samedi 15 mars 2014

Le loup de la 117


Tout en haut de la chaîne alimentaire trône le loup qui n'a rien à craindre d'autres pour sa survie que la famine et l'homme. 


Si la réputation du loup a été malmenée dans beaucoup d'histoires à faire peur aux enfants, pour les trappeurs, il représente la force, la détermination, le courage, la solidarité. Un guerrier qui connaît sa place et son rôle dans la meute. 


En spectacle, Isabelle Rivest chante « Le loup de la 117 », un moment unique et empreint de respect. Pour le trappeur comme pour le loup. 

Le loup de la 117

Mars 2008. Le trappeur, comme toujours à bonne heure en route pour son camp, s'arrête en chemin chez le concessionnaire de motoneige pour récupérer une pièce qu'il a fait réparer. Le commis qui le connaît bien l'interpelle au sujet d'un incident survenu la veille : 

- Tiens, v'là le trappeur, je voulais justement te parler de quelque chose... 

- Ah oui? 

- C'est notre mécanicien qui a frappé un loup hier soir avec son char, attends une minute, je vais l'appeler, il va te conter ça... Si tu veux récupérer la peau... 

- ... ... ...

Le mécanicien raconte qu'en soirée, entre la rivière Kinojévis et l'aéroport, sur la 117 Nord, il a lutté un loup qui n'a pas dû faire bien long avant de mourir de ses blessures. Selon lui, le loup serait mort sur le coup parce que son pare-choc est tout bousillé. Le trappeur ne remet pas en question le jugement du gars mais il lui pose quelques questions et d'après ses réponses, il craint, au contraire, que ce loup ne soit pas mort sur le coup mais qu'il doit souffrir atrocement, ayant peine à se déplacer. À partir de ce moment, il ressent l'urgence de le retrouver, non pas pour récupérer sa fourrure comme on le lui suggérait mais pour achever ses souffrances qui durent déjà depuis une bonne douzaine d'heures. 

Il y a deux choses que le trappeur ne peut pas supporter : qu'un animal souffre ou qu'il soit mort pour rien. Autrement, la mort, pour lui, devient une phase dans le cycle infini de la Vie. 

Ainsi, sans plus attendre, il part en direction de son camp, sur la route 117 et, arrivé près de l'endroit indiqué, il surveille de son camion ce qui pourrait être le point d'impact. Il s'arrête là où il voit des toutes petites pièces de pare-choc éparpillées sur le côté de la route, dans le banc de neige. Il prend ses raquettes et un gros fil de métal utilisé pour trapper le loup, ce qu'on appelle un collet à loup. Il part, le coeur battant, à la recherche de l'animal blessé. 

Il ne voit pas de sang. Ayant chaussé ses raquettes et quitté la route, il aperçoit les traces du loup dont le flanc droit est à la traîne dans la neige blanche. Il comprend maintenant encore davantage les blessures qui feront mourir l'animal mais lentement, sournoisement, cruellement, au bout d'atroces souffrances. Il visualise clairement le scénario de l'accident, les mouvements du loup pour se déplacer, fuir, se mettre à l'abri. 

Plus il suit la trace du loup blessé, plus il se sent proche de ce guerrier avec lequel il a développé tant d'affinités à force d'observer ses comportements, d'entendre ses hurlements dans la nuit, de voir comment il est maître chez lui en forêt. Il l'admire. Ce loup, c'est son frère, un frère qui souffre et auquel il s'identifie chaque jour davantage depuis que l'acouphène fait des ravages dans sa propre vie, dans ses silences trop habités. 

Au milieu de la clairière se dresse une grosse talle d'épinettes. Les traces y mènent. Il n'entre pas. Il fait le tour. Il ne voit plus aucune trace du loup. Il n'en est pas ressorti. Visiblement, il se terre. Là. Tout près. Il ressent son souffle presque. Il revient dans ses premières traces de raquettes et pénètre doucement dans cette forêt en s'arrêtant souvent pour observer le moindre signe d'une présence.

Au bout d'un moment, il aperçoit sa silhouette, tapie au pied d'une épinette, ses yeux perçants qui le dévisagent. Le loup débusqué fait un effort surhumain pour se déplacer d'une épinette à une autre tout en ne le quittant pas des yeux. S'installe alors un dialogue silencieux entre quatre yeux... Des confidences qu'ils n'ont jamais faites à personne d'autre, ni l'un ni l'autre. 

Le trappeur est réaliste, il n'arrivera jamais à approcher suffisamment le loup pour lui passer le fil de métal autour du cou et le mater. Le fier animal se débattra de toutes ses forces et donnera tout ce qu'il a dans ses mâchoires d'acier pour se libérer de l'emprise. Bien plus fort que l'instinct de mort, il y a l'instinct de vie, de survie même. Et ce loup n'en manque pas. Enfin, pas pour le moment. 

C'est là qu'il pense à ce qui lui a été dit depuis toujours. Les agents de la faune ont pour mission de venir en aide aux animaux de la forêt lorsque nécessaire. Et ce ne sera jamais plus nécessaire que maintenant. Le trappeur revient vers son camion en ayant le sentiment d'abandonner le loup à son triste sort mais ce n'est que temporaire. Il se rend à l'aéroport pour téléphoner au bureau des agents de la faune et il leur demande d'envoyer quelqu'un, armé, pour l'aider à mettre fin aux souffrances de ce loup blessé qui a été lutté par une voiture la veille. Il signale sa position. 

Un agent de la faune arrive peu après sur les lieux. Il est armé. Le trappeur le mène à la grosse talle d'épinettes, au refuge du loup qui n'a pas bougé d'un poil. Le loup les dévisage. Le trappeur est mal à l'aise devant la vulnérabilité du loup. L'agent de la faune encore plus. Il tire une première balle... BANG... Un hurlement retentit plus loin, beaucoup plus loin. Le loup semble atteint mais pas mortellement. Un guerrier, je vous dis. 

Un peu de sang sur la neige comme une signature trop rouge qui fait mal. Le trappeur fait signe à l'agent de la faune. Ne tire plus. Couvre-moi. Et il profite du remue-ménage pour faire le tour et arriver par derrière le loup, le surprendre avec son fil de métal autour de son cou et il serre, il serre de toutes ses forces. Une lutte à finir entre la vie et la mort, entre Le Trappeur et son frère, Le Loup. À bout de forces, tous les deux, c'est le loup qui finit par s'effondrer dans la neige. Il est enfin délivré de ses souffrances. 

L'agent de la faune repart sans dire un mot, toujours mal à l'aise. Le trappeur ne le reverra que deux ans plus tard... Mais ça, c'est une autre histoire bien plus triste encore. 

