mardi 30 mars 2010

Maman, ça glisse tu, la lune bleue?



Photo 1 : Hier soir, vers 19 h 40, chez nous. C'était tellement plus beau que ça en vrai...

Photo 2 : Quelques minutes plus tard, toujours au même endroit. La lune était immense et orange. En feu! Mes malheureuses petites photos de broche à foin ne traduisent en rien les couleurs et l'ambiance, c'est tellement de valeur!

Maman, ça glisse tu, la lune bleue?

Voilà la question qu'Isabelle m'a posée un jour, en dessinant... Elle devait avoir à peu près 3 ans. Elle voulait dire : « Maman, ça existe tu, la lune bleue? » À cette époque de sa vie d'enfant, elle voulait tout le temps savoir si les choses existaient ou pas. Autrement dit, est-ce que ça « glissait » juste dans sa tête ou si c'était vrai pour le vrai. Je trouvais important qu'elle puisse ancrer ses découvertes et perceptions dans la réalité mais en même temps, je trouvais charmant cet imaginaire débordant de créativité qui était le sien, si tant tellement rafraîchissant que je n'ai jamais pris aucune de ses questions à la légère!

Je me souviens de cette fois-là comme si ça s'était passé hier. J'aurais pu lui répondre tout simplement oui ou non mais j'avais hésité à lui donner une réponse. C'est de quelle couleur, la lune? La Maman rationnelle avait été tentée de répondre que la lune était blanche et lumineuse, parfois ronde et pleine, parfois en croissance ou en décroissance, parfois absente du ciel aussi, et quelques principes de base d'un cycle lunaire... Mais la Maman émerveillée avait considéré la question sous un angle plus vaste et peut-être un peu trop poétique.

On avait dessiné ensemble à partir de là. Je lui avais retourné sa question, ça me laissait le temps de trouver quelque chose qui soit satisfaisant pour elle, une sorte de vérité pas très figée dans le ciment de la réalité et encore tout à fait discutable : « Toi, qu'est-ce que t'en penses? Quand t'as vu la lune, elle était de quelle couleur? » et je ne me souviens pas de sa réponse mais du beau moment qu'on avait passé ensemble à dessiner et discuter d'égale à égale de nos perceptions.

Hier soir, sa question d'enfant m'est revenue en pleine face. Vingt ans après, j'ai enfin trouvé des réponses claires : « Ah oui, ça glisse, la lune bleue. Et même orange des fois »...

13 commentaires:

Caboche a dit…

Respecter l’enfant et son monde fantaisiste, imaginaire pour ne pas brimer sa créativité tout en restant vrai, en répondant à ses questions, ça prend des grandes Zoreilles, ouvertes, sensibles, aimantes.
« Discuter d’égale à égale de nos perceptions », pour moi ça s’appelle respecter l’enfant comme une personne à part entière.
Que j’aime te lire, Zoreille.

P.-S. : Très difficile de rendre la beauté d’un coucher de soleil en photo, d’autant qu’il se couche toujours l’autre bord du lac le vilain, alors il faut zoomer … trop, avec une petite caméra qui ne zoome pas assez ;-) Mais je la vois très bien cette grosse boule de feu devant laquelle on ne cesse de s'émerveiller. J’en ai photographié des centaines au bord du lac près de Mont-Laurier.

Zoreilles a dit…

@ Caboche : Mais j'en suis convaincue, Caboche, l'enfant est une personne à part entière dans son essence la plus pure, dans toute sa liberté d'être, avant que les contraintes et les comportements acquis viennent diluer ce qui était d'abord là et qu'on devrait cultiver toute sa vie. Les enfants sont fascinants. Tous. J'ai aimé chaque minute de ma vie d'enfant, de maman et maintenant de mamie. Si je pouvais recommencer ma vie, je travaillerais auprès des enfants, comme ma grande amie Lise. Elle travaille dans un CPE comme éducatrice. Quand elle me parle de « ses » petits, je l'écouterais pendant des heures! Et tes photos, couchers de soleil et autres, sont magnifiques, je voudrais bien un jour pouvoir capter comme toi ces instants de plénitude... Quand je vais être grande là (!) je vais m'acheter un bon appareil photo et suivre une formation en photographie!

