jeudi 15 décembre 2011

Traditions






Photo 1 : Fin novembre, à La Sarre, se déroulait la 33e édition du Salon Création. J'y ai toujours un rendez-vous doux avec mon amie Francine, on en profite pour casser la croûte ensemble et ensuite on se fait plaisir en allant à la rencontre des artistes et artisans qui nous offrent le meilleur d'eux-mêmes et de leur créativité.



Photo 2 : La Route du Terroir à La Motte, près d'Amos, je vous en ai déjà parlé. Cette année, ils ont mis de l'avant La Route du Terroir de Noël, qui rassemblait des artistes de ce secteur. Tous adorables. Je n'ai pas pu résister. En prime, j'y ai fait une belle rencontre...



Photo 3 : Dimanche dernier, avec Isabelle et Félixe, on a redécouvert la vieille crèche et les personnages qui étaient bien enfouis dans les boules à mites, dans le grenier du garage, un endroit que j'appelle « les gouffres sans fond » parce que je suis pas capable d'y aller toute seule sans me casser la gueule! Crocodile Dundee dit toujours que s'il avait à me cacher quelque chose, il le mettrait là. Pis ça me choque. Lui, ça le fait rire. J'aime pas ça quand je suis pas capable toute seule...



TRADITIONS



C'est plus fort que moi chaque année, à ce temps-ci, me reviennent les mots de ma mère que j'ai appris par coeur quand j'étais enfant. Elle avait écrit : « Avant que ne s'évanouissent les brumes du passé, le joyeux cortège des fêtes de Noël et du Nouvel An nous invitent à laisser libre cours à une joie profonde et toute intime... D'où vient que l'on éprouve toujours bonheur nouveau à exprimer des souhaits déjà anciens? Oh, c'est que l'amour et la reconnaissance sont des sentiments qui ne vieillissent pas mais qui au contraire prennent plus d'intensité et de chaleur à mesure que le temps fuit... » Le reste de l'hommage que je devais lire pour le 40e anniversaire de mariage de mes grands-parents, je le sais aussi par coeur, mais je dirais plus encore par le coeur, tant il a construit à cette époque les repères que j'adoptais pour quand je serais grande. Je ne peux jamais tout à fait oublier d'où je viens et ça m'aide à savoir où je vais.



J'ai été littéralement happée dernièrement dans des tourbillons de la vie qui n'étaient pas les miens mais où je devais tenir un rôle de premier plan. Nous avons accompagné ma belle-maman, 90 ans, dans les tourments et les grands chagrins des jours comptés de son compagnon des dernières années, qui avait 95 ans, qui était hospitalisé depuis 8 mois, avec tout ce que ça implique de visites à son chevet, tant pour elle que pour lui. Je vous passe les détails. Monsieur est décédé, Belle-Maman se retrouve encore une fois veuve, sans son amour si tendre, avec énormément de deuils à faire, dans l'ensemble de sa vie.



Au même moment, il y a ma mère, beaucoup plus jeune et autonome, dont les besoins sont tout autres, elle aura 80 ans mardi prochain et je lui prépare une fête comme elle aime, avec la présence de beaucoup de ceux qu'elle aime, les autres se joindront à nous 5 jours plus tard.



Donc, mes chères traditions, celles qui me rendent heureuse et que j'aime propager pour multiplier la joie, ont été sérieusement bousculées par les aléas du quotidien qui s'imposent à nous. J'ai dû faire des choix.



Magasiner des cadeaux de Noël... Ça fait longtemps que je pratique l'achat de proximité et la simplicité volontaire. La surconsommation me pue au nez et je me force même pas, ça adonne bien, je n'en ai pas les moyens et j'assume ça fièrement. Donc, pour le peu de magasinage que je fais, je m'en tiens aux événements qui ont encore beaucoup de sens pour moi : les expositions des artistes et artisans. Si j'étais à Montréal, j'irais au Salon des Métiers d'art, mais comme j'habite en Abitibi-Témiscamingue, cette année, je me suis fait plaisir en allant au Salon Création de La Sarre, à la Route du Terroir de Noël à La Motte et au Marché de Noël du P'tit Théâtre du Vieux Noranda, à Rouyn-Noranda. Je complète avec des certificats cadeaux chez mon libraire préféré, un amoureux des livres, des mots et de tous ceux qui les écrivent!



Je ne vous dévoilerai pas tout ce que j'y ai trouvé de créations originales mais disons qu'au lieu de faire des bas de Noël classiques, moi, j'emballe les surprises que j'offre dans des linges à vaisselle tissés par des madames attachantes, vaillantes, souriantes et créatives, voilà de l'emballage qui ne se retrouve pas dans le bac bleu le lendemain de Noël et dont on se sert pendant de longues années! En plus, ça m'évite tous les Wal-Marde!



La décoration de Noël... Je suis tellement loin de tout ça en ce moment. À l'extérieur comme à l'intérieur, rien n'indique encore chez nous qu'on est aujourd'hui le 15 décembre. Vais-je pouvoir mettre de l'ambiance de Noël? Pas sûre que j'aurai le temps d'ici là... Il le faudrait pourtant. La maison sera remplie mardi prochain pour la fête de Maman. Je suis bien organisée pour la bouffe, le confort des petits et grands mais j'aimerais que ma maison soit ce jour-là encore plus joyeuse et animée.



Les cartes de Noël... Ah ça, j'ai de la peine de ça, par exemple. J'aimais tant ça, sortir ma collection de plumes et stylos, mes assortiments de cartes colorées, mes beaux papiers, mes autocollants, mes timbres, m'installer sur la table avec le poêle à bois qui ronronne, une branche de sapin dans la bouilloire qui embaume, au milieu de tout ce que j'aime, plonger dans mon carnet d'adresses postales tout usé et faire mes voeux à ceux qui sont loin et pourtant si près de moi quand je pense à eux...



Pas le temps cette année. Choix difficile. Encore plus quand je reçois des cartes de Noël ces jours-ci, quand ma boîte aux lettres est particulièrement généreuse. Recevoir sans pouvoir donner en retour, ça me vire tout à l'envers.



Les traditions ont toujours représenté des points d'ancrage et des repères pour moi, comme une sorte de culture générale affective et intrinsèque, une définition de mon identité en quelque sorte. Je conçois très bien qu'on doive évoluer, s'adapter, grandir, s'actualiser, se mettre à jour et ne conserver que le meilleur de toutes ces traditions, pour soi et pour ceux qui nous entourent. Ça a l'air de rien comme ça, mais c'est plus difficile qu'on pense.



Dans cet état d'esprit, dimanche dernier, avec la redécouverte de la vieille crèche dans les gouffres sans fond, Isabelle et Félixe s'amusaient à placer les personnages et leur faire vivre des événements d'époque. Félixe est déjà une metteure en scène de talent et ses personnages sont très bien articulés, ils ont beaucoup de vocabulaire, en tout cas.



On a décidé toutes les trois de se raconter ensemble l'histoire de la crèche. On n'est pas à ce moment-là dans l'univers des princesses ni de Winnie l'ourson ni du Père Noël avec ses rennes et ses lutins qui fabriquent des jouets dans l'atelier du Pôle Nord, pour les enfants du monde entier. Comment actualiser cette histoire, pourtant toute simple, d'un papa menuisier qui s'appelait Joseph, d'une maman Marie, douce et aimante, et d'un petit bébé tout mignon qui s'appelait Jésus, qui venait au monde dans une étable le jour de Noël? Avec tout autour de cette petite famille, un âne, un boeuf, des bergers, des moutons, des rois mages qui apportaient des cadeaux...



Tout ça a encore beaucoup de sens pour moi. Ça en a beaucoup pour Isabelle aussi, j'ai transmis ça sans le faire exprès. Maintenant, ça en aura pour Félixe, à cause de ce qu'on s'est raconté cet après-midi là. Chacune de nous trois vivait un beau moment, et chacune de nous trois en fera ce qu'elle voudra de cette histoire. Ce que les hommes et les institutions ont fait de cette histoire par la suite m'importe peu. Félixe n'a pas besoin de savoir ça pour le moment, comme elle n'a pas besoin non plus de découvrir maintenant que le Père Noël, il n'apporte pas de cadeaux à tous les enfants du monde entier, non, loin de là...



Je leur ai donné la crèche et les personnages qui venaient d'assez loin que je ne me rappelle plus exactement d'où. Je me souviens seulement que Joseph, Marie et le petit Jésus m'ont été légués en héritage par Soeur Hortense, qui était la soeur de ma grand-mère, qui était folle des enfants, et qui savait que j'avais une petite Isabelle qui aimait beaucoup faire du théâtre avec toutes sortes de personnages.



