mercredi 27 juin 2007

Une panacée universelle : mon sirop de sapin




J'ai pris la première photo il y a quelques minutes, elle vous présente « mon sirop de sapin ». La deuxième a été prise la fin de semaine dernière dans un des sentiers de notre camp à Rapide Deux. On y voit les jeunes pousses de sapin, que j'appelle mes « vert pâle » et je les cueille en cette saison en grande quantité que je congèle pour plus tard, à l'automne et l'hiver, quand la saison un petit peu morte nous amène son lot de rhumes, grippes, maux de gorge, sinusites et tous ces bobos qui nous signalent qu'on serait dus pour un petit remontant. N'ayez crainte, je n'en prends pas plus que trois ou quatre « jeunes pousses » par sapin, ça ne leur fait pas mal du tout et ne ralentit aucunement leur croissance, c'est un peu comme nous, quand on se fait couper les cheveux!

Est-ce que je vous ai déjà parlé de mon sirop de sapin? Ça ne m'étonnerait pas, j'en parle à tout le monde! Je me demande si cette potion magique que je fabrique dans l'allégresse opère parce qu'elle est concentrée, naturelle et faite à partir de jeunes pousses pleines de sève bienfaisante ou parce qu'il y a tout plein de bonheur dedans mais on me dit que ça marche et j'ai eu l'occasion d'en avoir la preuve pour moi-même comme pour d'autres à qui j'en ai déjà offert. Ça réveillerait un mort! J'en donne souvent comme on offre ses souhaits pour un prompt rétablissement, un pot de confitures maison, un casseau de bleuets qu'on a cueillis ou une gerbe de fleurs de son jardin. Voici ma recette :

Décidément, il y a de tout et du n'importe quoi dans mon blogue...

Mon sirop de sapin

D'abord, les bienfaits pour la santé commencent au moment où l'on va cueillir les pousses de sapin. Ça sent tellement bon... Si vous êtes en milieu urbain, à ce moment-là, je vous conseillerais de ne pas utiliser les pousses des branches basses, Dieu sait quels assauts elles ont pu subir!

Dans une casserole avec couvercle, (très important, le couvercle) vous compactez 2 tasses (500 ml) de jeunes pousses de sapin. Dans la casserole, vous ajoutez un peu plus d'une tasse (300 ml) d'eau. Vous amenez le tout à ébulition, vous vous dépêchez à mettre le couvercle et vous diminuez le feu au minimum, juste assez pour que ça frémisse d-o-u-c-e-m-e-n-t. Au bout d'une trentaine de minutes, vous éteignez le feu, sans enlever le couvercle. Nenon, vous ne regardez pas dedans, là, vous touchez à rien, là, promis? Vous laissez tout ça refroidir pendant que vous faites autre chose en profitant des parfums de forêt qui ne manquent pas d'embaumer toute la maison.

Quand tout ça est bien refroidi, il faut passer le contenu de la casserole dans un fin tamis et même presser les aiguilles de sapin pour en extirper tout le liquide. Ça donne environ 1 tasse de liquide concentré. Ça, c'est de l'or.

Vous remettez ce liquide dans une casserole, vous jetez les aiguilles de sapin bien essorées dans votre compost. Ensuite, vous ajoutez au jus de sapin 1 tasse (250 ml) de miel de votre région. J'utilise le miel Abitémis, celui qui se vend dans un pot de plastique en forme de nounours. Vous verrez que je récupère tout, même le pot de nounours. Vous faites mijoter ensemble quelques minutes à feu doux le miel et le jus de sapin. Et voilà, vous avez votre sirop. C'est aussi simple que ça.

Quand mon sirop de sapin est refroidi, je le transvide à l'aide d'un entonnoir dans mon pot en forme de nounours, je fabrique une mini étiquette avec mon écriture du dimanche, « sirop de sapin de Francine x x » et je boucle un petit ruban autour du cou du nounours qui a l'air lui aussi assez endimanché. Je conserve ce qui reste pour mon usage personnel, une bonne grosse cuillère à table le matin et le soir mais on peut en prendre plus, rien de tout cela ne sera nocif pour votre santé.

Bon, d'accord, il y a de vilaines toux et des infections virales qui ne se guériront qu'avec des antibiotiques et c'est bien malheureux. Mais au pire, mon sirop de sapin vous donnera beaucoup de vitamines et si vous n'avez pas le temps ni la patience de vous en faire un sirop, au moins, faites bouillir un peu d'eau avec quelques branches de sapin dans une casserole, juste pour l'aromathérapie qui s'en dégage.

