jeudi 25 septembre 2008

Une fois n'est pas coutume


Photo 1 : Samedi dernier, sous un ciel gris, j'ai entendu venir de loin ce voilier d'outardes. Si j'avais pu partager cette musique avec vous... Il vous faudra sûrement cliquer sur l'image pour l'agrandir si vous voulez les apercevoir vous autres aussi. Mais la photo n'a aucun rapport avec ce que j'écris aujourd'hui, sauf peut-être qu'un voilier d'outardes, je ne pensais jamais que ça pouvait être aussi anarchique!

Photo 2 : C'est moi qui ai fait ça! Oui, oui, j'ai pris une photo de ma meilleure ronde de tir à l'arc, samedi dernier, parce que j'étais fière de moi, j'avais presque battu Crocodile Dundee, il commence à vraiment me trouver compétitive. J'ai deux flèches en plein centre mais ma dernière est même en dehors du « jaune orange ». Ça non plus, ça n'aura aucun rapport avec mon billet, à moins que vous auriez une idée?

Une fois n'est pas coutume

J'avais depuis le début dans mon petit code d'éthique personnel la volonté de ne jamais aborder ici les sujets de la politique, pas plus que ceux des religions non plus, ni aucun autre sujet à controverse qui pourrait susciter trop de passions. J'ai moi-même des convictions et je ne veux les imposer à personne mais je voulais que mon blogue soit un lieu de rencontres, d'échanges, d'amitiés et de discussions enrichissantes qui nous aideraient à réfléchir ensemble. Jusqu'à maintenant, ça va, je n'ai jamais eu à « gérer » de débordements enflammés ni à jouer à l'arbitre, ce qui m'aurait beaucoup déstabilisée...

Mais là, une fois n'est pas coutume, je fais exception à ma propre règle et ce sera peut-être la seule fois où j'aborderai le sujet de la politique ici.

Cette campagne électorale, je ne la comprends pas du tout. Depuis le début, je fais l'effort (parce que c'en est un) de voir et d'entendre tout ce qui nous parvient, tant du national que du régional, autrement dit, en Abitibi-Témiscamingue, au Québec, au Canada. J'avoue que je me sens complètement dépassée et que tout ça me laisse un sentiment de vide absolu. Et ça m'inquiète...

Il y a dans cette campagne électorale tellement d'enjeux importants qui ne sont même pas abordés, tant de démissions et d'abandons de la part des citoyens en général, tant de désinformation et de désintérêt que je n'y vois plus guère que de la morosité. C'est comme si on se dirigeait vers un précipice et qu'on y allait en courant pour se débarrasser de ça au plus vite.

Que sommes-nous devenus?

Se peut-il qu'à force d'être pris pour des deux de pique, nous en soyions réellement devenus à grande échelle? Que d'être surinformés fasse de nous des électeurs qui n'ont plus du tout d'opinions qu'ils sont prêts à défendre? Je ne sais pas, je me pose la question.

J'ai entendu dans nos médias régionaux comme dans les grands réseaux des déclarations vraiment insipides, parfois choquantes, de véritables provocations, des horreurs qui pètent des scores en bêtise humaine et personne n'a réagi, même dans les milieux politiques, pas non plus dans les médias ni dans la rue.

Un vent de fraîcheur

Mais dans cette période de morosité électorale et politique, il y a eu hier soir un vent de fraîcheur qui est arrivé dans ma boîte de courriels, je m'empresse de le partager avec vous, sans vous dire qui en est l'auteur, question de protéger son anonymat, il se dévoilera lui-même s'il le souhaite. Je me disais qu'encore une fois, lui et moi, on pensait pareil mais il sait le vivre avec humour, lui!

«... les banques, c'est pas des voleurs, c'est des criminels endurcis... À part ça, j'essaie de suivre la campagne électorale... mais y a tellement rien qui me tente... J'ai vraiment pu rien de commun avec le Canada... Dion est médiocre, son parti est... parti... en commandites... Harper est du Montana ou du Wyoming... et il veut nous assimiler (tuer notre culture) ou nous ensevelir sous la pollution... Jack, Jack, Jack, disaient les perdrix et les sarcelles... Layton, disait le vent... et je ne sais pas si j'en ai un de cette sorte-là dans mon comté... Y a les verts qui seront recouverts par les bruns, ça fera un peu de compost, c'est toujours ça!... Y reste Duceppe... qui ne semble plus s'amuser du tout... Ça va être le Bloc par dépit... J'ai l'impression de jouer aux échecs et de tasser toujours le même ti pion... »

... et un peu d'espoir...

