mardi 30 mars 2010

Maman, ça glisse tu, la lune bleue?



Photo 1 : Hier soir, vers 19 h 40, chez nous. C'était tellement plus beau que ça en vrai...

Photo 2 : Quelques minutes plus tard, toujours au même endroit. La lune était immense et orange. En feu! Mes malheureuses petites photos de broche à foin ne traduisent en rien les couleurs et l'ambiance, c'est tellement de valeur!

Maman, ça glisse tu, la lune bleue?

Voilà la question qu'Isabelle m'a posée un jour, en dessinant... Elle devait avoir à peu près 3 ans. Elle voulait dire : « Maman, ça existe tu, la lune bleue? » À cette époque de sa vie d'enfant, elle voulait tout le temps savoir si les choses existaient ou pas. Autrement dit, est-ce que ça « glissait » juste dans sa tête ou si c'était vrai pour le vrai. Je trouvais important qu'elle puisse ancrer ses découvertes et perceptions dans la réalité mais en même temps, je trouvais charmant cet imaginaire débordant de créativité qui était le sien, si tant tellement rafraîchissant que je n'ai jamais pris aucune de ses questions à la légère!

Je me souviens de cette fois-là comme si ça s'était passé hier. J'aurais pu lui répondre tout simplement oui ou non mais j'avais hésité à lui donner une réponse. C'est de quelle couleur, la lune? La Maman rationnelle avait été tentée de répondre que la lune était blanche et lumineuse, parfois ronde et pleine, parfois en croissance ou en décroissance, parfois absente du ciel aussi, et quelques principes de base d'un cycle lunaire... Mais la Maman émerveillée avait considéré la question sous un angle plus vaste et peut-être un peu trop poétique.

On avait dessiné ensemble à partir de là. Je lui avais retourné sa question, ça me laissait le temps de trouver quelque chose qui soit satisfaisant pour elle, une sorte de vérité pas très figée dans le ciment de la réalité et encore tout à fait discutable : « Toi, qu'est-ce que t'en penses? Quand t'as vu la lune, elle était de quelle couleur? » et je ne me souviens pas de sa réponse mais du beau moment qu'on avait passé ensemble à dessiner et discuter d'égale à égale de nos perceptions.

Hier soir, sa question d'enfant m'est revenue en pleine face. Vingt ans après, j'ai enfin trouvé des réponses claires : « Ah oui, ça glisse, la lune bleue. Et même orange des fois »...

dimanche 28 mars 2010

Pie et mie sur la neige


Photo : Le titre, c'est pie et mie sur la neige. C'est ça qui est ça! Ne manque plus maintenant que la date et l'endroit : Samedi 20 mars 2010, à notre camp de Rapide Deux.

Pie et mie sur la neige

Je vais vous étonner et m'épater moi-même : Voici un billet tout petit, M-I-N-U-S-C-U-L-E, très rapide à télécharger, du genre qui se lit en deux secondes!

Quoi? Qu'est-ce que vous dites? L'histoire? Euh... Il était une fois une pie. Crocodile Dundee et Zoreilles les aimaient beaucoup, les pies. La confiance régnait entre eux. Tellement que la pie, au plus fort de l'été, venait parfois chercher ses morceaux de mie de pain dans leurs mains. Mais avant d'en arriver là, il fallait commencer par l'apprivoiser en lui en offrant des petits morceaux sur la neige.

En tout cas, sur mon billet d'aujourd'hui, personne ne m'accusera d'être bavarde... comme une pie!

mardi 23 mars 2010

Plaisir égoïste




Photos 1, 2 et 3 : Ai-je besoin de les décrire? Non! Mais au moins, je dois en attribuer le crédit au photographe, lui qui n'oserait jamais s'identifier comme tel mais que je qualifie d'artiste de l'image, avec un talent immense qu'on n'a pas encore pu mesurer pleinement à cause de son jeune âge. Quelqu'un que j'aime infiniment, à tel point que le mot « gendre » n'est pas assez beau à mon goût pour définir ce lien qui m'attache à lui, le mari de notre fille, le papa de Félixe, le presque fils de Crocodile Dundee et le mien, si tant tellement beaucoup. Par choix, par amour, par attachement et par affection inconditionnelle. Puisqu'il fait un métier artistique et que son nom est déjà une signature à nulle autre pareille dans tout ce qu'il touche comme cinéaste, vidéaste, monteur et réalisateur, je ferai abstraction de l'anonymat habituel qui a cours sur les blogues : il s'appelle Dominic Leclerc.

Plaisir égoïste

Ces photos ont été prises à Varadero à la fin du mois de février. Dominic m'a fait un gros cadeau en me les transférant toutes sur une clé USB. Mais je n'étais pas au bout de ma surprise... Il a choisi ses meilleures, les plus significatives et représentatives pour Crocodile Dundee et moi, et nous en a fait un montage des plus créatifs et savoureux pour nous en éditer un livre si beau, un vrai trésor, qu'il nous a offert la semaine dernière. En le parcourant des yeux et de la mémoire affective qui s'en dégage, ce que j'ai fait 100 fois au moins avec toujours le même bonheur, on peut revivre des moments de ce voyage qui nous a rassemblés, tous les cinq, dans ce lieu tant aimé où nous avons été heureux ensemble.

