Difficile de la voir, notre maison actuelle, à travers tous ces arbres qui l'entourent en toutes saisons. Je l'ai fait exprès pour ne pas tomber dans la nostalgie. Ça fait partie de mon processus de détachement qui s'est intensifié depuis qu'elle est à vendre.
À chaque fois que j'ai vu apparaître de ma cuisine le phénomène de parhélie (les trois soleils) j'ai été propulsée dans une réflexion sur le sens que je voulais donner, ce jour-là, à n'importe quel nouveau départ.
Il y a deux semaines, lors de la soirée Clair de lune au Centre de ski de fond où sont membres nos enfants, nous avons retrouvé là-bas les parents de Dominic, qui sont plus que des amis, nous nous considérons comme des membres d'une même famille depuis cinq ans que nos enfants sont mariés ensemble et plus encore depuis la naissance de notre Félixou!
Un beau jour d'été au P'tit Château à Rapide Deux. Si le campe a été baptisé depuis le début le P'tit Château, ce n'est pas juste pour rigoler qu'on dit ça, on y est heureux simplement avec ceux qu'on aime et en ce sens, oui, on fait là une vraie vie de château.
Réflexion du dimanche
D'abord, je vous annonce officiellement que notre maison est vendue au lac Dufault. Notre courtier immobilier a fait de l'excellent travail. Nous sommes très contents du dénouement rapide et heureux. Nous partirons d'ici le 8 avril prochain et la transaction devrait se signer devant notaire le 12 ou le 15, moment où nous remettrons les clés au nouveau propriétaire. D'ici là, nous prendrons les bouchées doubles pour terminer les rénovations à l'autre maison que nous avons achetée à Rouyn-Noranda.
Depuis un bon moment déjà, je réfléchis à la question suivante : C'est où chez nous?
Ce matin, j'ai ma réponse : Chez nous, c'est là où nous avons des projets, où nous sommes heureux, où nous l'avons été et où nous avons bien l'intention de continuer à l'être. Le reste, ça s'appelle un décor et il n'est qu'accessoire.
Isabelle avait raison lorsqu'elle m'a dit dernièrement que des beaux souvenirs, on allait devoir s'en fabriquer d'autres et qu'on avait tout ce qu'il fallait pour le faire. Elle est devenue si grande, notre petite qui a grandi ici, sur le bord du lac...
Nous avons tant de projets. Et nous aurons du temps pour les rêver, les mettre de l'avant, les organiser et surtout pour les vivre.
Je m'en vais dans la prochaine heure chercher Félixe et nous allons ensemble voir un beau spectacle de cirque au Théâtre du Cuivre. On a tellement hâte, elle et moi. Après, nous serons réunis tous ici avec ses parents et son Papi, le souper est déjà prêt, je l'ai cuisiné hier soir et ce qui sera notre dernier souper de famille ensemble dans cette maison n'aura pas du tout l'air triste parce que nous savons que nous en aurons bien d'autres ailleurs, dans d'autres décors.
Chez nous, c'est partout où se trouvent ceux qu'on aime.
J'ai quelques amis autochtones, des Algonquins, qui m'apprennent beaucoup sur la vie et le monde qui m'entoure. Ils ont un concept de la maison, de la propriété, qui m'était tout à fait étranger jusqu'à ce que je les côtoie plus souvent. Ils habitent un endroit mais n'y sont jamais vraiment chez eux. Ils l'empruntent à leurs enfants et à leurs petits-enfants, en quelque sorte. Ils ont dû voir la chose sous cet angle probablement depuis toujours parce qu'on les a dépossédés de tout, à commencer par le territoire où ils avaient vécu en paix depuis des millénaires. Je les trouve sages de n'avoir jamais besoin de posséder un lieu pour y vivre sans souci. Ils ont aussi un rapport au temps et à la nature qui m'inspire de plus en plus.