mercredi 29 juin 2011

Fête nationale... familiale











Photo 1 : Dimanche 26 juin 2011. Baignade juste avant dîner.




Photo 2 : 20110626, sur la rivière Dufault, on a vu plein d'iris versicolores dans toute leur splendeur, c'était normal, pour la Fête nationale, que la fleur emblème du Québec soit éclatante. Les nénuphars s'ouvrent à peine. Les deux ensemble, ça fait joli, je trouve.




Photo 3 : 20110626, la glacière de l'été dernier est trop petite, on a une nouvelle piscine pour Félixe, on met de l'eau du lac dedans, on la monte sur le patio et on peut manger tranquillement tous ensemble pendant qu'elle joue. Ça fait beaucoup de « lifeguards » pour un si petit minou!




Photo 4 : 20110626, on a fait un arrêt à la plage secrète, à l'autre bout du lac. Je voulais poser la clarté de l'eau...




Fête nationale... familiale




Ces temps-ci, j'ai mal à mon Québec. Une peine immense, un chagrin qui n'est pas politique ou social, mais personnel, je vous le jure, je le prends très personnel. Ça ne m'a pas empêchée de célébrer comme chaque année, à ma manière, notre fierté nationale, notre langue, notre culture, notre patrimoine historique et artistique et tout ce qui nous sert de repères dans la tourmente. Je me disais que c'était dans la tempête qu'on pouvait reconnaître les bons capitaines et j'avais décidé d'être une fière capitaine...




Le soir du 23 juin, on n'avait pas le goût d'aller festoyer dans le Vieux Noranda, où il y avait des spectacles en plein air avec musiciens, chanteurs, conteurs, et l'ambiance habituelle de fête qu'on retrouve toujours dans ce quartier où j'ai grandi. Avec nos bons amis, on a veillé tard, partagé un petit porto, pété de la broue, écouté nos bonnes chansons québécoises à la radio mais... dans le garage! Les portes grandes ouvertes quand même!




Fêter le Québec dans le garage, c'était assez représentatif de comment on se sentait cette année...




Nous attendions de la belle grande visite en fin de semaine, Jocelyn et Guylaine, avec Jean-Mi, qui ont traversé une grande partie du pays pour qu'on soit ensemble. C'était assez pour me consoler d'un grand chagrin.




Maman nous a fait sa fameuse chaudrée aux fruits de mer, une tradition si rassembleuse chez nous, parce que ça goûte le ciel, la mer, les Iles de la Madeleine en Abitibi. Des retrouvailles à la chaudrée à M'man, c'est pour les grandes occasions, ça, c'est une loi non écrite.




Dimanche, il faisait beau, c'était chez nous que la fête se continuait, dans la simplicité des moments partagés et le bonheur d'être ensemble. On a parlé société et politique et développement et amour du Québec, à travers beaucoup d'autres sujets, sur lesquels on se rejoignait tellement que ça nous faisait chaud au coeur juste d'en parler, de se questionner ensemble sans trop trouver de réponse ni d'espoir à l'horizon.




J'ai demandé à Joce de me rappeler quelques détails de la fois où Papa avait serré la main de René Lévesque. C'est Joce (petit garçon) qui était avec Papa cette fois-là. Moment drôle et attendrissant qui dit beaucoup de la personnalité de notre père... et de René Lévesque aussi. Un jour, j'en ferai un billet, c'est promis.




C'est chez Marico que j'ai trouvé aussi une autre grande consolation, alors qu'elle nous présentait une vidéo YouTube, « La prise de parole de Fred Pellerin », 4:05 minutes vibrantes, vivantes, poétiques et lumineuses, de pure québécitude, malgré la peine, la même que je ressens, on a entendu un peu d'espoir, le tout petit espoir qui nous reste encore, quand on l'écoute, lui, et qu'on reconnaît notre Québec, à son meilleur, celui dont je m'ennuie profondément.