Comment voulez-vous que je garde ça pour moi toute seule? Je n'aurais pas voulu faire de mon blogue un journal personnel mais ces temps-ci, je n'ai pas le goût d'aborder des sujets d'ordre politique, social ou environnemental, et je prends la liberté, après trois ans à écrire ici, de me faire plaisir en ne pensant à rien d'autre. Pas le goût de refaire le monde, de dénoncer, de sensibiliser, de parler des contraintes, des obligations, pas de réflexions à ébaucher ni de questionnements sur le sort de l'humanité. Juste du bonheur. À partager si possible. Sinon, c'est pas grave. C'est ce que je vois, à l'état pur, dans ces photos.

J'aurais aimé vous parler du projet de film sur lequel Dominic travaille depuis un bon moment. C'est très long, les préparatifs d'un film, avant les premiers coups de manivelle, la logistique derrière tout ça pourrait en décourager plusieurs. Mais pas Dominic. Pour l'instant, les ficelles ne sont pas encore toutes attachées mais ce film révèlera son talent et sa passion pour le cinéma, le 7e art qui incarne plutôt pour lui le premier entre tous. Ce film racontera une histoire.... qui parlera du rapport de l'homme avec la nature, l'environnement, la Vie et tout ce qui est vrai, profond, enraciné, simple et merveilleux. Le sujet me passionne, vous le devinez déjà!

En passant, si vous avez des idées, je cherche comment appeler Dominic quand je parle de lui. Ma belle-maman, que j'ai aimée depuis le premier jour où elle m'a accueillie dans sa famille, disait toujours que le mot bru, ça n'était pas assez beau pour moi, alors elle m'appelle toujours sa belle-fille ou sa 5e fille! Je ressens la même chose pour Dominic, et le mot beau-fils, c'est pas encore assez, je trouve!

mercredi 17 mars 2010

Quand le soleil se lève au nord



Photo 1 : Samedi dernier, 13 mars 2010, sur un lac que je ne nommerai pas pour préserver l'intimité de ceux et celles qui y ont établi leur petit hâvre de paix!

Photo 2 : Hier à l'heure du souper, devant chez moi, une cabane de pêche brillait au soleil couchant, comme un diamant. Peut-être pourrez-vous la voir aussi, à droite du gros bouleau, en cliquant sur la photo pour la voir plein écran?

Quand le soleil se lève au nord

De mon vivant, c'est la première année que je vois ça (bon, ça y est, je commence à parler comme les vieux!...) mais il fait soleil sans arrêt depuis que nous sommes revenus de voyage, le 4 mars dernier. À tel point qu'on ne reste même plus surpris de se réveiller le matin avec Galarneau dans la face, comme si on avait signé un contrat avec les jours de grisaille pour qu'ils ne reviennent plus jamais!

On ne se plaint pas de ça, bien au contraire, au moins, on a eu un hiver. Plus doux que d'habitude, avec moins que neige aussi, mais nous avons pu faire toutes nos activités de plein air habituelles dans des conditions idéales, ce qui rend tout le monde d'excellente humeur.

Pendant que sur la Côte-Nord, on se désole de n'avoir pas eu d'hiver, que les glaces et banquises sont absentes des côtes des Iles de la Madeleine au point où la chasse aux phoques n'aura pas lieu cette année (voir à ce sujet deux excellents billets de Crocomickey sur son blogue) et que la nature ne réagit plus comme nous pensions, je devrais me réjouir de la douceur du temps mais je ne sais pas, ça me laisse perplexe... Il me semble que le réchauffement climatique n'est déjà plus un phénomène abstrait, à moyen terme, mais que le processus est enclenché de manière irréversible...

Pendant ce temps, au Québec, on s'énerve avec ce qui prend toute la place dans l'actualité sociale, syndicale et politique. En haut lieu, dans toutes nos institutions, on n'a même plus le souci de présenter au public une image de crédibilité, de justice et d'équité. Ça donne le goût de baisser les bras.

C'est ce que nous avons fait en fin de semaine dernière : baisser les bras, ne plus se soucier de rien pendant trois jours, se pousser à la pêche pendant que le lac était encore assez gelé pour y passer tout l'après-midi au soleil et vivre des moments de retrouvailles délicieux, improvisés, avec nos amis d'ici, de Mirabel, de Tremblant, en un cercle d'amitié aussi chaud et bienfaisant que ce soleil qui se lève au nord tous les matins depuis... des lunes!

Ah c'est vrai, j'ai oublié de vous dire... On n'a rien pris du tout, aucune brimballe n'a bougé d'un iota, pas un seul petit brochet ou doré frétillant à remettre à l'eau. La paix. La sainte paix!

dimanche 7 mars 2010

Mon coeur... Varadero... prise 4



Photo 1 : Le Tropicana Show de Varadero est une réplique d'un véritable symbole de la culture cubaine, le Tropicana de La Havane. Le spectacle s'intitule « Cabaret sous les étoiles », le théâtre en plein air a été construit exclusivement pour ce spectacle-là, à Matanzas.

