vendredi 3 juin 2016

LA FIN D'UNE ÉPOQUE


Coucher de soleil sur la mer, au phare de l'Étang-du-Nord, Iles de la Madeleine. 

LA FIN D'UNE ÉPOQUE

Il arrive parfois que les événements de nos vies s'enchaînent l'un à la suite de l'autre de façon à ce qu'on ne puisse faire autrement que de chercher un sens à tout cela. 

Dernièrement, j'ai beaucoup côtoyé la mort. Et la fin de vie. Curieusement, je me sens plutôt sereine, aimante comme jamais, reconnaissante à la vie et remplie de gratitude pour ce qui était la fin d'une époque pour plusieurs personnes que j'aime profondément. Et que j'aimerai toujours. 

Tout d'abord, il y a eu Paulo et ensuite, Évé. Les deux meilleurs amis de mon père. Et aussi des voisins, de la parenté proche, de la parenté choisie qui nous accompagne depuis toujours. Ces hommes-là étaient des phares, comme mon père en était un également. Ils sont venus des Îles jusqu'en Abitibi sur le même bateau nous inventer ici un paradis à la mesure de nos rêves. 

J'aimerais vous parler de Paulo. Un homme sage, bon, généreux, accueillant, d'un jugement sûr, qui savait se faire aimer de tous, aimant la vie par-dessus tout. Dès notre arrivée à Rouyn-Noranda, j'étais rassurée qu'ils étaient nos voisins d'en face. Cette famille ressemblait à la nôtre, nos parents étaient de grands amis et nous aussi les enfants, on a grandi ensemble. Pas un seul Madelinot ne passait en ville sans s'arrêter chez nous ou chez eux, on faisait  de la musique dans toutes nos rencontres et quand nos parents se faisaient venir des Îles du homard frais, du hareng boucané ou tout autre produit de la mer, nous, les enfants, étions trop heureux qu'ils nous donnent quelques dollars pour qu'on aille tous ensemble manger « Chez Morasse » parce qu'on levait le nez, dans ce temps-là, sur ce qui faisait les délices de nos parents On finissait toujours par festoyer ensemble après le souper, dans les rires, la bonne humeur et la musique. Nos liens étaient tissés serré. On était du même sang, on avait de l'eau salée dans nos veines, ça se voyait et ça s'entendait. 

Quand Paulo a été admis à la Maison des soins palliatifs à la mi-mai, j'ai eu mal. J'étais branchée sur eux par le coeur. Je savais que sa femme, ses enfants, mes amis de toujours, n'allaient plus le quitter une minute, ses petits-enfants aussi. Ils allaient vivre avec lui ses derniers moments, il y aurait du beau, du bon, du  triste, de l'amour tout plein et probablement des chansons aussi. Pour avoir vécu cette période au chevet de mon père il y a 11 ans, je me souviens que dans ces moments-là, on ne dort plus, on ne mange plus, on est ailleurs, on a trop de choses à vivre et on ne veut pas passer à côté.

Me sentant impuissante, tout à la fois avec eux et loin d'eux, je me suis mise aux fourneaux et j'ai préparé un repas complet pour au moins 12 personnes. Je l'ai assaisonné de tout l'amour que je pouvais y mettre, en pensant à tous nos souvenirs, ces bons moments partagés au cours de nos vies où l'on ne s'est jamais perdus de vue. Je ne voulais pas déranger la famille, donc j'ai été porter ce repas chez Milène, la petite-fille de Paulo, la fille de nos grands amis qui veillaient leur père. Je savais qu'elle irait le soir même elle aussi rejoindre les autres de sa famille. C'était le jeudi à l'heure du souper. 

Dix minutes plus tard, j'avais un appel téléphonique de l'une d'entre eux. « Viens nous rejoindre à la Maison des soins palliatifs, on est tous ensemble, Paulo a toujours sa conscience, il ne souffre pas mais à cause de la médication, il dort beaucoup alors si tu fais vite, tu pourras le voir, lui parler, il serait content de te voir ». 

