mardi 20 novembre 2007

Le party des oranges


Cette photo remonte à 1998, je le sais d'après l'âge de la petite. Crocodile Dundee, Isa et moi, on entoure Papa pour la photo (prise par Maman) dans cette tradition qu'on appelait chez nous « Le party des oranges » et qui voulait dire que mes parents revenaient de leur long séjour en Floride, qu'on avait hâte de se voir et comme ils nous rapportaient toujours des oranges, ces retrouvailles familiales se sont toujours appelées « le party des oranges ». D'habitude, on était la famille au complet mais comme je ne veux pas publier de photos de gens sans leur autorisation, je me restreins à mes proches...

Et pourquoi je vous parle de ça? Parce qu'on est en novembre, que je suis fatiguée par un surcroît de travail ces dernières semaines, que je viens de dire non à un contrat alléchant, que je viens d'apprendre la nouvelle de la fin imminente d'une fille que je connais depuis toujours et que j'aime beaucoup, que certains jours, comme tout le monde, j'ai besoin de me rappeler les bons souvenirs du passé pour mieux digérer le présent!

Le party des oranges

Nos parents ont toujours aimé voyager. Ils en ont fait les bases de leur vie et ça a beaucoup influencé notre vie de famille, presqu'autant que le fait que notre grand-mère habitait chez nous. Quand leur vie allait trop vite, quand les soucis s'accumulaient, que le travail et les responsabilités devenaient trop envahissants, nos parents s'accrochaient à l'idée du prochain voyage, de la prochaine escapade et ça les aidait à passer à travers tout.

Mes parents avaient donc beaucoup d'amis aux quatre coins de l'Amérique du Nord, particulièrement au Québec, dans toutes les régions. En décembre 1997, après une dure épreuve, quand Papa a célébré ses 70 ans, des amis ont souligné cet anniversaire par une grande fête et lui ont donné une carte de voeux avec des billets de loterie, dont deux de La Poule aux oeufs d'or. Papa ne savait même pas quel jour c'était tiré, comment ça fonctionnait mais il savait qu'une émission de télé s'appelait comme ça.

Un jeudi soir de décembre, lui et Maman viennent veiller à la maison et ils nous racontent la belle fête qu'ils ont eue avec leurs amis la fin de semaine d'avant et Papa sort de son porte-feuille deux billets de loterie. Il me demande si je connais ça, je lui dis que le tirage a eu lieu hier à la télé. Alors, il aimerait que je vérifie s'il a gagné quelque chose avant de pouvoir les jeter. J'appelle au dépanneur où je fais toujours affaire et le propriétaire, que je connais bien, me dit : « Es-tu sûre que tu m'as donné le bon numéro? » et je vérifie à nouveau, oui, c'est bien ça. Alors, il ajoute : « C'est parce que tu gagnes quelque chose là... » et je l'informe que le billet appartient à mon père. « Ben, ton père, ma chère, il vient de gagner 25 000 $! »

Réaction de joie dans la cuisine chez nous. Mais on le croit pas encore. On n'ose pas. Isa est déjà en pyjama, elle s'en va dormir, il y a de l'école le lendemain. Papa nous invite avec eux dans la vannette, il faut aller vérifier ça dans un autre dépanneur, peut-être deux ou trois et ensuite, s'informer de ce qu'il faut faire pour réclamer ce lot. Isa n'a pas trop de difficulté à me convaincre qu'elle ne peut tout de même pas aller se coucher et manquer ça, alors, elle met ses jeans et garde son haut de pyjama, chausse ses bottes, sa tuque, son manteau et on part.

On arrête dans un autre dépanneur où on connaît bien la dame. On entre tous les quatre ensemble, évidemment. Isa est trop contente et bien énervée pour ses grands-parents, Maman toujours calme et raisonnée, selon son habitude, et Papa arbore son « million dollars smile ». Moi? Un mélange de tout ça, comme toujours, je suis une véritable éponge qui absorbe les états d'âme de tout le monde!

