jeudi 23 juin 2016

SPECTACLES DE FIN D'ANNÉE


On pourrait penser qu'il s'agit de ma petite-fille, Félixe, tellement la ressemblance est frappante avec sa mère, ma fille Isabelle, à l'âge de 8 ans, en 1994, au moment du lancement de son livre, Rêveries d'enfant pour adultes, un recueil de ses textes qui avait été publié aux éditions D'ici et d'ailleurs. À l'époque, son père et moi, avons assisté à tellement de spectacles d'enfants, à l'école et ailleurs, puisque notre fille s'investissait corps et âme chaque fois qu'il était question de la scène, en musique, théâtre, littérature, danse, animation et humour. 


Cette même petite Isabelle, devenue grande et même deux fois maman, continue de s'impliquer culturellement chaque fois qu'elle en a l'occasion, et elle reconnaît bien chez sa plus vieille le même engouement pour tout ce qui touche à la scène et aux spectacles. Ici, fin mai dernier, mère et fille réunies sur la scène de l'Agora des arts, nous offraient un conte chanté, dans le cadre du Festival des guitares du monde. Nous continuons toujours,  comme parents et grands-parents, à assister à tous les spectacles. 


Le spectacle terminé, elles sont sur l'adrénaline pour un bon bout de temps et on aime à les accompagner le temps qu'elles se déposent en douceur. 


Notre tradition familiale veut qu'on leur paye la crème glacée après le show!


Quelques semaines plus tard avait lieu le spectacle de l'école à Félixe où elle interprétait une pièce au violon. Je n'ai pas pris de photo du spectacle mais on n'a pas manqué à notre tradition familiale après le show. Même Mamie s'en est payé une parce que c'est bien meilleur quand on ???? Partage!

Papi non plus n'a pas pu résister à la tradition de la crème glacée!


Deux jours plus tard, c'était le spectacle des élèves en musique de son école. Le prof de musique est tout simplement génial, il a su monter un show qui était enlevant du début à la fin. 


Notre tradition d'après spectacle s'est enrichie encore : Ce sont les autres grands-parents de la petite (Guy et Nicole sont nos grands amis) qui avaient prévu le coup en nous invitant chez eux après le show, et ils avaient pris soin d'acheter beaucoup de sortes différentes de crème glacée!


Même Blanche, surnommée « Ti-clown », était venue applaudir sa grande sœur. Après le spectacle, c'est elle qui n'en finissait plus de faire toutes sortes de sparages pour nous faire rire et se faire dire Bravo. Elle exigeait ses applaudissements elle aussi!   



SPECTACLES DE FIN D'ANNÉE

Vous souvenez-vous des spectacles de fin d'année à votre école? Pour moi, ils font partie de mes plus beaux souvenirs d'enfance. On s'organisait des mois à l'avance et plus la fin de l'année scolaire approchait, plus on avait des répétitions, plus notre participation formait un ensemble cohérent et plus on avait hâte de monter sur la scène pour livrer le spectacle d'une chanson, une pièce de théâtre, un show d'humour, une danse ou quoi que ce soit qui nous vaudrait les applaudissements d'une salle qu'on avait conquise de toute notre créativité et notre esprit d'équipe! Dans ces moments-là, j'étais partout et j'étais heureuse. À cette époque, si on était chanceux, on avait l'un de nos deux parents qui s'était déplacé pour l'occasion. 

J'ai eu la chance de revivre tout cela par procuration lorsque notre fille était enfant. Je me reconnaissais tellement dans ces bonheurs qu'elle vivait à préparer ces spectacles, les livrer à un public qui ne demandait pas mieux que d'être fier d'eux et de les applaudir. Dans les années 90, la plupart du temps, les deux parents venaient applaudir leurs enfants aux spectacles de fin d'année de l'école. 

Aujourd'hui, quand les enfants font un concert ou un spectacle de fin d'année, les gymnases de nos écoles ne sont plus suffisants. On loue des salles qui sont pleines à craquer, il y a du monde debout partout, on filme, on prend des photos, on applaudit en leur faisant des ovations debout, on demande des rappels et j'en ai même vu qui offraient des fleurs, à ces artistes en herbe! 

Il y a foule maintenant à ces spectacles. Qui y assiste? Pour chaque enfant, il y a la maman et son conjoint, le papa et sa conjointe, dans le cas des parents séparés. On ajoute les petits et grands frères et soeurs, les grands-parents des deux bords, la gardienne et ça va jusqu'aux parrains et marraines! Ça dit beaucoup sur notre époque et l'amour qu'on porte à nos tout petits, je trouve. 

Et moi, en tant que mamie, je vis encore avec autant d'enthousiasme et de fierté ces véritables fêtes qui viennent marquer la fin des classes et le début des vacances. 