Je n'ai pas résisté à pareille invitation. Je ne me souviens pas d'avoir conduit ma voiture entre chez nous et la Maison des soins palliatifs, tellement j'étais comme une automate. Je suis entrée là comme on entre dans une église, avec respect et recueillement. Toute la famille est venue m'accueillir avec des câlins et des sourires. Paulo était dans son lit, rayonnant d'une grande sérénité lui aussi, comme tous les siens, les yeux mi-clos. 

Ils ont dit : « Paulo, c'est Francine! ». Ils m'ont fait signe de m'approcher de lui, de m'asseoir sur la chaise près du lit, à sa tête. Je lui ai touché l'épaule, le bras, la main. Il m'a souri comme à son habitude mais son sourire était plus large et généreux il me semble. Il m'a tendu sa joue, par deux fois. Je l'ai embrassé doucement les deux fois. Il a ouvert très grand ses yeux la deuxième fois. On a échangé un regard très profond, jusqu'au fond de l'âme. Il voulait me dire quelque chose, il était si faible. Il a articulé deux syllabes seulement mais je ne les oublierai jamais parce qu'elles étaient imprégnées d'un sourire et d'un regard : MER-CI. 

Les moments de silence et les échanges de regards qui ont suivi m'ont semblé être chargés d'éternité...

Puis, l'infirmière est venue, c'était le moment de lui faire ses soins de confort. Nous sommes tous sortis de la chambre comme si on marchait sur des nuages. On est tous allés dehors, sur la grande terrasse, face au lac. On était assis tous en rond, incapables de se quitter. Le soleil couchant nous enveloppait d'une douce lumière dorée, tout était calme et beau. On était portés par quelque chose de fort, de très puissant. Je dirais que c'était de l'amour, d'une sorte d'amour très nourrissant. On ne pleurait pas, on souriait. On a parlé de Paulo, bien sûr, de tout ce qui allait nous manquer chez lui, de ce qu'on avait reçu, qu'on allait essayer de garder vivant dans nos coeurs et nos mémoires.  

On m'a raconté que le repas que j'avais préparé, ils l'ont mangé au souper du vendredi soir, tous autour de la grande table devant la porte ouverte de la chambre où Paulo était alité. Chacun son tour, ils se relayaient à son chevet et retournaient à la table. Il y en avait pour bien plus que 12 personnes paraît-il. Il est même resté deux portions du gâteau au rhum qu'ils ont offert aux infirmières du quart de soir. 

Paulo est décédé quelques heures plus tard, entouré comme il l'a toujours été. Ses enfants sont venus prendre un café chez nous le lundi après-midi après avoir préparé tout ce qu'ils voulaient pour la suite des choses. Ils m'ont demandé de faire une lecture pendant le service qui aurait lieu le mercredi mais c'était un prétexte pour se revoir, je crois. Parce que cet après-midi là, tous ensemble, on a retrouvé ce qui nous avait toujours unis, une complicité, une parenté, des rires, des chansons et des souvenirs de tout ce qu'on a vécu ensemble. On a partagé les derniers moments de vie de Paulo.

Au salon funéraire, le mardi, et lors du service à l'église, le mercredi, j'ai vécu plein de choses, j'ai revu des gens que j'aime, je n'ai jamais autant reçu et autant vécu intensément que pendant cette période un peu hors du temps et de l'espace.

Deux jours plus tard, c'était Évé qui quittait ce monde. Un autre phare qui brillera dans la nuit. Une autre vie si bien remplie qui se termine dans l'amour et la sérénité. Si je ne l'ai pas vécu de la même façon tout à fait, il s'agissait encore d'une autre famille qui est tricotée à la mienne, et ce sont d'autres moments que je n'oublierai pas, une autre fin d'une époque. 

Je vais plus souvent qu'avant dans les salons funéraires et les services religieux à l'église. À travers les hommages qu'on rend à ces véritables phares, ce sont toutes les valeurs qui me sont chères que je reconnais, comme mon héritage, celui que je tente de transmettre à mon tour.

C'est le propre des gens de mon âge de fréquenter ces lieux où l'on côtoie la mort. J'y vais souvent pour la génération qui me précède mais j'y vais aussi de plus en plus pour des gens de ma génération, parents et amis. En quelque sorte, j'apprivoise la mort mais je me familiarise aussi avec la fin de vie et je viens de trouver un sens à tout cela : oui, c'est possible et même souhaitable d'être serein face à la mort, quand il y a plein de vie dedans. 