C'est bon aussi pour les jours de fatigue, les migraines, les peines d'amour, l'insomnie, le manque d'inspiration, l'angoisse, les problèmes d'argent, le mal imaginaire, la bêtise humaine, et je soupçonne même que cette panacée universelle soit aphrodisiaque mais là, ça dépend toujours de la personne avec qui vous cueillez le sapin...

lundi 25 juin 2007

Une demande spéciale : la Forêt enchantée


Je n'ai pas pris ces photos moi-même, puisque j'y figure, c'est moi qui porte le pantalon noir et le chandail vert, je crois plutôt que l'auteur en est Crocodile Dundee... en 1980. Nous étions allés à Ville-Marie, visiter « La Forêt enchantée » avec ma cousine Edith (vêtue de blanc) et son nouveau chum, Bernard, un gars fort sympathique, de St-Pamphile, Québec, qu'elle amenait dans notre région pour la première fois. Elle l'avait rencontré lors de leurs études à Trois-Rivières.

Dernièrement, l'ami Esperanza, m'avait fait une demande spéciale. J'étais ravie. Il me demandait si je n'avais pas dans ma besace quelques photos de la Forêt enchantée de Ville-Marie, au Témiscamingue. Puisqu'il a déjà habité tout près de cet endroit magnifique de notre région, j'ai pensé qu'il avait visité plusieurs fois cette curiosité de la nature, ce phénomène naturel surprenant, mais qu'il avait peut-être négligé d'en prendre des photos. Alors, ce court billet accompagné de vieux clichés, viendra, je l'espère, lui rappeler de bons souvenirs et me faire pardonner de lui avoir donné la tag littéraire à laquelle il a répondu généreusement, malgré son horaire bousculé.

Cette forêt de cèdres (thuyas de l'Est) fait maintenant partie d'un ensemble bien protégé, le Lieu historique national du Fort-Témiscamingue, où l'on peut découvrir aussi l'histoire de ce poste de traite et la présence algonquine sur les rives du lac Témiscamingue. Quand on y entre, dans cette forêt enchantée, on est saisi immédiatement d'un émerveillement qui impose le silence, le respect. Ces arbres immenses forment une voûte qui laisse à peine entrer le soleil et ces cèdres ont le tronc tordu comme s'ils avaient souffert de quelque chose, c'est vraiment étrange et fascinant comme endroit.

Crocodile Dundee est né à Ville-Marie, il y a vécu jusqu'à l'âge de 13 ans et demeure enraciné très profondément dans cette terre sur les rives de l'imposant lac Témiscamingue (en algonquin, ce mot signifie « eaux profondes ») et cette fois-là, nous avions voulu faire visiter à Bernard l'une des merveilles de notre région.

Épilogue : Ce mini voyage à quatre dans cette partie de notre région nous laisse encore des souvenirs impérissables. Bernard est finalement resté ici, s'est trouvé du travail dans son domaine d'études comme il le souhaitait. Édith et lui vivent maintenant à Val-d'Or, ils ont eu ensemble 3 enfants qui sont tous devenus adultes : l'aîné vit à Québec, la deuxième au Maroc et le troisième termine ses études à Montréal. Cette famille est très représentative d'un phénomène que nous retrouvons très souvent chez nous : quand nos enfants vont étudier à l'extérieur, ils y font leurs stages, se forment un réseau d'amis, rencontrent l'amour, trouvent leur premier emploi, etc. et ne reviennent plus qu'en visite...

Dernière heure : Je viens tout juste d'avoir des nouvelles de Bernard. Je vous transcris intégralement son message. « Ces photos me rappellent de beaux souvenirs en agréable compagnie. Je constate que nous avons un peu vieilli de corps mais pas du tout de coeur. En passant, j'apporte quelques correctifs à l'histoire de famille; l'aîné vit à Montréal, la deuxième, principalement à Montréal avec quelques séjours au Maroc, le troisième vient de terminer sa première année d'université à Sherbrooke. Amicalement, l'ex-Pamphilien.»

vendredi 22 juin 2007

Elle s'envole


Je vous le dis tout de suite, la photo n'est pas de moi. J'ignore qui en est l'auteur(e). Dans ma collection de photos d'orignaux, il y a quelques raretés, des orignaux albinos. C'est déjà une chance inouie de pouvoir photographier un orignal dans son environnement, alors imaginez un orignal albinos. La nature fait parfois curieusement les choses et si nous trouvons, nous, les humains, que cette femelle a un petit côté angélique, à cause de sa couleur immaculée, pour les autres spécimens de son espèce, par contre, rien ne la distingue particulièrement, elle attire les autres mâles et peut tout aussi bien donner naissance à un petit qui soit de la même couleur que les autres. Ce phénomène des orignaux albinos a été observé au moins à deux reprises, à ma connaissance, dans notre région, soit à Duparquet et à Val-Paradis. Toutefois, il semble y avoir une concentration de ce défaut de la nature dans le nord-est ontarien, tout près de Timmins.