« Allez réveiller le vent, celui qui tient le cap pis l'espoir... Avec quatre sièces d'air d'aller, dites-moi qu'on fonce... À la limite, s'il faut tomber, on aura l'élégance de tomber ensemble... Y sera une fois... »




Je n'ai pas pu résister, je l'ai ramené sur mon babillard Facebook, et j'en ai parlé à tout le monde autour de moi. Dimanche avant souper, avec toute ma famille, on est descendus à mon bureau avec la même faim et la même soif du Québec qu'on aime, on a écouté Fred Pellerin, même deux fois, quasiment recueillis, tellement à l'écoute, et pourtant, on est tous des grandes gueules!




La Fête nationale 2011 aurait pu être triste parce que comme disaient ma fille, mon gendre, et leurs amis du même âge, on n'avait pas grand-chose à célébrer avec les derniers événements politiques sur la scène fédérale et provinciale. Oui oui, je suis consciente que le Bloc Québécois ne ralliait pas tous les souverainistes et que le Parti Québécois n'est pas le seul véhicule pouvant nous mener à la souveraineté mais pour moi, ces deux tremblements de terre, l'un à la suite de l'autre, dans le contexte actuel...




Ça fait que cette année, notre Fête nationale a été familiale et là, seulement là, on a eu le goût de célébrer ensemble quelque chose de profond, de plein de vie, de rassembleur, d'heureux.

jeudi 23 juin 2011

Bonne Saint-Jean!

Photo : Prise par Richard, un de mes ex (!) le 24 juin 1976. Cette photo, je viens de la récupérer, elle a une belle histoire... que je vais vous raconter...



Bonne Saint-Jean!



D'abord, l'histoire de la photo, procédons dans l'ordre. Le 24 juin 1976, Crocodile Dundee et moi, on était les meilleurs amis du monde mais il n'était pas question le moindrement d'une histoire d'amour entre nous. Richard, un de mes nombreux ex (mes amourettes adolescentes ne duraient jamais longtemps dans ce temps-là, dès qu'il était question d'engagement, je prenais mes jambes à mon cou avec mon petit discours sur l'importance de ne pas bousiller une si belle amitié et blablabla) bref, Richard, un gars très sympathique, amateur de photographie qui tripait sur le noir et blanc, nous avait pris en photo à la fin du spectacle de la Saint-Jean où l'on avait chanté à tue-tête avec le band sur scène. J'y reviendrai...



Beaucoup beaucoup d'années plus tard, je rencontre Richard à l'épicerie qui me dit : « J'ai une maudite belle photo de vous autres, au show de la Saint-Jean en 1976, la veux-tu? ». Bien sûr que oui, je la voulais. Quand il me l'a donnée, cette 8 x 10 de nous deux, j'ai dit : « Heille t'avais de l'intuition de nous poser ensemble, c'est le 14 août de la même année qu'on est tombés amoureux », ce à quoi Richard m'avait répondu qu'il y avait juste nous deux qui ne le savaient pas qu'on était amoureux!



Ma fille a la vilaine manie (mais je lui pardonne) de me piquer des photos dans mes albums. Celle-là, elle l'avait piquée. Je l'ai donc perdue de vue pendant plusieurs années encore. Récemment, dans sa nouvelle maison, elle s'est fait un mur complet de photos dans l'escalier qui monte à l'étage. Quand j'ai vu ça, je la lui ai empruntée pour la numériser mais je lui ai redonné l'originale. Ça me fait plaisir qu'elle y tienne comme faisant partie de son histoire. Sur cette photo, j'avais 18 ans, et Crocodile Dundee, 20 ans. Si je ne suis pas gênée de nous exposer ici, c'est qu'on ne se ressemble plus, je trouve, mais qu'il demeure quelque chose de l'essence de notre complicité d'alors. Et puis, Crocodile Dundee a toujours ses beaux yeux verts...



C'était l'époque où la Saint-Jean n'était pas encore appelée officiellement la Fête nationale des Québécois. Mais l'effervescence culturelle et politique était palpable quelques mois avant que le PQ prenne le pouvoir, le 15 novembre 1976.