Je l'avais écrit et dit à l'église sans larme et avec le sourire lors du décès de mon père et j'en suis convaincue plus que jamais : « Nos vrais héros ne meurent jamais tout à fait » et aujourd'hui, j'ajoute « parce qu'ils ont tant semé et que c'est nous qui en récoltons les fruits ». 

17 commentaires:

Zoreilles a dit…

On pourrait croire à me lire dans ce billet que je me fais l'avocate du diable en tout ce qui concerne « mourir dans la dignité ».

J'aimerais ajouter que je souhaite ardemment que soit reconnu légalement notre droit de choisir de mourir dignement quand la vie n'en est plus une, quand la mort signifie la fin de souffrances physiques et morales.

J'ai vu et j'ai pris soin de quelques personnes qui ont souffert trop longtemps avant que la mort ne vienne les délivrer et aucune de ces personnes n'avait les trois critères essentiels pour se prévaloir de ce droit.

Finalement, il n'y a que les humains qu'on laisse souffrir en vain, avec les animaux, on fait preuve de plus d'humanité.

canneberge14 a dit…

Chère Zoreilles!

Il se fait tard, je devrais aller me coucher. Les deux dernières journées ont été riches en émotions et en organisation suite au décès, mercredi, de notre cher Léo. Mais ce billet nous touche tellement JG et moi, qu'il me fallait écrire un petit mot. Je dirais même, un merci d'être une inspiration pour nous deux, de mettre des mots, avec ton amour de la vie et des gens, sur ses moments précieux que l'on vit présentement et que nous vivrons dimanche et lundi et chaque fois qu'on se rappellera de ce monument qu'à été Léo. Je ne pensais jamais être aussi remplie de lumière, d'amour et de vie qu'en ce moment malgré la tristesse du départ physique d'un être cher. Tu avais raison...sur beaucoup de choses. Les derniers moments passés en sa présence et ceux qui ont suivi sa mort resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Ce qui s'est passé dans cette chambre, ce soir- là, c'est grand!
Les enfants, les petits-enfants et les arrières-petits-enfants ont insisté pour être "actif" dans la célébration de lundi. Ils ont appris le sens des mots "aimant" et "rassembleur" avec Léo...
Oh oui, que tu racontes des histoires vraies et touchantes. Je n'en douterai jamais.
Nous endossons pleinement ton commentaire sur "mourir dans la dignité"!
Je reviendrai sur ce blllet, c'est sûr!
On t'embrasse fort!

Zoreilles a dit…

@ Chantale et Jean-Guy : Je quitte à l'instant pour Rapide Deux avec Gilles jusqu'à dimanche et j'ai ouvert l'ordi avant de partir en espérant que peut-être... tu serais passée par ici... et vous voilà tous les deux!

Je pars le cœur content, j'ai tellement pensé à vous deux en écrivant ce billet et je vous souhaitais qu'il en soit ainsi pour votre cher Léo. Et pour vous autres.

Tu me parles de l'implication de chacun, même des tout petits, dans la cérémonie. C'est déjà rassembleur, cette volonté. Je me permets de vous raconter que pour Paulo, ses arrière petits-enfants qu'il adorait, ont tenu également à faire quelque chose, ils sont quatre, deux petits gars, deux petites filles, entre 4 et 7 ans. Chacun d'eux apportait soit une assiette, une tasse, un bol à chaudrée aux fruits de mer (!) et le petit dernier, les ustensiles. Ainsi, ils dressaient le couvert pour représenter le sens de l'accueil de Paulo et se rappeler chaque fois qu'il avait dit : « Vous allez bien rester à souper avec nous autres? » Pour la musique, ce sont les enfants et petits-enfants qui se sont investis, il ne pouvait en être autrement dans cette famille. Ils ont interprété ses chansons préférées, entre autres « J'aime ce petit coin de terre/Perdu là-bas aux grandes eaux.. », c'était très touchant.

Je vous souhaite d'être portés encore longtemps, Jean-Guy et toi, par « ce qui s'est passé dans cette chambre, ce soir-là, et qui était si grand! »

Quant à « mourir dans la dignité », on aura aussi l'occasion de s'en reparler et si je tenais à donner mon opinion en écrivant moi-même le premier commentaire sous ce billet, c'est que ce sujet me tient beaucoup à cœur.

