Photo 1 : Avec toujours la mer en toile de fond, Crocodile Dundee file pas pantoute... Pauvre ti chou, une intoxication alimentaire aux fruits de mer, la tourista ou une insolation et un manque d'hydratation, on le saura jamais. Il aurait dû consulter l'infirmière du Bella Costa...
Photo 2 : L'infirmerie de Lucia où je suis allée tester les services de santé cubains, l'avant-dernière journée et la dernière aussi. Un souvenir extraordinaire pour moi, ça fait drôle à dire mais c'est ça quand même!
Mon coeur... Varadero... prise 2
Bon, là, je ne voudrais pas que personne s'inquiète de nous, alors, je vous raconte sans plus attendre pour me débarrasser du fardeau des seules contraintes auxquelles on a eu à faire face pendant notre séjour là-bas!
Un soir qu'il y avait au menu des fruits de mer que Crocodile Dundee trouvait absolument délicieux, on ne le reconnaissait plus, lui qui n'est habituellement pas un gourmand, il est retourné s'en chercher une deuxième assiette si c'est pas une troisième, même pas de salade ni de légumes ni de riz, il disait qu'il s'empiffrait comme une loutre et que les loutres ne mangent pas de salade avec leurs poissons... Un petit verre de rouge avec ça? Ben tiens! La nuit qui a suivi a été cauchemardesque. Le lendemain aussi, couché dans notre chambre toute la journée, les rideaux fermés, il n'en menait pas large, je vous assure. Isabelle avait dans ses bagages du Pepto Bismol et du Gastrolyte, on lui en donnait à mesure qu'il était capable d'en prendre et quand je venais faire un tour pour savoir comment elle allait, ma loutre, il me trouvait pas drôle! Le reste des vacances, il en a moins profité, parce qu'il est resté un peu avec le système viré à l'envers jusqu'à la fin, même ici après notre retour, il n'a pas pu travailler jeudi comme prévu mais seulement vendredi, hier donc. Après quoi, il a senti l'urgence d'aller à Rapide Deux, ça a l'air que ça guérit de tous les maux de la terre! Ne vous inquiétez pas, il va survivre. C'est fait fort, une loutre!
Et moi, je m'en sors aussi de mon affaire, avec la conviction profonde que les services de santé cubains sont à la hauteur de leur réputation dans le monde. En plus de leur science médicale, il savent tellement « béquer bobo », et comme on le sait, le moral, ça compte pour beaucoup dans la guérison!
Ça commence tout bêtement par une blessure près du talon et de la cheville de mon pied droit. Une niaiserie vraiment là... Une chaussure neuve, une connerie de débutante qu'on ne doit jamais faire en voyage. Bien sûr, je ne porte plus cette chaussure mais je marche sans arrêt avec mes vieilles sandales ou pieds nus. La mer guérit tout, alors je vais marcher des heures sur le rivage quand c'est drapeau rouge (baignade interdite à cause des vents et des méduses). Je joue dans le sable le reste du temps. Ma petite blessure ne guérit pas et même s'envenime un peu. Pas grave, je mets rien dessus, d'abord j'ai rien pour nettoyer et désinfecter ça et si j'ai des bandages adhésifs dans ma sacoche, j'aime mieux que ça guérisse à l'air libre, alors, je prend un Mojito ou je retourne à la mer. L'eau salée, c'est fameux... Et puis, je danse.
L'avant-dernier matin, c'est pas beau, mon affaire. Isa et Dom me suggèrent fortement d'aller à l'infirmerie, on passe devant pour se rendre à la mer. C'est là que Lucia m'accueille, toute vêtue de blanc, avec une toque d'infirmière comme on voit dans les vues des années 60. Une vraie caricature, Lucia, dans son dispensaire de fortune qui a l'apparence d'une hutte où c'est elle, la sorcière de service. Elle ne parle que l'espagnol. Zut, c'est ma faiblesse. Par signe et par sourire, elle m'invite à me coucher sur la civière de métal. J'aime donc pas ça...
J'enlève ma sandale, elle aperçoit l'affaire. La face lui tombe. Elle sort un paquet d'instruments de métal tout emballés méticuleusement dans du papier brun et des liquides, des ouates, des gazes stériles, du diachilon, bref, ça a l'air grave, mon affaire parce qu'elle s'installe d'aplomb. Elle me parle tout le temps, dit plein de choses que je ne comprends pas et comme je suis très expressive, ça paraît. Elle nettoie, désinfecte, s'agite frénétiquement, parle sans arrêt et à un moment donné, voyant que je comprends toujours rien, elle parle plus fort et met plus de mots. Là, c'est clair, je commence à avoir peur. Elle le ressent. Alors, elle me prend dans ses bas et me serre très fort, me donne deux bisous sur les joues et là, je commence à comprendre... Antibiotico... dottore... infetionnnne... prescritionnnnnnne... antibiotico... dottore.... come back.... two o'clock...
Je suis retournée plusieurs fois cette journée-là, elle me redonnait tout le temps des rendez-vous dans sa hutte pour examiner ma blessure, elle secouait la tête, n'aimait pas ça, c'était évident, il y a des langages qui sont universels. Mais comme je passais souvent près de l'infirmerie pour aller à la mer et qu'elle m'accueillait toujours avec une accolade et des bisous, ça me dérangeait pas trop.
