lundi 8 novembre 2010

La Marche verte





Photos 1, 2, 3 et 4 : La Marche verte se déroulait ce matin, le 8 novembre 2010, de 10 heures à midi, à Ville-Marie, au Témiscamingue. Cette marche de solidarité s'est organisée en un mois seulement par le comité de mobilisation du Témiscamingue.

La Marche verte

D'abord, il faut connaître un peu le contexte. Le nom de ma région, c'est l'Abitibi-Témiscamingue, je ne vous apprends rien là... Population : 145 000 habitants. Superficie : Un territoire démesuré de 65 143 km/2, aux dimensions d'un pays. En comparaison, le Liban, c'est 10 452, le Rwanda 26 338, la Belgique 30 528, la Suisse 41 290, le Costa Rica 51 500, le Sri Lanka 65 610, l'Irlande 70 280 et ainsi de suite. Pour aller plus rapidement, je dis souvent que ma région est presqu'aussi grande que l'Irlande.

En Abitibi, la base de l'économie, ce sont les mines, les forêts, l'agriculture. Quand la crise forestière secoue tout le Québec et que les difficultés en agriculture deviennent invivables pour les petits producteurs, l'Abitibi peut compter sur les mines pour assurer sa survie. Et c'est ce qui se produit en ce moment.

Pour le Témiscamingue, la situation est bien différente. Avec une population de 16 000 habitants (sur le total de 145 000 mentionné plus haut) répartis dans des petites villes et villages, leur économie a toujours été basée sur l'exploitation de la forêt et ensuite l'agriculture. C'est tout. Ils ne peuvent compter sur aucun autre secteur d'activités que ces deux piliers de leur économie. Voilà le portrait résumé de la réalité témiscamienne.

La Marche verte avait lieu ce matin à Ville-Marie, au Témiscamingue. Elle avait pour but de mobiliser la population pour lancer un cri d'alarme au reste du Québec, se faire entendre par les instances décisionnelles de tous les paliers de gouvernement, pour que certains projets aboutissent enfin, que les lois s'assouplissent et se modulent en tenant compte des particularités et de la réalité que vivent les Témiscamiens.

À la blague, on a expliqué l'appellation de « La Marche verte » pour faire un clin d'oeil à « La Marche bleue » organisée à Québec pour promouvoir l'idée qu'une équipe de hockey vienne s'y installer. Les enjeux diffèrent mais ils sont d'autant plus importants quand la survie d'une région en dépend.

Aujourd'hui, j'étais là, je n'aurais pas voulu être ailleurs. Nous étions entre 3000 et 5000 personnes à marcher dans les rues de Ville-Marie, pour dire qu'on existe, qu'on ne veut pas être oubliés, qu'on aime vivre ici et qu'on est prêts à se mettre en action pour travailler ensemble, peu importe la provenance ou le parti politique auquel on souscrit.

Pour une population de 16 000 habitants au Témiscamingue, quand une marée humaine entre 3000 et 5000 personnes marchent dans la rue en chantant et en dansant sa fierté, son courage, sa volonté et son sens de l'appartenance et de la solidarité, c'est 30 % de la population qui se mobilise et qui y croit avec l'énergie... j'allais dire du désespoir mais il s'agissait plutôt d'espoir. Un espoir aussi vaste et infini que la région, aussi profond que le lac Témiscamingue, nom Algonquin qui signifie en français « eaux profondes ». Imaginez si la température avait été clémente!

Ville-Marie, de chez moi, c'est habituellement 90 minutes de route. Ce matin, c'était plutôt 2 heures à cause du brouillard opaque. Mais nous avons passé l'épreuve, rien ne nous arrête, la région du Témiscamingue ne demande que ça, se prendre en main, se retrousser les manches et aller de l'avant, avec fierté, courage, solidarité et dignité. On n'attendra pas la fin de la crise forestière ou un miracle improbable dans le secteur de l'agroalimentaire pour réagir.

Ce matin, pour la Marche verte, entre 10 heures et midi, ils sont venus de partout mais surtout de tous les villages du Témiscamingue, un peu de l'Abitibi aussi mais pas autant que je l'aurais souhaité... Au Témiscamingue, l'appel a été entendu, près de 400 entreprises étaient fermées pour cette cause rassembleuse, les écoles aussi, les commerces, les services et tout le Témiscamingue convergeait vers ce rassemblement qui faisait chaud au coeur à vivre, à voir et à entendre.