La journée de dimanche et encore plus celle de lundi auront leur lot de tristesse et de fatigue mais aussi une grande part de « merveilleux et grand ». De tout cœur avec vous,

Votre amie, Francine xx xx

Solange a dit…

C'est un billet très touchant, quand on est déjà passé par là on sait ce que c'est, mais ta façon de le raconter rend le départ moins cruel on dirait.

Nanou La Terre a dit…

J'ai lu avec grande émotion ton beau témoignage, comme une belle prière remplie de tant de tendresse et d'amour... C'est ce qu'on appelle un billet écrit avec le coeur. Ma gorge s'est serrée tout au long. C'est vrai ce que tu dis, à nos âges, on va plus souvent au salon, bien sûr pour les gens qui nous précèdent mais de plus en plus pour des amis, des gens de notre âge. J'ai accompagné une de mes grandes amies cet hiver, en fin de vie. Que pourrait-on dire... Peut-être qu'avec toutes ces grandes émotions à fleurs de peau, senties avec tant d'âme, ces moments uniques passés tout de même avec une belle sérénité doivent nécessairement nous rendre plus humble et encore plus sensible dans notre coeur. Et ce qui me rassure de plus en plus c'est que ce qui nous rejoint tous, inévitablement, c'est l'AMOUR...
Merci, merci beaucoup pour cette belle lecture qui m'a remplie le coeur xxx

Le factotum a dit…

"Et ce qui me rassure de plus en plus, c'est que ce qui nous rejoint tous, inévitablement, c'est l'AMOUR..."
comme le dit si bien ,madame Nanou.
J’ai vécu les mêmes émotions lors de la rencontre avec la famille de Évé, père d’une amie et consoeur de travail, dont j’ai rendu un dernier hommage vendredi passé.

Zoreilles a dit…

@ Solange : Ces deux fins de vie dont je parle dans ce billet ont été vécues par des personnes très sereines et de la même manière par leurs proches. Comme il s'agissait de personnes de 85 et de 89 ans, aux termes d'une vie bien remplie, la mort nous paraît moins cruelle. Mais c'est tout de même la fin d'une époque. Ces deux familles endeuillées tissées serré devront faire face à une complète redéfinition de la famille, une nouvelle dynamique familiale, sans le père, se mettra en place et c'est inévitable.

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Je partage ta peine Zoreilles, avec sympathie. Belle et touchante réflexion sur la fin de Vie. Quel beau geste d'avoir préparé ce repas pour autant de personnes. Y'a quelque chose de solide en toi, de présent, d'altruisme.
Tu es comme un phare quoi!
Gros câlins...

Zoreilles a dit…

@ Nanou : Je considère que c'est un privilège d'accompagner des personnes qu'on aime lors de ces moments où tous leurs sens (et tous les nôtres) sont à fleur de peau. On devient sensibles à une foule de choses tout à coup, ça bouleverse toujours et ça questionne aussi sur le sens qu'on veut donner à notre propre vie pour ce qu'il en reste. Ça nous rend à la fois plus fort et plus fragile... Difficile d'expliquer ce que ça fait.

On départage si facilement dans ces moments-là ce qui est important de ce qui l'est moins...

L'AMOUR, tu as raison, c'est le dénominateur commun. C'est pourquoi dans la chanson de Gilles Vigneault, Gens du pays, le bout qui m'émeut tout le temps, ce n'est pas le refrain qu'on chante aux anniversaires, mais le début de la chanson qu'on omet bien souvent : « Le temps qu'on a pris pour dire je t'aime/Est le seul qui reste au bout de nos jours/... »

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : C'est bien trop vrai, j'avais oublié et tu me le rappelles, tu as été le collègue d'une des filles à Évé et Marguerite, tu me l'avais déjà dit! Mon amie d'enfance et de toujours, c'est Claire, je suis très proche aussi de Monique, et toi, tu as travaillé avec Line ou Sylvie?

