lundi 30 juillet 2007

Taguée au retour des vacances...


J'ai photographié ce papillon la semaine dernière sur une plage secrète découverte au bout de la rivière Darlens. J'étais étonnée qu'il se laisse ainsi approcher et, vous connaissez ma nature inquiète, je me demandais s'il n'était pas comme... un petit peu... mort... mais il était bien en vie, il s'est envolé quelques secondes plus tard, il était peut-être seulement fatigué!

Le lien que je fais entre ma photo et mon billet d'aujourd'hui est le suivant : Aucun rapport! C'est parce que j'ai été taguée par Ulyssa pour dévoiler mes 7 secrets, les plus enfouis et inavouables. Vous conviendrez avec moi que c'était tout un défi à illustrer... et à raconter. Mais, bonne joueuse, je ne ferai pas l'éteignoir, malgré que j'écrive de façon si intime et personnelle qu'il me semble que je n'ai plus rien à révéler. Quoique...

1) Question criminalité, j'ai commis mon premier vol à l'âge de 5 ans : la petite maudite Patsy qui restait en face avait tellement de jouets qu'elle ne savait plus quoi en faire et moi, j'aimais sa petite sacoche blanche pour jouer à la madame. Je l'ai rapportée chez moi, tout simplement. Ben, la petite maudite, elle s'en est aperçue, elle est venue brailler chez nous et Maman m'a obligée à aller lui rapporter... et m'excuser. Non, le crime ne paie pas, il humilie en plusssssse!

2) On m'a baptisée en catastrophe à ma naissance, pour ne pas que mon âme aille... « aux limbes ». Ma mère luttait pour sa propre vie, comme moi, donc, elle n'a pas assisté à l'événement. On m'a toujours appelée Francine mais on s'est aperçu, lors de mon inscription à l'école, que mon acte de naissance n'existait pas. On a trouvé, par contre, qu'une Marie, Éva, Jacqueline était née au même endroit, le même jour. Donc, tous mes papiers officiels ne portent pas mon prénom. Le jour de mon mariage, on a demandé à Crocodile Dundee s'il acceptait de prendre pour épouse « Marie, Éva, Jacqueline, alias Francine... ». Ça sonnait drôle. Il a dit oui quand même!

3) À l'âge de 17 ans, lors d'un voyage avec ma chum Maryse, on avait traversé les douanes américaines à Cornwall, on avait beaucoup magasiné, fêté, bref, le party était pogné avec ma tante et ses amies. Un douanier air bête m'a demandé si j'avais quelque chose à déclarer. J'ai dit oui, bien sûr, j'ai fait plein de belles déclarations, j'ai fait rire les copines, il a sévi, menacé, ce n'était pas la bonne manière de s'y prendre avec moi, je lui ai chanté la chanson de Diane Dufresne : « Grimpe pas dans les poteaux, fais pas peur aux oiseaux, essaye donc de rester cool » mais là, il était déchaîné, il m'a envoyé aux fouilles, m'a menacé d'une amende et même de la prison. J'ai dégrisé pas mal vite quand j'ai été seule avec la grosse madame en uniforme dans le bureau du fond et que j'ai dû défaire tout mon bagage, payer les droits de douanes même sur les choses que j'avais déjà dans mon pac sac! Admettons que... je les avais pas de mon bord...

4) Un monsieur âgé qui m'aimait bien, était client où je travaillais et voulait absolument me présenter son petit-fils, un bon parti qu'il disait, un jeune homme très riche, qui voyageait partout dans le monde et qui était de passage chez lui. Il insistait beaucoup. J'ai accepté d'aller au moins souper avec le petit-fils en question. Il m'a donné toute une frousse quand il m'a demandée en mariage, il voulait qu'on parte le même soir pour aller à Las Végas. On n'était même pas encore au plat principal... J'ai dit que j'allais à la salle de bain mais je suis partie en courant, en talons hauts! Ça, c'est pas fin...

5) Je pratique aujourd'hui la simplicité volontaire mais il fut une époque où j'étais la reine des dépensières. Pas tellement pour les vêtements, chaussures et autres coquetteries mais pour la décoration de la maison, du chalet, les cadeaux, gadgets et sorties de toutes sortes. Quand j'y repense, je ne me reconnais plus!