Félixe et Isabelle, rendues chez elles, ont placé la crèche sous leur sapin, tout illuminé dans leur salon, et décoré de pièces rigolotes qu'elles ont fabriquées elles-mêmes, avec tout plein de mots d'amour camouflés dedans (comme des biscuits chinois genre!...) et les cartes de Noël qu'ils ont commencé à recevoir.



J'ai trouvé ça doux, beau et chaud, pour mon ti coeur de mamie, de passage lundi soir chez eux, de voir que Félixe joue avec la crèche et les personnages, en se racontant l'histoire qu'elle met en scène à sa manière, en prenant grand soin du petit bébé, et de me rendre compte que pour elle, le papa Joseph, il est menuisier, « comme Papi!» » qu'elle précise à chaque fois.

mercredi 30 novembre 2011

Elle s'appelait Aldina...

Photo : Une belle journée de l'été dernier, avec mon amie Francine, nous nous étions donné rendez-vous pour aller visiter l'Île Nepawa, en Abitibi-Ouest. J'ai pris cette photo à partir d'un point précis de l'île, de là où l'on aperçoit cette petite église (ou chapelle) isolée sur une autre île pas loin. Ça m'intriguait et Francine aussi. On n'a jamais su ce qu'elle représentait, à qui elle appartenait, si elle avait déjà servi d'église ou si elle était devenue un chalet. Mystère... Et ce que je m'apprête à vous raconter s'est passé tout près de là, en Abitibi-Ouest également, samedi dernier, à Ste-Claire de Colombourg.

Elle s'appelait Aldina...

Je dédie ce billet (ça fait prétentieux mais je le fais du fond de mon coeur) à Dominic, mon beau-fils.

Ça n'arrive pas qu'à moi, j'en suis certaine. Là où il faut aller, là où l'on nous attend, là où l'on ne peut se défiler, là où il faut tenir sa promesse, on y va en se faisant une face, on se retrousse les manches, on soigne son attitude et on fonce, advienne que pourra. Et puis, on s'aperçoit après coup qu'on y a vécu quelque chose qu'on n'aurait jamais voulu manquer.

Vendredi dernier, donc la veille, comme j'étais dans le secteur, j'avais été faire mes politesses aux proches d'Aldina, au salon funéraire de La Sarre, avant de revenir chez moi. Je n'avais donc aucune raison d'y retourner samedi matin pour accompagner ma mère à ces funérailles mais j'ai tenu parole. J'étais grippée, on annonçait une tempête de pluie verglassante et j'attendais mes enfants pour souper.

D'abord, je devrais vous parler d'Aldina. Je l'ai croisée à deux ou trois reprises seulement dans ma vie, surtout quand j'étais petite. Ma petite enfance s'est passée en Abitibi-Ouest. Elle m'avait charmée et impressionnée par son beau visage, sa joie de vivre, son attitude, tout en elle m'attirait. Aldina était la mère de deux de mes tantes que j'aime beaucoup, la belle-mère de deux des frères de mon père, la grand-mère de plusieurs de mes cousins et d'une de mes cousines.

Aldina était née à Québec, en 1914. Elle avait 3 ans quand ses parents sont venus s'établir en Abitibi, où ils allaient fonder avec d'autres un nouveau village : Ste-Claire de Colombourg. C'est là que cette véritable pionnière a grandi, a trouvé l'amour, qu'elle a épousé celui qui faisait battre son coeur. Toute sa vie elle a semé ce que j'avais décelé d'extraordinaire chez elle, même quand j'étais enfant.

Aldina est décédée la semaine dernière, à l'âge de 97 ans, laissant derrière elle 17 enfants, 64 petits-enfants, 131 arrière petits-enfants, 67 arrière arrière petits-enfants et une arrière arrière arrière petite-fille. Pas besoin d'en dire davantage.

* * * * *

Samedi matin, très tôt, en route vers ce village que je n'avais pas visité depuis longtemps, le ciel gris de novembre s'illuminait de quelque chose de tendre, à mesure qu'on approchait des paysages de mon enfance, ceux qui me sont restés dans le coeur comme des personnages attachants et familiers, le coin chez Marouffe, les 9 milles, Duparquet, la fourche de Matheson qu'on prenait pour aller à notre chalet du lac Hébécourt, les épouvantails de Rapide-Danseur, la fourche de Gallichan et de Roquemaure, le village de Palmarolle et la grande côte d'où l'on voit le bout du monde, où l'on tourne soit à gauche pour aller sur l'Île Nepawa, soit à droite, pour aller à Ste-Claire de Colombourg.

De chaque côté de la route, des maisons de ferme, vieillottes mais toujours coquettes, des belles d'autrefois qui côtoient fièrement des modernes fonctionnelles et de loin, de partout, on aperçoit le clocher de l'église de Ste-Claire de Colombourg. Je vais revoir la maison des Villeneuve, la cour où l'on se patentait une motoneige qui réussissait à pétarader jusqu'au dépanneur chez Lecours ou dans la vaste cour de l'église qui me semble aujourd'hui si petite.

En ce samedi de fin novembre, tout est là, rien n'a changé, je retrouve comme par enchantement mon enfance et l'ambiance couleur sépia qui colore toutes mes images dans ma tête. On dirait que la vie me ramène un peu malgré moi à ce que j'avais oublié mais que je retrouve intact.

Le stationnement de l'église déborde jusqu'à la salle municipale, le village est réuni pour rendre hommage à Aldina. Nous entrons dans l'église, pleine à craquer. L'odeur de vieux bois me saisit au même moment où je suis envahie de la beauté de l'architecture et des vitraux. Une si petite église de village avec tant de charme... Une douce musique vient du jubée. Tout le monde sourit. Je n'ai jamais vu tant de retrouvailles chaleureuses et d'accolades qui s'attardent, tant d'enfants si beaux, si affectueux, si collés sur d'autres enfants qui se tiennent par la main, qui se lâchent pas, qui se ressemblent, qui ont un air de famille. Aldina a tout transmis ça à sa nombreuse descendance...

Pendant la cérémonie des funérailles, tout le monde est recueilli, respectueux et souriant. Dans tous les moindres petits gestes et les rituels habituels, on s'inspire d'elle, on parle d'elle, on s'imprègne d'elle, si présente dans cette église, surtout dans son absence. Il n'y a pas de vide au départ d'Aldina, elle a tant semé tout au cours de sa vie.

Dans l'un des nombreux hommages qu'on lui rendra, on rira beaucoup, on s'attendrira parfois, on sourira tout le temps, on se souviendra de son accueil, ses chansons, son humour, sa générosité, sa grande curiosité intellectuelle, ses phrases célèbres, son besoin de rassembler son monde, de donner sans attendre en retour, son attitude devant la vie, les épreuves, la mort, la vie, les coups durs, les entourloupettes du destin, et tout ce qu'elle était, de beau et de bon.

Au jubée, les chants se succèdent avec entrain, harmonie, puissance et joie. J'en ai la chair de poule par moments, si j'écoute les paroles. On se croirait avec les anges, au paradis, comme ils nous le décrivaient quand j'étais enfant. Je ne reconnais pas les chants habituels des funérailles, je ne les ai jamais entendus ceux-là, si pleins d'espoir et d'amour de la vie. J'apprendrai plus tard que cette chorale improvisée était faite surtout de ses petits-enfants qui savent toutes ces chansons par coeur parce qu'elle les a bercés de ses chants-là toute leur enfance et même parfois dans leur vie adulte.

La cérémonie achève et on nous invite tous à rester ensemble pour nous rendre jusqu'à la salle municipale où le dîner nous attend. Aldina nous invite comme elle l'a fait si souvent pour rassembler tout son monde autour d'elle. On insiste qu'il faut y aller. La salle municipale est en soi une curiosité, sa façade si modeste abrite de nombreuses rallonges qu'on ne réalise que lorsqu'on entre à l'intérieur, où c'est immense et tout ouvert, avec des mezzanines, des petites élévations, une scène, une autre scène plus élevée encore, c'est clair qu'avec les années, et la vie communautaire de ce village, on l'a agrandie par en dedans et à défaut d'être somptueux, le décor est si chaleureux, délicieusement imparfait et authentique. On est en famille ici. D'ailleurs, les membres de ma famille viendront se joindre à nous, à la même table.

On nous sert un repas chaud, dans la bonne humeur et la joie. Ces abeilles-là, hommes et femmes du village, sont à l'oeuvre depuis la veille à préparer tout ça. En mémoire d'Aldina qu'ils aimaient tant. Ils retrouvent des membres de la famille pas vus depuis longtemps, se présentent les conjoints, les enfants, s'embrassent, se serrent la main, se brassent les épaules, s'éclatent de rire et collent les chaises, les tables, se volent les enfants à bercer, à cajoler. On dirait une noce de l'ancien temps...

