Août 1960, c'est écrit en arrière de la photo. Dans les bras de mon père, j'avais à peine trois ans. Il me semble que j'ai passé toute mon enfance ainsi, dans les bras de mon père! Pourtant, il devait bien me laisser marcher de temps en temps... Maman, belle et fière, sourit à peine, on dirait La Joconde... Sa cousine Julienne, qu'on a toujours appelée « ma tante Julienne » semble songeuse et regarde au loin...
Noël 1962. Je me souviens de cette fois-là, dans le salon chez nos grands-parents Poirier à la maison du rang VII. Papa était particulièrement beau et heureux. Notre famille s'était agrandie au mois de mai avec la venue au monde de mon petit frère Yves.
Mémoires d'enfant
Est-ce la même chose pour tout le monde ou bien si je suis une extra terrestre? J'ai des souvenirs d'enfance très précis qui remontent à mon très jeune âge au point où cela semble presque impossible que j'aie capté à cette époque tant d'images, d'expressions, de visages, de sons, d'odeurs, d'impressions qui se sont incrustées de manière aussi forte dans mes mémoires d'enfant.
Par exemple, sur la première photo, je me souviens exactement de ce qui trottait dans ma petite tête blonde ce dimanche du mois d'août. Les histoires s'enchaînent et les photos en noir et blanc se succèdent dans mes souvenirs. Tout me revient comme si c'était hier. Papa travaillait comme serveur dans un hôtel les soirs de fin de semaine, en surplus de son travail du lundi au samedi inclusivement. Il faisait beaucoup de pourboires, il aimait les gens, il était drôle, il avait beaucoup d'entregent. Il rentrait tard la nuit, je n'en avais pas connaissance mais il se levait tôt quand même le lendemain pour laisser dormir ma mère et pour profiter de sa seule journée de congé.
Le dimanche matin, il m'amenait à la messe de 10 heures à l'église Saint-André de La Sarre. Il lui arrivait de tomber endormi durant le sermon et j'avais la mission de le réveiller si ça se produisait... et ça se produisait régulièrement! Au retour, on arrêtait à l'épicerie Noël et je pouvais choisir les biscuits que je voulais. Des biscuits « à la livre ». Des biscuits Viau dans de grosses caisses de carton. Mes préférés étaient les sandales de romains (tellement sucrés que ça lève le coeur!...) mais Papa en choisissait d'autres plus à son goût et à celui de Maman, des biscuits aux figues. J'aimais les dimanches parce que ces jours-là, Papa et Maman étaient en congé. Pendant la semaine, je me faisais garder et je n'étais pas bien chez ma gardienne, notre voisine. Je sentais très bien qu'elle me gardait pour l'argent et qu'elle n'aimait pas les enfants, c'est tout juste si elle aimait les siens.
J'étais une enfant docile. Je n'aimais pas me faire garder chez la voisine mais je ne m'en plaignais pas. Pourtant, un matin, alors que j'avais 4 ans, j'ai clairement opposé un ultimatum à ma mère. Dans ma tête d'enfant, j'avais décidé que c'était assez, que ça ne pouvait plus durer, que je n'irais plus là. Ma mère me mettait une manche de manteau, je l'enlevais. Elle m'expliquait qu'elle devait aller gagner des sous pour acheter des belles choses, je lui répondais que j'en voulais pas, des belles choses. Elle me remettait une manche de manteau, je l'enlevais en la regardant droit dans les yeux, sans dire un mot. Je voulais rester toute seule à la maison au pire, là-dessus j'étais négociable mais je n'allais pas retourner chez la voisine, c'était sans appel. Je l'avais dit à ma mère beaucoup plus tard que la voisine m'avait chicanée fort la veille et j'avais juré en mon âme et conscience que c'était fini. Cette détermination que j'avais à 4 ans, je la reconnais, j'ai quitté deux emplois de la même manière au fil de ma carrière. Je peux être compréhensive et patiente mais quand ça ne passe plus, ça ne passe tellement plus!
Enfant unique pendant 5 ans, je demandais parfois à mes parents quand est-ce que j'allais avoir un petit frère. J'aurais pu demander une petite soeur mais non, ce que ce que je voulais, c'était un petit frère. J'ai eu de la chance, j'en ai eu deux, à deux ans d'intervalle.