La dame est bien contente de nous voir, nous échangeons des nouvelles et elle nous demande ce qu'elle peut faire pour nous. Papa lui tend son précieux billet. Elle pitonne quelque chose et nous entendons une bien jolie petite musique. Ses yeux deviennent grands et elle regarde Papa avec étonnement : « Léo, tu gagnes 25 000 $! »

Ah, c'était la fête dans le dépanneur ce soir-là! Papa nous a invitées, Maman, Isa et moi, à aller prendre un verre quelque part, qu'on se concerte sur ce qu'il y avait à faire. Il a même invité la madame du dépanneur mais elle ne pouvait pas quitter son poste! Avec la petite, il avait oublié qu'un bar... Donc, il nous a amenées au St-Hubert. Il était drôle, il voulait qu'on mange absolument. On n'avait pas faim, personne. Il a commandé des plats quand même puis du vin. La petite en pyjama et nous autres, bien excités, on devait être une tablée assez originale. On parlait, on riait, on s'écoutait pas trop, on posait des questions, on faisait des plans, etc.

Papa m'appelait tout le temps « son homme de confiance » alors, une fois qu'on eut bien établi les étapes qu'il devait suivre, ils ont décidé de partir à Montréal dès le lendemain matin, lui et Maman, réclamer leur lot directement dans les bureaux de Loto-Québec. J'avais conseillé à Papa d'éviter autant que possible les photos, les publications dans les journaux, etc. et mes parents avaient hâte au lendemain pour mettre à exécution toute l'affaire.

La facture arrive, on met nos manteaux et Papa se rend compte qu'il n'a pas assez d'argent sur lui et Maman non plus. Malaise. Fou rire. Alors, c'est moi qui invite, il faut célébrer ça!

Ils sont revenus quelques jours plus tard et nous passions Noël chez eux, nous, les trois enfants, avec nos enfants. Sous le sapin, au nom de chacun des trois couples, nous avions une grosse boîte de même dimension. Un peu lourde, juste assez pour qu'on se pose des questions. Ils ont tenu à ce qu'on l'ouvre en même temps. Nous avions un cadeau inhabituel : une grosse boîte de conserve de tomates entières et... un chèque de 1 000 $. Ils ont sorti ensuite des enveloppes pour chacun des 5 petits-enfants, elles contenaient un chèque de 100 $. Mes parents ont toujours eu un grand souci d'équité et de justice. Maman disait : « Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier »...

Avec le reste du gros petit lot, mes parents avaient échangé leur motorisé pour un plus petit, plus économique, plus fonctionnel... et plus cher. C'était leur rêve encore à réaliser. Ils sont allés en Floride après les fêtes, voir tous leurs amis québécois, ils ont bien profité de tous ces beaux moments. Quand ils sont revenus, nous avions encore un gros sac d'oranges fraîches chacun et le party des oranges de 1998 a été aussi joyeux que tous les ans!

36 commentaires:

Renart Léveillé a dit…

Bonjour,

si vous êtes disponible et si ça vous intéresse, je serai à Rouyn-Noranda jeudi après-midi prochain pour donner une conférence sur les blogues dans le cadre du Festival de Webdesign qui se tiendra à l'UQAT. Pour plus d'infos, visitez le site du festival.

Merci (et j'espère que vous considérerez ce message comme du spam acceptable, hé hé!), en espérant donc vous y voir!

Anonyme a dit…

Zoreilles,

Bien raconté ce moment de vie. Ce devait être la fête dans votre famille. Tout heureux dans le moment présent et à Noël, sur. Ces exaltant n'est-ce pas.

La vie est Rock and roll parfois. Tout nous arrive en même temps. Ont dirais que l’univers à fait un ptit meeting pour tout nous foutre dans la gueule au même instant.

Ce doit être spécial de voir partir un ami (e)que l'on connaît depuis la tendre enfance. Comme je suis parti tôt de l'Abitibi j'ai perdu contact avec toutes ces personnes là! Je ne vivrai probablement jamais ces choses.

