mardi 23 juillet 2013

La nature suit son cours


Samedi soir dernier, nous étions invités à aller veiller au feu chez nos amis Gérald et Réjeanne à Rapide Deux, où Claude et Pauline étaient aussi pour admirer le coucher de soleil et le lever de la lune presque pleine. Soirée parfaite, ni trop chaude, ni trop fraîche, même pas de mouches... Sur cette photo, on aperçoit au fil de l'eau (la rivières des Outaouais) une femelle orignal et son petit qui nagent et un peu plus loin sur la droite, un autre petit qui peinait à aller les rejoindre. C'était pas normal, ça... Crocodile Dundee les avait vus se jeter à l'eau en panique dès les premières secondes et il nous les avait fait remarquer, la mère et son petit. C'est après seulement qu'il a vu l'autre, celui à droite. Il avait sa petite idée sur ce qui venait de se passer. (Un clic sur les photos vous permettra de les agrandir).


La même photo que la précédente mais je l'ai recadrée un peu, juste pour vous indiquer où se situent nos trois orignaux à la nage. 


Avec les jumelles à Réjeanne, on suivait la situation de secondes en secondes. Le petit à droite prenait de plus en plus de retard sur sa mère et son jumeau. On n'aimait pas cette situation qui se déroulait sous nos yeux et qui n'augurait rien de bon. Ce que Crocodile Dundee craignait s'avérait de plus en plus plausible. Une sorte d'évidence... Nous étions tous d'accord avec lui, malheureusement. 


Plus tard dans la soirée, dans le couchant du soleil et le levant de la lune, on essayait de se convaincre que le petit avait encore une chance de survie mais au fond de nous, on savait bien qu'il n'allait pas vivre vieux. 


Et ce fut la seule note discordante dans cette harmonie du soir vraiment parfaite... 

La nature suit son cours

Lorsqu'on a vu que le petit prenait de la distance et peinait à avancer en nageant, on s'inquiétait énormément, surtout que Crocodile Dundee avait vu la mère et le petit se jeter à l'eau comme apeurés, on se doutait que le gros ours que Gérald avait vu la veille sur le rivage d'en face y était pour quelque chose. Chez nous aussi, on avait vu dernièrement des pistes avec les grosses griffes de cette très grosse bête reconnue pour être un grand prédateur des petits orignaux nés à la fin mai. 

Claude, Gérald et Crocodile Dundee n'en pouvaient plus de rester sur place, ils ont décidé de sauter dans le bateau le plus proche et le plus vite détaché, le nôtre, afin d'aller voir de plus près et sous un autre angle, sans trop s'approcher bien entendu, pour savoir la suite de l'histoire. 

Ils ont bien vu qu'une fois rendus sur la berge, la mère et le petit restaient sur le bord de l'eau en regardant dans la direction de l'autre petit. La mère marchait nerveusement de long en large et le petit ne la quittait pas d'un poil. Le petit blessé s'est rendu de peine et de misère pour les rejoindre. 

Quand les gars l'ont vu sortir de l'eau, ils ont constaté que son flanc droit était complètement lacéré, sa patte arrière droite cassée, ce qui l'amenait à se déplacer tout croche et qui le ralentissait même dans l'eau. Tout se tenait. 

Et c'était bien ce qu'on craignait. 

Un gros ours venait de s'en prendre à l'un des deux jumeaux et la mère n'avait pas pu protéger ses deux petits, elle n'avait rien pu faire d'autre que d'échapper elle-même au prédateur avec celui des deux qui était capable de la suivre. Mais elle n'abandonnait pas l'autre... 

Aussitôt réunis, ils ont pris le bord du bois tous les trois. À court terme, ils étaient sauvés. 

Mais ce petit-là est blessé et même si ses lacérations pourront guérir assez vite, sa patte cassée le rend extrêmement vulnérable alors qu'il doit échapper aux prédateurs fort nombreux en forêt. L'hiver, ce sont les loups qui auront raison de lui mais nous ne croyons même pas qu'il pourra se rendre à la fin de l'été, avec tous ces ours qui rôdent sur le territoire. 

Me sont revenus les mots du refrain d'une chanson que j'avais écrite il y a plusieurs années : 

Heureusement que la lune se lève
À tous les soirs dans ma mémoire
À chaque jour suffit sa peine
Y a tu quelqu'un qui voit la mienne?