En ce 23 juin, veille de la Fête nationale des Québécois, je souhaite à tous les enfants ainsi qu'aux enseignants qui les aiment et les encadrent d'une merveilleuse façon depuis septembre, un été ensoleillé et riche de mille découvertes.

Avec une crème glacée de temps en temps!

DERNIÈRE HEURE


Jeudi 23 juin, en 5 à 7, au Café-Bar l'Abstracto, à l'occasion de la Fête nationale des Québécois, les trois comédiens, Alexandre Castonguay, Isabelle Rivest et Étienne Jacques viennent de nous offrir une prestation à la fois intense, drôle, réaliste et touchante du très percutant texte La Déroute, de Dominique Champagne, qui avait été créé dans le cadre du Cabaret poétique Tout ça m'assassine, à l'automne 2011, à la Place des arts, à Montréal.

On a réfléchi, on a eu les yeux dans l'eau, on a ri, on a chanté, on a été émus et on s'est souvenu qu'on était... quelque chose comme... un grand peuple... qui ne demandait qu'à vivre... quitte à renaître.

vendredi 3 juin 2016

LA FIN D'UNE ÉPOQUE


Coucher de soleil sur la mer, au phare de l'Étang-du-Nord, Iles de la Madeleine. 

LA FIN D'UNE ÉPOQUE

Il arrive parfois que les événements de nos vies s'enchaînent l'un à la suite de l'autre de façon à ce qu'on ne puisse faire autrement que de chercher un sens à tout cela. 

Dernièrement, j'ai beaucoup côtoyé la mort. Et la fin de vie. Curieusement, je me sens plutôt sereine, aimante comme jamais, reconnaissante à la vie et remplie de gratitude pour ce qui était la fin d'une époque pour plusieurs personnes que j'aime profondément. Et que j'aimerai toujours. 

Tout d'abord, il y a eu Paulo et ensuite, Évé. Les deux meilleurs amis de mon père. Et aussi des voisins, de la parenté proche, de la parenté choisie qui nous accompagne depuis toujours. Ces hommes-là étaient des phares, comme mon père en était un également. Ils sont venus des Îles jusqu'en Abitibi sur le même bateau nous inventer ici un paradis à la mesure de nos rêves. 

J'aimerais vous parler de Paulo. Un homme sage, bon, généreux, accueillant, d'un jugement sûr, qui savait se faire aimer de tous, aimant la vie par-dessus tout. Dès notre arrivée à Rouyn-Noranda, j'étais rassurée qu'ils étaient nos voisins d'en face. Cette famille ressemblait à la nôtre, nos parents étaient de grands amis et nous aussi les enfants, on a grandi ensemble. Pas un seul Madelinot ne passait en ville sans s'arrêter chez nous ou chez eux, on faisait  de la musique dans toutes nos rencontres et quand nos parents se faisaient venir des Îles du homard frais, du hareng boucané ou tout autre produit de la mer, nous, les enfants, étions trop heureux qu'ils nous donnent quelques dollars pour qu'on aille tous ensemble manger « Chez Morasse » parce qu'on levait le nez, dans ce temps-là, sur ce qui faisait les délices de nos parents On finissait toujours par festoyer ensemble après le souper, dans les rires, la bonne humeur et la musique. Nos liens étaient tissés serré. On était du même sang, on avait de l'eau salée dans nos veines, ça se voyait et ça s'entendait. 

Quand Paulo a été admis à la Maison des soins palliatifs à la mi-mai, j'ai eu mal. J'étais branchée sur eux par le coeur. Je savais que sa femme, ses enfants, mes amis de toujours, n'allaient plus le quitter une minute, ses petits-enfants aussi. Ils allaient vivre avec lui ses derniers moments, il y aurait du beau, du bon, du  triste, de l'amour tout plein et probablement des chansons aussi. Pour avoir vécu cette période au chevet de mon père il y a 11 ans, je me souviens que dans ces moments-là, on ne dort plus, on ne mange plus, on est ailleurs, on a trop de choses à vivre et on ne veut pas passer à côté.

Me sentant impuissante, tout à la fois avec eux et loin d'eux, je me suis mise aux fourneaux et j'ai préparé un repas complet pour au moins 12 personnes. Je l'ai assaisonné de tout l'amour que je pouvais y mettre, en pensant à tous nos souvenirs, ces bons moments partagés au cours de nos vies où l'on ne s'est jamais perdus de vue. Je ne voulais pas déranger la famille, donc j'ai été porter ce repas chez Milène, la petite-fille de Paulo, la fille de nos grands amis qui veillaient leur père. Je savais qu'elle irait le soir même elle aussi rejoindre les autres de sa famille. C'était le jeudi à l'heure du souper. 

Dix minutes plus tard, j'avais un appel téléphonique de l'une d'entre eux. « Viens nous rejoindre à la Maison des soins palliatifs, on est tous ensemble, Paulo a toujours sa conscience, il ne souffre pas mais à cause de la médication, il dort beaucoup alors si tu fais vite, tu pourras le voir, lui parler, il serait content de te voir ». 

