lundi 21 janvier 2008

La chaleur de l'amitié... à - 35 degrés



Deux photos prises hier après-midi, au bout du lac Dufault, par moins trente-cinq degrés, peut-être moins trente-neuf, je sais pas trop, quand on aime, on compte pas! La pêche blanche, chez nous, au bout de notre lac, est plus qu'une activité hivernale. C'est un lieu de rencontre et d'amitié, une chaleur immense dans la froidure de l'hiver.

J'aurais voulu vous parler d'amitié mais le sujet est trop vaste, il m'émerveille et je suis consciente, à ce chapitre, d'être née sous une bonne étoile... J'en aurais trop long à dire sur la place importante que ça prend dans ma vie. Je vous raconterai plutôt notre dimanche à la pêche blanche, avec nos amis, Gilles et Martine, qui sont... vraiment... tellement des amis, je dirais même comme de la famille.

Nous habitons sur le bord du même lac depuis à peu près le même temps. Nous nous sommes connus quand nos filles (qui sont toujours des amies, des soeurs, des compagnes de voyage et des co-locs) étaient en maternelle ou en première année, parce qu'on s'impliquait comme parents dans les activités de leur petite école. Le coup de foudre amical avait été instantané et on n'a jamais arrêté depuis de découvrir des qualités et des forces vives chez nos amis, leurs trois enfants, dans leur façon d'être et de vivre, de partager les bons moments et les passions communes, de constater leur amour de la vie et de la nature, célébrer les petites victoires, ou simplement le solstice d'été, d'être là dans les moments moins joyeux, les chagrins et les deuils. Toutes les raisons sont bonnes pour s'improviser un souper de Gaulois, une veillée autour du feu, une partie de volleyball de plage, une tournée des îles, une récolte de bleuets, un mini voyage, une sortie nature, un ti verre de drigne en ville le vendredi soir, bref, nos vies se croisent et s'entremêlent, dans le plus grand des respects, depuis longtemps et pour toujours...

Pour des raisons que nous comprenons et parce qu'un géant se meurt, nous nous sommes perdus de vue depuis décembre dernier. Gilles et Martine nous manquaient et nous savions que c'était réciproque. Vendredi soir, quand ils nous ont donné rendez-vous, nos retrouvailles ont été un tel bonheur... Tellement que nous avions planifié pour dimanche matin, au bout du lac, une rencontre à la cabane à pêche. Est-ce que nous allions nous priver de ça à cause du froid glacial? Notre amitié est bien au-dessus de ça!!!

Habillés chaudement, des petites surprises à bouffer dans nos sacs à dos, une bonne bouteille de rouge, nos coupes incassables (qu'ils nous ont offertes en cadeau vendredi soir en nous précisant : « Vous savez ce que ça veut dire, hein? ») mon numérique dans son étui sur mon ti coeur, dans mon trop grand manteau de duvet (souvenir de Papa) on avait oublié qu'il faisait si froid. Pas grave, on allait rentrer se réchauffer dans la cabane plus souvent. À travers les vitres givrées, on allait surveiller nos lignes et continuer à faire la mise à jour de nos vies qui vont trop vite.

En prime, comme un bonheur n'arrive jamais seul, nos filles, qui avaient eu vent de l'affaire et qui n'ont peur de rien, sont venues nous rejoindre à la cabane, parce qu'elles sont ultra débrouillardes, qu'elles n'ont pas froid aux yeux (!) et qu'elles n'auraient manqué ça pour rien au monde. Là, quand elles sont apparues, les vitres de la cabane ont commencé à dégivrer pas mal!