6) Ce n'est pas inavouable du tout mais c'est quand même un secret : Avant d'avoir un enfant, puisque nous en désirions à tout prix, nous avons fait une demande d'adoption internationale. Le pays le plus ouvert à ce moment-là, c'était Haïti et notre demande, c'était pour une fille ou un garçon, entre 0 et 2 ans. Quand l'organisme nous a contactés pour donner suite à notre demande, je venais de savoir que j'étais enceinte. Ils n'ont jamais voulu qu'on ait deux enfants en même temps et chaque fois que je croise un ou une jeune Haïtien(ne) dans la vingtaine, je ne peux m'empêcher de penser qu'il pourrait être notre enfant...

7) J'ai eu beaucoup d'amoureux pendant mon adolescence. Mes petits frères les comptaient, ils sont arrivés au chiffre de 17. C'est d'ailleurs comme ça qu'ils ont accueilli Crocodile Dundee dans la famille. Ils lui ont demandé s'il sortait avec moi. Il a dit oui et ils lui ont suggéré de ne pas trop s'attacher, qu'il était le 17ième! Aujourd'hui, on en rit mais n'empêche que... je n'ai eu qu'un seul amant de toute ma vie : Crocodile Dundee...

Voilà, il n'y aura pas eu de grandes révélations ici, seulement des petites tranches de vie, celles qui se résument rapidement et qui, j'espère vous feront sourire ou vous étonneront. Pour continuer le jeu, il faudrait que je tague un(e) ami(e) blogueur(euse) mais je ferai comme la dernière fois pour la tag littéraire : Que tous ceux et celles qui sont en lien, à droite, se sentent personnellement interpelés!

vendredi 20 juillet 2007

Un ciel plus haut qu'ailleurs

J'ai pris cette photo hier après-midi, à la plage de Palmarolle, sur le bord du lac Abitibi, en Abitibi-Ouest. Maman, qui m'accompagnait, me disait que j'aimais beaucoup aller là quand j'étais petite mais je n'y étais jamais retournée depuis. C'est curieux mais il me semblait que je m'y reconnaissais, à partir de la route principale, dès que j'ai pris le chemin asphalté tout droit, tout droit, il m'est revenu l'étrange sensation qu'on allait se jeter dans le lac immense, à force qu'il se confondait avec le ciel. Notre mémoire d'enfant, on pense qu'elle oublie mais non, il y a toujours un détail troublant qui nous revient et qui fait surgir plein de souvenirs.

J'avais invité Maman par cette journée de congé et nous avions rendez-vous hier matin, j'allais la chercher pour qu'on passe ensemble la journée en Abitibi-Ouest, juste pour faire un peu « voyage » et qu'elle puisse passer du bon temps. Je voulais lui montrer deux ou trois endroits que j'ai découverts quand je vais travailler là-bas mais finalement, la belle température aidant, on a improvisé au gré des petites routes pour en voir davantage et c'est finalement elle qui m'a fait découvrir ou plutôt redécouvrir un paysage de mon enfance.

Maman a suggéré qu'on aille à la plage de Palmarolle, on était tout près. Elle me racontait que toute petite, j'ai passé des heures et des heures à jouer dans le sable et dans l'eau de ce lac. Ça ne m'étonne pas, j'avais encore le goût de jouer quand j'y suis arrivée. Il y avait des enfants qui se baignaient, qui couraient, qui jouaient dans le sable. J'aurais voulu avoir 4 ans!

J'ai pris le temps de faire quelques photos pendant que Maman allait marcher en direction de l'accueil. J'aurais voulu arrêter le temps, passer l'après-midi à cet endroit mais je n'ai plus 4 ans... Comme le monde est petit (et très chaleureux) en Abitibi-Ouest, elle est tombée sur son frère, donc, mon oncle, sa femme, des cousins, cousines et nous avons passé l'après-midi loin de la plage et du lac. Pendant quelques instants fugitifs, j'avais quand même retrouvé un bout d'enfance et ça n'a pas de prix!

