dimanche 14 août 2011

Mes plus belles années, prise 1














Photo 1 : Hier matin, en route vers Matagami, où j'ai vécu mes plus belles années, celles de l'enfance. Peu après Amos, j'ai croisé cette affiche qui me fait toujours sourire tant elle évoque une attitude que je reconnais. J'avais déjà photographié la même juste avant Beaucanton, et il y en a une autre aussi, après Senneterre, en direction de Lebel-sur-Quévillon. Ça veut dire qu'on quitte l'Abitibi-Témiscamingue pour entrer dans la région Nord-du-Québec.



Photo 2 : Tout de suite après, on voit cette autre affiche qui dit beaucoup sur l'immensité du territoire : « Information touristique - Nord-du-Québec/Baie James - 122 km ». Eh oui, le prochain kiosque d'information touristique se trouve à... Matagami. Même Madame GPS, ma fidèle compagne de voyage, à un moment donné, s'est exclamée : « Continuez pendant 182 kilomètres ». J'ai pouffé de rire. Elle est drôle, Madame GPS! Elle est pas mal plus jasante dans la ville de Montréal que par chez nous!!!






Photo 3 : Au 57, le lac Paradis, un phénomène rare. Tout au long de la route qui mène à Matagami, j'avais le coeur qui battait la chamade, qui se gonflait de souvenirs et d'émotions, à mesure que je revoyais tous mes anciens repères : le pont de l'Harricana, le croche de la mort, la grand'côte du 42, le lac si vert au 57, le 72 (Joutel), le 76 (ils ont donné un nom au lac où l'on était tout seuls à aller camper, le lac Josée) le 95 (la rivière Allard) et l'approche finale, les mines, les industries, surtout forestières.






Photo 4 : Au 72. C'était là qu'on virait à gauche pour aller à Joutel. Mais Joutel est une petite ville minère qui n'existe plus (1965-2000). On l'a rayée de la carte, comme on a bulldozé les maisons, l'école, l'aréna, les commerces, et pire encore, les plus belles années d'enfance de ceux et celles qui y sont nés, qui y ont vécu et grandi. J'ai déjà fait une série de billets là-dessus. On y trouve maintenant une halte routière avec des installations d'accueil, des panneaux d'interprétation. De là, on a une idée de l'immensité de ce pays mais on n'y a plus accès. Route fermée. On sent la présence de la rivière Harricana qui poursuit son chemin jusqu'à la baie James, on se ferme les yeux et on entend encore les rires d'enfants qui ont été si heureux là qu'ils se sont formés un groupe Facebook et qu'ils se rencontrent périodiquement.






Mes plus belles années I






J'avais hier un rendez-vous doux. Avec mes plus belles années, de 7 à 12 ans, quand j'habitais dans cette petite ville minière que j'ai vue naître et grandir. Je devrai y revenir dans mon prochain billet. De la ville elle-même et de mes autres rendez-vous doux, avec Claire, mon amie d'enfance, que j'aime, que j'aime, que j'aime... Avec Guy, un ami plus récent, que j'aime aussi, et une surprise qu'il m'a faite, avec Jasmine... pas vue depuis... l'âge de 12 ans, quand j'étais déménagée de Matag!






Je l'admets, mon projet était fou, de vouloir tout faire dans la même journée. Mais ça se peut. Quand on a une urgence de vivre comme moi... Je ne dis pas ça pour me justifier mais si j'avais attendu que ce soit raisonnable et que je dispose d'un grand espace libre dans mon agenda, j'aurais encore remis à plus tard mon voyage à Matagami et ça, non, je ne voulais pas, j'étais trop rendue là. Ça m'appelait et ça criait fort.



Matagami est à trois heures de route de chez moi. Ici, les distances, ça se calcule en heures, pas en kilomètres, une catactéristique régionale! Quand j'étais petite, Matagami, c'était situé en Abitibi. Maintenant, ça fait partie de la région Nord-du-Québec, surnommée affectueusement le territoire de la Baie James.






Et pour ajouter une contrainte supplémentaire, vous allez voir comme c'était fou, mon affaire, ces trois heures de route, je devais les refaire en sens inverse... et avant la noirceur, parce que je ne peux conduire qu'en ville la nuit venue! Sur la route, les phares m'éblouissent...






Mais pour le moment, je m'en tiens à la route qui mène à mes plus belles années, cette route qu'on a faite si souvent, en famille, du temps qu'on y habitait. On « descendait » à peu près aux deux semaines « au bord » comme disait Papa, ça voulait dire Amos, La Sarre, Rouyn-Noranda ou Val-d'Or, les « grosses villes » de l'Abitibi.