À la Maison des Quatre-Vents où avaient lieu les rassemblements populaires et spectacles en plein air (ironie du sort, cet endroit est maintenant devenu la Résidence coopérative funéraire de Rouyn-Noranda!...) on avait le choix entre plusieurs scènes et différents spectacles. Crocodile Dundee et moi, on s'est dirigés tout naturellement vers la petite scène au fond, où il n'y avait pas beaucoup de monde, c'était le groupe Abbittibbi, dont le chanteur était peu connu, un certain Richard Desjardins, qui restait pas loin de chez nous, à quelques maisons. Je connaissais très bien son petit frère Luc, qui est de mon âge.



Quelles belles soirées de la Saint-Jean, de celles qu'on n'oublie pas et qui restent gravées dans le coeur à tout jamais. On connaissait toutes leurs chansons alors on chantait avec eux, en français, des mots qui décrivaient notre Québec à nous, celui auquel on s'identifiait, celui qui nous restait à faire, dans lequel on prenait part, on se reconnaissait :



« Dix heures du soir/Encore une barre jaune orange dans le ciel/Je me suis baigné/Toute la journée/J'ai pensé souvent à toué... »



et encore « Il va toujours y avoir/De la neige au mois de janvier/Il va toujours y avoir/Des feux de forêt dans le temps des bleuets/Toujours y avoir du vent su'l'Saint-Laurent/Tu peux pas changer ça/Chante-moué pas »



et aussi « C'était l'Abitibaloney/Dans les années mille neuf cent trente kek/Y aura de la gagne pour toutttt le peuple/De l'espace de la liberté qu'y ont dit/Mais tu t'habitues à penser à toué/Quand la terre gèle en plein été ».



« Bienvenue au Boom Town Café/On vous souhaite de passer une agréable soirée avec nous/Et on vous souhaite surtout/Du succès dans vos amours/Jusqu'à la fin de la nuit... »




et tellement tellement d'autres chansons qu'on connaît par coeur, qui ont été plus ou moins connues par la suite mais qui nous résonnent dans les zoreilles comme dans les entrailles, qui sont comme des drapeaux qu'on hisse bien haut pour exprimer notre sentiment d'appartenance à notre région d'abord, aux autres ensuite, qui forment notre beau grand Québec qu'on célébrait comme pays à faire, pays en devenir imminent, c'était juste une question de temps. On ne se demandait pas « si », on se demandait « quand »...



Crocodile Dundee et moi, je m'en souviens, on se disait qu'on avait de la chance d'assister à un pareil spectacle de qualité de ce groupe-là qui aurait dû attirer plus de monde. Mais au moins, ils avaient des fans qui connaissaient leur musique et leurs chansons... Ça aura pris du temps avant que la suite des choses nous donne raison et que Richard Desjardins devienne LE Richard Desjardins qu'on a apprécié dès la première seconde où on l'a entendu chanter avec le groupe Abbittibbi, chez nous, les soirs de Saint-Jean.




Il terminait toujours ses spectacles avec cette chanson traditionnelle qui tranchait avec le reste de leur matériel original. On aurait dit qu'il se faisait plaisir en la chantant de tout son coeur, souvent a capella : « Tous les gens de plaisir sont ici et les voici/Ils ont le coeur tout réjoui/Je veux boire je veux boire/Ils ont le coeur tout réjoui/Je veux boire avec tous mes amis/ et il terminait ainsi... Si j'avais une amante qui m'aimerait tendrement/Je lui ferais pour certain/Son bonheur son bonheur/Je lui ferais pour certain/Son bonheur mais aussi le mien »



Cette vieille chanson figure sur son dernier album qui est peut-être son plus personnel, « L'existoire ». Avec le temps, plusieurs liens se font dans mon esprit et les boucles se bouclent. Pour moi, je veux dire... Ce qui semble si évident pour la plupart du monde, moi, j'ai souvent eu de la misère à le voir mais je l'ai su et vécu d'instinct et je le comprends seulement avec beaucoup de recul.




À tous ceux et toutes celles qui célèbreront ce soir et demain la Fête nationale des Québécois (ou la bonne vieille Saint-Jean, c'est pareil) et particulièrement à vous tous qui passez par ici et qui avez vécu des célébrations mémorables où vous étiez jeunes et beaux et libres et passionnés, pleins d'enthousiasme et d'espoir et de sentiment d'appartenance à notre fierté nationale, notre langue, notre culture, notre économie, notre développement, notre avenir...