Le trappeur, loup sur l'épaule, s'en revient vers son camion, sa vie en miettes, l'âme en paix mais le coeur en peine. Le loup de la 117 ne sera pas mort pour rien au bout de ses souffrances qui viennent d'être abrégées. Il sera mort en héros, en guerrier, le trappeur pourra en témoigner, il fera tanner sa peau pour ne jamais l'oublier, s'inspirer de son courage, de sa détermination, de sa force de vie et de sa liberté dans sa forêt.  

* * * * *

Le loup de la 117 (Paroles et musique : Isabelle Rivest)

Un ancien chef de meute confus, fragile et vieux
Égaré sur la 117 et malheureux

Une voiture de citadin heurte l'animal de plein fouet
Vieux loup s'en ira mourir en forêt

Pensée générale chez les généraux : 
« Y doit être mort »

À travers les épinettes, le vent souffle la rumeur
Aux oreilles de l'homme qui écoute pour vrai
Le Trappeur

Paradoxe entre la pensée analytique et tout l'amour qu'il porte
Pour tout être qui respire et que la vie emporte
Ainsi qu'une pensée pour le bien de l'autre
Fidèle comme un apôtre
Le Trappeur ira enfiler sa veste de laine
Pour retrouver l'animal par-delà les plaines

Pour tendrement mettre une balle dans la tête
Pour loyalement faire cadeau du dernier souffle
Pour calmement expliquer la fin
Pour amèrement lever les yeux au loin

Bang! Bang! Bang!

Fier et frêle sur ses quatre pattes
Le loup se redresse
C'est un dernier salut à ce monsieur
C'est une dernière messe

Le Trappeur avec ses trop grosses mains
Des mains qui ont trop travaillé
Des mains insensibilisées par l'hiver
Essuie une larme au coin de l'oeil, il reste solennel
Moment fort et dur et beau mais sans dentelle

Vieux loup fait voler la neige en tombant
Et sa louve...

Elle déchire le silence dans son hurlement d'amant
Et fracasse l'acouphène du trappeur aimant 

Par une fin d'après-midi violemment belle
Un ancien trappeur confus, fragile et vieux
Marche vers son pick up, peau de loup sur l'épaule et malheureux

Il dit qu'il ne fera pas ça toute sa vie
Et il dit aussi...

Que lui, c'est dans le bois qu'il a trouvé toute sagesse, toute sérénité, toute philosophie
Et il dit aussi...

Qu'il devra demeurer spectateur de la scène du terroir
Parce que le bois, lui, c'est son miroir... 


73 commentaires:

Lise a dit…

Zoreilles,

je viens juste de laisser un commentaire sous ton billet précédent, et à la lecture de celui-ci je pleure à chaudes larmes. Vraiment!

Récit touchant, et bien sûr je comprends tout à fait ce qui n'est pas dit; moi aussi j'ai de bonnes zoreilles parfois. Je n'ai pas besoin d'un dessin.

Et la chanson d'Isabelle, avec ses mots qui veulent tout dire, est tout à fait bouleversante. Guy avait raison, j'aime l'histoire du loup.

Merci pour cette histoire Zoreilles, que tu as bien fait d'écrire; parfois il faut laisser le coeur parler, c'est une libération.

Zoreilles a dit…

@ Lise : J'ignore pourquoi ce récit et la chanson d'Isabelle nous touchent autant. Peut-être qu'on pleure autre chose que la mort du loup de la 117...??? À chaque fois qu'elle la fait en spectacle, les gens s'essuient les yeux, femmes et hommes.

Tu as deviné que le trappeur, c'est Crocodile Dundee. Les photos sont là. On sent bien que j'aime ce trappeur, qui est un excellent gestionnaire de la faune, tout comme notre fille qui admire son père et qui a composé cette chanson qui raconte mieux que je ne pouvais le faire cette histoire, pourtant si simple.

Je suis contente que tu l'aimes et que Guy me l'ait demandée, de même que Barbe blanche. Ce fut un gros défi pour moi de l'écrire, c'est bizarre, hein?

Mais tu as raison, c'est une libération et si on me tire des roches, j'en écrirai une autre par-dessus, c'est tout!

Lise a dit…

Zoreilles,

bien sûr que j'avais compris que le trappeur était ton Crocodile Dundee; moi aussi je suis capable d'entendre le non-dit.

Le silence parle plus fort que les cris, très souvent. Et c'est très bien ainsi!

Barbe blanche a dit…

WOW, à bientôt pour la suite...

Guy Vandal a dit…

Merci beaucoup chère Zoreilles.

Moi ce que je trouve grand dans cette histoire, c'est que ton trappeur aime assez les animaux, qu'il a pris le temps d'aller voir si le loup était vraiment mort.

Il aurait très bien pu s'en calisser comme on dit. Mais non. Ton trappeur a un immense respect de la nature, tu me l'avais déjà dit, je te croyais. Mais cette histoire le prouve encore plus. C'est pour ça que je voulais la "réentendre".

Et en prime, tu nous offres les paroles de la chanson d'Isabelle. Celle-là je ne m'y attendais pas. Je me considère chanceux de l'avoir déjà écouté et j'aimerais que tout le monde puisse avoir cette chance. C'est vraiment une belle composition.

Quelle belle grande famille vous faites. La petite Félixe peut bien être belle comme un coeur.

Merci!

Barbe blanche a dit…

Bon je me suis ressaisie,
une pareille vague d'émotions,
ce n'est pas tous les jours
que je vie ça.
Une histoire d'amour comme je les aimes,
l'amour de la vie,
dans toutes ses formes,
dans tous ses moments,
dans toutes ses décisions difficiles à prendre,
et tellement important de les prendre rapidement,
avec détermination et surtout, avec tout le savoir faire
qu'il faut pour faire
ce qu'il faut
comme il faut.
Si tu reçois des roches,
elles viendront de personnes
qui n'ont rien compris
de ce qui s'est passé
dans le boisé ce jour là.
Si tu n'avais pas
publié ce récit
je t'assure, il m'aurait manqué
et je ne l'aurais pas su.

La chanson de Isabelle
est la manière poétique
de présenter
cette histoire de loup
pleine d'amour,
d'un amour hors du commun.
Sur ce,je me tais,
et je continue de savourer en silence.

canneberge14 a dit…

"Peut-être qu'on pleure autre chose que la mort du loup de la 117...??? "
Oui, je pleure autre chose dans cette histoire...
extrêmement touchante qui restera gravée dans ma mémoire tout comme son expression poétique à travers les mots de la fille du trappeur.
L'histoire de la mort du loup de la 117, c'est aussi pour moi l'histoire de la mort souhaitée de l'être humain sur toute route de fin de vie irrémédiable...
La photo du loup et du trappeur est remarquable et surtout très paisible!
Choisir une mort dans la dignité, une mort qui respecte les caractéristiques mêmes du loup ou de l'être humain. C'est tout le contraire de la violence, c'est la nature de la vie, c'est la Vie.
"Ce loup, c'est son frère, un frère qui souffre et auquel il s'identifie chaque jour davantage depuis que l'acouphène fait des ravages dans sa propre vie, dans ses silences trop habités."
Ces mots me font pleurer...
Je souhaiterais rencontrer un tel "trappeur" dans ma vie lorsque les souffrances me feront traîner le flanc dans la neige blanche...
Merci Francine!
xx

Une femme libre a dit…

J'aime les loups et j'aime les gens qui aiment les loups et j'aime les chanteurs qui chantent les gens qui aiment les loups et j'aime la femme de l'homme qui aime les loups.

