vendredi 6 juillet 2012

Les Îles 2012 - Billet 6












Photo 1 : On avait rendez-vous sur le quai de la Pointe Basse, à Havre-aux-Maisons, à 3 heures du matin, sur le Cap Pilier, un homardier comme tant d'autres, mais pour nous, il restera toujours le plus spécial, le plus merveilleux puisque nous y avons vécu une journée de pêche au homard, grâce à Fred à mon oncle Will qui en avait fait la demande à son frère, le capitaine, Arthur à mon oncle Will et son fils, Hugo, la relève. Je vous les présenterai... Nous étions conscients de notre chance, cette sortie en mer n'est pas offerte aux touristes, c'est là que ça fait une différence qu'on soit de la famille... 

Photo 2 : De gauche à droite : Fred, Arthur, Hugo. Au début, c'est la pêche au filet, on prend du maquereau qui servira d'appât (qu'ils appellent de la bouette) à remettre dans les cages à homard. On ramène les filets, on sort les maquereaux et on remet le tout dans la mer jusqu'au lendemain, même heure même poste. 

Photo 3 : De gauche à droite : Fred, Arthur, Hugo. Nous, on n'avait pas le droit de les aider dans leur travail, la loi est très sévère en cette matière et ils sont tellement habiles, vaillants et concertés quand il est question de leur métier qu'ils adorent. Arthur, le capitaine, c'est celui qui a le vêtement orange. En plus de conduire le bateau, et je vous dis que c'est beau de le voir aller, il participe à vider les cages, les remplir d'appât bien frais et ce sont Fred et Hugo qui font le reste. Même Fred n'a pas le droit de toucher aux homards depuis qu'il est retraité, c'est Hugo qui s'en occupait, des homards. 

Photo 4 : Soleil levant sur une trawl de cages à homard. Une trawl, c'est une série de 7 cages, exceptionnellement 8, pour que ça arrive au grand total de 279 cette année. Chaque homardier est limité à 279 cages. Avant, c'était 300. En 2008, quand j'étais allée aux Îles, Fred me disait que c'était au-dessus de 280. L'affaire, c'est que, pour protéger la ressource sans affecter trop les revenus, ils partaient de 300 cages par bateau, pour descendre de 3 par année, jusqu'à ce qu'on arrive à 270 et là, ça va bloquer. L'an prochain, ils auront droit à 276 cages à homard chacun d'entre eux. 

Photo 5 : Fred et Hugo s'affairent aux cages pendant que Arthur est aux commandes du bateau, pour repérer les bouées et gérer le trafic. Même s'il y a plusieurs instruments modernes à bord (radio marine, GPS, etc.) quand Arthur regarde le ciel et la mer, c'est sa connaissance et son expérience qui prévalent. Il a tellement de métier. 

Photo 6 : Dans la cabine du bateau, on se croirait dans un petit motorisé. Dans la cale, on y trouve une petite salle de bain et trois couchettes, du matériel aussi, je n'ai pas été là longtemps, ce n'est pas conseillé non plus, à cause du mal de mer. J'ai trouvé ça touchant de voir les photos de ses 4 petits-enfants à la place d'honneur dans la cabine. Arthur a deux fils dont il est très fier,  Hugo, qui prend sa relève et qui a deux enfants, et son frère, capitaine sur un gros bateau, qui en a deux aussi. Une belle famille!

Photo 7 : Soleil levant sur les cages... Un autre homardier à l'horizon. À certains moments, autour de la « p'tite Sheg », il y en aura tout le tour de nous. 

Photo 8 : Le homard, c'est tellement réglementé et nos pêcheurs sont très conscients que ce sont eux qui gagnent en étant « plus catholiques que le pape », quant à ce qui assure la pérennité de la ressource. Ainsi, quand le homard est gros en masse, on lui enfile des élastiques aux pinces et il passe directement dans le vivier. Mais en cas de moindre doute (et je vous assure qu'ils ont la mesure dans l'oeil) ils ont un instrument qui mesure très précisément le crustacé. Beaucoup retournent à la mer. Et quand la mesure passe d'un côté, ils ne prennent pas de chance, ils mesurent aussi de l'autre côté. S'ils se faisaient prendre avec un homard qui n'est pas dans la norme, c'est 1500 $ d'amende. On ne garde pas non plus les femelles oeuvées, elles aussi retournent à la mer. Ils nous ont montré tout ça, ils sont tellement passionnés de leur métier... Nous, on voyait les homards passer par-dessus bord une fois sur deux, c'était impressionnant!

