dimanche 8 mars 2015

JE LA VOUVOYAIS


Elise Rannou-Rivest
1921-09-08 - 2015-03-07

JE LA VOUVOYAIS

S'il faut encore se convaincre que le vouvoiement n'empêche pas du tout la proximité des rapports humains chaleureux, bien au contraire, la relation exceptionnelle que j'entretiens depuis bientôt 39 ans avec Belle-Maman va dans le sens de ce phénomène. 

Je l'appelais Madame Rivest ou Belle-Maman ou chère Elise et je la vouvoyais tendrement. Elle me tutoyait tout aussi tendrement en m'appelant Francine, ou « la femme de mon Ti-Gars » ou sa 5e fille. Quand on sait tout l'amour qu'elle avait pour son Émile qui nous a quittés il y a 18 ans, pour ses enfants, 4 filles et un garçon, les conjoints que nous sommes, qu'elle accueillait dans sa vie comme si on avait toujours été là, ses petits-enfants au nombre de dix qu'elle a toujours appelés « mes petits chatons », leurs zamours de conjoints et ses arrière petits-enfants, déjà dix d'entre eux sont venus enrichir son clan et la vie continue. Bref, faire partie de sa famille est une chance inouie qu'on a toujours su mesurer. 

Je pourrais vous parler d'elle pendant des heures, des jours, des saisons. Et je le ferai probablement... 

Toute sa vie, elle a su générer, propager, inspirer, susciter, créer, rassembler et multiplier l'amour autour d'elle. Si elle pouvait communiquer avec nous en ce moment, elle nous dirait probablement ceci : 

* * * * *
Ne pleurez pas mon départ
Je suis partie dans l'infini
Je suis mille vents qui soufflent...
Je suis le diamant qui brille sur la neige
Je suis la lumière du soleil sur les semences
Je suis la douce pluie d'automne
Et le réveil dans le silence du matin
Je suis parmi la volée d'oiseaux qui voltigent
Je suis la lumière étoilée dans la nuit

Ne pleurez pas mon départ
Je suis partie dans l'infini
Je suis toujours parmi vous
Je vis dans la nature

24 commentaires:

Réjean Mélançon a dit…

Ne pleurez pas mon départ
Je suis partie dans l'infini
Je suis toujours parmi vous
Je vis dans la nature


Non, ne soyez pas tristes

L’infini que j’habite
Avec VOUS TOUS que j'aime
Inclut aussi ce vaste et bel univers
Et lorsque vous me rejoindrez
J’en partagerai avec vous
Toute la beauté
Toute la bonté
Et toute la vérité
Dans un amour infini

P.-É. Larivière a dit…

Toutes mes sympathies à ton époux et à la famille. Mes pensées positives vous accompagnent.

Le factotum a dit…

Un petit mot de réconfort pour toute la famille.

Une femme libre a dit…

Mes sympathies.

Anonyme a dit…

XOX Une personne aimante laisse toujours de belles traces dans notre vie... :-)
Soisig xx

Barbe blanche a dit…

Il y a les peines,
il y a les larmes,
puis vient le jour de la délivrance.
Tous ceux et toutes celles que nous aimons
voient notre dabord départ comme un abandon.
Puis vient le jour où la lumière se fait dans leur coeur,
alors, la sérénité revient
et nous pouvons à nouveau
communiquer,
non plus comme nous étions habitués, mais, en communion, d'âme à âme.
Mes sympaties les plus sincères chère Zoreilles, ainsi qu'à ton époux,et à toute votre belle grande famille.

canneberge14 a dit…

Aujourd'hui, je pensais très fort à toi, à Gilles, à la petite famille et à toute la grande famille. Je me suis rappelé ce récent billet "D'amour et de musique" dans lequel tu parlais d'un événement joyeux, intense et très touchant que tu avais vécu avec ta chère Elise.

"En sortant de l'ascenseur, la musique nous a enveloppées comme une couverture chaude qui sort de la sécheuse! Quel sourire elle m'a fait... Un sourire « comme avant », comme à toutes les fois où nous allions, elle et moi, écouter les musiciens à la résidence où elle habitait avant. La musique ne fait pas juste d'adoucir les moeurs, elle adoucit la maladie, n'importe quelle maladie. Elle ramène des souvenirs même à ceux qui ont perdu la mémoire, elle réveille une mémoire affective qui s'était endormie depuis longtemps."
Et tu terminais en disant: " Et Belle-Maman s'est endormie quelques minutes avant la fin en rêvant qu'elle dansait"

Maintenant ta chère Elise s'est endormie pour revenir dans vos cœurs et dans tout ce qui vous entoure...comme avant, comme maintenant.

Je t'embrasse fort chère Francine.

Guy Vandal a dit…

C'est un très bel hommage que tu fais à ta belle-maman chère Zoreilles.