Une belle jeune femme circule dans les allées avec un énorme gâteau qu'elle a fait la veille, où elle a dessiné le visage d'Aldina, au glaçage, une Aldina souriante et son regard bienveillant sous ses lunettes et ses frisettes. C'est son hommage sucré et personnel, elle est l'une des 64 petits-enfants et elle nous offre « un morceau de sa Grand-Maman » au dessert.

Tout au long de ce repas, j'étais émerveillée de toute cette solidarité et cette affection qui se déployaient sous mes yeux, cette ambiance familiale et conviviale, que je croyais révolue à tout jamais, dans notre monde d'aujourd'hui. Au moment de quitter, on m'a même dit que la famille (fort nombreuse) profiterait de la salle pour le reste de la journée, que la même chose se reproduirait au souper, qu'on allait chanter et peut-être même danser quand les tables seraient rangées. On nous a remerciées d'être venues, ma mère et moi, et on m'a bien avertie d'être prudente sur la route au retour, avec raison d'ailleurs, puisque la tempête de pluie verglassante était déjà commencée.

J'ai vu, entendu et vécu tant de choses cette journée-là que j'en suis revenue avec quelque chose de tout neuf dans le coeur qui m'a regaillardie pour un bout. Je me sentais privilégiée d'être là et de vivre ça. Grâce à Aldina.

* * * * *

Sur le chemin du retour, la pluie verglassante et la neige ralentissaient ma conduite à 60- 70 km/heure tout au long. Je n'avais pas peur, je me sentais en sécurité. Il n'y avait pas de place pour autre chose dans ma vie à cet instant-là que la simplicité du bonheur de vivre et d'aimer... En plus, après avoir déposé ma mère chez elle, je m'en allais chez moi cuisiner un repas chaleureux pour mes zamours, que j'avais si hâte de retrouver.

* * * * *

En attendant qu'on se mette à table pour le souper chez nous, Isabelle et son père jouaient avec Félixe dans le salon. Dominic et moi, on jasait dans la cuisine et je ne pouvais m'empêcher de lui raconter cette journée étrange où j'avais tant reçu, et je lui partageais pêle-mêle des bribes de tout ce dont j'avais été témoin.

- C'est donc ben beau, ça, Francine, tu devrais écrire ça!

- Je te le dis, Dominic, ça me remplit le coeur de quelque chose que je pensais pas qui existait encore, comme une sorte de monde idéal...

- Vas-tu écrire quelque chose sur ton blogue?

- Je le sais pas... Ça va être ben difficile de « pas »... Peut-être...

- Ben moi, j'ai super hâte de te lire!

Alors, voilà, mon très cher Dominic. Celui-là, il était pour toi!

mardi 22 novembre 2011

Phénomènes modernes






Photo 1 : Été 2011. Papillon. Mirage. Éphémère.


Photo 2 : Un danger rôde. Dans les pistes du petit orignal se profilent celles, redoutables, d'un gros ours...


Photo 3 : Novembre 2011. Soleil levant sur matin froid.


Phénomènes modernes


Ce billet qui contraste cruellement avec le précédent (Plaisir démodé suivi de Phénomènes modernes!...) m'est inspiré par un petit fait banal survenu vendredi soir dernier. J'aurais souhaité que ça me passe mais non, c'est toujours là à me chicoter, alors il faut que je vous en parle!


Au bistrot bar où l'on cinqàseptte tranquillement, avec la musique jazz en sourdine et les petites lumières coquines qui nous rendent tous plus beaux, les gens se rejoignent, se retrouvent, s'interpellent, se serrent la main ou se bisoutent sur les joues, avant de s'asseoir ensemble dans une ambiance joyeuse et détendue de vendredi soir en ville. Notre fille viendra nous saluer elle aussi juste avant d'aller chanter au P'tit Théâtre du Vieux Noranda. Tout est parfait? Non. Quelque chose cloche pour moi qui suis tellement sensible aux ambiances.


À une table près de la nôtre, de biais un peu, une petite table pour deux... Un gars est assis tout seul, son ordinateur portable ouvert, sa bière froide repose à côté, il a les yeux braqués à la fois sur son Iphone dans sa main gauche et sur son écran d'ordinateur. Il ne les quitte pas une seconde, pitonnant allègrement sur l'un et l'autre. De toute manière, ses deux laisses font des murs entre lui et le reste du monde. Ça me met mal à l'aise. Ça me déconcentre. Je me dis que ce gars-là, tout seul au milieu de tant de monde qui communiquent, doit être un étudiant débordé en fin de session, ou alors un travailleur autonome qui approche dangereusement de l'heure de tombée d'un contrat important. Je le plains...


J'en parle à Isabelle et à Crocodile Dundee. Elle me rassure, il ne fait pas pitié du tout, elle peut voir son écran, il est sur Facebook! Ah bon. Sur son Iphone, il ne parle à personne non plus, il pitonne frénétiquement. Crocodile Dundee, lui, se met à observer le gars comme un animal étrange. Il n'en a jamais vu en forêt de ces spécimens bizarres... Il finit par décréter : « Pourquoi il la prend pas chez lui, sa bière, tant qu'à être isolé de même? » et on finit tous les trois par être un peu hypnotisés par la présence (si absente) de ce dépendant aux réseaux sociaux avec lequel on n'échangera même pas un regard pendant toute l'heure qu'on passera là. Quand on est partis, il était encore là, à pitonner. On trouvait ça malsain, on ne pouvait rien faire. On venait d'assister à un phénomène moderne troublant.


L'autre jour, en voiture, j'attendais que ma lumière tourne au vert, à l'entrée du viaduc près de RNC Média. Je voyais deux filles s'en venir à pied l'une vers l'autre, mais je n'imaginais pas une seconde qu'elles allaient se rencontrer puisqu'elles pitonnaient toutes les deux en marchant. Rendues au point de rencontre, elles se sont saluées puis elles ont marché ensemble, toujours en pitonnant. Ma lumière est tombée verte. Je suis partie.


Souper de Pâques 2011, dans une famille que je connais. Six personnes à table, dont quatre dans la vingtaine (enfants de la maison et amis) et les deux parents, dans la cinquantaine. Les quatre à table attendaient passivement le souper qui était sur le point d'être servi... en pitonnant sur leur Iphone. Ils ne se parlaient pas entre eux, non, ils étaient en lien avec d'autres, au loin. Les parents ont servi le souper aux quatre puis ils ont apporté leur assiette dans le salon. Personne ne s'en est rendu compte. Les parents ont dû avoir de la peine mais ils n'ont rien dit, n'ont pas réagi. Je ne sais pas comment ils ont fait. Moi, j'aurais pété une méchante coche poivrée de luxe 5 étoiles. Pourtant, je respecte énormément la liberté des gens mais ça, j'aurais pas pu.


Y a-t-il un lien entre ces trois faits apparemment anodins? En tout cas, j'en ressens un profond malaise, pour ma part, c'est certain. Tous ces gens, particulièrement des jeunes, qui se réfugient sous le parapluie de l'incommunicabilité, alors qu'on a tant de moyens de communiquer les uns avec les autres, je vous avoue que ça m'inquiète et que ça me fait peur.


Je suis arrivée dans le monde virtuel dans les années 90, où j'animais avec d'autres des forums de discussion regroupés sous le nom de Place Publique, qui avaient une grande popularité. Il y avait là plusieurs communautés virtuelles tissées serré, aux quatre coins du Québec et du monde entier. C'était l'effervescence, la découverte, l'enthousiasme, les passions partagées pour la littérature, l'éducation, le cinéma, l'informatique, la politique, la vie sociale, les voyages, etc. On communiquait vraiment, on se liait d'amitié, on échangeait, on discutait, on se donnait des trucs et des conseils et puis, on retournait à nos vies réelles. Derrière chaque pseudo, il y avait une personne qui transcendait l'écran et le clavier.


Sont arrivés les blogues qui ont connu leur plus grande popularité dans les années 2005 et les suivantes. Encore là, on y devinait une personne derrière chaque nom de plume. Chaque maison virtuelle ressemblait à celui ou celle qui l'avait construite pour y accueillir sa belle visite, les fidèles comme ceux de passage qui venaient y déposer quelques phrases. S'y dessinaient tranquillement des réseaux et des alliances tout à fait libres d'engagement, au fil du temps et des échanges. Une sorte de communauté virtuelle plus volatile mais à laquelle on pouvait quand même s'identifier.


Sur Facebook, j'y suis aussi présente mais si peu... pour des raisons pratiques et autres que l'amitié, l'échange et la communication. Ce réseau a ses particularités et ses fonctions utiles, j'en conviens, mais je ne m'y sens pas chez moi du tout. Je ne demande jamais à personne d'être mon ami(e) et lorsqu'on m'envoie ce genre d'invitation, c'est pas sûr du tout que je dise oui. Le jour où je serai rendue à 100 amis Facebook, je pense que je vais fermer mon compte!