Je vous chante du fond de mon coeur le véritable et inoubliable hymne national de notre grand poète, Raôul Duguay, La Bitt à Tibi, et je vous souhaite une



Bonne Saint-Jean!

mardi 21 juin 2011

Comme le temps passe...





Photo 1 : Si Maman a écrit 1959 sur la photo, c'est que je venais tout juste d'avoir 2 ans ou j'étais sur le point de les avoir...



Photo 2 : Isa et moi, février 1989, Dania, Fl. Isabelle avait 2 ans et 3 mois.



Photo 3 : Dimanche soir, on a célébré la Fête des Pères en allant jouer tous ensemble à l'Île aux Sables. Félixe a maintenant 2 ans et 5 mois.



Comme le temps passe...




... et certaines choses ne changent pas, comme le fait que tous les enfants du monde aiment jouer dans le sable et dans l'eau.



Le sable... comme dans le sablier... le temps qui passe...



C'est ce à quoi je pensais en prenant ma photo, les pieds dans l'eau, dimanche soir. Plongée dans mes souvenirs et mes réflexions, j'écoutais Gilles et Isabelle qui jasaient tout bonnement pendant que Félixe semblait très absorbée par ses constructions de sable et sa petite pelle rouge à laquelle elle tient comme à la prunelle de ses beaux yeux verts!



Isabelle se demandait à quel âge elle était venue à l'Île aux Sables la première fois. Le calcul était facile à faire, on a emménagé ici à la fin octobre 1991, ça a dû être au printemps 1992. Elle pensait qu'elle était venue ici bien avant ça.



Félixe jouait toujours dans le sable près de nous, intensément absorbée, à des années-lumières de notre conversation de grandes personnes qui se rappellent des bons vieux souvenirs.



J'ai dit : « Rappelle-toi, on a célébré ta fête de 5 ans presqu'en arrivant ici, t'avais la moitié de tes amis de notre ancien quartier et la moitié qui venaient d'ici ». Isabelle se souvenait : « Ah oui, c'est vrai, ma fête de 5 ans! »



Félixe s'est levée debout d'un coup sec et nous a annoncé solennellement : « Moi moi moi, ma fête, c'est le 14 janvier ! »



On a tous pouffé de rire. C'était dit avec un aplomb incroyable, l'expression enjouée, le regard allumé, tourné vers nous tous et ça s'adressait à nous. Elle participait à la conversation depuis le début mais nous, on ne s'en doutait pas le moins du monde. On est rendu là, pouvoir participer à la même conversation, trois générations de nous.



Comme le temps passe...







lundi 20 juin 2011

Sauvetage de nuit








Photo 1 : Je ne l'ai pas prise dans la nuit de vendredi à samedi mais plutôt la veille. C'était encore pleine lune la nuit des recherches pour retrouver Martin et Jimmy.





Photo 2 : Dimanche matin, complètement dans un autre contexte, une autre ambiance, un autre décor, j'ai cueilli mes premières jeunes pousses de sapin pour mon sirop « panacée universelle » de l'hiver prochain.





Photo 3 : Ce faisant, en ce jour où l'on célèbre la paternité, je pensais très fort à mon Papa qui me manque beaucoup et à tout ce qu'il m'a appris dans la vie. Comme l'année dernière à pareille date, un papillon est venu se poser juste sous mes yeux. C'est une espèce très spéciale, un papapillon...





Sauvetage de nuit





Les gars, nos deux Gilles, étaient partis ensemble à notre camp de Rapide Deux vendredi midi. Martine et moi, prises par notre travail, devions aller les rejoindre sur le quai à midi pile samedi.





Vendredi soir, 22 h 30 : Martine revient chez elle et est étonnée que leur plus jeune fils, Martin, 16 ans, n'est pas revenu de sa petite virée de pêche d'avant souper, avec son ami Jimmy, 16 ans aussi. Elle constate que rien n'a été dérangé dans la cuisine et comme Martin n'est pas du genre à sauter un repas ni Jimmy non plus... Elle téléphone chez le père de Jimmy pour savoir s'ils n'auraient pas bifurqué de ce côté-là du lac Dufault. Le père de Jimmy lui répond : « Sont pas chez vous? ». L'enquête « terrain » commence... Recueillir le plus d'indices possible, mettre en commun les informations dont ils disposent, (les jeunes sont partis en culottes courtes et en gougounes) appeler les amis qui les ont vus sur le lac, etc.