Évidemment, le sujet à l'ordre du jour à Palmarolle, c'était cette émission, La Petite séduction, présentée la veille, provenant de ce beau village. Les gens étaient fiers d'avoir ainsi eu la chance de présenter leur coin de pays. Chacun avait ses anecdotes à raconter sur le tournage et les petits miracles qui avaient été accomplis pour séduire l'invitée et toute la visite.

Je ne suis pas la seule ni la première à trouver que le ciel de l'Abitibi-Témiscamingue est plus haut qu'ailleurs. Peut-être que l'immensité du territoire donne cette impression. Mais puisqu'on nous surnomme « la région aux 100 000 lacs », et que souvent, les bleus du ciel et de l'eau se confondent, mon explication reste beaucoup plus poétique que scientifique! Richard Desjardins illustre à sa manière le phénomène quand il dit : C'est passqu'icitte, on a d' la place pour penser! »

Et moi, quand j'étais enfant, en voyant ces autoroutes avec tous ces chemins qui se croisent à côté, en dessous, par-dessus, je trouvais ça très bizarre que dans les grandes villes, on faisait des ponts où il n'y avait même pas de rivières! Je trouvais aussi que Papa était vraiment un homme savant parce qu'il savait toujours où allaient les chemins. Je passais mon temps à lui demander : « Papa, il va où ce chemin-là? » et il savait toujours, toujours la réponse. Quand j'ai appris à lire, j'ai compris que Papa lisait tout simplement les affiches mais j'ai continué à le trouver très savant...

Sur ce, je vous quitte pour une semaine. Oui, ce sont nos petites vacances. Nous partirons demain matin, suivre encore quelques chemins, là où le ciel est plus haut qu'ailleurs. J'ai déjà hâte de vous retrouver...

mardi 17 juillet 2007

Petit pétage de coche : les pressés


J'ai pris cette photo le 2 juin dernier à notre camp. Il y a cette année un groupe de 4 ou 5 lièvres qui viennent toujours faire leur tour aux alentours du camp en fin de journée. Je croyais que c'était à cause de nos restes de salade que je leur refile à la fin de notre repas mais à les voir se battre pour le moindre petit morceau de verdure, on a réalisé que c'était plutôt la vinaigrette italienne qu'ils aimaient bien plus que la salade. Ils sont prêts à se battre pour ça, on les vus faire! Les lièvres sont, par définition, des animaux toujours très pressés, souvenons-nous de la fable du lièvre et de la tortue. Crocodile Dundee m'a fait remarquer avec justesse que je serais sûrement très pressée moi aussi si je servais de bouffe à tout le monde...

D'ailleurs, Richard Desjardins le dit dans sa chanson C'est ça la vie, « Tous les lièvres sont des quick lunches, la peau, les os, le poil avec ». Alors, je leur pardonne d'être aussi nerveux, énervés et énervants, pour eux, c'est une question de survie!

Mais je n'ai pas la même tolérance pour les êtres humains qui sont trop pressés, énervés et énervants, au point d'en être impolis, arrogants, insultants et mal élevés. C'est parce que j'arrive de l'épicerie où j'ai vu une touriste faire une vraie folle d'elle à la caisse rapide où je l'avais d'ailleurs laissée passer devant moi, puisqu'elle avait l'air tellement pressée.

Dans mon petit panier rouge, je devais avoir 6 ou 7 articles mais elle avait les yeux sortis de la tête en se tenant à côté de moi, elle regardait son panier avec 2 ou 3 articles et piétinait nerveusement, alors je lui offert de passer devant. Elle a accepté en me devançant, j'ai compris par son non verbal, parce qu'elle ne m'a pas dit merci du tout, ni fait le moindre sourire.

Son tour est arrivé. Il était 11 heures moins cinq. Elle s'est adressée à la caissière sur un ton hautain et sec, se plaignant de ne pas trouver les mêmes produits qu'à Montréal, que tout était cher ici, bref, elle s'organisait pour que tout le monde comprenne alentour. Elle commençait à me pomper l'air pas mal mais je me contentais de faire des sourires entendus aux employés qui levaient les yeux au ciel en l'entendant...