Mais pour finir sur une note d'espoir (c'est plus fort que moi) je vous dirai que j'ai passé tous mes temps libres cette semaine à réfléchir et à écrire. Une lettre très importante pour moi, au cas où je mourrais subitement, et qui ne sera peut-être jamais lue par personne, enfin, je ne sais pas ce que j'en ferai encore mais j'avais un urgent besoin de le faire. « Lettre à Félixe ». Je pense que j'ai ressenti l'urgence de m'accrocher à tout l'espoir du monde!

jeudi 18 septembre 2008

Là où tout est plus simple


Je vous en parle souvent mais je ne crois pas vous l'avoir jamais montré, vous vous doutez un peu de quoi il s'agit? Que vous êtes perspicaces, c'est bien notre « campe » à Rapide Deux! L'appellation Rapide Deux désigne la centrale hydroélectrique située sur la rivière Outaouais, là où elle croise la rivière Darlens. C'est là que s'arrête la route et qu'on arrive à la marina où nous avons notre chaloupe avec son petit moteur quatre temps super écolo. Après 6 ou 7 minutes sur la rivière, nous voilà arrivés au campe, où j'ai pris cette photo vendredi dernier.

Là où tout est plus simple

Ce qui est formidable là-bas, je l'ai déjà dit, c'est qu'il n'y a pas de téléphone ni d'électricité. Pas de visite impromptue non plus, vous comprenez pourquoi. Pas de comptes à payer, pas d'obligations, pas de contraintes, pas de campagne électorale (!) pas de bruit, enfin, pas pour moi et pas de dossiers urgents à régler.

Par contre, on retrouve tout ce qu'on a fui lorsqu'on revient en ville le dimanche au souper. Mais de pouvoir s'en sauver pour quelques jours, très très très souvent, me donne l'impression parfois de mener une double vie!

Au cours des dernières années, il m'arrivait parfois d'apporter au campe du travail à faire, des documents à démêler, à lire, à comprendre, des plans de communication à ébaucher, des brouillons de textes à peaufiner, etc. Travailler là-bas, c'était génial, parce que je n'étais jamais dérangée ou distraite d'aucune manière mais d'un autre côté, je prenais conscience de la futilité d'un travail comme le mien et ça me frappait de plein fouet lorsque je me trouvais si près de la nature, là où tout n'est que vérité et simplicité.

Je n'apporterai plus jamais de travail au campe, promis, juré, craché, ça restera pour toujours mon oasis, celle de Crocodile Dundee aussi. Voilà une autre des belles conséquences de mon virage en douceur! Nous partons demain midi, on se sentira encore délinquants de se sauver de l'école avant que la cloche sonne, ça nous rappellera notre secondaire I...

jeudi 11 septembre 2008

Virage en douceur



Photos 1 et 2 : Les hérons. Je les pourchasse de ma caméra depuis des années sans succès. Chez moi, sur mon lac, il y a 103 îles, dont une qu'on appelle la Héronnière où j'ai pu voir plein de spectacles touchants et drôles au fil des années mais je n'ai jamais pu les croquer sur le vif avec mon petit appareil qui n'est pas très performant. À notre camp, il y a toujours des hérons sur la rivière aussi, souvent même ils pêchent leur pitance, immobiles, juste devant moi et si je bouge le moindrement, ils s'envolent. C'est quand même là que j'ai pu les prendre en photo dernièrement.

Virage en douceur

Aujourd'hui, c'est sûr, il n'y aura aucun rapport entre mes photos et ce que je veux vous raconter. À moins que... peut-être... ouais... si on veut... Le fait de passer des heures, immobile, comme le héron, tranquille, en confiance, amène parfois des réflexions qui nous incitent à plus de liberté et de simplicité.

