kilomètres en forme de L, on trouve une centaine de kiosques en avant des maisons et des fermes où il y a de tout, j'en ai déjà parlé dans un billet des années précédentes. Et ces décors, et ces costumes, et cette joie dans l'air, cette créativité, ces rencontres avec du monde de toute la région, je ne pourrais pas vous dire comme ça me rend heureuse, le coeur en fête. En plus, je suis en famille, avec ma grande petite famille.

Avec Félixe, je ne fais pas les mêmes activités que d'habitude. On flâne moins longtemps dans les kiosques disons... Mais je découvre des endroits que je n'avais jamais vus les années d'avant, c'est-à-dire des petites maisons grillagées pour les canards, les oies, la chèvre curieuse, le mini cheval, de même que ce qui semble être une garderie parce qu'il y a plein de glissoires où Félixe nous entraîne de toute son énergie. On devra y rester quelques minutes, elle ne veut plus s'en aller, elle vient de trouver un terroir bien à son goût!

Je cherche Claire du regard mais ne la trouve pas. Et tout à coup, j'aperçois... On dirait que c'est lui? Mais je le connais? Non, pas vrai, pas Richard? Mon petit voisin d'en face quand j'étais petite, que j'habitais à La Sarre. Je ne l'ai pas vu depuis au moins... Plus de 30 ans... Il n'a pas changé du tout. Je prends une chance : « Bonjour, est-ce que tu t'appelles Richard F.....? » et là, son sourire éclaire son visage, et je n'ai plus de doute : « Oui, Francine, qu'est-ce que tu fais ici? » Retrouvailles chaleureuses à l'image du village où l'on s'est reconnus comme par magie, après toutes ces années. Ses parents étaient de grands amis des miens, sa mère est décédée il y a quelques années et lorsque je lui demande des nouvelles de son père, il m'apprend qu'il a su hier qu'il était atteint d'un cancer, que c'est généralisé, qu'il n'en a plus pour longtemps à vivre. Il trouve que le hasard fait drôlement les choses, je suis la première personne à qui il en parle. Et moi, drôle de hasard aussi, je cherchais mon amie d'enfance, j'en ai retrouvé un autre...

Pierres de fées

Elles sont uniques, elles proviennent des dépôts meubles du Quatenaire où elles furent sculptées naturellement dans certaines étendues d'eau lors du recul du front glaciaire, un phénomène particulier à la rivière Harricana et au lac La Motte. Les Amérindiens les appelaient pierres de fées et les arboraient souvent comme porte-bonheur. Les plus grands spécimens occupaient une place d'honneur dans les maisons où selon la légende, ces pierres assuraient la protection des occupants des lieux, en plus d'apporter santé et prospérité. Je ne pouvais pas résister, j'en ai acheté une, la seule qui avait un orignal peint dessus, mon animal fétiche!

Gourmandise

Sous le grand chapiteau, après la danse des filles, le reste de notre groupe a lancé l'idée qu'on devrait aller au Broadway Pub en arrivant à Rouyn, pour se dire au revoir et apposer un point virgule plutôt gourmand à cette belle journée où il a fait très soleil dans notre coeur. Je n'ai rien dit pour influencer ce projet emballant mais j'ai pensé à Fitzsou encore une fois... Tout s'est organisé à la vitesse de l'éclair, dans l'enthousiasme joyeux et entraînant de ma gang, surtout qu'on avait de la visite de Montréal et de Coaticook. Je n'ai eu qu'à dire oui! D'ailleurs, je n'avais pas dîné et j'avais très faim moi aussi, je me sentais capable d'attaquer cette attraction touristique internationale, la fameuse tarte aux pommes du Broadway.