Twitter, vous connaissez? Pas moi. Ça me rebuterait de fréquenter cette tour de Babel où tout le monde parle et personne n'écoute. Ça me rappellerait trop d'anciennes réunions de travail!


Donc, vous voyez où je veux en venir? Ces phénomènes modernes que sont les réseaux sociaux, à mesure qu'ils passent de mode et qu'il s'en crée d'autres, plus nouveaux et plus performants, ils perdent leur essence « sociale » et nous éloignent les uns des autres, si l'on suit le courant. Et moi, j'ai toujours eu le don d'être à contre-courant...


jeudi 17 novembre 2011

Plaisir démodé





Photos 1, 2 et 3 : C'était samedi dernier, on gardait Félixe à coucher et on lui avait promis (après le bain et avant les histoires) une collation très très très spéciale : Des « thaï » su'l'poêle à bois! Devrait-on plutôt écrire des « tailles » ou des « tye »? Est-ce que ça porte un autre nom par chez vous?



Plaisir démodé



Avez-vous déjà goûté à ça? Pas nécessaire d'être vieux! C'est le genre de gastronomie rustique accessible à tous, une « recette » magique comportant un seul ingrédient : des patates! Même pas épluchées!



Le poêle à bois doit être chaud par exemple. Il faut pas être pressés, encore moins stressés, l'idée là-dedans, c'est de prendre son temps, les surveiller, les virer de bord juste à point tout en jasant, en espérant, en anticipant la joie toute simple de ce plaisir démodé : déguster des thaï, se les offrir, les partager. On est loin de la restauration rapide là, on travaille plutôt son parfait contraire.



On prend une pomme de terre (ou deux ou trois) on la passe sous l'eau, on l'essuie, on la coupe en toutes petites tranches minces qu'on place sur le poêle à bois chaud et c'est tout. De temps en temps, avec une spatule, on les soulève pour savoir s'il est temps de les virer de bord.



Si on pousse la gourmandise un peu plus loin, on peut y saupoudrer du sel avant de les déguster. Crocodile Dundee, lui, il y fait fondre un peu de beurre, et nous avons un profond désaccord sur ce sujet chaud parce que moi, je les préfère nature, mais il a réussi à influencer Félixe, parce que Mamoiselle, elle veut du beurre dessus, comme Papi... C'est pas juste, il l'a prise par les sentiments!



C'est parce que chez lui, quand il était petit, on y faisait fondre du beurre, alors ça fait partie de sa culture. Ce sont ses grandes soeurs qui faisaient des thaï le samedi soir, ça devenait une activité familiale rassembleuse et agréable... autour du poêle à bois.



Moi j'ai connu ça chez mes grands-parents Poirier, dans la grande maison du Rang VII, à La Sarre. Mes oncles et tantes les plus jeunes se faisaient des thaï plein le poêle à bois et m'en offraient tant que j'en voulais, j'étais « la p'tite » qu'ils gâtaient et qu'ils trouvaient drôle. Je me souviens que c'était toujours un moment joyeux, de paix et de rires, de chansons aussi, quand mon oncle Paul sortait sa guitare et qu'on chantait les succès de l'époque en attendant les thaï. On aurait jamais mis de beurre là-dessus, nous autres, on les aimait croustillantes, avec juste un ti peu de sel...



J'en conviens, c'est pas tout le monde qui a un poêle à bois dans sa cuisine. En avez-vous un au chalet? Au campe? Sinon, j'ai pensé à vous pour que ce plaisir démodé puisse être partagé par tout le monde. Dans un four chaud (disons 450 degrés F) dans une grande tôle qu'on aura préalablement enduite d'huile, (juste pour ne pas que ça colle) on surveillera nos thaï pour ne pas qu'elles brûlent. C'est tout. Tout aussi magique même sans le poêle à bois!



Si j'ai dit que ce plaisir est démodé, je le regrette un peu parce qu'au fond, il est indémodable. Surtout que ces samedis soir nous laissent pour toujours des souvenirs impérissables.





mercredi 9 novembre 2011

Haute fidélité






Photo 1 : Deux huards. Ces oiseaux magnifiques sont fidèles l'un à l'autre tout au long de leur vie. Ils font équipe, s'entraident, reviennent toujours sur le même plan d'eau et partagent les tâches, comme la protection et l'éducation des petits, etc. Ils m'inspirent!



Photo 2 : Ciel d'été au lac Dufault.



Photo 3 : Encore un autre ciel d'été au lac Dufault. Non, je vous le jure, je n'avais pas de filtre orangé sur ma caméra.



Haute fidélité



Je pense très souvent à mon père. Il est décédé depuis bientôt 7 ans mais j'ai encore très souvent avec lui des conversations imaginaires qui me font du bien, me rassurent, répondent aux questions que je me pose ou m'amènent des sourires empreints de bons souvenirs et de tendresse. Ça, je le sais, c'est la complicité qui transcende les frontières du temps et de l'espace. Me reviennent aussi à l'esprit de ces conversations qu'on a eues réellement, lui et moi, quand j'étais une enfant, une adolescente, une jeune femme.



Une fois, je me rappelle, j'avais exactement 20 ans, j'étais à la veille de me marier. Je venais de lire dans un magazine sérieux un article portant sur différents aspects de la vie de couple, documenté par une étude récente avec un important échantillonnage d'un sondage mené auprès de personnes d'âges divers. Les statistiques recueillies au chapitre de la fidélité m'avaient ébranlée. Et pas à peu près! Cette étude soutenait qu'au moins 60 % des personnes avaient connu ou allaient connaître un épisode d'infidélité au cours de leur vie... Outrée que j'étais, déçue de la nature humaine, inquiète de m'engager pour la vie avec le même homme, en sachant cela. J'avais besoin d'en parler avec P'pa. Cette fois-là, il ne m'avait pas rassurée du tout, au contraire. Voici à peu près la conversation qu'on avait eue sur le sujet :



Moi : C'est exagéré, certain, ça se peut pas, 60 % des hommes vont être infidèles au moins une fois dans leur vie. C'est décourageant.



P'pa : Attends un peu là, ils disent pas 60 % des hommes, c'est 60 % du monde.



Moi : Ça doit être les hommes...



P'pa : Avec qui tu penses qu'ils trompent leur femme? Avec des célibataires?



Moi : Y en a tu rien que 40 % qui sont fidèles?



P'pa : Ça se peut. On parle de toute une vie... Quelqu'un peut avoir un accident un soir, une erreur, ça veut pas dire que ça va se reproduire.



Moi : Si t'avais trompé M'man, toi, tu lui dirais?



P'pa : Je le sais pas. Ça dépendrait...



Moi : Comment ça, ça dépendrait?



P'pa : Si j'étais attelé double, ta mère le saurait tout de suite. Mais si c'était une erreur d'un soir, j'y penserais à deux fois avant de me jeter à l'eau.



Moi : Ça voudrait dire qu'en plus d'être infidèle, tu serais menteur à ce moment-là?



P'pa : Ben non... Ça voudrait dire que je l'aime pis que je veux pas la perdre, je vivrais avec mes remords, ça serait moi le pire. Mais c'est pas de moi qu'on parle ni de ta mère, c'est des 60 % d'infidèles, on n'est pas là-dedans!



Moi : OK. C'est qui ton meilleur ami?



P'pa : On va dire Paul.



Moi : J'y ai bien pensé que tu me dirais Paul. Bon, si sa femme le trompe pis qu'il se doute de rien, tu vas lui dire la vérité, toi, c'est ton meilleur ami?



P'pa : Il en est pas question!



Moi : Mais c'est ton meilleur ami, tu l'aimes, tu voudrais pas qu'il se fasse jouer dans le dos?



P'pa : C'est justement parce que je l'aime que je lui dirais rien. C'est entre lui et sa femme que ça se passe, ça me ferait de la peine, mais c'est pas à moi de lui dire ce qu'il voit pas, ce qu'il sait pas, ce qu'il a jamais vu venir.



Moi : Je te pensais plus franc que ça.



P'pa : Je suis franc mais je me mêle de mes affaires. Si la femme de Paul le trompe, c'est que ça va pas bien dans leur couple, l'infidélité c'est le signe de quelque chose qui va pas. Ça se pogne pas comme la grippe, ça!



Moi : Et si c'était Paul qui trompait sa femme?



P'pa : Là, j'essaierais d'avoir une bonne jase avec lui, voir ce qui va pas dans sa vie, je lui demanderais ce qui se passe, comment il vit ça, j'essaierais de l'aider à se démêler.