Zoreilles a dit…

@ Lise : « Le silence parle plus fort que les cris », tu as tout compris... C'est clair pour moi que tu entends le non-dit.

Zoreilles a dit…

@ Guy : J'avais besoin d'aide pour l'écrire, celle-là. Tu as été la bougie d'allumage et la chanson d'Isabelle est le plus dénouement que je pouvais imaginer. J'ai le goût de te remercier et puis, ben... je te remercie!

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : Toi si proche de la nature, je savais que tu ne me tirerais pas de roche! Le cycle de la vie et de la mort, pour les humains comme pour les animaux, la liberté, mourir dans la dignité, tu n'es pas étranger à tout ça. Merci d'être là et d'avoir secondé Guy dans sa « demande spéciale ».

Zoreilles a dit…

@ Canneberge : On pleure pour les mêmes raisons... Tu sais bien nommer les choses et les situations. À lire tes commentaires, je comprends mieux pourquoi j'ai eu de la difficulté à écrire ce texte, même si la chanson d'Isabelle avait déjà tout dit, à mon avis. Je ne pouvais donc pas dissocier l'un et l'autre, je n'ai même pas demandé de permission à Isa mais je crois qu'elle me l'aurait donnée, en mon for intérieur, je le sais.

En fin de vie, j'aimerais aussi rencontrer un tel « trappeur ». Moi qui aime tant la Vie, je crois pourtant qu'elle doit avoir une certaine qualité, sinon, ce n'est plus une vie digne de ce nom.

J'ai dû prendre une certaine distance avec l'histoire, tu as remarqué que pour une fois, je n'ai pas appelé Crocodile Dundee par son pseudo habituel? J'en étais incapable, je me suis donc laissée inspirer par notre fille qui l'appelle Le Trappeur, avec les lettres majuscules.

On pourrait s'en parler longtemps!

Zoreilles a dit…

@ Une femme libre : Eh bien moi, j'aime les femmes libres, les hommes libres, les gens libres. On est quitte!

Barbe blanche a dit…

Vois tu Zoreilles, moi ce qui m'émeut dans cette si belle histoire, ce n'est pas la mort du loup, ni la mienne,
c'est surtout, l'amour du Trappeur pour la vie, dans sa capacité de comprendre ce qu'il y a à faire, sa capacité de le faire avec amour et détermination.
Aimer la vie comme ça,
ce n'est pas donné à tous et chacun,
il faut une grande âme pour ce faire.


Il en faudrait une bonne centaine comme lui, au gouvernement.

Dire que j'airais pu vivre toute une vie, sans connaitre cette histoire,
je serais alors passé à côté de quelque chose de grand, de tellement grand.

Le factotum a dit…

Une belle histoire.
Un cri du coeur pour l’amour à la vie.
Deux êtres déterminés à mourir dans la dignité.

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : J'ai été témoin depuis 37 ans de son amour de la Vie et de la liberté, (on avait ça en commun même du temps qu'on était juste des amis!...) de la force de ses convictions dans « l'agir » plutôt que dans le « dire ». C'est au contact de la nature que, bien souvent, ces choses-là peuvent se vivre et si rarement se raconter.

Je l'ai vu libérer un lynx de son collet pour lui redonner sa liberté. Il sait comment faire... Je l'ai vu nourrir les lièvres, les martres, les pékans, soigner des oiseaux, à côté de ça, apprivoiser les pies, c'est... un jeu d'enfant!

Je l'ai vu agir aussi auprès des êtres humains, ceux qu'il connaît comme de purs étrangers. Il est très sensible à la souffrance, physique ou morale.

Pour lui, toutes les réponses se trouvent dans la nature qu'il aime et qu'il observe sans juger. Je suis d'accord avec toi, ça en prendrait plus des comme lui dans des postes décisionnels au gouvernement!

Solange a dit…

Une histoire touchante bien racontée et bien mise en musique par Isabelle. C'est beau de voir qu'il y a encore des gens qui aiment les animaux. La semaine dernière on montrait aux nouvelles une ferme d'élevage où les animaux étaient maltraités, c'est difficile de comprendre ce genre de comportement.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Tout être vivant aurait le droit de mourir dans la dignité, c'est mon avis à moi aussi.

Il faut beaucoup aimer la Vie et la placer au-dessus de tout pour agir ainsi.

Zoreilles a dit…

@ Solange : Je suis, tout comme toi, très touchée quand je vois ou que j'entends parler dans les médias de choses comme celles-là... C'est pourquoi les animaux, je les préfère en toute liberté, dans la forêt. Tant qu'à moi, ils font la vie rêvée, même s'ils sont soumis aux lois de la nature, ce sera toujours moins pire que ce certains êtres « humains » font subir aux animaux d'élevage, dans des cas malheureux.

Jackss a dit…

Zoreilles,

Il y a beaucoup de sensibilité et d'humanité dans cette histoire. Et quel beau symbole que celui que du loup que tu qualifies de frère. Quelque part, la frontière entre les humains et le monde animal est moins étanche qu'on l'a déjà cru. Les communications passent par le regard. Mais on sent la barrière du langage. Dans ces instants que tu décris si bien, on la sent tellement cette impuissance.

Toi qui sais si bien utiliser la puissance des mots, tu nous fais découvrir tous les jours cette richesse qui nous fait tout de même si souvent cruellement défaut entre nous. On a beau bien connaître notre langue, il nous arrive souvent de nous sentir blessés, faute de pouvoir trouver les bons mots ou de les décoder comme on devrait.

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Cette impuissance, comme tu dis, cette grande incompréhension, cette « incommunicabilité » désolante, pour ma part, je la ressens bien souvent plus cruellement avec des êtres humains qu'avec les animaux. Et je la ressens même avec des gens qui parlent la même langue que moi.

Dans cette histoire vraie, toute simple, le loup est un symbole, celui du blessé, du malade, du mal en point, du condamné à mort, et il faut être à son écoute, pouvoir se mettre à sa place, se voir en lui, pour vouloir autant qu'il puisse mourir dignement, en héros.

Nous pouvons tous nous reconnaître dans le loup de la 117, celui qui se terre pour soigner ses blessures, celui qui garde silence plutôt que de crier sa détresse. Quelque part, nous avons tous été, à un moment ou un autre de nos vies, un loup blessé qui se terre.