Tu est allé à Val-d'Or, vendredi? Moi c'était samedi matin à l'ouverture du salon, ensuite au service et après, au rassemblement au Club de golf. J'y amenais également ma mère, évidemment une grande amie de Marguerite et ma tante Léa puisque de toute façon, j'y allais. Beaucoup de monde s'était déplacé à Val-d'Or pour entourer la famille. Ça fait toujours chaud au cœur de revoir notre monde, n'est-ce pas? Tu es bien placé pour le savoir, toi aussi, tu as perdu ton père récemment.

Zoreilles a dit…

@ Fitzsou : Peut-être que ma peine, à force d'être partagée par des gens sensibles et pleins d'empathie, n'est pas si grande que ça... De ces deux décès vécus récemment, j'en retire quelque chose comme des réflexions qui me nourrissent et m'habitent plus que la peine. J'ai vu des familles qui s'aiment... J'ai vu de l'affection, de la fidélité, de la solidarité à toute épreuve, des gestes généreux et délicats envers tous et chacun. On dirait que j'ai plus reçu que j'ai donné!

Le factotum a dit…

Moi, c'est avec madame Sylvie que j'ai eu le bonheur de côtoyer au travail.
Une dame extraordinaire comme sa mère.

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Elles sont toutes des femmes formidables dans cette famille, leur maman en tête. Elle et ma mère ont toutes les deux enseigné sur l'Île Nepawa, elles sont aussi de très grandes amies. J'ai croisé Sylvie en arrivant au salon funéraire samedi matin, elle est venue m'accueillir, on a échangé quelques mots mais il y avait tellement de monde... C'est avec Claire que j'ai le plus parlé et aussi Monique, de même que cette chère Marguerite. Comme on dit, ce monde-là, c'est du bon monde! Du premier au dernier, touttttt du bon monde. Tu savais que les deux parents à Sylvie étaient des Madelinots?

Grand-Langue a dit…

On dit que le deuil et les rituels sont nécessaires aux survivants. Je ne connais pas ça.

Grand-Langue

Zoreilles a dit…

@ Grand-Langue : Je le pense vraiment... Que les rituels entourant le deuil sont nécessaires aux survivants. Ils nous permettent de différer la peine dans le temps parce que sinon, le choc, le vide, l'absurdité de la mort seraient plus difficiles à vivre.

On dit qu'une peine partagée est divisée d'autant mais qu'une joie partagée se multiplie de la même façon. C'est à ça que servent les rencontres et les rites entourant la mort dans notre société.

Je me souviens quand mon beau-père est décédé, en décembre 1997. La famille avait décidé de ne pas souligner ce départ au salon funéraire et de ne faire qu'un service à l'église. Point final. Je n'avais pas voix au chapître et mon conjoint a respecté la volonté de sa mère mais cela a été horrible à vivre pour nous. Tous ces gens auxquels il a fallu répondre et expliquer... À l'église, il y avait tant de gens qui voulaient nous voir, nous serrer la main, nous prendre dans leurs bras, nous exprimer le chagrin qu'ils avaient besoin de partager avec nous. Plusieurs sont venus et on ne pouvait être présents pour eux ni avec eux. Au lieu de rassembler les gens, cette décision a plongé tout le monde dans l'isolement et l'impuissance. C'était pire. Et ce deuil a été très difficile à surmonter.

Tous ces rituels ne sont pas obligés de se dérouler dans une religion quelconque. Un rite des derniers adieux fait tout aussi bien l'affaire mais les gens ont besoin d'avoir un point de rencontre pour se rassembler lorsque survient un décès.

Jerry OX a dit…

Bonjour Zoreilles, un billet émouvant, réaliste et plein de positif sur notre chemin de vie ! Il est vrai, pour l’avoir aussi vécu que côtoyer la mort de nos proches , change notre vision sur l'existence, on a envie de bouffer la vie et je comprends que tu te sentes à présent plutôt sereine et aimante comme jamais : La vie nous réserve (et c'est heureux) de belles surprises !

Zoreilles a dit…

@ Jerry OX : En fait, ces prises de conscience forcées nous ramènent à l'ordre de nos priorités... Cette urgence de vivre, je l'ai depuis toujours mais ces événements ravivent cet appétit pour tout ce qui est beau et vrai.

Et puis la peine se sublime en joie et en affection quand la vie autour de nous prend le dessus!