Tu as sûrement pris les meilleures décisions pour toi en ce moment.

Je connais un peu cette exaltation de gain à la loto puisqu'en 1997 juste avant les fête comme ça au 6/49 j'ai gagné 2 110.00$. Ces quand tu vois que tu as les quatre premiers chiffres le cœur comme à faire des bonds.

J'ai acheté du champagne et ont à fêté ça à la maison. Et, les cadeaux de Noël ont étés plus gros cette année là.
Ces pas un très gros montant mais j'imagine un peu ce que doit être des 100 000.00$ et plus par exemple.

Ce que je te souhaite pour Noël et à ta famille.

crocomickey a dit…

Ce qui est bien dans cette anecdote, c'est que le gagnant n'est pas pubère, que la somme n'est pas capotée et permet justement de faire du bien à ceux et celles qu'on aime. En plus d'étouffer les petits problèmes financiers fatigants. De la joie méritée quoi !

Anonyme a dit…

C'est drôle comme je me rappele tellement des party d'oranges...me semble que chacun d'eux valaient au moins 25 000$...il y avait comme 2 versions du party.
Celui du retour des parents en Abitibi et celui là-bas ou souvent on allais les rejoindre.
Pis là on avait du fun avec mon oncle Eddy,ma tante Léa, Marcel,Denise et les autres ....Léo Bingo,le flea market, la maison a Ernest Hemingway qu'on a visité à 50 km/h. Le mal de pont de Key West...le 5 ou 6 quarium...les peanuts que je mangeais à Flamingo Gardens qui étaient destinés au singes?
Que de beaux souvenirs!

Zoreilles a dit…

@ Renart l'éveillé : Bonjour et bienvenue chez moi, je vous croise souvent chez mes amis blogueurs mais c'est votre première visite ici. La conférence que vous donnerez à l'UQAT, dans le cadre du Festival de Webdesign m'intéresse beaucoup. Je vais tout faire pour y assister, j'essaierai d'organiser mon travail en conséquence, j'ai vu que c'était à 15 heures... À bientôt, alors!

@ Macamic : Merci pour tes souhaits de gains de loterie à Noël mais ça m'étonnerait beaucoup, je n'achète jamais de billets! Je dois dire qu'après décembre 1997, j'ai été un petit bout de temps à acheter 1 billet de La Poule aux oeufs d'or de temps en temps... Tu as gagné aussi? Même 2 000 $, ça met de la joie dans le coeur j'imagine, surtout quand on partage...

@ Crocomickey : Le gagnant n'était pas pubère? Mets-en qu'il l'était, pubère, mon père, il venait de fêter ses 70 ans!!!

@ Joce : En te lisant, j'ai ri aux larmes parce qu'il me venait trop d'images... D'extraordinaires images et des histoires tordantes. C'est vrai qu'on allait parfois les rejoindre dans le sud, pour une semaine ou pour 10 jours. Dans ce temps-là, Montréal/Fort Lauderdale/Montréal, on avait ça pour 200 $... Rendu là-bas, on bouffait pour pas cher, surtout toi, dans les machines à peanuts pour les singes au Flamingo Garden, pour 10 cennes, t'avais un repas complet!

Renart Léveillé a dit…

Super alors! À jeudi!

gaétan a dit…

Au moins tu sembles prendre les dispositions nécessaires pour te reposer. C'est important. Parce que la période des fêtes approche et ça gruge de l'énergie.

Anonyme a dit…

Pour l'énergie, rien de mieux que des oranges!