Mais là où elle a dépassé les bornes, c'est lorsqu'elle a dit : « Et voulez-vous bien me dire où vous la mettez La Presse? Je la cherche depuis 5 minutes! » ce à quoi, la caissière lui a répondu qu'elle devrait arriver dans quelques minutes, que d'habitude, elle arrive à 11 heures, comme les autres quotidiens de Montréal. Et la maudite énarvée se met à s'insurger et se scandaliser du fait qu'à Montréal, elle l'a le matin à sa porte, La Presse, à l'aube. La caissière lui a expliqué bien gentiment qu'il fallait 7-8 heures de route pour qu'elle se rende ici, sa Presse! La maudite énarvée a pris son sac en bougonnant, a tourné les talons en maugréant contre notre région ou ses habitants, je ne sais pas exactement, mais nous avons eu notre petite minute de plaisir avant qu'elle n'arrive à la porte pour sortir...

Aussitôt qu'elle a pris son sac avec son air de beu, le jeune homme qui venait de se faire arracher le sac des mains s'est adressé à nous très l-e-n-t-e-m-e-n-t en haussant les épaules, très zen et un peu insouciant, genre ado : « C'est parce qu'icitte, la Presse, a presse moins! » et tout le monde figé sur place qui venait d'assister à la scène disgracieuse s'est esclaffé dans un fou rire général, ce qui a fait se retourner la maudite énarvée qui nous fusillait du regard et plus elle pétait les plombs, plus on riait!

Je ne voudrais quand même pas vous donner l'impression qu'on n'accueille pas bien les touristes et visiteurs. Nous sommes chaleureux et ouverts à tout le monde mais il faut convenir que des imbéciles, des impolis, des gens qui ne savent pas vivre, il y en a partout, ici comme ailleurs, et qu'avec ceux-là, on a le droit de s'amuser un peu, après tout, ils sont les artisans de leur propre malheur!

lundi 16 juillet 2007

L'envol


J'ai pu croquer ce moment de l'envol hier après-midi quand nous avons quitté notre camp de Rapide Deux pour nous en revenir à la maison. Évidemment, nous n'avons pas approché ce canard d'aussi près, j'ai plutôt utilisé mon zoom au maximum, ce qui explique le manque de clarté de la photo mais j'étais trop contente d'avoir pu immortaliser cet instant très précis où l'oiseau prend son envol...

J'ai souri à la pensée que je manquais quand même drôlement de timing dans la vie parce qu'il n'y a pas si longtemps, j'écrivais un billet sur l'envol de notre fille qui quittait notre maison pour s'établir dans son propre appartement avec son amie Audrey, près de l'UQAT, où elles entreront le mois prochain. Pour illustrer mon billet, j'aurais bien aimé avoir cette photo à ce moment-là mais non, j'ai eu ma chance seulement hier!

C'est le genre de manque de timing qui m'est arrivé souvent dans la vie. Ça ne m'amène aucun regret mais plutôt la réflexion que parfois, j'ai manqué de patience ou de détermination juste au moment où tout allait arriver. Est-ce que je me sabotais moi-même? Non, je ne crois pas mais j'ai souvent passé à l'action avec fougue, enthousiasme et passion sans analyser toutes les conséquences des décisions que je prenais et que je devais assumer ensuite.

C'est pourquoi quand j'ai fait un bilan, dernièrement, j'en suis venue à la conclusion que toutes les décisions que j'avais prises, bonnes ou mauvaises, je l'avais fait avec les informations et les analyses du moment, donc, je reprendrais les mêmes aujourd'hui, avec les mêmes données en main.

On ne change pas tant que ça, on évolue un petit peu, c'est tout, et encore, en faisant de grands détours parfois, surtout, on sait un peu plus ce qu'on veut vraiment et qui on est. D'ailleurs, à ce propos, j'ai inscrit deux fiertés dans ma belle reliure : Je réfléchis beaucoup mais rapidement et au moment où je prends une décision, je fonce dedans avec tout ce que je suis, convaincue que c'est la bonne et je sais assumer si ça ne tourne pas comme je le croyais.