Et pourquoi je vous parle de défaut de la nature? Parce que c'est ce que j'ai en tête depuis quelques jours. Je suis moi-même une sorte de défaut de la nature, comme mère.

Normalement, quand un enfant quitte la maison pour voler de ses propres ailes, les parents, la mère surtout, deviennent nostalgiques, parfois même pleurent, ressentent un vide, cherchent l'enfant qui a rempli leur vie depuis sa naissance. Pourtant, je ne le vis pas comme ça.

Isa emménagera dimanche avec Audrey, sa grande amie. Toutes les deux entrent à l'université en août prochain, elles ont donc cherché depuis quelques mois cet appartement dont elles ont rêvé, près du Cégep et de l'UQAT, avec de grandes fenêtres, des espaces communs fonctionnels et chacune leur chambre pour avoir ce petit coin d'intimité auquel elles sont habituées chez leurs parents. Donc, elle s'envole. Oui. J'ai beau y réfléchir, je ne suis pas triste, non, je ne pleure pas non plus, je ne suis pas normale.

Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'elle déploie ses ailes. À dix sept ans, quand Audrey et elle sont parties à la fin de leur secondaire pour vivre une expérience enrichissante en allant dans l'Ouest canadien pour y travailler, apprendre une autre langue, découvrir la culture des Canadiens, elles retardaient ainsi d'une session leur entrée au Cégep. Martine et moi, les deux mamans, on allait les reconduire à l'aéroport... de Montréal. On s'était promis, les deux mamans, qu'on allait en faire comme une sorte de fête, un au revoir joyeux. Nous avons ensemble, toutes les quatre, visité, bouquiné, mangé, bu, flâné dans les rues de Montréal pendant deux jours. On se promettait aussi, Martine et moi, qu'on n'allait pas leur faire subir des adieux déchirants et pleurer devant elles quand le moment serait venu de les quitter. On a tenu parole mais on vacillait un peu sur nos jambes avec nos sourires figés...

La deuxième fois qu'elle est partie, c'était en mai 2006. Vivre avec son amoureux dans un petit nid douillet avec deux chats dont on s'occupe comme des enfants, c'était pour elle un rêve devenu réalité. Nous avons continué à la supporter financièrement puisqu'elle continuait ses études. On avait le sentiment qu'elle reviendrait à la maison mais on respectait son rythme, sa décision, sa vie. Elle est revenue en février dernier. Les amours à 20 ans peuvent être si torturées...

Cette fois, dimanche, elle s'envolera en déployant ses ailes de façon réfléchie, sereine et gracieuse. Comme elle dit, avec une amie, on ne divorce pas! Nous continuons de la supporter humainement et financièrement, nous serons dans la même ville, nous pourrons nous voir très souvent et on sait que quand on a grandi près du lac, on y revient toujours, ce sera la même chose pour Audrey, dont les parents, nos amis, habitent à quelques pas de chez nous, sur le même rivage.

Est-ce que nos routes se séparent? Non, je n'en ai pas l'impression. Plutôt, nous marcherons dans des sentiers parallèles et nous nous croiserons à tous les carrefours. Comment pourrais-je me désoler? Nous les aidons à grandir et nous nous réjouissons de la première dent, de chaque geste d'autonomie qui les mène à leurs premiers pas, aux premiers jours d'école, aux spectacles qu'ils montent, aux projets qu'ils mettent de l'avant, aux médailles qu'ils remportent, à toutes leurs découvertes et voyages. Allons-nous pleurer quand ils prennent leur envol, qu'ils posent cet ultime acte d'autonomie?

Les liens les plus solides sont invisibles, tissés d'amour, de tendresse, de respect, d'écoute, de toutes les joies et les peines que nous avons vécues ensemble. Elle pourrait s'en aller à Tombouctou que ce lien-là existerait toujours mais je préfère qu'elle n'aille pas si loin!

Quand même, son père et moi, on se sauve à notre camp en forêt jusqu'à dimanche, jour de son déménagement où nous l'aiderons à transporter ses choses dans son nouveau nid. Malgré tout, j'aurais de la difficulté à rester ici et la voir faire ses boîtes dans l'allégresse! Il faut croire qu'il me reste encore un petit peu de normalité...

mercredi 20 juin 2007

On m'a donné la tag... littéraire!



