samedi 20 février 2010

Maman... la mer...


Photo : Février 1989. Isabelle, 2 ans. Un moment gravé dans mon coeur et ma mémoire affective à tout jamais. Elle voit la mer pour la première fois. Émerveillée, émue, bouleversée, elle répète... « Maman... la mer... Maman... la mer ». Elle rapporte en courant du sable mouillé plein ses petites mains, elle retourne à la mer, revient, repart... Son émotion ravive la mienne. Pour moi aussi, la mer, c'est toujours aussi émouvant.

Maman... la mer...

Au dedans de moi, il y a une île secrète, déserte, que je suis la seule à connaître. Accessible n'importe où n'importe quand lorsque j'ai besoin de m'y réfugier, par la magie de la pensée, elle m'a été souvent d'un précieux secours lorsque j'affrontais des récifs ou que je risquais le naufrage... Au fil de ma vie, j'y ai enfoui mes trésors : des mots d'amour qu'on n'entend qu'une seule fois, des instants volés à l'éternité, tous les gens que j'ai aimés et qui ne sont plus là et les moments où la beauté de la vie m'envahit, me submerge et qui s'incrustent comme des diamants dans l'or des jours.

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Début décembre dernier, invités chez Isabelle et Dominic pour le capuccino dominical, le soleil matinal inonde leur maison d'une lumière particulière pendant qu'on s'amuse avec Félixe. Crocodile Dundee et Isabelle, dans leur complicité père-fille habituelle, se rappellent d'autres jours tout aussi ensoleillés, de ceux qu'on rêve de revivre, semblables et différents à la fois. L'enthousiasme les gagne, les souvenirs refont surface et deviennent si vivants que les rires fusent et nous enveloppent tous d'un petit je-ne-sais-quoi d'indéfinissable.

Et si c'était possible?

Les voilà tous les deux qui regardent dans notre direction. Dominic répond sans hésiter : « Toujours partant pour un voyage. Et toi Félixe? »

La petite me sourit de toutes ses petites dents neuves. Je fonds comme de la guimauve...

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Ce soir-là, il est prévu que nos jeunes viennent souper à la maison. Dans la voiture, Crocodile Dundee et moi, on continue de s'emballer de ce projet fou, n'osant trop y croire, mais en nous rappelant que chaque fois qu'on a eu en même temps un coup de coeur, on a fait des folies qu'on n'a jamais regrettées. Pendant que le souper cuisait au four, on s'est mis à faire des calculs. Pour une fois, j'adorais les mathématiques et lui aussi. Personne ne nous posait un problème mais on avait plein de solutions!

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Le souper de notre bloc indissoluble (nous cinq) n'avait jamais été aussi délicieux que ce soir-là. L'heure était fébrile, il flottait dans l'air un parfum de réjouissances : le Père Noël nous offrait un voyage à la mer et ça ne pouvait mieux tomber, j'aurais tout donné pour être là, aux premières loges, quand Félixe allait voir la mer pour la première fois.

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À partir de là, tout s'est passé très vite. Comme dans un rêve. Rendez-vous avec l'agence de voyage, choix concerté de la destination et du moment possible, selon les obligations et engagements de chacun de nous. Comme par enchantement, nos goûts et nos horaires devenaient complémentaires et compatibles. Depuis ce temps, on en rêve tout éveillés, on a fait les demandes et les renouvellements des passeports, même Félixe a le sien, avec sa petite frimousse non souriante qu'on ne connaissait pas, c'est trop drôle. Lecture des bouquins et guides voyages qui nous informent sur tous les aspects sociaux, culturels, historiques, économiques, géographiques et politiques de l'île du sud où nous allons séjourner. Vaccination voyage et rappels. Organisations planifiées et préparatifs excitants.

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Mercredi 24 février, très à bonne heure, départ de Val-d'Or, escale à Montréal et vol direct sur Varadero, Cuba, 7 jours tout inclus dans un hôtel recommandé pour sa plage de sable blanc, la mer turquoise, ses activités sportives et son ouverture aux petites familles.