Sur la photo 3, vous voyez un peu de quoi il s'agit mais laissez-moi plutôt vous décrire cette gourmandise purement abitibienne. J'appelle ça une expérience, moi... C'est la spécialité de l'endroit. D'abord, vous l'entendez arriver, la Broadway Pie, quand la serveuse vous l'apporte. Ça fait « tshshshshshshsh » parce que le caramel pétille sur la plaque brûlante. Oui, oui, vous avez bien entendu, le caramel aux noix enveloppe le morceau généreux de tarte aux pommes faite maison, surmonté de crème glacée, celle-ci refroidira votre première bouchée pour ne pas vous brûler la langue et vous n'entendrez pas un son autre que « tshshshshshshsh » alors que tout le monde autour de la table vivra la même chose que vous : l'extase gourmande!

En conclusion

J'ai presque réussi à vider mon assiette tant c'est délicieux, je ne mangerai plus de la journée et peut-être que demain non plus! Le Broadway Pub est situé dans le Vieux Noranda, aussi appelé « Le P'tit Plateau », un quartier très chouette où l'on trouve le Cabaret de la dernière chance, le P'tit théâtre du Vieux Noranda, La Semence, véritable institution où Léandre Bergeron donne son pain au lieu de le vendre pour défier les fonctionnaires du MAPAQ, le Twin Kiss, la Maison en Sol Mineur, et bien d'autres points d'intérêt plus ou moins connus.

Quant à mon amie Claire, je ne l'ai pas trouvée après l'avoir tant cherchée à la Route du Terroir, à La Motte. Il faudra que j'aille à Matagami maintenant, c'est sûr. C'est Guy Vandal qui va être content, je lui avais promis d'aller prendre un café avec lui. Tiens, je vais confier ce souhait/projet à ma pierre de fées, il paraît qu'elle a des pouvoirs magiques et merveilleux.

lundi 16 août 2010

Voyager seule



Photo 1 : Samedi matin, au marché Jean-Talon, en compagnie de Sylvie, mon amie Voyageuse du monde (je lui ai demandé la permission avant d'écrire ça) qui connaît bien mes goûts et mes passions. Moi, les marchés publics, les couleurs, l'abondance de choses fraîches, les odeurs, la bonne humeur des producteurs, vous savez...

Photo 2 : Dimanche à l'heure du souper, j'étais sur le point d'arriver chez nous, à destination, après ce petit voyage court mais intense, où j'ai roulé pas mal de kilomètres, pour l'amitié et le plaisir. Ce ciel étrange et serein, après l'orage violent qui m'avait obligée de m'arrêter en chemin, venait illustrer comme par magie ce plaisir que je ressens toujours à...

Voyager seule

Je partage beaucoup de choses avec Crocodile Dundee, dont ma vie, ce qui n'est pas rien! Il n'aime pas voyager, il a le droit si ça lui chante, il vit beaucoup d'aventures passionnantes ici, dans notre région, à notre camp de Rapide Deux où je l'accompagne souvent, ça le comble de bonheur et moi aussi. Un jour, j'ai compris que j'avais le droit de rêver aussi d'autre chose, de voyager malgré ses limites à lui, j'ai arrêté d'espérer vivre ça en sa compagnie, et qu'ainsi, on en aurait que plus de choses à se raconter et à partager puisque chacun de nous respectait l'espace de l'autre.

Depuis, je voyage souvent en solitaire. Et j'adore ça. En plus, j'aime conduire, même de longues distances. J'ai compris ça quand j'ai célébré mes 50 ans. Je suis allée toute seule séjourner dans cette auberge qui me fascinait depuis bon nombre d'années, une belle d'autrefois, avec ses jardins, ses vitraux, ses meubles antiques, ses dentelles, ses broderies, ses bibliothèques remplies de beaux livres. J'avais pour quelques jours tout le grenier à moi toute seule, à prix plus qu'abordable, avec des fenêtres qui donnaient sur la rivière Gatineau, un bureau de madame pour écrire, une salle de bain de princesse, un lit immense et douillet, des fauteuils, des canapés confortables, des oeuvres d'arts partout, la chaleur du bois, des lampes qui diffusaient des lumières douces et tamisées. Bref, le décor d'une petite fille rêveuse qui réalise toutes ses envies pendant qu'elle est en vie! Et j'ai bien fait, cette belle d'autrefois n'est plus une auberge mais une maison privée depuis l'année suivante. On aurait dit que je l'avais pressenti!