Le jour où mon petit frère Yves est né, je m'en souviendrai toute ma vie. Il faisait un soleil aveuglant qui réchauffait la peau de mon visage et de mes bras en cette fin mai. C'est la cousine à ma mère, Suzanne, qui était venue à la maison. Elle aimait beaucoup les enfants, Suzanne. Je me sentais bien avec elle et puis elle savait toutes les chansons. Elle faisait du repassage et elle me laissait plier les débarbouillettes et les linges à vaisselle. Elle m'encourageait à faire des belles piles, elle me disait que je travaillais bien et elle me montrait comment plier les linges à vaisselle en trois d'abord puis en quatre ensuite, pour en faire des belles piles toutes égales. C'est plus fort que moi, je les plie encore de même et je me sens heureuse à faire des belles piles toute égales!
Comme on achevait notre belle ouvrage, Suzanne et moi, Papa est arrivé de l'hôpital, il a dit quelques mots à Suzanne et il m'a amenée dehors au soleil, on s'est assis dans l'escalier de la galerie d'en avant. Il était beau, Papa, en bel habit à chemise blanche avec une cravate et son paletot chic, son sourire radieux, comme sur la photo de Noël de cette année-là. Il m'a appris la grande nouvelle, que j'avais un petit frère, qu'il était tellement beau... et que j'allais le voir bientôt.
* * * * *
Aujourd'hui je réalise que j'étais une enfant très sensible qui ne s'exprimait pas beaucoup. « Ce qui ne s'exprime pas s'imprime »... Avec les souvenirs viennent aussi systématiquement différentes lumières qui enrobent chacun de ces moments-là. Je demeure toujours très touchée par la luminosité des choses, d'une photo, d'un moment, d'un événement, d'un film.
* * * * *
Et parmi les films que j'ai beaucoup aimés cette année au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, il y a « Les vies de mon père : Yvan Ducharme » de la réalisatrice Nathalie Ducharme, sa fille. J'ai eu les yeux dans l'eau dès les premières secondes et des grands bouts jusqu'à la fin. Non pas que c'est un film triste, bien au contraire, son témoignage est touchant, trop vrai et si lumineux. Il s'agit d'une histoire d'amour et d'admiration dans une relation père-fille. Nathalie Ducharme était très touchée de la réaction du public à son film, présenté dans la ville natale de son père, en première mondiale. Elle nous a appris que son documentaire sera présenté le 29 décembre prochain au canal D.
33 commentaires:
Ben non, tu n'es pas une extra terrestre,
vite comme ça, le premier souvenir qui me revient, c'est celui de ma première coupe de cheveux.
De beaux cheveux blonds, bouclés,
un vrai chérubin.
Pour me faire accepter ce massacre,
le père chez nous m'avait promis
un voyage en europe avec lui, voyage que j'attends toujours, même si les os ne lui font plus mal depuis belle lurette.
Deuxième souvenir, précédent de la coupe de cheveux.
Je feuilletais le sélection, et devant la photo d'un avion, je me souviens lui avoir demandé ce que c'était, sa réponse résonne encore à mes oreilles,"c'est un europe".
Bon, je ferme le livre aux souvenirs ici,je ne veux surtout pas prendre toute la place.
Zoreilles,
je confirme, tout comme Barbe blanche, que tu n'es pas une extra-terrestre; j'ai des souvenirs de ma toute petite enfance. Celui de mes livres d'images (j'avais à peine trois ans, comme toi) que je regardais avec ravissement, en ayant hâte de lire les mystérieux caractères noirs au bas des pages. Mon amour des livres était déjà né, et ne fait que grandir depuis...
J'ai aussi le souvenir (au même âge) d'un chat qui m'avait griffée alors que j'essayais de le caresser; loin de me faire peur j'ai développé un amour indéfectible pour les chats et les quatre-pattes en général. Le matou avait la teigne, qu'il m'a transmise (un humain sur quatre est sensible à cette maladie féline) et qu'une crème antibiotique avait guérie.
Pour tes petits frères je comprends totalement; le mien a été un cadeau alors que j'avais trois ans et demi. Un pur ravissement pour moi, une poupée vivante, et je le regardais dormir de longs moments, assise dans la petite chaise berçante à côté de son lit. J'en ai parlé à maintes reprises, sur des blogues aujourd'hui disparus et ne m'attarderai pas davantage...