Photo 2 : Ces trois petites filles, des touristes, s'amusaient dans le sable et la mer. Je les ai trouvé belles, saines, enjouées, heureuses. Il y avait entre elles une énergie constructive, une collaboration solidaire même dans le jeu et les projets en cours de réalisation. Une fierté aussi. Je me disais qu'elles étaient influencées par la manière de vivre des Cubains.

Mon coeur... Varadero... prise 4

Ici, on a tout entendu au sujet du communisme. À une certaine époque, au Québec, on avait peur de ça comme du diable. Je ne dis pas que ce système politique est sans faille mais il faut admettre que de tous les pays de l'Amérique latine qui ont une histoire et un parcours similaires, Cuba est celui qui s'en sort le mieux, malgré l'embargo américain qui leur cause bien des soucis.

Dans ce que j'ai lu avant de partir sur Cuba, ce que j'ai entendu des guides qui nous accompagnaient lors d'excursions, dans les discussions que j'ai écoutées sur place, les échanges que j'ai eus aussi avec Dominic et Isabelle, deux passionnés d'histoire et de voyage, je porte maintenant un regard tout neuf sur ce peuple si attachant, si fier, si heureux, si solidaire.

On dit que les Cubains ne sont pas riches... Mais pour moi, ils le sont. Je vous explique mon point de vue dans ce dernier billet de la série Varadero, et je ne tiens pas du tout à avoir raison, je suis très ouverte à entendre toutes vos opinions qui viendraient ajouter à la discussion.

Les Cubains, on l'a déjà dit, ont innové incroyablement et sont réputés dans le monde pour ce qu'ils ont réalisé au chapitre de la médecine, de la recherche et de l'éducation, entre autres.

Ils sont ouverts sur le monde et s'organisent bien politiquement et socialement, pour être autonomes, indépendants et autosuffisants le plus possible. Ce serait assez mon genre, moi!

Un citoyen cubain n'a pas à payer pour se faire soigner, éduquer (même pour des études supérieures) ni pour une place en garderie pour ses enfants. Il se loge à très petits prix, c'est la même chose pour la nourriture. Personne ne crève de faim à Cuba, personne ne dort dans la rue, personne n'est laissé sans soins médicaux, lunettes, services sociaux, etc.

Après ça, quand t'es nourri, logé, soigné, éduqué, cultivé, que le salaire moyen mensuel soit d'environ 10 de nos pesos convertibles, (environ 200 de leurs pesos à eux) à mon avis, ça veut juste dire qu'ils ne seront jamais des grands consommateurs de babioles inutiles et qu'ils pratiquent automatiquement la simplicité volontaire en venant au monde là. Ils ont compris quelque chose qu'on a oublié, que le bonheur venait de l'intérieur de soi et qu'il ne s'achète pas en s'enterrant de bébelles jusqu'à s'étouffer dedans. En tout cas, je verrais mal une Cubaine aller perdre son samedi après-midi dans un Wal-Mart... De toute manière, ils n'ont ni Wal-Mart ni McDo, des symboles américains envahissants desquels ils sont heureusement très loin. Il y a pire comme pénitence, disons. Merci Fidel Castro...

Quand on donne un ou deux pesos cuc en guise de pourboire à un travailleur touristique, (femme de chambre, serveur(se), guide touristique, barman, etc.) est-ce qu'on sait qu'ils ne peuvent le dépenser que dans les magasins qui vendent aux touristes? Alors, ils se paient des petits luxes, les mêmes que nous, mais ça ne les rendra jamais riches. Enfin, riches au sens où on l'entend, nous, avec notre bagage culturel nord-américain.

J'ai vu très souvent lors de mon séjour à Varadero des gestes solidaires émouvants et beaux entre les gens qui travaillaient ensemble. J'ai regretté de ne jamais voir ça chez nous. Mais j'ai vu aussi un soir, à Matanzas, au Tropicana show, qu'à la fin du spectacle, les touristes se payaient une danse (rien de plus, j'ose espérer) avec la plus belle fille ou le plus beau gars qu'ils avaient choisis pendant le spectacle. J'ai vu le visage tout jeune d'une jolie danseuse souriant à son touriste de manière figée, vide, et lui, l'imbécile, trop content de s'exposer et s'émoustiller en public avec une si jeune femme, si belle, qui ne l'aurait jamais accompagné sur un plancher de danse sans ses précieux pesos. J'ai été triste pour elle, pour ses compagnes de travail, pour les beaux gars aussi, parce que c'est pareil pour les deux sexes. Ces danseurs et danseuses de la célèbre troupe Tropicana, ils sont déjà corrompus par l'argent, et c'est de notre faute.

Les Cubains ne sont pas pauvres, ils sont riches de leur fierté, leur solidarité, leur dignité, leur pays immense et beau, leur système de santé et d'éducation, leurs garderies, leur agriculture, leur savoir-faire en bien des domaines, leur sens de l'accueil et leur beauté vraie, métissée, libre, souriante et généreuse. Ils sont riches de leur culture, leur musique, leur danse, leur vie spirituelle, leurs enfants et de tout ce qu'on a perdu, nous, mais qu'on retrouve chez eux et qui nous charme autant.