La petite embarcation à moteur avait-elle suffisamment d'essence? Oui. Le moteur était-il en ordre? Oui. Mais ça reste de la mécanique. Avaient-ils apporté un lunch? Non. Ils avaient vraiment l'intention de revenir manger à la maison.





01:00 : Depuis deux bonnes heures, deux embarcations à moteur (des proches) ont sillonné le lac à la pleine lune pour tenter d'apercevoir un feu, une chaloupe à la dérive, un signal, quelque chose. L'inquiétude monte à mesure que le mercure baisse. On craint pour l'hypothermie mais on fait confiance à leur jugement, leur débrouillardise, leur connaissance du lac. Il vente beaucoup au large là-bas. On n'aime pas ça...





01:30 : La Sûreté du Québec est appelée en renfort. Ils ont leurs procédures, leur protocole en pareil cas.





02:00 : Martine organise et coordonne les recherches de nuit. C'est une maman, le seul protocole qu'elle connaisse, c'est le sien : trouver Martin et Jimmy au plus vite. Deux téléphones sans fil, deux cellulaires, elle entreprend de trouver du monde, en pleine nuit, avec des embarcations à moteur, des riverains qui connaissent bien le lac, les récifs rocheux, ceux à qui ça ne fait pas peur, 103 îles où se réfugier, 35 km de rivage à explorer la nuit, etc. Mon amie Martine, elle opère en Simonac. Ça prend de l'essence aussi, du café pour tenir le monde au chaud.





En très peu de temps, neuf embarcations à moteur sont amarrées au quai chez Gilles et Martine, qui devient le quartier général des opérations, avenue des Îles, au lac Dufault. On sent chez tous les riverains appelés et accourus une solidarité hors du commun, un silence respectueux, une écoute très attentive pour coordonner les trajets, une chaleur humaine qui contraste avec la froidure de la nuit. Ils ont tous pensé à apporter vêtements chauds, lampes de poche, cellulaires, GPS. Des vrais pros... Notre lac, on l'aime autant qu'on le craint.





04:30 : La Sûreté du Québec arrive avec son équipe terrain, une embarcation balisée, 3 agents et un coordonnateur. Il prend en main les recherches à partir de là. Eux ne connaissent pas le lac comme nous. Rapidement, on échange l'information, on situe à l'aide d'une carte qu'ils ont fait imprimer tous les endroits déjà visités et ceux qui seraient susceptibles d'abriter Martin et Jimmy. Il va bientôt faire jour, on va faire une « battue » sur le lac, on procédera dans l'ordre, celui de la SQ, chacun pitonne son GPS pour qu'on parle le même langage et qu'on garde le contact visuel, on échange les numéros de cellulaires.





05:00 : Les voir quitter tous ensemble le quai, 10 embarcations maintenant, avec celle de la SQ, dans un véritable ballet savamment orchestré, c'était impressionnant. Et rassurant. Restée seule avec Martine au quai, nous avions de quoi nous affairer tout en espérant qu'il ne leur soit rien arrivé de fâcheux. Et les policiers avaient aussi une équipe terrain qui travaillait à partir du même quartier général que nous. Le soleil se levait, les petits oiseaux chantaient.





07:30 : Le cellulaire de Martine retentit. C'est l'embarcation de Audrey, Cédric et Robert. Ils viennent de localiser Martin et Jimmy, sains et saufs, faisant des grands signaux avec une sorte de voile blanche, au bout d'une île, à l'autre bout du lac, là où était leur cabane à pêche l'hiver dernier. Martine se jette dans mes bras, tout son stress lâche, elle n'est plus capable de pitonner les numéros de téléphone, ni du coordonnateur SQ, ni des autres chercheurs. Elle me tend tout ça et court dehors, elle a besoin d'air et de fixer le large... comme une femme de matelot!