Mais nous avons tous été, à un moment ou un autre de nos vies, un « trappeur » à l'écoute de l'Autre, sensible à la souffrance qu'on avait sous les yeux.

Ah si l'on pouvait être exempts d'orgueil, d'ego démesuré, de blessure intérieure, et qu'on pouvait juste se comprendre et s'entraider, il y aurait bien moins de souffrance et de guerre dans notre monde. C'est trop simple il faut croire...

Guy Vandal a dit…

Je savais bien que cette histoire avait un "potentiel".

Il me semble que je suivrais ton trappeur partout dans le bois, je ne parlerais pas, je ne ferais que regarder. C'est tellement un grand homme, il aurait tellement à m'apprendre.

Je connais la nature un peu, mais jamais comme lui. Tout ce que je sais de la nature, c'est que tout y est en harmonie.

Je suis content de la réaction de tes "clients" jusqu'à maintenant. J'étais bien certain que ce serait comme ça. Il n'y a pas que des imbéciles au Québec. Y'en a qui sont capable de comprendre.

C'est à moi de te dire merci. MERCI BEAUCOUP!

P.-É. Larivière a dit…

Une belle histoire touchante de respect envers les animaux sauvages.
P.S. Article du Devoir:
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/402856/des-femmes-de-la-generation-y-revent-d-un-quebec-libre

Bonne Journée!

Zoreilles a dit…

@ Guy : Je sais bien que tu aimerais parfois être à ma place... Mais il faudra attendre de l'autre côté du 12 février 2015, quand il aura retrouvé tous ses permis après une suspension de deux ans!

Je ne suis pas étonnée, moi, de la réaction positive de mes « clients », je les connais, ils sont fidèles et respectueux, s'ils n'étaient pas d'accord avec le piégeage, ils ne le diraient pas, ils le penseraient, c'est tout. Et je ne veux pas leur faire de peine...

Mais tu as raison, cette histoire en rappelle bien d'autres que chacun et chacune peut avoir vécu. En forêt ou en ville!

Zoreilles a dit…

@ P.-É. Larivière : Merci beaucoup pour m'avoir relayé l'article, j'ai même réussi à avoir le journal papier pour le garder en souvenir, c'est pas tous les jours que notre fille fait la une du Devoir, hihihi!

Lise a dit…

Zoreilles,

le nombre de commentaires démontre bien que Guy avait raison de t'encourager à publier ce récit; si moi, l'amoureuse des animaux, qui préfère les quatre-pattes (et n'en ai pas honte, loin de là) à mes semblables très souvent, pour ne pas dire quasi toujours, n'ai pas été offusquée par cette histoire, c'est que le respect était très présent envers le loup, et évidemment envers le Trappeur.

Et là je viens de lire que votre fille a fait "la une" du Devoir. je vais suivre le le lien de Mr. Larivière...
:)


Jackss a dit…

Zoreilles ,

Je viens d'aller lire cet article du journal Le devoir > où Isabelle est à la une. Très intéressant à lire! Tu as de quoi être fière, Zoreilles.

On y trouve de beaux sentiments et de belles valeurs. Ça fait chaud au cœur et ça donne confiance en l'avenir. On y voit de beaux jeunes beaucoup politisés qu'on nous fait croire.

Le jour où René Lévesque à été élu, Laure et moi, nous étions scrutateurs. Jamais nous avions pu imaginer le résultat. C'est fou l'émotion presque délirante que nous avons ressentie lorsque nous sommes sorti du bureau de vote. Nous l'avons appris dans le stationnement. L'athmosphëre était incroyable et indescriptible.

Les question que l'on pose dans cet article du Devoir sont fondamentales. Les réponses risquent de nous surprendre. J'ai hâte de voir qu'elle direction elles vont prendre.

Jackss a dit…

Je me suis permis de mettre un lien à cliquer pour faciliter l'accès à l'article du Devoir qui donne le micro à Isabelle.

Zoreilles a dit…

@ Lise : Donc, ce que tu me dis, c'est qu'à tes yeux, « ça passe le test »? Tant mieux!

J'admets que Guy avait raison d'abord!

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Merci d'avoir simplifié la lecture de l'article. Monsieur P.-É. Larivière, un ami de la région de l'Outaouais, l'avait amené jusqu'ici et tu as fait le reste! Je suis entourée d'amis(es) qui sont branchés(es) et très à l'écoute!!!

Isabelle, son conjoint Dominic, et toute leur bande d'amis sont de la génération Y. Ils sont conscientisés, très impliqués socialement, politisés et ouverts au monde avec un fort sentiment d'appartenance à leur région, ainsi qu'à toutes les régions du Québec et au monde entier. Oui, ils ont de belles valeurs, ces jeunes que je connais et côtoie depuis des lunes et j'ai confiance en l'avenir grâce à ce que je vois et que j'entends autour de moi.

Nous lui avons souvent raconté ce que nous avons vécu, nous, lorsque le Parti québécois est arrivé au pouvoir en 1976. L'effervescence... La fierté... Notre si grand désir d'autonomie... Ensuite, le référendum de 1980, le 20 mai 1980 plus exactement, notre 2e anniversaire de mariage, on y croyait, on y avait travaillé avec conviction. On tenait notre destin entre nos mains, c'est l'impression qu'on avait. On avait fini la soirée en pleurant, triste façon de célébrer notre 2e anniversaire de mariage.

En 1995, on s'est retroussé les manches et on a recommencé. On était dans la force de l'âge. On y a cru.... encore une fois.

Dans les années 2000, en 2003 et 2007, j'ai travaillé en coulisses, aux communications et relations de presse, pour les campagnes électorales du Parti québécois dans ma région. Implication bénévole, je le précise, mais non moins dévouée.

Les parents de Dominic ont toujours été fortement impliqués socialement et politiquement. Aujourd'hui encore, c'est central dans leur vie, son père est le candidat QS dans Rouyn-Noranda Témiscamingue et sa mère est son attachée politique.

On ne transmet pas ce qu'on veut mais ce qu'on est!

Aujourd'hui, je vois cela avec beaucoup de recul mais toujours énormément d'intérêt. Vendredi soir dernier, lors de cette soirée politique où Isabelle et Dominic ont été interviewés par la journaliste du Devoir, nous, on passait du bon temps à la maison avec Félixe, à planter nos graines de capucines et jouer aux pirates!!!

Tu vois, on se rend utile autrement pour permettre aux jeunes de reprendre le flambeau!

Guy Vandal a dit…

J'admets que Guy avait raison d'abord!

Est-ce que ça veut dire que tu vas venir me voir à Matagami?

;0)

Zoreilles a dit…

@ Guy : Je finis toujours par tenir mes promesses et mes engagements, Guy! Mais je te donne pas date, par exemple!