Il y avait longtemps que je n'avais pas vu pareil exemple de solidarité. Traitez-moi d'idéaliste si vous voulez mais j'ai la conviction profonde que ce sont les peuples qui changent les choses, pas les élus. Et le peuple, ce matin, il était là, malgré le froid et l'humidité, la visibilité nulle et la chaussée glissante.

J'ai vu des gens âgés, certains avec une canne, d'autres en fauteuils roulants, des petits dans les poussettes, d'autres sur les épaules de leurs parents, des femmes très belles, les joues rosies par le froid, quelques-unes enceintes, des hommes fiers, de solides gaillards, habillés en ouvrage, on savait où ils iraient après, des enfants qui avaient dessiné des pancartes touchantes (photo 3) des travailleurs ayant perdu leur emploi avec des pancartes de leur entreprise fermée, des agriculteurs avec des manteaux aux couleurs de « production laitière », des adolescents qui se tenaient par la main, qui se lâchaient pas, qui dansaient plus qu'ils ne marchaient, d'autres qui avançaient en battant la marche avec leurs tam-tam, et le moment le plus émouvant a été pour moi d'entendre la foule chanter si tant tellement fort le refrain de Mario Peluso, « Je m'en retourne au, jusqu'au... Témiscamingue », quand on est arrivés en haut de la côte, que je me suis retournée et que j'ai vu cette marée de monde qui s'étendait tissée serré jusqu'au majestueux lac Témiscamingue qui se perdait dans le brouillard.

Ce sont les peuples qui changent les choses, pas les élus.

52 commentaires:

Guillaume a dit…

Noir de monde à V-M !
(entre 3000 et 5000 personnes selon les médias)

Le factotum a dit…

Une autre belle démonstration de solidarité ...

C'est la seule façon qu'on peut se faire entendre et attirer l'attention de ces chers politiciens qui se nourrissent et ne réagissent qu'au nombre de personnes impliquées dans l'action ou la revendication.

Bravo à tous ceux et celles qui se sont déplacés ce matin.

Soisig a dit…

Je me doutais bien que tu serais là! À la télé on disait que c'était comme si 100 000 Montréalais étaient descendus dans la rue!
Je pense comme toi! Seule la solidarité peut nous sortir de l'impasse...

Anonyme a dit…

Tu as le don de raconter toi! Et de transmettre des émotions! Je suis sûre que tu as dû avoir le coeur serré et une petite larme durant cette marche.

Hier soir, avant la publication du texte j'ai cliqué sur les photos, et celle avec les beaux enfants et leur pancarte veut tout dire il me semble. Comment se fait-il que des "élus" (ayant eux-même des enfants) semblent incapables de comprendre un message aussi clair? Serait-ce parce qu'ils vivent à des années-lumière de la réalité du peuple qu'ils prétendent représenter....

N'ayant pas ouvert la télé hier soir, je n'ai pas vu les nouvelles, mais tes photos parlent: vraiment impressionnant de voir tant de gens et j'aime la comparaison de Soisig.

Bonne journée Zoreilles!

Zoreilles a dit…

@ Guillaume : Le chiffre est difficile à établir officiellement mais je t'assure que nous étions plus de 3000. T'as de quoi être fier de ton Témis! C'est ce que je disais hier soir à Crocodile Dundee, natif de Ville-Marie. D'ailleurs, concernant Ville-Marie justement, notre député (circonscription électorale de Rouyn-Noranda/Témiscamingue) racontait qu'il était écoeuré de se faire dire par ses collègues à l'Assemblée nationale : « C'est où, le Témiscamingue? » et « Ville-Marie, c'est à Montréal ».

@ Le factotum : La plus magnifique démonstration de solidarité que j'ai vue depuis longtemps. Les médias nationaux en ont parlé, maintenant il faudra continuer à taper sur le même clou... C'est loin d'être fini...

@ Soisig : C'est même plus que ça, Soisig, 30 % de la population, ce serait plus que 100 000 Montréalais qui descendent dans la rue. Changement de sujet, je reprends la route ce matin dans les mêmes conditions qu'hier (brouillard, chaussée glissante) mais dans une autre direction, la tienne! J'amène ma mère à des funérailles à La Sarre, à 10 h 30 ce matin, un ami de notre famille est décédé, ses enfants sont de mon âge, et après, on pourrait passer dîner au resto à Manon. Je te dis ça de même mais reste chez toi, c'est pas prudent de voyager aujourd'hui... Autrement dit, fais pas ce que je fais, fais ce que je dis!!! ;o)