Des photos je me souviens aussi exactement à quel moment, et dans quelles circonstances elles ont été prises. Ce sont des moments d'éternité, précieux.
L'enfance semble durer éternellement, avec le recul, et quand je revisite mes souvenirs (aussi réels que des photos) je pense surtout aux bons. Les autres sont rangés dans un tiroir que j'ouvre rarement.
Je crois que je ressemblais beaucoup à la petite fille que tu étais; pour l'adulte c'est autre chose...
Un très beau billet, qui fait réfléchir et qui fait du bien!
Merci Zoreilles!
Zoreilles,
tes photos sont magnifiques, tout comme tes souvenirs. Et (pour une fois) je ne m'excuserai pas de mon long commentaire précédent. C'est sorti tout seul, une rivière de souvenirs et de mots...
:)
@ Barbe blanche : Et pourtant, je t'aurais lu bien plus longtemps que ces deux souvenirs d'enfant que tu partages ici... J'imagine le petit blond bouclé qui rêvait de voyage... en Europe! Ton père devait avoir un bon sens de l'humour ou bien il rêvait de voyage lui aussi? Et puis, tu feuilletais le Sélection... Veux-tu dire le Sélection du Reader Digest? Ah ben ça, c'est drôle. Ma mère est abonnée depuis toujours à ce petit magazine fédéraliste qui traînait partout chez nous. Aujourd'hui elle m'abonne encore en cadeau une fois l'an. Mais elle sait que je ne serai jamais fédéraliste alors c'est un cadeau désintéressé, un geste gratuit!!! Mais oui, ma mère est la seule fédéraliste de la famille mais à part ça, c'est une bonne personne, hihihi!
Tu devrais ouvrir le livre des souvenirs plus souvent. Je me suis permis de le faire en espérant que vous en fassiez autant.
Les souvenirs d'enfance sont ceux qui restent le plus longtemps. Les malades d'Alzeimer se souviennent plus facilement des choses de leur enfance. Tu devrais faire une livre de tes souvenirs, tu as une facilité pour raconter et nous tenir intéressés.
@ Lise : Tu aimais déjà les livres... Ce n'est pas étonnant, c'est même attendrissant de se rendre compte qu'on a grandi et qu'il nous reste toujours un peu de notre cœur d'enfant. Ça devait être touchant pour tes parents de te voir te bercer auprès du lit de ton petit frère, à le regarder dormir. En tout cas, ça révèle beaucoup la grande sœur aimante que tu seras toujours.
Un chat t'a griffée et pourtant tu les aimes inconditionnellement encore maintenant. Tu les comprends, tu leur pardonnes tout.
Moi aussi j'ouvre ma boîte aux souvenirs pour me rappeler les joies alors que les peines sont enfouies bien plus profondément mais elles me servent tout de même à comprendre l'adulte que je suis devenue, toujours un peu enfant au fond... Prenons bien soin de nos souvenirs, ils sont notre essence!
J'espère de tout cœur que ce billet fera surgir des mémoires et souvenirs pour tous les petits enfants... devenus grands... qui passeront par ici.
Merci d'avoir partagé des petits bouts de ton enfance avec nous, Lise.
Bien oui, c'était le sélection de lecture indigeste. D'aussi loin que je me souvienne, il avait ses entrées chez nous.
Le père chez nous avait un sens de l'humour parfois difficile à suivre.
@ Solange : J'ai justement pensé à ça en écrivant ce billet cet avant-midi. Je côtoie régulièrement une personne âgée qui souffre de démence sénile. Ce n'est pas l'Alzheimer mais la mémoire à court et à moyen terme est très atteinte, de même que d'autres facultés intellectuelles. Je lui pose souvent des questions sur son enfance et là, elle sourit, elle rit, elle raconte, elle s'anime, toutes ses facultés sont comme avant et je la retrouve comme je l'ai connue, comme je l'ai tant aimée. De cette époque, elle n'a rien oublié.
Je n'écrirai pas de livre de souvenirs mais j'en ai publié souvent ici, un de temps en temps, au fil des 7 dernières années. Si un jour, je perds la mémoire, les gens autour de moi se consoleront avec ça puisque les écrits restent... même sur un blogue... à condition d'imprimer nos billets et les conserver, ce que j'avais l'habitude de faire une fois par année mais que j'ai négligé depuis 2 ans!