J'ai vu le docteur, il a pris ma tension artérielle (qui n'avait jamais été aussi bonne) m'a examiné le coeur, les poumons, mais surtout le pied droit. L'infirmière et lui se sont parlé en espagnol, il baragouinait tout de même quelques mots d'anglais pour moi, se faisait rassurant, me donnait plein d'instructions à suivre, jusqu'au départ du lendemain, m'a fait une prescription d'antibiotiques pour trois jours, que je devais aller chercher plus tard, toujours à la hutte de Lucia qui semblait maintenant soulagée. Il m'a expliqué qu'il rédigerait la note avec tout détaillé, pour les médecins du Canada et mes assurances pour frais médicaux. Il m'a dit que Lucia allait me suivre de très près et que le lendemain matin, elle allait juger s'il devait me revoir ou pas, juste avant que je quitte Varadero. Il a mis son bras autour de mes épaules pour me dire avec tant de gentillesse qu'il aimerait mieux ne pas me revoir.
Je suis retournée vers 16 heures à la hutte pour recevoir mes antibiotiques et commencer à les prendre immédiatement. Lucia était tellement heureuse, je crois qu'elle s'inquiétait pour moi. On aurait dit une amie. Le courant passait beaucoup entre elle et moi. Je lui ai dit : « Gracias », c'est tout que je savais dire mais j'y ai mis du coeur et de l'expression. Elle m'a encore prise dans ses bras. Elle m'a souri et m'a répété toutes les consignes en espagnol. Je suis retournée le lendemain à 10 heures comme convenu et Dominic m'accompagnait pour la traduction. Un amour, ce Dominic, vraiment, Lucia trouvait ça aussi. Elle n'a pas eu besoin de me l'exprimer, ça, je pouvais le savoir autant qu'elle.
J'ai terminé les antibiotiques hier, je n'ai pas le goût d'aller à l'urgence à Rouyn, je prends soin de ma blessure avec ce que j'ai été me chercher à la pharmacie et ça se résorbe très bien. Gracias Lucia et ton excellent dotttore, mille fois mieux que tous les antibiotico. Les services de santé cubains peuvent s'exercer dans des conditions toutes simples, c'est leur savoir-faire et leur science qu'ils transportent avec eux partout où ils sont. Et pour ce qui est du « béquer bobo », des soins de l'âme et de l'empathie, ils sont aussi de vrais champions.
9 commentaires:
Sais-tu quoi Zoreilles? J'enverrais ce billet au ministre Bolduc pour lui montrer c'est quoi un système de santé! D'ailleurs, le système de santé cubain est accessible à toute de la population. Ici on essaie d'appeler ça un système de santé public. Là-bas, c'est juste un système de santé communiste. On a bin peur de ce mot-là ici!!!
Content de voir que vous allez mieux.
En passant, pour Crocodile, tu aurais dû te rendre au bar et demander "potion para turista". Ils te donnent un grand verre de soda avec de l'Angostura". ET ÇA MARCHE!
J'ai une bouteille d'Angostura ici, rapportée de Cuba l'an passé... Tu en trouveras aussi en épicerie maintenant, ici.
Bon retour!
Ah ben, salut Gérard! Sais-tu quoi? D'habitude, sur mon blogue, quand arrivent des commentaires, j'en suis avisée automatiquement dans ma boîte de courriels et là, j'avais rien du tout. Je croyais qu'il faisait trop beau, que personne n'était à l'ordinateur aujourd'hui. D'ailleurs, je sors dehors moi aussi là... C'est par hasard que je viens de voir que des commentaires se sont ajoutés depuis ce matin... Je vais aller répondre à mes amis et je reviendrai après souper pour les autres billets qui vont boucler la boucle Varadero. Il faut maintenant que j'atterrisse, ça urge, la vie continue ici, hahaha!!! Et lire aussi ce que vous avez écrit en mon absence, je m'ennuie de vous autres...
Ouais, la politique, le communisme, le système de santé, on pourrait s'en jaser longtemps, je suis certaine qu'on arriverait aux mêmes conclusions. J'arrêtais pas de dire à Dominic que moi, le communisme, j'aimais ça pas mal beaucoup... Et tu sais la solidarité que je trouve jamais ici ou en tout cas trop rarement, ben là-bas, j'en ai vu 100 exemples par jour au moins.
Une potion para turista? On ne connaissait pas ça mais déjà, s'il avait consulté Lucia, ça aurait pu faire une différence, au moins, elle lui aurait béqué bobo. Mais finalement, Rapide Deux, pour lui, ça vaut mieux que 100 bouteilles d'Angostura, je suis certaine. M'étonnerait pas qu'il revienne en chantant demain!
On a des croutes à manger pour les accoter, tant mieux si ça guérit bien. Continue de rêver c'est si bon.
Tu me donnes quasiment le goût d'être malade ...
:-)
@ Solange : Comme tu verras, j'ai continué de rêver et de flotter sur mon nuage Varadero. J'arrête après 4 billets mais j'aurais encore des photos et des anecdotes pour un mois!
@ Crocomickey : Ah toi, t'es déjà pas mal malade, moi, je trouve. Maudit que tu m'as fait rire! ;o)
Elle paraît tellement génial Mama Lucia.
@ Mijo ou Mojito (!) : Elle l'était, je t'assure. Mais elle est semblable aux Cubains et Cubaines que j'ai un peu connus durant mon séjour : chaleureuse, amicale, presque de la famille...
Lorsque j'ai fait beaucoup de lecture sur Haïti après le séisme, j'ai appris une chose qui m'a bien surprise: Cuba a beaucoup participé à l,aide himanitaire depuis des années en Haïti et cela les USA ne le voit pas trop de bon oeil ! (on se demande pourquoi ?! (ironie) )
Et Castro a dit: "La terre tremble en Haïti, les americains envoient des soldats, les Cubains des docteurs !" ça donne à réfléchir...
@ Éléonore : Ah oui? J'ignorais qu'il avait dit ça mais c'est plein d'allure. Parmi les richesses humaines que Cuba exporte, il y a beaucoup de médecins. Finalement, ils partagent ce qu'ils ont de meilleur...
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