Et ça, je l'ai vu dans les yeux et le sourire de Ana, Beatriz, Yseldse, Miguel, Lisselle, Melchor et tous les autres dont je n'ai pas su le prénom mais dont je n'oublierai jamais les visages.

Je retournerai à Varadero, ce sera mon port d'attache pour mieux connaître le reste du pays. J'y retournerai, c'est sûr, j'y ai laissé mon coeur...

samedi 6 mars 2010

Mon coeur... Varadero... prise 3

Photo 1 : Une partie du lobby extérieur du Bella Costa où j'avais mes habitudes de vilaine fumeuse après les repas. C'est un peu là que j'allais faire mon « sôcial », seule ou avec d'autres de ma tribu, avant le dodo de Félixe, après la plage, en attendant le souper ou quelqu'un de libre à la réception de l'hôtel pour m'acheter des pesos avec de l'argent canadien. Là se trouvaient ceux qui partaient, ceux qui arrivaient, ceux qui flânaient, ceux qui prenaient l'autobus, le coco taxi, le taxi ordinaire, la calèche de chevaux, les scooters. Dehors mais protégé des intempéries, le lobby extérieur était très grand, toujours propre, fleuri et meublé de bois, comme j'aime.

Photo 2 : Cette fleur m'a été offerte par Melchor un matin de soleil. Il me l'a présentée en me la nommant par son nom. Hélas, j'ai oublié mais ça sonnait comme « plataniou ». Melchor était en quelque sorte le concierge et jardinier du lobby extérieur mais moi, je crois plutôt qu'il travaillait là pour veiller sur nous et semer du bonheur. Un être d'exception, comme on n'en rencontre pas souvent, une sorte de sage, un philosophe, un fleuron magnifique de son peuple, dans ce qu'il a de plus attachant.

Mon coeur... Varadero... prise 3

Je le voyais dans mon décor matinal de l'après-déjeuner depuis mon arrivée. Je l'observais vider les cendriers, replacer les chaises de bois, les tables, reformer les cercles, sourire aux gens, cueillir les tasses oubliées, les verres abandonnés, balayer un truc dans son porte-poussière sans se pencher, le jeter dans la poubelle de son chariot, enlevant une feuille morte ou une fleur fanée au passage... Et tout ça, en dansant plutôt qu'en marchant, en chantonnant en espagnol, plutôt qu'en s'adressant directement aux gens qui étaient là. D'une discrétion et d'une humilité qui le rendaient quasiment transparent.

Il émanait de lui quelque chose de pur et sans âge, à la fois comme un vieux qui sait tout de la vie et un petit enfant heureux qui s'amuse dans son monde imaginaire. Félixe l'avait bien repéré elle aussi, elle allait tout le temps lui faire des sourires et essayer de pousser son chariot. Il la trouvait drôle et c'était réciproque. Il lui tendait les bras mais elle préférait se cacher derrière son chariot pour lui faire des coucous. Elle aimait beaucoup jouer avec Melchor. Il chantait et elle dansait. On aurait dit deux enfants du même âge.

Je pense que Melchor, en âge terrestre, devait avoir autour de 50 ans, comme moi. Un matin, il m'a fait comprendre qu'il était grand-papa 4 fois déjà et un 5e s'annonçait pour bientôt. J'aurais tellement voulu parler espagnol encore cette fois-là...

Au fil de nos sourires, des danses de Félixe et des siennes, il s'établissait une communication tacite entre nous, faite de ses chansons dont je ne saisissais pas les mots mais dont la musique et les consonnances me disaient quelque chose de lui, de son amitié, de sa grandeur, son humanité.

Un matin que j'étais seule avec Félixe qui explorait comme à son habitude toutes les plantes et les chaises du lobby, Melchor est arrivé de nulle part, cette fleur à la main droite, qu'il m'a offerte en me faisant une révérence, la main gauche sur le coeur, en me chantant une chanson qui parlait d'amour et d'amitié, ça, je l'ai bien compris. Comment dire... Ailleurs et autrement, dans une circonstance semblable, si ça n'avait pas été Melchor, mon ami cubain dont je devinais l'âme, j'aurais pris ça pour du chantage de pomme et je n'en parlerais même pas mais là... Il y avait dans son geste généreux rien d'autre qu'une délicatesse attentionnée d'une personne à une autre, sans autre intention que de lui faire plaisir et décrocher un autre sourire complice et silencieux, attendri devant une fleur, la murmurance d'un mot d'amitié en langage universel.

Quand il est reparti vers les jardins, j'ai pris une photo de cette fleur pour ne jamais oublier ce moment et je l'ai amenée avec moi jusqu'à l'infirmerie où je l'ai laissée pour qu'il ne la trouve pas à ma place quand il reviendrait plus tard dans la journée. Je l'ai revu plusieurs fois après ça, avec Félixe, avec Crocodile Dundee, c'était toujours un plaisir de nous retrouver. Il prenait Crocodile Dundee par le cou et trouvait tellement qu'il avait un drôle de nom. Il le répétait plusieurs fois en exagérant les llll de la fin (Gilles) et ça le faisait rire à mort. Il disait qu'on devrait revenir l'an prochain et aller habiter chez lui, qu'il avait une grande famille, beaucoup d'amour et de musique, toujours toujours musique dans ses zoreilles, qu'il disait en espagnol. Crocodile Dundee et moi, on a pensé aux acouphènes mais Melchor était trop heureux, il ne devait pas vouloir dire ça?