Je vais attendre que l'hiver finisse... Ça peut être long... Non mais sérieusement, c'est si beau Matagami aux beaux jours de l'été, je voudrais retourner avec toi au bout de la rue des Rapides, assis sur une roche, à écouter l'eau vive de la rivière Bell, regarder un jeune pêcher des dorés et me rappeler mon enfance...

Est-ce qu'on pourrait grimper en haut du belvédère et embrasser du regard tout Matagami jusqu'à la Baie James? Non, je sais, on ne voit pas jusque là mais on voit loin, j'y suis allée avec mon amie Claire la dernière fois!

Au fond, j'ai l'air d'avoir perdu ma gageure mais je crois que j'ai gagné... une petite virée à Matag!

Lise a dit…

Zoreilles,

bien sûr que ton billet passe le test, Guy avait parfaitement raison de t'encourager à le publier. Donc tu n'as pas le choix, tu devras aller le voir à Matagami.

:-DDDD

Et j'ai suivi le lien, cette fois grâce à Jacks et au raccourci qu'il a mis (Merci Jacks!); ta belle Isabelle et les deux jeunes femmes rayonnantes, avec leur bedon plein de vie, je les admire d'avoir le courage de donner naissance à un enfant dans le monde tel qu'il est, avec tant d'incertitude dans tous les domaines. Elles sont courageuses (pas seulement belles), intelligentes, et leurs enfants vivront dans un monde bien différent, c'est certain.

Je n'ai pas eu d'enfants, mais étant donné mon bagage génétique, je suis ravie de ne l'avoir transmis à personne.

:)

Zoreilles a dit…

@ Lise : Ces jeunes femmes (je connais Isabelle et Marie-Eve, celle de droite je la connais de vue mais par personnellement) sont peut-être plus amoureuses que courageuses! Non, je comprends ce que tu veux dire... Elles ont confiance en la vie et en l'avenir, malgré leurs inquiétudes. Elles sont jeunes, elles ont des idées et des idéaux et quelque part, elles ont la capacité d'entrevoir une société meilleure pour elles-mêmes comme pour les hommes qu'elles aiment et les enfants qu'elles mettent au monde. Elles ont beaucoup à donner et sont inspirantes.

Chaque fois que j'ai l'occasion de discuter avec ces jeunes-là, femmes et hommes, je les écoute bien plus que je leur parle, je les encourage, je les rassure parfois, je réfléchis avec eux et ils me réconcilient avec un paquet de choses!

En eux, je revois l'enthousiasme de ma jeunesse, on carburait à ce monde meilleur qu'on voyait poindre à l'horizon.

Et soyons réalistes, il y a eu de grandes améliorations dans notre société, qu'on pense l'égalité entre hommes et femmes, les filets sociaux qu'on a mis de l'avant, notre conscience plus aiguisée de l'environnement, l'ouverture aux autres, etc. C'est quand même notre génération qui a fait ça!

Te souviens-tu qu'il n'y a pas si longtemps, on ne recyclait pas, il y avait tant de cas d'ivresse au volant, l'accessibilité aux études était restreintes aux mieux nantis, les gens fumaient la cigarette en présence des enfants, etc.

Eux, ils vont faire mieux que nous, j'en suis certaine. C'est pourquoi je leur passe le flambeau en toute confiance!

Guy Vandal a dit…

Toutes les activités que tu proposes sont intéressantes. Il y aussi la superbe plage...

:0)

Zoreilles a dit…

@ Guy : La plage du 22... Je me demande comment j'ai pu ne pas l'écrire en premier!

guillaume a dit…

C'est une histoire tres touchante. J'ai le motton dans la gorge en la lisant. Et pourtant, je sais que tu me l'as deja raconte! Tu racontes bien. C'est une lecon de vie, bien necessaire a notre ere de plus en plus deshumanisee.

Zoreilles a dit…

@ Guillaume : Cette histoire nous fait un peu le même effet. Moi-même, j'ignore ce qu'on pleure ou ce qui nous donne « le motton » dans la gorge. Peut-être est-ce un plaidoyer vibrant pour espérer un jour « mourir dans la dignité »?

J'ai essayé de prendre mes distances avec cette histoire et ces personnages, ce fut un exercice fastidieux...

En tout cas, je te remercie sincèrement pour ta visite et ton commentaire.

Nanou La Terre a dit…

il était bien beau ce loup avec son beau gros nez noir. Une belle histoire toute tendre et dans le plus grand respect de l'animal. J'ai un petit trémolo dans la gorge...
Bizous chere Zoreille XXX

Zoreilles a dit…

@ Nanou : Un très grand respect pour l'animal, en effet, comme pour les êtres humains, ça, je peux te le confirmer...

Bisous à toi aussi!

Jackss a dit…

Zoreilles,

En lisant ton billet, j'essayais de me rappeler du nom de cette jeune français, une pianiste je crois, qui gardait chez elle des loups en liberté et pouvait facilement s'en approcher. J'avais entendue son récit et j'avais acheté son livre pour l'offrir en cadeau. Ça te dit quelque chose?

Je me suis demandé aussi si c'était vrai qu'il y avait des loups qui faisaient de la politique.

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Oui, cette histoire me dit vaguement quelque chose... mais je me demande comment les loups peuvent être à la fois chez cette pianiste et en liberté. Elle doit avoir un grand domaine boisé et... clôturé!

Des loups en politique? J'aimerais bien! Les loups sont par nature fidèles et dédiés à la meute!

Ce ne serait pas plutôt des requins qu'on retrouve en politique? Des requins de la finance même, l'espèce la plus vorace!

Jackss a dit…

Zoreilles,

Ça y est! J'ai trouvé. Il s'agit d'Hélène Grimaud. Le plus extraordinaire, c'est qu'on peut voir une entrevue avec elle dans le cadre de l'émission Le Point de Radio- Canada.

On peut voir le reportage en cliquant sur le lien Elle joue avec les loups . C'est à voir!

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Il est absolument fascinant, ce reportage. En plus, Hélène Grimaud y partage plusieurs grandes vérités, à mon avis, entre autre sur le rôle de l'artiste dans une société. C'est un génie, cette fille! Les loups du Wolf Conservation Center sont tellement beaux et elle a la chance de les côtoyer en toute intimité. À la douzième minute environ, elle dit quelque chose qui m'a fait réfléchir, c'est que les loups l'ont réconcilié avec la nature humaine parce qu'au départ, elle était misanthrope et mal adaptée, elle avait de la difficulté à se fondre dans la masse, à l'école par exemple.

Elle a beau être très jolie extérieurement, il émane d'elle une beauté et une grâce et si les yeux sont le miroir de l'âme...