Au moins, je trouvais que mon père avait encore quelques bons vieux principes de meilleur ami! À la suite de cette conversation, je me souviens que j'étais quasiment déçue qu'il soit si nuancé, si réaliste, qu'il ait une si bizarre définition de la loyauté envers son meilleur ami, pas tranchant du tout ni accusateur à propos des faiblesses de la nature humaine qui n'avaient pas l'air de le surprendre ni de l'ébranler, lui. Je le trouvais pas mal trop compréhensif et ouvert d'esprit. J'étais à l'âge de l'absolu...



Et si j'avais 20 ans, ça veut donc dire que mon père en avait 50. Il avait vu neiger, comme on dit. Aujourd'hui, j'ai la cinquantaine, j'aimerais reprendre cette conversation avec lui. Celle-là sur la fidélité et pas mal d'autres sur la vie, la famille, les enfants, le travail, les obligations, les responsabilités, la société, les relations interpersonnelles, le sens qu'on donne à la loyauté, la fidélité, l'amour et l'amitié.



J'ai l'impression que je concluerais toutes nos conversations par :



« T'as raison, P'pa! »



dimanche 30 octobre 2011

MON Festival a 30 ans








Photo 1 : Ce matin, peu après 8 heures 30, Félixe et moi arrivions dans le hall du Théâtre du Cuivre pour assister ensemble au Ciné-muffin, dans le cadre de la 30e édition de MON Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.



Photo 2 : Comme on fait toujours d'extraordinaires rencontres au Festival, si on n'y présentait pas de films, on irait quand même faire un tour, tellement l'effervescence est grande et l'ambiance, festive! Ici, des retrouvailles chaleureuses avec Mahée. À noter que sur les photos 1 et 2, Félixe a son bulletin de vote qu'on lui a remis à l'arrivée, auquel elle tient beaucoup on dirait, comme une cinéphile avertie!



Photo 3 : Ça fait déjà plusieurs fois que je vais au cinéma avec elle mais dans le cadre du Festival, pour le Ciné-muffin, c'était pour nous deux une grande première. Quand on lui demande ce que fait Maman Isabelle, Félixe répond : « Elle travaille à l'école » et ce que fait Papa Dominic? Il fait des films!



Photo 4 : Cet après-midi, 15 h 05, dans un Théâtre du Cuivre à la fois survolté, à l'écoute, respectueux et recueilli (oui, ça se peut!...) on présentait en primeur mondiale le très attendu (avec une brique pis un fanal) Trou Story, film documentaire choc sur l'histoire de l'exploitation minière depuis 100 ans au Canada, signé Robert Monderie et Richard Desjardins.


MON Festival a 30 ans



Vous n'y échapperez pas encore cette année, voici que je m'amène avec des mots et des émotions qui se bousculent à la sortie, pour vous parler d'un événement culturel important, je dirais même un événement humain structurant primordial pour ma région et pour le Québec : le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, qui célèbre ses 30 ans d'existence. Pour moi, le Festival demeure une histoire d'amour depuis toujours et plus particulièrement depuis l'an 2000, lorsque j'y ai travaillé aux communications et que, grâce à une magie incroyable, je suis passée à travers un burn out... en travaillant! J'aurai toujours de la difficulté à en parler autrement qu'émotivement. Pour mille raisons.



Le FCIAT se déroule présentement, du 29 octobre au 3 novembre. Vous pouvez consulter leur site au http://www.festivalcinema.ca/ pour voir l'affiche, connaître la programmation complète, les activités connexes, lancements et expositions, les nocturnes, les tournées régionales et tout ce qui se greffe dedans et autour du Festival.



Je vous avoue bien franchement que j'écris ce billet « à chaud » en sortant de la projection de Trou Story qui m'a laissé sans mot, tellement ce film est gigantesque par l'histoire documentée et la vérité qu'il est le seul à pouvoir exposer de manière aussi dénuée d'artifice et de maquillage, et que pour reprendre mes esprits, j'ai besoin de me rebrancher le cerveau sur le Ciné-muffin de ce matin.



Le Ciné-muffin a fait des p'tits



Si le Festival a 30 ans, on peut supposer qu'il entre dans une belle période de maturité et qu'on commence collectivement à récolter des fruits qui ont été semés dès le départ par des passionnés. J'ai nommé Jacques Matte, Louis Dallaire et Guy Parent, bien connus ici et ailleurs dans le monde sous l'appellation « les trois mousquetaires ». Je pourrais vous en parler longtemps mais ils l'ont fait mieux que moi récemment quand ils ont dit : « Mille réunions n'auront pas eu raison de notre enthousiasme, préparer le Festival reste encore une fête! »



Ce matin, au Ciné-muffin, c'est à ça que je pensais quand je m'y suis présentée avec Félixe, ma petite-fille qui n'a même pas encore trois ans et qui représente tout à fait la relève cinématographique de demain. Nous attendaient là-bas, dans le hall, d'autres inconditionnels du Ciné-muffin, son autre mamie, Nicole, son autre papi, Guy, sa tante Ariane, et plein de ses petits amis avec leurs parents. Pourquoi ses parents n'y étaient pas? Parce que sa maman devait livrer hier soir une prestation musicale devant les 500 invités de marque de la soirée d'ouverture et que son papa, en fin de semaine, qu'est-ce qu'il fait? Des films! Il accompagne plusieurs équipes de tournage qui couvrent justement le Festival.



Dominic a 29 ans, il se souvient que, tout petit, il allait chaque année au Ciné-muffin avec ses parents, son grand frère, sa petite soeur, ses amis et leurs parents. Cette génération-là, qui a grandi avec le Ciné-muffin, sont aujourd'hui la relève des Gilles Carles, André Mélançon, Richard Desjardins, Robert Monderie, Paule Baillargeon, et tant d'autres cinéastes et réalisateurs, originaires d'ici, qui ont fait leur marque dans le monde du cinéma. Plusieurs d'entre eux sont aujourd'hui en début de carrière, d'autres ont déjà acquis une signature et une réputation solide et ils disent à la blague qu'ils font des films pour venir les présenter en primeur mondiale à LEUR Festival.



Trou Story



Il faut pourtant que j'y arrive... Bon. Vous savez où je me situe? J'aimais déjà ce documentaire choc avant même de l'avoir vu. C'est vous dire... Les billets se sont envolés en 10 minutes à peine alors que j'étais à l'extérieur de la ville et les passeports s'étaient vendus à la même vitesse en mon absence. J'étais résignée, j'allais le voir la semaine suivante seulement, quand on allait le présenter au cinéma commercial de Rouyn-Noranda. Après le Festival.



Mais la vie est bonne pour moi. Et j'ai des amis qui le sont tout autant. On connaissait l'importance de ça pour moi. À cause de... et de... et encore parce que... t'sais? Ça fait que j'ai eu deux chances plutôt qu'une d'aller le voir lors de la première, pour bien ressentir, entendre et voir tout ce qu'il y avait à voir, entendre et ressentir dans la salle, avant, pendant et après la projection de Trou Story, présenté bien sobrement avant la projection, par ses artisans, Desjardins/Monderie, qu'on sentait très émus, comme peuvent l'être des gars d'ici qui ont grandi dans une ville minière et qui ont respiré de la boucane de mine pendant toute leur enfance, leur adolescence et leur vie d'adulte. Juste ça, c'était déjà une garantie d'authenticité et une signature à nulle autre comparable. Sont rares, les hommes libres.



On a dit d'eux, avant même la sortie de leur film, qu'il signaient encore une oeuvre pamphlétaire... Pendant qu'au moins une centaine de lobbyistes de l'autre côté de la médaille s'affairent depuis un joli bout de temps à les discréditer ou amoindrir l'effet de leur charge très documentée, en les accusant de tout et son contraire, avec des moyens faramineux et des stratégies de communication efficaces, eux, Desjardins et Monderie, ont fait le film qu'ils ont voulu, librement, ils nous l'ont dit tout à l'heure et je les crois. Mais on peut imaginer que ça leur a coûté un bras, au point de vue de l'implication et de l'engagement. Ce sont des hommes de parole. Et d'images. Et de faits démontrés. Personne ne vous dira jamais ça. Sous aucun prétexte. Eux l'ont fait.



À défaut de voir bientôt sur vos écrans Trou Story, un documentaire que je vous suggère fortement, si vous n'aviez qu'un seul article à lire qui vous donnerait un son de cloche réaliste, je vous suggère celui-ci :




http://moncinema.cyberpresse.ca/nouvelles-et-critiques/entrevues/entrevue/15962-iTrou-Storyi-les-indignes.html?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_cinema_807_section_POS2

Il y a des films qui divertissent, d'autres qui racontent des histoires vécues, ou qui deviennent des « feel good movies » avec le temps. Certaines oeuvres cinématographiques font réfléchir, avancer, nous amènent à discuter, voir le monde autrement ou nous ouvrent des horizons jusque là inconnus et inexplorés. Trou Story est dans une catégorie à part, il changera le monde. Vous verrez. Et moi, encore sous le choc après avoir vu ce film, je dis simplement merci à Desjardins/Monderie. N'ayant plus de mots, je leur offre celui de George Dor qu'ils m'inspirent : « Tout homme qui se tient debout est le plus beau des monuments ».