J'ai été souvent par la suite passer quelques jours « dans l'sud » du Québec, parfois par affaires, parfois pour le simple plaisir d'entretenir l'amitié. À l'été 2008, j'ai eu besoin de retourner aux Iles de la Madeleine, pays de mes parents, de mes grands-parents, de mes arrière... et j'ai vécu là des moments qui laissent encore des traces merveilleuses dans ma vie de tous les jours. Quand j'aurai assez vu le Québec, ce qui n'est pas près d'arriver, j'irai ailleurs dans le monde, j'ai des envies et des désirs pour au moins 100 ans d'avance.

Je constate souvent le malaise et l'incompréhension chez des personnes qui ne comprennent pas que je voyage seule et que j'adore ça, comme si je faisais pitié ou que mes zamours seraient un peu comme à la dérive. J'ai beau leur dire que tout baigne dans l'huile, je vois bien qu'on ne me croit pas, qu'on pense que je fabule un peu et finalement, j'en viens toujours à cette conclusion que j'aime mieux mourir incomprise que de passer ma vie à m'expliquer!

En roulant toute seule, je peux choisir ma vitesse de croisière, ma musique, mes silences et mes réflexions sans jamais consulter personne. Quelqu'un m'a déjà dit : « Toi, tant qu'il y aura le moindre petit minou alentour, tu ne t'occuperas jamais de toi-même, tu t'étourdis à répondre aux besoins des autres ». Ça m'avait ébranlée. Je ne valorise pas du tout ce comportement-là mais je sais que j'y adhère sans m'en rendre compte. En voyageant seule, j'ai découvert une liberté qui m'est devenue précieuse et même essentielle.

Si vous saviez tout ce que je règle dans ma vie lorsque je roule entre 100 et 115 km/h, entourée de paysages qui m'enveloppent dans un cocon sécurisant. Je ne suis jamais aussi stable et enracinée que lorsque je suis en mouvance. Quel paradoxe! Et ce n'est pas le seul dans ma vie, je vous en passe un papier, c'est pourquoi j'ai besoin de réfléchir librement de temps en temps, de me répondre à moi-même à mes nombreuses questions, qui vont de très légères à existentielles.

Je ris de moi-même beaucoup, de mes travers surtout, j'en tire des conclusions plus ou moins songées, je cherche pourquoi j'ai toujours tant besoin d'écrire, ici et ailleurs, pourquoi des enjeux sociaux et politiques prennent tant de place dans ma vie, pourquoi je les vis avec tellement d'intensité et de passion, pourquoi je veux les partager avec le monde, alors qu'il serait si simple de regarder ça de loin, de me forger ma propre opinion, faire un petit geste de bonne volonté et c'est tout.

Parfois, je ris, oui, mais parfois je pleure, enfin presque, j'ai les yeux pleins d'eau plutôt. L'endroit au monde où ça m'arrive le plus souvent, c'est dans mon char. Mais comme ce n'est pas prudent d'avoir les yeux mouillés qui déforment ma vision quand je roule à cette vitesse-là, je mets un CD à tue-tête et je chante avec le band, j'enterre même l'artiste sans aucune gêne. Ou bien je m'arrête dans une halte routière, idéalement sur le bord d'un lac ou d'une rivière, et j'en grille une p'tite vite en faisant quelques pas.

Ce plaisir de la liberté, j'ai l'intention de le cultiver encore plus dans l'avenir. Bien sûr, je ferai d'autres sortes voyages quand l'occasion se présentera mais je ne me priverai plus jamais de ce bonheur récemment découvert de voyager seule. Surtout, ne me plaignez pas, j'ai la chance d'être très bien entourée dans le reste de ma vie!