Le travail est une partie tellement importante de notre vie. Je ne fais pas exception. Je n'ai pourtant jamais été carriériste, ayant toujours eu d'autres priorités beaucoup plus stimulantes. Quand je regarde en arrière, je me revois à 15 ans, étudiante au cours commercial, débarquant de l'autobus scolaire à 15 h 45, pour travailler de 16 h à 18 h à la boulangerie à une rue de chez moi. Souvent, je devais courir à la sortie de la boulangerie jusqu'à la tabagie deux rues plus loin où l'on m'attendait pour y travailler de 18 h à 21 h. J'adorais ça, la clientèle était attachante, surtout à la tabagie : les gars de la mine, les enfants pour des bonbons mélangés, les discrets qui venaient chercher leurs journaux et magazines, les familles des alentours, les employés(es) des commerces voisins, etc. Je connaissais tout le monde, j'avais de l'argent de poche à profusion, même au salaire minimum de 1,55 $ l'heure, argent toujours mal dépensé mais j'apprenais plein de choses qui m'émerveillaient sur la nature humaine.

À 17 ans, mon diplôme de secrétaire de service bilingue en poche, en sortant de l'école, j'avais le choix de trois emplois où l'on voulait m'embaucher. Un beau problème que ne connaissent malheureusement pas les jeunes de la génération suivante... J'ai opté pour le plus payant. C'était le début d'une « carrière » qui dure depuis 34 ans, où j'ai fait plusieurs virages, dont le plus important, à 27 ans, avec un retour aux études, à la suite d'un revers professionnel qui m'a permis, avec le recul, je le comprends et n'en veux à personne, de suivre une voie qui me ressemblait davantage.

Se sont succédés les contrats. De trois mois, six mois, dix mois, un an, deux ans. De toutes les sortes. Dans tous les milieux. Dans le privé. Dans le secteur public et parapublic. J'ai l'impression d'être une personne âgée parfois, avec toute cette expérience diversifiée. Je suis fière de quelque chose en particulier au cours de ces 34 ans : J'ai toujours terminé mes contrats et livré la marchandise, même si parfois, j'y ai laissé un peu de ma santé et perdu beaucoup d'illusions.

Bref, j'ai été 30 ans au service des autres, à m'adapter à des équipes, des directions, des milieux et des façons de faire différentes. Depuis 4 ans, je suis à mon compte, consultante en communication, et c'est le bonheur. Si c'était à refaire, j'arriverais à ça au début de la trentaine mais je ne regrette rien, c'est le chemin parcouru qui m'a amenée à tellement apprécier maintenant la liberté qui est la mienne, même si jumelée à l'insécurité qui ne me dérange plus du tout.

Les idées reçues

J'avais plein d'idées reçues par rapport au monde du travail, évidemment. J'en ai toujours et je me bats avec ça dans la douceur maintenant. L'une de celles-là, je l'ai remise en question l'hiver dernier. Comme travailleuse autonome, je n'ai jamais été capable de faire de la prospection de clients. Je me vendrais sûrement très mal. Je ne saurais pas comment faire. C'est le seul aspect de mon travail où je me sens complètement démunie. Alors, je n'en ai jamais fait. Par contre, quand on m'approche, qu'on me propose un mandat, une responsabilité, un défi, je n'arrive pas à dire non, sauf si ça va à l'encontre de mes valeurs et que ça implique que je participe à nourrir le département des menteries publiques!

Donc, vous voyez se dessiner ce qui était mon problème : une travailleuse autonome ne dit pas non à un contrat qui lui est proposé sur un plateau d'argent. On s'ajuste, on négocie les échéanciers, on met les bouchées doubles mais on ne refuse pas un contrat quand on ne sait pas quand viendra le prochain. Et si c'était le dernier?

En parallèle, j'ai ce client majeur qui est le mien depuis le début. Avec eux, je profite du meilleur en tout, nos relations de travail sont tellement harmonieuses et enrichissantes, nous collaborons toujours dans le respect et la confiance, j'aime leur transparence, leur authenticité, leur souci de la vérité et de l'information juste à livrer à la population qu'ils desservent. Depuis 4 ans, ils se fient sur moi et moi sur eux. Notre contrat est ouvert et ne connaît pas de date d'échéance.