07:40 à 08:00 : Les embarcations arrivent au quai l'une après l'autre. La troisième qui accoste, c'est celle avec nos deux naufragés. Je peux vous confirmer qu'ils ont été accueillis chaleureusement, Martin et Jimmy, et pas seulement parce qu'on avait des couvertures de laine!





Ils ont agi, les jeunes, comme on l'avait présumé, comme on l'avait espéré. Ils ont grandi ici, au lac Dufault, ils le connaissent comme le fond de leur poche. Le moteur du bateau du père de Jimmy avait connu des ratés. C'est ça, de la mécanique... Malgré des connaissances de base, ils n'ont pas pu le repartir mais ils ont beaucoup essayé. La nuit est tombée. Ils savaient qu'ils ne pourraient jamais se rendre chez eux sans moteur. Ils étaient tout près de l'endroit où Gilles et Martine, les parents de Martin, installent leur cabane à pêche durant l'hiver. Ils s'y sont rendus. ont amarré la chaloupe à l'abri du vent, sont rentrés dans la cabane entreposée discrètement sur l'île, se sont fait un petit feu et ils ont... dormi. Ce sont les seuls d'entre nous qui ont dormi d'ailleurs.





Au matin, avec ce qu'ils avaient sous la main, des sacs à poubelles blancs et des branches d'arbres, ils ont fabriqué comme une sorte de grande voile blanche... pour attirer l'attention. Ils n'ont pas voulu faire de feu dehors, le vent était fort et l'indice d'inflammabilité est très élevé chez nous en ce moment. Des vrais bons petits gars de bois!





L'heure était à la joie et au soulagement. On ne pouvait espérer meilleure finale. Un vrai film de Walt Disney. Mais quelle nuit. On restait là sur la plage chez Gilles et Martine, à discuter, à rire, à se refaire des réchauds de café, à s'expliquer des affaires, à vérifier nos théories, à féliciter les jeunes, à leur demander s'ils avaient eu peur, s'ils avaient eu froid, etc. C'est Martin qui nous a ramenés à la réalité : « Moi, j'aurais comme un p'tit creux là! »





Il est grand, notre lac Dufault, quand on cherche deux jeunes pas revenus de la pêche une nuit de pleine lune où il fait froid.





Martine n'est pas venue avec moi au rendez-vous avec nos Gilles à Rapide Deux, samedi midi. Elle avait deux ou trois affaires urgentes à régler, dont serrer son fiston dans ses bras, fermer le dossier de recherche avec les policiers et récupérer un peu de sommeil. C'est plutôt son Gilles qui est revenu en ville avec ma voiture quand je lui ai raconté ce qu'avait été notre nuit. J'ai commencé par lui dire : « Écoute, Gilles, si Martine n'est pas avec moi, t'inquiète pas, il n'y a personne personne personne qui a la moindre petite grafigne chez vous, tout va bien. Maintenant, je vais te raconter notre nuit, l'aventure ne pouvait pas mieux se terminer, tu vas voir... ». J'aime ça, annoncer des bonnes nouvelles, moi!





Entre parenthèses, euh... je n'ai pas veillé tard samedi soir, moi... J'étais pas tannante, comme on dit.





Mon papapillon





À mon lever dimanche matin, reposée, (on dort tellement bien au campe) alors que Crocodile Dundee voulait réparer le quai, je me disais que c'était un matin parfait, celui de la Fête des Pères, pour aller cueillir des petites pousses de sapin (les bouts vert pâle) l'ingrédient essentiel pour fabriquer ma potion secrète, mon remède miracle, mon sirop de sapin. J'en ai cueilli pas mal mais il faudra que j'y retourne encore. Ça sent tellement bon. Mes mains en ont été imprégnées tout l'avant-midi, ça me tentait même pas de les laver avant de faire à dîner...