J'ai pris ces deux clichés il y a quelques minutes, chez moi, où je travaille, donc, la porte patio que vous pouvez voir, celle d'en bas, c'est mon bureau, d'où je vous écris présentement. De là, je vois mon lac en permanence et le chemin qui mène au jardin fleuri. Ce n'est pas que je veuille faire l'exhibitionniste mais quand je vous dis que ma maison, c'est un aquarium à cause du nombre de fenêtres, vous allez un peu mieux comprendre ce que je veux dire. Même que le garage qu'on aperçoit un peu est aussi plutôt transparent. Et le jardin fleuri, c'est là où je passe beaucoup d'heures ces temps-ci. J'ai eu l'idée d'y photographier les livres dont je veux vous parler, parce que je n'avais pas d'images pour illustrer mon propos. Je sais que c'est fou raide mais j'avais le goût de jouer à la tag littéraire, puisque Bibco, une blogueuse amie, m'a transmis ce virus que je me chargerai de faire circuler à mon tour, n'ayez crainte!

Là, vous devez vous dire que Zoreilles est « sautée » comme un pop corn! Oui, oui, je vous entends avec mes Zoreilles, vous le pensez, c'est sûr... Mais ce n'est pas de ma faute, c'est Bibco qui avait attrapé la tag littéraire et qui vient de me la donner. Alors, je dois jouer le jeu. Je ne serai pas celle qui ferai l'éteignoir, c'est sûr. Donc, je vous livre mes secrets littéraires à mon tour.

4 livres de mon enfance

1 - On demande une Maman, livre de la collection Bibliothèque rose qui m'avait bouleversée, emprunté à la Bibliothèque de l'école Galinée à Matagami. Beaucoup cherché depuis mais jamais retrouvé. 2 - Toute la série des Tintin. 3 - Toute la série Les 5 as, où il y avait 4 gars et une seule fille, à laquelle je m'identifiais évidemment. 4 - Ô Canada, mon pays, mes amours, un livre que ma mère fédéraliste avait commandé chez Sélection du Reader's Digest, avec plein de photos et de beaux textes.

4 écrivains que je relirais encore

1 - Clicking, de Faith Popcorn. 2 - L'amour au temps du choléra, de Gabriel Garcia Marquez. 3 - Les gestes et attitudes qui parlent, de Milton Cameron. 4 - Les passages de la vie, de Gail Sheehy.

4 livres de ma liste, à lire ou relire

1. La simplicité volontaire plus que jamais..., de Serge Mongeau. 2 - Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l'être, de Louis Pauwels. 3 - Chers nous autres, un siècle de correspondance québécoise, de Robert Blondin. 4 - De l'eau salée dans les veines, de Rolland Jomphe.

4 livres que je lis en ce moment

1. Pour une communication efficace, Claude Jean Devirieux. 2 - Les plantes de la forêt boréale, de Roger Larivière. 3 - Tirer profit de son passé familial, Earnie Larsen. 4 - Le sens de la vie? 46 figures marquantes vont au fond des choses, une quête photographique de Isabelle Clément.

4 livres que j'apporterais sur une île déserte

1 - L'abondance dans la simplicité, la gratitude au fil des jours, de Sarah Ban Breathnach. 2 - Guide de la forêt québécoise saison par saison, de André Croteau, photographies de Michel Sokolyk. 3 - Plantes sauvages comestibles, Guide d'identification Fleurbec, on comprend pourquoi j'amènerais ce livre. 4 - Dictionnaire Hachette, édition illustrée.

4 livres « coffee table book » (ceux qu'on laisse traîner en permanence, des objets d'art...)

1. Abitibi-Témiscamingue, textes de Denys Chabot, photographies de Mathieu Dupuis. 2 - Gastronomie et forêt, par Christiane Gauthier, Jean-François Lacroix, Paul-E. Lambert. Des images, des ambiances, des extraits de poèmes magnifiques et des recettes, bien sûr. 3 - Images du XXe siècle, vingt photographes regardent leur temps, par Mark Edward Harris. 4 - Guide des loisirs créatifs et d'artisanat, collection modus vivendi.

Et les autres que je n'ai pas mentionnés

Vous n'allez pas me croire mais même avec une telle marge de manoeuvre, j'ai eu de la difficulté à faire des choix. Il y a tous les livres que mes amis ont écrits, avec leur dédicace que je relis souvent, au besoin, comme autant de mots d'amour ou d'amitié qui tombent pile, des manuscrits reliés maison qui n'ont jamais été publiés, envoyés par des amis qui voulaient mon avis, des conseils, ces oeuvres uniques que je conserve aussi précieusement. Et d'autres livres qui ont été marquants dans une période particulière où j'avais besoin de les lire. En général, je ne les ai plus, ils circulent quelque part où ils sont utiles à d'autres.

Une joueuse redoutable, un lancer frappé puissant, tassez-vous!