Et puis, je ne suis pas si seule que ça sur la route, mon amie Sylvie dit toujours que je connais tout le monde, elle a bien raison au fond, on s'adresse à moi facilement, qu'on me connaisse ou non, j'ai un visage familier ça a tout l'air. Je pensais à Sylvie en rigolant quand j'ai fait quelques arrêts aux endroits habituels que connaissent bien les gens de l'Abitibi : Le Domaine pour une petite soupe de cafétéria, le McDo de Mont-Laurier pour un café à emporter, la Porte du Nord à St-Jérôme pour l'essence, et sur le chemin du retour, le kiosque sur le bord de la route à La Conception, le Shell chalet suisse à Grand-Remous pour le menu du jour et le journal, l'entrée nord du parc La Vérendrye pour la salle de bain ultra propre payée à même nos taxes (la SEPAQ) et à chaque endroit, je connaissais tout le temps quelqu'un qui venait me parler!

jeudi 12 août 2010

Le blogue de Malartic




Photo 1 : Sur le chemin du retour de ma fin de semaine « dans l'sud » du Québec, hier en fin d'après-midi, à l'entrée de la ville de Val-d'Or, là où la mine Sigma, opérée par Century Mining, signe cette cicatrice dans le paysage en guise de mot de bienvenue. J'essayais de me mettre dans la peau d'une touriste qui arrive en Abitibi...

Photo 2 : Quelques kilomètres plus loin, dans la ville de Malartic, ce petit parc pour enfants avoisine le « mur vert » de la compagnie minière Osisko qui est en train de se monter pour cacher « le trou » qui fera paraître celui de l'entrée de la ville de Val-d'Or comme minuscule. Allez, les enfants, on va jouer au parc, apportez vos masques ou arrêtez de respirer et n'oubliez pas vos bouchons pour vos zoreilles!

Photo 3 : Il y a ceux qui ont été expropriés mais il y a ceux qui n'ont pas eu cette « chance », la mine est dans leur cour, juste assez loin pour qu'on ne les déménage pas ailleurs... L'église est donc victime elle aussi des « blasts », des bruits et des poussières pas très « catholiques ». Mais il y en a beaucoup d'autres, des citoyens de Malartic qui ont la mine dans leur cour et qui doivent vivre avec une décision à laquelle ils n'ont jamais pris part. On ne leur a pas demandé leur avis.

Le blogue de Malartic

Ce billet, j'avais commencé par l'écrire sans l'illustrer d'aucune photo. J'en ai rapporté quelques-unes hier mais elles ne traduisent pas vraiment l'ampleur de ce qui se passe. Alors, je vous invite, si vous avez un peu de temps libre, à aller lire les derniers développements dans le domaine minier de notre région, sur le blogue de Malartic, en cliquant sur ce lien :

http://malartic.blogspot.com/

La maison de Ken Massé, le dernier résistant, a été démolie aujourd'hui. Les photos que vous voyez sur le site ne sont pas tirées du début du film Avatar mais de ce qui se passe réellement à Malartic, en direct ou à peu près, avec l'exploitation de la mine d'or à ciel ouvert de la compagnie Osisko.

Au même moment, un ami, un rassembleur, un homme d'exception, un amoureux fou de la région, Guy Lemire, nous a quittés dimanche après-midi, un arrêt cardiaque... Il était avec sa famille à son chalet, en train de construire une cabane en forêt pour ses petits-fils. Ça ne va pas très bien pour ma région...

Lisez surtout s'il-vous-plaît l'hommage que lui rend Margot Lemire dans l'article publié sur le blogue. Guy était un être formidable, de ceux qui construisent des ponts et des régions, un pays tout entier. Ses funérailles auront lieu demain.

Merci à deux blogueurs qui ont parlé de cette affaire, Zed et Gaétan. Sans le savoir, ils ont pris la relève, alors que j'étais sans mot.

mercredi 11 août 2010

Pas de quoi écrire à sa mère




Toutes ces photos ont été prises dimanche dernier lors de la traversée annuelle du lac Dufault à la nage. Rien pour rivaliser avec la traversée du lac Memphrémagog ou du lac St-Jean, et encore moins La Manche, mais c'est pas parce qu'on est petits qu'on doit rester dans l'ombre!