Solange a dit…

C'est bien possible que la lune glisse avec un pareil décor. Je ne sais pas si ça te fais la même chose, mais avec nos petits-enfants on se remémore ce que nos enfants faisaient ou disaient à leur âge.

Zoreilles a dit…

@ Solange : C'est tellement vrai, ce que tu dis. Avec nos petits-enfants, on a la chance de le revivre encore, parfois en avance et en désordre chronologiquement, ce parcours de l'enfance où tout se construit, où la personnalité émerge petit à petit, fantaisiste, enjouée, merveilleuse et tellement brillante. Il me revient souvent en mémoire ces temps-ci des bouts de ma propre enfance, imagine! Et je remarque que ma mère, chaque fois qu'elle voit Félixe, me reparle de moi à cet âge-là! C'est comme de trouver en creusant dans le sable un trésor tout éparpillé, à chaque pelletée, il y a quelque chose de précieux qui se révèle...

canneberge14 a dit…

Bonjour Zoreilles!

Avec un peu de retard ;-), je voulais te présenter nos amis,ceux qu'on a le bonheur d'admirer à notre aise pendant nos repas ou nos pauses méditatives à l'extérieur.Ce sont les roselins, les cardinaux, les tourterelles tristes, les pics mineurs, les sittelles, les mésanges, les juncos,les geais bleus et... les moineaux.
Tous au même régime, les graines de tournesol. Les geais sont un peu trouble-fête mais tous finissent par bien cohabiter. Il est très vrai qu'avec le temps, la patience et la passion, on peut apprivoiser plusieurs espèces d'oiseaux.
Tiens, ça me rappelle le temps où j'enseignais...

Roland Jomphe, le poète du Havre-Saint-Pierre, ton cousin!!
J'ai eu l'occasion de passer quelques soirées au Havre avec lui. Quel magnifique personnage! Tu m'as donné le goût de relire deux livres qu'il nous avait dédicacés en 1978 et en 1984: "À l'écoute du temps" et "De l'eau salée dans les veines". Ton billet d'aujourd'hui et les commentaires me font penser à son poème:

"Aux échos de la vie"

Aux échos de la vie les grands hommes d'hier
Portent les souvenirs au départ des saisons
Poursuivant l'avenir au chemin de l'espoir
Comme trace de jours à l'abri des raisons

Tout le long de la vie comme houle au large
Le murmure du temps vient frapper sur la rive
Et le son du passé nous rapporte l'image
Que l'oubli a cachée au remous de dérive

Tout le long de la côte par des soirs de mirage
Quand le jour descend au chemin du nuage
les images de la vie se dessinent au courant
......

Bonne journée!

crocomickey a dit…

C'est pas pour me vanter mais j'étais particulièrement doué pour entrer dans l'univers de mes enfants. Passer des heures à quatre pattes pour être vraiment avec eux, y avait rien là. Même que je délaissais les conversations adultes avec plaisir pour aller me réfugier dans leur monde tellement...plus vrai.

Zoreilles a dit…

@ Canneberge : Euh... Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il était mon cousin mais Roland Jomphe, c'est de ma parenté, je te le confirme! T'as dû lire ça ailleurs, j'imagine, j'en ai parlé récemment. Il était le cousin de ma mère. Mes parents sont tous les deux Madelinots, ils ont bien connu Roland Jomphe quand ils sont allés à Havre Saint-Pierre, ils ont passé du bon temps avec lui et son frère. Il aimait tant son coin de pays, les Iles de la Madeleine et la Côte-Nord, particulièrement la Minganie. C'était un homme extraordinaire, un poète méconnu, un écrivain de talent. Voici la finale du poème que tu cites, je l'ai trouvé en page 78 de son livre « De l'eau salée dans les veine » : « Et l'étoile du soir vient marquer sur le temps/Comme l'homme de naguère au décor du printemps/Les échos de la vie qui s'effacent en courant ». Je te souhaite une belle journée aussi, portée par la poésie du cousin de Maman.