Comment je fête ces 30 ans?



J'ai mon passeport express. Et j'y ai ajouté quelques extras. Ce n'est pas le prix du passeport complet qui m'arrête, puisqu'il demeure très accessible, mais la disponibilité en temps me manque! Je rêve du jour où je pourrai « faire » le Festival au complet. Mais je me considère chanceuse, parce que cette année encore, je passerai mes après-midis de cette semaine à assister aux projections de courts, moyens et longs métrages des quatre coins du monde. En compagnie de ma gang de fous et fidèles. Surtout fidèles, je dirais...



J'y ferai encore des rencontres enrichissantes et inoubliables, je le sais parce que c'est comme ça tous les ans, pendant MON Festival. Mercredi après-midi, précisément à 14 h 37, juste avant la pause, je serai sûrement encore un peu fébrile, peut-être autant qu'en ce moment mais pour des raisons différentes, quand deux artisans du cinéma, des tout petits qui fréquentaient le Ciné-muffin des premières années, viendront à leur tour sur la scène du Théâtre du Cuivre nous présenter leur court métrage tourné l'été dernier, Baby Boom Town.



Mot d'enfant full Festival



Et pour vous laisser sur une note moins émotive (skuzez-moi mais aujourd'hui, c'est comme ça!...) j'aimerais vous citer ce mot d'enfant que je trouve absolument savoureux, peut-être parce qu'il est signé Félixe. Depuis quelques jours, on parle beaucoup du Ciné-muffin, et elle, à chaque fois, il semble qu'elle entende et interprète « cinéma-film », comme dans l'expression : « Mamie, nous autres on y va, hein, au cinéma-film? ». J'ignore ce qu'elle fera comme métier un jour, mais une chose est sûre, comme cinéphile et bon public attentif, on a de la relève!


lundi 24 octobre 2011

La force d'un rêve



Photo : Le 10 octobre dernier, en début d'après-midi, nous avons été faire un petit saut chez nos amis de Rapide Deux, Réjeanne et Gérald, qui sont installés là depuis 23 ans, sur la rivière des Outaouais. Nous avions un petit cadeau pour eux et on n'a jamais pu repartir de là sans qu'ils nous fassent eux aussi un cadeau fort généreux et très utile. Ils sont comme ça!



La force d'un rêve



C'est beau chez eux, n'est-ce pas? C'est leur résidence secondaire, leur maison se trouve beaucoup plus près de leur lieu de travail! Si je vous parle de cet endroit et de ces gens merveilleux, c'est qu'ils ont un rêve dont ils nous parlent parfois et que ça me fascine littéralement tellement j'y crois avec la même ferveur qu'eux-mêmes. Je leur souhaite de le réaliser très bientôt.



Ils sont là toutes les fins de semaine et pendant leurs vacances, sauf quelques rares exceptions, quand ils vont visiter leur grande fille établie à Montréal (elle aime bien revenir de temps en temps elle aussi sur les lieux qui ont bercé ses plus belles années d'enfance) et lors des périodes de gel/dégel, puisque la rivière des Outaouais, dans ce secteur, a ses caprices qui ne facilitent pas le court trajet pour se rendre à leur chalet.



Ils sont de formidables pêcheurs, ces deux-là. Réjeanne fabrique elle-même ses hameçons et ses mouches, de vrais petits bijoux, vous pouvez me croire! Elle sait apprêter le doré de mille façons différentes aussi. Ensemble, ils cultivent un grand jardin, avec des fines herbes et des légumes de toutes les variétés. Ils savent où trouver les fraises des bois, bleuets, framboises, noisettes, atocas et poires sauvages. On s'échange les talles! C'est elle qui m'a appris comment recueillir la sève des bulles sur les troncs des sapins, les mélanger en bonne proportion avec de l'huile minérale, pour en faire un parfum... un parfum... tellement enivrant! En retour, moi, je lui ai appris à faire du sirop de sapin avec les jeunes pousses du mois de juin.



Crocodile Dundee et Gérald sont comme deux p'tits gars quand ils « jouent » ensemble, on ne sait pas toujours ce qu'ils trament mais ils rient en masse et ils ont plein de plans. Ils marchent toujours très vite, parfois même ils courent, avec Frimousse (leur petit chien adorable) qui a de la misère à les suivre, ils disparaissent et réapparaissent en nous lançant fréquemment ces cris du coeur : « Hé les filles! »



À l'été, ils ont passé tout un mois à leur chalet, leurs vacances annuelles. Ils étaient ravis de descendre en ville seulement une fois par semaine, pour se ravitailler, prendre les messages sur leur répondeur, leurs courriels urgents, communiquer avec leurs deux filles, l'une à Montréal, l'autre en Australie, visiter leurs parents âgés, etc. Quelques heures plus tard, ils revenaient au camp, regaillardis, ravitaillés et remplumés, trop contents d'être heureux de n'en plus sortir jusqu'à la semaine suivante. Ils ont même la télé!!!



L'énergie qu'ils utilisent, c'est celle du soleil pour la plupart des commodités. Des panneaux solaires sont installés aux endroits stratégiques. Gérald est tout un patenteux. Un gars ingénieux. Une génératrice peut parfois suppléer à la demande mais ils essaient de s'en passer juste pour le fun d'être autonomes et le frigo comme la cuisinière fonctionnent au gaz propane. Ils préfèrent cuisiner dehors, sur le feu, quand c'est possible. Une source d'eau à deux pas de chez eux leur fournit l'eau potable. Pour la douche et la vaisselle, ils font comme nous, ils recueillent l'eau de pluie dans des barils. Voilà pour le pratico-pratique!



Leur rêve? Il m'emballe! L'heure de la retraite sonnera bientôt pour ces deux amoureux. D'ici deux ou trois ans au maximum. Elle a dû cesser de travailler il y a quelques années pour des raisons de santé, Gérald a passé sa vie dans les mines... Mais ça achève!



Ils veulent passer une année complète au camp, c'est ça leur rêve. Sortir une fois par semaine seulement, descendre en ville et remonter aussitôt, comme ils ont fait cet été pendant leurs vacances.



Je leur souhaite ardemment de réaliser ce projet de vie. Ils ont tellement les yeux brillants quand ils en parlent qu'ils en deviennent lumineux. Il y en a qui rêvent à des voyages autour du monde, des « monster houses » ou la tournée des terrains de golf, d'autres ont des objectifs tout aussi ambitieux et très originaux par leur grande simplicité. Ce sont des gens très inspirants, je trouve. Je les aime beaucoup.



Vous savez, Réjeanne et Gérald sont le genre de personnes... Comment vous dire? Quand on se voit, qu'on va à la pêche ensemble, qu'on descend jusqu'à Rapide Sept en bateau pendant nos vacances, qu'ils viennent prendre un petit coup de rouge chez nous ou qu'ils nous invitent à déguster du bon doré sur le bord de la rivière dans le coucher du soleil et que Gérald sort sa guitare en me piquant un clin d'oeil... Quand on les voit... Après, on se sent comme plus heureux qu'avant. S'il y a des « feel good movies », je crois qu'il y a aussi des « feel good persons »...

lundi 17 octobre 2011

L'art du camouflage







Photos 1, 2, 3 et 4 : Toutes prises le samedi 8 octobre, vers 11 h 30, dans le même espace/temps d'une minute, à un kilomètre du campe.


1 : Un petit exercice facile... La voyez-vous? Interdiction cette fois de cliquer sur la photo pour l'agrandir, je regrette, c'est le règlement. On joue sérieusement là.



2 : Elle est là!



3 : Encore plus facile... La voyez-vous?



4 : Elle n'a pas l'air contente de se faire zoomer de même mais c'est bien elle qui vient de se virer de bord. Ma-da-me la perdrix fait la baboune, elle n'aime pas les kodaks elle non plus!



L'art du camouflage



Comme vous le savez, j'arrive de vacances. Une semaine en forêt. Une toute petite mais très grosse semaine en même temps. J'étais tellement loin du monde!



J'ai de la misère à vous dire qu'on est revenus bredouille, juste parce qu'on n'a pas vu d'orignal. Dire ça, ce serait comme avouer qu'on n'a pas trouvé ce qu'on cherchait ou qu'on y serait allés pour rien, zéro résultat, pas d'objectif atteint, sweet nothing. Non, on n'est pas si bredouille que ça quand même.