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Qu'il s'agisse d'un Party d'oranges ou de voyages dans les pays ensoleillés, il n'y a rien de plus apaisant que ces merveilleux moments passés en famille. De plus, il faut dire que tu sais si bien les raconter, ces épisodes, Zoreilles ! :-)

Anonyme a dit…

Essaie quand même de te reposer malgré la vie.

voyageuse du monde a dit…

alors c'est l'unanimité parmi tes blogger, tu dois penser à toi et te reposer un peu. Ce avec quoi je suis d'accord.
belle histoire, je connaissais une partie de cette tranche de vie mais racontée comme ça, c'est encore plus vivant.
tu as le tour de donner aux évènements de la vie une tournure humoristique qui nous rappelle souvent d'autres moments survenus dans notre vie à nous. On plonge à travers nos souvenirs à chaque fois.

Zoreilles a dit…

@ Renart l'éveillé : Ouep! À demain! (j'espère)

@ Gaétan : Oh, les fêtes... ça me semble encore loin, et ça ne me gruge pas d'énergie tellement, je suis si peu consommatrice, j'aime les choses simples, les bons moments passés en famille, jouer dehors, recevoir des grandes tablées. Non, le temps des fêtes chez moi, ça se vit un peu à l'ancienne, en toute simplicité, je suis complètement à contre-courant, ainsi libérée de tellement de pression! J'écrirai sûrement quelque chose là-dessus en décembre...

@ Anonyme 18:52 : Les oranges du party, elles devaient être plus remplies d'énergie que toutes les autres!

@ Rosie : La famille, l'amitié, en fin de compte, les gens que j'aime sont au coeur de ma vie, de mes bonheurs, de mes espoirs. Ça embellit mon existence. Pourtant, paradoxalement, j'ai aussi besoin de solitude pour me recentrer. Bizarre, hein?

@ Henri : Merci l'ami. Je fais ce qu'il faut en ce moment, enfin, le plus possible.

@ Voyageuse du monde : Oui, je prends soin de moi, promis. T'as deviné que quand j'écris ici, c'est toujours de façon intime et personnelle, je ne sais pas le faire autrement (ou alors, ça s'appelle ma job). J'espère toujours que mes histoires auront des échos chez ceux qui me lisent, alors, ça devient de l'échange et c'est ce que j'aime le plus.

bibconfidences a dit…

J'ai connu un Noël de ce genre autrefois, ça laisse de merveilleux souvenirs!
En passant, je viens de voir le commentaire que tu as laissé sur un de mes billets à propos de l'enseignement et de ta fille...
J'y répondrai plus longuement sur un prochain blog. Mais je comprends son questionnement... pour le moment je peux te dire que l'attitude est la chose qu'on peut changer, notre attitude à nous, pas celle des autres et ça, ça aide.
À plus!

Anonyme a dit…

Zoreilles si tendre,

N'es-tu pas en train de prééparer tes souvenirs pour cette autre personne qui va partir?

En filigrane, le noeud de ton billet. Ta souffrance et ta réslience.

Zed

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Non, je ne trouve pas cela bizarre du tout Zoreilles...
En fait, la solitude m'est indispensable de temps à autre puisqu'elle m'aide à écouter l'enfant en moi, à m'en occuper et à lui rappeler qu'il est lié à la source de vie. :-)

Anonyme a dit…

Merci pour ces beaux souvenirs Zoreilles. Malgré la tristesse bien compréhensible que tu ressens présentement (et la souffrance que tu ne dis pas), tu réussis toujours à nous faire voir que la vie peut être belle, et que le mot "espérance" n'existe pas seulement dans le dictionnaire. Tu trouves toujours le moyen de nous amener là où l'air est pur, au propre et au figuré. Tu nous fais du bien ! Et à tous ceux qui sont proches de toi. C'est un don très précieux !

Zoreilles a dit…

Ça ne m'étonne pas que vous lisiez même ce que je n'écris pas, je suis très transparente!

@ Bibco : La seule chose qu'on peut changer, c'est notre attitude... Le jour où l'on comprend ça, on rame plus fort mais notre canot file beaucoup plus loin!

@ Zed : En fait, cette histoire, comme beaucoup d'autres, Marjolaine l'aurait bien aimée, c'est à elle que je pensais en l'écrivant. Je pense que je vais vous parler d'elle...