Il n'était pas riche, comme beaucoup de Cubains. Pas pauvre mais pas riche non plus. Pas corrompu par l'argent. Dans son travail, il ne devait jamais recevoir de pourboire, lui. Tout Melchor respirait simplicité, joie, chansons d'amour, danse, bonheur d'être là et de faire plaisir au monde...

Le dernier matin, je l'ai encore vu dans le lobby extérieur, toujours fidèle à son poste et je lui ai dit qu'on partait bientôt. Il a fait mine de pleurer. On a souri. Félixe a voulu aller dans ses bras. Il a dansé avec elle en chantant. Elle lui a fait un gros bisou avec sa main. Très bruyant, son bisou. Il a redit qu'il nous attendait chez lui l'an prochain. On s'est quitté comme ça, en se serrant la main.

Au moment du départ, Crocodile Dundee cherchait à donner une bouteille de rhum à peine entamée qu'on ne voulait pas rapporter dans nos bagages. Il a pensé à Melchor puis je lui ai fait remarquer qu'il n'avait peut-être pas le droit d'en recevoir et que de toute manière, il n'avait besoin d'aucun alcool dans la vie pour se saouler de musique et de danse. On a donc laissé la bouteille de rhum avec les autres cadeaux du jour à Lisselle, notre femme de chambre. Alors, pour Melchor, on a pensé aux 6 pesos qui nous restaient dans les poches au moment de quitter le pays. Pour nous, c'était rien mais pour lui, dans sa vie, ça aurait pu faire une différence peut-être.

Je l'ai cherché partout pour lui donner nos pesos devenus inutiles avant de partir, c'était la première fois que Melchor restait introuvable aux alentours du lobby extérieur. J'ai pensé que c'était un coup du destin, que Melchor ne devait jamais recevoir de pesos des touristes pour qu'il reste toujours aussi pur et beau que nous l'avons connu... et aimé.

Mon coeur... Varadero... prise 2



Photo 1 : Avec toujours la mer en toile de fond, Crocodile Dundee file pas pantoute... Pauvre ti chou, une intoxication alimentaire aux fruits de mer, la tourista ou une insolation et un manque d'hydratation, on le saura jamais. Il aurait dû consulter l'infirmière du Bella Costa...

Photo 2 : L'infirmerie de Lucia où je suis allée tester les services de santé cubains, l'avant-dernière journée et la dernière aussi. Un souvenir extraordinaire pour moi, ça fait drôle à dire mais c'est ça quand même!

Mon coeur... Varadero... prise 2

Bon, là, je ne voudrais pas que personne s'inquiète de nous, alors, je vous raconte sans plus attendre pour me débarrasser du fardeau des seules contraintes auxquelles on a eu à faire face pendant notre séjour là-bas!

Un soir qu'il y avait au menu des fruits de mer que Crocodile Dundee trouvait absolument délicieux, on ne le reconnaissait plus, lui qui n'est habituellement pas un gourmand, il est retourné s'en chercher une deuxième assiette si c'est pas une troisième, même pas de salade ni de légumes ni de riz, il disait qu'il s'empiffrait comme une loutre et que les loutres ne mangent pas de salade avec leurs poissons... Un petit verre de rouge avec ça? Ben tiens! La nuit qui a suivi a été cauchemardesque. Le lendemain aussi, couché dans notre chambre toute la journée, les rideaux fermés, il n'en menait pas large, je vous assure. Isabelle avait dans ses bagages du Pepto Bismol et du Gastrolyte, on lui en donnait à mesure qu'il était capable d'en prendre et quand je venais faire un tour pour savoir comment elle allait, ma loutre, il me trouvait pas drôle! Le reste des vacances, il en a moins profité, parce qu'il est resté un peu avec le système viré à l'envers jusqu'à la fin, même ici après notre retour, il n'a pas pu travailler jeudi comme prévu mais seulement vendredi, hier donc. Après quoi, il a senti l'urgence d'aller à Rapide Deux, ça a l'air que ça guérit de tous les maux de la terre! Ne vous inquiétez pas, il va survivre. C'est fait fort, une loutre!

Et moi, je m'en sors aussi de mon affaire, avec la conviction profonde que les services de santé cubains sont à la hauteur de leur réputation dans le monde. En plus de leur science médicale, il savent tellement « béquer bobo », et comme on le sait, le moral, ça compte pour beaucoup dans la guérison!