C'est maintenant à mon tour de donner la tag littéraire à quelqu'un d'autre. Ah là, vous avez peur, hein? Surtout mes amis blogueurs... Je suis une adversaire féroce, agressive au jeu, sportive et passionnée, vous le saviez? TAG! Trop tard, il fallait courir plus vite, vous sauver avant que je vous attrape, je la donne à tous ceux qui sont en lien, à droite, j'ai nommé Guy Vandal, Vieux Henri, Marc, Esperanza, Lili, André Bérard, Zed, Accent Grave et là, je regrette de n'avoir pas inclus plus de liens!

P. S. : À mon ami, Vieux Henri, je voulais que tu puisses voir mes pivoines en fleurs, il y en a trois, rose foncé, tu n'as qu'à cliquer pour agrandir la deuxième photo pour les voir de près. Je n'ai vraiment aucune pudeur!!!

samedi 16 juin 2007

Dans la série « L'être le plus extraordinaire... » : mon cousin, JC

J'ai pris cette photo il y a deux semaines environ, dans une baie de la rivière des Outaouais, qu'on appelle la baie des Souches. J'y passe souvent et pourtant, c'était la première fois que je remarquais cette petite cascade d'eau qui vient terminer sa course près de ce rocher. Cette année, il y a eu des pluies diluviennes au début juin et j'imagine que la montagne évacue comme elle peut tout ce qu'elle reçoit et qu'il se crée ainsi des ruisseaux temporaires qui font entendre de si jolies musiques! Je l'ai donc choisie pour illustrer mon propos, parce que mon cousin JC, c'est un véritable rocher, du solide, bien ancré et que partout autour de lui, il sait créer des oasis, des bienfaits, des cascades rafraîchissantes, des baumes sur les plaies vives, il prend soin des coeurs blessés. « Parmi les ronces, pousse parfois une fleur »...

Cet homme d'exception, parmi les êtres les plus extraordinaires que j'ai connus, je l'appellerai JC, et c'est normal qu'il ait les mêmes initiales que Jésus Christ, parce qu'il a compris, intégré et semé partout dans sa vie le fameux « Aimez-vous les uns, les autres ».

C'est mon cousin. Oui. Mais pas depuis longtemps. Je m'explique : Biologiquement, nous sommes cousins. Sa mère, la soeur de la mienne, l'a donné en adoption à sa naissance. Il a donc été choisi par des parents qui l'ont sûrement beaucoup aimé, il ne peut en être autrement. Par un concours de circonstance incroyable, une vraie saga, un sujet à film même, il a retrouvé sa mère biologique. Ce serait trop long à raconter comment il est arrivé jusqu'à moi mais s'il est mon cousin depuis quelques années, notre lien est étrange, familial mais plus amical, empreint d'un certain déchirement entre vouloir tout savoir l'un de l'autre, se reconnaître dans quelque chose d'indéfinissable et en même temps, de nous laisser assez d'espace et de liberté parce qu'on imagine que chacun a ses ancrages, ses repères, semblables et différents à la fois.

Entre nous, quand on s'écrit, qu'on se voit, on s'appelle cousin et cousine à chaque phrase, on dirait que c'est comme une sorte de mot d'amour, euh... d'amitié, euh... bref, ça dit tout et rien à la fois mais ça vient préciser notre complicité instantanée dès notre première rencontre. Depuis ce temps-là que je l'admire. Je m'intéresse toujours discrètement à sa vie, sa santé, ses amours, son travail et mon cousin JC me fascine autant qu'il m'intrigue. Il vit dans ma région, à un peu plus d'une heure de route de chez moi et c'est ce qu'on appelle un travailleur de rue mais dans son secteur, plutôt rural, on l'appelle un travailleur de milieu. Moi, je vous dirais que c'est un missionnaire des temps modernes, qu'il ne prêche pas par des paroles mais par des gestes, des actions et qu'il incarne à lui tout seul l'amour des autres, du genre humain, qu'il combat la misère, la souffrance, l'abus, la pauvreté, la violence, la prostitution, la toxicomanie, l'alcoolisme, les dépendances de toutes sortes, qu'il a le coeur grand comme le monde et qu'il a l'oreille la plus attentive que je connaisse.

JC, c'est un roc. Grand et fort dans son travail et dans sa vie, ça peut sembler paradoxal qu'il soit doué d'une si grande sensibilité, d'une délicatesse infinie. En lui, je reconnais notre grand-père commun qu'il n'a jamais connu mais qu'il aurait beaucoup aimé. C'est fort quand même, l'inné.