On était heureux d'être ensemble. Simplement. On a ri. On a été plus sérieux aussi. On mettait une bûche de temps en temps dans le petit poêle, on se garochait dehors quand une ligne descendait, on se faisait voler des ménés à tout bout de champ, on remplaçait les appats, on dégageait la glace des trous de pêche avec la cuillère à trous, c'était presque du travail à temps plein hier, mais on allait et on venait à notre guise, dehors et dedans, au gré du vent, dans la plus grande liberté, souvent dans le silence, avec juste des sourires. Ouais, on était bien. Juste bien mais totalement bien. On aurait pu se dire qu'on s'aimait mais c'est pas trop notre genre et puis, on n'en sentait pas le besoin, ça nous semblait très évident qu'on s'était ennuyés les uns des autres. Au risque de me répéter, j'écris encore cette phrase de Maman : « Ce qui ne s'exprime pas s'imprime... »

Nous sommes repartis en fin de journée, dans le soleil couchant, chacun vers son rivage, en nous souhaitant une belle semaine. Nous avons pris deux brochets mais même si nous étions revenus bredouille, ça aurait été quand même la journée la plus merveilleuse de l'hiver. Et je n'ai jamais eu froid... pas plus que Gilles et Martine, Crocodile Dundee, Isabelle et Audrey, Martin et son cousin Émile.

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ben là, je te trouve courageuse. Passer la journée sur le lac, hier... Chez moi, même le mercure de mon thermomètre voulait rentrer dans la maison tellement il faisait froid :-)

gaétan a dit…

Je ne te le répètes jamais assez zoreilles comment je trouves que tu écris bien. Les images et les impressions sont telles que même si je n'y étais pas j'y étais pareil.
Mais c'est vrai que c'était frette pareil hier et aujourd'hui et quand je sais mon fils parti dans les bois en ski-doo par des temps pareils je ne peux que prier que le gaz gèle pas ou qu'il ne se produit pas de problèmes mécaniques..

crocomickey a dit…

Merci. Tu m'as fait grand bien aujourd'hui. Comme une session de repos dans l'âme.

Anonyme a dit…

à -10 t'as pleins d'amis
à -20 t'as moins d'amis
à -30 ce sont tes vrais amis
à -40 t'es mieux Ami-Ami

Zoreilles a dit…

@ Henri : C'est pas du courage, c'est de l'amitié! Tu veux me tester lors de notre prochain « café annuel » ? Si j'y vais par une journée chaude et humide, à plus de 30 degrés, tu seras convaincu que t'es tout un ami?

@ Gaétan : T'es trop gentil... On sent nos enfants plus vulnérables que nous, c'était pareil pour nous hier, quand nos filles n'étaient pas encore arrivées, on regardait tout le temps vers le large...

@ Crocomickey : Maintenant que t'as retrouvé tes lunettes, tu m'écris de si jolies choses. Tu me fais grand bien aussi, très souvent, chez vous ou chez nous!

@ Poëte du Dollarama : Heille, mon frère, je t'ai reconnu! Placer poète et Dollarama dans la même phrase, y a juste toi pour faire ça. En plus, ton attirance pour les chiffres t'a trahi. T'en mets vraiment partout. Aussi, tu me parles de Miami, ce premier voyage qu'on a fait ensemble en... 1986?

@ Modotcom : Ouais, on serait amies, j'en suis certaine, c'est ce que je me dis aussi. Mais on l'est, n'est-ce pas?

Anonyme a dit…

Tu as dit quelque chose qui me rejoint tout à fait. Je pensais justement revenir là-dessus chez moi et je vais le faire bientôt. Il s'agit du respect.

Pas de respect, de soi, de l'autre, pas d'amour, peu importe sa forme. Une fois que c'est là, avec des valeurs de base communes, on n'a plus qu'à... aimer et prendre l'amour offert. Et observer jusqu'où ça va!

Une grande chaleur qui monte de tout l'être, une sorte de moment magique où se combinent le cerveau et tout le corps, une sensation d'harmonie, de bien-être au-delà des mots, sentir que l'on nous fait du bien, que l'on peut en faire aussi à l'autre, si ce n'est pas de l'amitié, ça, je ne sais pas comment je m'appelle.

Ce n'est pas toujours aussi grand que ça, mais ça apporte toujours quelque chose, et du mieux.

J'aime bien le petit mot d'Henri, au sujet du mercure qui veut rester das la maison. C'est très joli et rigolo.

Et je saisis si bien quand tu parles de regarder le large...

J'aime ce billet, Zoreilles.