Photo 9 : Voilà « la p'tite Sheg » ou de son vrai nom sur les cartes officielles « La Cormorandière ». C'est là que pêchent Arthur et Hugo, comme c'est là aussi que pêchaient nos deux grands-pères, à Jocelyn et moi. Fred et Arthur nous l'ont redit encore cette fois. Papa devait y aller avec eux lui aussi... Ils nous ont raconté de belles histoires à propos de la p'tite Sheg. Située à la Dune du Sud, on la voit de partout elle aussi. 

Photo 10 : On n'avait pas choisi une journée facile, il paraît... C'est ce qu'un pêcheur qui nous a vus arriver sur le quai à 3 heures du matin nous avait dit : « Vous allez avoir le mal de mer, faites-les pas virer de bord, ils pourront pas! » En fait, on n'avait pas choisi vraiment, quand ils nous ont proposé de nous emmener à la pêche au homard, on a sauté sur l'occasion avec enthousiasme. Mais la température change vite aux Îles et ça brassait pas mal sur le bateau. Quand ils partent, à 3 heures du mat, ils sont en mer jusqu'à au moins midi et ils ne peuvent pas virer de bord pour aller reconduire au quai quelqu'un qui aurait le mal de mer. La pêche au homard, c'est leur gagne-pain, non pas un divertissement exotique pour touristes! Et la saison du homard ne dure que 9 semaines... 

Photo 11 : On n'a pas eu le mal de mer, personne de nous quatre! Fiou... Et on était tellement contents d'avoir vécu ça avec eux. Ils nous ont dit et répété qu'ils étaient fiers de nous, qu'on avait le pied marin, qu'on était des vrais Madelinots, nos conjoints avec! Je ne peux pas résister à terminer ce billet par cette photo, parce qu'elle représente trop de bons moments. De gauche à droite : Guylaine, Jocelyn, moi, Crocodile Dundee, Arthur, le capitaine et Hugo, la relève. C'est dommage que Fred à mon oncle Will ne soit pas là, c'est lui qui a pris cette photo avec mon appareil mais c'est à lui qu'on doit ce moment fort de notre voyage aux Îles, à pêcher le homard à la p'tite Sheg comme le faisaient nos deux grands-pères... 

La pêche au homard 


Et pour la fin de l'histoire, le pêcheur qui nous avait tellement mis en garde qu'il nous a un peu foutu la trouille  sur le quai à 3 heures du matin, (je l'ai trouvé tellement plate, lui) il est repassé à midi, après sa journée de travail et il s'inquiétait vraiment de nous quatre. Je vous dis qu'on était contents de lui dire que tout avait bien été pour nous autres! En plus, Arthur, Fred et Hugo se sont empressés de lui dire qu'on était des Madelinots, pas des touristes et qu'on était de la famille... Tiens toué, l'oiseau de mauvaise augure!!!

On n'avait pas dormi beaucoup, alors on est fatigués, mais tellement heureux. Et on n'avait pas fait un pouce d'ouvrage! Pour ces pêcheurs de homard, se lever à 2 heures du matin et partir à 3 heures, c'est du quotidien pendant les 9 semaines que dure la saison du homard. Après, ils font autre chose, ils pêchent autre chose jusqu'à l'automne. Arthur approche de sa retraite mais Hugo, jeune trentaine et père de famille, trouve du travail dans la construction et la rénovation le reste de l'année. Sa conjointe, Marjorie, a une petite entreprise à Cap-aux-Meules, on est passés lui dire bonjour le lendemain.

La saison de pêche au homard aux Îles de la Madeleine se termine demain, le 7 juillet. 

Merci mille fois à Fred, à Arthur et à Hugo. 

12 commentaires:

crocomickey a dit…

Je suis trrrèèèèss jaloux de cette escapade !

Zoreilles a dit…

@ Crocomickey : J'étais d'avance trrrrrèèèèss sûre que ça te ferait cet effet-là ♥

Guy Vandal a dit…

WOW!!!

Je viens de me taper les six billets... et un beau voyage aux Iles, grâce à toi.