Travailleur communautaire, il se bat sans cesse pour obtenir un budget minimum pour faire fonctionner ses projets et la communauté dans laquelle il se donne sans compter. C'est souvent le lot de ces missionnaires d'aujourd'hui. Il y met une telle ardeur que j'ai souvent peur qu'il s'épuise à force de n'être pas toujours compris par l'establishment social et politique. Si j'étais riche, je subventionnerais à vie tous ses projets, d'ailleurs, il sait faire fructifier le moindre petit dollar pour les causes qu'il comprend, qu'il mène et pour lesquelles il investit le meilleur de lui-même. JC, c'est une machine à soigner les âmes, particulièrement celles de la jeunesse à qui il voue une confiance et une admiration sans borne.

Parmi ses outils de travail et d'intervention, il fait des films dans lesquels il implique plein de jeunes, d'abord, parce que ça les rallie, les sensibilise plus que tout et ça leur permet d'exprimer leur créativité. Dernièrement, il en a réalisé un qui n'a pas été facile à faire ni à financer, sur un sujet tabou, l'abus sexuel au masculin. Le titre? « Oui, les gars aussi ». Jeudi soir dernier, son film était projeté dans son coin de pays, il m'avait invitée et je suis allée. J'y tenais.

J'arrive quelques minutes avant le début de la projection, il est entouré de plein de monde évidemment mais il vient m'accueillir comme si j'étais la seule, il a ce secret de la qualité de présence, avec lui, on se sent unique. Il me dit à l'oreille en me serrant ben fort : « T'es venue, ma cousine! » Il m'entraîne à sa suite en me disant : « Viens que je te présente... » et puis, il me présente ses parents à qui je serre la main, trop ravie de rencontrer ceux qui ont fait de lui ce qu'il est. Il a la délicatesse infinie de me présenter par mon nom, en omettant complètement notre lien et je lui en suis reconnaissante, j'aurais été mal à l'aise devant ses parents qu'il m'appelle « sa cousine » jugeant que c'est un titre honorifique que je ne méritais pas en leur présence. Puis, il m'amène plus loin, me présente sa conjointe, ses enfants, toujours en m'appelant par mon nom, sans aucun titre mais ils savent bien quel est notre lien.

Le film va bientôt commencer, JC s'adresse à la salle, explique ce que nous allons voir et nous avertit qu'en cas de malaise, si quelqu'un doit sortir de la salle pendant la projection, il a prévu des ressources sur place pour venir en aide à quelqu'un qui vivrait quelque chose de difficile. Je le regarde agir avec admiration, je sais que sa conjointe et ses enfants ressentent la même chose que moi et j'entends penser aussi ses parents assis un peu plus loin.

Le film est bien fait, efficace, documenté avec beaucoup de sensibilité, des témoignages bien sentis, rien de sensationnaliste mais avec un ton juste. À la fin de la projection, il donne le crédit à tous ceux qui y ont participé, il n'oublie personne mais quand on l'applaudit, il est visiblement mal à l'aise, il n'aime pas les honneurs, les protocoles, il s'efface pour la cause. Un grand homme, mon cousin JC, et humble en plus.

J'ai dû partir en vitesse, il se faisait tard et je n'ai pas le droit de conduire quand il fait nuit. Sa conjointe voulait que j'aille dormir à la maison mais j'ai dû refuser, j'avais une rencontre tôt le lendemain matin. J'ai simplement remercié et félicité JC, salué sa conjointe, ses enfants, ses parents, fait un don dans la mesure de mes moyens pour aider à la réalisation de son prochain film (sur le suicide) et je suis partie, ravie et chavirée, de cette soirée.

Ravie, oui, parce que j'ai perçu combien il était aimé et admiré de tous, mais particulièrement de ses parents, son amoureuse, ses enfants. Chavirée parce que j'aurais voulu lui dire mille choses que j'avais dans le coeur, combien fière j'étais de lui. J'aurais aimé être capable de dire merci à ses parents mais je sais que ça ne se fait pas. J'aurais voulu dire à sa conjointe combien je la trouvais généreuse elle aussi, de le partager avec tous ceux qui sont dans le besoin. J'aurais voulu, j'aurais souhaité, j'aurais aimé mais j'ai repris la route et au lieu d'avoir la trouille, j'étais plutôt envahie de sentiments de reconnaissance et d'admiration qui m'ont bercée doucement jusque chez moi.

Notre grand-père était un grand homme qui a aidé tout le monde toute sa vie et personne ne l'a oublié. C'est ce que nous avons en commun, JC et moi, je crois. Peut-être qu'un jour, je serai capable de lui dire que si notre grand-père était un grand homme, alors, lui, mon cousin JC, c'est vraiment un géant.

lundi 11 juin 2007

L'orage


Cette photo n'aurait pas besoin de présentation, vous savez tout de suite qu'il s'agit d'un orage. Celui de vendredi soir dernier. En fait, l'orage avait déjà éclaté mais le ciel semblait encore un peu fâché malgré les rayons de soleil qui s'obstinaient à transpercer les nuages, ce qui diffusait une lumière étrange et menaçante sur le début de notre fin de semaine.