@ Rosie : Oui, c'est ça, la solitude (lorsqu'elle se fait rare) nous ramène à notre essentiel, notre enfance, ce bagage que l'on transporte toute sa vie. La source. La simplicité. Le vrai.

@ Lise : Merci. Oui, je crois que la vie est toujours belle, en dépit de tout. C'est le moteur de ma vie et j'en apprécie chaque minute. Il n'y a rien qui me fasse plus de peine qu'une vie qui se termine, qu'une personne qui s'éteint, au sens propre comme au figuré.

Zoreilles a dit…

Permettez que je vous parle d'elle, je n'oserais pas le faire dans un billet...

J'ai connu Marjo en arrivant à Noranda. Moi, 12 ans, elle, 14, elle avait doublé sa 7e année. Drôle et tendre, très très douce, Marjo était « pas achalée ». Vraiment pas achalée. Elle a toujours défendu les plus petits, dont j'étais. Mon « éducation sexuelle » avec la grande Thisdale? Marjo a tout réparé ça! Elle nous donnait rendez-vous à la récré, à la boîte à poubelle de l'école Notre-Dame, elle disait qu'elle allait répondre à toutes nos questions sur la sexualité. Elle expliquait tellement bien, Marjo, c'était plein d'amour et d'histoires d'amour, de tendresse et de petits bébés.

Elle est tombée enceinte l'année suivante, à 15 ans. Amoureuse de S, un gars cool, ben fin, elle ne s'est jamais posé la question si elle gardait l'enfant ou pas. Son fils a été le grand bonheur de sa vie, il a 37 ans maintenant, elle en a toujours été fière. Après, elle lui a fait une petite soeur. À 52 ans, Marjo, est maman 2 fois et mamie je ne sais plus combien de fois.

S, le père de ses 2 enfants, a fini par s'évanouir dans la brume mais elle l'aime quand même pour tout ce qu'il lui a donné qu'elle dit, 2 beaux enfants. Elle a beaucoup vécu, Marjo, et bien vécu, elle a surtout aimé, entourée de petits, d'ados, de gens malades ou dans le besoin. Je la croisais souvent, chaque fois, c'était la fête, on pouvait jaser une heure sur un coin de rue, elle disait que je la faisais rire mais elle avait souvent les larmes aux yeux... « Raconte-moi une histoire comme dans le temps », elle passait son temps à me prendre dans ses bras en me serrant fort. « Toué, Francine, j't'aime assez là! ».

Marjo n'a jamais été riche, elle donnait tout ce qu'elle avait. Elle était généreuse, chaleureuse, toujours heureuse, elle parlait fort, elle riait fort, elle AIMAIT fort. Vaillante. Pis courageuse. Elle a oeuvré toute sa vie auprès des personnes âgées ou malades, comme préposée aux bénéficiaires mais chez les gens, elle leur donnait leur bain, les aidait à s'habiller, etc. Elle les aimait tellement, elle devait tout leur donner à eux aussi...

Tout le monde qui a croisé Marjolaine dans sa vie a compris ce que c'était que d'aimer. Ses enfants l'adorent, son chum aussi, ses frères et soeurs, ses collègues, ses p'tits vieux...

Elle a un cancer du pounon, avec métastases au cerveau, aux reins, ailleurs. Elle est en chimio et je me demande pourquoi... Elle est très enflée, plus reconnaissable, a perdu ses cheveux et ne se ressemble plus du tout mais elle n'a pas perdu courage. Son chum, oui... Elle vient de s'acheter des lunettes rouges, parce que ça lui donne du teint, qu'elle dit. Elle s'est rasée la tête complètement et s'est acheté des foulards de toutes les couleurs. C'est ben elle ça, elle lutte comme elle parle, comme elle rit, comme elle vit : FORT même si elle se sait condamnée.

Marjo si vivante, si aimante, dans un monde qui aurait tant besoin de toutes les Marjo... Elle me manque déjà. Il y a toujours eu comme de la magie entre elle et moi. Je l'admire et je l'aime, elle compte beaucoup pour moi et je sais que c'était pareil pour elle.