Avoir voulu, on aurait pu cabocher pas mal de perdrix. Mais on ne voulait pas. J'aime mieux les photographier. Ou les suivre dans les sous-bois jusqu'à ce que je les perde de vue dans le décor parce qu'elles excellent dans l'art du camouflage. Ou encore les faire choquer pour qu'elles me fassent la baboune, sont drôles des fois, les perdrix. Surtout les mâles, quand ils se gonflent les plumes pour avoir l'air plus costauds. Ils pensent m'impressionner!



Les comportements des animaux de la forêt me captivent pendant des heures. Je ne me lasse pas. J'ai vu la semaine dernière une guerre de territoire entre un écureuil fantasque et une pie qui ne ne s'en laissait pas imposer du tout. Il criait et courait partout comme un gazé de la guerre, elle a appelé ses copines à la rescousse, à trois, elles ont eu le dessus, il a fini par repartir comme il était arrivé, le paquet de nerfs. Bravo les filles, faut pas s'en laisser imposer par les criards et les mal élevés.



Dans l'art du camouflage, les perdrix m'ont fait réfléchir la semaine dernière. Parce qu'on prend des vacances pour ça au fond, réfléchir à des situations, prendre des décisions, des résolutions, pour revenir dans le monde avec un regard neuf, un esprit reposé, regaillardi et des plans.

Je devrais pratiquer l'art du camouflage moi aussi, je vais m'y mettre. Comment se fait-il que lorsqu'il y a quelque chose à faire, un projet à mener à terme, une situation délicate à dénouer, une tâche ardue à accomplir, un problème, une corvée, un service à rendre, un miracle à faire, un chagrin à consoler, je me sens tout le temps interpelée vivement, comme s'il y avait un gros spot de 1000 watts braqué dans ma face et qu'on attendait ma réponse?


Parce que je suis pas bonne dans l'art du camouflage! Je sais pas me défiler, me fondre dans le décor, me faire oublier, je m'embarque et je m'en aperçois après que tout le monde est parti. Ça fait qu'en bout de ligne, je suis toujours débordée et j'ai pas de vie! Non mais, on parle pour parler là, j'exagère à peine, mais c'est vrai que je me ramasse tout le temps avec des responsabilités que je prends parce que personne d'autres ne veut les prendre et que je suis une personne très fiable et très très très extrêmement responsable. L'art du camouflage, ouais... Comment n'y ai-je pas pensé avant d'avoir 54 ans? Me faire discrète... C'est ma nouvelle résolution.



Ah et puis, j'ai réfléchi à pas mal d'autres choses aussi. Une toute petite semaine de vacances mais très très très grosse semaine. Pas bredouille en tout cas. Oh non!

jeudi 6 octobre 2011

Qui va à la chasse...






Photos 1, 2 et 3 : Toutes prises à la fin juillet, pendant mes semi-vacances. Je vous avais déjà présenté Ti-Buck, c'est encore lui! J'avais pu le photographier à trois reprises au cours de l'été, sur la rivière pas loin de notre campe. Mais cette fois-là particulièrement, on aurait dit qu'il posait pour moi, et j'avais pu le photographier 55 fois. Comme je chasse au kodak, ma saison 2011 est déjà fructueuse, je ne risque pas du tout de revenir bredouille.



Qui va à la chasse...



... perd sa place!



L'avez-vous déjà entendue, celle-là? Très à la mode ces jours-ci dans notre région, cette expression relève plus de la boutade que de la vraie menace. La saison de la chasse à l'orignal dans la zone 13 s'ouvre samedi matin, le 8 octobre, et mes vacances, des vraies vraies vraies vacances, pas des semi-vacances de broche à foin, des vraies là, commencent officiellement demain à midi. Youpi!


Une grosse semaine de vacances... Ouep! Peut-être même 10 jours, je retravaille seulement le lundi 17 octobre. J'en reviens pas. J'ai hâte. Je le crois pas. Enfin, je le croirai rendue là-bas probablement. Ça se peut quasiment pas.



Ça, c'est si je peux arriver à tout faire avant mon départ. Toute la semaine, j'ai excellé dans le multitâches, tout en gardant le sourire, je comptais sur mes vacances prochaines pour décrocher de tout et c'est ce que je ferai, je vous en passe un papier. Pas de téléphone, pas d'esstristé, pas de stress, pas d'ouvrage de job (!), pas besoin d'avoir les zoreilles branchées sur les médias, pas de contraintes, pas d'obligations. Des vraies vacances, je vous dis!



La bouffe est prête, j'ai tout mis en pots de conserve bien scellés, on n'aura qu'à ouvrir les pots pour en réchauffer le contenu et déguster des repas comme à la maison. Les desserts, eux, sont congelés. Mes vêtements sont prêts, des plus chauds comme des plus légers, on nous annonce des températures estivales jusqu'à lundi prochain au moins. Les piles de ma caméra sont chargées à bloc, je suis armée jusqu'aux dents! Et j'apporte quelques bons bouquins dans mes bagages, ainsi que des magazines et des mots croisés, c'est mon plaisir coupable, je me le permets pas souvent...



Nous serons avec Robert et Gisèle, qui sont à la fois de la famille et des grands amis.



Avant de partir en vacances, je voulais vous donner des nouvelles de quelques petites affaires racontées dans mes anciens billets.



Vous vous souvenez de ce roman dont je vous ai parlé, écrit par mon amie Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux? Quelques-uns d'entre vous l'aviez aimé autant que moi... Jocelyne vient de remporter le Prix des cinq continents de la Francophonie. Elle est la première Québécoise à remporter ce prix prestigieux. Très humble, elle a simplement réagi en mentionnant qu'elle avait un autre roman en chantier mais que celui-là avait « une belle vie ».



Je vous avais parlé aussi du film Voir Ali... Je me sens très proche des artisans de ce film qui connaît aussi une très belle carrière depuis son lancement. Voici donc les derniers développements :






Le Stage de Kassandra, vous vous souvenez? Cette websérie dont je vous parlais pendant le tournage et la diffusion? Le 11 octobre, si je n'étais pas partie en vacances, je pourrais vous raconter la suite de l'histoire... D'ici là, je peux rien vous dire, sinon, je le ferais! Mais si vous êtes à l'écoute de certains médias, peut-être l'apprendrez-vous avant mon retour? ...


Mes « infants » sont venus souper avec nous et nous ont appris une autre bonne nouvelle : Leur court métrage, Baby Boomtown, co-écrit et co-réalisé par Isabelle (Rivest) et Dominic (Leclerc) au cours de l'été dernier, présenté en primeur lors de l'événement Cinéma Vues d'ici, vient d'être sélectionné pour faire partie de la programmation de la 30e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, qui débute fin octobre.



Ah oui, à propos de... « Qui va à la chasse... perd sa place! », on avait l'habitude de répliquer quand on était petits, « Excepté un chien de race... ça fait que décrasse! »



Ça fait que... je décrasse... à compter de demain midi. Soyez sages quand je serai partie là... Mais pas trop quand même!



Tourlou!






mardi 27 septembre 2011

Que sont-ils devenus?




Photo 1 : J'avais 4 ans... Ça fait donc 50 ans de ça. Oui, je suis de l'âge des photos d'enfance en noir et blanc! Je me souviens de ce jour-là comme si c'était hier. Maman avait fait venir à la maison un photographe, c'est pas des farces. Je comprenais tellement pas pourquoi il fallait que je fasse un sourire sur commande. Alors je fais la baboune sur la plupart des photos sauf celle-ci où j'ai le sourire figé avec l'expression tellement flagrante qui crie « Mais vous m'empêcherez pas de penser ». Et cette photo, finalement, je la trouve drôle parce qu'elle est très représentative de ce que je suis devenue!



Photo 2 : Voilà ce que je suis devenue... à 54 ans. Je souris naturellement maintenant! Surtout en présence de mes zamours. C'est tellement rare qu'on me voit sur les photos, parce que je fuis ça comme la peste (je n'aime toujours pas les photographes) et pour m'assurer de ne pas figurer sur aucune, c'est toujours moi qui prends les photos. Sauf que le 10 septembre dernier, on avait une grosse fête de famille pour les 90 ans de Belle-Maman et plusieurs avaient apporté leur instrument de torture!



Que sont-ils devenus?



Comment pouvais-je illustrer ce billet sans me mettre en scène moi-même? Publier des photos de quelqu'un d'autre me semblait irrespectueux alors je me suis sacrifiée...



Connaissez-vous ces chroniques « Que sont-ils devenus? » qu'on voit parfois à la une de certains magazines populaires? À la caisse des supermarchés, quand j'en vois un, je ne peux pas résister, je l'achète. Rien que pour cette chronique. Même qu'une fois, il y a quelques années, je suis tombée sur un magazine complet qui s'intitulait ainsi. Une centaine de pages de « Que sont-ils devenus? », j'étais le public cible par excellence, ils ont fait ce numéro spécial pour moi et je l'avais dévoré d'un couvert à l'autre.