@ Barbe blanche : En tout cas, toi, ton sens de l'humour, il n'est pas difficile à suivre, on dirait que je te vois la face et tu me fais rire!
C'est parce que tu dis « le père chez nous », pareil comme mon oncle Yvon, le syndicaliste, tu sais, je t'en ai déjà parlé? C'est mon « mononk » préféré ex aequo avec un autre.
Là, je ris mais ça devait pas être toujours drôle...
Le Sélection, le lis-tu encore? Moi oui, puisque Maman m'abonne en cadeau mais je trouve qu'il est beaucoup moins intéressant que lorsque nous étions jeunes.
Moi je pense que tu es une extra-terrestre. C'est connu, les extra-terrestres ont une bien meilleure mémoire que les humains et c'est vraiment extra!
Je pense d'ailleurs venir de la même planète que toi. Mon plus lointain souvenir date de l'époque où j'avais un an et demi.
@ Pierre Forest : Tu as des souvenirs qui remontent aussi loin que quand tu avais 18 mois? T'es encore plus extra terrestre que moi!
Je serais curieuse de savoir c'est quoi qui t'avait frappé à ce si jeune âge...
Penses-tu que ces impressions de déjà-vu qu'on vit parfois sont en fait des souvenirs lointains qui refont surface?
Je remarque aussi dans mon cas que je me souviens de choses banales mais ce que j'en retiens, c'est le sentiment qui s'en dégage et la lumière environnante.
Wow!
Moi, c'est lors de mon troisième anniversaire, mon père m'avait confectionné un jolie cheval de bois berçant. J'en ai passé des heures sur ce petit cheval.
Beaucoup de beaux souvenirs de mon primaire à Malartic, malheureusement enfouis dans l'immense trou...
@ Le factotum : Tu peux bien l'aimer, ton papa poète, il t'avait fabriqué un jouet attendrissant, un cheval de bois... L'as-tu gardé?
Eh oui, tes souvenirs d'école primaire s'appellent maintenant Osisko Mining, Canadian Malartic... L'immensité de la fosse doit avoir englouti beaucoup de souvenirs et de rêves d'enfants. Apparemment que ça ne valait pas le prix de l'or.
Pour mon plus lointain souvenir, c'était une balade dans la décapotable blanche de mon grand-père. J'étais assis sur le siège avant, tout en cuir. Mon grand-père est décédé quand j'avais 2 ans. Je me souviens aussi de lui, dans son gros LazyBoy. J'ai en tête des souvenirs où le Lazyboy est aussi haut que moi.
Puis quelques autres souvenirs. L'achat de la maison de mes parents notamment. Alors que ma mère jasait avec les anciens propriétaires à l'intérieur, j'avais emprunté le tricycle rouge et jaune qui était là dans l'entrée de cour. Son propriétaire n'avait visiblement pas aimé et m'avait asséné un coup de bâton de Baseball en plastique rouge sur la tête. J'étais entré en pleurs dans la maison pour aller rejoindre ma mère.
Je me souviens aussi du baptême de ma petite soeur, née 2 ans et demi après moi, alors je devais avoir entre 2 1/2 et 3 ans.
Et d'autres images, par-ci, par là pour cette période où ce sont surtout des souvenirs visuels.
À mon avis, l'impression de déjà-vu est attribuable au fait que l'on emmagasine beaucoup plus d'information que ce qu'on se rappelle consciemment. Face à une situation comportant des similitudes avec une autre déjà vécu, il y a un sentiment de déjà-vu qui naît, sans qu'on puisse dire très précisément quand on et où on a vu cela. Était-ce en rêve, en réalité? On ne peut le dire clairement.
tu me fais tellement rire mon extra terrestre d'amie. En tout cas, si tu l'es, on vient de la même planète. Moi aussi, j'ai des souvenirs d'enfance très jeune, comme quand un photographe est venu à la maison pour une photo des enfants, on était 3, moi, mon frère et ma soeur. J'avais 3 1/2 ans et je ne souris pas sur la photo, ma mère m'avait chicané parce que juste avant l'arrivée du photographe, j'avais sali ma belle robe neuve spécialement acheté pour la photo... et je me rappelle avoir pincé mon frère durant la prise de photo pour ne pas qu'il souri aussi. Cette photo est dans mon salon et quand le monde la voit, je dois toujours expliqué notre air pas très joyeux et ça me fait toujours rire. moi j'ai pour principe de ne me rappeler que les bons souvenirs d'enfance, mon coeur est plus léger.
merci à toi de m'avoir fait retourner en arrière ce matin.
et bonne journée sur ta planète...
xxxx
@ Pierre Forest : C'était pas banal d'avoir un grand-père avec une décapotable blanche et des sièges en cuir! Quant au coup de bâton de baseball en plastique rouge sur la tête, je me dis... Ah pauvre petit Pierre, ça peut bien t'avoir marqué!
