mardi 22 février 2011

Les envahisseurs


Photos 1 et 2 : Vous souvenez-vous de la semaine dernière, quand une gélinotte huppée est venue parader devant moi pour me souhaiter une bonne Saint-Valentin? Une semaine plus tard exactement, ce qui se profilait à mon horizon, dans mon champ de vision, ne déclenche pas du tout les mêmes émotions...

Les envahisseurs

La voyez-vous, la cabane à pêche? Moi, je vois juste ça. Je l'ai dans la face à la journée longue depuis hier matin. Ça me pompe l'air. C'est rien ça, vous n'avez pas entendu la réaction de Crocodile Dundee quand il est arrivé de travailler hier. Il n'en croyait pas ses yeux lui non plus. Il s'est dit des gros mots là!

Le gars s'est installé en face de nos maisons. Nous sommes quelques-uns à l'avoir dans notre champ de vision mais sa façade est tournée plus particulièrement vers chez nous, comme s'il voulait nous espionner. On se sent envahis. De là, le nom qu'on leur donne, à ce genre de monde-là.

Vous allez me dire que le lac ne nous appartient pas. C'est vrai. On en prend soin depuis 20 ans, on paie des taxes foncières faramineuses pour habiter ici, on aménage en pensant environnement et faune, on l'a quasiment dans la maison, il fait partie de notre paysage, même intérieur, mais le lac, c'est vrai, il ne nous appartient pas.

Le lac Dufault, que j'appelle affectueusement « MON » lac est la source d'approvisionnement en eau potable pour la ville de Rouyn-Noranda et les environs. Ça devrait lui conférer un certain respect. Mais c'est pas le cas. Sauf pour quelques riverains.

Mon lac a quelques rivages habités mais pas beaucoup, grâce aux lois qui y ont vu pour mettre un frein il y a 25 ans au développement anarchique qui s'est arrêté là : le chemin des Voiliers, la rue Gagnon, l'avenue des Iles, le chemin des Castors, et le chemin England. C'est tout. Sa superficie est d'environ 8 km par 4 km. VOULEZ-VOUS BIEN ME DIRE CE QUI SE PASSE ENTRE LES DEUX ZOREILLES D'UN ENVAHISSEUR QUI VIENT S'INSTALLER AVEC SA CABANE À PÊCHE EN AVANT DE CHEZ NOUS, DANS NOTRE BULLE?

Il n'y a pas de loi qui nous protège de ça, les envahisseurs. Ils ne pensent à rien du tout, surtout pas aux autres. C'est quoi, la prochaine étape? Il va venir nous emprunter une tasse de sucre? Nous demander de venir faire pipi dans notre salle de bain? Ou pire encore, faire pipi dehors sur le lac en dessinant un signe de peace and love en jaune sur la neige blanche, en nous faisant beubaille? Il va s'apporter une boîte à musique qui crache à 120 décibels et nous imposer son boum boum? Y a pas de limite à la bêtise humaine!

Le gars travaille probablement. Il viendra pêcher la fin de semaine. Mais sa cabane, on l'a dans la face toute la semaine, nous autres. Ça y en fait tu, de la peine, lui? Simonac, on est en Abitibi, un pays d'espace et de liberté. C'est bien pour dire qu'on n'est pas à l'abri de rien, nous autres non plus, surtout pas des envahisseurs.

Ça me fait penser à une anecdote. Un fait vécu, comme disait l'autre. Nos amis Bob et Marie-Claude habitent chemin des Voiliers. Sur leur terrain en pente vers le lac, il y a des petites buttes qu'ils ont laissées au naturel, avec des arbres, des bleuets, etc. Un bon soir d'août, Bob arrive de travailler, il y a un bazou dans son stationnement et il voit un homme et une femme qui cueillent des bleuets dans sa cour. Toujours cool, mon Bob, il dit : « Une belle talle, hein? ». Les envahisseurs se sentent dérangés, ils opinent du bonnet mais ne rallongent pas le discours. Ils cueillent à pleines mains les beaux fruits mûrs et sucrés. Mon Bob se reprend, toujours enclin à faire un peu d'éducation : « C'est parce que vous êtes chez nous ici, vous voyez la maison blanche... ». Alors, les deux moineaux, insultés et arrogants, lui lancent : « Le bois, c'est à tout le monde ». C'est là que Bob a perdu son calme légendaire. Il les a escortés jusqu'à leur bazou, et bon garçon, il leur a laissé les bleuets, en leur disant que pour faire des tartes, ils avaient déjà une bonne base.