Je ne peux pas vous expliquer pourquoi je suis si curieuse de ça. J'aime savoir ce que les gens deviennent et pas seulement dans le milieu artistique, dans la vraie vie aussi. Rien ne me fait plus plaisir que de revoir ou d'avoir des nouvelles de gens que je n'ai pas vus depuis longtemps. En général, rien ne me surprend et chaque fois, ça me rassure de constater qu'ils sont devenus ce qu'ils étaient déjà.



Je ne dois pas être la seule à être victime de cette véritable compulsion puisqu'on fait des chroniques sur le sujet pour vendre plus de magazines et qu'on sort même un numéro hors série de temps en temps.



Récemment, en fouillant pour trouver de vieilles photos, je suis tombée sur mon album de finissants du secondaire. J'ai relu la page qui me concernait. Quelques exemples :



Hobby : bricoler



Qualité : sociable



Défaut : trop confiante



Ambition : trouver l'amour avec un grand « A » (c'était niaiseux mais je l'ai trouvé quand même!...)



Manie : se ronger les ongles (ce n'est plus vrai, ça!...)



Surnom : Zoreilles, parce qu'elle écoute bien.



Phrase célèbre : C'est pas grave, c'est un p'tit détail!



Pensée : « Un froncement de sourcils fait travailler 13 muscles alors qu'un sourire n'en fait bouger que 2. Pourquoi vous forcer? »



Et mon album de finissants est rempli des photos des personnes et des mêmes descriptions de chacune de ces personnalités en devenir. J'en croise encore plusieurs dans ma vie de tous les jours. Et vous savez quoi? Ils sont tous devenus ce qu'ils étaient déjà... en 1975!

lundi 19 septembre 2011

Une photo = 100 histoires






Photo 1 : Août 1942, 102 Madelinots (de Havre-aux-Maisons) quittent leurs chères Iles de la Madeleine pour venir s'établir en Abitibi, à Ste-Anne de Roquemaure et à l'Île Nepawa. Certains ont fait le voyage sur le SS Lovatt mais la plupart étaient embarqués à bord de « la goélette à Clopha » qu'on voit ici s'éloigner des Iles. J'ai tiré cette photo d'un livre acheté là-bas, lors de mon dernier voyage : « Les Îles de la Madeleine, Une histoire d'appartenance », par Caroline Roy, aux éditions GID.



Photo 2 : Elle montre de plus près une partie des gens sur la goélette à Clopha, ce jour-là. Ma grand-mère m'a raconté qu'ils étaient partis du port de Cap-aux-Meules, qu'ils avaient navigué jusqu'à Pictou, Nouvelle-Écosse. De là, ils prenaient le train jusqu'à Québec, où il y avait un arrêt d'un jour ou deux. Ensuite, de Québec jusqu'en Abitibi, ils voyageaient encore en train. « On aurait dit la Déportation des Acadiens! ». Et plus loin, elle me confiait : « On quittait nos parents, mais à partir de là, notre famille, c'était nos enfants, on s'en allait vers l'avenir... »



Photo 3 : Par un hasard incroyable que je n'arrive toujours pas à m'expliquer, Jeannot le Madelinot m'a fait cadeau de cette photo la semaine dernière. Elle a dû être prise quelques secondes avant ou après celle que j'avais déjà et depuis, je n'arrête pas de me demander où il a bien pu la dénicher. J'attends sa réponse...



Une photo = 100 histoires



L'histoire, la petite comme la grande avec un grand H, la généalogie, l'attachement à nos racines et le sentiment d'appartenance sont des passions pour moi, des repères dans ma vie, une source continuelle d'émerveillement... et de questionnement!



Quand j'avais fait la biographie de ma grand-mère, en 1993, j'avais cherché à consigner pour nous tous des pans de notre histoire familiale, quelles étaient les motivations, les buts, les espoirs et tout ce qui avait amené nos familles, des Iles jusqu'en Abitibi, comprendre ce qui avait bien pu nourrir cette pas pire épopée!



Plus tard, avec ma mère, à l'été 2008, j'ai pu comprendre davantage, grâce à la photo 2, qui est qui, sur cette photo de la goélette à Clopha, en même temps qu'elle me racontait des détails qui lui revenaient et qui complétaient à merveille les récits de ma grand-mère. Tout se tenait.



À mon retour des Iles avec cette photo et plusieurs autres, en juin 2008, j'avais le vent dans les voiles! J'ai eu l'idée de faire imprimer plusieurs agrandissements 8 x 10 de trois photos très représentatives de ce moment charnière de notre histoire, pour les offrir à mes oncles et tantes, ceux-là même qui sont présents sur la photo. Et ils sont très nombreux, de la famille de mon père et de ma mère!



Si vous saviez tout ce qu'on m'a raconté par la suite... Cette photo ravivait des souvenirs de leur enfance, en même temps qu'ils m'en racontaient des petits bouts, de leur vie aux Iles, comme du voyage, jusqu'aux premiers jours en Abitibi, ce pays qui était tellement encore à faire... C'était riche riche riche pour chacun et chacune d'entre eux et quelques-uns en étaient même très émus.



Ma mère est là, sur la goélette à Clopha, on la voit très peu, elle se tenait tranquille, cachée derrière une autre fille, plus grande qu'elle. C'est son genre, plus elle vit des sentiments intenses, des choses profondes, plus elle s'efface et se réfugie à l'intérieur d'elle-même. Je me reconnais pas mal là-dedans moi aussi. Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir si vous voulez, je vais vous la présenter, ma mère, quand elle était une petite fille. Attendez, ce sera pas long...



Vers la gauche, première rangée complète, vous voyez des enfants debout sur des barils? Le premier, c'est le petit garçon qui a un bérêt et un chandail de laine, les mains dans ses poches : c'est Roland à Léon à Emmanuel, pas mon oncle mais un parent que je connais bien et que je croise souvent. J'ai appris dernièrement que lors de ce voyage, comme la goélette à Clopha carburait au charbon, il était arrivé à Pictou, Nouvelle-Écosse, avec son beau linge tout noirci. Il avait de la peine, le petit Roland. Il a 80 ans aujourd'hui et s'en souvient encore.



Toujours dans cette même rangée d'enfants debout sur les barils, on compte : un, deux, trois (j'y reviendrai à lui) quatre, cinq. La cinquième, c'est une fille à la robe foncée, bérêt foncé. Voyez-vous la petite fille cachée derrière elle? Le bout du nez qui dépasse à peine, une robe foncée, un bérêt pâle? C'est elle, ma mère! Chaque fois qu'elle voyait passer des bateaux, elle voulait embarquer à bord, aller voir plus loin que les Iles. Ce jour-là était enfin arrivé et pourtant, elle avait de la peine, parce que c'était un voyage sans retour et qu'elle le réalisait... Et puis, elle venait de se faire chicaner par son oncle parce qu'elle était tout le temps trop proche du danger, elle voulait tout voir et il avait peur qu'elle tombe par-dessus bord.



Revenons au troisième de cette rangée. Avec son petit habit chic, sa cravate, son allure fière, je l'ai reconnu à l'instant où je l'ai vu, parce que la ressemblance avec son petit-fils Jérémie est frappante... C'est mon oncle Eddy, le frère de mon père, quasiment son jumeau. Lui, quand je lui ai apporté cette photo, il était tellement ému. On a parlé des Iles pendant longtemps. Il y retourne souvent et voulait tout savoir de mon voyage.



Et moi, je voulais tellement savoir ce qu'il y avait dans son sac, dans sa main gauche, j'espérais tant qu'il s'en souvienne. Qu'est-ce qu'un petit garçon apporte quand il quitte ses Îles pour s'en aller en pays neuf? Je pensais que ça pouvait être son jouet préféré...



Sa réponse a été vive comme l'éclair et là, c'est moi qui en ai été émue : « Ben non, on n'avait pas de bébelles, dans mon sac, c'était des galettes blanches que Maman m'avait fait pour le voyage... »



Je sais, il n'y a peut-être rien d'émouvant là-dedans mais moi, ce que je comprends, c'est plus que ça. Beaucoup plus que ça. Quand t'es un petit garçon, que tu quittes ton pays pour en adopter un autre que tu ne connais pas encore, que tes parents sont embarqués sur le SS Lovatt quand t'es avec les autres enfants sur la goélette à Clopha, tu tiens aux galettes blanches de ta mère comme à la prunelle de tes yeux parce que c'est le seul lien que t'as avec ton histoire et tes racines. Tu te tiens droit et fier, parce qu'en dedans de toi, tu le sais qu'à partir de là, tu seras un bâtisseur de pays.



Et que de retourner aux Iles, ça te fera toujours retrouver ton enfance, ton paradis, ton histoire et tes racines. Et ce sera d'une telle force que tu le transmettras à tes enfants.



Cette photo raconte encore tellement d'autres histoires.