Étonnant aussi que tu aies quelques souvenirs du baptême de ta petite sœur. C'était l'époque où il y avait encore des rituels... (soupir)
J'aime beaucoup ton explication des phénomènes de déjà-vu... C'est plein de bon sens!
@ Voyageuse : Là, tu m'étonnes, tu avais pincé ton petit frère, ça te ressemble pas, toi qui prends soin de tout ton monde!
Comment se fait-il que tu ne m'aies jamais montré cette photo de vous autres, enfants? La dernière fois, on a fait le tour il me semble de toutes les photos sur tes murs de salon et dans tes bibliothèques et partout. Celle-là, en tout cas, je l'ai jamais vue mais je veux la voir, surtout après que tu la « racontes ».
N'est-ce pas qu'on est bien sur la planète Enfance? ;o)
On devrait visiter cette planète plus souvent!
J'y pense. Te souviens-tu au 50e anniversaire de mariage de mes parents, on a eu tellement de fun avec ces vieilles photos qu'on avait fait agrandir et qui nous servaient de décor?
Le sujet des souvenirs d’enfance m’a toujours intrigué. Je me suis souvent demandée lesquels de mes souvenirs étaient reliés à des photos que j’avais vues ou des choses qu’on m’avait racontées versus des souvenirs réels.
Or, je crois que je n’ai pas vraiment de souvenirs avant l’âge de 4 ans et demi. Je sais que c’est un évènement qu’on ne m’a pas raconté et pour lequel je n’ai pas vu de photos. Pourtant je m’en souviens très bien. Avant cet âge, il m’est difficile de déterminer si les souvenirs viennent seulement de ma mémoire.
Il y a plusieurs études qui ont été faites sur ce que les chercheurs appellent la mémoire épisodique. C’est intéressant de voir comment le cerveau se développe chez un enfant. Voici un lien sur le sujet http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Couple-et-Famille/Et-moi-et-moi/Pascale-Piolino-Les-souvenirs-d-enfance-sont-fragiles-et-malleables-_NP_-2011-06-21-661054
Mon commentaire ne va peut-être pas tout à fait dans l’esprit de ton billet. J’ai aussi de très beaux souvenirs de mon enfance. J’aime bien me rappeler tous ces beaux et bons moments. Cette période de la vie fait l’adolescente et l’adulte que nous devenons.
Pour ce qui est d’être une extra-terrestre, je ne pose même pas la question, tu es beaucoup trop enracinée ici sur terre.
@ Caboche : Oh que oui, ton commentaire va si tant tellement beaucoup dans le même sens que mon billet et si ce n'était pas le cas, je serais contente de t'avoir lue et tu aurais eu le droit de le dire quand même! (ici, on a le droit de tout dire, même la vérité!...)
Cet article est très intéressant, d'un bout à l'autre, très éclairant. J'aurais pu copier-coller plusieurs extraits mais j'ai choisi celui-ci que je trouve particulièrement révélateur :
« Les souvenirs qui résistent au temps, sont ceux qui ont un contenu émotionnel ou identitaire très fort, et qu’on va consolider tout au long de notre vie. On se sert de nos souvenirs pour illustrer, expliquer, voire justifier, qui on a été, qui on est, qui on veut devenir : les études scientifiques montrent les liens qui existent entre les souvenirs, et la façon dont on se projette dans le futur. »
On suggère aussi de ne pas trop inonder les enfants de nos photos, bons moments et souvenirs. Ce sont les nôtres justement et eux, doivent se constuire eux-mêmes les leurs pour avoir une identité forte. En tout cas, je l'explique pas très bien mais l'article l'illustre mieux que moi et j'ai compris quelque chose en le lisant.
Un gros merci, Caboche, et comme le dit notre ami Jacks, il y a plein de bonnes idées dans ta caboche!
Bonjour Zoreilles!