* * * * *

Et sur une note moins « locale », pour ceux que ça intéresse, Isa, Dom et Félixe se sont fait un blogue pour partager avec les parents et amis les séries de photos qui racontent mieux que des mots, des moments et des paysages de leur voyage en TiBus.  J'inclus le lien dans ma liste des blogues-amis, « TiBus 2013- Vivre au rythme d'un 8 cylindres ». Le blogue n'est pas à jour tout à fait, ils sont actuellement en Californie.


lundi 15 juillet 2013

Rumeurs, bobards et petites nouvelles


Fin juin dernier, au campe, nous avons passé 24 heures avec « nos enfants » avant qu'ils partent sur la route pour deux mois, à bord de leur « p'tit bus », un voyage qu'ils préparent depuis plus d'un an. Partis de Rouyn-Noranda le 28 juin, ils ont traversé l'Ontario puis les lignes des États-Unis par Chicago, l'Amérique profonde des états centraux jusque sur la Côte Ouest qu'ils suivront du sud au nord (le long du Pacifique) pour revenir au mois d'août d'ouest en est, par le pays voisin du nôtre (!) le Canada. Ils sont actuellement au Colorado.  Vous avez vu ce tronc d'arbre? Il est tout croche, comme beaucoup de nos politiciens! 


À la pêche, il faut être patient. Dans l'actualité, il y a pas mal de choses qui exercent ma patience... 


Voici une bûche scandinave. Crocodile Dundee nous en avait préparé une cet hiver pour essayer l'idée. Avec une seule bûche, on peut veiller au feu pendant des heures, faire cuire un repas ou tout simplement admirer le feu en éloignant les moustiques. Celui qui a pensé à ça un jour, c'était un vrai gars de bois. Il suffit de faire une cheminée assez profonde au centre avec 4 coups de scie à chaîne, ensuite deux petites insertions de chaque côté qui communiquent avec la cheminée pour faire des prises d'air. Quand c'est bien sec, on place dans le fond de la cheminée des écorces de bouleau, on craque une allumette et le tour est joué. Des heures de plaisir et d'ambiance. J'ai cherché sur le web une démonstration de la bûche scandinave et je suis tombée sur une vidéo de deux gars très drôles de Ste-Jovite, au Québec. Ils expliquent bien mieux que moi la simplicité et le génie de cette invention! 


Pas loin de notre campe, l'entrée de la baie, on pêche souvent dans ce coin-là. 


Samedi dernier, sur la rivière Darlens, qui aurait pu s'appeler « la rivière aux diamants » tellement ceux-ci scintillaient de tous leurs éclats. 

Rumeurs, bobards et petites nouvelles 

Autour de moi, on commence à s'inquiéter que je n'écrive plus sur mon blogue... Plus de 4 semaines sans rien écrire de neuf, c'est mon record à vie! 

Croyez-moi, c'est le temps qui me manque, rien d'autre. Il s'est passé tant de choses dernièrement que j'aurais eu le goût d'écrire des centaines de billets, certains plus enflammés que d'autres, tellement j'ai eu souvent envie de péter ma coche, en rapport avec des événements de l'actualité ou les entourloupettes administratives dans lesquelles j'étais plongée bien malgré moi, en politique municipale, entre autres. 

Mais c'est l'été, la canicule nous invite à une douce farniente à travers nos obligations et j'ai pas le goût de me choquer, c'est trop d'ouvrage... Donc, mes photos d'aujourd'hui ont très peu de liens avec ce que je raconte. C'est pas grave, on jase entre amis. 

Vous connaissez la relation amour/haine que j'ai avec les médias? Ça s'arrange pas! Lors de la tragédie de Lac-Mégantic survenue dans la nuit du 6 juillet, j'ai trouvé la plupart plutôt respectueux et très professionnels dans leur couverture médiatique, mais pas tous. Et pas tout le temps. Malgré tout, s'il y a eu et qu'il y a encore un grand mouvement de solidarité envers les victimes, endeuillées et sinistrées, c'est probablement en partie à cause du bon travail que les médias ont fait sur le terrain et ça, je suis prête à le reconnaître. 