@ Lise : Mais non, je n'ai pas eu le coeur serré ni la larme à l'oeil. Au contraire, j'avais le coeur gonflé de fierté, de joie, et de l'adrénaline plein mes veines. Ça fait un bien énooooooorme de constater que la solidarité existe toujours dans ces petits coins de pays, ça nous change de l'indifférence, du désintérêt et du cynisme ambiant. Être là hier, c'était comme sniffer du gaz d'avion! Pas le temps de brailler, faut se retrousser les manches. Quant à nos politiciens, ce n'est pas pour les défendre à tout prix, mais même en étant au fait de tous les dossiers, quand tu représentes une population si peu nombreuse, t'as beau être élu, t'as pas de pouvoir. Ils ne font pas ce qu'ils veulent, tu sais, les lois sont faites pour la masse et ne tiennent jamais compte des particularités, des exceptions.

Zoreilles a dit…
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Anonyme a dit…

Zoreilles,

je me suis mal expliqué; je voulais dire le coeur serré d'émotion de voir tant des gens rassemblés, de tant de solidarité juatement. Bon je pense que je devrais aller sniffer du gaz d'avion...

P.-É. Larivière a dit…

Comme j'aurais aimé participer à cette manifestation de solidarité.
Le Témiscamingue, ma terre natale, souffre depuis des années du départ de sa jeunesse vers des emplois qu'on n'a pas créés ou conservés au Témiscamingue.
Et laisse moi te dire que tu sais très bien défendre dans tes écrits les intérêts de toute cette région du nord-ouest du Québec. Bravo!

Fitzsou, l'ange-aérien a dit…

Je ne te connais pas beaucoup, mais mon Dieu que participer à une telle démarche te ressemble! J'ignorais que cette activité se tenait... Le Témiscamingue est cher à mon coeur. J'aime ses grandes étendues, sa verdure en été, son calme en hiver... J'aime les petits camps de la Bannick... J'aime aller croquer un chocolat à la chocolaterie Martine... Ouin... avoir su...

Soisig a dit…

T'es drôle Lise, hihihi!

Zoreilles, je viens d'ouvrir l'ordi, trop tard! ;)
C'est tellement beau aujourd'hui! Un paysage féérique encore une fois avec les ptits rayons de soleil qui percent de temps en temps. Et mon appareil photo qui est foutu... grrrrrrr

C'est un voyage "obligé" et tu n'as pas le choix! Les routes sont super belles en pm, mais il est vrai qu'à 8h ce n'est sûrement pas pareil, hihihi! xox

Lise a dit…

@Soisig

Ouais! Et en plus je me suis doublement mal exprimée; quand je parlais des élus je voulais évidemment parler des ministres qui en fin de compte prennent les décisions (si je ne m'abuse); c'est ça quand on parle à travers son chapeau....et qu'on ne connait pas grand chose à la politique.

Zoreilles a dit…

@ Lise : Tu n'avais pas tort, Lise, les élus, ministres ou députés, sont parfois très débranchés dans leurs préoccupations de la vie quotidienne du monde ordinaire. On dirait qu'à force de jouer dans l'économique et dans le politique, ils en viennent à oublier que ces dossiers-là, ces chiffres-là, ces décisions-là, ça raconte des drames humains parfois, des histoires qui pourraient connaître un autre dénouement si on le voulait vraiment. Moi aussi, je me demande parfois s'ils ont déjà connu des pertes d'emploi, des enfants malades, des garderies en grève, des parents âgés abandonnés par le système. Ceux que je côtoie ne connaissent rien de ce que je viens de nommer. Et puis surtout, Lise, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse ici, on jase entre amis... ♥

@ P-É Larivière : J'aime les Témiscamiens, d'ailleurs, j'en ai épousé un! Dans la Marche verte, hier, j'aurais voulu que les médias nationaux rendent compte d'une chose, la plus essentielle, à mon avis et d'après ce que je discutais aujourd'hui avec un ami, ça n'a pas été compris. Les Témiscamiens ne quémandent pas d'argent ni de subventions, ils veulent que certaines lois qui bloquent leur développement et leurs initiatives se modulent et s'assouplissent en fonction de nos particularités régionales. Un exemple? Il est plus facile de faire du commerce international que de vendre sa production de l'autre côté du lac, dans le Nord-Est ontarien. Les exemples foisonnent. Malheureusement, les médias ont compris ce qu'ils voulaient et ils ont diffusé un tout autre message. Ton commentaire m'a fait très très très chaud au coeur. Oui, je l'aime ma région, d'un bout à l'autre, comme j'aime le Québec, dans chacune de ses régions.