Nanou La Terre a dit…

Oui, magnifique ce reportage Jackss....
Merci... Et oui Zoreille,si les yeux sont le miroir de l'âme, elle est une grande âme...Bizous xxx

Zoreilles a dit…

@ Nanou : Tiens, tu me fais penser... J'avais oublié de remercier Jacks pour ce reportage-interview avec une si belle personne. Comme il y a des « feel good movies », il y a aussi des « feel good reportages » et celui-là en est tout un.

L'amour de la musique et des animaux, tu as ça en commun avec Hélène Grimaud, chère Nanou. Tu dois avoir de beaux-yeux-miroirs-de-l'âme toi aussi!

canneberge14 a dit…

@ Zoreilles @Jackss

J'aime la musique, j'aime les histoires de loups, j'aime le langage de l'âme...et j'aime Hélène Grimaud. Je suis gâtée par ce magnifique "fell good reportage". La beauté qui m'émerveille. Une grande quête de sens. Et comme le hasard fait bien les choses, je suis contente d'avoir vu ce reportage. J'ai reçu en cadeau, il y a quelques jours, un billet pour voir Hélène Grimaud à la MSM en juin! Il me semble que je j'écouterai la pianiste dans plusieurs univers d'émotions!

xx

Zoreilles a dit…

@ Canneberge : Tu sais, je passe mon temps à répéter qu'il n'y a pas de hasard, juste des rendez-vous!

Si on t'a offert un billet pour aller écouter Hélène Grimaud en juin et que Jacks nous offre ce « feel good reportage » qui fait l'éloge de la beauté à travers la musique et les loups, c'est que tu avais rendez-vous avec tout cet univers!

Nenon nenon, je fais pas ma sorcière, je pense seulement que tu sais débusquer les trésors et les belles rencontres, en reconnaître la présence autour de toi, en apprécier toute la saveur pour ensuite mieux partager de mille et une façons.

Je suis en train de lire « Plaidoyer pour l'altruisme » et je pense souvent qu'il y a des gens, comme toi, qui mettent déjà ça en pratique dans leur vie comme s'ils avait compris l'essence de ça depuis toujours.

Jackss a dit…

Canneberge,

Je ne m'habitue pas. C'est par hasard que je me suis mis à être fasciné par le hasard. J'aurais dû dire par Zoreilles. Pour moi, à cause de mon vécu, Zoreilles et hasard , ce sont presque des synonymes.

Ce que tu racontes au sujet de cette coïncidence, ça me fascine. Et je suis tellement heureux d'avoir pu contribuer à ce beau hasard. Si ça continue, je vais finir par croire qu'il y a des choses qui sont arrangées avec le gars des vues.

Il faut dire que, dans mon cas, c'est par un hasard bien spécial si je suis encore en vie. Ce n'est pas une figure de style. J'étais voué à une mort certaine lorsque ce hasard est intervenu.

Je te souhaite un bien beau concert avec Hélène Grimaud. Et j'espère que tu pourras t'associe au hasard pour que je puisse entendre tes commentaires après le spectacle.

Zoreilles a dit…

@ Jacks, @ Canneberge : Que c'est agréable ce petit café matinal qu'on partage ce matin!

Quand tu dis, Jacks, que c'est par un hasard bien spécial que tu es toujours en vie, je peux te dire que c'est encore une chose que nous avons en commun. J'ai si souvent échappé à la mort, moi, ça a commencé à ma naissance, à l'âge de 3 ans quand je suis tombée en bas de la voiture en marche à 60 milles à l'heure, à l'âge de 27 ans quand j'ai été confrontée au pire et le 4 mars 1996 quand je suis un petit peu mourue d'hypothermie en défonçant sur un bras de la rivière Kipawa au Témiscamingue. Et ça, c'est seulement les fois où j'ai été consciente que la mort me prenait sous son aile! Mais je résistais...

Tu as encore des choses à faire dans ce monde, Jacks. Moi aussi...

Jackss a dit…

Zoreilles,

Tes histoires sont fascinantes. Je suis sûr qu'elles cachent beaucoup de détails qui les rendraient encore plus éloquentes.

Nous avons beaucoup de points en commun. C'est vrai. Et je suis sûr qu'on pourrait en découvrir peut-être des milliers d'autres. Je pense avoir compris quelque chose d'important à travers les échanges que nous venons d'avoir et d'autres aussi auparavant sur le même thème.

Juste avant de venir ici, j'étais à préparer un billet sur Louis Jolliet. C'est fou tous les liens que j'ai été amené à faire avec mon environnement, ce que je vois de ma fenêtre, notre histoire, nos valeurs, nos forces et nos faiblesses comme nation en 2014. Même la mère de Louis Jolliet a un lien avec l'actualité. Son nom de famille: Couillard.

Je pourrais posser encore plus loin ma réflexion, mais je crois que je vais me payer la traité et en faire l'objet d'un billet. Ce n'est probablement pas un hasard si je suis tellement interpellé par le hasard.

Jackss a dit…

Je corrige ce que je viens de dire. C'est la mère de la compagne de Louis Jolliet qui était une Couillard: Le 17 octobre 1675, Louis Jolliet épouse Claire-Françoise Byssot, 19 ans, fille de François Byssot et de Marie Couillard.

Autre détail: la concession de l'Ile d'Anticosti à Louis Jolliet était signée par l'intendant Jacques Duchesneau.

Sur ce, je me rends compte que je suis aventuré pas mal loin du sujet de ton billet: les loups. Je me reprends: il y a beaucoup de loups en politique, dans presque tous les partis.

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Je viens encore d'étirer mon café en ta compagnie, ce qui me donne l'impression que Havre-Saint-Pierre et Rouyn-Noranda, ce sont deux villages voisins et qu'on s'est donné rendez-vous au milieu. C'est la magie des amitiés virtuelles, elles se moquent des distances!

Ces noms de famille que tu cites dans l'histoire de Louis Jolliet, Couillard, Duchesneau, etc. nous montrent bien combien notre histoire est jeune au fond. C'est si peu, 400 ans, 500 ans, dans l'histoire d'un peuple.

Dernièrement, à cause de l'actualité politique, chaque fois qu'on a parlé de l'île d'Anticosti, j'avais un double intérêt, à cause des billets que tu as écrits et auxquels nous avons pu réagir, échanger et discuter.

Encore hier, j'écoutais le midi à la radio une émission qui provenait de la Côte-Nord, avec plein d'invités et des gens de la population qui prenaient la parole. Même si c'était à la radio, je voyais des images, celles que tu nous as présentées toi-même depuis quelques années mais plus encore, je reconnaissais des attitudes, des situations, des points de vue qui étaient tellement semblables à ceux de l'Abitibi-Témiscamingue. Nos régions ont tant en commun, je parle de toutes les régions du Québec ou presque. Pas étonnant que nous qui aimons tant le Québec et son histoire, nous nous sentions si proches aussi.