Quand Edith Piaf chante « Non, rien de rien, non, je ne regrette rien, ni le bien qu'on m'a fait, ni le mal, tout ça m'est bien égal... » cette chanson m'a toujours un peu bouleversée et émue parce que je la trouvais très près de moi! Et là, je vous raconte ça mais je me demande comment je suis arrivée à cette conclusion... à partir d'une photo d'envol d'un canard bec scie prise hier après-midi!

mercredi 11 juillet 2007

L'esprit de l'orignal


Voyez-vous ce que je vois sur cette photo? À première vue, il s'agit d'un simple rivage, des petites vagues au premier plan supposent que l'auteure de cette photo, (oui, c'est moi) était à bord d'un canot, un beau soir d'été. En effet, le 21 juillet 2006, j'étais en canot avec Crocodile Dundee, nous allions « espionner » les orignaux dans une petite baie pas loin de notre camp.

C'est parce que je dis tout le temps à Crocodile Dundee que si j'étais un orignal, je me tiendrais là, il y a tout ce qu'il faut (des nénuphars, plein de plantes aquatiques, de la protection avec le couvert forestier, etc.) même si l'on ne voit pas tout ça sur la photo!

Alors, ce soir-là, parce que le ciel était magnifique, la rivière calme et qu'on n'avait pas le goût de faire du bruit et risquer de rompre le charme, on a pris le canot pour aller faire un tour. On a eu beau ramer tranquillement dans toutes les petites baies, on n'a pas vu un seul orignal mais...

En observant les ombres des arbres qui se réflétaient dans l'eau, au fond de la baie, peut-être ai-je trop d'imagination, (non, je ne veux pas me faire soigner) mais j'ai vu le profil d'une belle tête d'un orignal mâle, avec un panache majestueux. J'ai pris la photo du meilleur angle possible en souhaitant que ce que je voyais à ce moment-là apparaisse aussi sur ma photo. Un jeu d'ombre et de lumière, en fait, dans mon imaginaire trop fertile...

Et je me demande si je suis la seule à voir le profil de cette belle tête d'orignal mâle? Non mais, ne vous gênez pas, dites-le moi franchement, après tout, on peut tout se dire entre nous!

mardi 10 juillet 2007

Les voyages forment... la jeunesse?



Ma première photo illustre l'intérieur du pont couvert de Wakefield, région de l'Outaouais, qui ne sert plus maintenant qu'aux piétons et aux cyclistes, c'est pourquoi on a pu se permettre de fleurir ses abords, d'y installer des bancs et des espaces de nature. Je trouvais cette image symbolique d'une étape qu'on franchit à l'aide d'un pont d'où l'on aperçoit la lumière. Ma deuxième photo, c'est ce bureau dans « ma chambre de princesse » où j'ai tant écrit, si tant tellement écrit...

Je n'arriverai jamais en quelques mots à vous résumer tout le beau et le bon qui me sont arrivés pendant ce voyage au bout de moi-même. En relisant mon dernier billet, j'ai souri en réalisant qu'il se terminait ainsi : « Et par-dessus tout, je me sens reconnaissante à la VIE! » parce que, je ne le savais pas à ce moment-là mais ça venait de donner le ton à tout ce que j'allais vivre au cours de ces quatre jours qui précédaient mon 50e anniversaire de naissance.

Tout d'abord, il y a eu beaucoup de changements de dernière minute à mon itinéraire, j'avais décidé de m'ouvrir à tout ce qui se présenterait, en ne perdant pas de vue mes objectifs personnels. J'allais faire mon bilan, j'en sentais le besoin, et pour ça, j'avais réservé deux jours dans ma belle auberge plus que centenaire où j'occuperais la suite située tout en haut, dans l'immense grenier de la maison, j'avais le goût de voir loin, moi! Les dernières heures précédant mon départ ont été riches de surprises et j'ai finalement accepté quelques invitations qui m'avaient été faites de manière charmante, avant et après le coeur de mon voyage qui a débuté par une grande vague de tendresse et de bonheur, à Val-d'Or, dans ma famille.

Je reviendrai sur le coeur du voyage...