Ça commence tout bêtement par une blessure près du talon et de la cheville de mon pied droit. Une niaiserie vraiment là... Une chaussure neuve, une connerie de débutante qu'on ne doit jamais faire en voyage. Bien sûr, je ne porte plus cette chaussure mais je marche sans arrêt avec mes vieilles sandales ou pieds nus. La mer guérit tout, alors je vais marcher des heures sur le rivage quand c'est drapeau rouge (baignade interdite à cause des vents et des méduses). Je joue dans le sable le reste du temps. Ma petite blessure ne guérit pas et même s'envenime un peu. Pas grave, je mets rien dessus, d'abord j'ai rien pour nettoyer et désinfecter ça et si j'ai des bandages adhésifs dans ma sacoche, j'aime mieux que ça guérisse à l'air libre, alors, je prend un Mojito ou je retourne à la mer. L'eau salée, c'est fameux... Et puis, je danse.

L'avant-dernier matin, c'est pas beau, mon affaire. Isa et Dom me suggèrent fortement d'aller à l'infirmerie, on passe devant pour se rendre à la mer. C'est là que Lucia m'accueille, toute vêtue de blanc, avec une toque d'infirmière comme on voit dans les vues des années 60. Une vraie caricature, Lucia, dans son dispensaire de fortune qui a l'apparence d'une hutte où c'est elle, la sorcière de service. Elle ne parle que l'espagnol. Zut, c'est ma faiblesse. Par signe et par sourire, elle m'invite à me coucher sur la civière de métal. J'aime donc pas ça...

J'enlève ma sandale, elle aperçoit l'affaire. La face lui tombe. Elle sort un paquet d'instruments de métal tout emballés méticuleusement dans du papier brun et des liquides, des ouates, des gazes stériles, du diachilon, bref, ça a l'air grave, mon affaire parce qu'elle s'installe d'aplomb. Elle me parle tout le temps, dit plein de choses que je ne comprends pas et comme je suis très expressive, ça paraît. Elle nettoie, désinfecte, s'agite frénétiquement, parle sans arrêt et à un moment donné, voyant que je comprends toujours rien, elle parle plus fort et met plus de mots. Là, c'est clair, je commence à avoir peur. Elle le ressent. Alors, elle me prend dans ses bas et me serre très fort, me donne deux bisous sur les joues et là, je commence à comprendre... Antibiotico... dottore... infetionnnne... prescritionnnnnnne... antibiotico... dottore.... come back.... two o'clock...

Je suis retournée plusieurs fois cette journée-là, elle me redonnait tout le temps des rendez-vous dans sa hutte pour examiner ma blessure, elle secouait la tête, n'aimait pas ça, c'était évident, il y a des langages qui sont universels. Mais comme je passais souvent près de l'infirmerie pour aller à la mer et qu'elle m'accueillait toujours avec une accolade et des bisous, ça me dérangeait pas trop.

J'ai vu le docteur, il a pris ma tension artérielle (qui n'avait jamais été aussi bonne) m'a examiné le coeur, les poumons, mais surtout le pied droit. L'infirmière et lui se sont parlé en espagnol, il baragouinait tout de même quelques mots d'anglais pour moi, se faisait rassurant, me donnait plein d'instructions à suivre, jusqu'au départ du lendemain, m'a fait une prescription d'antibiotiques pour trois jours, que je devais aller chercher plus tard, toujours à la hutte de Lucia qui semblait maintenant soulagée. Il m'a expliqué qu'il rédigerait la note avec tout détaillé, pour les médecins du Canada et mes assurances pour frais médicaux. Il m'a dit que Lucia allait me suivre de très près et que le lendemain matin, elle allait juger s'il devait me revoir ou pas, juste avant que je quitte Varadero. Il a mis son bras autour de mes épaules pour me dire avec tant de gentillesse qu'il aimerait mieux ne pas me revoir.

Je suis retournée vers 16 heures à la hutte pour recevoir mes antibiotiques et commencer à les prendre immédiatement. Lucia était tellement heureuse, je crois qu'elle s'inquiétait pour moi. On aurait dit une amie. Le courant passait beaucoup entre elle et moi. Je lui ai dit : « Gracias », c'est tout que je savais dire mais j'y ai mis du coeur et de l'expression. Elle m'a encore prise dans ses bras. Elle m'a souri et m'a répété toutes les consignes en espagnol. Je suis retournée le lendemain à 10 heures comme convenu et Dominic m'accompagnait pour la traduction. Un amour, ce Dominic, vraiment, Lucia trouvait ça aussi. Elle n'a pas eu besoin de me l'exprimer, ça, je pouvais le savoir autant qu'elle.

J'ai terminé les antibiotiques hier, je n'ai pas le goût d'aller à l'urgence à Rouyn, je prends soin de ma blessure avec ce que j'ai été me chercher à la pharmacie et ça se résorbe très bien. Gracias Lucia et ton excellent dotttore, mille fois mieux que tous les antibiotico. Les services de santé cubains peuvent s'exercer dans des conditions toutes simples, c'est leur savoir-faire et leur science qu'ils transportent avec eux partout où ils sont. Et pour ce qui est du « béquer bobo », des soins de l'âme et de l'empathie, ils sont aussi de vrais champions.

vendredi 5 mars 2010

J'ai laissé mon coeur à Varadero




Photo 1 : La mer couleur aqua, les vagues, tantôt rugissantes, tantôt dentelles, le sable blanc, les parapas où viennent se poser les oiseaux, le vent chaud sur la peau, la musique toujours présente. Varadero...