Zed

bibconfidences a dit…

Tu devrais voir ici comme les gens ont peur du froid zoreilles....il fait -13 et ça claque des dents en entendant ça...Ça me fait toujours rire. -13 c'est une belle température pour aller marcher! Le son commence juste à changer à -13, on commence un brin à entendre craquer et parfois on voit même une petite buée...
Ils ne savent pas vraiment ce qu'est le froid qui blanchit le moindre petit poil dans le visage ou qui fait résonner nos voix comme des tintements de cloche. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent!
Quant à vous, quelles belles journées vous avez sur votre lac gelé. J'ai bien aimé lire : Quand on aime on ne compte pas à propos du mercure :-)

Anonyme a dit…

Même à - 35 degrés c'est agréable cette escapade sur un lac gelé. Les mots deviennent vivants sous ta plume, on a l'impression d'être là, avec vous tous. Pas de chicanes, pas mots inutiles, juste la chaleur d'une amitié vraie. À se demander comment la glace peut y résister...

Solange a dit…

L'amitié quelle belle chose, on en oublie le froid.

Zoreilles a dit…

@ Zed : Contente que ça t'ait plu, Zed! ;o)

@ Bibco : Je crois qu'il y a une différence entre un -13 ici et un -13 près du fleuve. Notre froid est sec, rigoureux, il se supporte mieux. Ici aussi, il y en a qui ont peur du froid, en fait, les gens de partout, quand ils vivent trop dans le béton, se mettent à avoir peur de tout ce qui est naturel. C'est universel, tu sais!

@ Lise : Merci Lise, oui, je pense que tu y étais, tu es sensible à tout ce qui n'est pas chicanes et mots inutiles. Comment la glace peut résister à cette douce chaleur? Parce qu'elle avait une épaisseur de 20 à 24 pouces! ;o)

@ Solange : Oui, l'amitié... Quasiment aussi beau que l'amour!

voyageuse du monde a dit…

alors on parle de choses vraiment sérieuse, en tout cas pour moi aussi: l'amitié. Elle peut nous amener nos plus joies comme nos plus grandes peines aussi. Dernièrement, j'ai réalisé bien choses concernant l'amitié. Surtout qu'elle doit être dans le respect et aussi jamais à sens unique. Parfois, on pense que parce que les gens nous font confiance, qu'ils ont besoin de nous, ce sont nos amis. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Comme tu dis, l'amitié, c'est fait d'échanges, de petites choses qu'on vit ensemble et qu'on se rappellera toujours, de grandes conversations pour dire pleins de choses importantes ou tout simplement pour ne rien dire, de sourires, de rires et de fous rires.
Bref l'amitié partagée, c'est un cadeau.

Anonyme a dit…

Magnifiques ces photos! Quelle belle escapade!

Je lu ce billet à toute vistesse, pour ne pas geler!

J'ai bossé quelques semaines dans le Grand Nord et ce froid de -40°, assez curieusement ne m'a jamais fait autant souffrir qu'un -18° plus au sud. L'humidité sans doute.

Quoi qu'il en soit c'était la fête et ça se passait dans un endroit extraordinaire.

J'avais l'impression d'y être.

Accent Grave

Anonyme a dit…

Lise,

Et dire qu'on croit que le réchauffement planétaire est à mettre sur le compte de la pollution. Décidément, les scentifiques et environnementalistes auraient avantage à venir s'informer ici!

On a eu, au début de ce blogue, grâce à l'oeil photographique de Zoreilles, l'effet de cerf et aujourd'hui, on a droit à l'effet de serre...-moi plus fort.

Comment rester de glace? Tout simplement impossible.

Zoreilles,

Ton billet m'a plus que plu; il m'a plu plus. Sans doute le coup de chaleur.

Zed :)

Soisig a dit…

Mon dieu que ça fait longtemps que je n'ai pas été à la pêche sur la glace... Ça m'a rappellé plein de bons souvenirs! Les dessins dans la neige, pour amuser ou calmer l'impatience des enfants: que de paysages fictifs ont été créés, tout en se promenant, hihihi! Le plaisir d'être dehors, d'actionner les brimballes, de nettoyer les trous, de sortir le poisson, l'émerveillement des petits (et même des grands, hihihi!)