Je veux aller danser avec Crocodile Dundee et le voir rire comme avant, nager dans la mer et sauter dans les vagues avec Isabelle, la voir si heureuse et amoureuse marcher sur la plage avec Dominic, échanger sur le cinéma, le monde et la politique avec mon presque fils, discuter des heures durant en partageant avec eux un Mojitos sans jamais regarder notre montre et refaire le monde, se dire qu'on est bien juste d'être ensemble, jouer dans le sable avec Félixe, l'endormir dans mes bras en chantant des chansons de mer, de capitaines et de matelots, bien à l'abri sous les palmiers, pour son dodo d'après-midi, la voir se trémousser au son de la musique cubaine et s'applaudir à tout rompre, je veux, je veux, je veux... être là, aux premières loges, quand elle apercevra la mer, la première fois.

Je m'en vais à la chasse aux trésors, et tout ce que je trouverai sera enfoui encore dans mon île secrète, déserte, au dedans de moi...

mardi 16 février 2010

Trou story grandeur nature



Photo 1 : Automne 2006, dans une tourbière, à 3 km au sud de notre camp, là où j'aime cueillir les atocas sauvages qui voisinent ces plantes insectivores. Quand nous étions petits, on les appelait des plantes carnivores, ça fouettait nos imaginaires débordant d'histoires invraisemblables et exagérées. Le principe est simple, la plante ouverte attire les insectes dans le fond du « vase » où stagne de l'eau sucrée, ils ne peuvent plus en ressortir. La plante les digère pour s'en nourrir.

Photo 2 : Pas loin de là, le même jour, dans ce milieu humide, un champignon en forme de coeur que j'ai croqué sur le vif, symboliquement, comme un mot d'amour pour m'encourager à aimer et défendre la forêt boréale contre ses prédateurs.

Trou story grandeur nature

L'expression « trou story » n'est pas de moi, c'est le titre du prochain film de Richard Desjardins et Robert Monderie qui portera sur les dessous (pas très affriolants) de l'industrie minière dans notre région. Après Noranda, (sur les conséquences de la boucane de mine qu'on respirait chez nous à l'époque) Comme des chiens en pacage (les travailleurs qui ont laissé leur santé dans les mines) L'erreur boréale (qui a sonné l'alerte dans l'industrie forestière) Le peuple invisible (le sort qu'on a réservé aux Algonquins et les conséquences qui en découlent aujourd'hui) notre poète cinéaste et son partenaire tout aussi engagé veulent maintenant présenter au monde ce qu'autrement, on ne verrait jamais : comment procèdent les minières pour exploiter nos gisements en empochant le plus de profits possible sans payer de redevances et en ne nous laissant que désolation.

L'Abitibi est jeune, à peine 100 ans d'existence. Pour une rare fois, je la détacherai du Témiscamingue, puisque ces deux régions ont une histoire, un développement, des ressources, un présent et un avenir qui ne sont pas du tout les mêmes.

Ça ne se fait même plus en Afrique

Le prix de l'or a fait des bonds fulgurants ces dernières années et cette tendance continue à la hausse, les investisseurs des grandes compagnies minières ont flairé les profits mirobolants vite faits de tous les coins du monde et ils sont accourus, avides, assoiffés. À Malartic, près de Val-d'Or, une exploitation de mine à ciel ouvert allait planter ses jalons en pleine ville, soutenue par une équipe de communication du tonnerre, pour mener à bien son projet fou, impensable ailleurs sans qu'il y ait une imposante levée de boucliers. Il y a une ville là? Pas de problème, on va la déplacer. Les gens ne veulent pas? Quand ils auront assez faim, ils viendront manger dans notre main. Vous allez voir, on va les acheter pour pas cher, on a l'habitude.