« J'overeact », je le sais, mais ça m'a fait du bien de vous en parler...

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Petite note ajoutée à 14 heures : La fin de l'histoire. Ça pourrait se titrer ainsi : La fois où j'ai pété ma coche pour rien, ou bien, Le steambath de mon voisin me donne des chaleurs, ou encore, C'est en parlant qu'on se comprend.

Bref, j'arrive de la ville tout juste. En face de moi dans le stationnement de l'épicerie, il y avait mon 3e voisin, Yvan, tout content d'être heureux de me dire qu'il s'en va à la pêche à la baie James pour trois jours. Je vous raconte notre conversation :

- En tout cas, tu vas avoir du beau temps pour partir!

- Mets-en!

- Pourquoi tu vas si loin, Yvan, en avant de chez vous, y en a qui pensent qu'ils sont à Ste-Anne de la Pérade?

- Ah tu parles de la cabane brune?

- Ouais, c'est ça, celui-là qui a une belle vue sur nos maisons...

- C'est la cabane à Ti-Blanc (le voisin entre nous deux) il veut se faire un steambath avec sa cabane à pêche!

- ...???... T'es sûr de ça?

- Tu pensais toujours ben pas qu'il y avait du monde assez épais pour venir s'installer collés sur nous autres de même, en face de chez nous?

- Ah nenon nenon, je pensais rien pantoute, je disais ça de même. Bonne pêche Yvan!

J'ai pas d'ego, je viens de vous le prouver. Mais comme il me reste encore un petit peu d'orgueil, je souhaite de tout mon que mes voisins ne lisent pas mon blogue. Sinon, ma nouvelle marotte, ça deviendra : « Je me fous du ridicule » et j'essaierai de me souvenir de ce que me disait ma mère quand j'étais petite : « Quand on ne vaut pas une risée... »

jeudi 17 février 2011

Un nouveau jour se lève

Photo : C'est la première que j'ai publiée ici, le 24 janvier 2007, quand j'ai ouvert mon blogue. Elle signifie beaucoup pour moi.

Un nouveau jour se lève

Comment vous dire... Je manque de mots pour exprimer ma joie... Les phrases se bousculent dans le petit bout de l'entonnoir... En même temps, la vie me charrie de tous les côtés à la fois ces temps-ci, je n'ai même pas eu le temps de répondre à vos derniers commentaires mais je les ai lus et j'y reviendrai, c'est promis.

Mon blogue n'aurait jamais dû être mon journal personnel, j'ai tellement voulu éviter ça mais puisqu'on vient prendre ici de mes nouvelles, je me dois de partager ce message qui se trouvait sur mon répondeur hier, à mon retour.

Le rapport du pathologiste est concluant : NORMAL. Je répète : NORMAL. Je l'ai écouté deux fois, ce message tant espéré. Je l'ai archivé pour réécouter tous les détails et connaître la suite des choses. C'est vous dire... On me suivra de près, on fera ce tout qu'il faut et je vais collaborer de tout mon coeur.

Soulagement, sérénité, joie retrouvée, reconnaissance à la Vie, émerveillement, je ne sais plus, je me sens comme un petit oiseau qui se serait frappé de plein fouet dans la fenêtre, toujours en vie mais étourdi, retrouvant ses repères, essayant de secouer ses ailes pour s'envoler à nouveau.

Merci d'avoir attendu et espéré avec moi, vous m'avez fait chaud au coeur, je ne l'oublierai jamais.

La Vie m'appelle!

lundi 14 février 2011

Une Saint-Valentin en temps réel



Photos 1, 2 et 3 : Ça se passe en temps réel, je suis à mon bureau, en train de travailler et cette belle cocotte (une gélinotte huppée) est venue me souhaiter une heureuse Saint-Valentin!