@ Crocomickey : Eh que tu me fais penser à Croco...dile Dundee! Il aurait pu signer ton commentaire. Hier au souper, on avait de la belle petite visite, Félixe et son papa. La petite et son papi sont tellement complices. Sais-tu ce qu'il lui fait faire? Câller l'orignal. Elle se prend très au sérieux à part ça... Et pour rachever l'affaire, il a été se chercher un fudge au lait glacé dans le congélo tout de suite après avoir bien soupé, c'était juste pour qu'elle en prenne des tites lichettes. Il se justifiait en nous faisant accroire que c'était bon pour elle à cause qu'elle perce ses grosses dents. Vois-tu le genre? ;o)

Anonyme a dit…

Les mots d'enfants... un trésor sans prix.

Glisse la lune d'une couleur à l'autre et les yeux fermés, voilà qu'elle en prend d'autres, à dessein.

Zed ¦)

Zoreilles a dit…

@ Zed : Ah si l'on pouvait redevenir enfant parfois, retrouver un peu de cette innocence perdue... Tu y arrives très bien, toi, quand tu joues avec les mots et les idées. Tu seras toujours une enfant poète à la plume agile... ou acérée, selon les combats que tu mènes... Quand bien même ce ne serait que pour cela, j'aimerais que tu gagnes tous tes combats!

Jackss a dit…

@Zoreilles,

Pour quelqu'un comme moi qui a le plaisir de vire à Havre-Saint-Pierre, ce que vous racontez au sujet de Rolland Jomphe me captive.

Porter ce nom est tout un honneur. C'est une des familles les plus illustres. J'ai bien connu une Danielle Jomphe lorsque je travaillais à la CSST. J'aurais aimé savoir à l'époque tout ce que je sais.

Notre amie Lise travaille dans une CPE? Je comprends que ce travail doit être captivant. Bravo Lise!

@Lie
J'imagine que ce doit être drôlement intéressant de voir plus tard ce que de jeunes enfants que tu as gardés sont devenus. C'est un peu comme Jean Nicolas dont je parle dans mon dernier billet. Il raconte qu'il est impressionné du parcours que ces anciens élèves ont pu faire.

La lune, ici au Havre, je l'ai vu à son plus beau lors d'une soirée au capayou sur une ile de l'Archipel de Mingan. Le même soir, il y a eu les perséides. C'était hallucinant. De quoi émerveiller bien des enfants. J'aurais aimé gardé cette naïveté qu'ils ont presque tous.

Zoreilles a dit…

@ Jacks : Si Roland Jomphe n'était pas décédé avant que tu arrives au Havre, tu aurais pu le connaître et tu l'aurais aimé. Je suis certaine qu'il t'aurait inspiré tout un billet! J'irai lire ton p'tit dernier sur Jean Nicolas dès que j'aurai une minute.

Quant à mon amie Lise qui travaille dans un CPE, c'est aussi ma voisine, pas virtuellement mais réellement, géographiquement! Toute aussi attachante que notre Lise qu'on connaît ici mais pas la même personne.

Jacks, si tu l'ignores, j'ai l'honneur de te l'apprendre mais oui, toi et moi, on a ça en commun, on a gardé pas mal de notre naïveté d'enfant!!!!

Mijo a dit…

La lune, c'est ma résidence secondaire !! J'y vais tellement souvent. Qu'elle soit blanche, jaune, rousse, grise, rarement bleue c'est vrai mais toujours belle.

Zoreilles a dit…

@ Mijo : T'es drôle... La lune, ta résidence secondaire! Je pourrais dire la même chose, l'astre de la nuit me fascine.