@ Fitzsou : Il y avait une telle ambiance! D'ailleurs, le proprio des Chocolats Martine, aussi maire de Ville-Marie, m'a fait un beau geste de la main et un grand sourire au moment où je prenais une photo mais ne le cherche pas, je n'ai pas publié celle-là! La Bannick, juste le nom de cet endroit me fait rêver... Tant de beaux souvenirs, des retrouvailles avec la famille de Crocodile Dundee. Il faut aller sur l'une des terrasses un beau soir d'été et regarder les voiliers passer sur le lac Témiscamingue dans le soleil couchant... Tu te pinces pour être certaine que tu rêves pas!

@ Soisig : C'était un tout autre paysage au retour cet après-midi : soleil éclatant, ciel dégagé, fraîcheur sans humidité... Que c'était beau encore l'Abitibi-Ouest. Mais ce matin, très tôt, je t'assure, je voulais pas énerver ma mère, je faisais semblant de rien mais il y avait une brume à couper au couteau et plus j'allais vers le nord, pire c'était.

Zoreilles a dit…
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Solange a dit…

J'ai vu cette marche à la télévision, c'était impressionnant de voir tout ce monde. J'ai pensé à toi en voyant ça.C'est une belle initiative et j'espère qu'elle portera fruit. Bravo à tous.

Anonyme a dit…

Zoreilles,

merci!

Soisig a dit…

Lise, mon "t'es drôle" s'adressait à ta phrase "Bon je pense que je devrais aller sniffer du gaz d'avion...".


Ouin, nos mères n'aiment pas les déplacements en hiver (je repars avec elle et mon frère pour un suivi à Montréal la semaine prochaine... JE mets les bouchées doubles pour le journal. ;)

Zoreilles a dit…

@ Solange : Nous espérons tous que cette marche porte ses fruits. Déjà, d'avoir attiré l'attention, c'est un premier pas!

@ Lise et @ Soisig : ♥ et ♥

crocomickey a dit…

Je connais un ti-peu ce coin pour y être passé ya un quart de siècle. Me rappelle que c'est pas comme la Bitte. Beaucoup plus de feuillus et de jolies petites montagnes. On y avait booké nos deux spectacles à Ville-Marie et Témiscamingue. Beaux souvenirs. Hé oui, faut que les gens s'organisent. C'est sûrement pas Charest qui va le faire comme avec ses reproches aux parents des enfants décrocheurs. Et le fédéral pourrait aussi faire son effort pour les forestiers comme il l'a fait ailleurs !

Zoreilles a dit…

@ Crocomickey : T'as le flair, mon cher, effectivement entre l'Abitibi et le Témiscamingue, il y a cette autre différence, la végétation n'est pas tout à fait la même, ça change le paysage. Le Témis est franc sud, ça ressemble à l'Outaouais. Les gens du Témis sont habitués d'être créatifs et de trimer dur. La crise forestière leur fait très mal et en agriculture, les lois québécoises ne leur conviennent absolument pas, elles sont faites pour les méga productions près des grands centres.

Ren a dit…

Merci pour ce rapportage sur un très bel exemple de solidarité. Que vive la région d'Abitibi-Témiscamingue ! Amicalement

Anonyme a dit…

Beaucoup de gens rassemblés, mais derrière quoi? Je me suis posé la question.

Les médias ont parlé du grand nombre de gens réunis mais personne ne m'a dit pourquoi exactement ils manifestaient. Les bulletins de nouvelles (que je n'écoute qu'à la radio) n'ont fait allusion à aucun projet précis, qu'à des généralités pouvant s'appliquer à plusieurs régions.

À Québec, les gens rassemblés demandaient de l'argent pour un rond de glace. Tout le monde a compris ça.

Que veut le Témiscamingue exactement?

Faut pas trop espérer du gouvernement, y'a beaucoup de gens en ligne. Les élus peuvent parfois supporter des initiatives, des entrepreneurs. Il y a sûrement des initiatives, des idées, des actions concrètes.

Je pense que cela toucherait d'avantage les gens du sud qui préfèrent entendre parler de projets précis. Il existe certainement des initiatives inspirantes.

Sur 16,000 personnes, j'imagine que 12,000 d'entre elles ont droit de vote. C'est le tiers de ma petite ville!

Je crois que tout est à faire.

Y a-t-il du gaz dans le sol?