Je n'ai pas résisté à pareille invitation. Je ne me souviens pas d'avoir conduit ma voiture entre chez nous et la Maison des soins palliatifs, tellement j'étais comme une automate. Je suis entrée là comme on entre dans une église, avec respect et recueillement. Toute la famille est venue m'accueillir avec des câlins et des sourires. Paulo était dans son lit, rayonnant d'une grande sérénité lui aussi, comme tous les siens, les yeux mi-clos. 

Ils ont dit : « Paulo, c'est Francine! ». Ils m'ont fait signe de m'approcher de lui, de m'asseoir sur la chaise près du lit, à sa tête. Je lui ai touché l'épaule, le bras, la main. Il m'a souri comme à son habitude mais son sourire était plus large et généreux il me semble. Il m'a tendu sa joue, par deux fois. Je l'ai embrassé doucement les deux fois. Il a ouvert très grand ses yeux la deuxième fois. On a échangé un regard très profond, jusqu'au fond de l'âme. Il voulait me dire quelque chose, il était si faible. Il a articulé deux syllabes seulement mais je ne les oublierai jamais parce qu'elles étaient imprégnées d'un sourire et d'un regard : MER-CI. 

Les moments de silence et les échanges de regards qui ont suivi m'ont semblé être chargés d'éternité...

Puis, l'infirmière est venue, c'était le moment de lui faire ses soins de confort. Nous sommes tous sortis de la chambre comme si on marchait sur des nuages. On est tous allés dehors, sur la grande terrasse, face au lac. On était assis tous en rond, incapables de se quitter. Le soleil couchant nous enveloppait d'une douce lumière dorée, tout était calme et beau. On était portés par quelque chose de fort, de très puissant. Je dirais que c'était de l'amour, d'une sorte d'amour très nourrissant. On ne pleurait pas, on souriait. On a parlé de Paulo, bien sûr, de tout ce qui allait nous manquer chez lui, de ce qu'on avait reçu, qu'on allait essayer de garder vivant dans nos coeurs et nos mémoires.  

On m'a raconté que le repas que j'avais préparé, ils l'ont mangé au souper du vendredi soir, tous autour de la grande table devant la porte ouverte de la chambre où Paulo était alité. Chacun son tour, ils se relayaient à son chevet et retournaient à la table. Il y en avait pour bien plus que 12 personnes paraît-il. Il est même resté deux portions du gâteau au rhum qu'ils ont offert aux infirmières du quart de soir. 

Paulo est décédé quelques heures plus tard, entouré comme il l'a toujours été. Ses enfants sont venus prendre un café chez nous le lundi après-midi après avoir préparé tout ce qu'ils voulaient pour la suite des choses. Ils m'ont demandé de faire une lecture pendant le service qui aurait lieu le mercredi mais c'était un prétexte pour se revoir, je crois. Parce que cet après-midi là, tous ensemble, on a retrouvé ce qui nous avait toujours unis, une complicité, une parenté, des rires, des chansons et des souvenirs de tout ce qu'on a vécu ensemble. On a partagé les derniers moments de vie de Paulo.

Au salon funéraire, le mardi, et lors du service à l'église, le mercredi, j'ai vécu plein de choses, j'ai revu des gens que j'aime, je n'ai jamais autant reçu et autant vécu intensément que pendant cette période un peu hors du temps et de l'espace.

Deux jours plus tard, c'était Évé qui quittait ce monde. Un autre phare qui brillera dans la nuit. Une autre vie si bien remplie qui se termine dans l'amour et la sérénité. Si je ne l'ai pas vécu de la même façon tout à fait, il s'agissait encore d'une autre famille qui est tricotée à la mienne, et ce sont d'autres moments que je n'oublierai pas, une autre fin d'une époque. 

Je vais plus souvent qu'avant dans les salons funéraires et les services religieux à l'église. À travers les hommages qu'on rend à ces véritables phares, ce sont toutes les valeurs qui me sont chères que je reconnais, comme mon héritage, celui que je tente de transmettre à mon tour.

C'est le propre des gens de mon âge de fréquenter ces lieux où l'on côtoie la mort. J'y vais souvent pour la génération qui me précède mais j'y vais aussi de plus en plus pour des gens de ma génération, parents et amis. En quelque sorte, j'apprivoise la mort mais je me familiarise aussi avec la fin de vie et je viens de trouver un sens à tout cela : oui, c'est possible et même souhaitable d'être serein face à la mort, quand il y a plein de vie dedans. 

Je l'avais écrit et dit à l'église sans larme et avec le sourire lors du décès de mon père et j'en suis convaincue plus que jamais : « Nos vrais héros ne meurent jamais tout à fait » et aujourd'hui, j'ajoute « parce qu'ils ont tant semé et que c'est nous qui en récoltons les fruits ».