Vendredi après-midi, 16 heures, Crocodile Dundee est sur le point de terminer encore une grosse semaine de travail ardu à construire un autre château pendant que s'acharnent sur lui et son compagnon de travail, le vaillant Jano, les rigueurs de l'été. L'hiver est tout aussi rigoureux pour eux mais dans l'autre extrême. Ces gars-là ont le courage de chanter et de rire plus fort en compensation des inconforts qu'ils doivent subir dans leur travail. Je ne les ai jamais entendus se plaindre. Des fois, dans les pires situations, ils se disent en boutade qu'ils auraient donc dû aller à l'école plus longtemps! J'ai souvent le goût de leur rendre hommage pour tous leurs courages au quotidien mais ça, c'est une autre histoire...

Depuis le matin, donc, j'accumule sur le bord de la porte les bagages, les choses à ne pas oublier, la glacière qui se remplit tranquillement, les chaussures de marche, l'appareil photo, bien sûr, quelques lectures, un bon 10 litres d'eau, tout ce qu'il faut pour notre escapade de la fin de semaine au camp de Rapide Deux. Cette fois, on part vendredi plutôt que samedi, on se sauve comme des enfants qui font l'école buissonnière parce que cette fois-ci, particulièrement, on en a grand besoin, tout a été trop vite cette semaine, trop fort, trop énervant, juste trop, point. On nous annonce des orages violents mais on saura bien se sauver de ça aussi!

Je le vois arriver, fourbu, même sa boîte à lunch a l'air lourde mais son regard s'illumine quand il ouvre la porte, qu'il voit que tout est prêt et moi aussi, comme on avait convenu le matin. Il me dit : « On y va quand même, on annonce des orages violents? » et j'explique, enthousiaste, toute contente d'être heureuse (!) qu'on réussirait bien à s'en sauver, que du long du chemin, tout s'éclaircirait peut-être à mesure qu'on se rapproche du camp, qu'il fait clair très longtemps en cette saison, etc.

En quelques minutes, sa douche est prise, la boîte à lunch balancée à bout de bras jusqu'à lundi matin (là, elle est devenue ultra légère) et on part. Ouais, le ciel est gris pas rien qu'un peu. La radio du camion continue de diffuser des avertissements d'orages violents. Pas grave. On se sauve, on ne craint rien, on a l'impression que la nature est de notre bord. N'empêche que de traverser en bateau le fameux réservoir que constituent les rivières Outaouais et Darlens quand elles se croisent... il vaudrait mieux que l'orage soit terminé et que la vague ne déferle pas trop, après tout, notre bateau n'est quand même pas un transatlantique...

Sur la route 117, on plonge en plein dans le vif de l'orage. Les véhicules ralentissent, pluie abondante oblige. On voit passer les branches d'arbres à travers le déferlement d'eau, certains arbres plient tellement qu'on a l'impression qu'ils ne sont que roseaux. Il y aura des dégats, c'est sûr. Plus on avance, plus l'orage... fait rage. On décide alors d'arrêter au village de Cadillac le temps que ça se résorbe un peu, on en profitera pour souper au resto-bar-station service de l'endroit.

Et ça, c'est typique de chez nous, je trouve. Tout le monde se parle là-dedans, comme si on se connaissait tous depuis la petite école. On regarde dehors et on commente l'orage, les inquiétudes se manifestent, les histoires se fabriquent, les souvenirs refont surface, on parle de la fois où... et les camionneurs en ont long à dire, ils ont les toutes dernières nouvelles en direct de leur radio, ils connaissent bien les hasards de la route aussi. Deux couples du village, des habitués, étirent leur xième tasse de café, ils ne peuvent quand même pas s'en retourner chez eux par cette température-là, tout le monde en convient. Des gars de la mine pas loin sont arrêtés aussi, habillés en ouvrage, ils ne voyaient rien sur la route eux non plus. Des touristes en moto débarquent, trempés jusqu'aux os, ils parlent anglais et sont vite servis dans leur langue, ils comprennent qu'ils viennent d'arriver dans une sorte de no man's land où tout le monde semble se connaître! Une des serveuses semble inquiète, elle appelle chez elle pour savoir si ses petits sont bien rentrés, elle nous revient toute souriante, la voilà rassurée.

Curieusement, l'orage passe, se calme puis se termine en douce pendant qu'on nous sert nos assiettes. Tout le monde retourne à ses voisins de table, il n'y a plus cet esprit de famille qui était palpable tout à l'heure, cette angoisse vaguement partagée par la communauté, ce coude à coude qu'on a senti au plus fort des éléments déchaînés. C'est signe qu'il est temps de repartir. Cette courte période où le temps ne comptait plus au village global? De quoi tu parles, là?