Il faudrait que je trouve le courage d'aller la voir, la prendre dans mes bras et la serrer fort, que je lui raconte « mes histoires comme dans le temps » et que je lui dise : Toué, Marjo, j't'aime assez là! »

Anonyme a dit…

Chère Zoreilles, je me permets un petit conseil - va voir ton amie c'est difficile de faire le premier pas mais tu en ressortiras tellement grandis - j'ai perdu une amie il y a bientôt 20 ans et je n'ai pas eu le courage d'aller la voir je le regrette tellement, ça me revient régulièrement... mais je me suis repris avec d'autres et je les ai laissés partir en paix...tout en étant en paix avec moi-même. Bon courage à toi !

Evelyne

Anonyme a dit…

Pourquoi ne pas lui apporter une belle énorme orange pour lui dire très FORT...

Bon courage, Zoreilles.

Zed

Jo le grand blond a dit…

Une histoire d'orange aussi ensoleillée que d'ou elles viennent. Et Zoreille, je t'encourage à racheter le temps, tu ne sais pas quand il te manquera...

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Quelle tristesse, ma belle... On ne trouve jamais les mots dans de pareils moments. Tout comme le conseille Anonyme, je te suggère d'aller lui rendre visite. Marjo a besoin maintenant plus que jamais du soleil que tu portes dans ton grand coeur... Va la réchauffer, ma belle...
Dans quelques jours, j'annoncerai sur mon blogue le suicide du fils de mon amie. Il s'est ôté la vie mercredi matin. Je ne peux pas en parler tout de suite, parce que c'est trop douloureux.

voyageuse du monde a dit…

vas la voir ton amie, et surtout dis lui tout ce que tu as à lui dire ou ne lui dit rien pantoute et vous resterez là sans parler. Parfois on n'a pas besoin de mots. Si tu n'y vas pas, tu resteras toujours dans ta tête et dans ton coeur avec le fameux "j'aurai dû"...

Zoreilles a dit…

@ Evelyne : Je suivrai ce conseil, il est sage.

@ Zed : Je cherche actuellement une manière, c'est délicat...

@ Jo le grand blond : Racheter le temps? Comment on fait ça? Je vis déjà avec une telle conscience de l'urgence de vivre!

@ Rosie : Une fois avec elle, je sais que je trouverai facilement ce qu'il y aura à dire ou à écouter. Je cherche comment entrer en communication avec elle sans rien brusquer. Et pour le fils de ton amie, je comprends, c'est la pire douleur qui soit, on ne la comprend jamais...

@ Voyageuse du monde : C'est probablement ce que je ferai, être là, tout simplement, sans rien dire, juste la prendre dans mes bras et lui sourire...

En direct des îles a dit…

Il y en a du soleil dans ces oranges!
Comme quoi la chaleur ne vient pas seulement de l'astre qui nous éclaire...
Je suis désolée pour ton amie - ce doit être difficile à vivre. Comme le dit Macamic, quand on quitte tôt le coin de terre qui nous a vus naître, on ne vit guère ce genre d'expérience.
Repose-toi bien, et essaye d'éviter de transformer en marathon un moment qui est fait pour être vécu en paix.
Que tenga un buen dia, passe une belle journée...

Anonyme a dit…

Beaucoup d'émotion dans ce billet...tristesse, bonheur,nostalgie, espoir, courage....tout ce qui fait que la vie est ce quelle est.
Tu racontes ce qui est vrai,c'est la force de ton blogue.
j'attends chaque billet comme on attends une lettre à la poste de quelqu'un qui nous est chere!