Décision irrévocable

À l'automne et l'hiver dernier, j'ai accepté tous les mandats qu'on me proposait. Je me sentais fatiguée mais j'étais capable quand même de mener de front tous ces projets. L'un de ceux-là m'avait mis en lien avec le directeur général d'un organisme à vocation régionale, avec des points de service dans les principales villes de notre région. Entre Pierre et moi, la collaboration allait bon train, le courant passait professionnellement, on avait beaucoup d'autres projets de collaboration pour cette année, entre autre pour faire davantage connaître les services qu'on dispensait dans son organisme, faire plus de sensibilisation, etc. Pierre était un bourreau de travail, il prenait tout à coeur et je comprenais tellement la mission qu'il avait fait sienne. En plus, on avait le même âge, les mêmes idées reçues par rapport au travail, à la « mission », à notre implication trop grande qui n'était pas vraiment raisonnable, on s'en désolait peut-être un peu mais on dédramatisait en en riant surtout.

Au printemps, quand on l'a trouvé effondré devant son ordinateur, en train de travailler comme toujours, j'ai su que son coeur avait lâché, lui qui était pourtant si en forme, qui avait de saines habitudes de vie et tout. Ça m'a foutu un tel choc... J'ai eu de la peine pour lui, bien sûr, qui avait donné le meilleur de sa vie dans le travail mais j'ai repassé dans ma tête toutes nos conversations récentes sur le sujet. Il était fatigué, Pierre, comme moi, on mettait ça sur le compte de nos désillusions et sur notre âge...

Alors, pendant mes vacances aux Iles, j'avais une décision à prendre : suivre le courant de mes idées reçues ou prendre soin de moi, de ma qualité de vie, aller au bout de mes envies et réaliser des choses dont j'ai toujours rêvé pendant que je suis encore en vie.

Ma décision a été plus facile à prendre que je ne le croyais. Puisqu'il faut bien gagner sa vie et que je n'ai aucun fond de pension, aucune retraite n'est envisageable, je continuerai donc de travailler avec mon client majeur mais il est maintenant mon seul client. Je n'accepte plus rien d'autre. Bien sûr, il y aura des mois où j'aurai une petite facture à soumettre, d'autres où mes heures travaillées seront assez nombreuses pour m'assurer un bon revenu mais je fais confiance à la vie. Comme le héron qui sait que tôt ou tard, il aura sa pitance. Surtout, j'ai retrouvé mon élan, plus de liberté encore et j'ai le temps de vivre autre chose que le travail.

C'est pourquoi je dis souvent que ma nouvelle richesse, c'est le temps! Derrière cette petite phrase, il y a tellement de soleil pour moi. Je pourrai me consacrer à mes obligations autres mais j'aurai du temps libre aussi pour ce que j'aime, non quantifiable, non monnayable, j'aurai une vie à moi où le temps n'est pas compté, où mon agenda aura des espaces blancs à colorer à mon goût. Je n'ai jamais été aussi riche de toute ma vie, après 34 ans sur le marché du travail.

Je vous raconte tout ça en ayant l'impression de vous livrer une page de mon journal et ça me gêne un peu mais je voulais surtout vous dire que c'est possible de faire à n'importe quel moment des virages en douceur qui nous amènent vers un mieux-être, dans notre travail comme dans notre vie. Bien sûr, c'est plein d'inconnu et d'insécurité mais en y réfléchissant bien, est-ce qu'on risque vraiment quelque chose?

vendredi 5 septembre 2008

Je les préfère dans la nature



Photo 1 : En fin de semaine dernière, j'ai pris ce cliché que je partage avec vous et que j'offre particulièrement à Zed, qui pourra avoir l'impression de les cueillir alors qu'ils sont à leur plus frais. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait moi-même après avoir fait clic!

Photo 2 : Je vous l'avais un peu promise, celle-là, parce qu'ici, elles font partie du paysage, ces affiches routières nous avertissant de rester vigilant. L'orignal est incontestablement le roi de notre forêt boréale. Maintenant, on rencontre quelques affiches de chevreuil également. La seule chose qui change, c'est le nombre de kilomètres et je me suis toujours demandé comment on faisait pour déterminer que les orignaux pouvaient apparaître sur 4, 6, 12, 17, 22 km... Ont-ils des balises à respecter? Savent-ils instinctivement où leur territoire s'arrête?