Dans le temps, tout était en milles. D'Amos à Matagami, 114 milles, avec des pancartes tout le long... nos repères! À mi-chemin, un arrêt presqu'obligatoire, au 57, un restaurant-bar-motel, qui s'appelait d'ailleurs « Au 57 » et comme il y avait toujours quelqu'un qui avait envie de pipi, on s'y arrêtait, on y prenait une collation s'il n'était pas trop tard, pendant que les autres admiraient le fameux lac vert, avec sa petite île si mignonne. On se demandait donc les raisons de cette couleur émeraude du lac Paradis et on y allait de nos hypothèses, plus ou moins farfelues. J'ai maintenant la réponse scientifique à cette question. Mais j'y reviendrai... Trop à dire et à voir sur le 57.






Avant d'arriver à Matagami hier, en revivant la route, j'ai compris d'où me venait cet amour démesuré du territoire, de la forêt, des rivières, des lacs, de l'immensité et la richesse de la toute puissante nordicité. J'ai connu ce pays quand il était encore à faire, j'étais enfant, avec toute la vie devant moi, mes rêves étaient sans limites, j'avais toutes libertés. Ça marque une vie à tout jamais... Encore aujourd'hui, à 54 ans, pour continuer à croire que tout est possible, si je veux aller au bout de tous mes rêves, je n'ai qu'à aller me ressourcer... à Matagami.





18 commentaires:

Solange a dit…

Un endroit que je ne connais pas du tout, seulement de nom. Ça doit être bien triste de ne plus reconnaître l'endroit ou l'on a vécu. Je comprends cet attachement et les liens qui unissent encore les personnes qui ont connu cette époque. Un bon moment pour toi.

Anonyme a dit…

Bon Dimanche Zoreilles,

Madame GPS "Continuez pendant 182 kilomètres" Il y avait de quoi pouffer de rire en effet et j'aurais réagi de même. D'autant plus que je suis en train de lire "La vie très privée de Mr Sim" et le gars en question est tombé amoureux de la voix de son GPS...

Joutel qui n'existe plus, je me souviens de tes billets, avec des photos avant/après. Si la ville de mon enfance disparaissait rien ne pourrait me consoler je crois. La nostalgie doit être insupportable d'où le groupe Facebook j'imagine...

Je savais pour l'avoir lu chez Guy que tu allais à Matagami, car j'ai indiscrètement "écouté" votre conversation. Une rencontre amicale et le retour aux paysages de ton enfance, une bien belle journée!


Sous la photo 3 "le croche de la mort" est vraiment très imagé comme expression.

Lise qui n'a jamais trouvé les guillemets français sur ce clavier

Richard l'ancien Joutellois a dit…

Richard l'ancien joutellois dit...ahhhhh bon sang que je t'envie d'etre si proche de cette region. Si tu savais comment ca me tire de faire une autre visite dans le grand nord... Merci pour le retour dans mes memoires :-)

Anonyme a dit…

de septembre 1980 a mai 1981 j,etais routier pour lamothe transports matagami caniapisco 1259 kilometres

Zoreilles a dit…

@ Solange : Très peu de gens connaissent cet endroit au Québec. C'est pourquoi j'en parle ici. Pour partager mon coin de pays, mieux le faire connaître et tenter de le faire aimer comme je l'aime ♥

@ Lise : Comment peut-on tomber amoureux de Madame GPS? Elle a une voix si froide, si détachée, si impersonnelle!!! Mais je trouve que c'est une bonne compagne de voyage, elle me laisse penser tranquille! Je trouve épouvantable qu'on ait rayé de la carte Joutel. Toutes ces maisons détruites, ces bâtisses, ça aurait pu être utile, j'en suis certaine. Je savais que tu savais que j'allais à Matagami, je t'avais lue et ça m'avait fait chaud au coeur. D'ailleurs, je te le redis, avec Guy, on a eu une bonne pensée pour toi, que t'aurais aimé l'endroit de notre jasette. Finalement, tu nous a accompagnés un bout ♥

@ Richard le Joutellois : T'es revenu? Contente de te revoir. Prochainement, je vais reparler de Joutel, avec de nouvelles photos de la halte routière et des panneaux d'interprétation qui résument (un peu trop) cette histoire de votre vie là-bas. On reconnaît la peine qu'on vous a faite. Tu vas voir, ça va peut-être vous faire chaud au coeur que ce soit au moins reconnu même si c'est maintenant irréparable. T'as dû faire souvent la route toi aussi. Avais-tu les mêmes repères que moi?