Jackss a dit…

J'éprouve la même impression que toi, Zoreilles

C'est comme si la Côté-Nord et l'Abitibi étaient deux places voisines. Nous avons en effet tellement de choses en commun:
un même sentiment de fierté et d'appartenance,
les mêmes racines acadiennes,
le même respect de la nature,
les vastes étendues,
la cohabitation avec des communautés autochtones,
les ressources naturelles abondantes et tout ce qu'elles comportent d'envie et de dérives,
les loups qui rôdent,
les populations qui serrent les coudent, se mobilisent,
font preuve d'imagination et de créativité pour se développer,
favorisent l'émergence de grands talent artistiques et j'en passe...

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Et voilà! En fait, toutes les régions ressources ont beaucoup en commun.

Si l'on me demande de quoi le Québec a-t-il le plus besoin, je réponds sans hésiter : « De fierté »...

J'aurais aimé, pendant cette campagne électorale, qu'on entende plus d'idées constructives et qu'on nous parle de projets mobilisateurs.

Je m'arrête ici, je ne voudrais pas « sombrer » dans la politique!!!

voyageuse du monde a dit…

quelle histoire triste, tu connais mon amour des animaux, même sauvage. Je sais qu'il était blessé et que la fin était une délivrance mais je ne peux m'empêcher d'être triste. Un si bel animal, si fier. et j'imagine tellement le malaise du trappeur. La mort ne devrait pas exister ni pour les humains, ni pour les animaux. Mais je sais que c'est impossible.

Zoreilles a dit…

@ Voyageuse : Non, la mort ne devrait pas exister, la maladie non plus... Et la vieillesse est un naufrage...

Cette histoire est immensément triste. Mais réaliste. Quand je serai rendue au bout de ma vie, je voudrais rencontrer sur mon chemin une personne comme ce trappeur qui me ferait le cadeau de mourir dans la dignité.

Le factotum a dit…

Et la vieillesse est un naufrage...
... le cadeau de mourir dans la dignité.
Quel dilemme auquel nous sommes confrontés au quotidien.
Tout doit se faire dans le plus grand respect de la personne.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Tous les proches aidants sont des inconditionnels du respect de la personne qu'ils aident. Moi, je commence à penser que le proche aidant n'a souvent pas mis le respect de sa propre personne en priorité... mais qu'il est le seul à pouvoir le faire. Au bout de 10 ans, 15 ans, à un moment donné, c'est le proche aidant qui aurait besoin d'un proche aidant pour l'aider à y voir clair!

Jackss a dit…

Je suis en deuil de gens très près pour la 2ème fois en 3 semaine. Ça brasse beaucoup d'émotions!

J'ai été proche aidant pendant 2 ans. Je l'ai été 7 jours par semaines pendant 2 ans. Il est très difficile d'imaginer tout ce que ça implique quand on ne l'a pas été de si près. Il s'établit une véritable symbiose.

Pour certains, il s'agit d'une démarche gratifiante, un accompagnement intense qui rapproche. Mais lorsque la personne aidée est atteinte de troubles cognitifs, la réalité peut être toute autre, cruelle, ingrate.

On ne sait jamais ce qui nous attend en bout de piste. Le plus important, c'est de savoir donner tout ce qu'on peut sans rien attendre en retour et trouver si possible le moyen de prendre aussi soin de soi-même.

Beaucoup de personnes entourent, encouragent et consolent en ayant tellement besoin de l'être elles-mêmes.

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Ah mon pauvre ami, tu es touché de près par un décès pour la deuxième fois en trois semaines... J'entends ta peine entre les lignes et je t'offre tout ce que je peux de sympathie.

Dans ton commentaire, tes mots sont si vrais, tellement ressentis, qu'ils ne peuvent être autrement que vécus et tu le confirmes quand tu exprimes ceci : « Il est très difficile d'imaginer tout ce que ça implique quand on ne l'a pas été de si près. » et encore « Mais lorsque la personne aidée est atteinte de troubles cognitifs, la réalité peut être toute autre, cruelle, ingrate. »

Quand ton conclues ainsi : « Beaucoup de personnes entourent, encouragent et consolent en ayant tellement besoin de l'être elles-mêmes », sache que malgré la distance géographique qui nous sépare, moi à l'extrême ouest et toi à l'extrême est, tu auras réussi un coup de maître ce matin.

Merci d'être là, aussi près d'aussi loin.


canneberge14 a dit…

Les derniers commentaires viennent me chercher dans un lieu qui m'est familier...mais que je trouve de plus en plus difficile à vivre physiquement et émotivement . J'aurais le goût qu'on se fasse tous de gros câlins parce qu'on lit bien entre les lignes. Voilà, c'est dit.
La culpabilité rôde déjà!!! Basta!
xx...

Zoreilles a dit…

@ Canneberge : Que la culpabilité arrête de rôder, ce qu'on s'est dit ici, ça nous a fait du bien et même qu'on s'est fait des câlins, une sorte de réunions de proches aidants de partout au Québec, sans jamais faire de peine à qui que ce soit, sans jamais se soustraire à nos rôles qui sont de plus en plus lourds mais de plus en plus indispensables.

Si on pouvait se réunir pour vrai et aller au bout de nos phrases, on se dirait entre nous qu'il est important de ne pas perdre notre insouciance, notre légèreté, notre joie de vivre, malgré tout ce qui nous tire vers le fond. Qu'il faut coûte que coûte laisser de la place dans nos vies pour le plaisir, la jeunesse, l'espoir, la vie. Malheureusement, quand on va au plus pressé, il ne reste plus rien pour soi... Soyons vigilants, il en va de notre santé à nous. Comme je dis souvent, on a le devoir d'être en santé quand on est proche aidant!

Hier, j'écoutais l'émission 30 vies et j'ai été émue par la réplique d'une préposée en CHSLD qui disait à un professeur : « Vous autres, vous travaillez avec l'espoir pour la jeunesse, moi, je gère le désespoir de la vieillesse ». C'est pas mêlant, je l'aurais prise dans mes bras pour pleurer avec elle!

Noémie Turbide a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Noémie Turbide a dit…
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Noémie Turbide a dit…

Je pense que ce billet est mon préféré. J'ai les yeux qui me roulent dans l'eau... Et la chanson d'Isabelle... Je suis sans mot.

Zoreilles a dit…

@ Noémie : Cette histoire (vraie) nous fait un peu tous le même effet et ce, pour plusieurs raisons qu'on ne s'explique pas toujours.

Je t'embrasse bien fort, ma belle Noémie, ainsi que Hubert et votre petite princesse Lili, si adorable.

Lise a dit…

Zoreilles,

j'écris ici, en toute discrétion j'espère. Malgré ma décision de ne pas retourner lire le blogueur que tu sais, inactif depuis deux mois, évidemment je me suis dit qu'il écrirait un mot d'excuse à ton égard, à son retour. Avec un beau gros titre : Pour Zoreilles, mille excuses, j'étais trop bouleversé par la mort de ma mère.