Je les préfère dans la nature

Quel lien y a-t-il entre ces deux photos qui ne passeront jamais à l'histoire et ce que j'aimerais vous raconter ces temps-ci? Pas grand chose, vraiment, et je sens que je vais encore faire rigoler la belle Noémie, ma super filleule, partie étudier à La Pocatière (tu nous manques, ma belle sweet sixteen!... mais tu m'inspires tellement, tu vas au bout de ta passion, et là, tu te diras encore qu'il n'y a que Zoreilles pour faire de pareilles entourloupettes pour faire « fitter » ses photos avec ce qu'elle raconte!)

Les bleuets, moi, et c'est très personnel comme goût, je les préfère nature. Durant l'hiver, il m'arrive de fouiller dans mes réserves et d'en prendre un petit bol de congelés, que je déguste un à un comme des bonbons glacés. La crème 35 % et la cuillèrée de sucre blanc, je laisse ça à Crocodile Dundee, ça lui rappelle son enfance, les collations qu'il prenait chez sa mémère à Ville-Marie, au Témiscamingue.

Et pour les orignaux, c'est pareil, je les préfère dans la nature. Je suis littéralement tombée amoureuse d'eux. Plus je les suis dans leurs saisons, leurs pistes, leur habitat, mieux je les connais, avec leurs habitudes, leurs instincts, plus ma fascination grandit pour le roi de la forêt boréale. Particulièrement parce qu'il n'est le prédateur d'aucune autre espèce. Ça fait des années que c'est comme ça. Dans mes anciens billets, j'exprimais un certain malaise que je ressens encore à l'approche de la saison de la chasse à l'orignal. Je ne suis pas contre les chasseurs, au contraire, quand c'est fait avec respect de la nature et de la faune, je considère qu'on ne fait que récolter ce que la nature nous donne. De ça, je pourrais vous en parler longtemps, ce n'est pas paradoxal du tout, contrairement à ce qui pourrait sembler.

Il faut être deux chasseurs sur un même territoire en même temps pour avoir le droit d'abattre un animal. Crocodile Dundee et moi, nous faisons équipe. Donc, je chasse. Et j'adore ça. Je n'ai pas le permis qu'il faut pour chasser pendant la période de l'arc mais pour la carabine, oui. À chaque fin d'été, je prends mes responsabillités et je vais me pratiquer au champ de tir. Ma 308 avec téléscope, anti-recul, étui et tout, c'est un petit bijou d'arme à feu, très puissante, très précise. Les dernières fois où je suis allée, à chaque coup de feu en direction de la cible, je me sentais mal. Ah, sans être une tireuse d'élite, j'atteignais toujours ma cible dans « le vital » mais je sais pas... je me sentais drôle à la pensée que... au lieu d'une cible... si ça avait été un buck, une femelle, un p'tit veau... Et puis, ça fait du bruit, du gros bruit d'enfer que j'aime pas, qui fait peur et qui déchire l'air ambiant avec violence.

Mais je faisais ce qu'il faut pour être une chasseresse responsable et sécuritaire. Autour de moi, on accepte très bien que je parte chasser avec ma caméra d'un bord, mon arme de l'autre et on sait tout à fait de quel côté je vais pencher si je fais venir jusqu'à moi l'animal. Je l'ai prouvé quand ça m'est arrivé... J'ai eu le seul réflexe de la photo mais l'animal a déguerpi à la vitesse de l'éclair. J'étais fière, j'avais fait venir un petit buck à quelques mètres de ma « watch ». Il devait y avoir quelque chose de féminin et d'aguichant dans ma voix. Ça me chatouille le coeur rien d'y repenser!

Fin de l'été 2008, ça me tente pas d'aller au champ de tir. Ça m'écoeure même. À la seule pensée d'épauler mon arme, d'appuyer sur la gachette, de la puissance et du bruit des coups de feu, c'est la démotivation qui m'envahit, ça ne me ressemble plus du tout, c'est si loin de moi, de ce que je suis devenue. Mon petit bijou, je l'ai vendu. À bon prix. Même pas eu besoin de l'annoncer. Décision prise et exécutée subito presto. Je suis contente d'avoir l'âge que j'ai, on sait tellement ce qu'on veut et ce qu'on ne veut plus!