Photo 2 : Ce sourire-là, en versions multiples et infinies, sept jours de temps, moi, c'est ben simple, j'en suis pas encore revenue! Là-bas, ils l'appelaient Feliz. Ils parlent l'espagnol avec les mots du coeur et toute leur âme, les Cubains. Parce que Feliz, ça signifie bonheur et joie.

Photo 3 : La musique est partout, elle fait partie du quotidien du peuple cubain, les musiciens et chanteurs aux repas, au resto de la plage, sur la place publique en après-midi, aux 5 à 7 dans le lobby, en soirée sur la scène près de la piscine, partout, je vous dis! Et Félixe qui réagit toujours tellement à la musique. Elle dansait tout le temps et tapait des mains. Une vraie petite Cubaine!

J'ai laissé mon coeur à Varadero

Depuis notre retour dans la nuit de mercredi à jeudi, j'essaie d'atterrir de ce voyage au pays du bonheur, de l'amour, de la famille, de l'amitié, de la chaleur humaine, des sourires et des câlins, de la musique et de la danse, du soleil et de la mer, ah la mer, toujours là, immense et belle, tendre ou passionnée, d'un côté, la baie Cardenas, de l'autre, l'Atlantique, si tant tellement... aqua... qu'en voyant mes photos, je retournerais sauter dans les vagues jusqu'à en perdre haleine!

Je crois que je n'arriverai pas à partager avec vous tout ce que j'ai dans le coeur en ce moment, parce que c'est trop intense, si fort, ce que j'ai vécu là-bas avec ma petite famille, mes amours, mes ancrages... Quand j'y repense pour essayer d'y mettre de l'ordre et vous le raconter avec des mots, l'émotion me submerge et les larmes me montent aux yeux. Alors, comme je ne voudrais pas tout bousiller mon rimmel...

N'empêche que réaliser ce rêve que j'avais qu'on voyage ensemble une fois dans nos vies, ça me remplit le coeur de quelque chose de grand et d'inoubliable à enfouir avec tous mes autres trésors dans mon île secrète au dedans de moi. Un gros coffre archi plein, disons. Vivre cette semaine-là, tous les cinq, partager nos repas à la même table, nos fous rires, nos tendresses, nos baignades dans la mer, nos Mojitos, se sourire comme ça pour rien, à tout moment et sans raison, parce qu'on est bien, là, tout de suite, et que la vie est belle, se savoir heureux des mêmes choses, des silences ou de la musique, des pitreries de Félixe ou de Crocodile Dundee, des complicités entre l'un et l'autre, au fil des heures et des bonheurs du jour... J'ai vraiment laissé mon coeur à Varadero!

J'irai un jour visiter Cuba. Je n'attendrai pas plus que l'an prochain probablement. Parce que je suis tombée sous le charme des Cubains et des Cubaines, heureux et généreux, souriants et chaleureux, amoureux de la vie, du monde, des enfants particulièrement et de tout ce qui donne envie de sourire et de danser. Je n'ai connu que Varadero, j'ai visité toute la péninsule et ça m'a donné le goût d'y retourner, ce sera mon port d'attache pour aller à Matanzas, à La Havane, dans les Cayos et partout où je pourrai laisser encore mon coeur, dans des petits bouts de cette île enchanteresse que je voudrais maintenant connaître.

J'ai été la première de nous cinq à aller sauter dans les vagues un après-midi. Isa et son papa prenaient du soleil et une bière froide en se racontant toutes sortes d'affaires drôles. Dominic lisait son bouquin passionnant sur le cinéma dans leur chambre, en veillant sur le dodo de Félixe. Moi, j'avais cinq ans, j'étais une enfant qui sautait dans les vagues, saoulée de mer, de rires et de larmes, le corps épuisé mais qui ne peut s'arrêter parce que la prochaine qui s'en vient est encore plus prometteuse et je m'abandonnais à la mer que j'aime, que j'aime, que j'aime, ne sachant plus si mes larmes étaient de joie pure, de peines accumulées qui s'échouaient tout à coup sur le rivage ou d'un bonheur trop intense. Mais peu importe, j'avais le sentiment d'être si vivante, seule face à moi-même, protégée de tout l'amour du monde, invincible et fragile à fois, vulnérable mais forte, heureuse comme jamais.

J'ai beaucoup joué dans le sable avec Félixe, on s'amusait tellement. Sa petite chaudière jaune et sa pelle rouge, c'était toute sa vie. J'enterrais ses petits pieds de sable, elle me regardait faire sans bouger, souriant à anticiper la suite, quand je dirais : « Sont où, tes petits pieds, Félixe? » et qu'elle les bougerait pour qu'ils apparaissent et que je dise encore : « Coucou, les petits pieds!!! ». Elle applaudissait comme si j'avais été la plus grande magicienne au monde. On riait comme des folles. On recommençait. Et on regardait les oiseaux. Félixe les voyait tous, elle n'en ratait pas un, s'exclamait « là », « là », « là », avec son index dans toutes les directions. Vraiment impressionnée qu'elle était, la Félixou, à cause des oiseaux et de la mer.