De la fiction à la réalité

Il y a bien eu les audiences du BAPE où 40 mémoires conditionnels ou « contre » le projet Osisko ont été présentés. Mais pendant ce temps-là, Osisko déménageait la ville de Malartic et avait le vent dans les voiles avant même que la Ministre ait obtenu le rapport des audiences. Est-ce qu'on craignait une réponse négative des autorités gouvernementales? Pas le moins du monde! Même que la Société générale de financement du Québec y allait tout de suite d'un investissement de 276 M $. À Malartic, c'est la ruée vers l'or. Ça bouillonne. Une effervescence terrible. Avez-vous vu le film Avatar? Non, ce n'est pas de la fiction, venez faire un tour en Abitibi, vous allez constater que James Cameron a à peine romancé la réalité.

La route 117 est un peu dans les jambes à cet endroit, c'est qu'il y a de l'or dessous. Pas de problème, on va la déplacer, on est bons là-dedans. Avant, au chapitre de la toute puissance, il y avait le bon Dieu d'abord, les mines tout de suite après. Maintenant, il y a les mines et rien d'autre. Le gouvernement n'a pas donné son aval? Qu'est-ce qu'on s'en fout, les plans sont déjà faits, les sous-contractants sont embauchés, on aura fini avant que les médias commencent à en parler, et si le gouvernement tarde à envoyer son chèque, on est capable de les attendre, on sait qu'ils finissent toujours par payer, à même les impôts des Québécois.

Ce qui se passe à Malartic n'est que le début. On a commencé à forer hier à Duparquet. Une autre fosse à ciel ouvert. À la réunion où Osisko Mining, toujours la même, s'adressait aux gens de l'endroit, la salle paroissiale débordait, tout le monde était là, mobilisés comme des orignaux en rut qui s'en viennent su'a câll, décidés à ne pas se laisser avoir comme ceux de Malartic... Jamais vu un virement de capot aussi rapide de toute une population. Ah ils sont forts, les gens des communications des nouvelles minières chercheuses d'or à ciel ouvert. Un deuxième trou dans la trou story!

À Launay, près d'Amos, une exploitation de nickel sans précédent se prépare à voir le jour. Une fosse géante qui se verra de l'espace viendra agrémenter le décor. On a les records qu'on peut en Abitibi. On a toute la marge de manoeuvre voulue, c'est à 600 km au nord de Montréal, y a pas de caméra qui va là et l'hélicoptère de TVA n'a jamais eu de GPS qui captait de l'autre bord de Mont Tremblant.

Un pays d'espace et de liberté...

Près de Rouyn-Noranda, au lac Pelletier, on a trouvé de l'or, une teneur idéale pour l'exploitation d'une mine à ciel ouvert. Même chose à Arntfield, et près du lac Johannès aussi et ailleurs où je ne sais pas encore tous les détails, c'est rendu que j'ai peur de lire nos hebdos régionaux.

Ma région est en train de devenir un gruyère...

... De mines et de forêts

Ça fait des années que je me bats comme je le peux pour sauver quelques petits bouts de forêt boréale autour de Rapide Deux. Les forestières ont l'oeil dessus depuis la dernière coupe, en 1996, ils se promettaient de revenir récolter ces trésors de matière ligneuse. On a tout fait, avec nos amis Lylas et Evelyn, Denys et Sylvie, pour faire entendre raison à Domtar et Norbord, deux grandes forestières présentes dans notre secteur. Ils avaient beau convoquer des réunions dans d'autres villes que la nôtre, des journées où l'on est au travail, on ne se laissait pas abattre (l'expression est de circonstance) on prenait des journées de congé, on s'organisait pour aller faire nos représentations auprès de ces compagnies, avec la collaboration des biologistes pour faire reconnaître des aires de nidification des oiseaux de proie, protégeant la martre dans un secteur de forêt mature, le lynx dans d'autres, et plein d'entourloupettes administratives pour épargner des secteurs. On avait réussi, on avait obtenu d'eux des ententes verbales, ils n'ont jamais voulu mettre ça par écrit.

Domtar a transféré la gestion des « enfarges » à une autre entreprise, genre de sous-contractant avec lequel tout serait à recommencer. Les gens avec qui on avait des ententes ne sont plus là, transférés, promus, affectés ailleurs. On a crié dans le désert. On a travaillé pour rien. On s'est investi dans un bateau qui prenait l'eau. On s'est mobilisé avec l'énergie du désespoir par amour pour notre région, sa forêt, ses rivières, ses habitants...