Tu auras été là pour elle jusqu'à la fin. Je sais que tu t'es beaucoup occupé d'elle. Sois fier de toi.

Mes sympathies à Gilles en premier, et après à vous tous.

Zoreilles a dit…

@ Réjean Mélançon : Avec NOUS TOUS qu'elle aimait... C'est bien comme ça que je l'ai compris, particulièrement au cours des derniers jours...

Zoreilles a dit…

@ P.-É. Larivière : Merci beaucoup, nous l'avons vécu comme un événement extrêmement positif et rassembleur. C'est fort, les liens familiaux tissés serré, vous en savez quelque chose, vous...

Zoreilles a dit…

@ Le factotum : Ce réconfort, nous le sentons depuis quelques années de votre part, Ipso et Facto. Merci d'avoir été là et d'y être encore.

Zoreilles a dit…

@ Une femme libre : Merci.

Zoreilles a dit…

@ Soisig : Effectivement, tu dis vrai, je le ressens comme ça. Merci pour tout, chère amie.

Zoreilles a dit…

@ Barbe blanche : Je peux t'affirmer que nous ressentons une grande sérénité à la suite de son départ. Ce qui était difficile, c'était les années d'avant, et pire depuis un an, maintenant elle ne souffre plus et nous autres non plus. Je ne sais pas si ça se dit mais je suis franche, c'est comme ça que nous le ressentons toute la famille.

Nous l'avons veillée jour et nuit la dernière semaine, j'étais là avec l'une de mes belles-soeurs au moment de son dernier souffle et toute la nuit qui l'a précédé. Me sont venus à l'esprit les mots de Félix Leclerc : « C'est beau la mort, il y a plein de vie dedans ». C'est la quatrième fois que j'accompagne une personne dans la mort.

J'ai vécu tant de choses depuis 10 jours... mais ce sont de belles et grandes choses.

Zoreilles a dit…

@ Chantale : J'ai été tellement touchée quand j'ai lu ton commentaire... Ce moment joyeux et touchant que j'ai raconté ici, je l'ignorais à ce moment-là, c'était le calme avant la dernière tempête, un ultime cadeau, parce que 3 jours plus tard, tout a dérapé, son visage s'est métamorphosé, on lui a diagnostiqué un zona ophtalmique, normalement elle aurait souffert beaucoup, mais là, non à cause de l'état comateux et aussi la médication qui s'est ajouté. Elle a perdu l'usage de la vue mais ne s'en est pas rendue compte, ça, nous en sommes certains et le personnel soignant aussi. Au moins, à cause de son état, elle aura été épargnée à la fin de la souffrance physique, psychologique et de la cécité. S'il avait fallu qu'elle survive à cela...

Alors, ton sens de l'écoute en lien avec ce moment que j'ai raconté, tu me l'as redonné au moment où j'en avais le plus besoin.

Je n'ajoute rien d'autre, de toute manière, tu lis dans mon cœur.

Zoreilles a dit…

@ Guy : Ce billet était un hommage, oui, c'est vrai, tu as raison, même si je l'écrivais surtout pour informer parents et amis. Mais le vrai hommage, beaucoup plus senti, je l'ai écrit une nuit, relu au matin, proposé à la famille et livré avec fierté et sourire attendri sans que la voix me casse, lors de la cérémonie des derniers adieux, hier après-midi. Tout de suite après moi, Isabelle chantait une magnifique chanson, guitare et voix seulement, pendant que Félixe faisait une chorégraphie très douce et très belle pour accompagner cet hommage à leur grand-maman et arrière grand-maman.

Notre chère Elise nous aimait tous et toutes autant que nous étions... et c'était réciproque!

Zoreilles a dit…

AMIS ET AMIES : Merci pour vos mots d'amitié, si vous saviez comme ils me font chaud au cœur...

Tout s'est bien passé, tant les derniers jours et nuits à son chevet qui nous ont permis de vivre tricotés serré, que l'organisation des choses au salon funéraire, lors des derniers adieux et tout ce qui s'en suit de rencontres et de rassemblements.

La famille, ça venait de partout au Québec, ça convergeait vers l'Abitibi, avec juste le besoin d'être ensemble pour se rappeler les bons moments, les souvenirs, les anecdotes, oublier un peu les longues années de maladie pour rendre hommage et justice à cette personne extraordinaire qui nous a quittés.

Notre visite est repartie au cours de la journée d'aujourd'hui. Tous sont fatigués et ont hâte de retrouver leur lit, leur maison, leur vie. La plupart du temps, on était empilés les uns sur les autres à se retrouvailler, à collaborer, à faire équipe, à partager repas et bien plus, à accueillir les gens, etc.