Le moment où j'ai eu le plus froid dans ma vie, c'est à Québec, au mois de novembre avec un petit -10° venteux et humide!!! Brrrrrrrr... Tu as bien raison de dire qu'un -35° ici, ce n'est presque rien parce que le froid est sec! Le seul problème, c'est quand les moteurs ne suivent pas: mon dégivreur était gelé hier, il n'a pas apprécié le -39° de la nuit, hihihi! Au nord de Villebois, à 7h45, ça roulait "carré", le mercure indiquait -41° quand mon frère dans l'auto de mon frangin qui revenait de Casa...

Je pense comme toi, qu'aucune contrainte ne résiste à l'amitié: je suis revenue de France un lundi et le surlendemain j'emmenais une amie à Montréal où son mari était hospitalisé d'urgence. J'ai défait mes valises en revenant, malgré mon chagrin.

Et du brochet d'hiver, je trouve ça meilleur que du doré!!! Chanceuse!

alp, Soisig

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Sous la magie de ta plume renaît l'amitié, l'amour et la joie de vivre... On ne te le dira jamais assez, Zoreilles : te lire, c'est comme se mettre un baume sur le coeur. :-)

Zoreilles a dit…

@ Voyageuse du monde : Deux incontournables en amitié, je le crois aussi : la réciprocité et le respect. Le reste, ça devrait venir tout seul...

@ Accent Grave : On entend souvent dire que les gens ont moins souffert de notre froid rigoureux que du froid plus humide qui sévit dans le sud du Québec. Je serais curieuse de savoir où vous avez déjà bossé dans le Grand Nord... Vous nous en parlerez un jour?

@ Zed : Bon, voilà que le réchauffement climatique, c'est de ma faute maintenant! Petite nuance, Zed, je n'ai jamais montré de photo de cerf, ici, le roi incontesté de la forêt boréale, c'est l'orignal. Je sais bien que tu aimes tous les poilus de ce monde mais moi, mon chouchou, c'est l'orignal.

@ Soisig : « Ça roulait carré à - 41 »... Quelle belle expression typique de chez nous! Tu sais, Soisig, nos amis dont je parle dans ce billet, ils sont de Val Paradis... C'est ton coin de pays, ça. Depuis plusieurs années, ils nous ont fait découvrir un univers fabuleux dans la vallée de la Turgeon, la Wawagosic, la Pajegasque, tout le secteur VVB, en haut du 49e comme ils disent fièrement, des gens formidables aussi, c'est ça surtout... des êtres exceptionnels, plus vrais que nature, qui pourraient être des sujets à film ou à reportage. Je pense à quelques-uns!

@ Rosie : Ah... T'es trop gentille, Rosie, je sais pas quoi te dire là!

Anonyme a dit…

Je sais, mais ça ne marchait pas avec mon petit jeu... Hihihi!

Ça cerf à quoi d'essaer d'être orig(i)nal?

Et bon, certains réchauffement planétaires sont les bienvenus...

Zed :)))

Anonyme a dit…

Beau billet Zoreilles, bien écrit comme a l’habitude.

Comme le dit si bien modotcom l’amitié il faut l’entretenir ! Je me rends compte que
dernièrement j’ai négligé certains amis ! De vieux et bons amis. Des amis de plus de 20 ans.

Il va falloir que je travaille ça maintenant. Ces précieux des amis, Parfois ils sont plus près de nous que notre propre famille pour toutes sortes de raisons, bonne ou mauvaise.

Toute la chaleur de l’amitié par une journée de pêche ou de ski à –30 ces important parce que seul ces fret en titi…Savourer un bon repas entre amis après une belle journée, ce taquiner un peu
Çé ti pas l’fun

Zoreilles a dit…

@ Zed : Je savais bien qu'on finirait par être d'accord : le réchauffement de la planète, on n'y contribuera seulement par la chaleur humaine, rien d'autre, promis, promis!

@ Macamic : Ça vaut la peine en effet de prendre soin de nos amitiés, c'est un peu comme si on prenait soin de nous. C'est vraiment comme de la famille en effet. Et par une chance inouie, il peut même arriver que des membres de nos familles soient aussi nos meilleurs amis.