Un autre billet touchant qui m'a procuré de bons moments. Un billet qui transporte chacun au pays de l'enfance et permet le partage de beaux souvenirs.
J'ai mis longtemps à revisiter ce pays. Trop douloureux, trop violent. Moi aussi, j'ai des souvenirs à partir d'un très jeune âge, des vrais. Parce qu'enfant j'avais développer une imagination très forte qui me permettait de créer des souvenirs qui n'existaient que dans ma tête et dans mes contes de fées. Boris Cyrulnik appelle ça de la résilience ou on pourrait parler de belle folie comme dans le film italien "La vie est belle".
Je suis d'accord avec Pascale Piolino que les souvenirs d'enfants sont fragiles et malléables. J'ai bien aimé cet article.
Mes vrais bons souvenirs ont fini par émerger du chaos. Ils sont beaucoup reliés à mes grands parents, à mes oncles, à mes ami(e)s.
Je me souviens d'une visite chez mon arrière-grand-père. Nous étions partis de la ville vers la campagne en auto toutes fenêtres ouvertes. Nous étions deux étages de "monde" par banc. Tout le monde chantait et riait. J'avais trois ans et demi. J'avais goûté à des gadelles que j'avais beaucoup aimées. Mon aïeul avait de très, très longs sourcils, j'en avais peur. Et le pire, c'est qu'il crachait dans une "spitoune". Je vais toujours me rappeler. Mais je me souviens d'avoir beaucoup ri.
Je me souviens que ça sentait toujours bon le poêle à bois chez ma grand-mère.
Je me souviens du vrai Père Noël qui m'avait apporter un tricycle rouge et blanc et une poupée noire.
Je me souviens ...
Ici, on a le droit de tout dire, même la vérité comme tu dis, alors je me suis permise.
Effectivement le témoignage de Nathalie Ducharme est vrai et lumineux. Moi aussi j'ai "braillé" d'une aussi forte et belle relation père-fille.
J'espère que tout va bien pour toi.
À bientôt!
xx
Il y a des fautes d'orthographe dans mon texte, ça doit être l'émotion!!!
@ Canneberge : Ah mon p'tit fruit préféré, comme nos « ressentis » d'enfant se ressemblent! Les tiens sont aussi olfactifs quand tu te souviens de l'odeur du poêle à bois chez ta grand-mère. Tu dois toujours aimer les gadelles, n'est-ce pas? Et c'est vrai aussi qu'on peut tasser ce qu'on veut quand ça émerge pour se souvenir plus particulièrement de ce qu'on veut conserver précieusement dans nos mémoires. C'est aussi ça, la résilience!
Quand tu racontes cette virée de la ville vers la campagne, ces deux étages de monde par banc, les chants et les rires, j'ai tout de suite pensé à ton voyage vers ici en nétobus et vers chez toi pour le retour, tu ne devais pas trouver ça aussi pire que bien d'autres personnes qui se tapent souvent le même trajet! ;o)
Si on a le droit de tout dire ici, même la vérité, cette phrase n'est pas de moi, je l'ai trouvée savoureuse depuis la toute première fois que je l'ai entendue dans une chanson de Richard Desjardins, « Y a rien qu'icitte qu'on est ben ».
On n'a pas beaucoup eu le temps de discuter après le film de Nathalie Ducharme mais j'ai bien deviné qu'il nous avait fait le même effet...
Oui, je vais très bien, merci, j'ai enfin atterri sur Terre après ce formidable festival mais ça m'a pris quelques jours, mon cœur était resté là!
Ici, on a le droit de tout dire, même la vérité... en plus les fautes ne comptent pas, on est entre nous autres, des fois on s'emballe dans un élan fougeux, on ne prend pas la peine de se relire avant de peser sur le piton et c'est ben correct, moi j'aime ça de même!
&Canneberge14
Canneberge, ton commentaire est bouleversant. Moi j'avais des amis imaginaires quand ça n'allait pas bien (histoire d'occulter la vraie vie); mais je préfère revisiter mes beaux souvenirs.
Je ne suis pas une personne résiliente, loin de là; je me débrouille au jour le jour, la société étant ce qu'elle est. Je n'ai pas toujours vécu avec mes parents (longue histoire), et mes pires souvenirs sont ceux d'une année passée dans une famille d'accueil (des gens qui ne gardaient des enfants que pour l'argent, comme la voisine de Zoreilles) qui était tout sauf accueillante. Mon frère Denis et moi avons vécu une année infernale, et n'en avons jamais parlé à nos parents.