J'ai illico été me choisir un arc. Pas eu un sou à débourser. Il est parfait, mon arc, c'est mon nouveau bijou. Sur mesure pour moi, léger, l'allonge parfaite pour mon bras, un déclencheur, un carquois et des flèches. Pas mal de flèches, parce qu'au début, on en perd beaucoup. Trente-cinq livres de pression, pas plus, il faut que je m'apprivoise. Surtout avec mes maux d'épaule, tendinites et épicondilites chroniques, je déteste parler de mes bobos mais les miens sont le fruit de trop longues années d'exagération du nombre d'heures passées à l'ordinateur, à gérer le stress, à produire sous pression, avec de très mauvaises postures, etc.

Mercredi au souper, le maître archer m'appelle. Mon arc est prêt, il m'attend. Je suis allée à son atelier, on a fait les derniers ajustements, il m'a appris ce que je dois savoir et apprendre à maîtriser. J'étais très à l'écoute. Aussitôt de retour chez moi, Crocodile Dundee me propose qu'on aille ensemble sur l'île du Tir à l'arc, pour que je pratique pendant que c'est tout frais dans mon esprit. Lui, c'est un excellent archer. D'accord. Là-bas, on a une belle cible installée avec des repères aux 10, 20, 25 et 30 mètres. Je m'exécute. Il me suggère 10 mètres. C'est fou tout ce qu'il y a à penser avant de décocher ma première flèche. Toutes ces techniques, la position du corps perpendiculaire à la cible, la main gauche appuyée sans forcer, les doigts libres, l'épaule déployée, la main droite en position, le coude à angle droit, l'index derrière le déclencheur jusqu'au dernier moment, le « kisser » vis-à-vis la lèvre supérieure droite, bref, j'ai pensé à tout mais j'ai raté la cible... à 10 mètres!!! On a dû chercher ma flèche dans les broussailles!

J'en ai tiré 3 autres ce premier soir. J'avais l'avant-bras et l'épaule gauche morts raides. En compote. Mais j'ai atteint la cible. Une fois. Ah pas dans le centre mais dans le jaune orange... presque. En tout cas, j'ai aimé ça, je sautais partout. Mes objectifs n'étaient pas très grands, heureusement, pour ce premier soir. Et le coucher de soleil était magnifique en revenant...

Hier soir, nos amis y allaient. Oh la la, j'allais m'exécuter devant les copains, le rendez-vous sur l'île du Tir à l'arc, je ne pouvais pas l'éviter et puis, ils voulaient tous voir mon nouveau bijou. Pas facile. Mais je n'ai aucun orgueil, aucun ego, et on a beaucoup ri. Eux, sont des champions, ils se lancent des défis, font des compétitions amicales où le perdant paie la bière. Je m'en fous, j'aime pas la bière. Moi, je suis toujours à 10 mètres. Quand je vais être grande, je vais tirer à 30 mètres mais c'est pas demain la veille. Ils m'encouragent beaucoup mais ne me ménagent pas. Ils m'appellent Robine des Bois. Personne ne veut jouer à Guillaume Tell avec moi. Pour un archer, après avoir maîtrisé la technique, il suffit d'être sécuritaire, concentré, en confiance, précis et constant. Ils ont dit que j'avais de très grandes qualités d'archer déjà : je suis sécuritaire et constante... toujours en dehors de la cible, directement dans les broussailles!

Mais j'ai tiré au moins 15 flèches hier soir. Pas eu si mal que ça, en fin de compte, je vais y arriver, vous allez voir. Et j'ai fait rire les copains, rien qu'en masse, surtout quand j'étais fière de moi, là, j'étais déchaînée. La fois (sur 15) où j'ai atteint le vital, en plein centre et que j'attendais des félicitations des copains, savez-vous ce qu'ils m'ont dit? Ils ont décrété à l'unanimité que c'était une erreur et que j'étais en train de perdre ma constance!

La chasse s'en vient. J'ai hâte. Plus qu'à l'habitude. Je serai toujours la moitié de l'équipe que je forme avec Crocodile Dundee. Sur papier et dans la vie. On s'en fout que je ne tirerai jamais sur un orignal. J'apporte ma caméra, je passerai de longues heures dans ma « watch » et je chasserai très sérieusement... les images. Pas de carabine à traîner, mon arc restera au camp, mais seulement pour me pratiquer, on a installé une cible près du camp, ça ne fait pas de bruit, ça me passionne et j'ai pas mal de pratique à faire avant qu'on me respecte... comme archer.... je veux dire!