Pendant que je me saoulais les narines, les yeux et les zoreilles de tout le calme de la forêt boréale, j'avais beau penser à Papa, à tout ce qu'il a été et qu'il est encore pour moi. C'est là que ce coloré « papapillon » s'est posé tout près de moi. Avez-vous remarqué toutes ces couleurs au bas de ses ailes? Je n'y ai pas vu le signe de sa présence, non, je ne suis pas ésotérique du tout, mais j'ai souri à la pensée que Papa et moi, on n'avait jamais eu besoin de tellement se parler pour se comprendre. Et ça, c'est au-delà des frontières du temps et de l'espace.









mercredi 15 juin 2011

Ma liste






Photo 1 : Hier soir, on a fait une belle grande virée sur le lac. Ça s'imposait. Il faisait beau et chaud, c'était tranquille de l'autre côté de l'Île aux hérons, loin des pétarades des motomarines qu'on n'était plus capables d'endurer.



Photo 2 : Oui, je sais, je pose tout le temps des huards. Mais c'est plus fort que moi, ils ne sont jamais pareils. Ceux-là d'hier m'avaient l'air d'un petit couple très complice.



Photo 3 : Comme dans le bon vieux temps, quand nos enfants étaient petits, on a retrouvé Alain et Danièle en face de la baie Sergius, pour nous laisser dériver les deux bateaux collés-collés, en admirant le coucher du soleil... Et on a fait la course en revenant chez nous! En 20 ans, il n'y a jamais eu de gagnant... ni de perdant!



Ma liste



Il paraît que tout garder en dedans, c'est pas terrible pour nos artères. Ça fait que j'ai décidé d'extérioser des affaires qui m'achalent de ce temps-ci. Sentez-vous bien à l'aise d'en faire autant, on va prendre soin de notre ti coeur...



Irritant numéro 1 : Les motomarines. C'est la saison. Faut que j'en parle. Oui encore! Pourquoi virent-ils en rond pendant des heures devant nos maisons? Le lac est grand, quel est l'intérêt de s'acharner à écoeurer le peuple dans la partie habitée du lac? Ces fous-là doivent avoir peur de l'eau, ils ne se décollent jamais du rivage, c'est tout juste s'ils n'accrochent pas nos quais avec leurs engins bruyants (des fois, on le souhaiterait... pour qu'ils se plantent comme il faut...)


Irritant numéro 2 : Comment on traite nos artistes... Raôul Duguay a mis tout son coeur, son talent, sa vision poétique et toute personnelle dans un essai pour nous concocter un hymne national, Ô Kébek. Qu'on aime ou pas, on a le droit, on peut exprimer son point de vue dans une critique mais on n'a pas le droit de ridiculiser, de mépriser, de traiter de haut une oeuvre ou un artiste, comme l'a fait Patrick Lagacé dans son papier d'hier, sous le titre « Mes oreilles saignent ».



Irritant numéro 3 : L'industrie touristique. Chaque région diffuse à ce temps-ci de l'année ses publicités, met en place ses stratégies, propose ses attraits, ses points d'intérêt, ses événements, vise un public cible régional, national ou international. Je n'en peux plus d'entendre les fonctionnaires de cette industrie parler des régions en les appelant des « produits », des « produits d'appel », de « l'offre » touristique, de tout calculer en fonction des retombées économiques, en nuitées d'hébergement, etc. Heille, wô là, ce sont vos chiffres à vous autres, gardez ça pour vos réunions internes, nous, on n'a pas besoin de savoir ça, c'est indécent à la fin, arrêtez de vous péter les bretelles dans les médias, mettez votre coeur et votre passion dans ce que vous avez envie de nous vendre, l'aimez-vous vraiment, votre région, pour avoir envie de la vendre au monde?


Irritant numéro 4 : Politique québécoise. La semaine dernière, quand trois piliers du Parti québécois (Beaudoin-Curzi-Lapointe) ont démissionné en bloc, pour siéger comme indépendants, quand le lendemain, un quatrième (Aussant) s'est joint aux autres, là, j'ai compris que le PQ ne serait plus jamais le véhicule qui nous mènerait à la souveraineté. Je veux bien croire que c'est pas facile de suivre toujours la ligne de parti, mais le PQ se déchire toujours la chemise sur la place publique et c'est pas comme ça qu'on va se faire un pays. Avec la baffe en pleine gueule qu'avait mangée le Bloc québécois au soir du 2 mai, là j'ai baissé les bras. Pour la première fois de ma vie, j'ai vraiment baissé les bras. Je reste une souverainiste dans l'âme, orpheline de parti.