Une autre fois qu'il fallait qu'elle fasse son dodo, je l'ai amenée avec moi sous un parapas, et dans la chaise longue, je l'ai bercée en lui chantant nos chansons à nous deux, on se regardait dans les yeux, elle chantait avec moi puis s'est endormie dans mes bras, le vent soufflait doucement sur ses petits cheveux et j'ai été envahie d'une grande émotion. À ce moment précis, Isabelle et Dominic sont arrivés jusqu'à moi avec un Mojito pour que mon bonheur soit complet. J'ai même pas pleuré!

Dans le lobby extérieur du Bella Costa, j'avais mes petites habitudes de fumeuse après les repas. J'ai connu là des gens formidables, Cubains et touristes. Dominic m'accompagnait parfois. Il parle français, anglais et espagnol, comme Isabelle d'ailleurs, et moi, seulement français et anglais. Ça m'a donné le goût d'apprendre l'espagnol pour communiquer avec plus de monde. Mais déjà avec deux langues, j'ai fait connaissance avec ces deux Ontariennes sympathiques, trente ans qu'elles avaient, les filles, complètement sur la rumba, sautées comme des pop corn, elles venaient toujours à moi, je comprenais pas pourquoi mais probablement parce que j'étais bon public. Des gens de Sudbury, qui auraient pu être mes parents, un couple de Français Québécois, de St-Basile-le Grand, ils en étaient à leur 10e séjour à Cuba, très intéressants aussi. Et Marie-Diane, de Gatineau, une voyageuse exceptionnelle, un coup de foudre amical entre nous deux. Et tellement d'autres personnes qui venaient s'asseoir près de moi, m'abordant gentiment pour un brin de jasette, en français ou en anglais, des quatre coins du monde et de chez nous.

Avec Félixe, tout le monde nous parlait. Parce qu'elle faisait de la façon à tout le monde. Certains même avaient droit à ses bisous avec sa main. Elle tendait les bras à d'autres, parfois aussi, elle disait « lola » parce qu'on lui avait montré à dire « Hola » comme font tous les Cubains. Elle avait leur rythme et leur expression mais sa version toute personnelle se disait « lola ». En dernier, les membres du personnel qu'on côtoyait le plus lui disaient « lola Feliz ». Elle était contente! Elle aimait marcher toute seule, libre, alors, on la suivait, et quand elle croisait d'autres enfants dans les poussettes, elle allait vers eux pour leur faire un baise-main. Irrésistible! Félixe a conquis tous les coeurs là-bas, il y a vraiment quelque chose dans sa personnalité, son sourire et son goût du monde...

Et je ne vous ai même pas encore parlé de Ana, Yseldse, Lisselle, Beatriz, Melchor, Lucia l'infirmière, des Cubains et Cubaines au coeur d'or qui m'ont donné d'eux-mêmes, des bisous et des câlins, des tendresses infinies que je n'oublierai jamais. Il faudra que j'écrive encore une série de billets pour partager tout ça.

Voir Dominic et Isabelle si heureux, si amoureux, si complices dans la vie comme au cours de ce voyage. Et de si bons parents. Aimants, ouverts, attentifs, délicats, passionnés, curieux, soucieux du bonheur d'être et de vivre, l'un pour l'autre, pour leur petite aussi, une jeune famille si unie et ouverte sur le monde.

À Varadero, où j'ai laissé mon coeur, j'ai compris et vécu mille choses. Des petites comme des grandes. De celles qui bercent les endormissements dans la douceur, les moments de silence, les accords de guitare joués nonchalamment, les soirs d'hiver, et tous mes prochains cafés du samedi matin, les yeux perdus dans l'horizon, le sourire aux lèvres, l'âme à la tendresse.

J'aurais voulu vous parler du Tropicana, de ma visite de la péninsule, de nos déplacements en calèche avec les chevaux, de notre marche au centre-ville et de mon magasinage éclair de 15 minutes au marché public des artisans du Calle 46, des Pina colada de fin de journée sur le balcon de nos chambres voisines, à s'envelopper les conversations des couchers de soleil enflammés sur la mer devant nous, du bon rhum vieux de 7 ans que Dominic m'a fait goûter un soir, de voir Isabelle épanouie et magnifique dans sa robe rouge de La Havane, l'entendre raconter son bonheur d'avoir chanté un soir avec les musiciens d'un bar de La Havane, de Crocodile Dundee qui faisait crouler de rire Dominic et nous aussi, en ramenant tout à son univers de forêt ou son métier de menuisier, ses théories uniques et terre à terre, son mélange de français anglais espagnol, lui qui parle uniquement le québécois coloré, de mon inspection personnelle des services de santé cubains qui sont réputés dans le monde entier. C'est vrai, je peux vous l'assurer. Je l'ai testé. Et l'intoxication alimentaire dont a été victime Crocodile Dundee vers la moitié du voyage et jusqu'à la fin, ce qui lui a gâché le voyage à lui mais pas à nous, bref, j'aurais voulu, j'aurais aimé, j'aurais souhaité, j'ai essayé mais j'en suis encore incapable, que voulez-vous, j'ai laissé mon coeur à Varadero...