Une Saint-Valentin en temps réel

C'était il y a quelques minutes... Je planchais sur trois ou quatre dossiers en même temps et je venais de faire une trouvaille géniale qui allait me faire gagner du temps, ce qui me permettrait d'être présente partout où je devais l'être aujourd'hui pour répondre à tous les besoins les plus criants. C'est là qu'elle m'est apparue, elle, la cocotte, directement dans mon champ de vision quand je suis assise à mon bureau, comme pour me dire « Bravo, y a des fois que t'es drôlement efficace, ma cocotte! » (on s'appelle de même l'une et l'autre dans l'intimité).

C'est aujourd'hui la Saint-Valentin. J'ai déjà écrit ici que cette fête trop commerciale aurait dû à mon avis être plus large et inclure toutes les formes d'amour, dont l'amitié. Je réitère le même voeu tout en vous faisant les miens qui n'ont rien à voir avec les fleurs ou le chocolat ou ce qui s'achète dans les magasins.

Hier, en revenant de l'hôpital, j'ai laissé chez mon frère dans sa boîte aux lettres un bouquin qu'il voulait que je lui prête. J'ai pris deux minutes avant de partir de chez nous pour lui écrire un petit mot affectueux sur une carte bricolée très rapidement avec des coeurs, du papier rouge et tout ce qu'il a en horreur. Je me trouvais drôle. Mais j'ai quand même mis tout mon coeur de grande soeur et mon sens de l'humour dedans. Il m'a rappelée dans la soirée, il avait trouvé ça drôle et touchant quand il est arrivé chez lui. On a jasé une bonne secousse, je m'ennuyais de son grand rire, il a été généreux de lui-même comme toujours. C'était aussi la Saint-Valentin hier soir, même pour lui...

Ma Valentine de fille m'attend à l'autre bout de la ville à midi, son cours à l'université se termine là pour aujourd'hui, elle dispose miraculeusement de deux heures de libres, elle voudrait les passer en ma compagnie, c'est le gros lot. Elle m'offre le gros lot pour la Saint-Valentin, du temps partagé avec elle. J'avais une contrainte, il faut que je sois à l'hôpital auprès de Belle-Maman. Ma Valentine m'a dit : « J'y vais avec toi, je vais voir Grand-Maman en même temps ».

Crocodile Dundee ne le sait pas encore mais dans sa boîte à lunch, je lui avais mis hier soir des ti coeurs en chocolat en surplus. C'est pas grand chose mais c'est de bon coeur, il saura que je pense à lui. Ce matin, il filait moche, il tousse, il a mal à la gorge, il a mal dormi, il est congestionné, épuisé en se levant. Je lui ai dit : « Comment tu vas faire ta journée, malade de même? » Il m'a répondu : « Je vais commencer par aller pelleter, je vais prendre deux Tylénol et je vais chanter plus fort, tu le sais, notre vie, c'est un concours de courage! » Je l'ai regardé partir avec sa boîte à lunch, souriant malgré tout, courageux, le coeur vaillant, il s'est viré de bord, je lui ai envoyé un bec soufflé par la fenêtre.

La Saint-Valentin, c'est la fête de tous ceux et toutes celles qui s'aiment. Ça inclut AUSSI les amoureux...

♥ ♥ ♥

Petite note ajoutée à 20 h 30 ce soir (décidément j'en prends l'habitude!...) : Voilà ce qui arrive quand on garroche un billet en 22 minutes. J'ai dû quitter la maison sans me relire. C'est épouvantable, mes temps de verbe qui se contredisent et mes fautes de 2e année B! Je ne corrige rien du tout, je laisse ce billet tel quel, tout ce qu'il y a de plus authentique, d'ailleurs je l'ai écrit en temps réel, entre 11 h 16 et 11 h 38 ce matin!!!

lundi 7 février 2011

Billet d'hiver


Photo 1 : Samedi dernier, nous sommes partis au camp très à bonne heure, Crocodile Dundee et moi. Chaque fois que j'arrive là-bas, que je défais mon petit baluchon et que je retrouve mes vieilles affaires, je suis envahie d'un sentiment de paix.