On recevait la semaine dernière de Domtar leur plan d'action avec une carte géographique des secteurs de coupe. Là-bas, on entend déjà le bruit des machines qui s'enfoncent dans la forêt. Faut rentabiliser les dépenses d'opération, ça presse. On parle de faire un autre pont sur la rivière des Outaouais pour aller chercher ce qui reste, on ne laissera rien, la forêt, une fois couchée, elle vaut quelque chose. Nous n'avons même plus d'interlocuteur à qui adresser nos questions ou faire respecter nos ententes. Le peuple invisible, j'ai l'impression d'en faire partie moi aussi...

Comme je le disais, ma région est en train de devenir un gruyère... et chauve en plusssssssssse. C'est même pas drôle.

Je me terre avant de me taire

Et moi, je suis fatiguée de me battre contre des moulins à vent. Don Quichotte en dentelles se retire dans ses terres à 52 ans, à bout de souffle, après des combats acharnés : des coulisses politiques aux instances administratives les plus complexes, entre les ministères, les forestières, les minières et tout ce qui grouille et grenouille là où il y a de l'argent et de l'or, de la forêt et de l'eau des eskers donnée aux Américains (Morgan Stanley) qui la vendent partout dans le monde sous le nom de Eska.

Solidaire mais solitaire

Je resterai membre de l'Action boréale de l'Abitibi-Témiscamingue, solidaire de tous les Michel Pageau et trappeurs incompris et mal aimés qui sont les plus grands gestionnaires de la faune que je connaisse, amoureux de la nature et de tous ses habitants, respectueux de la vie sous toutes ses formes. Solidaire mais dans l'ombre. Solitaire, sans arme et sans armure.

Me retirer des combats parce que blessée de tant d'indifférence, du manque de solidarité de mes semblables, même ici en Abitibi. L'argent roule sur l'or à Malartic, comme on le verra aussi partout prochainement chez nous. Dans ces gros chantiers bruyants qui détruisent tout avant de s'en aller les poches pleines, on achète la population à rabais avec des jobs pour dix ans, des accroires de trous qui se rempliront d'eau de pluie et où nageront des truites frétillantes. On croit ça comme on croit Brigitte Bardot partout dans le monde quand elle s'acharne sur les chasseurs de phoques des Iles de la Madeleine. Il y a toutes sortes de sectes. On crache sur Desjardins, on méprise même sa musique et sa poésie, on maudit ses films, on a honte de la vérité quand on nous la présente en pleine face. On n'assume pas. Ou ben on s'en câlisse, la paye, c'est jeudi, la bière coule à flot pour mouiller la poussière, les mini ziplocs dans les boîtes à lunch, c'est pas tout le temps pour sucrer le café. Alors tandis qu'il me reste encore un petit peu de dignité mais si peu, avant que la rage vienne à bout de ma raison, je me mure et me terre avant de me taire, dans le silence de mes grands espaces.

lundi 8 février 2010

Maudite Saint-Valentin!



Photo 1 : Hiver 2004, au lac Dufault, une belle pêche... Pour faire le lien avec le billet précédent!

Photo 2 : Dans le sentier près de notre camp, à Rapide Deux, un couple de perdrix (tétras des savanes) en pleine tentative de séduction. Monsieur déploie tout son arsenal de charme, Madame n'a pas l'air impressionnée du tout, même s'il a déposé une fleur à ses pieds...

Maudite Saint-Valentin!

J'ai beau ne pas fréquenter beaucoup les magasins, en faisant mon marché, je n'y échappe pas moi non plus, depuis un mois, il y a des petits coeurs partout, des fleurs, du chocolat, des dessous affriolants dans les vitrines, du rouge et de la dentelle partout, j'en ai quasiment mal au coeur. La maudite Saint-Valentin s'en vient et chaque année, je pète ma coche à cause de cette fête commerciale qui réduit l'amour à quelque chose qui peut s'acheter à l'avance pour une date fixe, le 14 février, une convention sociale sans âme qui tue la fantaisie, l'imaginaire et la créativité, qui ramène la relation amoureuse et la séduction à un concept superficiel et éphémère qui m'énaaaaaarve!

