

« L'espérance n'est pas un leurre, c'est le pouvoir de rêver grand. » (En hommage à mes quatre grands-parents Madelinots venus s'établir ici, en Abitibi-Témiscamingue, en 1941 et 1942).










Dans ce que j'ai lu avant de partir sur Cuba, ce que j'ai entendu des guides qui nous accompagnaient lors d'excursions, dans les discussions que j'ai écoutées sur place, les échanges que j'ai eus aussi avec Dominic et Isabelle, deux passionnés d'histoire et de voyage, je porte maintenant un regard tout neuf sur ce peuple si attachant, si fier, si heureux, si solidaire.
On dit que les Cubains ne sont pas riches... Mais pour moi, ils le sont. Je vous explique mon point de vue dans ce dernier billet de la série Varadero, et je ne tiens pas du tout à avoir raison, je suis très ouverte à entendre toutes vos opinions qui viendraient ajouter à la discussion.
Les Cubains, on l'a déjà dit, ont innové incroyablement et sont réputés dans le monde pour ce qu'ils ont réalisé au chapitre de la médecine, de la recherche et de l'éducation, entre autres.
Ils sont ouverts sur le monde et s'organisent bien politiquement et socialement, pour être autonomes, indépendants et autosuffisants le plus possible. Ce serait assez mon genre, moi!
Un citoyen cubain n'a pas à payer pour se faire soigner, éduquer (même pour des études supérieures) ni pour une place en garderie pour ses enfants. Il se loge à très petits prix, c'est la même chose pour la nourriture. Personne ne crève de faim à Cuba, personne ne dort dans la rue, personne n'est laissé sans soins médicaux, lunettes, services sociaux, etc.
Après ça, quand t'es nourri, logé, soigné, éduqué, cultivé, que le salaire moyen mensuel soit d'environ 10 de nos pesos convertibles, (environ 200 de leurs pesos à eux) à mon avis, ça veut juste dire qu'ils ne seront jamais des grands consommateurs de babioles inutiles et qu'ils pratiquent automatiquement la simplicité volontaire en venant au monde là. Ils ont compris quelque chose qu'on a oublié, que le bonheur venait de l'intérieur de soi et qu'il ne s'achète pas en s'enterrant de bébelles jusqu'à s'étouffer dedans. En tout cas, je verrais mal une Cubaine aller perdre son samedi après-midi dans un Wal-Mart... De toute manière, ils n'ont ni Wal-Mart ni McDo, des symboles américains envahissants desquels ils sont heureusement très loin. Il y a pire comme pénitence, disons. Merci Fidel Castro...
Quand on donne un ou deux pesos cuc en guise de pourboire à un travailleur touristique, (femme de chambre, serveur(se), guide touristique, barman, etc.) est-ce qu'on sait qu'ils ne peuvent le dépenser que dans les magasins qui vendent aux touristes? Alors, ils se paient des petits luxes, les mêmes que nous, mais ça ne les rendra jamais riches. Enfin, riches au sens où on l'entend, nous, avec notre bagage culturel nord-américain.
J'ai vu très souvent lors de mon séjour à Varadero des gestes solidaires émouvants et beaux entre les gens qui travaillaient ensemble. J'ai regretté de ne jamais voir ça chez nous. Mais j'ai vu aussi un soir, à Matanzas, au Tropicana show, qu'à la fin du spectacle, les touristes se payaient une danse (rien de plus, j'ose espérer) avec la plus belle fille ou le plus beau gars qu'ils avaient choisis pendant le spectacle. J'ai vu le visage tout jeune d'une jolie danseuse souriant à son touriste de manière figée, vide, et lui, l'imbécile, trop content de s'exposer et s'émoustiller en public avec une si jeune femme, si belle, qui ne l'aurait jamais accompagné sur un plancher de danse sans ses précieux pesos. J'ai été triste pour elle, pour ses compagnes de travail, pour les beaux gars aussi, parce que c'est pareil pour les deux sexes. Ces danseurs et danseuses de la célèbre troupe Tropicana, ils sont déjà corrompus par l'argent, et c'est de notre faute.
Les Cubains ne sont pas pauvres, ils sont riches de leur fierté, leur solidarité, leur dignité, leur pays immense et beau, leur système de santé et d'éducation, leurs garderies, leur agriculture, leur savoir-faire en bien des domaines, leur sens de l'accueil et leur beauté vraie, métissée, libre, souriante et généreuse. Ils sont riches de leur culture, leur musique, leur danse, leur vie spirituelle, leurs enfants et de tout ce qu'on a perdu, nous, mais qu'on retrouve chez eux et qui nous charme autant.
Je retournerai à Varadero, ce sera mon port d'attache pour mieux connaître le reste du pays. J'y retournerai, c'est sûr, j'y ai laissé mon coeur...
Photo 1 : Une partie du lobby extérieur du Bella Costa où j'avais mes habitudes de vilaine fumeuse après les repas. C'est un peu là que j'allais faire mon « sôcial », seule ou avec d'autres de ma tribu, avant le dodo de Félixe, après la plage, en attendant le souper ou quelqu'un de libre à la réception de l'hôtel pour m'acheter des pesos avec de l'argent canadien. Là se trouvaient ceux qui partaient, ceux qui arrivaient, ceux qui flânaient, ceux qui prenaient l'autobus, le coco taxi, le taxi ordinaire, la calèche de chevaux, les scooters. Dehors mais protégé des intempéries, le lobby extérieur était très grand, toujours propre, fleuri et meublé de bois, comme j'aime. 




Photo 2 : Ce sourire-là, en versions multiples et infinies, sept jours de temps, moi, c'est ben simple, j'en suis pas encore revenue! Là-bas, ils l'appelaient Feliz. Ils parlent l'espagnol avec les mots du coeur et toute leur âme, les Cubains. Parce que Feliz, ça signifie bonheur et joie.