Accent Grave

Delphinium a dit…

Bonjour... C'est vrai que j'aurai bien voulu voir cela mais de vous lire, c'est presque comme si j'y étais, je comprends votre émotion, une marée humaine pour une marche verte, une belle note d'espoir.
Je partage entièrement votre opinion. Ce sont les peuples qui peuvent faire changer les choses, mais n'oublions pas une choses, ce sont les peuples qui élisent les élus...
Merci pour le partage et au plaisir de vous lire à nouveau.

Zoreilles a dit…

@ Ren : J'aurais tellement souhaité que nos gouvernements aient votre ouverture et remarquent la même chose que vous... L'Abitibi-Témiscamingue va vivre et se développer, nous n'avons pas de doute, mais le Témiscamingue n'a pas les mêmes ressources que l'Abitibi, leurs villages se dévitalisent, l'exode de la jeunesse est un phénomène bien réel et ce qu'ils connaissent comme problèmes, toutes les régions sont susceptibles de les connaître aussi.

Zoreilles a dit…

@ Accent Grave : Je n'en attendais pas moins de vous... Vous posez tout à fait les bonnes questions. J'avais tenté d'expliquer les raisons de cette Marche verte dans mon billet

« ...se faire entendre par les instances décisionnelles de tous les paliers de gouvernement, pour que certains projets aboutissent enfin, que les lois s'assouplissent et se modulent en tenant compte des particularités et de la réalité que vivent les Témiscamiens.»

mais mon langage est plus social que politique, ça manque de concret. Je ne suis pas journaliste, moi, j'avais le droit. Les médias ont fait la même chose que moi. J'en discutais mardi avec un ami sociologue et nous en arrivions aux mêmes conclusions que vous : une solidarité sans précédent, d'accord, mais derrière quoi? Ça, les médias n'en ont pas parlé et on trouve ça terrible.

Parmi la foule qui marchait dans les rues, une multitude de pancartes énormes brandies par beaucoup de personnes qui soutenaient ces projets bien concrets, trop nombreux pour vous les mentionner tous mais en voici deux :

Pour contrer la crise qui sévit en foresterie, des projets de deuxième et troisième transformation du bois sont prêts à voir le jour mais des technicalités administratives et politiques les empêchent de débloquer. Ce qui manque? Une volonté politique.

En agriculture, les Témiscamiens n'ont pas le droit de faire des affaires avec les abattoirs tout près de chez eux, de l'autre côté du lac Témiscamingue, en Ontario. Ils doivent faire abattre leurs boeufs, agneaux, porcs, poulets, dans le sud de la province de Québec (je ne me souviens plus de l'endroit exact) et que la viande revienne ici pour être vendue. Vous imaginez les frais qui sont associés à ça? Il ne reste plus rien pour le producteur.

Le Témiscamingue ne demande pas d'argent ni de subvention, ils savent très bien que par les temps qui courent... Mais en attirant l'attention sur eux, ils espèrent que les élus se sentiront interpellés, qu'ils auront le réflexe de débloquer ce qui doit l'être pour que de nombreux projets aboutissent enfin.

Plusieurs Témiscamiens ont le droit de vote en effet, ça s'exprimera différemment selon chacun mais nous n'avons pas le temps d'attendre.

Non, pas de gaz de shiste au Témiscamingue, enfin, pas qu'on le sache. Pas d'or non plus. Pas la force du nombre. Que de la débrouillardise, du coeur à l'ouvrage, de la jarnigoine et une formidable solidarité.

Zoreilles a dit…
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Zoreilles a dit…

@ Delphinium : Bonjour et bienvenue ici. Si la Marche verte au Témiscamingue a pu attirer l'attention des médias pour une fois, des gens en général, de nos gouvernements, c'est déjà quelque chose en soi, la plupart ne savaient même pas que le Témiscamingue existait. Notre député se fait souvent demander : « C'est où, le Témiscamingue? » et dans le meilleur des cas, on confond le comté de Témiscamingue avec celui, plus connu, du Témiscouata. Loin des instances décisionnelles, des médias nationaux, de l'Assemblée nationale et des préoccupations quotidiennes des gens des grands centres, nous n'avons pas d'autres choix que de crier qu'on est là et que de compter sur notre solidarité. Merci beaucoup pour votre commentaire.

Zoreilles a dit…

@ Accent Grave : Mais oui encore... C'est parce que je viens de penser à quelque chose...

Regardez ma photo 2, c'est celle qui répond le mieux à votre question. Chaque pancarte représente un projet, chaque projet est générateur d'emplois, de nombreux emplois. Ça, c'était très concret.