L'amour, c'est tellement plus que ça...

Et d'ailleurs, ça évolue et ça se transforme au fil des jours et des événements. Après 34 ans avec Crocodile Dundee, je n'ai toujours pas la moindre certitude à savoir si on sera encore ensemble demain mais j'ai confiance, disons que le plus gros de la période d'ajustement doit être passée!

Me revient à l'esprit un fait banal qui a connu son dénouement dernièrement, où l'on a réalisé qu'on avait beaucoup changé mais heureusement, on l'a fait en parallèle et il n'y a pas eu de fossé trop grand à devoir niveler. Je vous raconte.

Revenons en arrière, au début de l'été 1978, nous sommes en voyage de noces, jeunes et fous, passionnément amoureux. À l'auberge où nous prenons le déjeuner, à la table d'à côté, un couple dans la jeune cinquantaine, l'âge que nous avons aujourd'hui... En attendant leur assiette, ils sirotent leur café sans un mot ni un regard, chacun est plongé dans son journal respectif. Nous devenons alors tellement tristes de cette scène d'indifférence amoureuse à l'opposé de ce qu'on vit qu'on se promet, ce matin-là, en se regardant dans les yeux, qu'on en arriverait jamais à ça, nous, qu'on allait tellement toujours prendre plaisir à être ensemble, etc.

De retour en janvier 2010... Vendredi soir qui va trop vite, pas le temps de faire à souper, des courses à faire en ville, on ne veut pas rentrer trop tard, on décide d'aller casser la croûte au petit resto familial sur notre chemin. Machinalement, en rentrant, Crocodile Dundee prend le journal qui traîne à côté de la caisse, j'acquiesce du regard pendant que je nous trouve une banquette. La serveuse vient nous voir, on va prendre le menu du jour, tout s'est passé en moins d'une minute.

Tout aussi machinalement, Crocodile Dundee prend la section des sports et me donne le reste du journal dans lequel je m'absorbe en attendant la soupe du jour. Pas un mot, pas un regard, on est juste bien. La serveuse revient avec nos soupes, on les dévore avec appétit en continuant notre lecture et puis, il se passe un petit moment avant que le plat principal nous soit apporté. Tout à coup, ça me frappe :

- Ah non, c'est pas vrai!

- Qu'est-ce qu'il y a? As-tu l'oublié ton porte-feuille à la maison?

- Non. Pire que ça... As-tu vu ce qu'on est en train de faire?

- Ben quoi?

- T'sais le vieux couple à la table à côté de nous autres, en voyage de noces? On avait dit qu'on ferait jamais ça!

- Oui mais nous, on lit le même journal...

- Mais chacun notre section pis on se parle pas!

- J'aime ça lire le journal avec toi, tu t'obstines jamais, tu me laisses tout le temps les sports!

Bref, le journal a pris le bord, on trouvait ce couple-là finalement assez sympathique avec du recul et on s'est mis à rire de nous et de ce qu'on était devenus. Après tout ce temps, ça ne nous semblait plus grave du tout, à la limite, on sentait même là une grande complicité de pouvoir rire encore de nous, on s'est mis à se rappeler des souvenirs du voyage de noces qu'on avait terminé avec 1,29 $ dans nos poches, couchés collé-collé dans la boîte du truck au lac Rolland, dans le parc La Vérendrye, par une nuit étoilée, avec juste assez de gaz pour revenir chez nous.

L'amour, pour moi, c'est quelque chose dans ce genre-là : la complicité, la confiance, la fidélité, l'engagement, l'humour et peut-être aussi le plaisir partagé de lire le même journal en même temps, chacun sa section. Cette année, c'est ça. L'an prochain, je le sais pas!