En quittant le beau village si pittoresque de Wakefield, j'ai choisi de rouler sur les petites routes secondaires pour mieux profiter des paysages des collines de la Gatineau et de poursuivre mon chemin par la 148 qui sillonne un long moment la rivière des Outaouais, la même qui prend naissance dans notre région et qui poursuit sa course jusqu'au fleuve, 1 246 km plus loin, celle qui passe aussi par notre camp à Rapide Deux... Nous avons un si grand, si beau pays! J'avais rendez-vous pour souper avec mon amie voyageuse du monde, à Boisbriand, une rencontre sous le signe de l'amitié fidèle et précieuse, il va sans dire. Ensuite, j'allais dormir chez mon autre amie très chère, dans ma vie depuis 31 ans, à Bellefeuille, maintenant St-Jérôme. C'est là que je me réveillais le matin du 07/07/07, en sa présence, celle de son homme, de leurs deux petits-fils, de 3 ans et 9 mois, et ce jour de fête commençait avec des becs aux fraises, des risettes, des caresses fort-fort dans mon cou, des bras tendus, des mots d'amour câlins d'enfants...

J'avais 7 heures de route à faire pour m'en revenir dormir dans les bras de Crocodile Dundee au soir de mes 50 ans. Nous avions rendez-vous sur le quai de la marina de Rapide Deux où il viendrait me chercher en bateau à 18 heures. Son invitation était irrésistible et si bien amenée que je ne me voyais pas dormir ailleurs dans le monde ce soir-là. Les heures passées dans ma petite voiture, sur la 117 Nord, m'ont servi à déposer bien doucement dans ma tête et dans mon coeur toutes les merveilles qui m'étaient arrivées en seulement 4 jours, comme au cours de ma vie. Je roulais comme sur un nuage, je n'avais pas faim, pas soif, pas le goût de m'arrêter non plus. Juste ma musique et moi avec pour décor des paysages fabuleux.

Le coeur du voyage

Dans ma chambre de princesse, à l'auberge, je me suis sentie chez moi aussitôt que Mister Jim a monté mon petit bagage et qu'il m'ait remis la clé. J'étais pressée de sortir ma belle reliure, ma plume, mon encrier, mon cahier spiralé, mes porte-mines en bois et tout. J'ai commencé tout de suite à écrire et ce qui m'attirait d'abord, c'était la plume magique qui portait bien son nom. Après quelques pages, je me suis rendue compte que le temps avait filé, que je n'avais pas mangé depuis le déjeuner ou presque. En fait, j'étais arrêtée à Maniwaki pour m'acheter un casseau de fraises fraîches du jour, j'ai donc pu « dîner » en conduisant. Je suis sortie marcher dans le village avec un livre pour compagnon. Tout le monde me souriait, je devais avoir l'air étrange sans doute. Je suis arrêtée à une terrasse d'une autre maison très ancienne du village, j'ai commandé un rouge, un souper léger et j'ai goûté la vie, ce cadeau que je me faisais, il y avait la rivière Gatineau qui m'accompagnait...

Pendant deux jours, j'ai écrit et marché. Profité de tout, surtout. Fait de belles rencontres, de celles qui restent gravées dans le coeur tout en étant floues, comme dans un rêve. Avec des inconnus, j'ai eu des conversations très enrichissantes, tant pour eux que pour moi. Il me semble que j'ai passé un mois dans ce village.

Le dernier soir, j'ai dû me forcer pour laisser de côté ma plume et ma belle reliure, pour m'attaquer à mon cahier spiralé. Je l'ai fait comme on fait un devoir, consciencieusement, sans grande conviction d'abord, puis, je me suis prise de passion pour ce travail libérateur et tout s'écrivait, se mettait en place, sans regrets, sans amertume et sans larmes, je m'étais pourtant autorisée à tout, mais ces pages se remplissaient de mots enfouis sous le tapis tout en me libérant d'un poids dont je n'avais plus besoin.