Je te remercie énormément de toute cette générosité. Il y a quelques uns de tes passages qui ont embrouillé mes yeux. Je ne te le dirai jamais assez, t'es une raconteuse extraordinaire.

Merci Zoreilles. Merci beaucoup!

Zoreilles a dit…

@ Guy : Pleure pas parce que je vais pleurer moi aussi...

;o)

Tu t'es tapé tout ça? T'as de la patience!

Mais c'est pas tout, je viens d'en écrire un 7e, là, je vous laisse tranquille pour la fin de semaine!

C'est moi qui te remercie d'être là...

Solange a dit…

C'est un beau bateau et une belle expérience, c'est une longue excursion.

Étoile a dit…

Pour moi qui suis amateure de pêche de lacs et de rivières je te dis que j'ai lu ce billet avec intérêt. Quelle chance vous avez eu!Ces hommes qui ne vont pas à la pêche seulement pour leur plaisir comme moi mais qui travaillent très fort. Merci de nous partager cette belle aventure.Je ne mangerais plus jamais mes homards sans avoir une pensée pour eux.

Anonyme a dit…

Belle aventure que vous avez vécue là en famille... élargie, lol! Je trouve que Joce a une grande ressemblance avec Hugo à part ça!
Que de beaux souvenirs pour vous tous!
xx Soisig

Zoreilles a dit…

@ Solange : Oui, c'est assez long comme expérience, la pêche au homard, et on ne peut pas la faire à moitié, eux autres, c'est leur gagne-pain. Alors, on se lève à 2 heures, on est sur le bateau à 3 heures et on revient vers midi et demi.

Tu sais, ici, les gars apportent leur boîte à lunch pour le dîner mais les pêcheurs de homard apportent leur lunch pour 7 heures le matin, ils en sont rendus au dîner, eux autres! Nous autres aussi, on avait apporté notre lunch pour faire comme eux. Ils ont été tellement généreux d'eux-mêmes et de leurs explications. On faisait attention de ne pas déranger leur travail mais ils nous expliquaient tout parce qu'ils voyaient qu'on était beaucoup intéressés. Ce sont des passionnés de leur métier et ils faisaient de nombreuses références à nos grands-pères, c'était très touchant par moments.

Zoreilles a dit…

@ Étoile : Nous sommes très conscients de la grande chance, le véritable privilège que nous avons eu de les accompagner dans cette journée de pêche au homard. C'est vrai qu'après ça, le homard est encore plus délicieux!

Ils travaillent fort, sont littéralement amoureux fous de la mer, des bateaux, des quais, des phares et des paysages, ils protègent la ressource, sont très sensibles à l'environnement, à toute forme de vie, dans les lagunes, le golfe, sur les rivages et sur la terre.

Ce sont des gens très attachants.

Zoreilles a dit…

@ Soisig : Maintenant que tu le dis, c'est vrai, je vois des ressemblances entre Hugo et Jocelyn mais c'est parent aussi!

Là-bas, c'est une des choses que je vis souvent, voir des ressemblances avec les miens, on dirait qu'on est parents avec tous les Madelinots, surtout ceux de Havre-aux-Maisons!

On se fait souvent dire aussi qu'on ressemble à une telle ou un tel, c'est fou comme ils savent détecter ça, eux autres.

Oui, de beaux souvenirs... Tu as raison... J'ai juste envie d'y retourner... Faudra attendre au moins à l'an prochain!

Le factotum a dit…

Belle randonnée en mer!
Le plus loin que j'ai été en mer, c'est la traversée Matane-Baie-Comeau.
Une expérience que j'aimerais bien découvrir!

Bonne semaine!

Zoreilles a dit…

@ Le Factotum : Oh oui, toute une expérience, aller à la pêche au homard, comme mes grands-pères le faisaient jadis... et à la même place exactement.

Tu as de la famille en Gaspésie? Ils font toujours la pêche au homard eux autres aussi dans certains secteurs et c'est approximativement dans les mêmes dates que les Madelinots.

Et si le fait d'aller en mer te tente, je te conseillerais un jour la croisière sur le CTMA Le Vacancier, qui part de Montréal et de Québec, je crois. Tu aurais 3 jours sur le fleuve/golfe, 3 jours aux Îles (mais c'est trop court) et 3 jours pour revenir. Là, tu goûterais vraiment les plaisirs de la navigation!

Bonne semaine à toi aussi.