Voici l'affiche de cette 28e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, dont la soirée d'ouverture coïncidait avec l'Halloween, le 31 octobre. Cette véritable fête du cinéma se poursuit jusqu'au 5 novembre. Ne me cherchez pas ailleurs qu'au FCIAT cette semaine, c'est ma brosse annuelle de cinéma avec mes amis(es) brosseux(ses) habituels(les) et fidèles. Je rêve du jour où je pourrai me libérer pour « faire » le Festival au complet, c'est-à-dire les blocs d'après-midi et ceux du soir. Chaque année, pendant toute la durée de l'événement, je me lève aux aurores pour faire toute ma journée en avant-midi, je cours rejoindre les amis pour casser la croûte à 11 h 30 et de là, on part tous ensemble pour assister aux projections au Théâtre du Cuivre, à Rouyn-Noranda. Un bloc au Festival, c'est en général 2 ou 3 films d'animation, 2 ou 3 courts métrages, un moyen métrage, l'entracte, et la pièce de résistance, le long métrage.
Le Festival, c'est un tour du monde cinématographique en 6 jours. Cette année encore, la programmation présente 150 films provenant de 25 pays, 24 longs métrages, 118 courts et moyens métrages, dont 49 animations. Parmi ces films, 26 ont déjà été primés ailleurs dans le monde et nous sommes honorés de 31 grandes premières, 15 mondiales, 13 nord-américaines et 7 québécoises. Le Festival, c'est surtout une fête, une ambiance à nulle autre pareille, un public chaleureux et passionné, trois piliers visionnaires qui y ont cru depuis le début, Jacques Matte, Guy Parent et Louis Dallaire, une armée de bénévoles qui prennent des vacances pour l'occasion, une équipe solide, un comité d'accueil qui a fait école dans plusieurs autres événements culturels d'ici, une façon de faire à l'image des gens de l'Abitibi, une relève avide de tout voir, des ateliers cinématographiques, les classes des maîtres, le cinécole, le ciné-muffin, le volet jeunesse au grand complet, les sorties nocturnes, les expositions et la tournée régionale.
Je ne pourrais jamais en dire assez du FCIAT. Je l'aime. Je le connais bien. J'y ai vécu depuis toujours des moments exaltants, j'y ai été même contractuelle aux communications, trois mois de travail acharné, palpitant, passionnant, où j'ai été en lien avec 265 médias, responsable de la salle de presse et de l'organisation de la tournée des médias nationaux où Jacques allait à toutes les émissions culturelles et d'actualités où l'on nous faisait une place. Je ne suis pas gênée de le dire, comme je le racontais à Louis la semaine dernière, « après un mandat comme ça, t'as plus peur de rien et si ça a été l'expérience de travail la plus enrichissante de toute ma carrière, je ne la referais pas! ».
Le troisième film de la trilogie de Bernard Émond était projeté en soirée d'ouverture, après avoir été primé aux festivals de Locarno, Toronto et Pusan, en Corée du Sud. Ce film très attendu ici, une première québécoise, sortira en salle le 6 novembre prochain. Bernard Émond, on l'aime, et c'est réciproque. À tel point que c'est lors d'une de ses présences au Festival, il y a quelques années, qu'on l'a amené faire un tour en Abitibi-Ouest. À Normétal, il a eu un coup de coeur saisissant, c'est là qu'il voulait situer l'histoire qu'il nous raconte dans La Donation.
Cette petite ville minière de l'Abitibi-Ouest incarnait pour lui le décor qu'il voulait pour illustrer des valeurs qui lui sont chères, un peu oubliées, la résistance des gens, une Abitibi non pas idyllique mais sauvage, belle, austère, nostalgique, fabuleuse et méconnue, avec ses splendeurs et ses misères, sa nature indomptable, sa mine fermée depuis 1975, ses personnages plus grands que nature, pas maquillés du tout, authentiques, humains...
L'histoire, je ne vous la raconterai pas mais l'Abitibi-Ouest y tient un grand rôle, au point de devenir le personnage central. Une réalisation sobre de Bernard Émond qui laisse toute la place au jeu tout en retenue des talentueux Jacques Godin, Elise Guilbault, Angèle Coutu, Éric Hoziel et plusieurs autres, dont quelques comédiens vivant ici et des figurants que Soisig saura reconnaître, puisque Norméal, c'est sa petite ville chérie où elle connaît tout le monde. Normétal... L'anagramme de Montréal, mais c'est tout ce que ces villes ont en commun, des lettres mélangées!