Mais qu'en est-il des grands feux de forêt au Nord du Québec? Ça brûle en haut, plus de 500 000 hectares sont détruits et ça s'arrêtera où? C'est chez nous que ça se passe, au Québec. Des communautés nordiques entières ont été évacuées, ils ont tout perdu, ces gens-là. Plus haut que le 51e parallèle, on n'intervient même pas, on laisse brûler parce que cette forêt n'a pas de valeur commerciale. Pire que ça, on ne vous informe même pas aux nouvelles comme si vous n'étiez pas concernés. En fait, ce sont les médias qui ne se sentent pas concernés, donc vous n'êtes pas informés. Cette situation dramatique dure depuis la fin du mois de juin. En avez-vous entendu parler? Comment voulons-nous après ça que le Québec se tienne debout, que les Québécois aient un sentiment d'appartenance? Le Sud ne sait pas ce qui se passe au Nord. Comment être concernés si vous n'êtes pas informés? 

Quand on forme à l'université des journalistes, des gens des communications ou des médias, on devrait exiger d'eux qu'ils réussissent des examens de base en géographie, en histoire, en sociologie, qu'ils soient conscients du pouvoir qu'ils ont sur la perception qu'auront les gens d'une situation, à la suite de leur travail. 

Et tant qu'à rêver, j'aimerais aussi qu'on traite l'information avec sérieux, après tout, ça ne devrait pas être un spectacle ou une course pour savoir lequel réussira à faire « passer l'émotion », ils ne font pas des films à faire brailler les matantes, Simonac, ils font de l'information, oui oui, de l'information et des affaires publiques, ce sont les bases de la démocratie, on devrait en faire un minimum d'analyse et un suivi, pour essayer de comprendre à la fois les causes, les tenants et aboutissants, les éléments de solution, les conséquences sur nos vies et nos politiques, etc. 

Bref, les médias devraient élargir leurs horizons!

Oui, je sais, je suis très naïve, ce qu'ils veulent, les médias, c'est de la cote d'écoute, le petit topo spectaculaire de 30 secondes qui passera en boucles sur les réseaux d'information continue et qu'on reprendra à l'infini sur tous les réseaux sociaux. Mais on passe souvent à côté de l'essentiel... 

Je vous l'ai dit en décembre dernier quand j'ai accroché mon clavier, j'étais rendue trop vieille pour travailler dans le monde des communications... Mais la citoyenne continue d'être concernée, et elle le sera toujours. 

Pour terminer sur une note plus joyeuse, rien de mieux qu'un mot d'enfant : Ma petite Félixe m'a téléphoné à ma fête : « Mamie, il y a des drapeaux des États-Unis partout, avec plein d'étoiles et j'ai vu des vrais cow-boys! Là, on est dans les groooooooosses montagnes, en haut c'est l'hiver, il y a de la neige, en bas c'est l'été, c'est vert vert vert et je sais parler anglais, écoute, Hi, thank you, how are you et le reste, je demande à Papa et Maman! » 

En voilà une qui commence à élargir pas mal ses horizons!

Mise à jour - 20130717 :

À la lecture de mon hebdo local ce matin, Le Citoyen de Rouyn-Noranda, je lis, à la une : « Feux de forêt et CO2, Comme 5,1 millions de voitures ». J'apprends dans l'article signé Thierry de Noncourt qu'il y a toujours 64 feux actifs au Nord-du-Québec, l'équivalent en carbone relâché dans l'atmosphère par 5 115 769 voitures qui roulent durant 15 000 km par année pour une consommation de 5,5 L aux 100 km, ce qui représente presque la totalité du parc automobile du Québec, de 5,5 millions de véhicules.

Au total, en ce moment, ce sont 1 215 000 hectares de forêt qui sont brûlés. Sur les 64 feux actifs, 58 sont dans la zone restreinte (celle où personne n'intervient, au-dessus du 51e parallèle). Le feu 235 est rendu dans les installations d'Hydro-Québec, à Eastmain 1, il approche Sarcelle et Némiscau. Les installations minières Opinaca de Goldcorp ont été évacuées elles aussi parce que le feu s'approche du réservoir Opinaca. Sur la Côte-Nord, on a évacué également Baie Joan Beetz et la semaine dernière, c'était Wabush. Et combien d'autres? Dans les grands médias nationaux, est-ce qu'on a perdu le Nord?

Et j'apprends tout cela dans mon hebdo local, à Rouyn-Noranda, dans une région à mi-chemin entre ces lieux et Montréal.

Il me semble que ça aurait valu un petit 15 secondes au Téléjournal pour informer le reste du Québec.