Photo 1 : En fait, ce n'est même pas la traversée du lac Dufault au grand complet mais seulement la partie du chemin des Castors à l'Île au Sable, un kilomètre très exactement. On part de là, chez nous, sur notre quai et celui de nos voisins immédiats.

Photo 2 : Les 11 nageurs (vous pouvez compter) peu après le départ. On distingue l'Île au Sable en face. Quand t'es dans l'eau, ça a l'air beaucoup plus loin que ça, je m'en souviens... Ça ne paraît pas mais nous étions autant d'accompagnateurs que de nageurs, dans trois bateaux et un pédalo, question de sécurité.

Photo 3 : Tous et toutes ont réalisé le mini défi encore cette année. Il y en a même qui le font en jasant.

Pas de quoi écrire à sa mère

Cette tradition de la traversée du lac Dufault a lieu chaque été, la date est habituellement fixée à l'avance d'une semaine, il faut tenir compte des prévisions de la météo et des disponibilités de chacun.

Je l'ai souvent nagé moi-même, ce kilomètre, jusqu'en 2008. Cet été-là, il y a deux ans, une blessure à l'épaule et une tendinite m'avaient considérablement ralentie et voyant que je prenais du retard sur le peloton, ce qui occasionnait des inquiétudes aux accompagnateurs, j'avais déclaré forfait à mi-parcours. La mort dans l'âme, je m'étais résignée à embarquer dans un des bateaux. C'est là que j'ai accroché mon costume de bain comme un joueur de hockey accroche ses patins.

Maintenant, je suis devenue la « photographe officielle » de l'événement, j'ai la mission de transmettre le même soir les photos par courriel à tous ceux qui se sont inscrits sur ma liste, je surveille du bateau pendant toute la durée de la traversée et je célèbre avec les autres une fois qu'on est tous revenus sur les quais. Mais je vous avouerai que ça me fait toujours un pincement au coeur de les voir partir sans même me « mouiller », moi qui suis tellement chez moi dans l'eau et si amoureuse de mon lac...

Humour aquatique

Il paraît que des biologistes chercheurs australiens ont réalisé une étude très sérieuse sur les impacts d'une canicule chez les poissons qui nagent en eaux peu profondes parmi les bancs de corail. Au plus fort de la canicule, les poissons deviennent paresseux, irritables et maussades. Je pense qu'il me pousse des nageoires dorsales, moi!

Humour sombre

Un designer new-yorkais a lancé sur le marché un bac à glaçons qui choque et fait beaucoup jaser. J'ai vu le résultat en photo, j'ai éclaté de rire même si c'est de l'humour très sombre... Chaque glaçon mesure environ 10 centimètres, de telle sorte qu'il entre seulement à la verticale et de biais dans le verre de scotch. Il est en forme de... Titanic!

Humour qui prend l'eau

Entendue sur le quai au retour, cette discussion enflammée entre les gars et les filles à savoir pourquoi les filles arrivent toujours premières chaque année à l'Île au Sable, fraîches comme des roses, et qu'elles nagent ce kilomètre en jasant et même en philosophant. Il a été question des flotteurs, évidemment, mais ça n'a rien à voir, c'est prouvé scientifiquement. Les filles ont soutenu qu'elles étaient plus en forme et qu'elles avaient plus d'endurance, voilà tout. Un gars qui a manqué de se faire jeter dans le lac tout habillé a dit que l'eau était notre élément naturel, à cause de la vaisselle, mais le plus rassembleur des traîne-la-patte masculins, en se débouchant une deuxième bière, a mis fin à la discussion en nous faisant croire que c'était par galanterie qu'ils avaient laissé passer les filles devant. Tirez vos propres conclusions!

lundi 2 août 2010

Beluas, défis et petites nouvelles




Photo 1 : Samedi dernier, avec ma famille, on avait rendez-vous tôt le matin pour passer la journée ensemble, aller aux bleuets dans les îles. Un moment de pur bonheur. À défaut de partager les photos de mes proches réunis et heureux, voici une de nos talles de « beluas »!