Les élus d'ici connaissent ces noms par coeur, Parc Opemican, Tem-Lam, Tembec, Forêt de chez nous, Abattoir du Témiscamingue et bien d'autres. Ce n'est pas que je veuille les défendre à tout prix mais ils se butent eux aussi à l'indifférence de ceux qui nous gouvernent.

En ce sens, ce que la Marche verte mettait de l'avant, c'était une solidarité constructive, bien au-dessus des partis politiques en place et on a insisté là-dessus, c'était tous partis confondus, tous paliers de gouvernement confondus, municipaux, provincial, fédéral.


.

Guy Vandal a dit…

Très bon billet ma chère Zoreilles.

Il ne reste qu'à espérer que cette marche serve à quelque chose!

Zoreilles a dit…

@ Guy : Merci beaucoup. La Marche verte sert déjà à quelque chose, puisqu'on a réussi à rallier des gens de différents horizons (foresterie, agroalimentaire, socioéconomique, politique, touristique, santé et services sociaux, etc. ) autour du même objectif, faire travailler ensemble des responsables de divers organismes et s'asseoir à la même table des personnes de tous les partis et tous les paliers de gouvernement.

Si on n'en parle plus dans les médias nationaux depuis lundi soir, on en parle à chaque jour au régional depuis. Ça brasse des affaires, ça crée des alliances, ça réveille du monde. Des annonces sont imminentes, les choses bougent.

Je donnerais la première étoile du match à Arnaud Warolin, préfet de la MRC du Témiscamingue, idéateur et grand rassembleur du comité de mobilisation du Témiscamingue, cet organisme de concertation à qui j'attribuerais la deuxième étoile, ils se la partageront. La troisième étoile, je la donnerais à la population du Témis. et aux presque 400 entreprises et commerces qui ont fermé lundi, entre 10 h et midi, pour faire partie du mouvement et libérer leurs employés pour la Marche verte.

Martine Falgayrac a dit…

Vous êtes toujours si agréable à lire Zoreilles ! En même temps, j’apprends beaucoup sur votre région, votre immense région au nom étrange, et sur ses habitants dont vous décrivez l’énergie et la volonté. Quelle leçon ! Alors bien sûr j'espère aussi qu’un maximum de leurs projets pourront aboutir…

Zoreilles a dit…

@ Martine : Merci beaucoup pour « votre p'tit mot » qui me va droit au coeur. Votre goût de la découverte de ma région et votre ouverture en général vous valent de figurer maintenant dans ma liste des blogues-amis où je viens de vous ajouter, ce que j'aurais dû faire dès le départ pour pouvoir vous visiter fidèlement, et retrouver ce plaisir de vous lire, bien réciproque, je vous assure.

Jackss a dit…

Bravo Zoreilles!

Lorsque j'ai vu le reportage de la manifestation au bulletin de nouvelle, je n'ai eu aucune surprise.

Je ne suis passé que deux fois en Abitibi, mais à te lire régulièrement, j'ai l'impression d'y avoir déjà vécu. Tu m'as appris à aimé et ardmirer toute l'énergie et la fierté de ton univers.

Lise,

Je te le redis: j'aime ton écriture. Quand tu as parlé des émotions que Zoreilles avait dû sentir, j'éproouvais aussi le même sentiments. Quand tu as parlé des enfants sur la photo, je suis retourné les voir et j'ai souri.

Jackss a dit…

Encore un fois,

excusez mes fautes de français. Je me relis toujours après avoir pesé sur le piton pour transmettre. Et ça me donne des leçons d'humilité.

Mais il me reste assez d'orgueil pour revenir vous dire que je m'en suis aperçu. Il y a même une coupe de phrases que j'aimerais retourner autrement...

Et j'ose espérer parfois que Zoreilles lis au son.

Jackss a dit…

Une coupe?

Tabarnouche!

Zoreilles a dit…

@ Jacks : T'es vraiment impayable, toi! Ton sentiment d'appartenance à ma région s'est intensifié depuis que tu habites la Côte Nord, il me semble, et c'est probablement parce que nous avons beaucoup en commun avec cette région. Tu espères que je lise les commentaires au son? Mieux que ça, mon cher ami, je lis tous les commentaires avec mon coeur!!! Les mots manquants, les fautes de frappe, de grammaire ou d'orthographe disparaissent comme par enchantement, mes yeux ne les voient que lorsque je travaille.

Ta couronne te va à ravir, particulièrement ce soir, tu seras toujours le roi, oui, le roi des impayables!

Anonyme a dit…

»Zoreilles

J'espérais que tu en parlerais car effectivement les raisons motivant cette marche n'étaient pas claires, vu d'ici. Je comprends mieux maintenant.