PFFTT! Et à voir les gens sur sa liste de blogues, qui se ressemble s'assemble. Ce qui me désole est que tu as été la première à lui souhaiter la bienvenue. Désolant!

C'est la vie!

Zoreilles a dit…

@ Lise : Ne t'en fais pas pour moi, je n'y pensais même plus. Le jour même ou les jours suivants sa « bêtise », j'ai été blessée peut-être, paralysée d'incompréhension sans doute, mais plus maintenant.

Comme tu le dis, il n'y a plus aucune activité sur ce blogue depuis plus de deux mois et si j'ai parfois une pensée pour cet homme, c'en est une de compassion pour cette personne qui semble avoir de gros problèmes dans sa vie personnelle. Quand on agit ainsi avec quelqu'un qui ne nous a rien fait de mal, c'est qu'on souffre beaucoup.

Tellement de blogues s'étiolent, sont abandonnés, négligés et tombent dans l'oubli. Celui-là, au moins, il nous aura avertis d'avance, à sa manière et sur un ton non équivoque qu'il se déconnectait, qu'il ne voulait plus rien savoir.

Sans le connaître, (je sais son nom, qu'il a mon âge et qu'il habite à Port-Cartier sur la Côte-Nord) je lui souhaite tout de même la sérénité et la paix un jour.

Je ne me souvenais même pas que j'avais été la première à lui souhaiter la bienvenue! Tu vois, nous sommes quittes, lui et moi, je suis la dernière à qui il s'est adressé directement!!!

C'est ton commentaire lors de l'incident qui m'avait « réparée » comme blogueuse. Merci d'être là... ;o)

Lise a dit…

Je suis certaine aussi qu'il y a de la souffrance chez cette personne. Et tu as raison, les blogues se meurent faute d'être nourris. Et libre à toi de supprimer cette courte conversation Zoreilles.

:)

Zoreilles a dit…

@ Lise : C'est tellement dommage que les blogues se meurent. Des fois je me dis que c'est peut-être juste dans mon réseau à moi, ceux que je fréquente régulièrement? En tout cas, c'est devenu tellement rapide de faire le tour de mes blogues-amis, je commence à me sentir pas mal isolée!

Pourtant, il y a tant de possibilités d'échange en commentaires sur les blogues. Aucun réseau social ne permet autant de liberté et de belles discussions enrichissantes.

Facebook n'a pas remplacé les blogues, Twitter non plus, contrairement à ce qu'on a déjà pu penser. Ces réseaux sont simplement différents, ils opèrent dans l'instantanéité et servent plutôt à relayer une information, une photo, un article, une vidéo, etc. En comparaison avec un émetteur-récepteur, ces réseaux sont émetteurs à outrance, pas tellement récepteurs. Certains blogues fonctionnent de la même manière maintenant. Autrement dit, « je parle, vous écoutez et si vous avez quelque chose à ajouter, je m'en fous, ça n'a aucune importance, j'ai dit ce que j'avais à dire ».

Socialement, on n'a jamais eu autant d'outils de communication mais on n'a jamais si peu communiqué.

Pour ma part, depuis des mois, je n'arrête pas de perdre des lecteurs et je n'en ai jamais aucun nouveau. C'est un autre signe que les blogues se meurent.



Lise a dit…

Zoreilles,

les gens sont de plus en plus isolés, malgré le développement des réseaux sociaux. Tu as raison: Facebook, Twitter et autres ne remplacent pas les blogues. Mais nous vivons dans une société où tout doit aller vite, comme tu dis. Une société primaire, avec réponse instantanée. Une société dans laquelle les extravertis ont toute la place, ceux ne leur ressemblant pas étant considérés comme asociaux.

Je suis une extra terrestre, refusant Facebook, Twitter, tout simplement parce que ça m'ennuie; je n'ai pas de famille directe sauf ma mère. À part mon cousin Daniel, ma cousine Lina, les autres me sont étrangers. Et mes trois tantes (soeurs de maman) n'ont pas même daigné m'écrire depuis qu'elle est déménagée en CHSLD. Il y a des lunes de ça, et personne n'a répondu à mes lettres. Je n'ai même plus envie de communiquer avec elles.

Ma mère je l'aime et ne l'abandonnerai jamais (sauf évidemment si je meurs avant elle); pour aller la voir c'est une bonne marche de santé, que j'aime infiniment. Quarante minutes (aller-retour) seule avec mes pensées, à regarder autour de moi. C'est bien mieux qu'être coincée dans un autobus surchargé, ce qui était le cas auparavant car la résidence était trop loin.

Je vais donc la voir plus souvent et elle va très bien; l'endroit est extrêmement propre, et tous ceux qui y travaillent sont d'une gentillesse exemplaire. Les CHSLD ne sont pas des endroits remplis de sadiques, en dépit des histoires d'horreur qu'on lit parfois. Il suffit d'une pomme pourrie pour nuire à la réputation de tous ceux qui se dévouent sans compter.

Oui les blogues se meurent, et il y a tellement de gens que je regrette; je crois que tu seras la dernière "irréductible". Je ne le dirai jamais assez: tu es de ces gens qui font du bien aux autres, et tu mérites amplement l'amour que tu reçois...

Lise XX

Zoreilles a dit…

@ Lise : C'est tellement vrai ce que tu dis, j'avais l'impression à te lire de discuter avec une amie qui prend le temps... C'est ce qui nous manque avec les réseaux sociaux, prendre le temps de finir nos phrases!

J'ai pensé à toi deux fois dans la soirée de samedi où j'étais en compagnie de ma fille. La première fois, c'est quand j'ai été à la Grande Bibliothèque. Je me disais que tu aimerais notre choix! Il n'y avait qu'une section ouverte, (le reste est fermé à 18 heures) celle en entrant, Actualités et Nouveautés, mais c'est pas grave, on a pu se trouver des fauteuils confortables l'une en face de l'autre et feuilleter tous les magazines qu'on voulait. C'était doux, c'était bon!

La deuxième fois que j'ai pensé à toi, c'est à la Maison de thé qu'Isa aime tant, elle s'appelle Carmella Sinensis, sur Émery, juste à côté il y a d'ailleurs une petite bouquinerie de livres usagés, la vitrine était attirante, on aurait voulu y entrer mais c'était fermé. Je me suis dit que là encore, tu aurais aimé notre choix pour notre sortie de filles!

Sur toutes les tables à la Maison de thé, il y a des affichettes qui disent à peu près ceci : « Zone zéro techno (avec deux logos d'interdiction de cellulaires et de tablettes) qui disait « vous méritez bien de prendre une pause de tous ces gadgets, vous êtes ici pour vivre un beau moment ».

Je pense que c'est ça, de plus en plus, on devra apprendre à se passer de ces réseaux sociaux qui ne nous apportent plus grand chose (sauf exception).