Depuis quelques heures que c'est retombé tranquille, pendant que je fais des montagnes de lavage de changements de lits, des brassées de serviettes et de débarbouillettes et tout ce qu'on fait quand la visite s'en va, j'essaie de faire du ménage dans ma tête et dans mon cœur mais je vous avouerais qu'après tout ça, j'y arrive pas. Je ne suis ni triste ni défaite, je suis juste... fatiguée et mêlée, et si je ne réalise pas encore vraiment tout ce qu'on a vécu, je suis sûre d'une chose : je fais partie d'une belle-famille en or d'où se dégage une joie de vivre et une résilience incroyables.

La vie va reprendre son cours doucement... Je NOUS le souhaite!

Lise a dit…

Juste un mot Zoreilles pour dire que j'ai tout lu, et je suis très touchée sachant à quel point tu t'occupais de ta belle-maman, et ce depuis des années.

Du chagrin pour vous tous mais avec le temps les bons souvenirs prendront le dessus c'est inévitable, et c'est ce qui est souhaitable.

En lisant tes réponses aux commentaires je comprends beaucoup de choses que tu ne dis pas...et je me prépare mentalement pour le jour où ma mère ne sera plus là.

Tu es fatiguée et mêlée ce qui est normal, mais il y a tant d'amour dans votre famille, vous saurez vous consoler les uns les autres. Je crois que vous avez tous grand besoin de repos...

J'ai lu tes derniers billets mais j'avais décidé de me taire. Ici je n'ai pas su garder le silence car je comprends trop bien tout ce que vous avez vécu.

Pour terminer la photo de ta belle-maman Élise est très belle. Une grande dame!

Zoreilles a dit…

@ Lise : Merci de ton mot d'amitié à cœur ouvert, Lise, comme toujours, tu écoutes avec toute ta sensibilité. J'ai très souvent pensé à toi au cours de ces journées très intenses. Tu sais que je vous porte tous dans mon cœur pour les petits bouts que je sais de vos vies et pour les sentiments que nous partageons, qui se rejoignent bien souvent. Oui, j'ai beaucoup pensé à toi et à ta relation avec ta chère maman...

On dirait qu'elles nous préparent à leur départ... Et ça, on le comprend seulement après. L'après-midi de musique vécu avec elle il y a 3 semaines, que j'ai raconté ici, était l'ultime cadeau qu'elle me faisait, et c'était miraculeux dans les circonstances, comme si elle avait eu un regain incroyable juste avant de plonger dans sa fin de vie.

Après cela, j'ai vécu des peines, mais aussi des moments d'une grande richesse qui m'ont réconciliée avec la mort quand elle signifie la délivrance après tant de souffrances à tous les niveaux. La voilà libérée et c'est une consolation qui nous aide beaucoup.

Avant même son dernier souffle, tout ce qui me revenait à l'esprit, c'était le temps d'avant, lorsqu'elle n'était pas affectée par la maladie. Et cet amour inconditionnel qu'elle avait pour moi, comme pour tout le monde de sa famille, me porte, me supporte et me transporte, comme si elle m'avait donné tout ce qui m'a manqué. Je me sens plus forte, comme si elle m'avait légué quelque chose avant de partir...

Pour se démêler et se reposer, nous irons à Rapide Deux en fin de semaine. Gilles part tout à l'heure et j'irai le rejoindre demain matin, avec sa sœur et notre beau-frère qui sont nos grands amis. Notre chère Elise, on la sent au milieu de nous, avec son cœur bienveillant de Maman, et nous avons reçu si tant tellement d'amour d'elle que nous pouvons maintenant poursuivre notre route, à la fois avec et sans elle...

Je t'embrasse et te serre bien fort, Lise...

Guy Vandal a dit…

Et si mourir était vivre plus longtemps???

Si j'étais près de toi, je me quêterais un câlin. Moi pis toi, au salon, on se comprendrait tellement bien.

C'est pas facile perdre quelqu'un, mais ça peut faire "grandir". J'ai tout lu, et c'est que je conclue que tu comprend aussi.

Je change pas d'idée pour le câlin. :o)

Richard le Joutellois (ancien aussi) a dit…

Toutes mes sympathies à vous tous et votre famille. Très bel hommage, ça c'est certain.

Zoreilles a dit…

@ Guy : C'est bien vrai, perdre quelqu'un, même quand ça fait de la peine, ça peut nous faire grandir... Difficile à expliquer mais pas à comprendre.

C'est comme si elle m'avait légué un peu de sa force et de sa résilience...

Zoreilles a dit…

@ Guy : Gros câlin virtuel, c'est bien certain, t'avais même pas besoin de le demander!

Zoreilles a dit…

@ Richard le Joutellois : Merci beaucoup pour ton commentaire chaleureux et en ce qui concerne l'hommage, je viens de le publier, beaucoup me le demandaient et c'était plus facile pour moi de le faire ici, ça devient accessible à tous ceux qui le veulent et je n'ai pas besoin d'avoir leurs adresses courriel.

Et puis, tu vas voir, ma belle-maman était une personne très facile à aimer!