Ces pages de mon cahier spiralé, elles sont déjà déchiquetées à la main, j'ai eu un grand soulagement à le faire, à notre camp, le soir de ma fête. Elles brûleront dans le poêle à bois le prochain matin frais qu'il y aura là-bas et ça me fera encore plaisir de les voir brûler. Ma belle reliure, je la ramène remplie de mes amours, mes amitiés, mes bonheurs, mes fiertés, mes réussites, mes joies, mes projets et mes rêves. Il me reste encore des pages blanches pour y inscrire d'autres rêves à venir. Ma vie commence à 50 ans...

Les mots me manquent pour bien vous raconter mais je formule de tout mon coeur un souhait pour chacun, chacune de vous qui me lisez parfois : Puissiez-vous un jour, quand vous en ressentirez l'envie, vous offrir ce voyage au bout de vous-même, pour y faire un bilan de votre vie, vous autoriser du temps pour faire le point, on ne se permet pas beaucoup ce cadeau. Il n'est pas nécessaire d'attendre une occasion spéciale, un âge précis ou un endroit particulier où vous aimeriez aller. Il suffit de prendre rendez-vous avec soi-même, avoir le désir de voyager plus léger dans la vie, de réaliser les privilèges qu'on a, les amours qui nous construisent jour après jour...

dimanche 1 juillet 2007

50 ans... J'ai mon voyage!

J'ai pris cette photo chez moi, un matin tranquille, riche de promesses... où l'aube me faisait miroiter des merveilles à saisir, pour peu que je sache ouvrir mes yeux, mes zoreilles, mon esprit et mon coeur. Des matins comme ceux-là, j'en ai vécu beaucoup, puisque j'ai la conviction profonde d'être née sous une bonne étoile, le 07/07/57. Pour célébrer mon 50e anniversaire de naissance, le 07/07/07, j'ai senti le besoin de faire ce voyage au bout de moi-même, une escapade dont je rêve depuis longtemps.

Je crois avoir surpris mon entourage en leur annonçant au cours des derniers mois que je voulais partir seule pour l'occasion. Oh, pas très longtemps, du 3 au 8 inclusivement, juste assez pour éviter les grosses fêtes, les célébrations qui auraient souligné mes 50 ans, inévitablement. Je ne mérite pas de médaille pour ça, je suis chanceuse de m'être rendue là, après avoir frôlé la mort à trois reprises : à ma naissance, à l'âge de 27 ans, puis à 39 ans. Ce serait plutôt à moi de célébrer tous ceux et toutes celles qui m'ont apporté du bonheur au cours de ces cinquantes années.

Et puis j'ai expliqué mon projet avec tellement d'enthousiasme et de détails qui m'emballaient que ceux qui m'aiment ont compris et n'ont pas eu de peine que je veuille me faire ce cadeau. Ils m'ont dit que pour la première fois de ma vie, j'allais me choisir moi-même, sans considération pour rien ni personne. J'ai beau dire tout le temps que j'aime mieux mourir incomprise que de passer ma vie à m'expliquer, n'en demeure pas moins que j'ai été ravie qu'ils me comprennent aussi facilement!

Je vous avoue que ça me dérange un peu d'avoir 50 ans. Je ne serai plus dans la quarantaine. Je sais, ce ne sont que des chiffres, je me sens toujours sans âge mais je ressens une urgence de vivre plus que jamais depuis que ce chiffre se profile à mon horizon. Il me faut absolument faire le bilan à ce moment-ci pour mieux profiter du reste. Parce qu'il m'en reste encore beaucoup. Je choisis de m'animer d'une volonté toute nouvelle plutôt que de pleurer sur mon sort.

J'aurai tellement à faire pendant ce voyage...

J'ai choisi minutieusement depuis des semaines ce que j'apporterai dans mon baluchon : deux porte-mines et un stylo de bois, ceux de fabrique un artisan que j'ai appris à connaître, juste comme j'aime, sur mesure pour moi, pour ce que je veux écrire. J'ai aussi mon gros cahier spiralé dans le haut, à feuilles quadrillées, parce que ça m'inspire sans me fatiguer, la page n'est jamais tout à fait blanche et ça met de l'ordre dans mes idées. J'y consignerai toutes ces choses avec lesquelles je veux faire la paix : les peines jamais pleurées, les deuils pas tout à fait réglés, les blessures qu'on m'a infligées, les coups qu'on m'a parfois portés, les échecs et les écueils desquels je n'avais jamais voulu tirer que des « expériences » et que j'ai probablement trop vite balayés en dessous du tapis, les insécurités réelles ou appréhendées, les fois où je n'ai pas été très fière de moi, les rêves que j'ai eu peur de réaliser et tous les nombreux petits naufrages qui n'ont pas manqué de jalonner ma route, dans mon voyage au long cours.