Zoreilles a dit…

@ En direct des îles : J'ai construit des liens avec tellement de gens au fil des années, à l'école, dans les sports, à l'université, au travail, (je pense que j'ai travaillé avec toute la ville, ayant toujours été à contrat ou presque) dans mes loisirs, au quotidien, ça risque de m'arriver plus souvent ce genre de choses. Encore il y a quelques semaines, une fille de mon âge, connue à l'école et croisée si souvent depuis, 50 ans, cancer du poumon foudroyant, n'a jamais fumé, elle était infirmière en oncologie, ah le maudit cancer. Je dis toujours qu'il n'y a que des gens extraordinaires dans ma vie. Oui, c'est vrai et il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup!

@ Joce : C'est bien ce que je dis... Juste des gens extraordinaires... T'es mon numéro 1 ex aequo avec quelques autres. T'es plus qu'un frère pour moi, t'es mon âme frère!

@ Ceux que ça intéresse : J'ai fait des démarches pour aller voir Marjo. J'ai puisé tout ce que je pouvais dans vos réflexions. Merci sincèrement. Elle est entrée aux soins intensifs cette semaine, complications... Mais elle en ressortait hier, elle se bat tellement avec acharnement qu'elle est en phase aigüe de déni, les gens pleurent autour d'elle et elle, non, elle se refuse à ça, elle se bat proportionnellement à son amour de la vie. Une détresse qui se cache sous la forme du miracle qui s'en vient, auquel elle veut croire de tout son être. Comme mon père en 2004. Donc, ce n'est pas le bon moment d'aller la voir, elle ne comprendrait pas. Mais en complicité avec une proche, on est en train de patenter quelque chose qui me permettrait d'arriver comme par hasard. Voilà où j'en suis avec Marjo. La vie si belle qu'est la mienne fait le reste. Je vais bien, ne vous inquiétez pas.

Je crois avoir compris cette semaine pourquoi j'aimais tant Marjo et que je prenais tant à coeur ce qui lui arrive... Dans le monde entier, si j'avais à décerner une médaille à la personne la plus vraie qui existe, c'est Marjo qui serait en haut du podium...

Anonyme a dit…

C'est une très bonne idée d'arriver comme par hasard, et surtout d'être accompagnée. Vous pourrez vous aider mutuellement, car il faut du courage. Mais il n'y a pas de plus beau geste, et de plus belle preuve d'amour, que d'aller voir cette amie, qui a grand besoin d'être entourée, et de savoir qu'elle est aimée.

Zoreilles, je ne suis pas une de tes proches, et comme je n'ai pas trop de sympathie pour la personne que je suis ces temps-ci, je devrais même pas commenter à ce sujet, mais je t'admire énormément, et je suis sûre que ta présence sera un grand réconfort pour ton amie Marjo.

Anonyme a dit…

Toi qui adore écrire, un petit mot?

Il y a divers niveaux de communication. L'écriture postée ou déposée dans une boite aux lettres m,apparait la plus douce. Je ne sais pas pour toi. Je sais que tu trouveras.

voyageuse du monde a dit…

Il n'y a jamais de bon ou mauvais moment pour ce genre de rencontre et peu importe, la personne sera toujours dans une des phases du deuil et il y aura toujours des mots qu'elle ne voudra pas entendre. Mais le hasard en effet est une excellente idée.
et comme je te connais tu trouveras les gestes et les mots qu'il faudra lui dire. Je sais que ce n'est pas une démarche facile, on se sent toujours démunie et vulnérable devant la mort et pourtant je la côtoie tous les jours avec des gens dont je ne suis pas proche. Alors quand c'est quelqu'un de proche, c'est encore plus déstabilisant. Ça nous remet notre propre vie et notre propre mort dans la face... notre vulnérabilité et en même temps notre chance d'être en vie alors que l'autre...

Zoreilles a dit…

@ Lise : Je le répète, il n'y a aucun règlement ici (sauf le respect) sur ce qu'on devrait écrire, quand le faire ou ne pas le faire. J'aime que les gens suivent leur élan, comme je le fais aussi. Tu devrais avoir plus de sympathie pour la personne que tu es, tu serais alors égale à tout le monde qui se réjouit de te lire!