Si on aime l'univers de Bernard Émond et son propos, on aimera La Donation. Voici ce qu'il en dit lui-même : « Il est selon moi essentiel de transmettre un héritage, de reconnaître notre dette envers nos prédécesseurs et notre devoir face à ceux qui nous suivent ». J'avais entendu quelques commentaires mitigés avant de voir ce film, entre autre que ça ne mettait pas en valeur du tout Normétal, l'Abitibi-Ouest et notre région dans son ensemble. Certains en étaient choqués. Pas moi. Ce film, que voulez-vous, c'est vraiment l'idée que les Québécois se font de notre région, c'est loin loin loin, c'est un peu la misère...
Mais c'est probablement la réalité aussi. Bien sûr, la lumière y est sombre, c'était le choix du réalisateur pour bien camper l'histoire pourtant très belle qu'il nous raconte. Mais on y voit aussi ce ciel plus haut qu'ailleurs dont je vous parle souvent et qui m'émeut toujours, chaque fois que je vais en Abitibi-Ouest. J'ai reconnu nos forêts à perte de vue, ces paysages à vous couper le souffle, ces cours d'eau majestueux vus d'avion, ces petits camps sur le bord d'une rivière où l'on peut s'isoler, ces braves gens qui dégagent une force tranquille, Normétal sous tous ses angles, les couloirs et les chambres du CSSS des Aurores-Boréales à Macamic, le légendaire dépanneur de Val-Paradis et tellement d'autres lieux que je verrai maintenant autrement.
Est-ce que j'ai aimé? Oui mais je ne suis pas une référence, j'aime tout. Crocodile Dundee a aimé aussi mais avec une réserve, je le cite : « Ça meurt ben trop, là-dedans, c'est trop sombre, il y a trop de misère, ça ne va pas arranger les préjugés que les gens ont par rapport à notre région » ce à quoi on pourrait répondre que Bernard Émond ne s'était pas donné le mandat de faire une pub pour l'Association touristique régionale...
Hier, bloc 3, j'ai vu des petits chefs-d'oeuvre. «
Post-it love », du Royaume-Uni, 3 minutes, sans dialogue. Puis un autre que je n'aurais pas manqué pour tout l'or du monde, «
Léo » de Carol Courchesne, une première mondiale, « Made in Icitte », comme on dit, tourné à Rouyn-Noranda. Ce documentaire, un moyen métrage, présente Léo Boulet, 70 ans, propriétaire de Moppe Idéale enr., une fabrique située derrière L'Épicerie Léo, rue Pinder Ouest. Absolument suave... Léo, tout seul, sans femme, sans enfant, sans employé, tient son commerce ouvert 7 jours sur 7, 365 jours par année, depuis 27 ans. Quel attachant bonhomme! On y rencontre Léo dans toute sa vérité, son humour bon enfant, sa franchise, son honnêteté, sa candeur. Il a été victime de 8 hold ups, il nous parle de son refus des subventions pour sa manufacture de moppes, les meilleures au monde et il nous explique pourquoi. Une perle de grand petit film. Je tenais aussi à voir ce film parce qu'il y a deux personnes que j'aime infiniment au générique, le directeur photo et la script assistante!!! À la fin, Carol Courchesne et Léo Boulet ont été applaudis à tout rompre, une ovation debout et bruyante des 750 personnes au Théâtre du Cuivre hier après-midi. Un moment de folie collective, de fierté émue et contagieuse.
Le long métrage «
Mesjes » ou «
The over the hill band », un film hollandais, sera distribué au Québec et en français en mars 2010. Ne manquez pas ce film touchant et drôle.
J'étais assise hier en agréable compagnie pour voir tous ces films du bloc 3. Comme de raison, on ne dit jamais un seul mot pendant les projections. C'était encore plus important hier. Guy, Diane, Carmen et moi, nous étions là comme cinéphiles mais Dominic, lui, devait faire son travail de « M'sieur le juge » pour la semaine, un rôle qu'il prend très au sérieux, avec son fameux oeil de cinéaste et réalisateur. C'est un honneur qui lui échoit ainsi, à 27 ans, ça signifie qu'il a la reconnaissance de ses pairs dans le milieu du cinéma, lui qui est né et qui a grandi dans les coulisses du Ciné-muffin, du cinécole et du volet jeunesse du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Je suis très fière de lui et pas seulement pour son talent dans son domaine, pour l'ensemble de ses réalisations personnelles également! Pour en savoir plus, il faut cliquer sur le site du FCIAT dont j'indique l'adresse ci-haut, dans la bande de gauche de la page d'accueil, cliquez sur « médias » et ensuite, sous 2009, allez à la ligne « Jury Télébec ». Vous verrez pourquoi Félixe est si jolie, enfin, je veux dire... euh... vous aurez la moitié de la réponse!
L'heure avance, il faut que j'aille rejoindre ma gang de fous pour casser la croûte, j'ai hâte de savoir ce qu'ils ont pensé de La Donation et des films d'hier! Le bloc 5 s'annonce pour être quelque chose. Je vais me saouler de cinéma encore aujourd'hui!!!