Ça démontre que les gens ont eux, plein d'idées pour en créer de l'emploi. C'est bien beau à voir.

Il me semble que les agriculteurs demandent le droit de faire abattre en Ontario parce que c'est plus proche, non? Pourquoi eux, n'ont-ils pas le droit de se créer un abattoir coop qui lui répondrait aux normes? Encore quelques emplois et au Québec et non à l'extérieur. Je me trompe-t-y?

Une question corollaire et si le peuple allait davantage voter et votaient de manière à exprimer ce qu'ils pensent? Imagine un peu un soir d'élection où tous les votes seraient des annulations. Je rêve, oui, je sais, mais bon.

»Lise

Tiens! J'ignorais que les avions expulsaient des gaz hilarants! C'est que tu es accroc à la rigolade, hein?

Zed ¦D

s.m. a dit…

Very good blog !I'll follow it up and read in the future. Thanks

Zoreilles a dit…

@ Zed : La question de l'abattoir au Témiscamingue se pose très bien et d'ailleurs, ce serait utile également pour l'Abitibi. Je ne connais pas beaucoup ce dossier mais il a été sur la sellette pendant des mois et des mois, des promoteurs d'ici se battaient pour ça, en respectant toutes les normes de l'industrie mais c'était apparemment d'une complexité terrible, le MAPAQ était mêlé là-dedans et ça ne s'est pas fait en fin de compte, le projet est mort dans l'oeuf. En Abitibi, après ça, une autre équipe avait mis sur pied un abattoir mobile qui pouvait se déplacer d'une ferme à l'autre et là encore, ça n'a pas été possible de continuer. J'avoue ne pas bien connaître ce dossier-là mais ma perception, c'est qu'ils ont tout essayé avec le résultat qu'en Abitibi comme au Témiscamingue, il faut que les producteurs bovins et autres aillent faire abattre leurs animaux à des distances incroyables de chez nous. Pour le Témis., l'Ontario, c'est juste de l'autre côté du lac... Le Nord-Est ontarien, ici, c'est la voie naturelle, le sentier battu, le voisin qui vit la même réalité que nous, avec lequel on fait des échanges et de bonnes affaires...

Les votes... C'est tout ce qui nous reste pour exprimer quelque chose... une fois aux quatre ans. Et chacun a ses idées là-dessus, ça va dans tous les sens. Annuler son vote, ça fait peut-être du bien sur le coup, une journée ou deux, mais après, qu'est-ce qu'on fait?

Ici, les problèmes se règlent et les choses avancent bien souvent en dehors des sphères politiques. Sous cet aspect, je nous trouve encore des pionniers, des aventuriers, des débrouillards, des rebelles, des inventeurs de pays!

Anonyme a dit…

@Jacks

Merci pour tes gentils mots; moi aussi j'aime ton écriture, et les fautes de frappe, d'orthographe je m'en balance, tout comme Zoreilles. J'en fais aussi, et en essayant de les rattraper, ne fais qu'attirer l'attention sur elles. Ici, comme elle le dit si bien, nous sommes entre amis; il n'y a pas de règles (sauf celle du respect), pas de jugements et pas de critiques blessantes.

Et ton immense culture apprend toujours quelque chose de nouveau à chacun, à moi en tout cas...

:)

@Soisig et Zed

Le pire c'est que je ne voulais pas faire de l'humour en parlant de "sniffer du gaz d'avion"; c'est une expression, empruntée à Zoreillet, et qui pour moi signifie sortir hors de soi-même, de ses limites, avoir l'impression de participer à quelque chose d'important, de vibrer au rythme de l'univers au lieu de se sentir isolé. Autrement dit de vivre vraiment, grâce à une gigantesque poussée d'adrénaline, au lieu de simplement exister. Quelque chose qui donne des ailes quoi!

C'est ainsi que je ressens l'expression, mais c'est peut-être différent pour Zoreilles...

Anonyme a dit…

Parlant de faute de frappe, ZoreilleS...

Anonyme a dit…
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Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

♥♥♥♥ Je t'aime en vert, Zoreilles, même si mes coeurs ne sont pas de cete couleur!

Merci pour ce magnifique billet, ma belle Abitibienne, et pour cette descrption si vivante de ton peuple que j'apprends à connaître à aimer profondément, grâce à toi!

Merci aussi de tes récentes visites chez moi.

Je t'embrasse fort et t'aime gros!