Photo 2 : La compétition était très serrée mais drôle quand même avec les trois gars. Papa est demeuré notre grand champion jamais battu. Il me semble qu'il était avec nous d'une certaine manière... Nous, les trois filles, notre ambition était moindre mais on ramassait propre! Avec nos petits paniers remplis à ras bord, vers midi et demi, on s'est trouvé une île de sable au bout du lac pour aller pique-niquer. Là, c'est Joce qui attache le bateau.

Photo 3 : Vous vous souvenez que la petite Félixe aimait se baigner dans la plus petite piscine au monde parce qu'elle avait peur du grand lac? Cette page est maintenant tournée, hier, elle a découvert les joies du lac Dufault. Ça se passait à l'Île aux sables, juste en face de chez nous.

Beluas, défis et petites nouvelles

Les fraises des champs ne sont déjà plus depuis quelques semaines, les framboises achèvent et on nage présentement en pleine saison de récolte des beluas (bleuets). Ceux de l'Abitibi-Témiscamingue, goûteux et sucrés à cause des heures d'ensoleillement prolongées, sont délicieux comme toujours. Si la saison s'annonce moins généreuse pour les bleuets du Lac St-Jean, ceux de chez nous, moins connus de façon légendaire, demeureront un secret bien gardé encore cette année!

Défis

Il y a une dizaine de jours se déroulait dans notre région la 7e édition du Festival du documenteur. Comme son nom le suppose, il s'agit d'un festival du faux documentaire. Le volet création attire toujours des cinéastes et réalisateurs de partout qui ont pour défi de créer en 72 heures, dans des paramètres assez précis, un faux documentaire qui sera présenté au public en finale. Un jury a pour tâche de déterminer quelle est l'équipe (de trois cinéastes) qui s'est démarquée pour concevoir, créer, tourner, monter et livrer le produit fini avec le plus d'originalité, de talent, de finesse, de technique, de crédibilité, etc.

Au cas où ce lien de l'article de la page 4 serait difficile à atteindre, je mentionne que le grand prix du jury est allé cette année à l'équipe composée de Dominic Leclerc, Jean-Marc E. Roy et Philippe David Gagné, ces deux derniers étant de la région du Saguenay. Autrement dit, deux bleuets et un fier Abitibien ont su former une équipe dynamique, de calibre, créative... et gagnante.

Nouvelles

En fin de semaine dernière, puisque l'été est la saison propice pour enchaîner les fêtes, concours, festivals et rencontres culturelles en tout genre, des spectacles avaient lieu à Val-d'Or, dans le cadre du FRIMAT (Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue) où il y avait un volet concours de la relève. Isabelle avait été sélectionnée pour y participer et c'est samedi soir qu'elle montait sur la scène de la Cité de l'Or avec deux musiciens pour présenter quatre de ses chansons. J'aurais aimé être là mais nous étions plus utiles auprès de Félixe, et de notre belle visite de Lévis, alors que Dominic et plein de leurs amis sont allés à Val-d'Or pour entendre l'auteure compositeure interprète qu'ils aiment d'amour ou d'amitié.

Voici un extrait du communiqué de presse publié sur le site du FRIMAT au lendemain de la soirée de finale :

« Isabelle Rivest (Rouyn-Noranda) est par la suite montée sur scène pour offrir une des plus belles voix que le FRIMAT a eu l’occasion de présenter et des textes offrant une telle qualité qu’ils ont été récompensés d’un prix. »

Ce prix pour la qualité des textes de ses chansons, c'est le prix Télé-Québec qu'elle a remporté. Je suis fière pour elle, d'elle, de Dominic, comme de la petite Félixe qui a su relever le défi de se baigner dans le vrai grand lac et d'aimer ça beaucoup beaucoup beaucoup.