J'ai une grande pudeur à parler de mes moments difficiles mais vous vous doutez bien que je ne peux pas toujours être « hop la vie » de même! Je sens donc qu'est venu le temps de faire mon grand ménage, de me débarasser de ces lourdeurs que je trouve bien inutiles à traîner dans ma vie. J'ai pardonné à ceux qui m'ont fait mal depuis longtemps, je ne pouvais pas leur en vouloir, ils étaient tous plus malheureux que moi mais j'ai plus de misère à oublier. L'idée, c'était d'écrire une fois pour toutes ces choses-là et de brûler tout ça ensuite, le jour de ma fête, pour m'en libérer à tout jamais. Quel cadeau!

Je pense qu'il faut aussi s'ouvrir à ce que la vie nous offre... Cette semaine, une amie précieuse m'a offert une reliure magnifique, création d'une artiste québécoise, conçue pour moi, avec mes couleurs et de nombreuses pages blanches. J'y ai vu comme un signe qu'il me fallait rapporter quelque chose de mon voyage, des écrits qui me serviraient pour la suite des choses, à mon retour. Cette impression est devenue certitude lorsqu'une autre grande amie m'a offert une plume, une vraie, qu'on trempe dans l'encrier, un objet d'art en verre de Murano qu'elle m'a rapporté de son récent voyage là-bas. Ses mots m'ont beaucoup touchée, entre autres elle m'a écrit « tu verras, cette plume sera magique comme le sont tous les mots que tu écris... »

J'ai donc résolu que je brûlerais mon cahier spiralé mais que dans ma reliure si belle, avec ma plume magique qui vient du pays du soleil et de la mer, du romantisme et de la beauté, j'allais écrire toutes mes amours, mes forces, mes réussites, mes chances, mes fiertés, mes rêves et mes désirs, mon goût de vivre et d'aimer, de semer à tout vent!

J'ai donc organisé mon voyage comme on prépare une naissance, avec quelques balises essentielles et rassurantes mais qui me laisseront improviser au gré du plaisir et de l'émerveillement. J'ai alors réservé mes dodos dans cette auberge qui m'attire et me fascine depuis au moins 30 ans. Chaque fois que je passe dans ce secteur de la région de l'Outaouais, je m'étire le cou pour voir cette maison plus que centenaire, une grande victorienne, avec ses galeries couvertes immenses sur deux façades, ses lucarnes, ses jardins fleuris, ses grands érables majestueux, dans ce village pittoresque et un peu british, sur le bord de la rivière Gatineau. Sur leur site Internet, j'ai vu qu'ils n'avaient que 5 chambres, spacieuses et claires, ils y mettent même les photos, ma préférée portait un nom qui m'était destiné, je trouvais, c'était justement la seule de libre dans les dates que j'avais choisies! Ses fenêtres donnent sur la rivière, je m'y suis reconnue. Née sous une bonne étoile que je vous dis!

Au moment de partir, je me sens quand même étrange et fébrile. En pensant à Crocodile Dundee qui m'aime et « me répare » depuis toujours, qui m'encourage dans ce voyage et qui veut tout me donner, à notre grande fille qui vient de prendre son envol et qui nous rend fiers et heureux, à tous les membres de ma famille que j'aime profondément et inconditionnellement, à mes amies et amis si précieux, je commence à douter de ma volonté de partir seule quand je suis si bien entourée, tellement comblée. Je sais qu'au retour, dans quelques jours, je vais tous les retrouver, alors, je persiste avec l'espoir qu'ils retrouveront eux aussi une femme de 50 ans plus heureuse, plus épanouie, plus légère, plus libre, plus aimante que jamais. Et par-dessus tout, je me sens reconnaissante à la VIE!