Du village de Cadillac jusqu'au Rapide Deux, on voit que ça a brassé pas mal, que les arbres, comme les hommes, quand ils ne savent pas plier, sont bien mieux de n'être pas trop secs ni vulnérables...

On arrive à la marina où notre bateau nous attend, plein d'eau. On écope sans dire un mot. Il y a des silences qui valent bien des prières. Nous sommes seuls. Pas un chat. Peut-être qu'il fallait être fous pour partir quand même par cet avertissement d'orage violent mais la rivière, le ciel, la forêt, s'étaient liés pour faire surgir pour nos yeux ébahis des paysages spectaculaires, des couleurs étranges mais surtout, les parfums secrets de la forêt boréale. C'est là que j'ai pris ma photo. Dommage qu'il n'y ait pas le son ni les odeurs.

Six minutes plus tard, on arrivait au camp. On a débarqué en vitesse tout notre butin, ouvert toutes les fenêtres à moustiquaires, placé la bouffe dans les armoires, la forêt était d'un vert profond, ça sentait bon le sapin, la lumière si douce mettait de l'ambiance dans le camp. On a réalisé qu'on n'avait pas reçu une seule goutte de pluie, qu'on avait bien fait de faire confiance à la nature. Et puis, la pluie s'est mise à tomber doucement, un peu comme si elle avait voulu nous dire : « Hé, les fous, maintenant que vous êtes arrivés à bon port, ça ne vous dérange pas que je termine ce que j'avais commencé? »

lundi 4 juin 2007

J'honore mon nord


Cliché pris samedi soir dernier, aux confluents des rivières Darlens et Outaouais, à l'heure dorée, quand la journée s'étire de façon merveilleuse, que demain s'annonce tout aussi magnifique. Des fois, on a l'impression qu'il fera toujours beau, que ce pays d'espace, de liberté, de lacs et de rivières ne nous décevra jamais, c'est dans sa nature... Le soleil, chez nous, brille plus tard, sans doute parce qu'il ne peut se résoudre à aller se coucher.

Ça fait longtemps qu'on sait ça, les heures d'ensoleillement en Abitibi-Témiscamingue sont plus longues. Au solstice d'été, mon beau-frère de Boucherville en visite chez nous s'étonnait qu'il pouvait lire son journal dehors à 22 heures, il découvrait ce phénomène qu'il trouvait étrange, ça l'angoissait presque, il passait son temps à regarder sa montre et pourtant, il a un doctorat en biologie et en écologie!

Nos producteurs dans le domaine de l'agroalimentaire se vantent de ce phénomène et expliquent ainsi la saveur unique de nos fraises, plus sucrées qu'ailleurs, de notre cassis, nos tomates, nos légumes de toutes sortes. Et que dire de tous ces petits fruits sauvages que j'aime cueillir aux beaux jours de l'été et de l'automne!

L'Abitibi-Témiscamingue, c'est le 48e parallèle nord. La région Nord-du-Québec, notre voisine peu connue, se distingue parce qu'elle commence au 49e parallèle. Il fait soleil encore plus tard là-bas. D'ailleurs, quand ils viennent chez nous, ils disent qu'ils descendent dans le sud! Comme quoi, on est toujours le nord ou le sud de quelqu'un d'autre, ça jette un regard tellement plus global sur le pays. Mais la nordicité commence seulement à faire connaître ses particularités et ses richesses. Un jour, je le sens, on connaîtra et surtout, on reconnaîtra nos régions pour autres choses que leurs ressources non renouvelables qu'on vient piller pour s'enrichir et repartir vers les grandes villes...

Évidemment, la région est très jeune, l'Abitibi n'existe que depuis 100 ans, et encore, elle s'est développée après ça, je la surnomme le petit bébé du Québec. Nos sites historiques ont 50 ans, 75 ans mais ne riez pas, il faut bien commencer quelque part, notre histoire, on est encore en train de l'inventer, là! Quant au Témiscamingue, il a une plus longue d'histoire un petit peu, on le ressent dans chacun de ses pittoresques villages. Si l'Abitibi-Témiscamingue se développe mieux depuis quelques années, c'est qu'enfin, on prend conscience de ses richesses qui nous ont été révélées autant par la nouvelle génération née ici que par ceux venus d'ailleurs qui s'y sont enracinés de tout leur être et y ont cru. Nous sommes ouverts et accueillants, c'est une question de survie!

Notre région est plus vaste que bien des pays, elle compte autour de 145 000 âmes, c'est peu pour un si grand espace à habiter mais imaginez comment un arbre peut grandir quand il s'enracine profondément dans une terre riche, une nature généreuse avec de si longues heures d'ensoleillement...