Irritant numéro 5 : J'ai pas le câble. J'ai des zoreilles de lapin, c'est ben correct de même. Pour le peu de télé qu'on regarde, Radio-Canada, TVA et Télé-Québec, c'est en masse, on n'en veut pas plus que ça. Là, il paraît qu'on ne captera plus rien arrangé de même, à partir du 1er septembre. Il nous faudra investir dans des décodeurs apparemment. Le monsieur-de-la-télé, il me le répète aux demi-heures à peu près, ça va me coûter 100 $ par décodeur. Il semble dire : « Y a rien là ». Il doit être câblé, lui. Moi, je pense à tous les vieux sous le seuil de la pauvreté qui n'auront pas les moyens de payer 100 $ pour un service qui leur est plus qu'essentiel. C'est pas démocratique.



Bon, j'arrête là, vous comprenez que je pourrais continuer longtemps de même... Mais j'avoue que ça m'a fait du bien d'en parler! Et vous? Qu'est-ce qui vous irrite, vous fatigue, vous achale, vous pompe l'air, vous énerve, vous chicote, vous fait péter les plombs, vous décourage, vous fait faire des monologues intérieurs qui ne sont pas-bons-pour-la-santé? Allez, on est entre nous autres, on se gêne pas, on donne des petites vacances à notre coeur. On se lâche lousse!

jeudi 9 juin 2011

Le jour de la marmotte








Photo 1 : Pendant que je travaille, je suis souvent dérangée par le téléphone. Mais là, c'est une marmotte qui s'est présentée dans mon champ de vision périphérique!



Photo 2 : J'ai cru que je l'avais fait fuir en me levant debout pour la photographier...



Photo 3 : Elle est un peu « kid kodak », elle est revenue faire la pose juste devant moi.



Photo 4 : Puis elle est repartie comme elle était venue!



Le jour de la marmotte



Dans mes journées de travailleuse autonome, je n'ai pas le droit de me plaindre. Et puis, faut bien se le dire, à qui je me plaindrais? Je ne dis pas que c'est le nirvana tous les jours mais en général, j'évite une foule d'irritants que j'ai connus pendant de nombreuses années et que tous les salariés connaissent très bien. La liste s'allonge à mesure qu'on accumule les années sur le marché du travail.



De mon bureau, je peux voir des marmottes m'apparaître pendant que je m'arrache les cheveux à rédiger, reformuler, corriger, réviser, résumer, vulgariser, démêler, prioriser, communiquer des idées, des faits, et toutes sortes d'informations apparemment essentielles à la bonne marche des affaires de mes clients, de moins en moins nombreux d'ailleurs, parce que je viens de faire un grand ménage là-dedans aussi...



Mon bureau est installé stratégiquement pour me permettre de faire face au lac devant moi en tout temps, ainsi qu'à ma droite, lorsque je suis à mon ordinateur. Alors, je vois très souvent des perdrix, des oiseaux, des huards, des canards et même un ti minou qui vient me saluer assez souvent l'avant-midi, comme vient de le faire « ma » marmotte.



Le matin, je peux travailler en pyjama, les couettes dans les airs, avec mon café à mon goût, je peux monter en haut m'en refaire un deuxième si je veux, en griller une pendant que je démêle mes idées, ou un gros dossier enchevêtré comme des écheveaux de laine, je peux même aller la fumer dehors, si je fais deux pas en direction de la marmotte. Je peux partir une petite brassée de lavage pendant que j'imprime.



Quand l'ennui me prend, je vais fureter sur les blogues ou sur Facebook, d'habitude ça me regaillardit.



Je suis pas riche mais je gagne mon pain et mon beurre, à condition de pratiquer la simplicité volontaire, dans une très grande liberté.



Pourquoi je raconte ça? Pour me convaincre moi-même! Parce que j'ai intérêt à aimer longtemps ce que je fais... J'ai pas de retraite, pas même l'espoir d'une éventuelle possibilité de retraite. Alors quand j'ai su que le gouvernement allait couper dans la Régie des rentes du Québec pour ceux qui la prendraient à 60 ans, au lieu de 65 ans, je l'ai pris très très très personnel!