Ta Rosie

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

descrption??? Ke cé ça, calvince? Je rejoins les propos de notre belle Lise en matière de fautes de frappe! ;)

Zoreilles a dit…

@ Lise : T'as tout compris de l'expression « c'est comme si j'avais sniffé du gaz d'avion ». Je choisis cette partie de ta définition « une gigantesque poussée d'adrénaline ». Autour de moi, on dit ça souvent alors j'en abuse, on dirait que ça colore le langage ou bien, ça l'asaisonne. Le plus grand coloriste du langage que j'ai connu, c'était mon père. Je pense souvent à lui, mais il utilisait plus de termes marins que de termes aériens!!! En deuxième lieu, Crocodile Dundee est assez coloré, merci... Disons qu'avec les hommes de ma vie, les journées n'ont jamais été drabes!!!

@ Rosie : Tu m'aimes en vert aujourd'hui? C'est vrai que je t'en fais voir de toutes les couleurs! Pourvu qu'on s'aime... ♥

Marico Renaud a dit…

Ce sont les peuples qui changent les choses, pas les gouvernements! Tout à fait d'accord! L'Abitibi-Témiscamingue trace la voie aux autres régions du Québec. Parce que vois-tu si on compte sur nos gouvernants actuels, on est cuits!
Il ne faut surtout pas oublier de taper et retaper sur le clou!
Merci pour l'exemple!

Barbe blanche a dit…

Il est certain, que le jour où la population conprendra la puissance de son pouvoir, il n'y aura plus un seul politicien qui pourra lui résister, pas un seul gouvernement qui pourra lui passer un sapin, même décoré...
Aux barricades citoyens, l'heure de la révolution est proche...( Ben, un gars a le droit de rêver un tit peu...)

Zoreilles a dit…

@ Marico : Les élus ne fonctionnent qu'à la pression de l'opinion publique, comme on dit souvent « ils gèrent aux sondages »... Un autre bon point, c'est que la Marche verte a obligé des organismes, des ministères, des citoyens, des élus, à s'asseoir à la même table et travailler dans le même sens plutôt que chacun de leur côté. La présidente de Solidarité rurale, Claire Bolduc, une fière Témiscamienne, a dit elle aussi qu'on allait inspirer d'autres régions du Québec. Pour ma part, je trouve que n'importe quoi est mieux que de baisser les bras et se résigner!

@ Barbe blanche : Je crois beaucoup, moi aussi, à l'action citoyenne et son pouvoir politique qui nous échappe si l'on se décourage et se démobilise comme on serait tentés de le faire. Ils marchent à la pression, nos élus? On va leur en mettre plein la vue! Plein les rues! Vive la révolution quand elle se fait de manière concertée, stratégique, solidaire et efficace.

Joce a dit…

Salut
Bravo pour son indéfectible support aux enjeux de chez-nous (Abitibi-Témiscamingue)
Je suis moins présent sur ton blogue, mais tu sais que je lis tout....je me concentre, ces temps-ci à bien faire connaître notre belle patrie au gens d'ici....Lévis/Bellechasse.

Qu'est-ce qu'il est parfois difficile de tuer les préjugés?.

Missionnaire "Joce"

Zoreilles a dit…

Salut cher p'tit frère missionnaire à l'étranger! ♥

Très heureuse de savoir que tu me lis encore et qu'on carbure à la même fierté régionale, notre sentiment d'appartenance est aussi « pas-tuable » que les préjugés qui courent encore et toujours sur notre région!

Mets-en que les préjugés sont tenaces, on en vient à se demander qui c'est qui alimente tant de sornettes et de clichés...

Mais ce soir, j'ai une bonne nouvelle à partager avec toi. C'est déjà un premier résultat à la Marche verte, la nouvelle est sortie aujourd'hui. Juste un premier pas, d'autres suivront, j'ai bon espoir.

http://www.radio-canada.ca/regions/abitibi/2010/11/15/002-temiscamingue_relance_fonds.shtml

En avant les as, Aaaaatomas!

Mijo a dit…

Alors, est-ce que les élus semblent avoir entendu et surtout avoir compris la population dans la rue ?

Zoreilles a dit…

@ Mijo : Les élus d'ici marchaient dans la rue avec la population. Quant aux dirigeants des gouvernements, provincial et fédéral, ils sont restés sourds et muets! Mais c'était prévu.

Ce qu'on a gagné surtout, c'est la solidarité et la fierté exprimée avec force pour ce coin de pays, ce qui a permis une meilleure concertation des efforts des gens en place. Ça donne déjà des résultats.

J'aime beaucoup ta question, Mijo...

Anonyme a dit…

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