Photo 2 : Il faisait doux, on était bien avec les pies et les mésanges. Crocodile Dundee fendait les bûches en quartiers, moi, je les cordais dans la shed, écorce sur le dessus, dans un équilibre que je peaufine à mesure et qui est fort thérapeutique!

Photo 3 : Ça me ravit toujours de voir à l'oeuvre mon homme dans son univers d'un autre temps, si heureux. Un élan du coeur, un petit bout de chanson, un seul coup de hache, précis, et la bûche se fend en deux comme s'il y avait eu des lignes pointillées qu'il était le seul à avoir vues.

Photo 4 : Les écorces de bouleau qui se dédoublent sont la matière première qu'il me faut pour bricoler mes cartes sans texte. J'en ai toujours une bonne réserve sous la main. Je viens juste de prendre en photo ma récolte de la fin de semaine, vous saurez du même coup comment je procède pour les fabriquer. Sinon, je me ferai un plaisir de vous le raconter.

Billet d'hiver

Nenon nenon, rien de nouveau à mon horizon mais j'ai retrouvé ce matin un petit élan pour écrire un billet neuf. Il était temps vous me direz, après plus d'un mois... Vous auriez fini par penser que j'avais abandonné mon blogue qui a eu 4 ans le 24 janvier dernier.

Deux petites journées au campe et tout à coup la vie redevient douce, pleine d'espoir, de simplicité et d'une sérénité bienfaisante qui appelle à nouveau la Vie telle qu'on peut encore la façonner. On dit souvent que le travail manuel empêche de trop penser mais j'ai trouvé en fin de semaine que ça aidait surtout à penser mieux!

J'avais apporté dans mes bagages deux bouquins extraordinaires, j'alternais entre l'un et l'autre, et ce qui me semblait un contraste fantaisiste au début s'avérait un vrai festin en fin de compte, dans le décor des arbres enneigés et le son du poêle à bois qui ronronne. J'ai dévoré avec enthousiasme la première moitié de Avard chronique de François Avard et relu pour la enième fois Le calepin d'un flâneur du grand Félix « pas de e » Leclerc.

J'ai aussi pris le temps d'observer longuement les dessins d'Isabelle, ceux qu'elle a offerts à son Papa au fil des ans, avec son écriture d'enfant ou d'adolescente au verso, qui illustraient tous la même chose au fond, la relation formidable qu'il y a entre eux et dont je me réjouis. Pour lui et pour elle. Pour moi aussi, parce que je peux bien mesurer l'importance que ça prend dans une vie.

En terminant ce billet d'hiver qui pourra vous sembler vide, j'avais le goût de vous rappeler une chose qu'on a souvent tendance à oublier : quand on pense qu'il ne se passe rien, qu'on se retrouve avec un espace-temps qu'on serait tenté d'appeler vide et inutile, ne serait-il pas plus profitable de considérer cet espace-temps comme une vraie liberté, une occasion qui nous est donnée de reculer pour mieux sauter?

Petite note à ceux qui s'inquiètent de voir qu'on coupe des arbres : D'abord, on ne prélève que ceux qui sont morts ou malades et ensuite, la compagnie Domtar, achetée par Eacom, s'en vient tout raser dans notre secteur, c'est une question de semaines. Le chemin est déjà rendu à quelques kilomètres du campe... Grâce à cette brèche, cette nouvelle route entre Rapide Sept et Rapide Deux qui donne accès à ce territoire, on fait de la prospection minière allègrement, et qui sait ce qu'on y trouvera comme filon, on est sur la faille géologique de Cadillac (l'or) et on sait déjà qu'un gisement d'uranium sera en exploitation près du lac Simard. Tout ça s'opère « mine de rien » pendant qu'on pense qu'il ne se passe rien digne de mention « dans l'Nord ». J'en reparlerai peut-être prochainement, ce ne sont pas les médias qui vous tiendront au courant, c'est bien certain. Ni ceux d'ici ni ceux d'ailleurs.