Mais bon, inutile d'en rajouter...
La vie étant ce qu'elle est il faut faire avec...
@Zoreilles
Juste pour souhaiter, avec un jour de retard, un bon anniversaire à votre ravissante fille Isabelle. En passant, je trouve que ta maman (si fière sur la photo) à transmis bien des gènes à ta fille; elles se ressemblent je trouve. Mais bon, comme je trouve que Félixe te ressemble aussi, c'est ce qu'on appelle avoir un air de famille...
:-DDD
@ Lise : Merci pour tes vœux à Isabelle, notre rayon de soleil a maintenant 27 ans!
Il m'arrive de trouver une certaine ressemblance entre ma mère et ma fille, c'est subtil mais c'est là. Ce qui me frappe le plus, au point de me faire revivre des impressions de déjà-vu à répétition, c'est jusqu'à quel point ma fille et sa fille sont comme deux gouttes d'eau.
En tout cas, quand quelqu'un qui a connu Isabelle jeune voit Félixe aujourd'hui, la réaction est toujours la même : un rire instantané!
Mais quand on passe quelques heures avec elle, on s'aperçoit qu'elle a aussi beaucoup de son Papa. Un beau mélange, ça c'est sûr!
Je ne saurais distinguer ce qui relève du souvenir et ce qui vient de l'imaginaire. L'imaginaire s'alimente de récits, d'anecdotes entendues, de photos, de l'imaginaire pur et des images et sons réels.
Je suis aussi persuadé que certaines images, certaines paroles ou certaines odeurs se sont bien imprégnées en nous lors de notre jeune enfance.
J'ai rencontré des gens ayant perdu leur père ou leur mère alors qu'ils étaient nourissons et qui avaient tellement essayé de se souvenir de leurs parents qu'il avaient créé des personnages fictifs, imaginés à 100%. Dans leur esprit, l'obsession devenait réalité.
Je comprends tellement ces orphelins. Ce doit être horrible de ne jamais avoir de confirmations sur quoi que ce soit.
Grand-Langue
@ Lise
Respect à la mémoire sélective.
Tendres souvenirs et gros bisous.
@ Grand-Langue : On ne saura jamais pourquoi et comment l'imaginaire vient compléter des souvenirs qu'on a emmagasinés, pour le meilleur et pour le pire et que c'est ce qui nous a « construits ».
Dans cet article que nous suggérait Caboche, je n'arrête pas de penser à cette phrase : « Les souvenirs qui résistent au temps, sont ceux qui ont un contenu émotionnel ou identitaire très fort, et qu’on va consolider tout au long de notre vie ».
Ainsi, ceux qui soutiennent que tout se joue avant six ans ont raison?
La mémoire sélective, comme les souvenirs embellis, servent peut-être à équilibrer le tout!
@ Canneberge et Lise : Un petit bonjour en passant!
Je me souviens...
(Tiens, n'est ce pas le début d'un poème que l'on trouve sur les plaques d'immatriculation des voitures québécoises ?).
Je me souviens, donc, de mon noël de 3 ans 1/2. Je revois la veillée et les cadeaux à déballer à minuit : un grand landau que mon père avait fabriqué avec des cageots pour y mettre mes poupées. Je n'aimais pas jouer à la poupée, j'y mettais mon chat, qui lui détestait être coincé sous les draps cousus par ma mère !!
Toujours au même âge, je me souviens de l'arrivée de la télé. Ma mère me disait "tu ranges vite tes jouets et tu auras le droit de regarder les dessins-animés". Pffff, pourquoi les ranger vite puisque la télé est éteinte, les dessins animés ne pouvaient pas commencer. Mais après plusieurs déconvenues, j'ai compris que la télé marchait même si elle n'était pas allumée et à la grande joie de ma mère, je rangeais enfin mes jouets et même ceux de mes frères plus jeunes !!
@ Mijo : Effectivement, l'inscription « Je me souviens » est toujours inscrite sur nos plaques d'immatriculation! Et pourtant...
Ils sont savoureux, tes souvenirs d'enfant. J'en aurais pris encore quelques-uns tellement je reconnaissais en toi la petite fille que tu as été. Tu étais déjà très drôle, touchante, attachante et logique à cet âge là...
;o)
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