@ Zed : Ah oui, si je pouvais donc lui écrire... Mais dans ce cas-ci, ce n'est pas possible. Les choses se précipitent.

@ Modotcom : T'en fais pas, je tiens très bien le coup, après tout, la vie continue pour moi, plus forte que tout, et il y a tant de monde à aimer!

@ Voyageuse du monde : J'ai toujours eu une admiration sans borne pour le travail que tu fais, comme beaucoup d'autres, auprès des personnes malades ou dans le besoin. Côtoyer la maladie et la mort au quotidien, ça vous demande une telle grandeur d'âme, j'en serais incapable mais je vous suis reconnaissante à vous tous et vous toutes qui le faites avec un tel dévouement et dans des conditions toujours plus difficiles.

Anonyme a dit…

Y toué maman je t'aime assez!
Je me suis mise à jour en lisant tes derniers billets! J'aime beaucoup te lire! Je me souviens des oranges...

Anonyme a dit…

Encore une fois en te lisant, je passe par toutes sortes d'émotions. D'avoir le privilège et la joie de vous connaître! D'avoir hâte de lire tes billets comme lorsqu'on attends un chèque par la poste. De me faire rire, de me faire sourire les larmes aux yeux ! De me faire plonger dans mes souvenirs tout naturellement et ce, qu'ils soient tristes ou heureux (lorsque nous venions à Rouyn et même à Matagami et que nous restions à coucher, le Lac Hébécourt, La Floride, etc.) Je sais que je n'ai pas à dire aux autres ce qu'ils doivent faire mais je peux te dire qu'un jour, une personne que j'aimais vraiment beaucoup s'en allait tout doucement et moi j'étais dans une phase où je ne voulais pas sortir de chez moi. Mais, un après-midi, je n'ai pas eu à penser, tout s'est fait naturellement, je suis partie voir cette personne, mon oncle. Je l'ai serré longtemps dans mes bras. Jamais j'aurais voulu ne pas vivre ce qui s'est arrivé car j'aurais passé à côté de moments uniques. Tout ça pour te dire : «Manque pas ta chance avec ton amie, elle t'attends probablement !» Je t'embrasse et te serre fort dans mes bras !

Zoreilles a dit…

@ Anonyme 11:01 : C'est toi ma poulette? Ça doit bien, il y a juste toi, dans le monde entier, qui m'appelle Maman! Moi aussi, j'aime ça te lire. Le party des oranges? Jamais on n'oubliera ça, on a tellement des traditions folichonnes dans nos familles, hein? Chère Isabelle... J't'ai tu déjà dit combien je t'aimais, toi? Maman x x x

@ Turbidia : Là, c'est moi qui ai revécu tout plein d'émotions... Belles et tendres, celles-là. Je n'oublierai jamais non plus cet après-midi de l'hiver 2005 où tu étais venue te blottir dans les bras de Papa à la Maison des soins palliatifs. Tu l'as rendu tellement tellement heureux. Il en a reparlé souvent après, il t'aimait tellement, j'espère que tu sais ça... As-tu vu les étoiles dans ses beaux yeux bleus cette fois-là? Mon prochain billet, je le publierai le 2 décembre prochain. Ce sera un peu comme son cadeau de fête. Il aurait eu 80 ans. C'est un extrait d'un texte que je lui avais offert pour ses 69 ans et qui s'intitule « Le ti dodo, la tranche de pomme, le sublet et le cheval blanc » mais je publierai seulement « Le cheval blanc ». À l'avance, je te l'offre à toi aussi, tu y retrouveras un peu de sa présence, de sa chaleur, de sa tendresse et de son heureusité. Je te serre bien fort aussi, chère Turbidia!

Anonyme a dit…

Eille! Arrêter d'écrire des messages quand tout le monde est parti, c'est d'la triche....pis ça se fait des cocolles,une chance que je surveille! pour mettre un peu de discipline dans la patente.

Zoreilles a dit…

O.K. Joce, enlève ton masque, je t'ai reconnu!

;o)