@ Anonyme : Alors, tu connais bien la route, l'immensité et ce sentiment de liberté? 1259 km, ouf... Au moins, c'était pas une run de lait, tu ne devais pas arrêter souvent... à part au 381!!! Mon conjoint a travaillé pour Lamothe Transport aussi, dans les années 77... Lui, c'était de Rouyn au millage 160, près de la rivière Rupert et aux alentours du Lac Denise, proche de Radisson.

Richard l'ancien Joutellois a dit…

Merci Zoreilles.
Pour rapport au reperes, il faut dire que j'avais 10 ans lorsque mes parents ont demenager en Ontario. Donc, les seuls reperes que je me rappelles sont ceux que je pouvais voir par les fenetres de la voiture sur le cote, pas d'avant. Mais le lac vert, ahh oui... mais apres, c'est le pit de sable au '72 avec le lac et le tournant a gauche pour les derniers milles pour la riviere Harricana. Je suis toujours autour ici mais... tranquille :-)

voyageuse du monde a dit…

prise 1, la route de 114 milles, si je la connais. Comme l'hôpital de Matagami où je travaillais répondait en première ligne, on transférait beaucoup à Àmos et j'étais une des seules infirmières à ne pas avoir le mal de coeur en ambulance, quand même assez pratique pour le patient que tu accompagnes. Alors il m'arrivait de descendre à Amos 4 à 5 fois par semaine et même déjà 2 fois dans la même journée. Je m'étais trouvé des points de repère à peu près partout et je pouvais lever la tête, regarder dehors et savoir à quelques milles près où j'étais. Une longue route que j'ai faite dans toutes les conditions, tempêtes, routes fermées, plusieurs fois plus de 5 heures juste pour aller ou revenir. Une chance que je suis pas peureuse en auto. J'ai même accouché une patiente dans l'ambulance au millage 23, je m'en rappelle. Il s'en est passé des choses dans ces transferts en ambulance. Mais j'adorais ça.

crocomickey a dit…

J'ai re-visionné tes images et ton texte. Je suis allé UNE fois par en haut pour de vrai. Même plus haut que Matagami. Genre en 1980. Nous nous étions rendus par la route jusqu'à ... Fort-Georges. Mais l'ancien Fort-Georges, celui sur l'Ile qui a été plus tard ensevelie sous les eaux. Moi et mon chum Jean, quand on se promenaient le soir dans le village plein d'autochtones, les deux blancs que nous étions se sentaient vraiment minuscules et avions l'impression de comprendre un hypothétique sénégalais fraîchement débarqué dans le Québec blanc. Ma première "vraie" aurore boréale, des souvenirs de pêche et aussi cette route interminable avec des haltes routières aux ... 150 Km !!! Et l'obligation (au barrage de Matagami, d'avoir dans l'auto 25 pieds de chaînes ou de câbles, des fusées éclairantes et de la bouffe pour 48 heures. Une vraie expédition ...

Zoreilles a dit…

@ Richard le Joutellois : On a un peu les mêmes repères! La grand'côte du 42, ça te dit rien? Même assis en arrière, tu devais la voir, elle est remarquable, surtout sur le chemin du retour! Si tu restes aux alentours, tu vas apprendre les raisons de la couleur très spéciale du lac vert. J'en parlerai bientôt, promis.

@ Voyageuse : C'est vrai, j'oublie tout le temps que t'as travaille à l'Isle-Dieu de Matagami! Dans mon temps, il n'y avait pas d'hôpital. En cas d'extrême nécessité, il y avait le Dr Marchildon, sur la rue de la Savane! Il était dentiste aussi, peut-être même barbier, hahaha! Oh lalala, toi, t'en as des repères sur le 114 milles, tu l'as fait plus souvent que moi. T'as accouché une patiente au millage 23? Ça doit être spécial pour cet enfant-là de dire qu'il est né dans l'ambulance, au millage 23, sur la route de Matagami!!! Qu'est-ce qui est inscrit, tu penses, sur son certificat de naissance? Nowhere?

@ Crocomickey : Une vraie expédition, t'as tout dit! C'était quand même un pays neuf et ça l'est encore... Quand j'étais petite, Matagami, c'était le bout de la route. Après, il y a eu tout le développement des grands barrages hydroélectriques de la Baie James, c'est à cette époque que tu y es allé, tu te rends compte comme t'es chanceux d'avoir vécu ça? T'es allé à Fort Georges, une île qui est aujourd'hui submergée, une autre place rayée de la carte... Quand tu vas raconter ça à tes petits-enfants...!!! L'impression que tu as eue d'être à peu près le seul blanc dans un village autochtone, à l'inverse, tu peux imaginer comment se sent un autochtone dans un village blanc...

Anonyme a dit…

Un beau voyage auquel tu nous invites! Tu sais que mon grand-frère a vécu quelques années à Matagami... alors j'y suis allée quelques fois. Mais nous on passait par le "Vingt mille", alors les rep`res ne sont pas les mêmes...

Ça me fait toujours sourire l'annonce du Vrai nord: pour nous, c'est bien plus loin... que Beaucanton-Villebois-Val paradis!

Soisik

Zoreilles a dit…

@ Soisig : Tu parles si je me souviens que ton grand frère y habitait dans les mêmes années que moi. C'est, je crois, le lien (ton nom de famille) qui nous a fait engager la conversation la fois que la gang de la Place Publique s'était donné rendez-vous dans un resto à Rouyn. C'est grâce à Matagami si l'amitié est née entre nous! Comme de raison, il y a eu tout ce qu'on partageait comme passions et intérêts!

Ton grand frère, c'était quelqu'un à Matagami! Mon père, mon oncle Yvon, le syndicaliste, et tous les gars de la mine avaient beaucoup de respect pour lui. Mon oncle Yvon me demande de ses nouvelles de temps en temps depuis qu'il sait que je suis amie avec la petite soeur du grand Yves!!!

Richard l'ancien Joutellois a dit…

ahh oui.. je me rappelle de la grande cote mais pas du mileage ou elle etais.. le 42.. si je me souviens bien, elle s'appellais la cote Allard.. mais je peut me tromper. Je me souviens des histoires de mon grand-pere qu'il me disait que si on allais trop lentement et nous etions suivit d'un camion de tronc d'arbre a l'arriere, souvent, ils redescendaient la cote en arriere etant donne du manque de chevaux dans leurs moteurs. Pour le lac vert, je me suis dit la raison par mes parents. Pour ne pas ruiner la surprise.. quelque chose a faire avec le cuivre :-)
A bientot.

Zoreilles a dit…

@ Richard le Joutellois : T'as remarqué que je ne t'appelle pas l'ancien Joutellois? Parce que je considère que t'es toujours un Joutellois au fond de toi!

La grand'côte du 42, tous les camionneurs la connaissent, ton grand-père avait bien raison de te raconter cette difficulté qu'ils avaient à « shifter » tellement que plusieurs devaient s'y reprendre à deux fois. Je ne crois pas qu'elle s'appelle Allard, tu peux avoir confondu avec le 95, la rivière Allard, un autre repère très important, mais c'était de l'autre côté du 72, comme de raison...

Le lac vert, non c'est pas ça, rien à voir avec le cuivre, ça, c'était la rumeur la plus plausible et la plus répandue, c'est ce que je croyais moi aussi, mais des scientifiques se sont penchés là-dessus en 1992 et ce n'est pas l'explication scientifique qu'ils ont donnée!!!

Richard le Joutellois a dit…

Ah bon... bien, merci :-)
Bon, bien, j'attend avec un sentiment de joie pour le reste de votre histoire et les images qui vont arriver bientot. Un salut quebequois du sud de l'Ontario.. poutine poutine.. rahhh rahhh rahh

Zoreilles a dit…

@ Richard le Joutellois : Patience... Patience, ça va venir, découragez-vous pas. Dès que j'ai un moment de libre, je vous dévoile le secret scientifique du vert du lac vert, au 57! Laissez faire la poutine, on a bien meilleur que ça au Québec!

Le factotum a dit…

Tout juste de retour.
Désolé de t'avoir manquée samedi passé...
On se reprend une prochaine fois...
Je vois que tu as beaucoup apprécié ton petit périple d'une journée à Matagami.
Je te reviens demain.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Et toi, t'as passé de belles vacances? D'accord, on se reprend une prochaine fois!

Mijo a dit…

Depuis quand Matagami est passé d'Abitibi au Nord du Québec/Baie St-James ?
Les gens acceptent résignés ou bien ils sentent plus du Nord ?

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J'ai lu le même livre que Lise, le livre où un homme tombe amoureux de la voix de son GPS. Un beau livre.